Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-10-02
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 94503 Nombre total de vues : 94503
Description : 02 octobre 1921 02 octobre 1921
Description : 1921/10/02 (Numéro 16069). 1921/10/02 (Numéro 16069).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k538833k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/03/2008
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Le « GAULOtS » paraîtra demain
SIX PA GES
LIRE
A la 20 page
Mondanités.
Souvenirs du capitaine Bouchardon, par
M. Georges Drouilly.
Les Qominunistes à Puteaux, par M. Ar-
mand Villette.
A la 3a page
La Dernière heure.
la 4. page
Les Lettres et les Arts, par M. Raymond
Léeuyer.
Revue des Revues, par M. Félicien Pascal.
Les Premières, par M. Louis Schneider.
Les Théâtres. Les Sports.
ITALIE!
ITALIE!
La flatterie des paisibles habitués. du j
petit café Florian, cher à Casanova, fut
un peu troublée l'autre jour à Venise, et
les pigeons de Saint-Marc durent pren-
dre, encore une fois, leur joli envol au
bruit dont l'écho, qui nous est parvenu,
aura du moins l'avantage d'attirer notre
attention vers des choses trop longtemps
négligées. Il s'agit de nos rapports avec
nos amis d'Italie.; beaucoup de ceux qui
s'en inquiétèrent il y a deux ou trois
ins, détournés depuis par tant d'autres
événements, avaient fini par penser à
îiutre chose. Rassurez-vous, je ne m'a-
venture pas dans des considérations poli-
)iques parfaitement déplacées sous ma
diurne, mais, tout de même, dans tous
)es compartimentes de la vie publique
.n'avons-nous pas le devoir d'observer
Ses symptômes aussi importants que
ceux-ci ?
IL y a trois ans, à la veille de l'armis-
tice, je passai quatre mois chez nos
tamis, enfiévrés, eux aussi, des dernières
«affres de la lutte en arrivant, j'avais
senti l'opinion un peu nerveuse à notre
endroit. D'ordinaire, le touriste, habitant
Ses palaces, familier des lieux d'étude'ou
de plaisir, demeure à l'écart de la véri-
table vie publique. J'étais' -bas, pour
travailler un contact très étroit avec
mes collaborateurs -m'avait tout de suite
révélé le malentendu qui, même pendant,
l'effort commun, subsistait entre les
«eux nations sœurs. Je ne parle pas
seulement de certaines froideurs, de pe-
tites difficultés journalières, d'obstruc-
tion masquée sous une courtoisie de
commande, mais d'un véritable et in-
quiétant malasse c'étaient, dans certai-
nes villes, des procédés surprenants
dans un pays habituellement de courtoi-
sie souriante au restaurant, les garçons
corrects, mais sans bonne volonté; au
théâtre, en tramways, mes voisins me
dévisageraient sans bienveillance. Cette
attitude, tout à fait gênante dans le Pié-
mont ou en Lombardie, s'adoucissait
quelque peu vers Rome plus cosmopo-
lite cependant, même dans les milieux
Sympathiques par tradition et par la si-
Inilitude des labeurs, an .ne sentait pas
la cordialité de jadis.
J'ai donc vécu plusieurs mois, assez
isolé, perdu dans la foule, témoin atterï-
itif et ému des. grandioses événements de
rue qui saluèrent l'armistice, le re-
tour du Roi, la visite de Wilson. Dans
l'explosion de l'allégresse populaire qui
pavoisa Rome, je restai frappé de ce que
la joie française n'était point associée à
l'enthousiasme patriotique italien. Sur,
peut-être, cinq cent mille drapeaux
fleurissant du jour au lendemain la Ville
Eternelle, il n'y en eut pas certainement
cinq mille des "nôtres, est je fus plus sur-
prrs encore de l'abondance des couleurs
britanniques et américaines. Comme je
m'en étonnais discrètement, on me conta
malicieusement que les ambassades de
pas'pays àvaïant judicieusement pourvu
à ces démonstrations par des distribu-
tions gratuites de leurs emblèmes natio-
naux, tandis que de notre côté on s'était
montré moins prévoya.nt.
Et, dans la suite, je pus voir, par un
jçoinmei'ce prolongé avec les différentes
Classes de la population, que nos agents,
jtrop, confiants dans la spontanéité de nos
hmis, ne tentaient pas grand chose pour
Irapproeher deux sœurs rendues un peu
!nerveuses, par la formidable liquidation
de la catastrophe. Je n'avais affairé, na-
fîurellemient, que dans les milieux artis-
niques eh bien tous, hommes de lettres,
(journalistes, comédiens, éditeurs, lors-
que je parvenais à détendre un peu des
visages d'abord assez fermée, me confir-
Jmèrent dans la certitude qu'un sérieux
effort allait être nécessaire pour dissi-
per les nuages amassés entre les deux
[versants des Alpes.
Les griefs n'étaient point seulamènt
politiques sur le terrain, bien particu-
lier, des intérêts artistiques et deséchan-
ges intellectuels, je me rendis compte
que, la aussi, nous avions un examen de
conscience à faire, des résolutions à
prendre. Plusieurs, et des plus notoires*
parmi les sommités romaines ou `mita-
naises, ne celaient point leurs motifs de
froideur dès qu'ils étaient un peu remis
en confiance. Qu'est-ce que vous voulez,
ïne disait un écrivain illustre, même en
laissant de côté les combinaisons poli-
tiqùes ou économiques qui peuvent four-
nir matière à débats, considérez votre
attitude vis-à-vis de nos artistes et de no-
tre théâtre. Alors que, ainsi qu'il vous;
lest aisé dede vérifier, toutes nos seènes
accueillent votre répertoire, qu'il n.!y-âT
guère de ville ici où, chaque-tour; on ne
renrésente une œuvre française, nous
nous heurtions chez vous à un parti pris
qui est presque du boycottage. Vous^nt
le Théâtre-Libre fut fêté dès sa nais-
sance au Phiiodramatici de Milan et au
Manzoni de Turin, seul, vous vous êtes
préoccupé de ce'qui se passait chez
nous vous avez accueilli sur le second
Théâtre-Français le chef-d'œuvre de
Giocâsa, Comme les- Feuilles, comme
vous aviez joué notre Verga et sa Car al-'
leria Rusticana, du reste sifflée, au
Théâtre-Libre; mais comptez, depuis
vingt-cinq ans, les scènes parisiennes
qui nous accueillirent. La Bef fa, classi-
que chez nous à cette heure, ne fut point
fêtée comme elle le méritait l'un de
nos plus beaux dramaturges modernes,
Robert Bracco et son Pietro Caruso ne
reçut qu'une bien maigre hospitalité sur
une petite* scène lorsque d'Annunzio
vous donna des œuvres comme Saint-
Sébastien, La Pisanelle, Le Chèvre-
feuille, des tragédies lyriques d'une
beauté indiscutable, l'avez-vous vrai-
ment traité avec les égards dûs, vous en
conviendrez bien, à l'un des plus grands
écrivains dé notre race ? Même notre
musique; dont le triomphe est mondial,
fut l'objet des attaques passionnées de
vos musicographes, reprochant au direc-
teur de votre Opéra-Comique de sacrifier
la production française à nos partitions,
sans vouloir accepter que la prédilection
de votre publié. venait de ce,que le mé-
rite, sinon le génie, de nos composteurs
est d'être, avant tout, des musiciens de
théâtre. Ne vous étonnez donc point
d'une froideur fort légitime, après tout,
envers qui ne. nous paie pas de retour,
et, par ces froissements, que n'a pu écar-
ter une fraternité d'origine et de culture,
vous pouvez mesurer la gravité du dé-
saccord sur d'autres problèmes où les
intérêts s'opposent plus brutalement.
J'étais bien obligé de reconnaître que
tout cela n'était point sans quelque fon-
dement je m'en étais enicetenu avec no-
tre ami Dario Nicodémi, dont la situa-
tion là-bas est considérable, et qui,
ayant longtemps séjourné à Paris, où il
fut assez bien traité, pouvait devenir un
truchement précieux-. Précisément, à
cette époque, le poète Alfred Mortier, de
passage, lui aussi, à Rome, donnait des
conférences, provoquait des réunions,
s'efforçant .d'apporter sa planche à la
passerelle nécessaire. Il suggérait une
association de lettrés des deux pays, pa-
tronant à Rome et à Paris une scène où
l'on se préoccuperait, de servir les deux
littératures èt'de travaillér à leur expan-
sion' réciproque.
