Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-07-06
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 94503 Nombre total de vues : 94503
Description : 06 juillet 1921 06 juillet 1921
Description : 1921/07/06 (Numéro 15981). 1921/07/06 (Numéro 15981).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k538745c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/03/2008
̃ ^S jT
m° année- série.-?15981 € 5 h. du inatiii > centimes (5h.dumatin> q î^iroredi 6 juillet
VAftTHUR° MEYMrS^
Directeur
RÉDACTION ADMINISTRATION
2, rue Brouot, 2
ABONNEMENTS
Paris et Départements
^^TJn mois.. 6 fr. 50 Six mois.. 28 fit.
Trois mois 16 fr. Un an*. i*~0r
Etranger
a mois 18 fr-SO^
Compte Chèque postal 263,04 Paris
LIRE CHAQUE MATIN
Dans la «DERNIERE HEURE
Le Résumé on Anglais des
INFORMATIONS POLITIQUES, ÈCONOWIO'IES
FINANCIÈRES
Yp'AMÉBlQUE et D'ANGLETERRE/
«O«MUlfiÇUÉE\ PAR LB
^S*^ YORK HERALD
TÉLÉPHONE Gut. 02.37 -Cent. 09.00– Louvre 12.21
Demain jeudi, le « GAULOIS
»Il paraîtra sur SIX PAGES
? ? ROCAMBOLE
EST-IL MORT? ?
France
J'ai vu sous les fenêtres du Gaulois
la foule attendant fébrilement le résul-
tat du match Carpentier-Dempsey. Les
yeux levés en l'air, elle guettait les si.
gnaux convenus. Les premières fusées
blanches la laissèrent sceptique. Mais
bientôt la nouvelle déferla comme une
vague Carpentier était battu.
La déception fut, grande.- Elle fut si-
lencieuse. C'est, paraît-il, chez les en-
fants de dix à treize ans que se mani-
festa la plus sincère émotion. J'aime ce
sentiment. Ces enfants n'acceptent plus
la défaite. Quand ils seront devenus des
hommes, ils sauront magnifier cette vic-
toire que nous avons gagnée, mais que
nous n'avons pas su réaliser.
Pour ma part, j'avoue que j'ai deux
raisons de me consoler de cet échec. Il
nous a épargné certains excès auxquels
une victoire de Garpentier nous eût peut-
être entraînés. La foule, dans son exal-
•tation, eût retrouvé l'ivresse si natu-
relle alors de la soirée de l'armistice.
Le retour du vainqueur eût été salué
comme la rentrée du maréchal Foch. En
vérité, le rapprochement ne s'imposait
pas.
Un autre bénéfice de cet insuccès est
qu'il a provoqué dans les esprits un autre
rapprochement, qu'a souligné M. d'Aral
dès la première heure, celui de ces deux
noms Carpentier et Branly, et inspiré
une comparaison des plus suggestives.
D'un côté, les profits vraiment colossaux
que se partageaient le vainqueur et le
vaincu du match, et de l'autre la mo-
deste situation qu'occupe le véritable
triomphateur du jour, celui qui a per-
mis à la nouvelle de traverser l'Océan
en moins: de cinq minutes.
F* i
L'Amérique, avec une galanterie qui,
de sa part, ne saurait nous étonner, a
célébré le champion de l'Europe. C'est
un titre de plus à notre estime et à notre
gratitude. Les discours qui ont été pro-
noncés au banquet de l'Independence
Day doivent donner satisfaction aux
plus pessimistes d'entre nous. Les nobles
paroles que nous y avons entendues
sont de celles qui valent un engagement.
Ce nous est une occasion de dire à M.
Wallace, qui fut l'orateur applaudi de
cette réunion, les souvenirs qu'il laisse
en France à l'heure où il quitte son
poste. Comme il a su nous faire aimer
son pays, nous lui demandons de rensei-
syher ses compatriotes' sur notre vérita-
ble état d'âne. Certes, nous avons
éprouvé quelque déception quand nous
ayons appris que le'traité de paix n'é-
tait pas ratifié j^ar l'Amérique et que,
par conséquent, il nous fallait renoncer
au famieux pacte d'après lequel!' Angle-
terre et l'Amérique s'engageaient à se
ranger à nos côtés en cas d'une agres-
sion de l'Allemagne. Mais quand M.
Wallace, personnage encore officiel et
représentant de notre grande amie l'Amé-
rique, déclare « Nous sommes entrés
dans la guerre comme amis de la France,
amis nous resterons », nous tenons cette
phrase pour mieux qu'une promesse
une.signat.ure.
Je dînais l'autre soir, dans une déli-
cieuse maison, à Versailles, chez de très
distingués Américains. La conversation
s'engagea précisémentvsur cette question
du pacte et sur le regret que nous avions
eu de voir s'évanouir cette garanti, en
sorte que nous nous étions trouvés dans
la nécessité de souhaiter; faute d'un gage
moral, des gages matériels. Et comme
une très aimable Américaine défendait
le point de vue de son pays, un diplo-
matie qu'on a rendu trop tôt à ses études
d'érudit ajouta ces paroles auxquelles
son expérience et sa finesse avertie
donnent une rare portée
<* Qu'importe, au surplus, qu'il y ait
un traité écrit ? La lettré, on peut tou-
jours la discuter. Que des alliés aient
envie de se dérober, ils peuvent toujours
contester la réalité de l'agression, "deman-
der une enquête, que sais- je ? Avant que
l'enquête eût donné ses résultats; les hos-
tilités seraient engagées et nul ne pour-
rait plus arrêter la guerre. C'est pour-
quoi à la lettré je préfère beaucoup l'es-
prit. Vous affirmez, madame, vos hom-
mes politiques déclarent et vos journaux
répètent que, si la France était attaquée,,
l'Amérique, agirait comme en 1917. Elle
n'hésiterait pas à.envoyer ses années sur
le'continent, à mêler ses étendards à nos
drapeaux. Voilà rrùi vaut mieux qu'un
'traité. Je suis d'accord avec vous. »
Que l'opinion française ne s'émeuve
donc pas si l'Amérique a décidé de oes-
ser l'état de guerre avec l'Allemagne..
Saehons-lui gré d'avoir attendu, pour
faire connaître cette décision, que le
traité de Londres nous ait donné satis-
faction, et que l'Allemagne ait commencé
ses paiements. Réjouissons-nous d'avoir
entendu certains de ses hommes politi-
ques-déclarer que si l'état de guerre avait
cessé, il n'y aurait cependant état de paix
qu'autant que l'Allemagne tiendrait inté-
gralement sa parole. Surtout montrons
à nos amis une France consciente; de .sa ?
force, sachant qu'elle à da première
armée du monde; décidée à s'en servit
pour maintenir la paix non pour déchaî-
ner la guerre, éloignée de tout dessein de
violence et de toute pensée- d'impérial
lisme, supérieure à toutes les intrigues
quelles qu'elles soient et comptant sur
les amitiés et alliances qu'elle a su grou-
per autour d'elle, non tant pour l'aide
qu'elle en pourrait attendre quelque
jour que pour mener à bien avec elles
l'oeuvre d'apaisement et de reconstruc-
tion dont a besoin l'humanité tout
entière.
Arthur Meyer
Quels Événements ?
L'interpellation sur la Banque
Industrielle de Chirde
Hier, au cours de la séance de l'après-
midi, M. Outrey a formulé la demande
d'interpellation que nous avions annon-
cée- « sur les conséquences désastreuses
que va provoquer le refus du ministre
des finances de donner son approbation
au plan de réorganisation de la Banque
Industrielle de Chine ».
Le président du conseil a prié l'inter-
pellateur d'attendre jusqu'à jeudi ou
vendredi, jour §ù le ministre des finan-
ces pourra répondre, la fixation de la
date pour la discussion
Je pense, a dit M. Briand, que le but
de M. Outrey n'est pas de prononcer ou
d'entendre des discours, mais bien d'obte-
nir des résultats utiles. Or M. Outrey sait,
puisque le président du conseil l'en a lui-
même entretenu, les raisons pour lesquelles
il vaut mieux ne pas fixer aujourd'hui la
date car certains événements peuvent se
produire à bref délai. v
Jeudi au vendredi, M. le ministre des
finances sera à son banc. La Chambre
verra alors si elle entend discuter immé-
diatement la question soulevée par M. Ou-
trey..
Très courtoisement, M. Outrey accepte
le prochain rendez- vous, et explique qu'il
tenait seulement à éviter toute surprise.
Mais à leurs bancs et dans les cou-
loirs ensuite, les députés se posaient cette
question « Quels événements d'ici
quarante-huit heures peuvent se pro-
duire qui modifient ainsi la situation de
la Banque Industrielle de Chine ?̃ »
A notre tour, nous posons la question.
m. s.
Le
Durant le déjeuner, on n'avait encore!
parlé que-du Match, qui restera, sinon comme
une grande journée, du moins comme un
moment caractéristique de l'état d'esprit d'après-
guerre.
