Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-09-24
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 septembre 1920 24 septembre 1920
Description : 1920/09/24 (Numéro 45696). 1920/09/24 (Numéro 45696).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/03/2008
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Dans la «DERNIERE HEURE »
Le Résumé en Anglais d£.
INFORMATIONS POLITIQUES, ECONOWIQUES
FINANCIÈRES il
^D'AMÉRIQUE et D'ÂNGLETERRE^f
COMMUNIQUÉES PAR LE
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L'Élection de M. M
Le Congrès
de Versailles
LE VOTE
Voisc ile résultat du vote qui a proela-
mé M. Millerand président de la répu-
blique
Votants' 892
Bulletins blancs ou nuls.. 106
Suffrages exprimés 786
Majorité absolue.. 394
MM. Alex. Millerand.. 695 voix ELU
Delory 69
Divers 22
LE CHEF
DE L'ÉTAT
C'est le décor de toutes les élections
présidentielles ce sont les mêmes rites,
et, en, apparence, il n'y a rien de changé.
On entend les mêmes considérations,
sur Je nombre des voix et la densité des
acclamations. Ce n'est pas cela qui est
différent. Non,- ce qui est assez neuf,
c'est l'impression générale et l'atmos-
phère du Congrès. Si j'essaye de les
caractériser, je trouve que les électeurs
de Versailles ont eu la volonté de nom-
mer plus peut-être le chef de l'Etat que
le président ,de la république,. Ces deux
titres, d'ailleurs, sont loin de former un
contraste violent. Président de la répu-
bliqua, chef d© l'Etat, notre droit consti-
tutionnel n'établit aucune nuance entre
ces deux termes, et l'on désigne commu-
nément, par l'un ou l'autre le premier
magistrat, du pays.
Mais' il n'en est pas moins vrai que
si les moeurs politiques ont effacé les
nuances, celles-ci ont existé cepen-
dant et sont capables de reparaître.
Le président de la république, c'est
le personnage dans son attitude dé-
corative; le che^de l'Etat, c'est le
personnage en action. Le vote du Con-
grès, dans les circonstances où il a eu
lieu, aura pour conséquence ^jde faire
prévaloir l'action du chef de l'Etat sur
les prérogatives présidentielles et de
donner ainsi à la fonction son sens
.pleine. Plus ou; moins consciemment, la
représentation, nationale a donc choisi
en M. Millerand le chef de l'Etat.
Que ce soit une nouveauté, c'est évi-
dent. Mais ce n'est ni une révolution,
ni l'annonce d'une révolution, ni quoi.
que ce soit qui ressemble à une atteinte
profonde au Régime, Au contraire, c'est
le Régime, lui-même dans l'entier déve-
loppement de toutes ses puissances, et
que l'on laissait en jachère par manque
d'audace et étroitesse d'esprit. N'avait-on
pas fini par l'entourer de murs comme
une propriété jalousement gardée ? Les
murs tombent, le domaine s'élargit,
vise à accaparer toute la France, et
des républicains 'redouteraient cet agran-
dissement 1
Dans son allocution au président de
l'Assemblée de Versailles et au garde
des sceaux, M. Millerand a exprimé ces
idées en quelques mots directs et bien-
clairs « L'expérience d'un demi-siècle
comporte des enseignements que, dans
l'intérêt de la' France, comme de la
république elle-même, il importe de
dégager et de faire passer dans les
textes. » Quelles sont les principales
donnés de cette expérience ? La pre-
mière, /qu'un© politique extérieure n'a de
valeur et de résultats que si la continuité
5n est assurée. La seconde, que l'ordre
intérieur n'est durable qu'avec une au-
torité consentie. La déclaration des
Droits de l'homme dit qu'un pays sans
la séparation des pouvoirs n'a pas de
constitution. Pareillement, on pourrait
affirmer qu'une nation qui ne reconnaît
pas une autorité n'a pas de vie sociale.
Or, n'était-ce pas un singulier paradoxe
que de prétendre supprimer l'autorité
'précisément'chez le chef de l'Etat? Et
en quoi consiste la séparation des pou-
voirs, si une Assemblée législative ne
cesse d'empiéter sur le gouvernement?
L'Assemblée nationale, par son vote
d'hier, a simplement rétabli-le chef de
l'Etat et lui a restitué son autorité na-
tutrelle, ou plutôt la .part d'autorité dont
l'absence rendait notre régime boiteux.
Il y a une (ignorance assez grossière
de l'histoire et de nos mœurs à évo-
que, le Dix-huit Bramai're et le Deux
Décembre. La vérité, et qui effare cer-
téines gens, c'est qu'une théorie nou-
velle de la république s'ébauche déjà
dans les esprits.
Alfred Capus
de 1'Académie française
ItË DÉPART DE PARIS
En route pour le Congrès
L'animation dans les gares
L'habitude d'aller au Congrès de Ver-
sailles par Ie train se perdi de plus en
plus. L'automobile -est si commode, et,
si tout le monde n'a pas son automobile,
presque tout le monde un ami pour
lui offrir une place dansai sienne. Il
y avait donc très peu d'affluence, hier
matin, a la gare, des Invalides et ù la
gare Saint-Lazare, où des trains spé-
ciaux avaient été formés pour les mem-
bres du gouvernement, les sénateurs,
les députés, les membres des bureaux
du Sénat et de la Chambre, et la presse.
Un service d'ordre très rigoureux avait
été organisé dans ces deux gares et,
hormis ceux qui louvaient bénéficier
de ces trains spéciaux, nul n'était admis
sur les quais donnant accès aux voies
où ils étaient garés. Pas le moindre
voyageur pour le train spécial prévu
pour 10 heures 10 à la gare des Invali-
des .quelques rares, parlementaires,
mais les membres des bureaux des deux
Chambres au train de 10 h. 22. Par
contre, une centaine de parlementaires
aux deux autres trains spéciaux de
midi 40 et midi 50, et une foule consi-
dérable à tous les trains ordinaires que
pouvait prendre le public. A la gare
Saint-Lazare, quatre-vingts parlemen-
taires seulement au premier train spé-
cial de midi 35, et un parlementaires
tout seul à celui de midi 40, mais égale-
ment un public nombreux aux trains
ordinaires allant à Versailles.
Mais, sur la route de Versailles, quelle
file d'automobiles durant toute la mati-
née 1 Il y en avait die toutes former et
de toutes marques, et, comme M. Cha-
leil, préfet de Seine-et-Oise, avait admi-
rablement organisé le service d'ordre
dans la traversée- de son département,
le voyage fut charmant.