Je n'avais pas attendu mon retour
pour 'parler detout cela à mes amis on
tftè fit ittënië l'honneur 'de' me prier de
rédigerrnes observations, qui parvinrent
en haut lieu. Mieux encore, Pierre Wolff
étant à cette époque président de notre
Société Ses auteurs, je lui fis entrevoir
combien l'influence de la commission
pourrait devenir opportune et bienfai-
sante. D'autant que la tension qui ré-
gnait ailleurs se manifestait aussi entre
les auteurs français et leurs confrères
italiens, dont 'les dirigeants se plai-
gnaient de ce que l'on n'eût pas toujours
collaboré avec eux en parfait esprit de
solidarité et de conciliation. Nous espé-
râmes alors, avec Nicodémi, provoquer
une visite en Italie du bureau de la So-
ciété des auteurs, qui eût été un événe-
ment considérable. L'attention que cette
suggestion rencontra d'abord rue Henner
sa perdit bientôt dans les tracas d'autres
affaires et nos amis n'en tirèrent proba-
blement qu'un: grief nouveau.
Certes, depuis, nombre -de bons es-
prits ont compris, chez nous, la nécessite
d'agir une association, l'Union Latine,
s'est constituée, sous uno haute prési-
dence et déploie une véritable activité
sa session plénière de novembre pro-
chain ne sera point sans porter des fruits
précieux, mais la tâche qui s'impose de-
mande le concours ardent de tous.
Les artistes sont d'admirables agents
de propagande et de liaison je reste
certain qu'avec -le retentissement si réel
des choses du théâtre chez nos voisins,
les auteurs français auraient vraiment
là-bas de la besogne il faire. Si nous con-
sentions v.- une collalroration, il. des
échangeas qui nous seraient, du reste,
profitables, car il y a, par delà les monts,
une floraison magnifique et neuve que
nous ne soupçonnons pas, l'effet sur
l'opinion italienne serait immense. On a
tant parlé de propagande, qu'il serait
peut-être temps de l'exercer véritable-
ment sur des points efficaces. J'entends
bien, que les pièces italiennes, pas plus,
du reste, que les nôtres, ne se recom-
mandent pas toutes par des qualités si
exceptionnelles ..qu'elles puissent justi-
fier une exportation continue et que nos
directeurs ne ise, soucient guère d'encou-
rir des risques trop lourds, ,mais nos
subventionnés ne; ;poiirraient-ils, de
temps en temps, donner quelques ga-
ges? Le directeur de l'Odéon a, par
exemple, joué l'année dernière. Le Coup
de Vent, deux petits actes charmants, la
Comédie ne pourrait-elle mettre à son
répertoire l'un des chefs-d'œuvre de ce
Goldoni qui nous appartient un peu,
puisqu'il écrivit dans notre langue pour
elle si La LocandU'ru, par exemple, pa-
raissait,, au répertoire de notre grande
scène, Fabre sait aussi bien que moi l'ef-
fet moral que causerait, chez nos voisins,
une initiative de ce genre. Ce serait vrai-
ment un bien petit effort, et le devoir
n'est-il pas de s'employer, résolument,
chacun dans sa sphère, à resserrer des
liens qui se relâchent de jour en jour,
comme nous venons de le constater si
fâcheusement- ces temps-ci ?
Antoine
LA CONVOCATION
DES CHAMBRES
Hier a été promulgué le décret convo-
quant les Chambres en session extraor-
dinaire pour le-18 octobre courant.
L'Aviation
fantastique
La Coupe Deutsch. kilomètres i
l'heure! Un beau succès français.
Chute terrible de Sadi-Lecointe
L'aviation française a remporté, hier, une
belle victoire, mais elle a failli faire une perte
irréparable. Si le pilote français Kirsch, pilotant
le sesquiplan Nieuport-Delage, moteur Hispano-
Suiza, a inscrit glorieusement son nom au pal-
marès de la coupe Deutsch d'aviation, nous avons
vécu de longues et angoissantes minutes quand
nous apprîmes que Sadi-Lecointé, l'as des as,
l'homme le plus vite du monde et le vainqueur
de tant d'épreuves, avait fait, à plus de trois
cents à l'heure, une chute effroyable. On sut
bientôt que Sadi-Lecointe n'était que légèrement
blessé, et cette nouvelle ramena la sérénité sur
tous les visagés.
Dès neuf heures, le vaste aérodrome de Ville-
sauvage présente le spectacle classique des
grands meetings d'aviation. La foule, venue
nombreuse, commente les chances des concur-
rents. Sadi-Lecointe, chef de file de l'équipe
Nieuport, est favori, mais l'Italien Bragpapa,
l'Anglais Herbert James ont des .appareils plus
puissants; on les a vu évoluer; ils vont très
vite. Sadi-Lecointe n'attend pas. Avant l'ouver-
ture, du contrôle, il a fait une reconnaissance.
L'atmosphère est favorable. Sadi-Lecointe va
partir. Calme, souriant, confiant, il se glisse
dans l'étroite carlingue en forme de hanneton,
que surplombe, massive et courte, l'aile unique
du monoplan Nieuport. Le moteur ronfle. Pho-
tographes, opérateurs de cinémas font une
débauche de plaques sensibles. Un signe, et
le bolide s'élance, roule, s'élève, disparaît vers
la ligne de départ, qu'il coupe à l'altitude de
cinquante mètres, fonçant tout droit vers le
virage de la Marmogne. En moins d'une minute,
l'avion a disparu dans la légère brume qui s'at-
tarde encore sur l'immense plaine des chaumes
coupés ras.
Les minutes passent; chacun a sa montre en
main; la victoire est une question de secondes.
Un coup de téléphone nous apprend que le
pilote a viré à la Marmogne, couvrant les cin-
quante premiers kilomètres en 9 9 minudes
39 secondes 2/5; sa vitesse est d'environ
320 kilomètres à l'heure. Un murmure d'admi-
ration s'élève. Les yeux scrutent l'horizon où
Sadi-Lecointe va poindre. Neuf minutes, dix
minutes, onze minutes s'écoulent. Que se
passe-t-il Sadi-Lecointe devrait être de retour.
Un quart d'heure. Personne. Un silence lourd
et tragique pèse sur l'assistance. On n'ose
penser à la catastrophe, dont pourtant l'éven-
tualité apparaît de plus en plus probable. Main-
tenant, plus de doute. Sadi s'est arrêté. Où
est-il Est-il blessé? On téléphone aux postes
échelonnés sur le parcours, on envoie des esta--
fettes en reconnaissance. Enfin, on apprend la
vérité
Sadi-Lecointe, après avoir viré à la Marmogne,
revenait vers Villesauvage. Soudain, son hélice
éclate. C'est la chute vertigineuse. L'avion
plonge, Sadi-Lecointe le redresse; néanmoins,
c'est la chute. Le train d'atterrissage s'écrase;
l'appareil, rebondissant, est projeté en avant et
se brise. Des paysans ont vu cette tragédie,
ils se hâtent vers le lieu de la catastrophe. Ils
croient dégager un cadavre des débris de l'avion.
Ma^is Sadi-Lecointe reprend ses esprits. Le voici
sur pieds. Il est vivant; il saigne abondamment
du visage; l'œil, est atteint dangereusement.
On transporte l'aviateur à Tourcy, village tout
proche. On le panse, tandis qu'il raconte com-
ment il ne s'est pas tué. Quelques heures plus
tard, le docteur de Martel, mandé en hâte de
Paris, constate que Sadi-Lecointe n'a point de
blessures graves et l'autorise à regagner Paris.
Sadi-Lecointe hors de course, nos chances'
étaient fortement compromises. On le pensait,
on le disait. C'était ne pas faire suffisamment
confiance à Kirsch, le spécialiste des vols à
hautes altitudes, et à Lasne, deuxième et troi-
sième pilotes du Nieuport-Hispano.
L'Italien Bragpapa sembla d'abord en excel-
lente posture pour gagner la coupe. Il couvrit
cent kilomètres en 20' 5" 2/5 et cent cinquante
kilomètres en 19". Mais il n'alla guère plus
loin. Ayant des ennuis de moteur, il dut atterrir.
L'Anglais James, vainqueur du Derby aérien de
Londres, crut à tort être plus heureux. Après
cent kilomètres, il constata que son moteur ne
répondait pas à ses espoirs et que les ailes de
son biplan vibraient d'inquiétante manière.
Il n'insista pas.