Et l'on déplorait cette série de revers aboutis-
sant à un vrai désastre: Lemonora, Pomme de
Terre, Dempsey!
Qui va nous battre dimanche prochain?
demanda la maîtresse de maison, désolée.
Dimanche, déclara un vieux parent qui
n'avait encore rien dit,. c'est la fête d'un Fran-
çais qui n'a jamais été égalé dans son sport;
il a plus fait pour notre gloire et en fera plus
encore que n'aurait jamais pu Carpentier vain-
queur.
Qu'est-ce qu'il va nous sortir, celui-là?
murmura le fils de la maison à l'oreille de son
voisin.
Celui dont je parle, est un as, un cham-
pion, et même un Champenois. Je sais bien
qu'il sera célébré en des discours excellents
par des écrivains nourris de sa pensée, qui
l'aiment et, qui parleront de lui comme il con-
vient.
Il s'interrompit, sentant qu'on le regardait,
étonné:
Je parle de La Fontaine, dont le' tricente-
naire sera commémoré à Château-Thierry en
présence de M. Léon Bérard, le très lettré
ministre de l'instruction publique; des repré-
sentants de l'Académie française, MM. Alfred
Capus et Robert de Fiers.
» Après les discours, qui seront des régals,
on jouera La Coupe et les Lèvres, et une
artiste de la Comédie-Française récitera des
fables. La cérémonie de Château-Thierry sera
donc très brillante. Mais pourquoi cet anniversaire
restera-t-il ainsi tout castrothéodoricien, si j'ose
dire?
Vous pouvez tout dire. Rien ne nous
choque, répondit-on.
Pour fêter notre fabuliste, reprit le vieux
monsieur, j'aurais voulu, je ne dis pas mieux,
mais autre chose aussi que des discours. J'au-
rais aimé qu'on eût recours à des moyens plus
naïfs, plus populaires que l'éloquence et.la cri-
tique; qu'il- ne s'agit pas, naturellement, de
bannir de ces fêtes.' Mais,
Le monde est vieux, dit-on; je le crois. Cepen-
[dant,
1! le faut amuser encor, comme un enfant.
» On aurait dû, pour dimanche, adopter le
projet dont j'ai lu la formule cet hiver dans un
journal, le Gaulois, je pense: devant la statue
du poète, un défilé de tous les animaux qu'il
a célébrés: des moutons, des chèvres, quelques
chiens, des ânes, un cerf, et dans des cages
roulantes, toutes les bêtes qui jouent les pre-
miers rôles dans sa comédie aux cent actes
divers: le lion, le loup, le renard. L'homme
serait venu à son tour, Bernant la marche,
comme l'âne dans la fable des animaux malades.
Bien combiné, avec un goût digne de l'auteur
des fables et de nos metteurs en, scène actuels,
un tel cortège eût été charmant et inoubliable.
» Et par qui mieux faire saluer l'effigie du
grand homme que par les personnages qu'il a
aimés, animés? A la Comédie-Française, qui
vient couronner le. buste de Molière, sinon
Alceste, Orgon, Cléanthe, Célimène et Dorine?
» Mais, surtout, j'aurais voulu que la France
entière participât à cette fête; que partout on
évoquât La Fontaine ce jour-là, ou la veille
plutôt, car le dimanche la foule ne peut mieux
célébrer l'ami de Mme de La Sablière qu'en
allant flâner « le long des clairs ruisseaux »,
ou sous les chênes « prendre son somme ». Que
dans toutes les écoles du Nord et du Midi, de
l'Est et de l'Ouest, on fît des conférences.
Et que nos cinémas lui consacrassent des films
ah! ceux-là, bien français!
Dans les conférences, ofa expliquerait que
depuis trois siècles, celui que Taine nomme
nôtre Homère nous fait,à à l'étranger dé la bonne
propagande française; que chez nous il est dans
toutes nos pensées, toutes nos conversations;
que ce ne sont pas seulement ses proverbes et
jggi locutions qui jen,ricliis§ent .notre langue, mais
que ses façons de regarder et de sentir sont
dans nos. meilleurs gestes, -comme.! on -dit^aujoujy
d'hui. Combien de nos philanthropes ont appris
la pitié, la solidarité sans le savoir, en récitant
en classe une de ses fables! Et quel joli
sujet de conférence encore: « Rechercher ce
qu'eussent été notre littérature et notre âme si,
dans la petite ville champenoise qui va s'animer
cette semaine, Françoise Pidoux, en 1620, n'avait
pas épousé Charles de La Fontaine, maître des
eaux et forêts, et s'ils n'avaient pas eu ce fils:
Jean, né le 8 juillet 1621.
» C'est surtout au cinéma qu'on eût pu
demander son secours pour commémorer le
poète qui modestement disait que son dessein
avait été d'égayer Esope et Phèdre. Quels
films exquis dans ses fables! Et quelle variété
pour une soirée devant l'écran! Quel choix!
Oh! il n'eût pas fallu essayer de réaliser Le'
Loup et l'Agneau, Les Deux Pigeons ou Le
Conseil tenu par les Rats. On n'eût fait que
parodie. Mais quelles jolies projections dont La
Fontaine a écrit les légendes et qu'on tirerait
de ces comédies ou de ces drames, vers à vers:
L'Homme qui court après'la Fortune, Le Save--
tier et le Financier, La Mort et le Bûcheron, Le
Meunier, son Fils et t'Ane, Les Médeeins, Le
Marchand, le Gentilhomme, le Pâtre et le Fils
du Roi (mais on aurait cru ce dernier film ins-
piré du paquebot Tenacity), ou Phébus et Borée,
ou L'Enfant et le Maître d'Ecole, tant d'autres
encore Sans parler de Philémon et Baucis, pour
quoi la musique est toute prête.
".Voilà ce que je voudrais, voilà ce qu'on
pourrait recommencer tous les ans.
Tous les ans le tricentenaire?
Pourquoi ne pas consacrer quelques mi-
nutes chaque année 1T glorifier --l'un" dés plus
illustres, des meilleatrs écrivains français?
Pour que cela prît, il faudrait appeler cela
le « La Fontaine's Day répondit-on en riant à
cet enthousiaste, et l'on se leva de table.
Vous irez à Château-Thierry? demanda un
invité au fils de la maison.
Dimanche? Comment voulez-vous? C'est
le prix Aguado à Auteuil.
Jean Vivant
L'Incident
de Beuthen
Un vaillant officier français, un de
.ceux dont le beau sang-froid, la bonne
humeur, le caractère conciliant provo-
quent la sympathie-et imposent l'es-
time, vient d'être lâchement abattu par
.une balle allemande et anonyme sur la
place publique de la petite ville silé-
sienne de Beuthen, récemment évacuée
par les Polona,is: En même temps, deux
sergents, également français, ont été
blessés.
Beuthen, dont la population est en
majeure partie allemande, est situé
dans la fameuse zbne~ neutre occupée
désormais par les troupes alliées. Une
garnison britannique venait y relever
un détachement français qui chose
admirable avait reçu la mission de
protéger, selon les conventions, les civils
allemands contre les agressions polo-
naises il s'était scrupuleusement ac-
quitté de sa tâche ingrate et quelque peu
paradoxale.
En guise de remerciement, l'attentat
que voilà.
On nous dira « C'est déplorable, en
effet. Mais comment l'éviter? Comment
établir les responsabilités, quand un
coup de feu part d-une foule dont tes
passions sont déchaînées? » Et Berlin
ajoutera « Désolé, mille excuses, mais
qu'y pouvons-nous ? »
A ceci nous répondrons que la respon-
sabilité de ces incidents incombe à la
fois au gouvernement du Reich et aux
alliés.
Au gouvernement du Reich qui, avant-
hier encore, par l'organe de M. Wirth,
proclamait publiquement que la Haute-
Silésie devait demeurer allemande « une
et indivisible » et qui, constamment,
fait chorus avec les nationalistes, encou-
rangeant et excitant de la sorte les per-
turbateurs et les provocateurs dont le
général H-œïer règle les mouvements
aux alliés, enfin, qui, faute de réussir
à se mettre d'accord sur une solution,
se sont imaginé qu'ils ramèneraient
l'apaisement en Haute-Silésie en plaçant
un rideau de troupes entre les adver-
saires. N'était-ce pas là le moyen le plus
sûr de provoquer çes incidents dans le
genre de celui qui vient de coûter la vie
à un commandant français ?
La preoruière ntesure qui s'impose donc
c'est de procéder au partage des territoi-
res silésiens et d'en fiirr avec cette
situation provisoire afin que l'Entente
puisse rappeler ses troupes inutilement
exposées à des représailles et à des
attentats dont les auteurs sont toujours
introuvables. On nous a annoncé que la
commission interalliée devait présenter
un rapport commun sur. la délimitation
des frontières qu'elle doit suggérer au
conseil suprême. Or ce rapport n'est
même pas commencé
Il faut enfin que nous ayons le cou-'
rage de regarder en face la situation que
nous crée l'affaire silésienne et les consé-
quences du rôle que nous avons assumé
vis-à-vis de la Pologne.