A L'ASSEMBLEE
NATIONALE
LA SÉANCE
Les premières formalités
Deux Congrès la même année. Ce plié-
noznène présidentiel ne s'était pas en-
cote produit. Il me semble sortir à peine
de la séance du i7 janvier, où, par un
après-midi d'hiver printanier, triompha,
au milieu des acclamations, M. Paul
Deschanel. Quel désagréable accueil on
eût fait alors au prophète de malheur
qui eût annoncé la retraite de l'éminent
homme d'Etat si douloureusement frap-
pé parle destin implacable
Dès une heure et demie, les tribunes
sont envahies par les titulaires de cartes
que se disputaient des mortels privilé-
giés. Comble également la tribune diplo-
matique.
Deux heures sonnent. M. Léon Bour-
geois ouvre la séance. Les secrétaires du
Sénat prennent place ses côtés MM.
Simonet, Lucien Hubert, Lasserre, Lou-
bet, Lemarié, Ordinaire et Reynald.
Ce sont les mêmes au'à. l'élection de
M. Paul Deschanel, sauf M. Colin, dé-
cédé dans l'intervalle des deux Congrès.
Tous les -ministres sont au banc du
gouvernement.
Le président s'exprime -en ces termes
obligatoires et constitutionnels
Vu les procès-verbaux des séances du
Sénat et de la Chambre des députés du
21 septembre 1920, .et constatant que M.
Paul Deschanel a donné sa démission de
président de la république
Vu l'article 7 de la loi constitutionnelle
du 25 février 1875, ainsi éonçu
« En cas de vacance par décès ou pour
tout autre cause, les deux Chambres réu-
nies procèdent immédiatement à l'élection
du nouveau Président.
Vu l'article 8 de, la même loi, ainsi
conçu
« Le président de la république est élu
à la majorité absolue des suffrages par le
Sénat et par la Chambre des députés, réu-
nis en Assemblée nationale. Il est nommé
pour sept ans. Il est rééligible. »
Vu le paragraphe 8 de l'article 11 de la
loi constitutionnelle du 18 juillet 1875, ainsi
conçu
« Lorsque les deux Chambres se réunis-
sent en Assemblée nationale, le bureau se
compose des président, vice-présidents et
secrétaires du Sénat
Je déclare, en conséquence, l'Assemblée
nationale' constituée pour l'élection du pré-
sident de la république..
Puis on procède au tirage des trente..
d^v scrutateurs titulaires et des douze
sui«>éants qui seront chargés du dé-
pouillement du scrutin. Les noms de M.
Baron, socialiste, et de M. Narcisse Bou-
langer soulèvent quelques éclats de rire.
Pourquoi cette gaieté ?
La lettre initiale Ce sera le grand U
On apporte au président un code
est-c.e le pénal? où, en l'ouvrant au
hasard, il doit trouver la lettre initiale
la première du premier mot de la prie-
mière page par laquelle doit commen-
cer l'appel (tes votants.
C'est l'U qui sort. M. Uhri, député so-
cialiste de l'Oise, qui devrait déposer le
bulletin numéro i, n'est pas.là. Il vien-
dra un peu plus tard. Un huissier, à la
voix de stentor, fait l'appel nominal.
On passe au V. On, acclame M. Valat,
de l'Ardèche, mutilé de la guerre.
W. Un salut respectueux à l'abbé
Wetterlé.
Les initiales se succèdent, collées en
lettres gigantesques sur la tribune ;• suc-
cession peu rapide de huit à dix vo-
tants à la minutes, et en a un peu
plus de huit cents.
A. MM. Arago, Aristide Briand,
Louis Barthou. Petite manifestation de
grande sympathie.
B. Une ovation est faite à M. Brice,
le sympathique beau^ère de M. Des-
M. MILLERAND Mme MILLERAND
l'hol. Henri Manuel.
Déclaration du nouveau président.
i M. Mine,rand a fait 'la déclaration suivante, en réponse aux félicitations
que lui ont adressé M. nationale,
et M. Lhopiteau, au nom du gouvernement
Monsieur le président de V Assemblée nationale,
Monsieur le garde des sceaux, '
Je ne sais comment vous remercier de vos affectueuses paroles. Que
mon premier mot soit un hommage à mes illustres prédécesseurs, entre tous
à celui dont nous saluions, il y a sept niais seulement, l'élection triom-
phale. En nie conférant l'honneur le plus haut qui puisse échoir à un
citoyen, le vote du Congrès m'impose des devoirs. dont je ne méconnais
ni la gravité ni l'étendue. Représentant l'intérêt nationale au milieu des
luttes des partis, gardien .vigilant de cette suprême garantie de la liberté
qu'est la séparation des pouvoirs, attentif à Fréserver de toute atteinte les
droits de chacun d'eux, le premier nhdgistrat de la république en est aussi
le premier défenseur. Si les services incomparables que ha république a
depuis cinquante ans rendus au pays,- le mettent en fait comme en droits à
l'abri de .la' discussion, l'expérience d'rn derni-siècle comporte des ensei-
gnements que dans l'intérêt de la France comme de la république elle-
même, il importe rie, dégager et de faire passer: dans les textes, aussitôt
que le permettront- les -'difficultés' de. V fieure.
C'est, à les surywntèr que doivent aller tout d'abord les efforts des
Français, fraternellement' unis dans la paix comme ils'le furent dans la
guerre. La France victorieuse doit relever ses ruines, panser ses blessures,
se re faire et pour y parvenir obtenir l'acquittement intégral des justes.
obligations contractées envers elle, sur les bases du traité, de Versailles.
Un ordre nouvèau a surgi, la démocratie, française saura, d'accord avec
ses alliés, veiller: à son maintien et son développement. S'il est pour le
président de la république un dev/ir particulièrement strict, -c'est d'assu-
rer, de concert avec les, ministres défenseurs de la- politique gouvernemen-
tale devant les Chambres et interprètes près- du Président des volontés du
Parlement, la continuité d'une politique extérieure digne de notre victoire
et de.nos morts. Le républicain que l'Assemblée nationale vient de désigner
apportera tout ce qu'il a de forces, d'intelligence et d'énergie à se montrer à
la hauteur de la confiance des représentants du peuple.
M. Léon Bourgeois, fatigué, cède le fau-
teuil à M. Boudenoot. Au bout d'une
heure et demie, on arrive tout de même
à la fin.
Fin provisoire, attendu qu'il faut pro-
céder au contre-appel- On recommence
le petit jeu des initiales. Heureusement,
la formalité est moins traînante. Un as-
sez grand nombre de retardataires rem-
plissent cette fois le devoir électoral.
Trente-cinq à quarante minutes, et, cette
fois, c'est bouclé.
Suspension pour le dépouillement. Les
scrutateurs se livrent, en une salle:voi-
isine, à leur ingrate besogne.
On commente, dans les couloirs; le ré-
sultat, connu d'avance, moins, naturel-
lement, les chiffres, dont la nrécision est
intéressante.'
La première ovation à M. Millerand
4 heures 45. La salle, qui était de-
venue presque déserte, se remplit. Tout
à coup, des applaudissements frénéti-
ques M. Millerand, accompagné de M.