Du coup, il ne restait plus, à quatre heures
de l'après-midi, que deux avions français en
ligne: le sesquiplan Nieuport-Hispàno de Kirsch
et le biplan de Lasne.
Nos deux représentants répondirent à notre
espoir. Lasne, d'abord, couvrit les trois cents
kilomètres du parcours en une heure 9 minutes
55 secondes 2,S, moyenne 255 kilomètres à
l'heure. Kirsch, enfin, enleva brillarnment la
première place en-une heure 4 minutes 39 se-
condes 1'5. soit à 278 kilomètres it l'heure de
moyenne, ce qui constitue le record du monde
poùr cette distance. L'appareil du vainqueur est
un sesquiplan Nieuport-Delage dont l'envergure
ne dépasse pas 6 mètres et la longueur 6 m. 20.
La surface portante de cet avion est de 12 m. 30.
Le moteur est un 300 HP Hispâno-Suiza de type
courant, le même que celui qui équipait, l'an
dernier, l'avion avec lequel Sadi-Lecointe -gaena
la coupe Gordon-Bennett, et que Lasne pilotait
hier..
Ainsi prit fin, comme' le soir tombait déjà,
cette première coupe Deutsch qui rapporte à
son heureux gagnant une prime bien méritée de
60,000 francs. Certes, nous sommes un peu
déçus parce que nous espérions un exploit plus
sensationnel; mais consolons-nous en pensant
que la France a pris les deux premières places
dans cette compétition internationale et que
notre grand as Sadi-Lecointe a miraculeusement
échappé au sort qui frappa il y a huit jours son
malheureux ami Bernard de Romanet.
Georges Bruni
Le recouvrement
des Créances allemandes
M. de Montille, chargé d'affaires de
France à Londres, a. signé vendredi après-
midi, au Foreign Office, le procès-verbal
d'échange des ratifications de la conven-
tion passée entre les gouvernements an-
stlais et français permettant aux Anglais
résidant en France et aux Français rési-
dant en Angleterre d'être traités sur. Je»
même pied que les nationaux des pays où
ils résident (France et Angleterre) en ce
qui concerne le recouvrement des créan-
ces à l'égard de l'Allemagne.
La notification de cette, convention sera
faite au gouvernement allemand dans.deux
ou trois jours.
Un arbitrage a été .prévu,
ttïaiirin n'ayant pas été envisagée par le
traité dc Versailles, il est possible, que. r-ta
question, du lait de rÀlïeniagne', ait à
être soumise il un tiers.
Lord Çurzon avait signé cette conven-
tion il y a quelques jours.
On en effet, que, jusqu'à présent,
les deux associés anglais et frauçais d'une
même maison, ayant son siège par exemple
en Angleten-e, sont traités d'une façon dif-
férente alors -que l'associé anglais a, déjà
pu récupérer (le l'Allemagne sa créance,
l'associé français n'a pas pu avoir satisfac-
tion pour sa part en raison de l'état de
procédure qui a cours actuellement l'in-
verse se produit également en France. La
convention signée aujourd'hui a pour but
de mettre fin à cette anomalie.
L'Erreur
radicale
Les socialistes non communistes et les
radicaux croient faire un coup de maî-
tre en appuyant aujourd'hui à Charonne
l'élection de Marty. Certaines radicaux
surtout y apportent une fureur particu-
lière et semblent vouloir affirmer sur le
succès du candidat communiste la vita-
lité de leur parti. Or, je ne pense pas
qae^jjans les circonstances actuelles, on
puisse commettre en politique une er-
reur de tactique plus grave que de se
laisser saisir par l'attraction révolution-
naire. d'est,' délibérément., se mettre en
marge de la politique nationale, car ce
mot « national » a. un autre sens que
« réactionnaire » et il signifie, malgré
ses innombrables nuances, quelque chose
de fort et de clair que les radicaux et les
radicaux-socialistes connaissent parfai-
tement. Tous ceux qu'on appelle réac-
tionnaires se rallient, en effet, à une
doctrine nationale plus ou moins bien
formulée mais une quantité considéra-
ble de gens qui ne sont point réaction-
naires, dans l'acception courante de ce
mot, s'y rallient également. S'il n'en
était point ainsi, la république serait
fort malade et l'idée républicaine souil-
lée..
Voilà pourquoi les radicaux-socialistes
jouent un jeu mortel pour l'avenir de
leur parti. On dirait que, ne se sentant
plus capables de vivre sur eux-mêmes
et devinant que 'leurs doctrines sont
desséchées, ils demandent une vi-
gueur nouvelle 4 .la sève communiste.
Ils croient aller se retremper dans la
révolution d'où ils sont sortis. Mais là
justement est la faute irrémédiable. La
révolution qui fonda les divers part's ré-
publicains fut l'inverse d'un mouvement
communiste, tel qu'on le comprend de-
puis l'expérience russe et tel qu'on pré-
tend l'organiser. Les radicaux ne vont
donc pas, comme ils se l'imaginent, se
retremper dans leur milieu d'origine, ils
vont se déformer et se compromettro
dans un milieu réfractaire à l'idée de
nation et de patrie. Il est difficile qu'un
parti politique s'éloigne davantage du
pouvoir, à une heure où la France pré-
cisément a besoin de se ramasser et de
s'unir pour l'effort suprême vers la paix
juste, vers la paix digne de sa, victoire.
Alfred Capus
de l'Académie française
Les Échos
Dans cette lettre qu'il adresse à notre
directeur, le maître Sa.int-Saëns détruit
une petite légende dont tout le monde
.̃»'<• septembre 1921.
Mon citer Meyer,
A propos de la mort de la princesse de
Metternich, je vois que l'on reparle du
goût qu'elle aurait eu pour le chant popu-
clé la, fumeuse 'i'iiérésa. Permettez-
moi de m'inscrire en faiux contre cette lé.
fj'emlo, dont la princesse se montrait 'fort
choquée. Elle m'a a/finné qu'elle n'était
jamais allée entendre et, que cel-
le-ci n'était jamais velnue Ù l'ambassade.
Cordialement C. Sa.int-Saëns.
.Cherchez la bande .rouge
C'est le jeu nouveau sur les boule-
vards. La bande rouge de passage part
de la meilleure ântention celle de sra-
raptir les malheureux piétons contre le
superbe dédain des chauffeurs. Les pre-
mières furent faites au pinceau, sur le
pavé de bois. Elles durèrent quelques
Les nouvelles, en voie d'achèvement,
sont formées d'une armature métalli-
que dans laquelle est coulé un ciment
spécial. Seulement elles ne sont pas
rouges, elles sont couleur crevette et
Si pâles que, lorsque quelques pneus
poussiéreux ou boueux ont passé des-
sus, elles prennent exactement la cou-
leur du payé de bois. On a donc l'im-
pression qu'elles seront à peu près invi-
sibles, et déjà le public s'amuse:
Cherchez là bande rouge '̃
Leur mise en service, n'aura lieu offi-
ciellement que dans quelques jours.
Nous les jaugerons ,t l'usage. Mais, dès
à présent, leur couleur, volontairement
choisie, fait douter de-leur efficacité.
Deux minutes de prière.
L'idée du président Harding est belle.
Il vient d'adresser un message au peuple
américain, à, l'occasion de la cérémonie
d'inhumation du Soldat américain in-
connu, dont la dépouille est revenue de
Franche, et qui sera enterré, le. ll..no-
:vembre;, au cimetière national d'Arîing-
demande que ce
chacun prie en silence durant
deux minutes, il l'heure où le
sera mis dans sa tombe définitive.
silence et cette prière n'en
diront-ils pas plus que de longs dis-
cours
A la fête hippique de Chantilly.
La plus élégante soc.iét6 se pressait
hier à Chantilly, à la grande fête
que, merveilleusement organisée
Société Hippique de France. Quel succès
pour nos brillants cavaliers mondains!
Quel succès aussi pour les State Express,
les célèbres Cigarettes Anglaises récem-
ment importées) Les turques n° 444 et
les 555, qui vont conquérir
tous les salons, ra,vissaient mondaines et
gentlemen par leur incomparable par-
ss
Au-Palais de la Nouveauté (Grands
Magasins Dufayel), la reprise des'affai-
l'es, se, manifeste avec intensité et doit
être attribuée au succès sans précédent
de la 2° Exposition de, l'Ameublément,
attr'action unique au monde, que tout
Paris veut admirer.
Pour cette manifestation, des occa-
sions nombreuses et uniques seront of-
fertes la clientèle, notamment les bas
de soie véritable, avec couture, toutes
nuances mode, au prix étonnant de
7 fr. 70.
En raison de l'affluence extrême, il est
recommandé aux acheteurs de faire leur
choix -dans la matinée, afin d'être assu-
rés d'une plus grande attention'des ven-
deurs, trop surmenés l'après-midi.
Tous les jours, à l'Exposition, concerts
classiques de 14 h. 30 à 17 h. 30. Au Sa-
lon de Thé étage) sur entresol, « Con-
fections pour Dames »), concert de 15 h.
à
Le Japon
et, les Etats-Unis
PEUVENT-ILS S'ENTENDRE ?
On a dit que la conférence de
serait avant tout un dialogue
entre les Etats-Unis et le Japon. Il est
!évident que les problèmes du Pacifique
est, dit-on, d'ores et
lue a l'amiable, h n'en reste pas moins
problèmes à régler tels que celui
de l'émigration et celui du Chantoung
il enfin d'examiner la possibilité
d'amener une détente durable dans les
relations entre Tokio et Washington
elles ne sont pas, sans doute, particuliè-
rement critiques en ce' moment n'em-
pêche qu'il existe entre les deux peuples
une vieille haine de races qu'alimente la
concurrence commerciale en Extrême-
Orient et d'où résulte cette course aux
armements navals qui ne semble pas
en dépit des projets de désarmement
devoir se ralentir de sitôt:
Il y a assurément assez de place sous
le soleil pour que ces deux grandes puis-
sances puissent se développer librement
sans se faire du tort réciproquement. Et
ce serait un bienfait inestimable pour
l'humanité, lasse de cataclysmes et de
bouleversements, si le Japon et
que parvenaient à établir un
qui écartât au moins pour quel-
toute menace de conflit en-
La tache, il faut le d'au-
plus malaisée que l'on doit compter
avec 1 opinion qui, surtout aux Etats'
se montre extrêmement défiante
du Levant. L'expression de ce
sentiment est apparue clairement dans
de remarquables articles d'un ccarrespon-
publiés par le
Ils tendent à montrer sous
un jour pour la paix asiàti-
que l'activité
croisement incessant de lenr popula-
pénétration méthodiques qu'ils
la sur
et admi-
de vétusté, est uno
facile pour ce peuple
et
nal leur essor industriel ils n'ont pas
grande hâte d'absorber la Chiné, parce
sont certains qu'ils la tiendront
toujours sous le feu de leurs canons.
Us préfèrent par conséquent la cünquête
Leur g-ouvernement est donc pacifique
et c est dans ces dispositions qu'il paraît
désireux de se rendre
Washington, Il le prouve d'ailleurs, en v
envoyant le prince
pondéré et, le plus populaire
de l'élite' intellectuelle japo-
et l'amiral Kato, l'un des rares
partisans, de la limitation des arme-
ments.
Le maréchal Lyautey,
rentre au Maroc
Quelques impressions avant son départ
Le maréchal Lyautey a pris, hier soir,
le. rapide de Marserlle, avec les collabora-
teurs civils et militaires qui l'avaient ac-
compagné eu France, Il s'embarquera, au-
jourd'hui, à bord de son yacht Diana, à
destination de Casablanca, où il aTrivera
dans la journée de mercredi. On sait qu'il
doit assister, à Rabat, aux fêtes données
en l'honneur du roi et de la reine des. Bel-
ges, qu'il initiera personnellement à l'œu-
au. française son œuvre accomplie
S'il est possible d'avoir, à la «rigueur,
une entrevue avec le maréchal Lyautey,
qui est bien le plus brillant causeur qui se
puisse rêver, en revanche, il est chiméri-
que d'espérer de lui une interview.
Nous avons été admis à présenter nos
vœux au maréchal Lyautey avant son dé-
part, dans le paisible salon de la rue Bo-
napa,rte, véritable musée, dont le décor
précieux évoque un rêve d'Orient.
Le maréchal nous a exprimé sa vive sa-
tisfaction de la décision prise par le gou-
vernement de maintenir, au Maroc, l'inté-
grité des effectifs prévus pour la pacifica-
tion, en grande partie déjà réalisée.
Comme nous risquions une. allusion ti-
mide au succès de ses méthodes de colla-
boration avec les autorités existantes au
Maroc, le maréchal a fait l'éloge de la
loyauté et du dévouement des éléments in-
digènes, qui le secondent dans son action
militaire et dans son organisation écono-
mique. Mais il s'est énergiquement défen-
du de parler de l'adoption éventuelle de
méthodes analogues en d'autres parties de
l'empire marocain que celles où s'exerce le
protectorat français.
Nous avons cru comprendre que l'atti-
tude du haut commissariat français, en
présence des difficultés de la situation dans
la zone d'influence espagnole, était celle
d'une neutralité sympathique et d'une ex-
pectative vigilante, pour prévenir toute
propagation chez nous de l'incendie allu-
mé chez nos voisins.
En ce qui concerne la pacification en
cours, les résultats d'ores et déjà obtenus
au Maroc français justifient les plus gran-
des espérances, nous a dit, avant son dé-
part, un collaborateur immédiat du maré-
chal Lyautey. Les Beni-Ouaraïn ont. fait
leur soumission. Le front d'Ouezzan est
fixé. Les tribus Zaïans ne donnent plus
d'inquiétudes. Les opérations n'ont exIgé
que de très faibles sacrifices. Il ne reste
plus à pacifier, méthodiquement, que le
massif montagneux, réservoir des forces
hydrauliques qui doivent féconder et en-
richir le Maroc. Avant trois ans révolus, le
Maroc jouira d'une prospérité, dans la
paix et t'ordre, -qui lui permettra de colla-
borer efficacement à la prospérité de la
métropole.
Francillon
Clemenceau
devant Clemenceau
AVANT LA CÉRÉMONIE
Par dépêche de notre envoyé spécial
M. ADRIEN VÉLY
Sainte-Hermine, 1" octobre.
Jamais, sans doute, le café de la
gare de Chantonnay (Vendée) ne s'est
trouvé, à pareille heure, à pareille fête.
Il est cinq heures et quart du matin, la,
nuit est encore complète, la gare n'est
éclairée que par quelques maigres et
tremblotantes lumières, des ombres sont
descendues du train des Sables-d'Olonne
et errent sur le quai, en attendant la
correspondance, qui n'aura lieu qu'une
heure et demie plus tard.
Il fait très froid, mais a,u-dessus de la
barrière, de l'autre côté de la place, on
aperçoit uno faible lueur; on sort de
la gare, on se dirige vers elle, presque h
tâtons, et l'on envahit la, salle du café
de la gare en demandant des cafés très
chaudes. Tontes les tables sont occupées,
la servante va et vient, affairée. Non,
jamais le train des Sables n'a déversé,
entre cinq heures et cinq heures et de-
mie du matin, un si grand nombre de
consommateurs dans la salle basse, très
obscure et tout embrumée du café de
la gare.'
Il est vrai que c'est la. première fois
qu'on inaugure je ne crois pas que l'on
inaugure jamais dans un autre ordre
le monument élevé Georges Clemen-
ceau à Sainte-Hermine. L'inauguration
n'aura lieu que demain,, et. c'est une
véritable foule qui accourra de tous côtés
pour voir et entendre le « Tigre» par-
ler devant sa propre image, si l'on
en juge par l'importante ̃ vant-garde
qui a envahi le café de la gare de
Chantonnay, et qui boit cafés sur cafés
en attendant le départ du petit tortil-
lard qui va à Sainte-Hermine.
Le jour commencé, à peine à poindre
au moment où il se- met en marche il
travers la jolie et mélancolique campa-
gne vendéenne, et le soleil brille dans
un ciel pur quand, une heure plus tard,
il s'arrête à Fuole, lieu natal de M. Geor-
,ges Clemenceau. Le train passe devant
la belle maison seigneuriale où il na-
quit, où son père, homme fort original,
exerçait la profession de médecin, et qui
appartient aujourd'hui à M" Albert Cle-
menceau.
La grande route, en traversant le vil-
lage de, .Fuole, montre fièrement des
plaques d'émail bleu portant l'inscrip-
tion « Rue Georges-Clemenceau. »
Mais nous voici à Sainte-Hermine. Le
petit train s'arrête sur la place où s'é-
lève, le monument encore dit
voile qui* nous empêche jusqu'à demain
de: le voir officiellement. Je pourrais
néanmoins en faire la description, d'a-
près les nombreuses cartes postales aui'
Directeur
RÉDACTION ADMINISTRATION
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Dans la « DERNIERE HEURE »
Le Résumé en Anglais des
INFORMATIONS POLITIQUES; ÉCONOMIQUES
COMMUNIQUÉES PAR LE
NEW. YORK HERALO^^
TÉLÉPHONE Gut. 02.37 Cent. 09.00– Louvre 12.21
Le « GAULOtS » paraîtra demain
SIX PA GES
LIRE
A la 20 page
Mondanités.
Souvenirs du capitaine Bouchardon, par
M. Georges Drouilly.
Les Qominunistes à Puteaux, par M. Ar-
mand Villette.
A la 3a page
La Dernière heure.
la 4. page
Les Lettres et les Arts, par M. Raymond
Léeuyer.
Revue des Revues, par M. Félicien Pascal.
Les Premières, par M. Louis Schneider.
Les Théâtres. Les Sports.
ITALIE!
ITALIE!
La flatterie des paisibles habitués. du j
petit café Florian, cher à Casanova, fut
un peu troublée l'autre jour à Venise, et
les pigeons de Saint-Marc durent pren-
dre, encore une fois, leur joli envol au
bruit dont l'écho, qui nous est parvenu,
aura du moins l'avantage d'attirer notre
attention vers des choses trop longtemps
négligées. Il s'agit de nos rapports avec
nos amis d'Italie.; beaucoup de ceux qui
s'en inquiétèrent il y a deux ou trois
ins, détournés depuis par tant d'autres
événements, avaient fini par penser à
îiutre chose. Rassurez-vous, je ne m'a-
venture pas dans des considérations poli-
)iques parfaitement déplacées sous ma
diurne, mais, tout de même, dans tous
)es compartimentes de la vie publique
.n'avons-nous pas le devoir d'observer
Ses symptômes aussi importants que
ceux-ci ?
IL y a trois ans, à la veille de l'armis-
tice, je passai quatre mois chez nos
tamis, enfiévrés, eux aussi, des dernières
«affres de la lutte en arrivant, j'avais
senti l'opinion un peu nerveuse à notre
endroit. D'ordinaire, le touriste, habitant
Ses palaces, familier des lieux d'étude'ou
de plaisir, demeure à l'écart de la véri-
table vie publique. J'étais' -bas, pour
travailler un contact très étroit avec
mes collaborateurs -m'avait tout de suite
révélé le malentendu qui, même pendant,
l'effort commun, subsistait entre les
«eux nations sœurs. Je ne parle pas
seulement de certaines froideurs, de pe-
tites difficultés journalières, d'obstruc-
tion masquée sous une courtoisie de
commande, mais d'un véritable et in-
quiétant malasse c'étaient, dans certai-
nes villes, des procédés surprenants
dans un pays habituellement de courtoi-
sie souriante au restaurant, les garçons
corrects, mais sans bonne volonté; au
théâtre, en tramways, mes voisins me
dévisageraient sans bienveillance. Cette
attitude, tout à fait gênante dans le Pié-
mont ou en Lombardie, s'adoucissait
quelque peu vers Rome plus cosmopo-
lite cependant, même dans les milieux
Sympathiques par tradition et par la si-
Inilitude des labeurs, an .ne sentait pas
la cordialité de jadis.
J'ai donc vécu plusieurs mois, assez
isolé, perdu dans la foule, témoin atterï-
itif et ému des. grandioses événements de
rue qui saluèrent l'armistice, le re-
tour du Roi, la visite de Wilson. Dans
l'explosion de l'allégresse populaire qui
pavoisa Rome, je restai frappé de ce que
la joie française n'était point associée à
l'enthousiasme patriotique italien. Sur,
peut-être, cinq cent mille drapeaux
fleurissant du jour au lendemain la Ville
Eternelle, il n'y en eut pas certainement
cinq mille des "nôtres, est je fus plus sur-
prrs encore de l'abondance des couleurs
britanniques et américaines. Comme je
m'en étonnais discrètement, on me conta
malicieusement que les ambassades de
pas'pays àvaïant judicieusement pourvu
à ces démonstrations par des distribu-
tions gratuites de leurs emblèmes natio-
naux, tandis que de notre côté on s'était
montré moins prévoya.nt.
Et, dans la suite, je pus voir, par un
jçoinmei'ce prolongé avec les différentes
Classes de la population, que nos agents,
jtrop, confiants dans la spontanéité de nos
hmis, ne tentaient pas grand chose pour
Irapproeher deux sœurs rendues un peu
!nerveuses, par la formidable liquidation
de la catastrophe. Je n'avais affairé, na-
fîurellemient, que dans les milieux artis-
niques eh bien tous, hommes de lettres,
(journalistes, comédiens, éditeurs, lors-
que je parvenais à détendre un peu des
visages d'abord assez fermée, me confir-
Jmèrent dans la certitude qu'un sérieux
effort allait être nécessaire pour dissi-
per les nuages amassés entre les deux
[versants des Alpes.
Les griefs n'étaient point seulamènt
politiques sur le terrain, bien particu-
lier, des intérêts artistiques et deséchan-
ges intellectuels, je me rendis compte
que, la aussi, nous avions un examen de
conscience à faire, des résolutions à
prendre. Plusieurs, et des plus notoires*
parmi les sommités romaines ou `mita-
naises, ne celaient point leurs motifs de
froideur dès qu'ils étaient un peu remis
en confiance. Qu'est-ce que vous voulez,
ïne disait un écrivain illustre, même en
laissant de côté les combinaisons poli-
tiqùes ou économiques qui peuvent four-
nir matière à débats, considérez votre
attitude vis-à-vis de nos artistes et de no-
tre théâtre. Alors que, ainsi qu'il vous;
lest aisé dede vérifier, toutes nos seènes
accueillent votre répertoire, qu'il n.!y-âT
guère de ville ici où, chaque-tour; on ne
renrésente une œuvre française, nous
nous heurtions chez vous à un parti pris
qui est presque du boycottage. Vous^nt
le Théâtre-Libre fut fêté dès sa nais-
sance au Phiiodramatici de Milan et au
Manzoni de Turin, seul, vous vous êtes
préoccupé de ce'qui se passait chez
nous vous avez accueilli sur le second
Théâtre-Français le chef-d'œuvre de
Giocâsa, Comme les- Feuilles, comme
vous aviez joué notre Verga et sa Car al-'
leria Rusticana, du reste sifflée, au
Théâtre-Libre; mais comptez, depuis
vingt-cinq ans, les scènes parisiennes
qui nous accueillirent. La Bef fa, classi-
que chez nous à cette heure, ne fut point
fêtée comme elle le méritait l'un de
nos plus beaux dramaturges modernes,
Robert Bracco et son Pietro Caruso ne
reçut qu'une bien maigre hospitalité sur
une petite* scène lorsque d'Annunzio
vous donna des œuvres comme Saint-
Sébastien, La Pisanelle, Le Chèvre-
feuille, des tragédies lyriques d'une
beauté indiscutable, l'avez-vous vrai-
ment traité avec les égards dûs, vous en
conviendrez bien, à l'un des plus grands
écrivains dé notre race ? Même notre
musique; dont le triomphe est mondial,
fut l'objet des attaques passionnées de
vos musicographes, reprochant au direc-
teur de votre Opéra-Comique de sacrifier
la production française à nos partitions,
sans vouloir accepter que la prédilection
de votre publié. venait de ce,que le mé-
rite, sinon le génie, de nos composteurs
est d'être, avant tout, des musiciens de
théâtre. Ne vous étonnez donc point
d'une froideur fort légitime, après tout,
envers qui ne. nous paie pas de retour,
et, par ces froissements, que n'a pu écar-
ter une fraternité d'origine et de culture,
vous pouvez mesurer la gravité du dé-
saccord sur d'autres problèmes où les
intérêts s'opposent plus brutalement.
J'étais bien obligé de reconnaître que
tout cela n'était point sans quelque fon-
dement je m'en étais enicetenu avec no-
tre ami Dario Nicodémi, dont la situa-
tion là-bas est considérable, et qui,
ayant longtemps séjourné à Paris, où il
fut assez bien traité, pouvait devenir un
truchement précieux-. Précisément, à
cette époque, le poète Alfred Mortier, de
passage, lui aussi, à Rome, donnait des
conférences, provoquait des réunions,
s'efforçant .d'apporter sa planche à la
passerelle nécessaire. Il suggérait une
association de lettrés des deux pays, pa-
tronant à Rome et à Paris une scène où
l'on se préoccuperait, de servir les deux
littératures èt'de travaillér à leur expan-
sion' réciproque.
Je n'avais pas attendu mon retour
pour 'parler detout cela à mes amis on
tftè fit ittënië l'honneur 'de' me prier de
rédigerrnes observations, qui parvinrent
en haut lieu. Mieux encore, Pierre Wolff
étant à cette époque président de notre
Société Ses auteurs, je lui fis entrevoir
combien l'influence de la commission
pourrait devenir opportune et bienfai-
sante. D'autant que la tension qui ré-
gnait ailleurs se manifestait aussi entre
les auteurs français et leurs confrères
italiens, dont 'les dirigeants se plai-
gnaient de ce que l'on n'eût pas toujours
collaboré avec eux en parfait esprit de
solidarité et de conciliation. Nous espé-
râmes alors, avec Nicodémi, provoquer
une visite en Italie du bureau de la So-
ciété des auteurs, qui eût été un événe-
ment considérable. L'attention que cette
suggestion rencontra d'abord rue Henner
sa perdit bientôt dans les tracas d'autres
affaires et nos amis n'en tirèrent proba-
blement qu'un: grief nouveau.
Certes, depuis, nombre -de bons es-
prits ont compris, chez nous, la nécessite
d'agir une association, l'Union Latine,
s'est constituée, sous uno haute prési-
dence et déploie une véritable activité
sa session plénière de novembre pro-
chain ne sera point sans porter des fruits
précieux, mais la tâche qui s'impose de-
mande le concours ardent de tous.
Les artistes sont d'admirables agents
de propagande et de liaison je reste
certain qu'avec -le retentissement si réel
des choses du théâtre chez nos voisins,
les auteurs français auraient vraiment
là-bas de la besogne il faire. Si nous con-
sentions v.- une collalroration, il. des
échangeas qui nous seraient, du reste,
profitables, car il y a, par delà les monts,
une floraison magnifique et neuve que
nous ne soupçonnons pas, l'effet sur
l'opinion italienne serait immense. On a
tant parlé de propagande, qu'il serait
peut-être temps de l'exercer véritable-
ment sur des points efficaces. J'entends
bien, que les pièces italiennes, pas plus,
du reste, que les nôtres, ne se recom-
mandent pas toutes par des qualités si
exceptionnelles ..qu'elles puissent justi-
fier une exportation continue et que nos
directeurs ne ise, soucient guère d'encou-
rir des risques trop lourds, ,mais nos
subventionnés ne; ;poiirraient-ils, de
temps en temps, donner quelques ga-
ges? Le directeur de l'Odéon a, par
exemple, joué l'année dernière. Le Coup
de Vent, deux petits actes charmants, la
Comédie ne pourrait-elle mettre à son
répertoire l'un des chefs-d'œuvre de ce
Goldoni qui nous appartient un peu,
puisqu'il écrivit dans notre langue pour
elle si La LocandU'ru, par exemple, pa-
raissait,, au répertoire de notre grande
scène, Fabre sait aussi bien que moi l'ef-
fet moral que causerait, chez nos voisins,
une initiative de ce genre. Ce serait vrai-
ment un bien petit effort, et le devoir
n'est-il pas de s'employer, résolument,
chacun dans sa sphère, à resserrer des
liens qui se relâchent de jour en jour,
comme nous venons de le constater si
fâcheusement- ces temps-ci ?
Antoine
LA CONVOCATION
DES CHAMBRES
Hier a été promulgué le décret convo-
quant les Chambres en session extraor-
dinaire pour le-18 octobre courant.
L'Aviation
fantastique
La Coupe Deutsch. kilomètres i
l'heure! Un beau succès français.
Chute terrible de Sadi-Lecointe
L'aviation française a remporté, hier, une
belle victoire, mais elle a failli faire une perte
irréparable. Si le pilote français Kirsch, pilotant
le sesquiplan Nieuport-Delage, moteur Hispano-
Suiza, a inscrit glorieusement son nom au pal-
marès de la coupe Deutsch d'aviation, nous avons
vécu de longues et angoissantes minutes quand
nous apprîmes que Sadi-Lecointé, l'as des as,
l'homme le plus vite du monde et le vainqueur
de tant d'épreuves, avait fait, à plus de trois
cents à l'heure, une chute effroyable. On sut
bientôt que Sadi-Lecointe n'était que légèrement
blessé, et cette nouvelle ramena la sérénité sur
tous les visagés.
Dès neuf heures, le vaste aérodrome de Ville-
sauvage présente le spectacle classique des
grands meetings d'aviation. La foule, venue
nombreuse, commente les chances des concur-
rents. Sadi-Lecointe, chef de file de l'équipe
Nieuport, est favori, mais l'Italien Bragpapa,
l'Anglais Herbert James ont des .appareils plus
puissants; on les a vu évoluer; ils vont très
vite. Sadi-Lecointe n'attend pas. Avant l'ouver-
ture, du contrôle, il a fait une reconnaissance.
L'atmosphère est favorable. Sadi-Lecointe va
partir. Calme, souriant, confiant, il se glisse
dans l'étroite carlingue en forme de hanneton,
que surplombe, massive et courte, l'aile unique
du monoplan Nieuport. Le moteur ronfle. Pho-
tographes, opérateurs de cinémas font une
débauche de plaques sensibles. Un signe, et
le bolide s'élance, roule, s'élève, disparaît vers
la ligne de départ, qu'il coupe à l'altitude de
cinquante mètres, fonçant tout droit vers le
virage de la Marmogne. En moins d'une minute,
l'avion a disparu dans la légère brume qui s'at-
tarde encore sur l'immense plaine des chaumes
coupés ras.
Les minutes passent; chacun a sa montre en
main; la victoire est une question de secondes.
Un coup de téléphone nous apprend que le
pilote a viré à la Marmogne, couvrant les cin-
quante premiers kilomètres en 9 9 minudes
39 secondes 2/5; sa vitesse est d'environ
320 kilomètres à l'heure. Un murmure d'admi-
ration s'élève. Les yeux scrutent l'horizon où
Sadi-Lecointe va poindre. Neuf minutes, dix
minutes, onze minutes s'écoulent. Que se
passe-t-il Sadi-Lecointe devrait être de retour.
Un quart d'heure. Personne. Un silence lourd
et tragique pèse sur l'assistance. On n'ose
penser à la catastrophe, dont pourtant l'éven-
tualité apparaît de plus en plus probable. Main-
tenant, plus de doute. Sadi s'est arrêté. Où
est-il Est-il blessé? On téléphone aux postes
échelonnés sur le parcours, on envoie des esta--
fettes en reconnaissance. Enfin, on apprend la
vérité
Sadi-Lecointe, après avoir viré à la Marmogne,
revenait vers Villesauvage. Soudain, son hélice
éclate. C'est la chute vertigineuse. L'avion
plonge, Sadi-Lecointe le redresse; néanmoins,
c'est la chute. Le train d'atterrissage s'écrase;
l'appareil, rebondissant, est projeté en avant et
se brise. Des paysans ont vu cette tragédie,
ils se hâtent vers le lieu de la catastrophe. Ils
croient dégager un cadavre des débris de l'avion.
Ma^is Sadi-Lecointe reprend ses esprits. Le voici
sur pieds. Il est vivant; il saigne abondamment
du visage; l'œil, est atteint dangereusement.
On transporte l'aviateur à Tourcy, village tout
proche. On le panse, tandis qu'il raconte com-
ment il ne s'est pas tué. Quelques heures plus
tard, le docteur de Martel, mandé en hâte de
Paris, constate que Sadi-Lecointe n'a point de
blessures graves et l'autorise à regagner Paris.
Sadi-Lecointe hors de course, nos chances'
étaient fortement compromises. On le pensait,
on le disait. C'était ne pas faire suffisamment
confiance à Kirsch, le spécialiste des vols à
hautes altitudes, et à Lasne, deuxième et troi-
sième pilotes du Nieuport-Hispano.
L'Italien Bragpapa sembla d'abord en excel-
lente posture pour gagner la coupe. Il couvrit
cent kilomètres en 20' 5" 2/5 et cent cinquante
kilomètres en 19". Mais il n'alla guère plus
loin. Ayant des ennuis de moteur, il dut atterrir.
L'Anglais James, vainqueur du Derby aérien de
Londres, crut à tort être plus heureux. Après
cent kilomètres, il constata que son moteur ne
répondait pas à ses espoirs et que les ailes de
son biplan vibraient d'inquiétante manière.
Il n'insista pas.
Du coup, il ne restait plus, à quatre heures
de l'après-midi, que deux avions français en
ligne: le sesquiplan Nieuport-Hispàno de Kirsch
et le biplan de Lasne.
Nos deux représentants répondirent à notre
espoir. Lasne, d'abord, couvrit les trois cents
kilomètres du parcours en une heure 9 minutes
55 secondes 2,S, moyenne 255 kilomètres à
l'heure. Kirsch, enfin, enleva brillarnment la
première place en-une heure 4 minutes 39 se-
condes 1'5. soit à 278 kilomètres it l'heure de
moyenne, ce qui constitue le record du monde
poùr cette distance. L'appareil du vainqueur est
un sesquiplan Nieuport-Delage dont l'envergure
ne dépasse pas 6 mètres et la longueur 6 m. 20.
La surface portante de cet avion est de 12 m. 30.
Le moteur est un 300 HP Hispâno-Suiza de type
courant, le même que celui qui équipait, l'an
dernier, l'avion avec lequel Sadi-Lecointe -gaena
la coupe Gordon-Bennett, et que Lasne pilotait
hier..
Ainsi prit fin, comme' le soir tombait déjà,
cette première coupe Deutsch qui rapporte à
son heureux gagnant une prime bien méritée de
60,000 francs. Certes, nous sommes un peu
déçus parce que nous espérions un exploit plus
sensationnel; mais consolons-nous en pensant
que la France a pris les deux premières places
dans cette compétition internationale et que
notre grand as Sadi-Lecointe a miraculeusement
échappé au sort qui frappa il y a huit jours son
malheureux ami Bernard de Romanet.
Georges Bruni
Le recouvrement
des Créances allemandes
M. de Montille, chargé d'affaires de
France à Londres, a. signé vendredi après-
midi, au Foreign Office, le procès-verbal
d'échange des ratifications de la conven-
tion passée entre les gouvernements an-
stlais et français permettant aux Anglais
résidant en France et aux Français rési-
dant en Angleterre d'être traités sur. Je»
même pied que les nationaux des pays où
ils résident (France et Angleterre) en ce
qui concerne le recouvrement des créan-
ces à l'égard de l'Allemagne.
La notification de cette, convention sera
faite au gouvernement allemand dans.deux
ou trois jours.
Un arbitrage a été .prévu,
ttïaiirin n'ayant pas été envisagée par le
traité dc Versailles, il est possible, que. r-ta
question, du lait de rÀlïeniagne', ait à
être soumise il un tiers.
Lord Çurzon avait signé cette conven-
tion il y a quelques jours.
On en effet, que, jusqu'à présent,
les deux associés anglais et frauçais d'une
même maison, ayant son siège par exemple
en Angleten-e, sont traités d'une façon dif-
férente alors -que l'associé anglais a, déjà
pu récupérer (le l'Allemagne sa créance,
l'associé français n'a pas pu avoir satisfac-
tion pour sa part en raison de l'état de
procédure qui a cours actuellement l'in-
verse se produit également en France. La
convention signée aujourd'hui a pour but
de mettre fin à cette anomalie.
L'Erreur
radicale
Les socialistes non communistes et les
radicaux croient faire un coup de maî-
tre en appuyant aujourd'hui à Charonne
l'élection de Marty. Certaines radicaux
surtout y apportent une fureur particu-
lière et semblent vouloir affirmer sur le
succès du candidat communiste la vita-
lité de leur parti. Or, je ne pense pas
qae^jjans les circonstances actuelles, on
puisse commettre en politique une er-
reur de tactique plus grave que de se
laisser saisir par l'attraction révolution-
naire. d'est,' délibérément., se mettre en
marge de la politique nationale, car ce
mot « national » a. un autre sens que
« réactionnaire » et il signifie, malgré
ses innombrables nuances, quelque chose
de fort et de clair que les radicaux et les
radicaux-socialistes connaissent parfai-
tement. Tous ceux qu'on appelle réac-
tionnaires se rallient, en effet, à une
doctrine nationale plus ou moins bien
formulée mais une quantité considéra-
ble de gens qui ne sont point réaction-
naires, dans l'acception courante de ce
mot, s'y rallient également. S'il n'en
était point ainsi, la république serait
fort malade et l'idée républicaine souil-
lée..
Voilà pourquoi les radicaux-socialistes
jouent un jeu mortel pour l'avenir de
leur parti. On dirait que, ne se sentant
plus capables de vivre sur eux-mêmes
et devinant que 'leurs doctrines sont
desséchées, ils demandent une vi-
gueur nouvelle 4 .la sève communiste.
Ils croient aller se retremper dans la
révolution d'où ils sont sortis. Mais là
justement est la faute irrémédiable. La
révolution qui fonda les divers part's ré-
publicains fut l'inverse d'un mouvement
communiste, tel qu'on le comprend de-
puis l'expérience russe et tel qu'on pré-
tend l'organiser. Les radicaux ne vont
donc pas, comme ils se l'imaginent, se
retremper dans leur milieu d'origine, ils
vont se déformer et se compromettro
dans un milieu réfractaire à l'idée de
nation et de patrie. Il est difficile qu'un
parti politique s'éloigne davantage du
pouvoir, à une heure où la France pré-
cisément a besoin de se ramasser et de
s'unir pour l'effort suprême vers la paix
juste, vers la paix digne de sa, victoire.
Alfred Capus
de l'Académie française
Les Échos
Dans cette lettre qu'il adresse à notre
directeur, le maître Sa.int-Saëns détruit
une petite légende dont tout le monde
.̃»'<• septembre 1921.
Mon citer Meyer,
A propos de la mort de la princesse de
Metternich, je vois que l'on reparle du
goût qu'elle aurait eu pour le chant popu-
clé la, fumeuse 'i'iiérésa. Permettez-
moi de m'inscrire en faiux contre cette lé.
fj'emlo, dont la princesse se montrait 'fort
choquée. Elle m'a a/finné qu'elle n'était
jamais allée entendre et, que cel-
le-ci n'était jamais velnue Ù l'ambassade.
Cordialement C. Sa.int-Saëns.
.Cherchez la bande .rouge
C'est le jeu nouveau sur les boule-
vards. La bande rouge de passage part
de la meilleure ântention celle de sra-
raptir les malheureux piétons contre le
superbe dédain des chauffeurs. Les pre-
mières furent faites au pinceau, sur le
pavé de bois. Elles durèrent quelques
Les nouvelles, en voie d'achèvement,
sont formées d'une armature métalli-
que dans laquelle est coulé un ciment
spécial. Seulement elles ne sont pas
rouges, elles sont couleur crevette et
Si pâles que, lorsque quelques pneus
poussiéreux ou boueux ont passé des-
sus, elles prennent exactement la cou-
leur du payé de bois. On a donc l'im-
pression qu'elles seront à peu près invi-
sibles, et déjà le public s'amuse:
Cherchez là bande rouge '̃
Leur mise en service, n'aura lieu offi-
ciellement que dans quelques jours.
Nous les jaugerons ,t l'usage. Mais, dès
à présent, leur couleur, volontairement
choisie, fait douter de-leur efficacité.
Deux minutes de prière.
L'idée du président Harding est belle.
Il vient d'adresser un message au peuple
américain, à, l'occasion de la cérémonie
d'inhumation du Soldat américain in-
connu, dont la dépouille est revenue de
Franche, et qui sera enterré, le. ll..no-
:vembre;, au cimetière national d'Arîing-
demande que ce
chacun prie en silence durant
deux minutes, il l'heure où le
sera mis dans sa tombe définitive.
silence et cette prière n'en
diront-ils pas plus que de longs dis-
cours
A la fête hippique de Chantilly.
La plus élégante soc.iét6 se pressait
hier à Chantilly, à la grande fête
que, merveilleusement organisée
Société Hippique de France. Quel succès
pour nos brillants cavaliers mondains!
Quel succès aussi pour les State Express,
les célèbres Cigarettes Anglaises récem-
ment importées) Les turques n° 444 et
les 555, qui vont conquérir
tous les salons, ra,vissaient mondaines et
gentlemen par leur incomparable par-
ss
Au-Palais de la Nouveauté (Grands
Magasins Dufayel), la reprise des'affai-
l'es, se, manifeste avec intensité et doit
être attribuée au succès sans précédent
de la 2° Exposition de, l'Ameublément,
attr'action unique au monde, que tout
Paris veut admirer.
Pour cette manifestation, des occa-
sions nombreuses et uniques seront of-
fertes la clientèle, notamment les bas
de soie véritable, avec couture, toutes
nuances mode, au prix étonnant de
7 fr. 70.
En raison de l'affluence extrême, il est
recommandé aux acheteurs de faire leur
choix -dans la matinée, afin d'être assu-
rés d'une plus grande attention'des ven-
deurs, trop surmenés l'après-midi.
Tous les jours, à l'Exposition, concerts
classiques de 14 h. 30 à 17 h. 30. Au Sa-
lon de Thé étage) sur entresol, « Con-
fections pour Dames »), concert de 15 h.
à
Le Japon
et, les Etats-Unis
PEUVENT-ILS S'ENTENDRE ?
On a dit que la conférence de
serait avant tout un dialogue
entre les Etats-Unis et le Japon. Il est
!évident que les problèmes du Pacifique
est, dit-on, d'ores et
lue a l'amiable, h n'en reste pas moins
problèmes à régler tels que celui
de l'émigration et celui du Chantoung
il enfin d'examiner la possibilité
d'amener une détente durable dans les
relations entre Tokio et Washington
elles ne sont pas, sans doute, particuliè-
rement critiques en ce' moment n'em-
pêche qu'il existe entre les deux peuples
une vieille haine de races qu'alimente la
concurrence commerciale en Extrême-
Orient et d'où résulte cette course aux
armements navals qui ne semble pas
en dépit des projets de désarmement
devoir se ralentir de sitôt:
Il y a assurément assez de place sous
le soleil pour que ces deux grandes puis-
sances puissent se développer librement
sans se faire du tort réciproquement. Et
ce serait un bienfait inestimable pour
l'humanité, lasse de cataclysmes et de
bouleversements, si le Japon et
que parvenaient à établir un
qui écartât au moins pour quel-
toute menace de conflit en-
La tache, il faut le d'au-
plus malaisée que l'on doit compter
avec 1 opinion qui, surtout aux Etats'
se montre extrêmement défiante
du Levant. L'expression de ce
sentiment est apparue clairement dans
de remarquables articles d'un ccarrespon-
publiés par le
Ils tendent à montrer sous
un jour pour la paix asiàti-
que l'activité
croisement incessant de lenr popula-
pénétration méthodiques qu'ils
la sur
et admi-
de vétusté, est uno
facile pour ce peuple
et
nal leur essor industriel ils n'ont pas
grande hâte d'absorber la Chiné, parce
sont certains qu'ils la tiendront
toujours sous le feu de leurs canons.
Us préfèrent par conséquent la cünquête
Leur g-ouvernement est donc pacifique
et c est dans ces dispositions qu'il paraît
désireux de se rendre
Washington, Il le prouve d'ailleurs, en v
envoyant le prince
pondéré et, le plus populaire
de l'élite' intellectuelle japo-
et l'amiral Kato, l'un des rares
partisans, de la limitation des arme-
ments.
Le maréchal Lyautey,
rentre au Maroc
Quelques impressions avant son départ
Le maréchal Lyautey a pris, hier soir,
le. rapide de Marserlle, avec les collabora-
teurs civils et militaires qui l'avaient ac-
compagné eu France, Il s'embarquera, au-
jourd'hui, à bord de son yacht Diana, à
destination de Casablanca, où il aTrivera
dans la journée de mercredi. On sait qu'il
doit assister, à Rabat, aux fêtes données
en l'honneur du roi et de la reine des. Bel-
ges, qu'il initiera personnellement à l'œu-
au. française son œuvre accomplie
S'il est possible d'avoir, à la «rigueur,
une entrevue avec le maréchal Lyautey,
qui est bien le plus brillant causeur qui se
puisse rêver, en revanche, il est chiméri-
que d'espérer de lui une interview.
Nous avons été admis à présenter nos
vœux au maréchal Lyautey avant son dé-
part, dans le paisible salon de la rue Bo-
napa,rte, véritable musée, dont le décor
précieux évoque un rêve d'Orient.
Le maréchal nous a exprimé sa vive sa-
tisfaction de la décision prise par le gou-
vernement de maintenir, au Maroc, l'inté-
grité des effectifs prévus pour la pacifica-
tion, en grande partie déjà réalisée.
Comme nous risquions une. allusion ti-
mide au succès de ses méthodes de colla-
boration avec les autorités existantes au
Maroc, le maréchal a fait l'éloge de la
loyauté et du dévouement des éléments in-
digènes, qui le secondent dans son action
militaire et dans son organisation écono-
mique. Mais il s'est énergiquement défen-
du de parler de l'adoption éventuelle de
méthodes analogues en d'autres parties de
l'empire marocain que celles où s'exerce le
protectorat français.
Nous avons cru comprendre que l'atti-
tude du haut commissariat français, en
présence des difficultés de la situation dans
la zone d'influence espagnole, était celle
d'une neutralité sympathique et d'une ex-
pectative vigilante, pour prévenir toute
propagation chez nous de l'incendie allu-
mé chez nos voisins.
En ce qui concerne la pacification en
cours, les résultats d'ores et déjà obtenus
au Maroc français justifient les plus gran-
des espérances, nous a dit, avant son dé-
part, un collaborateur immédiat du maré-
chal Lyautey. Les Beni-Ouaraïn ont. fait
leur soumission. Le front d'Ouezzan est
fixé. Les tribus Zaïans ne donnent plus
d'inquiétudes. Les opérations n'ont exIgé
que de très faibles sacrifices. Il ne reste
plus à pacifier, méthodiquement, que le
massif montagneux, réservoir des forces
hydrauliques qui doivent féconder et en-
richir le Maroc. Avant trois ans révolus, le
Maroc jouira d'une prospérité, dans la
paix et t'ordre, -qui lui permettra de colla-
borer efficacement à la prospérité de la
métropole.
Francillon
Clemenceau
devant Clemenceau
AVANT LA CÉRÉMONIE
Par dépêche de notre envoyé spécial
M. ADRIEN VÉLY
Sainte-Hermine, 1" octobre.
Jamais, sans doute, le café de la
gare de Chantonnay (Vendée) ne s'est
trouvé, à pareille heure, à pareille fête.
Il est cinq heures et quart du matin, la,
nuit est encore complète, la gare n'est
éclairée que par quelques maigres et
tremblotantes lumières, des ombres sont
descendues du train des Sables-d'Olonne
et errent sur le quai, en attendant la
correspondance, qui n'aura lieu qu'une
heure et demie plus tard.
Il fait très froid, mais a,u-dessus de la
barrière, de l'autre côté de la place, on
aperçoit uno faible lueur; on sort de
la gare, on se dirige vers elle, presque h
tâtons, et l'on envahit la, salle du café
de la gare en demandant des cafés très
chaudes. Tontes les tables sont occupées,
la servante va et vient, affairée. Non,
jamais le train des Sables n'a déversé,
entre cinq heures et cinq heures et de-
mie du matin, un si grand nombre de
consommateurs dans la salle basse, très
obscure et tout embrumée du café de
la gare.'
Il est vrai que c'est la. première fois
qu'on inaugure je ne crois pas que l'on
inaugure jamais dans un autre ordre
le monument élevé Georges Clemen-
ceau à Sainte-Hermine. L'inauguration
n'aura lieu que demain,, et. c'est une
véritable foule qui accourra de tous côtés
pour voir et entendre le « Tigre» par-
ler devant sa propre image, si l'on
en juge par l'importante ̃ vant-garde
qui a envahi le café de la gare de
Chantonnay, et qui boit cafés sur cafés
en attendant le départ du petit tortil-
lard qui va à Sainte-Hermine.
Le jour commencé, à peine à poindre
au moment où il se- met en marche il
travers la jolie et mélancolique campa-
gne vendéenne, et le soleil brille dans
un ciel pur quand, une heure plus tard,
il s'arrête à Fuole, lieu natal de M. Geor-
,ges Clemenceau. Le train passe devant
la belle maison seigneuriale où il na-
quit, où son père, homme fort original,
exerçait la profession de médecin, et qui
appartient aujourd'hui à M" Albert Cle-
menceau.
La grande route, en traversant le vil-
lage de, .Fuole, montre fièrement des
plaques d'émail bleu portant l'inscrip-
tion « Rue Georges-Clemenceau. »
Mais nous voici à Sainte-Hermine. Le
petit train s'arrête sur la place où s'é-
lève, le monument encore dit
voile qui* nous empêche jusqu'à demain
de: le voir officiellement. Je pourrais
néanmoins en faire la description, d'a-
près les nombreuses cartes postales aui'
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