C'est, je le crains, illusion de croire
en effet que nous pouvons à la fois entre-
prendre une politique de rapprochement
économique avec. l'Allemagne et restituer
les bassins miniers de la Haute-Silésie à
la Cette politique-là ne peut
nous conduire qu'à de cruelles décep-
tions et à de désagréables réveils. Il faut
choisir, car Berlin est par hasard sin-
cère lorsqu'il nous dit « Nous n'exécu-
terons nos obligations que si nous con-
servons la Haute-Silésie. »
Par conséquent, les pourparlers éco-
nomiques ne signifient rien tant que
nous n'aurons pas liquidé la question
politique qui domine les préoccupations
de l'Allemagne. Si nous trouvons une
situation qui satisfasse à la fois les
revendications polonaises et les intérêts
allemands, rien de mieux. Mais si la
chose n'est pas réalisable, nous serons
fatalement amenés à constater que les
poursuivent dans les nuages et ne pour-
ront aboutir à rien de sérieux et de
durable. Et comme il ne peut plus être
1 question d'abandonner la Pologne, ̃ ce
f njHH .jsas, vrai dire, un chojx qui s'im-
j pose, mais une politique d'énergie qu'il
UN COMMANDANT FRANÇAIS
ASSASSINÉ
Deux sergents blassés
Voici comment une dépêche d'Oppeln
rapporte, d'après les résultats de l'en-
quête faite par la haute commission in-
teralliée, l'assassinat, à Beuthen, du
commandant Montalègre, du 27' batail-
lon de chasseurs, et l'agression contre
deux sergents français, qui furent bles-
sés':
Oppeln, 5 juillet.
A ta suite du repli e f fectué. par les in-
surgés' polonais, une compagnie britanni-
que devait entrer dans la ville de Beuthen
qre tes troupes françaises occupaient seu-
Les jusqu'ici. A l'arrivée de la compagnie
anglaise se produisit urre manifestation
allemande, au cours de laquelle le com-
mandant du détachement français fut as-
sassiné par un manifestant, qui Lui tira par
derrière, à bout portant, une balle de re-
volver dans la tête. Deux. sergents français
furent légèrement blessés.
La manifestation fut ensuite dispersée
par les troupes françaises et britanniques.
:Àii^c*:u,T de la collision, deux,.manifestants
allemands ont été tués et plusieurs blessés.
Nous pouvons ajouter^ d'après un té-
légramme de Beuthen, que le oomman-
'dant Montalègre la victime de cet as-
sassinat ainsi que de nombreux offi-
ciers français avaient reçu des lettres
de menaces de l'Orgesch, dans lesquel-
les on leur annonçait que tous les offi-
ciers français seraient assassinés.
A titre; documentaire, voici la version
allemande donnée par la Gazette gêné-
rale de V Allemagne et dans laquelle les
faits sont dénaturés
La ville de Beuthen, qui a été évacuée
hier par les insurgés, a été occupée vers
midi par des troupes anglaises. A la tête
de la colonne marchait un groupe de
Français, qni a été accueilli dans la ville
par un silence glacial. Lorsque Je gros des
Anglais passa, les habitants de la ville
poussèrent des .chants patriotiques. La gar-
de française vint alors sur la place et
chassa la foule. Tout à coup, des coups de
fusil retentirent un major français fut tué
net et plusieurs femmes grièvement bles-
sées.
Autres attaques allemandes
On mande, de Beuthen à l'agence
̃I>«s informations polonaises annoncant
qu'a Merby, dans les environs de Beu-
then, les Allemands ont attaqué les gardes
frontières. Trois Polonais ont été tués et de
nombreux autres ont été blessés.
Dimanche dernier, à Kœnighshutte, les
Allemands ont ouvert le feu contre un cor-
tège qui parcourait les rues, tuant deux
femmes et blessant un grand nombre d'au-
tres personnes.
Dans les attaques que les Allemands di-
rigèrent ces jours derniers contre les fau-
bourgs de Beuthen, 26 mitrailleuses entrè-,
rent en action. La population a été obligée
de se cacher dans les caves. Seule, l'arri-
vée des tanks français a mis fin à la fu-
sillade.
DES'
Désignation d'un rapporteur général
Les crédits de la Syrie et de la Cili-
cie rejetés en principe par
voix contre 10
La commission des finances de la Cham-
bre, qui avait à élire un rapporteur géné-
ral au budget en remplacement de M.
Charles Dumont, démissionnaire, a désigné
pour ces fonctions M. Bokanowsky, qui a
été nommé sans concurrent.
M. de Lasteyrie conserve ses. fonctions de
rapporteur général du budget des dépenses
recouvrables.
La commission des finances a ensuite
examiné les crédits demandés par le gou-
vernement pour l'entretien des troupes de
Syrie et de Cilicie.
Elle a, par 12 voix contre 10, adopté, sur
une proposition de M. Blum, le principe du
rejets de ces crédits, exception faite de
ceux à déterminer d'accord avec le gouver-
nement 1° pour l'entretien des effectifs
strictement nécessaires à la protection de
la Syrie 2° pour le rappel du surplus des
troupes actuellement en Cilicie.
M. Barthou, ministre de la guerre, sera
entendu aujourd'hui par la commission, qui
statuera, au fond, après avoir entendu ses
explications.
LE HfllSTËKE ESPAGNOL
Il n'y a pas de crise collective
Le ministère Allende Salazar, que
certains, déclaraient condamné, reste au
pouvoir telle est la nouvelle que nous
ayons reçue hier soir de Madrid.
Il est vrai, ainsi que nous l'indiquions
.hier, qu'à la suite de dissentiments, au
sein du conseil des ministres, au sujet
des projets de reconstitution nationale,
qui provoquèrent les démissions succès^
sives de M. Arguellès, ministre des
finances, et de M. Pinies, ministre de la
iustice, M. Allende Salazar présenta au
Roi la. démission totale du cabinet.
Mais, en présence de cette situation
inattendue et extraparlementaire, le sou-
verain consulta les principales person-
nalités politiques du Parlement et, après
ces consultations, Alphonse XIII, dont
l'attitude constitutionnelle ne saurait
être trop soulignée, renouvela sa con-
fiance au cabinet Allende Salazar.
M. Allende '.Salazar reste donc en pré-
sence d'une tâche difficile celle de re-
manier son cabinet. Mais personne ne
doute que, fort de la confiance royale,
il n'arrive à surmonter les obstacles qui
se dressent momentanément sur sa route
et ne poursuive la oolitique d'apaise-
ment et de restauration qui est son-pu-
gramme.
Les Échos
M. Georges Clemenceau va quitter
Paris. Oh pour un bien petit voyage.
Ce ne sera ni l'Egypte, ni l'Inde, pas
même l'Amérique. Une simple cure à
Vichy.
L'ancien président du conseil, qui,
avant la guerre, allait chaque année à
Carlsbad, où souvent il rencontra
Edouard VII, à présent, tous les ans,
va connaître les joies de la Grande-Grille
ou de la Source Chomel.
Le taureau et le léopard.
Nous recevons la lettre suivante
Le récit du combat de Dempsey contre
Carpentier m'a remis en mémoire la lutte
terrible, à laquelle j'ai assisté, il y a une
vingtaine d'années, à Tourcoing, entre un
taureau et un léopard. Le félin par deux
fois 'se laissa tomber du haut de la cage
où il était grimpé sur le dos du taureau,
lui plantant les griffes dans le cou. La prie-
mière fois, le taureau se secoua si rude-
ment que le léopard, malgré sa souplesse
et son adresse, fut lancé, non dans les cour-
des, mais contre les barreaux de la cage.
La seconde fois, le taureau se laissa choir
sur le sol dans un coin et écrasa de sa
masse puissante son adversaire agrippé
sur 'son échine. Aussi je n'avais qae"peu
d'espoir en la victoire de notre champion.
Je pensais toujours au combat de Tour-
coing.
On avait annoncé que les travaux
d'achèvement du boulevard Haussmann
allaient être repris. Après quoi, on a
démenti la nouvelle.
Ce serait, certes, une utile et belle chose
que la percée, sur le grand Boulevard,
du boulevard qui, depuis la chaussée
d'Antin, prolonge pendant cent mètres
uiné sorte de bras mort. Mais, en se but-
tant aux maisons de la rue Taitbout, il
forme là un coin presque tranquille, un
carrefour unique, en ce quartier, à cer-
taines heures et qu'on regretterait.
Les beaux platanes qui ombragent le
terminus du tramway de la Muette met-
tent en cette saison, entre la chaussée
d'Antin et la rue du Helder, de la fraî-
cheur que le boulevard ne nous donne
guère..
Et quand l'achèvement du boulevard
Haussmann n'arrêtera plus la course des
taxis, c'en sera fini de ce petit carrefour
moins, poussiéreux et plus calme.
QUELQUES PEINTRES AMERICAINS
Vous ne les connaissez pas, et les voici qui
se présentent en un groupe brillant, dans une
exposition ouverte d'hier à la galerie Georges
Petit, exposition délicieusement variée que tout
le monde voudra visiter jusqu'à la fin de juillet.