Steeg, vient de faire son entrée et de
prendre place sur un fauteuil defa gau-
che, dans la travée supérieure.
Le président, qui n'est plus celui du
conseil, mais pas tout à fait encore ce-
lui de la république, puisqu'il n'aypas
été proclamé, salue à plusieurs reprises
et reçoit de grandes félicitations- A tous,
il répond de la manière la plus gra-
L'enthousiasme redouble
à la proclamation du scrutin
Un second coup de sonnette pour ob-
tenir le silence, et M. Léon Bourgeois
proclame le résultat du vote de l'Assem-
blée nationale que «l'on a vu plus haut.
,En conséquence, déclare M. Léon
Bourgeois, M. Alexandre Millerand est
proclamé élu président de. la. république'
pour une (période de sept ans à dater de
Toute la salle se lève et, dans un élan
chanel car la pensée de chacun se re-
porte mélancoliquement vers cette mai-
son amie où le Président démissionnaire
s'est arrêté ayant-hier pour y recevoir
les soins que réclame son état avant de
se rendre chez son beau-père.
C. Des applaudissements saluent le
maréchal.pardon le glorieux général
de Castelnau.
D. Les socialistes font une petite
ovation, plutôt ratée, à M. Delory, sur
le nom duquel ils vont se compter.
P. Des bravos unnanimes accueil-
lent M. Raymond Poincaré.
Le défilé continue On arrive tout de
même à la fin
Les lettres se suivent en une série qui
paraît interminable huit cents noms à
appeler, huit cents bulletins il insérer
dans l'urne, c'est long. Un moment,
magnifique, acclame M. Millerand.. Su-
perbe et enthousiaste manifestation qui
se prolonge plusieurs minutes, avec un
redoublement de bravos vibrants de
patriotisme.
Ce serait la clôture, si les enragés du
socialisme révolutionnaire ne voulaient
s'offrir leur petite contre-manifestation.
Hurlements de « Vive Delory Vive
la république »
Et ce qui devient tout à fait ridi-
cule de: « Vive la Constitution t »
Il paraît que ce sont maintenant ces
messieurs de la gauche révolutionnaire
qui deviennent les champions de la
Constitution pour laquelle ils n'avarient
naguère que railleries et critiques.
L'énorme majorité de l'Assemblée ri-N
poste par le cri justifié et qui porte,
celui-ci de « A ^Moscou, les bolehe-
vistes !»
La bande des léninistes est touchée
elle se tait, et M. Léon Bourgeois en
prof ite ipourdléclarer. close la session de
l'Assemblée nationale.
Une dernière, acclamation en l'hon-
neur de M. Millerand;; la séance est
levée. Telle fut la fin d'un beau jour.
Georges Huillard
LA PRISE DU POUVOIR
Les compliments d'usage
Aussitôt auprès. la proclamation du
scrutin, les membres du Congrès se pré-
cipitent vers le salon Marengo où se
tient le nouveau président de la répu-
blique, entouré des présidents des deux
Chambres, des ministres et des mem-
bras dit bureau de l'Assemblée natio-
nale.
Au moment où M. Bourgeois prend
la parole, le premier coup de canon re-
tentit, annonçant l'élection il la foule.
M. Léon Bourgeois, président de l'As-,
semblée, félicite M. Millerand de son
.élection et, après un éloge ému de son
prédécesseur, il prononce en ces termes
l'éloge du président du conseil qui de-
vient le chef de l'Etat
Vous avez, monsieur le Président, as-
sumé depuis plusieurs mois une noble et
redoutable tâche. Au dedans, il fallait hâ-
ter dans le calme, le travail et l'union de
tous, le relèvement de la chère patrie, qui
avait dû acheter la victoire au prix des
plus cruels, des plus sanglants sacrifices
au dehors, il fallait affirmer non seule-
ment par des paroles, mais par des actes,
l'inébranlable volonté d'obtenir l'exécution
des traités et d'assurer le respect des droits
imprescriptibles qu'ils ont donnés à la
France. A cette double tâche, vous vous
êtes attaché avec cette persévérante éner-
gie qui est un des traits essentiels de votre
caractère et c'est en éclatant témoignage
de sa reconnaissance pour les services ren-
dus que l'Assemblée nationale vous confie
aujourd'hui la magistrature suprême de la
république.
La nation vous remet en toute confiance
-la défense de ses libertés et de ses lois, la
sauvegarde de sa sécurité et des droits
qu'elle tient de la victoire, le soin de la
guinder dans sa haute mission de civilisa-
tion, de justice et de paix.
Mais voici la crémonie de l'investiture,
si l'on peut dire, cérémonie modeste
en vérité. M. Lhopiteau, garde des
sceaux, vice-président du conseil des mi-
nistres, et, pour le moment, chef du
gouvernement, remet il M. Millerand
l'acte authentique constatant que l'As-
semblée nationale lui a confié le pou-
voir exécutif.
M. Lhopiteau adresse ensuite les féli-
'citations du gouvernement à l'élu du
Congrès et, après avoir rendu hommage
aux qualités éminentes et aux services
rendus à la patrie par M. Millerand, il
ajoute
Votre élection apparaît comme un pré-
cieux gage de sécurité. On vous a vu, en
effet, avec un calme inébranlable sans
heurts, ni soubresauts, mais avec une fer-
meté 'résolue,' imposer le respect de l'ordre
et de là légalité que la France réclame im-
périeusement pour se donner tout entière
au travail, réparer ses ruines et s'ache-
miner courageusement vers son ancienne
prospérité.
Le garde des sceaux estime qué l'élec-
tion du 23 septembre est une nouvelle
consécration dé l'union nationale dont
M. Millerand fut un des meilleurs ar-
tisans.
Le présider de la république prend
alors la parole et, d'un ton ferme et
d'une voix assurée, nuancée d'émotion
par instants, prononce le beau discours
qu'on a lu plus haut il est fréquem-
ment interrompu par les -applaudisse-
ments.
Les membres du Parlement défilent
devant le Président et lui expriment
leurs félicitations et leurs souhaits. M.
Millerand, cordial et simple, a un mot
aimable pour tous et leur serre la main.
Ce défilé terminé, notre distingué et
excellent confrère M. Georges Aubry,
président de la presse parlementaire, dit
à M. Millerand la fierté que la presse
française tout entière éprouve de saluer
en lui l'un des siens elle se souvient
que c'est comme journaliste qu'il a dé-
buté dans la vie politique, et qu'au cours
de sa brillante carrière d'homme d'Etat
il n'a jamais abandonné complètement
sa profession de journaliste.
Aussi, conclut M. Aubry, la presse par-
lementaire ne doute pas que l'homme qui
représente désormais la France devant le
monde saura toujours, le monde entier
d'ailleurs a déjà pu le constater, tenir d'une
main ferme, avec la plus clairvoyante au-
torité, le, drapeau glorieux de la France
victorieuse.