Le portrait est représenté par Robert Henri,
George B. Luks, H. Lee Mac Fee, William
J. Glackens, George Bellows, Paul Burlin, Alf.
Collins, Randall Davey, Thomas Eakins; le pay-
sage par Edward W. Redfield, Th. Robinson,
John Sloan, Abbott Thayer, Allen Tucker, J. H.
Twachtmann, Alden Weir, Kenneth Frazier,
Childe Hassam, Samuel Halpert, Rockwell Kent,
Max Kuehne, Lawson, Maur. Prendergast, Th.
Butler, P. Dougherty; le décor et l'allégorie
par Robert W. Chanler, Howard Cushing,
Arthur B. Davies; d'autres encore que j'oublie.
Et ce sont des pages d'un éclat souvent
intense ou d'une discrétion voulue, comme
bémolisée, des impressions de nature notées
en pleine fougue, ou des figures de femmes
devinées à contre-jour, des décors où tour à
tour la fable et la réalité chantent leur couplet,
des portraits'd'un accent robuste et d'une syn-
thèse expressive qu'on ne saurait trop louer,
et d'autres choses encore de douceur et de force
où parfois s'évoquent les grandes heures des
années tragiques. Exposition révélatrice dont le
succès s'annonce retentissant.
Les P. T. T. innovent.
On connaît ces longs omnibus, attelés
de deux chevaux, dans lesquels les fac-
teurs s'entassent pour aller faire leur
tournée et qui les reprennent, au retour,
quand elle est terminée.
Eh bien on ne les connaîtra plus dé-
sormais. Les vieux omnibus sont rem-
placés par des autobus reluisants neufs,
à la caisse vert foncé rehaussé de filets
jaunes, avec des roues aux rayons éga-
,le,ment jaunes et une vaste plate-forme.
Détail curieux les glaces des fenêtres
sont protégées par de fins grillages.
Craint-on qu'elles n'aient à souffrir de
la. turbulenee des voyageurs? Et ceux-ci
sont-ils devenus, sans que personne l'ait
jamais su, des facteurs. de désordre ?
On ne saurait penser à tout.
Faut-il pleurer indéfiniment un
mari défunt, même s'il est mort au
front ? se demandait Mme Suzanne D.
dont la cour de cassation s'est occupée
hier. Est-il des deuils éternels ? Le coeur
parle, il faut l'écouter.
Et elle l'écouta, et elle convola en de
nouvelles noces.
Mais, en 1919, elle avait commis un
vol dans un grand magasin. Poursuivie,
elle invoqua la loi d'amnistie. Elle était
« veuve de guerre » et, comme telle,
couverte par les grands pardons parle-
mentaires.
Non, a répondu la cour de cassation.
Une veuve de guerre remariée n'est, au
point de vue de l'amnistie, qu'une re-
mariée de la paix. Et la cour suprême a
maintenu la peine prononcée.
Un prédécesseur de M. de Valera.
Nous parlions |iier des ducs anglais
ils nous'remettent en mémoire l'aven-
ture de lord Edward Fitz Gerald, cin-
quième fils du premier duc de Leinster.
II vint à Paris, un peu avant la Révo-
lution, s'enthousiasma pour les idées
nouvelles et fit le projet d'affranchir
l'Irlande.
Il faut dire que les Fitz Gerald sont
cendants, dit-on, des Gherardini, de
Florence, d'où leur nom.
Lord Edward Fitz Gerald épousa, à
i'ournay, une belle jeune fille qu'on ap-
perlait Pamélu et qu'on disait fille du
duc d'Orléans et de Mme de Genlis Il
obtint quelques secours du Directoire,
vint en Irlande, souleva quelques mal-
heureux. paysans;, fut battu, blessé et
fait prisonnier. II allait être décapité
pour crime de haute trahison, quand il
mourut en prison, de ses blessures
en 1798.
La belle Pamela portait les noms de
Stéphanie-Caroline-Anne Syms. Elle se
réfugia à Hambourg, y épousa le consul
américain et mourut en 1831.
Les biens du condamné ont été renduf
à ses enfants.
Le Coq
DES BANDITS MASQUÉS
attaquent une auto
Ila détroussant le préfet de Perpignan
et deux fonctionnaires
A. lire la mésaventure tragi-comique ar-
rivée hier au préfet des Pyrénées-Orienta-
les, on se croirait revenu aux temps roma-
nesques où des bandits masqués, l'escopetue
au poing, attaquaient les diligences au coin
d'un bois.
Rien ne manquait au drame, qui avait
pour décor le massif montagneux de Pra-
des, une forêt domaniale et un chemin de
grande communication. Seuls les acteurs
et les accessoires s'étaient modernisés.
Le préfet des Pyrénées-Orientales roulait
en automobile, en compagnie de son secré-
taire général, M. Gervais, et de M. Mathieu,
ingénieur en chef des ponts et chaussées,
quand trois énormes blocs de granit bar-
rent la route.
L'automobile s'arrêta. A ce moment sur-
girent du fossé de la route quatre indivi-
dus masqués, qui demandèrent la bourse
ou la vie, braquant leurs revolvers sur Jes
voyageurs qui occupaient l'automobile.
Le préfet et les personnes qui l'accom-
pagnaient durent s'exécuter sous la me-
nace et remettre aux bandits le contenu
de leur portefeuille, soit au total 2,001)
francs environ puis les voleurs disparu-
rent.
Quatre arrestations ont été opérées.
Saint-Réal
L e Chemin
de lumière
PAR M. J. BRINDEJONT-OFFENBACH
Ainsi qu'un miroir d'eau, majestueux
et clair comme un ruban d'argent qui ne
finirait pas, l'Avenue est, ce soir, un che-'
min de lumière qui monte jusqu'à l'Arc
qui rayonne, au couchant.
Dès la Place franchie, -l'enchantement
commencé -roi du ciel, souverain de
l'azur vif et doux, le soleil nous invite
et sa pourpre indomptable nous force à
le fixer tout en fermant les yeux c'est
la plus belle des féeries et sans musique,
qui se passe de mots inutiles et creux,
car dans son temple d'or, indispensable
et rouge, la symphonie du jour sensible.
et défaillant éclate jusqu'au fond du ciel
inaccessible, qui s'incline dompté au-
dessus de nos fronts.
Elle nous envahit, nous renverse et
ruisselle, et, dans un tourbillon de bon-
heur, nous étreint, et nos cris étouffés
meurent dans notre gorge, éperdus,
nous tendons notre visage ému, et notre
coeur palpite à crever nos poitrines.
L'astre paraît grandir lorsque nous
avançons pour um. peu; prisonniers, on
se redresserait et, les mains en avant et
la tête plongée dans l'inconnu, vibrant
de la lumière neuvep on voudrait, pour
soi seul, s'emparer de l'azur captif de nos
désirs, afin de refermer les bras sur
quelque chose.
Mais cette ivresse alors devient comme
une extase, et. notre ardeur se change
presque en sérénité un torrent d'indul-
gence et de pitié déborde au point de
submerger toute l'humanité.
Et tandis que, béats, nos poumons di-
latés s'ouvrent pour absorber le prin-
temps vif et clair, car l'air frais semble
vierge, au point qu'on se demande s'il a
jamais été respiré jusque-là. nos yeux
accoutumés .regardent c'est la vie.
Des enfants bruns et forts courent
dans le tumulte, leurs cris montent ainsi
que tombe un chant d'oiseau. Un cou-
ple lumineux traverse le bonheur Elle
est blonde et l'or fauve et doux de ses
cheveux délivrés et soyeux inonde le vi-
sage du bienheureux qui va, les yeux
fermés, ainsi que marche sous l'azur un
aveugle ébloui d'une double lumière.
Ici, des violons s'accordent, un à un.
Parmi les arbres fiers on aperçoit, au
loin, les couronnes que font, sur la blan-
cheur des nappes, des abat-jour voilés,
bienveillants et discrets.
Ici, l'on dansera, tout à l'heure: on dis-
pose de grands parasols clairs comme
des cages d'or.
Une tendre pelouse reçoit en frémis-
sant les mille gouttelettes que le soleil
irise et qui, sur le gazon mouillé déga-
geront un parfum qu'an respire mieux
les yeux fermés.
Et le bruit de la ville alors se fait plus
doux on évoque- un grand parc au
cœur d'une campagne où jamais, en pas-
sant, on ne s'arrêterait.
Les deux Palais, trop neufs sous leur
manteau de pierre, sous leurs ors écla-
tants ou sous leurs bronzes lourds,
s'écartent pour laisser se dresser sur le
ciel la coupole du dôme sous lequel ne
repose, dans le marbre vivant et le pour-
pregranit, le soldat magnifique. et dont
on sait le nom
Quelques arbres encore des massif,
des bassins, la route se dépouille, alors
d3 sa verdure et l'on monte rlus haut.
entre la double haie des maisons ali-
gnées, ces visages amis qui regardent,
m° année- série.-?15981 € 5 h. du inatiii > centimes (5h.dumatin> q î^iroredi 6 juillet
VAftTHUR° MEYMrS^
Directeur
RÉDACTION ADMINISTRATION
2, rue Brouot, 2
ABONNEMENTS
Paris et Départements
^^TJn mois.. 6 fr. 50 Six mois.. 28 fit.
Trois mois 16 fr. Un an*. i*~0r
Etranger
a mois 18 fr-SO^
Compte Chèque postal 263,04 Paris
LIRE CHAQUE MATIN
Dans la «DERNIERE HEURE
Le Résumé on Anglais des
INFORMATIONS POLITIQUES, ÈCONOWIO'IES
FINANCIÈRES
Yp'AMÉBlQUE et D'ANGLETERRE/
«O«MUlfiÇUÉE\ PAR LB
^S*^ YORK HERALD
TÉLÉPHONE Gut. 02.37 -Cent. 09.00– Louvre 12.21
Demain jeudi, le « GAULOIS
»Il paraîtra sur SIX PAGES
? ? ROCAMBOLE
EST-IL MORT? ?
France
J'ai vu sous les fenêtres du Gaulois
la foule attendant fébrilement le résul-
tat du match Carpentier-Dempsey. Les
yeux levés en l'air, elle guettait les si.
gnaux convenus. Les premières fusées
blanches la laissèrent sceptique. Mais
bientôt la nouvelle déferla comme une
vague Carpentier était battu.
La déception fut, grande.- Elle fut si-
lencieuse. C'est, paraît-il, chez les en-
fants de dix à treize ans que se mani-
festa la plus sincère émotion. J'aime ce
sentiment. Ces enfants n'acceptent plus
la défaite. Quand ils seront devenus des
hommes, ils sauront magnifier cette vic-
toire que nous avons gagnée, mais que
nous n'avons pas su réaliser.
Pour ma part, j'avoue que j'ai deux
raisons de me consoler de cet échec. Il
nous a épargné certains excès auxquels
une victoire de Garpentier nous eût peut-
être entraînés. La foule, dans son exal-
•tation, eût retrouvé l'ivresse si natu-
relle alors de la soirée de l'armistice.
Le retour du vainqueur eût été salué
comme la rentrée du maréchal Foch. En
vérité, le rapprochement ne s'imposait
pas.
Un autre bénéfice de cet insuccès est
qu'il a provoqué dans les esprits un autre
rapprochement, qu'a souligné M. d'Aral
dès la première heure, celui de ces deux
noms Carpentier et Branly, et inspiré
une comparaison des plus suggestives.
D'un côté, les profits vraiment colossaux
que se partageaient le vainqueur et le
vaincu du match, et de l'autre la mo-
deste situation qu'occupe le véritable
triomphateur du jour, celui qui a per-
mis à la nouvelle de traverser l'Océan
en moins: de cinq minutes.
F* i
L'Amérique, avec une galanterie qui,
de sa part, ne saurait nous étonner, a
célébré le champion de l'Europe. C'est
un titre de plus à notre estime et à notre
gratitude. Les discours qui ont été pro-
noncés au banquet de l'Independence
Day doivent donner satisfaction aux
plus pessimistes d'entre nous. Les nobles
paroles que nous y avons entendues
sont de celles qui valent un engagement.
Ce nous est une occasion de dire à M.
Wallace, qui fut l'orateur applaudi de
cette réunion, les souvenirs qu'il laisse
en France à l'heure où il quitte son
poste. Comme il a su nous faire aimer
son pays, nous lui demandons de rensei-
syher ses compatriotes' sur notre vérita-
ble état d'âne. Certes, nous avons
éprouvé quelque déception quand nous
ayons appris que le'traité de paix n'é-
tait pas ratifié j^ar l'Amérique et que,
par conséquent, il nous fallait renoncer
au famieux pacte d'après lequel!' Angle-
terre et l'Amérique s'engageaient à se
ranger à nos côtés en cas d'une agres-
sion de l'Allemagne. Mais quand M.
Wallace, personnage encore officiel et
représentant de notre grande amie l'Amé-
rique, déclare « Nous sommes entrés
dans la guerre comme amis de la France,
amis nous resterons », nous tenons cette
phrase pour mieux qu'une promesse
une.signat.ure.
Je dînais l'autre soir, dans une déli-
cieuse maison, à Versailles, chez de très
distingués Américains. La conversation
s'engagea précisémentvsur cette question
du pacte et sur le regret que nous avions
eu de voir s'évanouir cette garanti, en
sorte que nous nous étions trouvés dans
la nécessité de souhaiter; faute d'un gage
moral, des gages matériels. Et comme
une très aimable Américaine défendait
le point de vue de son pays, un diplo-
matie qu'on a rendu trop tôt à ses études
d'érudit ajouta ces paroles auxquelles
son expérience et sa finesse avertie
donnent une rare portée
<* Qu'importe, au surplus, qu'il y ait
un traité écrit ? La lettré, on peut tou-
jours la discuter. Que des alliés aient
envie de se dérober, ils peuvent toujours
contester la réalité de l'agression, "deman-
der une enquête, que sais- je ? Avant que
l'enquête eût donné ses résultats; les hos-
tilités seraient engagées et nul ne pour-
rait plus arrêter la guerre. C'est pour-
quoi à la lettré je préfère beaucoup l'es-
prit. Vous affirmez, madame, vos hom-
mes politiques déclarent et vos journaux
répètent que, si la France était attaquée,,
l'Amérique, agirait comme en 1917. Elle
n'hésiterait pas à.envoyer ses années sur
le'continent, à mêler ses étendards à nos
drapeaux. Voilà rrùi vaut mieux qu'un
'traité. Je suis d'accord avec vous. »
Que l'opinion française ne s'émeuve
donc pas si l'Amérique a décidé de oes-
ser l'état de guerre avec l'Allemagne..
Saehons-lui gré d'avoir attendu, pour
faire connaître cette décision, que le
traité de Londres nous ait donné satis-
faction, et que l'Allemagne ait commencé
ses paiements. Réjouissons-nous d'avoir
entendu certains de ses hommes politi-
ques-déclarer que si l'état de guerre avait
cessé, il n'y aurait cependant état de paix
qu'autant que l'Allemagne tiendrait inté-
gralement sa parole. Surtout montrons
à nos amis une France consciente; de .sa ?
force, sachant qu'elle à da première
armée du monde; décidée à s'en servit
pour maintenir la paix non pour déchaî-
ner la guerre, éloignée de tout dessein de
violence et de toute pensée- d'impérial
lisme, supérieure à toutes les intrigues
quelles qu'elles soient et comptant sur
les amitiés et alliances qu'elle a su grou-
per autour d'elle, non tant pour l'aide
qu'elle en pourrait attendre quelque
jour que pour mener à bien avec elles
l'oeuvre d'apaisement et de reconstruc-
tion dont a besoin l'humanité tout
entière.
Arthur Meyer
Quels Événements ?
L'interpellation sur la Banque
Industrielle de Chirde
Hier, au cours de la séance de l'après-
midi, M. Outrey a formulé la demande
d'interpellation que nous avions annon-
cée- « sur les conséquences désastreuses
que va provoquer le refus du ministre
des finances de donner son approbation
au plan de réorganisation de la Banque
Industrielle de Chine ».
Le président du conseil a prié l'inter-
pellateur d'attendre jusqu'à jeudi ou
vendredi, jour §ù le ministre des finan-
ces pourra répondre, la fixation de la
date pour la discussion
Je pense, a dit M. Briand, que le but
de M. Outrey n'est pas de prononcer ou
d'entendre des discours, mais bien d'obte-
nir des résultats utiles. Or M. Outrey sait,
puisque le président du conseil l'en a lui-
même entretenu, les raisons pour lesquelles
il vaut mieux ne pas fixer aujourd'hui la
date car certains événements peuvent se
produire à bref délai. v
Jeudi au vendredi, M. le ministre des
finances sera à son banc. La Chambre
verra alors si elle entend discuter immé-
diatement la question soulevée par M. Ou-
trey..
Très courtoisement, M. Outrey accepte
le prochain rendez- vous, et explique qu'il
tenait seulement à éviter toute surprise.
Mais à leurs bancs et dans les cou-
loirs ensuite, les députés se posaient cette
question « Quels événements d'ici
quarante-huit heures peuvent se pro-
duire qui modifient ainsi la situation de
la Banque Industrielle de Chine ?̃ »
A notre tour, nous posons la question.
m. s.
Le
Durant le déjeuner, on n'avait encore!
parlé que-du Match, qui restera, sinon comme
une grande journée, du moins comme un
moment caractéristique de l'état d'esprit d'après-
guerre.
Et l'on déplorait cette série de revers aboutis-
sant à un vrai désastre: Lemonora, Pomme de
Terre, Dempsey!
Qui va nous battre dimanche prochain?
demanda la maîtresse de maison, désolée.
Dimanche, déclara un vieux parent qui
n'avait encore rien dit,. c'est la fête d'un Fran-
çais qui n'a jamais été égalé dans son sport;
il a plus fait pour notre gloire et en fera plus
encore que n'aurait jamais pu Carpentier vain-
queur.