De la réponse particulièrement aima-
ble de M. le président de la république,
il convient de retenir cette amicale péro-
raison
Puisque la confiance de l'Assemblée na-
tionale m'appelle à l'Elysée, j'espère bien,
messieurs, que vous saurez en trouver fa-
cilement le chemin. L'Elysée est par excel-
lence la maison nationale, et c'est avec joie
que nous nous y reverrons, car je reste
assuré que le président de la république
a plus que personne peut-être besoin d'être
en contact étroit et constant avec l'opinion
publique dont vous êtes les fidèles inter-
prètes.
La cérémonie est terminée. Le Prési-
dent, accompagné du garde des sceaux,
de M. Bourgeois et de M. de Fouquières,
directeur du protocole, traverse la gale-
rie des Bustes et gagne la petite cour du
château. Dès qu'il paraît sur le seuil, les
troupes rendent les honneurs, les tam-
bours battent aux champs; la Marseil-
laise retentit, dominée bientôt par les
formidables acclamations de la foule.
Le président de la république franchit
la grille du palais et monte dans son
automobile avec M. Lhopiteau, garde
des sceaux. Et les cris répétés de « Vive
Millerand 1 retentissent de tous les
côtés dit la place d'Armes. D.
Les Elections précédentes
Voici les chiffres des voix obtenues
par les précédents présidents de la répu-
blique
Maréchal de Mac-Manon, 390 voix-;
M. Julés Grévy, 563 M. Sadi Carnet, 616
M. Casimir-Périer, 451 M. Félix Faure,
430 M. Emile Loubet, M. Armand
Fallières, 449 M. Raymond Poincaré, 483
M. Paul Deschanel, 734.
Quatre heures
dans la Galerie des Bustes.
AVANT LA SEANCE
De M. Sadi Carnot à M. Alexandra
Millerand, j'en suis à mon huitième
Congrès. Q
Qu'est-ce que vous dites, madame ?
Que cela ne me rajeunit pas ?. J'en-
tends bien n'insistez pas Mais veuil-
lez, toutefois, prendre la peine de noter
que, sur huit présidents, il n'en fut que
trois à tenir » jusqu'au bout du sep-
tennatlconstitutionnel. Mes huit Congrès,
somme toute, tiennent en une période
de trente-trois ans. C'est déjà coquet.
Ce sont la., du reste, détails d'ordre
personnel sur l'intérêt desquels je ne
nourris aucune illusion je suis même
prêt à concéder qu'ils en sont absolu-
ment dénués, mais quoi ? Ce n'est pas de
ma faute si, après toute une après-midi
passée dans la galerie des Bustes, je n'ai
rien d'intéressant à offrir au lecteur.
Jamais, peut-être, l'affluence n'y fut
si nombreuse, mais jamais non plu?
journée ne fut plus vide^
Sans doute, je puis noter que M. Ray-
mond Poincaré, électeur puisque séna-
teur, arriva des premiers, précédant de
quelques minutes MM. Aristide Briarnd,
Pams, Ribot, Louis Barthou. Puis ce fut,
bientôt, la cohue, une cohue exclusive-
ment composée, semble-t-il, de fumeurs,
car en quelques instants la galerie a pris
figure d'une véritable tabagie on ne s'y
voit qu'à travers l'épaisseur d'un nuage
de fumée.
Un peu avant deux heures, un mouve-
ment se dessine dès rentrée, du côté de
la cour, pour s'étendre rapidement sur
toute la longueur de la galerie c'est
l'arrivée de M. Millerand qui en, est
cause.
En veston bleu marine et tenant,) -in.
main un feutre gris à larges bords, M.
Millerand s'avance rapidement, répon-
dant d'un sourire à chaque salut et ser-
rant au passage toutes les mains qui se
tendent. Il est accompagné de son fils
Jean, de son ami et ancien collaborateur
M. Raoul Persil, député de Loir-et-Cher, et
de mon aimable confrère Edmond Cla-
ris, chef adjoint de soè cabinet. A peine
le président du conseil a-t-il franchi la
porte du couloir donnant accès à la salle
des séances qu'un huissier annonce,
d'une voix éclatante « Messieurs, la
séance est ouverte. »
PENDANT LE SCRUTIN
Les cartes postales
A cet appel, la galerie des Bustes se
vide rapidement sénateurs et députés
disparaissent en quelques minutes.
Mais quelques minutes encore, et les
voilà revenus Chacun ne retournera en
séance que pour déposer, le moment
venu,, son bulletin dans l'urne. Il est, en
attendant, d'autres occupations qui les
sollicitent, et dont la plus importante, v
leurs 'yeux tout au moins, paraît être
l'expédition, à la famille, aux amis et
aux électeurs influents, de cartes postales
illustrées au timbre- de l'Assemblée na-
tionale. La questure, qui a fait de ces
cartes une ample provision, a quelque
peine, néanmoins, à satisfaire toutes
les. demandés. Que serait-ce si elle avait
osé faire éditer avant la lettre comme
n'a pas craint de le faire un industriel
audacieux des cartes représentant, lui
poitrine barrée du grand cordon, de la
Légion d'honneur, M. Alexandre Mille-
rand « élu président de la république le
23 septembre 1920 ». J'ai eu sous les
yeux, à l'heure même où s'ouvrait le
scrutin, une' des ces cartes, témoignage
d'une initiative à laquelle on ne saurait
reprocher d'être en retard.
De quoi parle-t-on?
Une heure arrive, cependant, où l'en-
voi des cartes postales prend nécessai-
renient fin. Que faire? Dans quelques
groupe, on essaie de causer. Mais de
quoi? Du résultat de l'élection, qui sera
bientôt proclamé, nul ne s'inquiète
n'est-il pas connu d'avance ? Le seul in-
térêt du scrutin réside dans le chiffre
des voix qu'obtiendra l'élu. Mais M. Mil-
lerand n'est-il pas candidat unique
Sans doute, les socialistes ont fait im-
primer des bulletins au nom d'un des
leurs, M. Delory, député du Nord. Ils
voteront pour lui, c est entendu ci.
voix, au maximum.
Quelques radicaux particulièrement
obtus ceux-là qui se figurent enten-
dre, suivant le mot de M. Aristide
Briand, les tambours de Brumaire
croiront devoir s'abstenir, mais beau-
coup d'autres; se rendant compte, un
peu tard, de la gaffe commise la veille,
vont tenter de la racheter en votant, au-
jourd'hui, pour M. Millerand ainsi es-'
pèrent-ils sinon détruire, du moins at-
droitement donnée à l'opinion, que le
président de la république allait être élu
a contre » eux et malgré eux. Dans ces
conditions, M. Millerand peut compter
sur un chiffre de 700 voix environ. là-
dessus, tout le monde est d'accord
aussi les conversations, sur ce sujet,
tombent-elles très vite.
QUI SERA PRESIDENT DU CONSEIL?
On se rattrape alors en se livrant, au
petit jeu, toujours amusant, des pronos-
tics ministériels.
Qui sera, demain, président du con-
C 5 ̃̃h. du matin ) paris et départements 20 centimes, (5 h. du matin) <
VENDREDI 25 SEPTEMBRE ï&"2<£.
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Dans la «DERNIERE HEURE »
Le Résumé en Anglais d£.
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COMMUNIQUÉES PAR LE
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L'Élection de M. M
Le Congrès
de Versailles
LE VOTE
Voisc ile résultat du vote qui a proela-
mé M. Millerand président de la répu-
blique
Votants' 892
Bulletins blancs ou nuls.. 106
Suffrages exprimés 786
Majorité absolue.. 394
MM. Alex. Millerand.. 695 voix ELU
Delory 69
Divers 22
LE CHEF
DE L'ÉTAT
C'est le décor de toutes les élections
présidentielles ce sont les mêmes rites,
et, en, apparence, il n'y a rien de changé.
On entend les mêmes considérations,
sur Je nombre des voix et la densité des
acclamations. Ce n'est pas cela qui est
différent. Non,- ce qui est assez neuf,
c'est l'impression générale et l'atmos-
phère du Congrès. Si j'essaye de les
caractériser, je trouve que les électeurs
de Versailles ont eu la volonté de nom-
mer plus peut-être le chef de l'Etat que
le président ,de la république,. Ces deux
titres, d'ailleurs, sont loin de former un
contraste violent. Président de la répu-
bliqua, chef d© l'Etat, notre droit consti-
tutionnel n'établit aucune nuance entre
ces deux termes, et l'on désigne commu-
nément, par l'un ou l'autre le premier
magistrat, du pays.
Mais' il n'en est pas moins vrai que
si les moeurs politiques ont effacé les
nuances, celles-ci ont existé cepen-
dant et sont capables de reparaître.
Le président de la république, c'est
le personnage dans son attitude dé-
corative; le che^de l'Etat, c'est le
personnage en action. Le vote du Con-
grès, dans les circonstances où il a eu
lieu, aura pour conséquence ^jde faire
prévaloir l'action du chef de l'Etat sur
les prérogatives présidentielles et de
donner ainsi à la fonction son sens
.pleine. Plus ou; moins consciemment, la
représentation, nationale a donc choisi
en M. Millerand le chef de l'Etat.
Que ce soit une nouveauté, c'est évi-
dent. Mais ce n'est ni une révolution,
ni l'annonce d'une révolution, ni quoi.
que ce soit qui ressemble à une atteinte
profonde au Régime, Au contraire, c'est
le Régime, lui-même dans l'entier déve-
loppement de toutes ses puissances, et
que l'on laissait en jachère par manque
d'audace et étroitesse d'esprit. N'avait-on
pas fini par l'entourer de murs comme
une propriété jalousement gardée ? Les
murs tombent, le domaine s'élargit,
vise à accaparer toute la France, et
des républicains 'redouteraient cet agran-
dissement 1
Dans son allocution au président de
l'Assemblée de Versailles et au garde
des sceaux, M. Millerand a exprimé ces
idées en quelques mots directs et bien-
clairs « L'expérience d'un demi-siècle
comporte des enseignements que, dans
l'intérêt de la' France, comme de la
république elle-même, il importe de
dégager et de faire passer dans les
textes. » Quelles sont les principales
donnés de cette expérience ? La pre-
mière, /qu'un© politique extérieure n'a de
valeur et de résultats que si la continuité
5n est assurée. La seconde, que l'ordre
intérieur n'est durable qu'avec une au-
torité consentie. La déclaration des
Droits de l'homme dit qu'un pays sans
la séparation des pouvoirs n'a pas de
constitution. Pareillement, on pourrait
affirmer qu'une nation qui ne reconnaît
pas une autorité n'a pas de vie sociale.
Or, n'était-ce pas un singulier paradoxe
que de prétendre supprimer l'autorité
'précisément'chez le chef de l'Etat? Et
en quoi consiste la séparation des pou-
voirs, si une Assemblée législative ne
cesse d'empiéter sur le gouvernement?
L'Assemblée nationale, par son vote
d'hier, a simplement rétabli-le chef de
l'Etat et lui a restitué son autorité na-
tutrelle, ou plutôt la .part d'autorité dont
l'absence rendait notre régime boiteux.
Il y a une (ignorance assez grossière
de l'histoire et de nos mœurs à évo-
que, le Dix-huit Bramai're et le Deux
Décembre. La vérité, et qui effare cer-
téines gens, c'est qu'une théorie nou-
velle de la république s'ébauche déjà
dans les esprits.
Alfred Capus
de 1'Académie française
ItË DÉPART DE PARIS
En route pour le Congrès
L'animation dans les gares
L'habitude d'aller au Congrès de Ver-
sailles par Ie train se perdi de plus en
plus. L'automobile -est si commode, et,
si tout le monde n'a pas son automobile,
presque tout le monde un ami pour
lui offrir une place dansai sienne. Il
y avait donc très peu d'affluence, hier
matin, a la gare, des Invalides et ù la
gare Saint-Lazare, où des trains spé-
ciaux avaient été formés pour les mem-
bres du gouvernement, les sénateurs,
les députés, les membres des bureaux
du Sénat et de la Chambre, et la presse.
Un service d'ordre très rigoureux avait
été organisé dans ces deux gares et,
hormis ceux qui louvaient bénéficier
de ces trains spéciaux, nul n'était admis
sur les quais donnant accès aux voies
où ils étaient garés. Pas le moindre
voyageur pour le train spécial prévu
pour 10 heures 10 à la gare des Invali-
des .quelques rares, parlementaires,
mais les membres des bureaux des deux
Chambres au train de 10 h. 22. Par
contre, une centaine de parlementaires
aux deux autres trains spéciaux de
midi 40 et midi 50, et une foule consi-
dérable à tous les trains ordinaires que
pouvait prendre le public. A la gare
Saint-Lazare, quatre-vingts parlemen-
taires seulement au premier train spé-
cial de midi 35, et un parlementaires
tout seul à celui de midi 40, mais égale-
ment un public nombreux aux trains
ordinaires allant à Versailles.
Mais, sur la route de Versailles, quelle
file d'automobiles durant toute la mati-
née 1 Il y en avait die toutes former et
de toutes marques, et, comme M. Cha-
leil, préfet de Seine-et-Oise, avait admi-
rablement organisé le service d'ordre
dans la traversée- de son département,
le voyage fut charmant.
A L'ASSEMBLEE
NATIONALE
LA SÉANCE
Les premières formalités
Deux Congrès la même année. Ce plié-
noznène présidentiel ne s'était pas en-
cote produit. Il me semble sortir à peine
de la séance du i7 janvier, où, par un
après-midi d'hiver printanier, triompha,
au milieu des acclamations, M. Paul
Deschanel. Quel désagréable accueil on
eût fait alors au prophète de malheur
qui eût annoncé la retraite de l'éminent
homme d'Etat si douloureusement frap-
pé parle destin implacable
Dès une heure et demie, les tribunes
sont envahies par les titulaires de cartes
que se disputaient des mortels privilé-
giés. Comble également la tribune diplo-
matique.