Qu'est-ce qu'il va nous sortir, celui-là?
murmura le fils de la maison à l'oreille de son
voisin.
Celui dont je parle, est un as, un cham-
pion, et même un Champenois. Je sais bien
qu'il sera célébré en des discours excellents
par des écrivains nourris de sa pensée, qui
l'aiment et, qui parleront de lui comme il con-
vient.
Il s'interrompit, sentant qu'on le regardait,
étonné:
Je parle de La Fontaine, dont le' tricente-
naire sera commémoré à Château-Thierry en
présence de M. Léon Bérard, le très lettré
ministre de l'instruction publique; des repré-
sentants de l'Académie française, MM. Alfred
Capus et Robert de Fiers.
» Après les discours, qui seront des régals,
on jouera La Coupe et les Lèvres, et une
artiste de la Comédie-Française récitera des
fables. La cérémonie de Château-Thierry sera
donc très brillante. Mais pourquoi cet anniversaire
restera-t-il ainsi tout castrothéodoricien, si j'ose
dire?
Vous pouvez tout dire. Rien ne nous
choque, répondit-on.
Pour fêter notre fabuliste, reprit le vieux
monsieur, j'aurais voulu, je ne dis pas mieux,
mais autre chose aussi que des discours. J'au-
rais aimé qu'on eût recours à des moyens plus
naïfs, plus populaires que l'éloquence et.la cri-
tique; qu'il- ne s'agit pas, naturellement, de
bannir de ces fêtes.' Mais,
Le monde est vieux, dit-on; je le crois. Cepen-
[dant,
1! le faut amuser encor, comme un enfant.
» On aurait dû, pour dimanche, adopter le
projet dont j'ai lu la formule cet hiver dans un
journal, le Gaulois, je pense: devant la statue
du poète, un défilé de tous les animaux qu'il
a célébrés: des moutons, des chèvres, quelques
chiens, des ânes, un cerf, et dans des cages
roulantes, toutes les bêtes qui jouent les pre-
miers rôles dans sa comédie aux cent actes
divers: le lion, le loup, le renard. L'homme
serait venu à son tour, Bernant la marche,
comme l'âne dans la fable des animaux malades.
Bien combiné, avec un goût digne de l'auteur
des fables et de nos metteurs en, scène actuels,
un tel cortège eût été charmant et inoubliable.
» Et par qui mieux faire saluer l'effigie du
grand homme que par les personnages qu'il a
aimés, animés? A la Comédie-Française, qui
vient couronner le. buste de Molière, sinon
Alceste, Orgon, Cléanthe, Célimène et Dorine?
» Mais, surtout, j'aurais voulu que la France
entière participât à cette fête; que partout on
évoquât La Fontaine ce jour-là, ou la veille
plutôt, car le dimanche la foule ne peut mieux
célébrer l'ami de Mme de La Sablière qu'en
allant flâner « le long des clairs ruisseaux »,
ou sous les chênes « prendre son somme ». Que
dans toutes les écoles du Nord et du Midi, de
l'Est et de l'Ouest, on fît des conférences.
Et que nos cinémas lui consacrassent des films
ah! ceux-là, bien français!
Dans les conférences, ofa expliquerait que
depuis trois siècles, celui que Taine nomme
nôtre Homère nous fait,à à l'étranger dé la bonne
propagande française; que chez nous il est dans
toutes nos pensées, toutes nos conversations;
que ce ne sont pas seulement ses proverbes et
jggi locutions qui jen,ricliis§ent .notre langue, mais
que ses façons de regarder et de sentir sont
dans nos. meilleurs gestes, -comme.! on -dit^aujoujy
d'hui. Combien de nos philanthropes ont appris
la pitié, la solidarité sans le savoir, en récitant
en classe une de ses fables! Et quel joli
sujet de conférence encore: « Rechercher ce
qu'eussent été notre littérature et notre âme si,
dans la petite ville champenoise qui va s'animer
cette semaine, Françoise Pidoux, en 1620, n'avait
pas épousé Charles de La Fontaine, maître des
eaux et forêts, et s'ils n'avaient pas eu ce fils:
Jean, né le 8 juillet 1621.
» C'est surtout au cinéma qu'on eût pu
demander son secours pour commémorer le
poète qui modestement disait que son dessein
avait été d'égayer Esope et Phèdre. Quels
films exquis dans ses fables! Et quelle variété
pour une soirée devant l'écran! Quel choix!
Oh! il n'eût pas fallu essayer de réaliser Le'
Loup et l'Agneau, Les Deux Pigeons ou Le
Conseil tenu par les Rats. On n'eût fait que
parodie. Mais quelles jolies projections dont La
Fontaine a écrit les légendes et qu'on tirerait
de ces comédies ou de ces drames, vers à vers:
L'Homme qui court après'la Fortune, Le Save--
tier et le Financier, La Mort et le Bûcheron, Le
Meunier, son Fils et t'Ane, Les Médeeins, Le
Marchand, le Gentilhomme, le Pâtre et le Fils
du Roi (mais on aurait cru ce dernier film ins-
piré du paquebot Tenacity), ou Phébus et Borée,
ou L'Enfant et le Maître d'Ecole, tant d'autres
encore Sans parler de Philémon et Baucis, pour
quoi la musique est toute prête.
".Voilà ce que je voudrais, voilà ce qu'on
pourrait recommencer tous les ans.
Tous les ans le tricentenaire?
Pourquoi ne pas consacrer quelques mi-
nutes chaque année 1T glorifier --l'un" dés plus
illustres, des meilleatrs écrivains français?
Pour que cela prît, il faudrait appeler cela
le « La Fontaine's Day répondit-on en riant à
cet enthousiaste, et l'on se leva de table.
Vous irez à Château-Thierry? demanda un
invité au fils de la maison.
Dimanche? Comment voulez-vous? C'est
le prix Aguado à Auteuil.
Jean Vivant
L'Incident
de Beuthen
Un vaillant officier français, un de
.ceux dont le beau sang-froid, la bonne
humeur, le caractère conciliant provo-
quent la sympathie-et imposent l'es-
time, vient d'être lâchement abattu par
.une balle allemande et anonyme sur la
place publique de la petite ville silé-
sienne de Beuthen, récemment évacuée
par les Polona,is: En même temps, deux
sergents, également français, ont été
blessés.
Beuthen, dont la population est en
majeure partie allemande, est situé
dans la fameuse zbne~ neutre occupée
désormais par les troupes alliées. Une
garnison britannique venait y relever
un détachement français qui chose
admirable avait reçu la mission de
protéger, selon les conventions, les civils
allemands contre les agressions polo-
naises il s'était scrupuleusement ac-
quitté de sa tâche ingrate et quelque peu
paradoxale.
En guise de remerciement, l'attentat
que voilà.
On nous dira « C'est déplorable, en
effet. Mais comment l'éviter? Comment
établir les responsabilités, quand un
coup de feu part d-une foule dont tes
passions sont déchaînées? » Et Berlin
ajoutera « Désolé, mille excuses, mais
qu'y pouvons-nous ? »
A ceci nous répondrons que la respon-
sabilité de ces incidents incombe à la
fois au gouvernement du Reich et aux
alliés.
Au gouvernement du Reich qui, avant-
hier encore, par l'organe de M. Wirth,
proclamait publiquement que la Haute-
Silésie devait demeurer allemande « une
et indivisible » et qui, constamment,
fait chorus avec les nationalistes, encou-
rangeant et excitant de la sorte les per-
turbateurs et les provocateurs dont le
général H-œïer règle les mouvements
aux alliés, enfin, qui, faute de réussir
à se mettre d'accord sur une solution,
se sont imaginé qu'ils ramèneraient
l'apaisement en Haute-Silésie en plaçant
un rideau de troupes entre les adver-
saires. N'était-ce pas là le moyen le plus
sûr de provoquer çes incidents dans le
genre de celui qui vient de coûter la vie
à un commandant français ?
La preoruière ntesure qui s'impose donc
c'est de procéder au partage des territoi-
res silésiens et d'en fiirr avec cette
situation provisoire afin que l'Entente
puisse rappeler ses troupes inutilement
exposées à des représailles et à des
attentats dont les auteurs sont toujours
introuvables. On nous a annoncé que la
commission interalliée devait présenter
un rapport commun sur. la délimitation
des frontières qu'elle doit suggérer au
conseil suprême. Or ce rapport n'est
même pas commencé
Il faut enfin que nous ayons le cou-'
rage de regarder en face la situation que
nous crée l'affaire silésienne et les consé-
quences du rôle que nous avons assumé
vis-à-vis de la Pologne.