Deux heures sonnent. M. Léon Bour-
geois ouvre la séance. Les secrétaires du
Sénat prennent place ses côtés MM.
Simonet, Lucien Hubert, Lasserre, Lou-
bet, Lemarié, Ordinaire et Reynald.
Ce sont les mêmes au'à. l'élection de
M. Paul Deschanel, sauf M. Colin, dé-
cédé dans l'intervalle des deux Congrès.
Tous les -ministres sont au banc du
gouvernement.
Le président s'exprime -en ces termes
obligatoires et constitutionnels
Vu les procès-verbaux des séances du
Sénat et de la Chambre des députés du
21 septembre 1920, .et constatant que M.
Paul Deschanel a donné sa démission de
président de la république
Vu l'article 7 de la loi constitutionnelle
du 25 février 1875, ainsi éonçu
« En cas de vacance par décès ou pour
tout autre cause, les deux Chambres réu-
nies procèdent immédiatement à l'élection
du nouveau Président.
Vu l'article 8 de, la même loi, ainsi
conçu
« Le président de la république est élu
à la majorité absolue des suffrages par le
Sénat et par la Chambre des députés, réu-
nis en Assemblée nationale. Il est nommé
pour sept ans. Il est rééligible. »
Vu le paragraphe 8 de l'article 11 de la
loi constitutionnelle du 18 juillet 1875, ainsi
conçu
« Lorsque les deux Chambres se réunis-
sent en Assemblée nationale, le bureau se
compose des président, vice-présidents et
secrétaires du Sénat
Je déclare, en conséquence, l'Assemblée
nationale' constituée pour l'élection du pré-
sident de la république..
Puis on procède au tirage des trente..
d^v scrutateurs titulaires et des douze
sui«>éants qui seront chargés du dé-
pouillement du scrutin. Les noms de M.
Baron, socialiste, et de M. Narcisse Bou-
langer soulèvent quelques éclats de rire.
Pourquoi cette gaieté ?
La lettre initiale Ce sera le grand U
On apporte au président un code
est-c.e le pénal? où, en l'ouvrant au
hasard, il doit trouver la lettre initiale
la première du premier mot de la prie-
mière page par laquelle doit commen-
cer l'appel (tes votants.
C'est l'U qui sort. M. Uhri, député so-
cialiste de l'Oise, qui devrait déposer le
bulletin numéro i, n'est pas.là. Il vien-
dra un peu plus tard. Un huissier, à la
voix de stentor, fait l'appel nominal.
On passe au V. On, acclame M. Valat,
de l'Ardèche, mutilé de la guerre.
W. Un salut respectueux à l'abbé
Wetterlé.
Les initiales se succèdent, collées en
lettres gigantesques sur la tribune ;• suc-
cession peu rapide de huit à dix vo-
tants à la minutes, et en a un peu
plus de huit cents.
A. MM. Arago, Aristide Briand,
Louis Barthou. Petite manifestation de
grande sympathie.
B. Une ovation est faite à M. Brice,
le sympathique beau^ère de M. Des-
M. MILLERAND Mme MILLERAND
l'hol. Henri Manuel.
Déclaration du nouveau président.
i M. Mine,rand a fait 'la déclaration suivante, en réponse aux félicitations
que lui ont adressé M. nationale,
et M. Lhopiteau, au nom du gouvernement
Monsieur le président de V Assemblée nationale,
Monsieur le garde des sceaux, '
Je ne sais comment vous remercier de vos affectueuses paroles. Que
mon premier mot soit un hommage à mes illustres prédécesseurs, entre tous
à celui dont nous saluions, il y a sept niais seulement, l'élection triom-
phale. En nie conférant l'honneur le plus haut qui puisse échoir à un
citoyen, le vote du Congrès m'impose des devoirs. dont je ne méconnais
ni la gravité ni l'étendue. Représentant l'intérêt nationale au milieu des
luttes des partis, gardien .vigilant de cette suprême garantie de la liberté
qu'est la séparation des pouvoirs, attentif à Fréserver de toute atteinte les
droits de chacun d'eux, le premier nhdgistrat de la république en est aussi
le premier défenseur. Si les services incomparables que ha république a
depuis cinquante ans rendus au pays,- le mettent en fait comme en droits à
l'abri de .la' discussion, l'expérience d'rn derni-siècle comporte des ensei-
gnements que dans l'intérêt de la France comme de la république elle-
même, il importe rie, dégager et de faire passer: dans les textes, aussitôt
que le permettront- les -'difficultés' de. V fieure.
C'est, à les surywntèr que doivent aller tout d'abord les efforts des
Français, fraternellement' unis dans la paix comme ils'le furent dans la
guerre. La France victorieuse doit relever ses ruines, panser ses blessures,
se re faire et pour y parvenir obtenir l'acquittement intégral des justes.
obligations contractées envers elle, sur les bases du traité, de Versailles.
Un ordre nouvèau a surgi, la démocratie, française saura, d'accord avec
ses alliés, veiller: à son maintien et son développement. S'il est pour le
président de la république un dev/ir particulièrement strict, -c'est d'assu-
rer, de concert avec les, ministres défenseurs de la- politique gouvernemen-
tale devant les Chambres et interprètes près- du Président des volontés du
Parlement, la continuité d'une politique extérieure digne de notre victoire
et de.nos morts. Le républicain que l'Assemblée nationale vient de désigner
apportera tout ce qu'il a de forces, d'intelligence et d'énergie à se montrer à
la hauteur de la confiance des représentants du peuple.
M. Léon Bourgeois, fatigué, cède le fau-
teuil à M. Boudenoot. Au bout d'une
heure et demie, on arrive tout de même
à la fin.
Fin provisoire, attendu qu'il faut pro-
céder au contre-appel- On recommence
le petit jeu des initiales. Heureusement,
la formalité est moins traînante. Un as-
sez grand nombre de retardataires rem-
plissent cette fois le devoir électoral.
Trente-cinq à quarante minutes, et, cette
fois, c'est bouclé.
Suspension pour le dépouillement. Les
scrutateurs se livrent, en une salle:voi-
isine, à leur ingrate besogne.
On commente, dans les couloirs; le ré-
sultat, connu d'avance, moins, naturel-
lement, les chiffres, dont la nrécision est
intéressante.'
La première ovation à M. Millerand
4 heures 45. La salle, qui était de-
venue presque déserte, se remplit. Tout
à coup, des applaudissements frénéti-
ques M. Millerand, accompagné de M.
Steeg, vient de faire son entrée et de
prendre place sur un fauteuil defa gau-
che, dans la travée supérieure.
Le président, qui n'est plus celui du
conseil, mais pas tout à fait encore ce-
lui de la république, puisqu'il n'aypas
été proclamé, salue à plusieurs reprises
et reçoit de grandes félicitations- A tous,
il répond de la manière la plus gra-
L'enthousiasme redouble
à la proclamation du scrutin
Un second coup de sonnette pour ob-
tenir le silence, et M. Léon Bourgeois
proclame le résultat du vote de l'Assem-
blée nationale que «l'on a vu plus haut.
,En conséquence, déclare M. Léon
Bourgeois, M. Alexandre Millerand est
proclamé élu président de. la. république'
pour une (période de sept ans à dater de
Toute la salle se lève et, dans un élan
chanel car la pensée de chacun se re-
porte mélancoliquement vers cette mai-
son amie où le Président démissionnaire
s'est arrêté ayant-hier pour y recevoir
les soins que réclame son état avant de
se rendre chez son beau-père.
C. Des applaudissements saluent le
maréchal.pardon le glorieux général
de Castelnau.
D. Les socialistes font une petite
ovation, plutôt ratée, à M. Delory, sur
le nom duquel ils vont se compter.
P. Des bravos unnanimes accueil-
lent M. Raymond Poincaré.
Le défilé continue On arrive tout de
même à la fin
Les lettres se suivent en une série qui
paraît interminable huit cents noms à
appeler, huit cents bulletins il insérer
dans l'urne, c'est long. Un moment,
magnifique, acclame M. Millerand.. Su-
perbe et enthousiaste manifestation qui
se prolonge plusieurs minutes, avec un
redoublement de bravos vibrants de
patriotisme.
Ce serait la clôture, si les enragés du
socialisme révolutionnaire ne voulaient
s'offrir leur petite contre-manifestation.
Hurlements de « Vive Delory Vive
la république »
Et ce qui devient tout à fait ridi-
cule de: « Vive la Constitution t »
Il paraît que ce sont maintenant ces
messieurs de la gauche révolutionnaire
qui deviennent les champions de la
Constitution pour laquelle ils n'avarient
naguère que railleries et critiques.
L'énorme majorité de l'Assemblée ri-N
poste par le cri justifié et qui porte,
celui-ci de « A ^Moscou, les bolehe-
vistes !»
La bande des léninistes est touchée
elle se tait, et M. Léon Bourgeois en
prof ite ipourdléclarer. close la session de
l'Assemblée nationale.
Une dernière, acclamation en l'hon-
neur de M. Millerand;; la séance est
levée. Telle fut la fin d'un beau jour.
Georges Huillard
LA PRISE DU POUVOIR
Les compliments d'usage
Aussitôt auprès. la proclamation du
scrutin, les membres du Congrès se pré-
cipitent vers le salon Marengo où se
tient le nouveau président de la répu-
blique, entouré des présidents des deux
Chambres, des ministres et des mem-
bras dit bureau de l'Assemblée natio-
nale.
Au moment où M. Bourgeois prend
la parole, le premier coup de canon re-
tentit, annonçant l'élection il la foule.
M. Léon Bourgeois, président de l'As-,
semblée, félicite M. Millerand de son
.élection et, après un éloge ému de son
prédécesseur, il prononce en ces termes
l'éloge du président du conseil qui de-
vient le chef de l'Etat
Vous avez, monsieur le Président, as-
sumé depuis plusieurs mois une noble et
redoutable tâche. Au dedans, il fallait hâ-
ter dans le calme, le travail et l'union de
tous, le relèvement de la chère patrie, qui
avait dû acheter la victoire au prix des
plus cruels, des plus sanglants sacrifices
au dehors, il fallait affirmer non seule-
ment par des paroles, mais par des actes,
l'inébranlable volonté d'obtenir l'exécution
des traités et d'assurer le respect des droits
imprescriptibles qu'ils ont donnés à la
France. A cette double tâche, vous vous
êtes attaché avec cette persévérante éner-
gie qui est un des traits essentiels de votre
caractère et c'est en éclatant témoignage
de sa reconnaissance pour les services ren-
dus que l'Assemblée nationale vous confie
aujourd'hui la magistrature suprême de la
république.
La nation vous remet en toute confiance
-la défense de ses libertés et de ses lois, la
sauvegarde de sa sécurité et des droits
qu'elle tient de la victoire, le soin de la
guinder dans sa haute mission de civilisa-
tion, de justice et de paix.
Mais voici la crémonie de l'investiture,
si l'on peut dire, cérémonie modeste
en vérité. M. Lhopiteau, garde des
sceaux, vice-président du conseil des mi-
nistres, et, pour le moment, chef du
gouvernement, remet il M. Millerand
l'acte authentique constatant que l'As-
semblée nationale lui a confié le pou-
voir exécutif.
M. Lhopiteau adresse ensuite les féli-
'citations du gouvernement à l'élu du
Congrès et, après avoir rendu hommage
aux qualités éminentes et aux services
rendus à la patrie par M. Millerand, il
ajoute
Votre élection apparaît comme un pré-
cieux gage de sécurité. On vous a vu, en
effet, avec un calme inébranlable sans
heurts, ni soubresauts, mais avec une fer-
meté 'résolue,' imposer le respect de l'ordre
et de là légalité que la France réclame im-
périeusement pour se donner tout entière
au travail, réparer ses ruines et s'ache-
miner courageusement vers son ancienne
prospérité.
Le garde des sceaux estime qué l'élec-
tion du 23 septembre est une nouvelle
consécration dé l'union nationale dont
M. Millerand fut un des meilleurs ar-
tisans.
Le présider de la république prend
alors la parole et, d'un ton ferme et
d'une voix assurée, nuancée d'émotion
par instants, prononce le beau discours
qu'on a lu plus haut il est fréquem-
ment interrompu par les -applaudisse-
ments.
Les membres du Parlement défilent
devant le Président et lui expriment
leurs félicitations et leurs souhaits. M.
Millerand, cordial et simple, a un mot
aimable pour tous et leur serre la main.
Ce défilé terminé, notre distingué et
excellent confrère M. Georges Aubry,
président de la presse parlementaire, dit
à M. Millerand la fierté que la presse
française tout entière éprouve de saluer
en lui l'un des siens elle se souvient
que c'est comme journaliste qu'il a dé-
buté dans la vie politique, et qu'au cours
de sa brillante carrière d'homme d'Etat
il n'a jamais abandonné complètement
sa profession de journaliste.
Aussi, conclut M. Aubry, la presse par-
lementaire ne doute pas que l'homme qui
représente désormais la France devant le
monde saura toujours, le monde entier
d'ailleurs a déjà pu le constater, tenir d'une
main ferme, avec la plus clairvoyante au-
torité, le, drapeau glorieux de la France
victorieuse.