C'est, je le crains, illusion de croire
en effet que nous pouvons à la fois entre-
prendre une politique de rapprochement
économique avec. l'Allemagne et restituer
les bassins miniers de la Haute-Silésie à
la Cette politique-là ne peut
nous conduire qu'à de cruelles décep-
tions et à de désagréables réveils. Il faut
choisir, car Berlin est par hasard sin-
cère lorsqu'il nous dit « Nous n'exécu-
terons nos obligations que si nous con-
servons la Haute-Silésie. »
Par conséquent, les pourparlers éco-
nomiques ne signifient rien tant que
nous n'aurons pas liquidé la question
politique qui domine les préoccupations
de l'Allemagne. Si nous trouvons une
situation qui satisfasse à la fois les
revendications polonaises et les intérêts
allemands, rien de mieux. Mais si la
chose n'est pas réalisable, nous serons
fatalement amenés à constater que les
poursuivent dans les nuages et ne pour-
ront aboutir à rien de sérieux et de
durable. Et comme il ne peut plus être
1 question d'abandonner la Pologne, ̃ ce
f njHH .jsas, vrai dire, un chojx qui s'im-
j pose, mais une politique d'énergie qu'il
UN COMMANDANT FRANÇAIS
ASSASSINÉ
Deux sergents blassés
Voici comment une dépêche d'Oppeln
rapporte, d'après les résultats de l'en-
quête faite par la haute commission in-
teralliée, l'assassinat, à Beuthen, du
commandant Montalègre, du 27' batail-
lon de chasseurs, et l'agression contre
deux sergents français, qui furent bles-
sés':
Oppeln, 5 juillet.
A ta suite du repli e f fectué. par les in-
surgés' polonais, une compagnie britanni-
que devait entrer dans la ville de Beuthen
qre tes troupes françaises occupaient seu-
Les jusqu'ici. A l'arrivée de la compagnie
anglaise se produisit urre manifestation
allemande, au cours de laquelle le com-
mandant du détachement français fut as-
sassiné par un manifestant, qui Lui tira par
derrière, à bout portant, une balle de re-
volver dans la tête. Deux. sergents français
furent légèrement blessés.
La manifestation fut ensuite dispersée
par les troupes françaises et britanniques.
:Àii^c*:u,T de la collision, deux,.manifestants
allemands ont été tués et plusieurs blessés.
Nous pouvons ajouter^ d'après un té-
légramme de Beuthen, que le oomman-
'dant Montalègre la victime de cet as-
sassinat ainsi que de nombreux offi-
ciers français avaient reçu des lettres
de menaces de l'Orgesch, dans lesquel-
les on leur annonçait que tous les offi-
ciers français seraient assassinés.
A titre; documentaire, voici la version
allemande donnée par la Gazette gêné-
rale de V Allemagne et dans laquelle les
faits sont dénaturés
La ville de Beuthen, qui a été évacuée
hier par les insurgés, a été occupée vers
midi par des troupes anglaises. A la tête
de la colonne marchait un groupe de
Français, qni a été accueilli dans la ville
par un silence glacial. Lorsque Je gros des
Anglais passa, les habitants de la ville
poussèrent des .chants patriotiques. La gar-
de française vint alors sur la place et
chassa la foule. Tout à coup, des coups de
fusil retentirent un major français fut tué
net et plusieurs femmes grièvement bles-
sées.
Autres attaques allemandes
On mande, de Beuthen à l'agence
̃I>«s informations polonaises annoncant
qu'a Merby, dans les environs de Beu-
then, les Allemands ont attaqué les gardes
frontières. Trois Polonais ont été tués et de
nombreux autres ont été blessés.
Dimanche dernier, à Kœnighshutte, les
Allemands ont ouvert le feu contre un cor-
tège qui parcourait les rues, tuant deux
femmes et blessant un grand nombre d'au-
tres personnes.
Dans les attaques que les Allemands di-
rigèrent ces jours derniers contre les fau-
bourgs de Beuthen, 26 mitrailleuses entrè-,
rent en action. La population a été obligée
de se cacher dans les caves. Seule, l'arri-
vée des tanks français a mis fin à la fu-
sillade.
DES'
Désignation d'un rapporteur général
Les crédits de la Syrie et de la Cili-
cie rejetés en principe par
voix contre 10
La commission des finances de la Cham-
bre, qui avait à élire un rapporteur géné-
ral au budget en remplacement de M.
Charles Dumont, démissionnaire, a désigné
pour ces fonctions M. Bokanowsky, qui a
été nommé sans concurrent.
M. de Lasteyrie conserve ses. fonctions de
rapporteur général du budget des dépenses
recouvrables.
La commission des finances a ensuite
examiné les crédits demandés par le gou-
vernement pour l'entretien des troupes de
Syrie et de Cilicie.
Elle a, par 12 voix contre 10, adopté, sur
une proposition de M. Blum, le principe du
rejets de ces crédits, exception faite de
ceux à déterminer d'accord avec le gouver-
nement 1° pour l'entretien des effectifs
strictement nécessaires à la protection de
la Syrie 2° pour le rappel du surplus des
troupes actuellement en Cilicie.
M. Barthou, ministre de la guerre, sera
entendu aujourd'hui par la commission, qui
statuera, au fond, après avoir entendu ses
explications.
LE HfllSTËKE ESPAGNOL
Il n'y a pas de crise collective
Le ministère Allende Salazar, que
certains, déclaraient condamné, reste au
pouvoir telle est la nouvelle que nous
ayons reçue hier soir de Madrid.
Il est vrai, ainsi que nous l'indiquions
.hier, qu'à la suite de dissentiments, au
sein du conseil des ministres, au sujet
des projets de reconstitution nationale,
qui provoquèrent les démissions succès^
sives de M. Arguellès, ministre des
finances, et de M. Pinies, ministre de la
iustice, M. Allende Salazar présenta au
Roi la. démission totale du cabinet.
Mais, en présence de cette situation
inattendue et extraparlementaire, le sou-
verain consulta les principales person-
nalités politiques du Parlement et, après
ces consultations, Alphonse XIII, dont
l'attitude constitutionnelle ne saurait
être trop soulignée, renouvela sa con-
fiance au cabinet Allende Salazar.
M. Allende '.Salazar reste donc en pré-
sence d'une tâche difficile celle de re-
manier son cabinet. Mais personne ne
doute que, fort de la confiance royale,
il n'arrive à surmonter les obstacles qui
se dressent momentanément sur sa route
et ne poursuive la oolitique d'apaise-
ment et de restauration qui est son-pu-
gramme.
Les Échos
M. Georges Clemenceau va quitter
Paris. Oh pour un bien petit voyage.
Ce ne sera ni l'Egypte, ni l'Inde, pas
même l'Amérique. Une simple cure à
Vichy.
L'ancien président du conseil, qui,
avant la guerre, allait chaque année à
Carlsbad, où souvent il rencontra
Edouard VII, à présent, tous les ans,
va connaître les joies de la Grande-Grille
ou de la Source Chomel.
Le taureau et le léopard.
Nous recevons la lettre suivante
Le récit du combat de Dempsey contre
Carpentier m'a remis en mémoire la lutte
terrible, à laquelle j'ai assisté, il y a une
vingtaine d'années, à Tourcoing, entre un
taureau et un léopard. Le félin par deux
fois 'se laissa tomber du haut de la cage
où il était grimpé sur le dos du taureau,
lui plantant les griffes dans le cou. La prie-
mière fois, le taureau se secoua si rude-
ment que le léopard, malgré sa souplesse
et son adresse, fut lancé, non dans les cour-
des, mais contre les barreaux de la cage.
La seconde fois, le taureau se laissa choir
sur le sol dans un coin et écrasa de sa
masse puissante son adversaire agrippé
sur 'son échine. Aussi je n'avais qae"peu
d'espoir en la victoire de notre champion.
Je pensais toujours au combat de Tour-
coing.
On avait annoncé que les travaux
d'achèvement du boulevard Haussmann
allaient être repris. Après quoi, on a
démenti la nouvelle.
Ce serait, certes, une utile et belle chose
que la percée, sur le grand Boulevard,
du boulevard qui, depuis la chaussée
d'Antin, prolonge pendant cent mètres
uiné sorte de bras mort. Mais, en se but-
tant aux maisons de la rue Taitbout, il
forme là un coin presque tranquille, un
carrefour unique, en ce quartier, à cer-
taines heures et qu'on regretterait.
Les beaux platanes qui ombragent le
terminus du tramway de la Muette met-
tent en cette saison, entre la chaussée
d'Antin et la rue du Helder, de la fraî-
cheur que le boulevard ne nous donne
guère..
Et quand l'achèvement du boulevard
Haussmann n'arrêtera plus la course des
taxis, c'en sera fini de ce petit carrefour
moins, poussiéreux et plus calme.
QUELQUES PEINTRES AMERICAINS
Vous ne les connaissez pas, et les voici qui
se présentent en un groupe brillant, dans une
exposition ouverte d'hier à la galerie Georges
Petit, exposition délicieusement variée que tout
le monde voudra visiter jusqu'à la fin de juillet.
Le portrait est représenté par Robert Henri,
George B. Luks, H. Lee Mac Fee, William
J. Glackens, George Bellows, Paul Burlin, Alf.
Collins, Randall Davey, Thomas Eakins; le pay-
sage par Edward W. Redfield, Th. Robinson,
John Sloan, Abbott Thayer, Allen Tucker, J. H.