De la réponse particulièrement aima-
ble de M. le président de la république,
il convient de retenir cette amicale péro-
raison
Puisque la confiance de l'Assemblée na-
tionale m'appelle à l'Elysée, j'espère bien,
messieurs, que vous saurez en trouver fa-
cilement le chemin. L'Elysée est par excel-
lence la maison nationale, et c'est avec joie
que nous nous y reverrons, car je reste
assuré que le président de la république
a plus que personne peut-être besoin d'être
en contact étroit et constant avec l'opinion
publique dont vous êtes les fidèles inter-
prètes.
La cérémonie est terminée. Le Prési-
dent, accompagné du garde des sceaux,
de M. Bourgeois et de M. de Fouquières,
directeur du protocole, traverse la gale-
rie des Bustes et gagne la petite cour du
château. Dès qu'il paraît sur le seuil, les
troupes rendent les honneurs, les tam-
bours battent aux champs; la Marseil-
laise retentit, dominée bientôt par les
formidables acclamations de la foule.
Le président de la république franchit
la grille du palais et monte dans son
automobile avec M. Lhopiteau, garde
des sceaux. Et les cris répétés de « Vive
Millerand 1 retentissent de tous les
côtés dit la place d'Armes. D.
Les Elections précédentes
Voici les chiffres des voix obtenues
par les précédents présidents de la répu-
blique
Maréchal de Mac-Manon, 390 voix-;
M. Julés Grévy, 563 M. Sadi Carnet, 616
M. Casimir-Périer, 451 M. Félix Faure,
430 M. Emile Loubet, M. Armand
Fallières, 449 M. Raymond Poincaré, 483
M. Paul Deschanel, 734.
Quatre heures
dans la Galerie des Bustes.
AVANT LA SEANCE
De M. Sadi Carnot à M. Alexandra
Millerand, j'en suis à mon huitième
Congrès. Q
Qu'est-ce que vous dites, madame ?
Que cela ne me rajeunit pas ?. J'en-
tends bien n'insistez pas Mais veuil-
lez, toutefois, prendre la peine de noter
que, sur huit présidents, il n'en fut que
trois à tenir » jusqu'au bout du sep-
tennatlconstitutionnel. Mes huit Congrès,
somme toute, tiennent en une période
de trente-trois ans. C'est déjà coquet.
Ce sont la., du reste, détails d'ordre
personnel sur l'intérêt desquels je ne
nourris aucune illusion je suis même
prêt à concéder qu'ils en sont absolu-
ment dénués, mais quoi ? Ce n'est pas de
ma faute si, après toute une après-midi
passée dans la galerie des Bustes, je n'ai
rien d'intéressant à offrir au lecteur.
Jamais, peut-être, l'affluence n'y fut
si nombreuse, mais jamais non plu?
journée ne fut plus vide^
Sans doute, je puis noter que M. Ray-
mond Poincaré, électeur puisque séna-
teur, arriva des premiers, précédant de
quelques minutes MM. Aristide Briarnd,
Pams, Ribot, Louis Barthou. Puis ce fut,
bientôt, la cohue, une cohue exclusive-
ment composée, semble-t-il, de fumeurs,
car en quelques instants la galerie a pris
figure d'une véritable tabagie on ne s'y
voit qu'à travers l'épaisseur d'un nuage
de fumée.
Un peu avant deux heures, un mouve-
ment se dessine dès rentrée, du côté de
la cour, pour s'étendre rapidement sur
toute la longueur de la galerie c'est
l'arrivée de M. Millerand qui en, est
cause.
En veston bleu marine et tenant,) -in.
main un feutre gris à larges bords, M.
Millerand s'avance rapidement, répon-
dant d'un sourire à chaque salut et ser-
rant au passage toutes les mains qui se
tendent. Il est accompagné de son fils
Jean, de son ami et ancien collaborateur
M. Raoul Persil, député de Loir-et-Cher, et
de mon aimable confrère Edmond Cla-
ris, chef adjoint de soè cabinet. A peine
le président du conseil a-t-il franchi la
porte du couloir donnant accès à la salle
des séances qu'un huissier annonce,
d'une voix éclatante « Messieurs, la
séance est ouverte. »
PENDANT LE SCRUTIN
Les cartes postales
A cet appel, la galerie des Bustes se
vide rapidement sénateurs et députés
disparaissent en quelques minutes.
Mais quelques minutes encore, et les
voilà revenus Chacun ne retournera en
séance que pour déposer, le moment
venu,, son bulletin dans l'urne. Il est, en
attendant, d'autres occupations qui les
sollicitent, et dont la plus importante, v
leurs 'yeux tout au moins, paraît être
l'expédition, à la famille, aux amis et
aux électeurs influents, de cartes postales
illustrées au timbre- de l'Assemblée na-
tionale. La questure, qui a fait de ces
cartes une ample provision, a quelque
peine, néanmoins, à satisfaire toutes
les. demandés. Que serait-ce si elle avait
osé faire éditer avant la lettre comme
n'a pas craint de le faire un industriel
audacieux des cartes représentant, lui
poitrine barrée du grand cordon, de la
Légion d'honneur, M. Alexandre Mille-
rand « élu président de la république le
23 septembre 1920 ». J'ai eu sous les
yeux, à l'heure même où s'ouvrait le
scrutin, une' des ces cartes, témoignage
d'une initiative à laquelle on ne saurait
reprocher d'être en retard.
De quoi parle-t-on?
Une heure arrive, cependant, où l'en-
voi des cartes postales prend nécessai-
renient fin. Que faire? Dans quelques
groupe, on essaie de causer. Mais de
quoi? Du résultat de l'élection, qui sera
bientôt proclamé, nul ne s'inquiète
n'est-il pas connu d'avance ? Le seul in-
térêt du scrutin réside dans le chiffre
des voix qu'obtiendra l'élu. Mais M. Mil-
lerand n'est-il pas candidat unique
Sans doute, les socialistes ont fait im-
primer des bulletins au nom d'un des
leurs, M. Delory, député du Nord. Ils
voteront pour lui, c est entendu ci.
voix, au maximum.
Quelques radicaux particulièrement
obtus ceux-là qui se figurent enten-
dre, suivant le mot de M. Aristide
Briand, les tambours de Brumaire
croiront devoir s'abstenir, mais beau-
coup d'autres; se rendant compte, un
peu tard, de la gaffe commise la veille,
vont tenter de la racheter en votant, au-
jourd'hui, pour M. Millerand ainsi es-'
pèrent-ils sinon détruire, du moins at-
droitement donnée à l'opinion, que le
président de la république allait être élu
a contre » eux et malgré eux. Dans ces
conditions, M. Millerand peut compter
sur un chiffre de 700 voix environ. là-
dessus, tout le monde est d'accord
aussi les conversations, sur ce sujet,
tombent-elles très vite.
QUI SERA PRESIDENT DU CONSEIL?
On se rattrape alors en se livrant, au
petit jeu, toujours amusant, des pronos-
tics ministériels.
Qui sera, demain, président du con-
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