Twachtmann, Alden Weir, Kenneth Frazier,
Childe Hassam, Samuel Halpert, Rockwell Kent,
Max Kuehne, Lawson, Maur. Prendergast, Th.
Butler, P. Dougherty; le décor et l'allégorie
par Robert W. Chanler, Howard Cushing,
Arthur B. Davies; d'autres encore que j'oublie.
Et ce sont des pages d'un éclat souvent
intense ou d'une discrétion voulue, comme
bémolisée, des impressions de nature notées
en pleine fougue, ou des figures de femmes
devinées à contre-jour, des décors où tour à
tour la fable et la réalité chantent leur couplet,
des portraits'd'un accent robuste et d'une syn-
thèse expressive qu'on ne saurait trop louer,
et d'autres choses encore de douceur et de force
où parfois s'évoquent les grandes heures des
années tragiques. Exposition révélatrice dont le
succès s'annonce retentissant.
Les P. T. T. innovent.
On connaît ces longs omnibus, attelés
de deux chevaux, dans lesquels les fac-
teurs s'entassent pour aller faire leur
tournée et qui les reprennent, au retour,
quand elle est terminée.
Eh bien on ne les connaîtra plus dé-
sormais. Les vieux omnibus sont rem-
placés par des autobus reluisants neufs,
à la caisse vert foncé rehaussé de filets
jaunes, avec des roues aux rayons éga-
,le,ment jaunes et une vaste plate-forme.
Détail curieux les glaces des fenêtres
sont protégées par de fins grillages.
Craint-on qu'elles n'aient à souffrir de
la. turbulenee des voyageurs? Et ceux-ci
sont-ils devenus, sans que personne l'ait
jamais su, des facteurs. de désordre ?
On ne saurait penser à tout.
Faut-il pleurer indéfiniment un
mari défunt, même s'il est mort au
front ? se demandait Mme Suzanne D.
dont la cour de cassation s'est occupée
hier. Est-il des deuils éternels ? Le coeur
parle, il faut l'écouter.
Et elle l'écouta, et elle convola en de
nouvelles noces.
Mais, en 1919, elle avait commis un
vol dans un grand magasin. Poursuivie,
elle invoqua la loi d'amnistie. Elle était
« veuve de guerre » et, comme telle,
couverte par les grands pardons parle-
mentaires.
Non, a répondu la cour de cassation.
Une veuve de guerre remariée n'est, au
point de vue de l'amnistie, qu'une re-
mariée de la paix. Et la cour suprême a
maintenu la peine prononcée.
Un prédécesseur de M. de Valera.
Nous parlions |iier des ducs anglais
ils nous'remettent en mémoire l'aven-
ture de lord Edward Fitz Gerald, cin-
quième fils du premier duc de Leinster.
II vint à Paris, un peu avant la Révo-
lution, s'enthousiasma pour les idées
nouvelles et fit le projet d'affranchir
l'Irlande.
Il faut dire que les Fitz Gerald sont
cendants, dit-on, des Gherardini, de
Florence, d'où leur nom.
Lord Edward Fitz Gerald épousa, à
i'ournay, une belle jeune fille qu'on ap-
perlait Pamélu et qu'on disait fille du
duc d'Orléans et de Mme de Genlis Il
obtint quelques secours du Directoire,
vint en Irlande, souleva quelques mal-
heureux. paysans;, fut battu, blessé et
fait prisonnier. II allait être décapité
pour crime de haute trahison, quand il
mourut en prison, de ses blessures
en 1798.
La belle Pamela portait les noms de
Stéphanie-Caroline-Anne Syms. Elle se
réfugia à Hambourg, y épousa le consul
américain et mourut en 1831.
Les biens du condamné ont été renduf
à ses enfants.
Le Coq
DES BANDITS MASQUÉS
attaquent une auto
Ila détroussant le préfet de Perpignan
et deux fonctionnaires
A. lire la mésaventure tragi-comique ar-
rivée hier au préfet des Pyrénées-Orienta-
les, on se croirait revenu aux temps roma-
nesques où des bandits masqués, l'escopetue
au poing, attaquaient les diligences au coin
d'un bois.
Rien ne manquait au drame, qui avait
pour décor le massif montagneux de Pra-
des, une forêt domaniale et un chemin de
grande communication. Seuls les acteurs
et les accessoires s'étaient modernisés.
Le préfet des Pyrénées-Orientales roulait
en automobile, en compagnie de son secré-
taire général, M. Gervais, et de M. Mathieu,
ingénieur en chef des ponts et chaussées,
quand trois énormes blocs de granit bar-
rent la route.
L'automobile s'arrêta. A ce moment sur-
girent du fossé de la route quatre indivi-
dus masqués, qui demandèrent la bourse
ou la vie, braquant leurs revolvers sur Jes
voyageurs qui occupaient l'automobile.
Le préfet et les personnes qui l'accom-
pagnaient durent s'exécuter sous la me-
nace et remettre aux bandits le contenu
de leur portefeuille, soit au total 2,001)
francs environ puis les voleurs disparu-
rent.
Quatre arrestations ont été opérées.
Saint-Réal
L e Chemin
de lumière
PAR M. J. BRINDEJONT-OFFENBACH
Ainsi qu'un miroir d'eau, majestueux
et clair comme un ruban d'argent qui ne
finirait pas, l'Avenue est, ce soir, un che-'
min de lumière qui monte jusqu'à l'Arc
qui rayonne, au couchant.
Dès la Place franchie, -l'enchantement
commencé -roi du ciel, souverain de
l'azur vif et doux, le soleil nous invite
et sa pourpre indomptable nous force à
le fixer tout en fermant les yeux c'est
la plus belle des féeries et sans musique,
qui se passe de mots inutiles et creux,
car dans son temple d'or, indispensable
et rouge, la symphonie du jour sensible.
et défaillant éclate jusqu'au fond du ciel
inaccessible, qui s'incline dompté au-
dessus de nos fronts.
Elle nous envahit, nous renverse et
ruisselle, et, dans un tourbillon de bon-
heur, nous étreint, et nos cris étouffés
meurent dans notre gorge, éperdus,
nous tendons notre visage ému, et notre
coeur palpite à crever nos poitrines.
L'astre paraît grandir lorsque nous
avançons pour um. peu; prisonniers, on
se redresserait et, les mains en avant et
la tête plongée dans l'inconnu, vibrant
de la lumière neuvep on voudrait, pour
soi seul, s'emparer de l'azur captif de nos
désirs, afin de refermer les bras sur
quelque chose.
Mais cette ivresse alors devient comme
une extase, et. notre ardeur se change
presque en sérénité un torrent d'indul-
gence et de pitié déborde au point de
submerger toute l'humanité.
Et tandis que, béats, nos poumons di-
latés s'ouvrent pour absorber le prin-
temps vif et clair, car l'air frais semble
vierge, au point qu'on se demande s'il a
jamais été respiré jusque-là. nos yeux
accoutumés .regardent c'est la vie.
Des enfants bruns et forts courent
dans le tumulte, leurs cris montent ainsi
que tombe un chant d'oiseau. Un cou-
ple lumineux traverse le bonheur Elle
est blonde et l'or fauve et doux de ses
cheveux délivrés et soyeux inonde le vi-
sage du bienheureux qui va, les yeux
fermés, ainsi que marche sous l'azur un
aveugle ébloui d'une double lumière.
Ici, des violons s'accordent, un à un.
Parmi les arbres fiers on aperçoit, au
loin, les couronnes que font, sur la blan-
cheur des nappes, des abat-jour voilés,
bienveillants et discrets.
Ici, l'on dansera, tout à l'heure: on dis-
pose de grands parasols clairs comme
des cages d'or.
Une tendre pelouse reçoit en frémis-
sant les mille gouttelettes que le soleil
irise et qui, sur le gazon mouillé déga-
geront un parfum qu'an respire mieux
les yeux fermés.
Et le bruit de la ville alors se fait plus
doux on évoque- un grand parc au
cœur d'une campagne où jamais, en pas-
sant, on ne s'arrêterait.
Les deux Palais, trop neufs sous leur
manteau de pierre, sous leurs ors écla-
tants ou sous leurs bronzes lourds,
s'écartent pour laisser se dresser sur le
ciel la coupole du dôme sous lequel ne
repose, dans le marbre vivant et le pour-
pregranit, le soldat magnifique. et dont
on sait le nom
Quelques arbres encore des massif,
des bassins, la route se dépouille, alors
d3 sa verdure et l'on monte rlus haut.
entre la double haie des maisons ali-
gnées, ces visages amis qui regardent,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.64%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.64%.
- Collections numériques similaires Demolins Edmond Demolins Edmond /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Demolins Edmond" or dc.contributor adj "Demolins Edmond")
- Auteurs similaires Demolins Edmond Demolins Edmond /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Demolins Edmond" or dc.contributor adj "Demolins Edmond")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k538745c/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k538745c/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k538745c/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k538745c/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k538745c
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k538745c
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k538745c/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest