Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1917-01-13
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 janvier 1917 13 janvier 1917
Description : 1917/01/13 (Numéro 14336). 1917/01/13 (Numéro 14336).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k537131c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/03/2008
52e année.– 3 e série. -N° 14 336
PARIS ET DEPARTEMENTS 10 CENTIMES
SAMEDI 13 JANVIER 191?
ARTHUR MEYER
Dirteteur
RÉDACTION
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2, rue Drouot, 2
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ABONNEMENTS
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ARTHUR MEYER
ADMINISTRATION
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Lip& à la troisième page
FÉPfCHES DE LA DERNIERE HEURE
Communiqués
officiels
Communiqué du 12 janvier, 14 heures
Nuit calme sur tout le front.
Communiqué du 12 janvier, 23 heures
Dans les Vosges, à la suite d'une concentra-
tion de feux de notre artillerie, une reconnais-
sance a pénétré dans les tranchées allemandes,
a réduit les défenseurs et ramené des prison-
niers.
Canonnade habituelle sur le reste du front.
EN ORIENT
Période d'accalmie
Ainsi que nous l'avons indiqué hier déjà à
nos lecteurs, la situation des armées opérant
sur les fronts de Russie et de Roumanie n'a
subi depuis quelques jours aucun changement
appréciable. De violents combats continuent ce-
pendant de se dérouler tant dans le secteur de
iga que dans celui du Sereth, mais l'issue en
demeure pour le moment fort incertaine, et les
lignes avancées des belligérants restent in-
tactes dans leur ensemble. Devant Mitau, en
particulier, à l'extrémité nord du front orien-
tal, la lutte se poursuit, très active, pour, la
possession du village de Kaluzeem, qui,
comme le savent nos lecteurs, se trouve situé
entre la rivière Aa et les vastes marais de Tir-
roui pour le moment du moins, ce bourg
semble être encore occupé par nos ennemis,
puisque, aux termes du récent communiqué
russe, les Allemands auraient subi un échec
local à l'est de Kaluzeem..
L'imprécision toujours croissante de notre
documentation nous interdit plus que jamais
de chercher à analyser les intentions du gé-
illéral Roussky dans cet important secteur.
La ville de Mitau serait-elle réellement me-
nacée par nos amis russes, ainsi que plusieurs
dépêches officieuses nous l'annoncent depuis
quelques jours Voilà ca qu'il nous est encore
impossible d'affirmer.
Sur le front de Moldavie, les armées en pré-
sence occupent encore, à l'heure qu'il est, des
positions.de combat jalonnées par les vallées
de la Susita et de la Putna, affluents du
Sereth.
Il est d'ailleurs assez réconfortant de penser
que la IX* armée allemande n'a point encore
réussi, malgré ses efforts désespérés, à fran-
chir les lignes du Sereth, qui protègent encore
la Moldavie méridionale et la frontière russe
de Bessarabie contre les tentativeS de l'envahis-
seur.
Il y a tout lieu d'espérer que la progression
vers l'est de Falkenhayn va se trouver arrêtée,
au moins pendant la période d'hiver, et que
..nos alliés russo-roumains auront ainsi le loisir
de procéder à un nouveau regroupement de
leurs forces et à l'organisation défensive et
offensive de leurs lignes.
LA NOTE BELGE
Une Rectification
Une erreur s'étant produite dans a transmis-
sion à la presse du texte de la note belge, re-
mise à l'ambassadeur des Etats-Unis, le 10 jan-
vier, nous reproduisons ci-dessous le texte offi-
ciel du sixième paragraphe de cette note, tel
qu'il doit être lu
S'il est un pays qui a le droit de dire qu'il a pris
les armes pour détendre son existence, c'est assu-
rément la Belgique. Forcée do combattre ou de se
soumettre à la honte, elle désire passionnément
qu'un terme soit apporté aux souffrances inouïes
de sa population. Mais elle ne saurait accepter
qu'une paix qui lui assure, en mémo temps qua
des répa.rations équitables, des sécurités et des ga-
ïanties pour l'avenir.
Tout le reste de la note est identique au texte
que nous en avons donné hier. Pour se rendre
compte de la diférence entre les deux rédac-
tions, nos lecteurs n'auront qu'à se reporter au
Gaulois de vendredi.
Tfevoir!
Oui, au revoir Car il nous reviendra, ce
grand ami de la France qui, aujourd'hui
même, s'embarque pour son pays natal,
l'Amérique, après avoir consacré deux ans et
demi de son existence à notre patrie, aimée
par lui à l'égal de la sienne,. plus aimée,
lirions-nous au secret de son coeur, plus aimée
momentanément, parce qu'elle était en péril,
héroïque et douloureuse.
Il nous reviendra, ce La Fayette civil que
fut Whitney Warren, qui eût été un
La Fayette guerrier s'il avait eu les vingt ans
de son modèle, et qui, un moment voulut
l'être, quand il obtenait du général Galliéni la
promesse d'être emmené avec lui si le sauveur
de Paris recevait, comme il en était question,
la charge de quelque important commande-
ment sur le front.
Il reviendra, pour célébrer notre victoire, qui
sera sa victoire, dans la même ivresse que n'im-
porte lequel d'entre nous, comme son ami,
l'ex-ambassadeur Bacon revint, à l'heure de
notre danger, et dans des sentiments sem-
blables, dont il nous a donné l'explication.
« On. n'occupe pas impunément écrivait
M. Whitney Warren dans ses Souvenirs sur
Galliéni, « le rôle d'ambassadeur à Paris. Il
'semble que ce soit une mission dont on ne se
désiste jamais tout à fait, et les devoirs qu'elle
crée survivent à la fonction proprement dite.
Bacon en est l'exemple. Bacon, en effet, accou-
rut aussitôt que possible, dans la capitale où,
naguère, il avait été appelé à représenter, avec
beaucoup de bonheur, la République des
Etats-Unis. Il arriva en France en même temps
que M. Sharp, titulaire actuel et dévoué du
plus beau poste diplomatique. Paris réunit
donc à un moment, qui était à peu près celui de
la Marne, trois ambassadeurs des Etats-Unis
l'un sortait, l'autre arrivait, et le troisième
revenait, attiré d'une manière irrésistible par
le danger que courait un pays qu'il aimait à
l'égal du sien. Son zèle pour la France fut
constant. Dès ce moment, il n'avait qu'une
pensée se rendre utile. »
Et vous, cher ami Whitney Warren, en
aviez-vous. une autre, vous qui êtes accouru
vers nous, dès la première heure, et oui, par
votre haute personnalité, pair votre autorité,
par votre énergie, votre influence, votre pas-
sionné amour pour notre pays, faisiez de ce
noble trio un quatuor tel que jamais cité en
péril ne reçut d'un Etat neutre la magnifique
offrande 1
Colonel XX.
M^BLhiiney
la parole du général Galliéni. Quand on parlait
à l'illustre, chef, des défenseurs de Paris, il
disait Vous oubliez qu'il y avait Herrick.
Mais il y avait Whitney Warren lui-même.
Ecoutons-le encore, en noua rappelant que tout
ce qu'il attribue à son compatriote doit lui
être attribué, à lui aussi
Est-ce que le grand quartier général alle-
mand n'avait pas pris la peine d'informer notre
ambassadeur, M. Myron Herrick, qu'il serait
préférable pour lui de quitter son poste, de
chercher en province un asile plus sûr ? »
Comment douter de l'effroyable attentat pré-
médité contre Paris, après un tel conseil ?
Quoi l'ambassadeur même du plus puissant
Etat'neutre n'eût pas trouvé dans notre « cité
séculaire suivant l'expression de M. Adrien
Mithouard, un asile contre la folie furieuse
des envahisseurs N'est-ce pas ici peut-être le
plus impressionnant aveu des destructeurs de
Reims et de Louvain ?
Et M. Whitney Warren poursuit
« 0 neutres, donnez-vous la peine de lire
leurs avertissements Herrick, averti, lui
aussi, ne boùgea pas, naturellement. Je le
voyais presque chaque jour, et je ne saurais
assez louer la fermeté de son caractère pendant
ces heures dramatiques. Il était parfaiteme,nt
résolu à ne pas se laisser intimider par j
l'aplomb de ces gens cyniques. Je suis
convaincu qu'à aucun moment, même si les
événements avaient mal tourné, il n'aurait
abandonné son grand rôle périlleux.
Whitney Warren, lui, avait cherché le grand
rôle périlleux, que ne lui imposait aucun
devoir diplomatique. Puis, lorsqu'il ft'eut lus
à partager'le danger de ce Paris qu'il adorait,
il se voua tout entier il son ardente mission
être auprès de nous l'interpréta de l'amitié
américaine, l'un des dispensateurs de la géné-
rosité américaine porter jusqu'au front de
combat, dans les tranchées, le réconfort de son
enthousiasme pour l'héroïsme français, de sa
confiance en notre droit, l'écho de toutes les
sympathies d'eutrc-mér, qu'il multipliait, qu'il
suscitait parmi ses compatriotes, et que jamais
il ne trouvait assez chaleureuses, ni surtout
assez connues de nous.
La reconnaissance de la jeune Amériq.ùe
pour l'élan de la France vers elle quand elle'
conquit sa liberté frémissait en cet homme.
Lui, qui n'avait peur de rien, et dont la haute
silhouette, familière dans tous nos quartiers
généraux, apparut à nos villes martyres sous
les plus cruels bombardements, il avait cette
unique peur que nous pussions imaginer
que, dans sa patrie, on oubliait le geste sublime
de La Fayette, de Rochambeau, et de leurs
compagnons, apportant leur épée pour la
liberté de ses ancêtres. Avec quel orgueil il
disait « Ma grand'mère avait vu La Fayette.
Elle me le dépeignait si bien dans mon enfance
qu'il me semble l'avoir connu, jeune, élégant,
loyal,, brave, ivre de dévouement, telqu'il sauta. à
sur notre rivage, quand nous nous battions
pour la liberté'. »
Dans ses conférences, dans ses articles, dans
sa conversation, toujours revenait cette affir-
mation « Mon pays sait ce qu'il doit au vôtre.
Après une courte absence, durant laquelle M.
Whitney Warren et aussi Mme Whitney
Warren avaent été recueillir les magnifiques
largesses à notre égard de leurs compatriotes,
et faire campagne pour nous dans l'opinion
américaine, laissant leur tout jeune fils infir-
mier dans nos premières lignes, notre grand
ami déclarait, au cours d'une conférence pro-
noncée le 25 mai 1916
CI Je rapporte de là-bas la certitude rue le
peuple américain est fidèle à son amitié, qu'il
est prêt à vous payer la dette contractée tu
dix-huitième siècle, et qu'en vous témoignant
sa reconnaissance, il a conscience d'obéir non
seulement à un devoir privé, mais aux grandes
traditions publiques qui sont à l'origine de son
histoire. »
Nous plaignons sincèrement ceux qui n'ont
pas goûté la joie savoureuse d'une conférence
de M. Whitney Warren. Cet artiste, architecte
de profession, et membre correspondant de
notre Institut à ce titre, est un très grand ora-
teur, bien qu'il n'y prétende nulLement, et,qu'il
prononce sur un ton familier, sans emphase,
sans gestes, des discours où la logique la plus
serrée, l'ironie la plus fine alternent avec des
morceaux de l'emportement le plus chaleureux.
Tout semble dit sur le même ton, avec un ac-
cent qui paraîtrait une adresse si nous ne con-
naissions la simplicité de cette âme haute. Le
visage glabre, aux traits régulters, ne s'animo
pas plus que le timbre de la voix. Et cependant,
à certains passages, quand cet étranger il notre
race décrit notre âme avec une pénétrante, une
puissante sympathie, quand ce neutre, avec un
flegme sous lequel on sent brûler son indigna-
tion, stigmatise en des termes décisifs le crime
allemand contre toute la beauté, toute la
loyauté, toute la liberté du monde, quand cet
artiste nous expose, en des phrase.s mesurées,
mais d'autant plus impressionnantes, son indi-
cible, douleur, devant les ruines da Reims, de
Soissons, d'Arras, devant l'irréparable désastre
de ces monuments du génie français, fleurs de
la civilisation latine, où le nouveau monde
puise le goût de la grâce suprême, -qui. de
nous ne s'est pas senti remué jusqu'au fond de
son être, et n a pas dû faire effort pour conte-
nir une émotion que le noble orateur s'interdir
sait à lui-même d'exprimer autrement que par
la poignante intensité de sa parole tranquille ?
i.'
Comment s'étonner de la place quo M. Whit-
ney Warren a prise chez nous depuis le début
de la guerre? Ce véritable apôtre du droit, de
l'idéal, de la civilisation, voyant en péril, sous
une ruée de barbarie savante, tout ce qui cons-
titue la dignité des peuples comme celle des in-
dividus, sest dressé avec une telle force, s'est
placé à nos côtés avec une si ferme résolution,
que nous v& pouvons pas l'appeler un « neu-
tre Lui-même n'admet pas qu'il y ait.des neu-
tres. Il adm.et et tout juste qu'il y ait dés
non-belligérants, mais il ne tolère pas qu'une
seule conscience humaine puisse rester indiffé-
rente dans un conflit où la victoire allemande
anéantirait l'honneur, la sécurité, la foi réci-
proque, la base même d'un progrès millénaire
qui se croyait assuré.
Les empires du centre ont agi vis-à-vis de l'u-
nivers comme une banque aux caves bourrées
d'or qui refuserait son papier à ses guichets.
Le crédit financier, cette conquête extraordi-
naire de la confiance et de la probité, pourrait
aussi risquer de périr dans quelque attentat
inouï d'un peuple riche. Le crédit moral, con-
quête plus précieuse de l'humanité, périra-t-il
parce qu'une race monstrueusemnt forte renia
sa signature et tous les principes jurés ?
Par son activité passionnée, M. Whitney
Warren aura fait pour le défendre ce que nos
soldais au clair regard c'est lui-même qui
vante os beau regard français font par le sa-
crifice total, héroïque, de tout ce qui leur est
cher et de leur vie.
Mais, justement à cause de son amour pour
la France, M. Whitney Warren a rêvé qu'elle
fût en rapports plus étroits, non seulement
avec ses compatriotes à lui, mais avec les alliés
qui, tout en la secondant, peuvent ne pas être
tout à fait compris par elle, ou ne pas tout à fait
la comprendre.
Investi de la confiance de tous les gouvernants
comme de tous les chefs militaires de l'Entente,
cet homme infatigable est allé étudier le sen-
timent italien, l'effort italien, jusque dans les
régions presque inaccessibles et constamment
périlleuses où les héros de notre sœur latine
déploient une si magnifique audace. M. Whit-
i ney Warren a repassé les Alpes l'esprit plein
de témoignages admirables.-Hle visions r,subli--
mes, et aussi de ces confidences que les chefs.
d'Etat ou d'armée remettent parfois plus volom
tiers à l'ami, dont le cœur chaleureux servira
de truchement, qu'au diplomate de profession.
Dans son magnifique article de la Renaissance
sur l' a Effort italien r, M. Whitney Warren n'a
pas livré au grand public les confidences déjà
transmises par lui à qui de droit. Mais il nous
a dit de ces choses qui scellent les cœurs des
peuples, qui font déborder de l'un à l'autre l'es-
time et l'admiration mutuelles.
Ce fut une préparation non officielle, mais
d'autant plus opportune, aux conversations de
Rome, où les chefs de l'Entente viennent d'éla-
borer un avenir de collaboration plus étroite
que jamais.
Hier, c'est en Espagne que M. Whitney War-
ren portait la flamme de sa parole et de sa foi.
Dans quelque mesure que le grand Améri-
cain ait pu la laisser briller, cette flamme.-
trop brûlante peut-être pour l'atmosphère for-
cément tempérée d'un pays neutre ce pays,
ce généreux et fier pays de don Quichotte et
du Cid, y aura vu surtout l'éclatant reflet des
vertus méditerranéennes dans un© âme éprise
de lumière, de vérité, de loyauté de clarté, de
chevaleresque abnégation. L'Espagne, pour
M. Whitney Warren, est une de ces terres bé-
nies, héritières de la rayonnante civilisation
latine, où l'honneur, la justice et le droit fleu-
rissent très haut, bien au-dessus des grossiers
intérêts, loin de l'astuce, de la brutalité, de
l'audace effrénée du plus fort.
Vers cette civilisation vraiment divine qui?»
rendit la parole sacrée, Fart clair, la liberté
souveraine, le droit imprescriptible, M. Whit-
ney Warren voit avec joie pencher l'immense
coeur de sa patrie bien-aimée. Comme une.
écume sur l'or en fusion, il regarde flotter sur
la conscience américaine les scories sombres
de quelques éléments étrangers à sa race et qui
lui représentent la basse avidité des instincts.
C'est trop pour lui. Et cependnnt il sait que
c'est peu de chose. Il a confiance dans les
siens. Il retourne vers eux pour leur jeter à
pleines mains, à plein souffle, à pleine voix,
ce qu'il a vu dans Paris menacé, sur l'Yser, en
Champagne, à Reims, dans les casemates crou-
lantes mais reconquises du fort de Vaux, par-
mi'les neiges des Alpes italiennes, sur les ro-
chers du Carso, et pour attester le monstrueux
martyre de la Belgique fidèle et crucifiée.
Ce'qu'il a vu, c'est le plus effrayant péril
qui jamais ait plané sur tout le progrès hu-
main, et ce qu'il dira, c'est la reconnaissance
que doit, le monde aux peuples héroïques qui,
mal préparés, m compris, mal soutenus, ont
affronté ce péril et se sont résolus à en pré-
server l'univers.
Au revoir, Whitney. Warren La France
qui, tout entier, connaît et bénit votre nom,
vous remercie. Elle vous attend pour la vic-
toire. Elle vous tendra que peut-elle vous
offrir de mieux? une des fleurs cueillies
pour ses glorieux soldats. Et si, au cours de
votre traversée, les mirages da l'océan vous
font entrevoir évocation mystérieuse ce
La Fayette dont votre grand'mère gardait pieu-
sement le souvenir, ce sera la main tendue
vers vous que surgira le héros si pur, tandis
que, dans les rumeurs des flots, vous enten-
drez sa voix qui vous dira « Mon frère ».
Daniel Lesueur
d'avanî-hiep soir
En rendant compte, hier, de la façon dont
l'alerte fut donnée à Paris, nous indiquions,
en quelques lignes, ce qui l'avait motivée et
d'où était venue la première alarme. La cen-
sure crut devoir nous supprimer cette informa-
tion. Plusieurs de nos confrères, cependant,
furent mieux traités. Aussi, empruntons-nous
au Temps ce qu'il lui a été permis de publier
à ce sujet
« On apprit plus tard que la première alerte
avait été donnée par le poste d'observation do
Samois, près de Fontainebleau. L'escadrille
des aviateurs du Bourget avait aussitôt pris
son vol, malgré la tempête de neige qu1 ren-
dait la navigation aérienne singulièrement né-
rilleuse, et pendant deux heures elle explora
les nuages, croisant a.u-dessus do Paris et de
la banlieue. A Melun, où le ministre do l'inté-
rieur dema,ndait dos renseignements, on
n'avait aperçu aucun zeppelin. A Samois, nar
contre, un guetteur avait cru voir uno ombre
glisser dans une couche de nuages les artil-
leurs tirèrent douze coups de canon vers la
masse signalée par le guetteur un des projec-
tiles alla tomber à Héricy, où l'on crut un ins-
tant S une bombe jetée par le zeppelin^ mais
ne causa d'ailleurs aucun dégât.
Il apparaît clairement que l'alerté fut une
fausse alerte.
NOUVELLES NOTES DE L'ENNEMI
lis avaient encore
quoique dose à dire.
Les neutres ont eu, hier, la surprise de rece-
voir deux nouvelles notes l'une venait de Ber-
lin, l'autre de Vienne. La première émanait du
gouvernement allemand, la seconde du cabinet
austro-hongrois. Toutes deux étaient conçues
à peu près dans le même esprit et rédigées dans
les mêmes termes, à exception d'un paragra-
phe.
Apportaint-elles quelques lumières inatten-
dues da ns Le débat sur la paix si brusquement
ouvert par les puissances centrales ? Préci-
saient-elles, enfin, les fameux buts de guerre
que M. Wilson avait vainement réclamés à nos
adversaires ?
Non point. Et l'on se demande encore ce que
signifie ce grimoire confus, fastidieux et puéril.
Il signifie, sans doute, que les Austro-Alle-
mands, comprenant tardivement -lue le ter-
rain sur lequel nous nous sommes placés vis-
à-vis des neutres et particulièrement des Etats-
Unis celui de la sincérité nous a déjà as.
suré une supériorité dans la lutte diplomati-
que désormais engagée, ont jugé qu'il fallait
essayer de détruire l'effet produit par la force
de nos arguments.
Aussi bien ils inaugurent une nouvelle tac-
tique renonçant à leur dernière méthode, qui
consistait à laisser dans l'ombre Les origines
de la guerre et ses responsabilités, ils res-
sortent tous les mensonges piteux qu'ils ont
étalés dans leurs journaux sur les causes du
conflit. Ce monument d'impostures est vrai-
ment plaisant à parcourir c'est un défi d'un
beau cynisme à la flagrante vérité historique,
c'est une riposte à la fois lourde et creuse à
la réalité incontestée des faits désormais éta-
blis à travers laquelle on perçoit leur désir
d'alimenter a polémique commencée et par
conséquent de continuer la conversation qu'ils
ont amorcée.
Nous nous garderons de faire le jeu de l'ad-
versaire en nous laissant entraîner dans la
voie des discussions sans issue. Nous ne
croyons pas, au reste, qu'il se trouve aujour-
d'hui un seul neutre de bonne foi qui hésite
à reconnaître la fausseté des allégations con-
tenues dans ces deux documents dont on lira
le texte plus loin. Il s'indignera de ce que les
Allemands osent prétendre que la Belgique
a eu Le sort que méritait son interprétation de
ses devoirs de neutralité » de ce que les
1. Autrichiens aient l'aplomb de soutenir qu'en
la gu erre ils répondaient à la. ^pro-
vocation de la Serbie. Mais ceci n'est encore
rien, à côté des arguments à l'aide desquels
nos ennemis tentent de prouver que s'il y a
eu violation du principe des nationalités et
du droit des gens, ce sont les alliés qu'il faut
en accuser, les alliés qui ont asservi tantôt
les Irlandais, tantôt les Boers, tantôt les nè-
gres et les Arabes de l'Afrique occidentale qui,
aujourd'hui encore, « maltraitent » les pau-
vres Grecs, et cherchent à affamer les pau-
vres Allemands.
Berlin et Vienne nous reprochent nos cam-
pagnes coloniales, oubliant les leurs, oubliant
qu'ils ont infligé, aux populations de l'est
africain, un traitement que nous n'avons ja-
mais songé à imposer aux Marocains et aux
Algériens ils oublient que 150.000 Irlandais
combattent aujourd'hui volontairement dans
les rangs de l'armée britannique, tandis, qu'ils
sont contraints d'arracher par la violence les
Polonais à leurs foyers, pour les jeter dans la
mêlée ils oublient que si nous avons insti-
tué le blocus c'est en conformité des droits
séculaires de la guerre maritime, tandis qu'ils
ont inauguré une piraterie sauvage sur les
mers.
Et pour comble de cynisme, ils déclarent que
leur guerre-strictement défensive a atteint ses
buts 1 Que sont ces buts,, qui s'appellent Buca-
rest, Belgrade, Varsovie, Bruxelles, Lilla, Laon,
Mézières, etc., sinon des buts de conquête ?
Le neutre équitable et clairvoyant ne s'y trom-
pera point il placera en regard de ce plaidoyer
qui n'est si visiblement qu'un vaste bluff, notre
réponse au président Wilson, si claire et si pré-
cise. il constatera que les buts de guerre qui y
sont énumérés ne tendent qu'au rétablissement
Ses frontières naturelles de chacune des nations
sur lesquelles s'est appesantie la lourde griffe
germanique il constatera que la revendication
si émouvante de la Belgique, dans son texte dé-
finitif, ne fait allusion qu'à l'intégritô de son
territoire européen.
Leurs Projets d'offensive
Ils parlent d'attaquer sur tous les fronts
Ecrasement de Sarrail, marche sur Rétro-
grade, offensive en France et en Italie,
etc., etc.
La correspondant berlinois du New-Y envisage, dans un de ses derniers radiojtélégrain-
mes, les divers projets d'offensive étudiés dans les
milieux militaires allemands. Il y a, dans-cet ex-
posé, quand on a fait Ja part du bluff, quelques in-
dications qui ne sont pas sans intérêt. Voici, à
titre documentaire, ce qu'écrit le correspondant
germano-américain
Sans faire aucune insinuation, je puis par-
ler de ces projets d'offensive, qui sont te sujet
de toutes les conversations.
Il y a de séduisantes perspective d'écrasan-
tes victoires qui. militent en faveur de l'onen-
sive contre Sarrail. On dispose de vieilles
troupes aguerries, au maximum de leur forme
après la campagne roumaine, et on les a sous
la main. Un autre avantage serait de conser-
ver l'armée bulgare engagée dans une affaire
susceptible d'augmenter son enthousiasma
ûçffnbatif, et vraisemblablement d'entraîner la
Orèoe- dains le camïK des puissances centrales.
Un autra projet tentant consisterait en une
grande offensive à travers la Galicie et la Bes-
sarabie contre la ligne Kief-Odessa. Il y a déjà
sm' place des troupes qui pourraient facile-
ment être employées à la conquête do ce gre-
nier do la Russie, et ce serait une solution à
la question alimentaire pour les puissances
centrales.
Il pourrait aussi so produire une offensive
(dans genre de celle que préconisait Hin-
demburg autrefois) en Courlando et en Lithua-
nie contra Rétrograde, dont la prise pousse-
rait la Russie à accepter une- paix séparée.
Il y a, encore d'autres projets bien sédui-
sants, tels que l'offensive contre l'Italie ou l'of-
fensive sur le front occidental.
Tous ces projeta sont rendus possibles par
l'élimination de la Roumanie du théâtre de
la.,guerre.La ligne du Sereth étant atteints,
le bat primitif de la campagne roumaine a été
complètement réalisé. Les ressources alimen-
taires et les sources pétrolifères de la Rou-
manie sont entre Les mains des Allemands.
L'armée roumain© n'est plus qu'un facteur
négligeable. Toute offensive russe heureuse
contre les lignes da communication alleman-
des avec l'Orient ou contre Constantinople a
été rendue impossible.
La front roumain, long de 400 kilomètres,
n'est plus considéré que comme une partie du
long et vulnérable front russe, et maintenant,
en fait, il n'y s plus que des troupes russes
qui se battent sur ce qui reste du sol roumain.
Neuf corps d'armée russes occupent le théâtre
de la guerre en Roumanie, alors qu'une seule
faible division représente l'armée roumaine
sur la ligne de feu.
LES OPERATIONS EUSSES
La bataille sur le front de Riga est acharnée
L« communiqué du grand état-major russe
du 12 janvier dit que la veille, jeudi, les Alle-
mands ont attaqué les Russes à l'est de Koln-
cem et ont été repoussés par une contre-at-
taque.
De Pétrograde, on télégraphie que la ba-
tailla sar le front de Riga accuse un acharne-
ment particulier. Afin d'affaiblir la poussée
russe les Allemands ont passé à l'offensive sur
d'autres secteurs du front septentrional, prin-
cipalement devant Dvinsk.
Mais le général Roussky a prévu cette diver-
sion, et il a immédiatement pris les disposi-
tions nécessaires. Finalement, même sur le
front de Dvinsk, rinïtrative appartient à nos
alliés. L'adversaire fait des efforts énergiques
et prompts pour enrayer l'avance russe.
Aussi ne saurait-on se prononcer encore sur
les conséquences do l'offensive du général
Roussky.
Le communiqué russe d'hier annonce égale-
ment qu'au sud du village do Zoubilne (entre
Wladimir-Wolynsky et Loutsk, à dix verstes
au sud du bourg de Kisseline), l'ennemi a
tenté une attaque par les gaz que le vent a fait
échouer.
Trois régiments allemands anéantis
Une dépêche de Pétrograde, reçue hier soir,
annonce qu'au cours de l'offensive russe à
l'ouest de Riga, les i-i", 22* et 329" régiments
d'infanterie allemands furent complètement
anéantis. Parmi les prisonniers capturés, on
remarque l'inspecteur médical militaire Splitt,
propriétaire de plusieurs maisons de Riga.
La Roumanie en guerre
La résistance russo-roumaine continue
Communiqué du grand état-major russe du
12 janvier
Au cours d'une reconnaissance, près de la
vallée de la Putna, un de nos aviateurs a ren-
contré deux appareils et contraint l'un d'eux à
atterrir.
Au sud de la rivière Oltuz, l'ennemi a atta-
qué et repoussé légèrement nos troupes.
A l'ouest do Monastirka-Kassinoul (sur la
Kassina), l'ennemi a attaqué les Roumains,
mais^il a été rejeté, et les Roumains passant à
René d'Aral
l'offensive ont refoulé rennsmi à deux vèrstes
vers le. sud.
Ainsi furent repoussées lès attaques enne-
mies dans les régions au. nord-est de Kempu-
rila, sur la Susita, et près de Cotou-Misali-
kouw, à huit verstes au sud-est de l'embou-
chure du Buzeu.
Ce que dit l'ennemi
Les bulletins ennemis du 11 janvier ne si-
gnalent que quelques actions dans la Moldavie
occidentale les contingents de l'archiduc
Joseph auraient progressé quelque peu dans
les vallées de l'Uzu et .de la Susita. Aucun
changement sur le front des armées Macken-
sen, qui sont arrêtées entre la Putna et le
Sereth.
L'évacuation de Braïla
Des' réfugiés roumains arrivés de Braïla à
Odessa, rapportent que les autorités ont eu
tout le temps voulu pour évacuer la ville et en
détruire les approvisionnements, notamment
cinquante mille quintaux de blé achetés -nar
les Anglais et non exportés. Tous les dépôts
de pétrole et d'essence minérale furent incen-
dies. Les flammes, chassées par un, vent vio-
lent, réduisirent en cendres une plus grande
partie de la ville.
GÉassê italien coulé
sombre
sur des mines.. Il. y a près
de Victimes
Le ministère de la marine italienne a; communi-
qué, hier soir, la note que voici
De sérieuses raisons de caractère militaire qui
en avaient empêché jusqu'à présent la publica-
lion ayant cessé, on annonce que, dans la nuit
du 11 décembre, le navire de guerre Regina-
Marg-herita a heurt¿ en naviguant deux mines
et a coulé.
Par suite de Vimportan.ce des déchirures pro-
duites dans la quille du navire, celui-ci a été
submergé et, en quelques minutes, a coulé par
l'avant.
Des 945 personnes qui se trouvaient à bord, la
plupart ont été entraînées au fond et ont dis-
paru, avec le navire.
Des circonstances défavorables ont rendu très
difficile le sauvetage des survivants 27C ont
été cependant sauvés. Le commandant du na-
vire et quatorze officiers sont parmi les dis-
parus. ̃
En dehors des pertes de navires annoncées
officiellement jusqu'ici, aucune autre ne s'est
produite et les nouvelles contraires répandues
depuis quelque temps dans le Public sont, en
conséquence, absolument fausses.
La datait de 1902. C'était un
bâtiment de 135 mètres de long sur 'H mètres de
large.; il jaugeait 13,500 tonnes et" avait des ma-
chines 'd'une força de lSf.OOO chevaux. Son arnje-
ment comptait une trentaine de çanons 4e divers
calibres et quatre tubes lance-torpilles.
EN EVBÉSOPOTÂMIE
Un nouveau succès britannique sur le Tigre
Un communiqué de l'arméa da Mésopota-
mie annonce que dans la matinée du 10 jan-
vier, les troupes britanniques, malgré le
brouillard, ont continué les opérations au
nord-est do Kout-el-Amara, sur la rive droite
du Tigre. A la tombée de la nuit, nos alliés
étaient maîtres de la plus grande partie des
tranchées turques de la rive droite du Tigre,
dans la boucle au nord-est do Kout.
Le nombre des prisonniers faits s'éleva à
178, dont 7 officiers. Une seule tranchée de
communication, longue do 300 yards, renfer-
mait 200 cadavres turcs et la situation semble
devoir être analogue ailleurs.
EN ANGLETERRE
L'OEUVRE DE LA MARINE BRITANNIQUE
Un discoure de l'amiral Jellicoe. Ce qu'a
fait la flotte au cours de la guerre
L'amiral sir John Jellicoe, premier lord naval
de l'Amirauté, a été reçu comme membre hono-
raire de la corporation des poissonniers de Lon-
dres. Il a assisté à un banquet à l'issue duquel
il a prononcé un discours sur la situation na-
vale, discours fort intéressant dont nous don-
nons les passages essentiels.
L'amiral a rappelé tout d'abord qu'au temps
de Napoléon, les navires ouvraient le feu a 800
mètres environ, on l'ouvre maintenant à 20,000
mètres et le feu commence à être très efficace à
environ 16,000 mètres. Une torpille lancée en
surface, ayant une portée d'environ 9,000 mè-
tres, les navires sont obligés de rester au-delà
de cette portée pendant la lutte d'artillerie.
D'autra part, les conditions de visibilité obli-
gent les flottes à être accompagnées par un très
grand nombre de contre-torpilleurs. L'emploi
des sous-marins et des mines modifie les condi-
tions de lutte pour les gros navires et empêche
1e blocus étroit des temps anciens. Enfin, autre-
fois, les flottes exerçant le blocus surveillaient
l'ennemi de près maintenant, la flotte an-
glaise»est obligée de surveiller les navires alle-
mands de loin, d'où facilité plus grande pour
1'ennemi de s'échapper et difficulté correspon-
dante pour l'adversaire de l'en empêcher.
Malgré cela, a dit sir Jellicoe, une fois seulement
l'ennemi a aventuré assez loin le gros de sa flotte
pour nous donner l'occasion de l'attaquer. Aucun
navire, neutre ou britannique, n'a jamais aperçu
1a, flotte allemande de haute mer loin de ses bases.
Le 19 août 1916, la flotte «amemie s'est rapprochée
de nos eûtes, mais elle s'est empressée de s'en re-
tourner dès que la présence de notre flotte lui fut
signalée par ses avions.
Les raids sur les côtes anglaises ont toujours
été exécutés de nuit, l'ennemi se retirant devant des
forces relativement fa&les. Ces raids sont exécutés
dans le but de noua inciter à diviser nos forces
pour garder tous les points vulnérables aussi,
lorsque l'ennemi se vante de fouiller la mer du
Nord, c'est une fanfaronnade dénuée de fonde-
ment.
L'amiral, pour marquer l'importance de l'ac-
tivité navale anglaise, dit que les navires de
toutes classes qui composent la flotte britanni-
que sont au nombre d environ 4,000. L'activité
s'étend de la mer Blanche, où l'Angleterre
prête son aida aux Russes, jusqu'à l'océan Pa-
cifique, où elle donne la main aux Japonais.
Sir Jellicoe rappelle le travail des croiseurs
dans les eaux territoriales, qui journellement,
arraisonnent et visitent environ 80 navires pour
empêcher les ravitaillements de parvenir à l'en-
nemi.
L'amiral fait ensuite l'éloge de la marine
marchande, sans laquelle la nation ne pourrait
pas continuer à vivre. Grâce à elle, plus de sept
millions d'hommes ont été' transportés avec
tout le matériel de guerre, nécessaire.
C'est la marine marchande qui fournit les
2,500 hommes qui sont occupés ,à draguer les
mines et exécuter des patrouilles. Sir Jelli-
coe fait d'eux le plus grand éloge, et il insiste
sur l'héroïsme des hommes qui courent tant
de dangers, soit du fait des mines, soit du fait
des sous-marins, et qui sont toujours prêts ce-
pendant à retourner en mer.
CI La menace sous-marine accrue demande.
toute notre attention, je suis certain, ajoute sir
Jellicoe, que noua saurons prendre Les mesures
efficaces, il
L'amiral insiste sur la nécessité de dévelop-
per les constructions navales et demande aux
ouvriers des chantiers de multiplier leurs ef-
forts.
Il termine en faisant l'éloge du marin britan-
nique, qui continue les nobles traditions da
ses pères.
La Terreur
en Belgiqfue
La réponse demande
à Sa protestation hollandaise
A la Chambre hollandaise, le ministre des
affaires étrangères répondant à une question
de M. Duyr, député socialiste, sur les déporta-
tions de Belgique, a donné lecture de la ré-
ponse du gouvernement allemand à la note de,
la Hollande, en date du 29 décembre dernier.
En voici les principaux passages
Le gouvernement allemand considère qu'il est de
l'intérêt de l'ordre public d'enip&cher autant que
possible les ouvriers de rester sans travail et da
tomber ainsi à la charge de la bienfaisance. La si-
tuation défavorable de l'industrie belge ne permet
cependant pas de fournir une occupation à tous les
sans-travail qui peuvent d'autre part trouver en
Allemagne des emplois rémunérateurs.
Un grand nombre d'ouvriers s'y sont rendus vo-
lontairement ceux qui n'ont pas voulu suivre leur
exemple y ont été contraints, conformément aux
prescriptions de l'ordonnance du 15 mai 1916. Tout
travail auquel le droit des gens interdit d'employer
la population de» territoires envahis est naturelle-
ment exclu. Enfin, le transport das Belges en Alite-
magne n'est pas opéré on contravention avec l'arti-
cle G2 de la quatrième convention de- La Haye (1907).
En ce qui concerne les assurances données en
octobre 1914 par M. von Huehne, gouverneur d'An-
vers, au député belge Franck et aux autorités
néerlandaises relativement aux Belges réfugiés en
Hollande, ces assurances ne concernaient que les
habitants d'Anvers, Borgerhout et Berchem. où les
ouvriers touchaient des salaires fixes. Elles ne
concernaient pas les habitants des autres villes ni
en général les chômeurs.
Le gouvernement allemand estime donc que las
promesses de M. Von Huehne ne sont pas en con.
tradiction avec les mesures récentes.
Le gouvernement allemand, tenant cependant
compte dea malentendus dont pourraient se plain-
dre tant les autorités néerlandaises que les tra-
vailleurs belges, se déclare prêt à rapatrier les ou..
vriers réfugiés ou déportés, à la condition que la
Hollande veuille bien recueillir ceux qui ne peu,.
vent trouver aucun travail en Belgique.
On estime que la réponse allemande consti-
tue un succès pour le gouvernement hollan-
dais, dont la loyauté et la générosité vis-à-vis
de la Belgique feront ka meilleure impression
chez les alliés. Quant aux raisons alléguées
dans la note, on les considère, à La Haye,
comme une nouvelle manifestation de l'hypo-
crisie allemande.
En même temps qu'il faisait annoncer tquer
des taux de salaires seraient établis et rendus
obligataires pour la défense nationale, le minis-
tre des munitions donnait à un de nos confrè-
res une interview illustrant son communiqué.
Et, comme le journaliste lui posait naturelle-
ment. la question « Quelles seront les sanc-
tions ? » M. Albert Thomas a répondu
Les sanctions ? Elles ne pourront être qua
l'arbitrage obligatoire et la réquisition.
En temps de paix, l'arbitrage obligatoire soule-
vait des critiques, dont la principale était que l'ar-
bitre pouvait être influencé dans un sens ou dans
l'autre. Elle ne pout pos valoir en temps de guerre,
où il n'est pas possible da supposer que l'arbitre
ait une autre pensée que l'intérêt de la défense na-
tionale.
En temps de paix on ne voyait pas de sanctions
possibles. En temps de guerre il doit en être autre-
ment.
S'il est nécessaire, la. procédure de réquisition
sera employée contre les patrons qui ne consenti-
raient pas, a respecter les tarifs et la main-d'œuvre
sera également requise dans les conditions équita-
bles ainsi établies.
C'est fort bien. Il est, en effet, très possible
d'instituer des salaires uniformes et, au besoin,,
de rendre l'arbitrage obligatoire. Mais la réqui-
sition ?.
On voit parfaitement l'Etat réquisitionnant
les patrons et leurs établissements. Le voyez-
vous réquisitionnant "la main-d'œuvre récalci-
trante Comment ? en vertu de quelle loi ? par
quels moyens de contrainte ?. Que signifie
cette menace d'une sanction à peu près impos-
sible ? M. A. Thomas aurait-il perdu le souvef
nir de ce que des ouvrières de Saint-Etienne ré-
pondirent, à lui ou à un de ses délégués, au
sujet d'une réquisition éventuelle ?
De plus", en admettant que M. Albert Thomas
puisse réquisitionner des ouvriers et ouvrières,
il est infiniment probable, pour ne pas dire cer-
tain, que le rendement de cette main-d^œuvr©
d'Etat deviendrait immédiatement très inférieur
au rendement normal. Maintes expériences ren-
dent notre hypothèse plus que plausible.
Il est temps, d'ailleurs, qu'un peu de vérité
arrive au public sur les grèves qui paralysent
trois grands établissements travaillant pour la
défense nationale.
Pour 'les comprendre, il faut s.e remémorer!
la grève qui s'est terminée le 24 décembre
1916 et relire les journaux du mois derier. Les
patrons avaient promis d'examiner avec bien-
veillance les réclamations des grévistes, de¡
relever la rémunération de l'exécution des piè-
ces et. au besoin, d'élever le taux des bonis
mais ils demandaient un délai minimum da
trois semaines à un mois, l'étude des tarifs de-
vant porter sur vingt-cinq mille pièces diffé-
rentes environ. Or, dès le 8 janvier, le person-
nel de trois usines a quitté le travail sous le
prétexte que les patrons n'avaient pas tenu leur
promesse I Je dis prétexte, car, à l'heure qu'il
est, dans un au moine des établissements tou-
chés par la grève, la direction n'a pas encore
été saisie d'une réclamation positive, bien que
le travail ait cessé depuis cinq jours.
Le personnel féminin forme" à peu près la;
moitié du nombre des grévistes. Il semble avoir
donné le signal de la grève, mais il a été, en
réalité, entraîné par trois ou quatre douzaines
de jeunes gens de dix-huit et de dix-neuf an9
et il a trouvé un appui immédiat chez les spé-
cialistes mobilisés. Ceux-ci agissent sous l'em-
pire de trois sentiments qu'ils ne cachent pas
1° se rendre indispensables 2° faire rappeler
du front le plus grand nombre possible de leurs
camarades -r- par esprit de solidarité, disent-ils
et. pour ce, limiter la production 3° aug-
menter leurs salaires.
Quelle est la condition des femmes dans les
usines de guerre ? Le taux d'embauché d'une
femme, simple manœuvre, varie de 40 à 50 cen-.
times l'heure. Pendant qu'elle fait son ap-
qui dure de deux à trois mois, elle
touche donc dans les cinq francs par jour,
comme l'on dit, et est loin de produire ce qu'elle,
coûte. Devenue ouvrière, son salaire varie,
selon son habileté et son activité, entre 6 francs
et 8 fr. 70 pour une journée de onze heures, le?
bonis compris. Bien entendu, les ouvriers spé>
cialistes gagnent bien davantage.
Quoi qu'en disent certains journaux, les ou-'
vrières et ouvriers sérieux ne ss plaignent pas'
de tels salaires que M. Albert Thomas aura
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SAMEDI 13 JANVIER 191?
ARTHUR MEYER
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ARTHUR MEYER
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•̃ (&̃£• du bOBisvarda Uontauutr» «I 4m '«t«-ti)
ANNONCES
•OClfiTâ OÉNÉRALB DES ANNONCBf
'8, KM» DB LA «OTOM, 8
Mt è Vadminittralion du fournit
Lu manuscrit» » tout pu randos
AJDK8S8E TtLtOBAPmOP» GAULOIS, PARI*
Lip& à la troisième page
FÉPfCHES DE LA DERNIERE HEURE
Communiqués
officiels
Communiqué du 12 janvier, 14 heures
Nuit calme sur tout le front.
Communiqué du 12 janvier, 23 heures
Dans les Vosges, à la suite d'une concentra-
tion de feux de notre artillerie, une reconnais-
sance a pénétré dans les tranchées allemandes,
a réduit les défenseurs et ramené des prison-
niers.
Canonnade habituelle sur le reste du front.
EN ORIENT
Période d'accalmie
Ainsi que nous l'avons indiqué hier déjà à
nos lecteurs, la situation des armées opérant
sur les fronts de Russie et de Roumanie n'a
subi depuis quelques jours aucun changement
appréciable. De violents combats continuent ce-
pendant de se dérouler tant dans le secteur de
iga que dans celui du Sereth, mais l'issue en
demeure pour le moment fort incertaine, et les
lignes avancées des belligérants restent in-
tactes dans leur ensemble. Devant Mitau, en
particulier, à l'extrémité nord du front orien-
tal, la lutte se poursuit, très active, pour, la
possession du village de Kaluzeem, qui,
comme le savent nos lecteurs, se trouve situé
entre la rivière Aa et les vastes marais de Tir-
roui pour le moment du moins, ce bourg
semble être encore occupé par nos ennemis,
puisque, aux termes du récent communiqué
russe, les Allemands auraient subi un échec
local à l'est de Kaluzeem..
L'imprécision toujours croissante de notre
documentation nous interdit plus que jamais
de chercher à analyser les intentions du gé-
illéral Roussky dans cet important secteur.
La ville de Mitau serait-elle réellement me-
nacée par nos amis russes, ainsi que plusieurs
dépêches officieuses nous l'annoncent depuis
quelques jours Voilà ca qu'il nous est encore
impossible d'affirmer.
Sur le front de Moldavie, les armées en pré-
sence occupent encore, à l'heure qu'il est, des
positions.de combat jalonnées par les vallées
de la Susita et de la Putna, affluents du
Sereth.
Il est d'ailleurs assez réconfortant de penser
que la IX* armée allemande n'a point encore
réussi, malgré ses efforts désespérés, à fran-
chir les lignes du Sereth, qui protègent encore
la Moldavie méridionale et la frontière russe
de Bessarabie contre les tentativeS de l'envahis-
seur.
Il y a tout lieu d'espérer que la progression
vers l'est de Falkenhayn va se trouver arrêtée,
au moins pendant la période d'hiver, et que
..nos alliés russo-roumains auront ainsi le loisir
de procéder à un nouveau regroupement de
leurs forces et à l'organisation défensive et
offensive de leurs lignes.
LA NOTE BELGE
Une Rectification
Une erreur s'étant produite dans a transmis-
sion à la presse du texte de la note belge, re-
mise à l'ambassadeur des Etats-Unis, le 10 jan-
vier, nous reproduisons ci-dessous le texte offi-
ciel du sixième paragraphe de cette note, tel
qu'il doit être lu
S'il est un pays qui a le droit de dire qu'il a pris
les armes pour détendre son existence, c'est assu-
rément la Belgique. Forcée do combattre ou de se
soumettre à la honte, elle désire passionnément
qu'un terme soit apporté aux souffrances inouïes
de sa population. Mais elle ne saurait accepter
qu'une paix qui lui assure, en mémo temps qua
des répa.rations équitables, des sécurités et des ga-
ïanties pour l'avenir.
Tout le reste de la note est identique au texte
que nous en avons donné hier. Pour se rendre
compte de la diférence entre les deux rédac-
tions, nos lecteurs n'auront qu'à se reporter au
Gaulois de vendredi.
Tfevoir!
Oui, au revoir Car il nous reviendra, ce
grand ami de la France qui, aujourd'hui
même, s'embarque pour son pays natal,
l'Amérique, après avoir consacré deux ans et
demi de son existence à notre patrie, aimée
par lui à l'égal de la sienne,. plus aimée,
lirions-nous au secret de son coeur, plus aimée
momentanément, parce qu'elle était en péril,
héroïque et douloureuse.
Il nous reviendra, ce La Fayette civil que
fut Whitney Warren, qui eût été un
La Fayette guerrier s'il avait eu les vingt ans
de son modèle, et qui, un moment voulut
l'être, quand il obtenait du général Galliéni la
promesse d'être emmené avec lui si le sauveur
de Paris recevait, comme il en était question,
la charge de quelque important commande-
ment sur le front.
Il reviendra, pour célébrer notre victoire, qui
sera sa victoire, dans la même ivresse que n'im-
porte lequel d'entre nous, comme son ami,
l'ex-ambassadeur Bacon revint, à l'heure de
notre danger, et dans des sentiments sem-
blables, dont il nous a donné l'explication.
« On. n'occupe pas impunément écrivait
M. Whitney Warren dans ses Souvenirs sur
Galliéni, « le rôle d'ambassadeur à Paris. Il
'semble que ce soit une mission dont on ne se
désiste jamais tout à fait, et les devoirs qu'elle
crée survivent à la fonction proprement dite.
Bacon en est l'exemple. Bacon, en effet, accou-
rut aussitôt que possible, dans la capitale où,
naguère, il avait été appelé à représenter, avec
beaucoup de bonheur, la République des
Etats-Unis. Il arriva en France en même temps
que M. Sharp, titulaire actuel et dévoué du
plus beau poste diplomatique. Paris réunit
donc à un moment, qui était à peu près celui de
la Marne, trois ambassadeurs des Etats-Unis
l'un sortait, l'autre arrivait, et le troisième
revenait, attiré d'une manière irrésistible par
le danger que courait un pays qu'il aimait à
l'égal du sien. Son zèle pour la France fut
constant. Dès ce moment, il n'avait qu'une
pensée se rendre utile. »
Et vous, cher ami Whitney Warren, en
aviez-vous. une autre, vous qui êtes accouru
vers nous, dès la première heure, et oui, par
votre haute personnalité, pair votre autorité,
par votre énergie, votre influence, votre pas-
sionné amour pour notre pays, faisiez de ce
noble trio un quatuor tel que jamais cité en
péril ne reçut d'un Etat neutre la magnifique
offrande 1
Colonel XX.
M^BLhiiney
la parole du général Galliéni. Quand on parlait
à l'illustre, chef, des défenseurs de Paris, il
disait Vous oubliez qu'il y avait Herrick.
Mais il y avait Whitney Warren lui-même.
Ecoutons-le encore, en noua rappelant que tout
ce qu'il attribue à son compatriote doit lui
être attribué, à lui aussi
Est-ce que le grand quartier général alle-
mand n'avait pas pris la peine d'informer notre
ambassadeur, M. Myron Herrick, qu'il serait
préférable pour lui de quitter son poste, de
chercher en province un asile plus sûr ? »
Comment douter de l'effroyable attentat pré-
médité contre Paris, après un tel conseil ?
Quoi l'ambassadeur même du plus puissant
Etat'neutre n'eût pas trouvé dans notre « cité
séculaire suivant l'expression de M. Adrien
Mithouard, un asile contre la folie furieuse
des envahisseurs N'est-ce pas ici peut-être le
plus impressionnant aveu des destructeurs de
Reims et de Louvain ?
Et M. Whitney Warren poursuit
« 0 neutres, donnez-vous la peine de lire
leurs avertissements Herrick, averti, lui
aussi, ne boùgea pas, naturellement. Je le
voyais presque chaque jour, et je ne saurais
assez louer la fermeté de son caractère pendant
ces heures dramatiques. Il était parfaiteme,nt
résolu à ne pas se laisser intimider par j
l'aplomb de ces gens cyniques. Je suis
convaincu qu'à aucun moment, même si les
événements avaient mal tourné, il n'aurait
abandonné son grand rôle périlleux.
Whitney Warren, lui, avait cherché le grand
rôle périlleux, que ne lui imposait aucun
devoir diplomatique. Puis, lorsqu'il ft'eut lus
à partager'le danger de ce Paris qu'il adorait,
il se voua tout entier il son ardente mission
être auprès de nous l'interpréta de l'amitié
américaine, l'un des dispensateurs de la géné-
rosité américaine porter jusqu'au front de
combat, dans les tranchées, le réconfort de son
enthousiasme pour l'héroïsme français, de sa
confiance en notre droit, l'écho de toutes les
sympathies d'eutrc-mér, qu'il multipliait, qu'il
suscitait parmi ses compatriotes, et que jamais
il ne trouvait assez chaleureuses, ni surtout
assez connues de nous.
La reconnaissance de la jeune Amériq.ùe
pour l'élan de la France vers elle quand elle'
conquit sa liberté frémissait en cet homme.
Lui, qui n'avait peur de rien, et dont la haute
silhouette, familière dans tous nos quartiers
généraux, apparut à nos villes martyres sous
les plus cruels bombardements, il avait cette
unique peur que nous pussions imaginer
que, dans sa patrie, on oubliait le geste sublime
de La Fayette, de Rochambeau, et de leurs
compagnons, apportant leur épée pour la
liberté de ses ancêtres. Avec quel orgueil il
disait « Ma grand'mère avait vu La Fayette.
Elle me le dépeignait si bien dans mon enfance
qu'il me semble l'avoir connu, jeune, élégant,
loyal,, brave, ivre de dévouement, telqu'il sauta. à
sur notre rivage, quand nous nous battions
pour la liberté'. »
Dans ses conférences, dans ses articles, dans
sa conversation, toujours revenait cette affir-
mation « Mon pays sait ce qu'il doit au vôtre.
Après une courte absence, durant laquelle M.
Whitney Warren et aussi Mme Whitney
Warren avaent été recueillir les magnifiques
largesses à notre égard de leurs compatriotes,
et faire campagne pour nous dans l'opinion
américaine, laissant leur tout jeune fils infir-
mier dans nos premières lignes, notre grand
ami déclarait, au cours d'une conférence pro-
noncée le 25 mai 1916
CI Je rapporte de là-bas la certitude rue le
peuple américain est fidèle à son amitié, qu'il
est prêt à vous payer la dette contractée tu
dix-huitième siècle, et qu'en vous témoignant
sa reconnaissance, il a conscience d'obéir non
seulement à un devoir privé, mais aux grandes
traditions publiques qui sont à l'origine de son
histoire. »
Nous plaignons sincèrement ceux qui n'ont
pas goûté la joie savoureuse d'une conférence
de M. Whitney Warren. Cet artiste, architecte
de profession, et membre correspondant de
notre Institut à ce titre, est un très grand ora-
teur, bien qu'il n'y prétende nulLement, et,qu'il
prononce sur un ton familier, sans emphase,
sans gestes, des discours où la logique la plus
serrée, l'ironie la plus fine alternent avec des
morceaux de l'emportement le plus chaleureux.
Tout semble dit sur le même ton, avec un ac-
cent qui paraîtrait une adresse si nous ne con-
naissions la simplicité de cette âme haute. Le
visage glabre, aux traits régulters, ne s'animo
pas plus que le timbre de la voix. Et cependant,
à certains passages, quand cet étranger il notre
race décrit notre âme avec une pénétrante, une
puissante sympathie, quand ce neutre, avec un
flegme sous lequel on sent brûler son indigna-
tion, stigmatise en des termes décisifs le crime
allemand contre toute la beauté, toute la
loyauté, toute la liberté du monde, quand cet
artiste nous expose, en des phrase.s mesurées,
mais d'autant plus impressionnantes, son indi-
cible, douleur, devant les ruines da Reims, de
Soissons, d'Arras, devant l'irréparable désastre
de ces monuments du génie français, fleurs de
la civilisation latine, où le nouveau monde
puise le goût de la grâce suprême, -qui. de
nous ne s'est pas senti remué jusqu'au fond de
son être, et n a pas dû faire effort pour conte-
nir une émotion que le noble orateur s'interdir
sait à lui-même d'exprimer autrement que par
la poignante intensité de sa parole tranquille ?
i.'
Comment s'étonner de la place quo M. Whit-
ney Warren a prise chez nous depuis le début
de la guerre? Ce véritable apôtre du droit, de
l'idéal, de la civilisation, voyant en péril, sous
une ruée de barbarie savante, tout ce qui cons-
titue la dignité des peuples comme celle des in-
dividus, sest dressé avec une telle force, s'est
placé à nos côtés avec une si ferme résolution,
que nous v& pouvons pas l'appeler un « neu-
tre Lui-même n'admet pas qu'il y ait.des neu-
tres. Il adm.et et tout juste qu'il y ait dés
non-belligérants, mais il ne tolère pas qu'une
seule conscience humaine puisse rester indiffé-
rente dans un conflit où la victoire allemande
anéantirait l'honneur, la sécurité, la foi réci-
proque, la base même d'un progrès millénaire
qui se croyait assuré.
Les empires du centre ont agi vis-à-vis de l'u-
nivers comme une banque aux caves bourrées
d'or qui refuserait son papier à ses guichets.
Le crédit financier, cette conquête extraordi-
naire de la confiance et de la probité, pourrait
aussi risquer de périr dans quelque attentat
inouï d'un peuple riche. Le crédit moral, con-
quête plus précieuse de l'humanité, périra-t-il
parce qu'une race monstrueusemnt forte renia
sa signature et tous les principes jurés ?
Par son activité passionnée, M. Whitney
Warren aura fait pour le défendre ce que nos
soldais au clair regard c'est lui-même qui
vante os beau regard français font par le sa-
crifice total, héroïque, de tout ce qui leur est
cher et de leur vie.
Mais, justement à cause de son amour pour
la France, M. Whitney Warren a rêvé qu'elle
fût en rapports plus étroits, non seulement
avec ses compatriotes à lui, mais avec les alliés
qui, tout en la secondant, peuvent ne pas être
tout à fait compris par elle, ou ne pas tout à fait
la comprendre.
Investi de la confiance de tous les gouvernants
comme de tous les chefs militaires de l'Entente,
cet homme infatigable est allé étudier le sen-
timent italien, l'effort italien, jusque dans les
régions presque inaccessibles et constamment
périlleuses où les héros de notre sœur latine
déploient une si magnifique audace. M. Whit-
i ney Warren a repassé les Alpes l'esprit plein
de témoignages admirables.-Hle visions r,subli--
mes, et aussi de ces confidences que les chefs.
d'Etat ou d'armée remettent parfois plus volom
tiers à l'ami, dont le cœur chaleureux servira
de truchement, qu'au diplomate de profession.
Dans son magnifique article de la Renaissance
sur l' a Effort italien r, M. Whitney Warren n'a
pas livré au grand public les confidences déjà
transmises par lui à qui de droit. Mais il nous
a dit de ces choses qui scellent les cœurs des
peuples, qui font déborder de l'un à l'autre l'es-
time et l'admiration mutuelles.
Ce fut une préparation non officielle, mais
d'autant plus opportune, aux conversations de
Rome, où les chefs de l'Entente viennent d'éla-
borer un avenir de collaboration plus étroite
que jamais.
Hier, c'est en Espagne que M. Whitney War-
ren portait la flamme de sa parole et de sa foi.
Dans quelque mesure que le grand Améri-
cain ait pu la laisser briller, cette flamme.-
trop brûlante peut-être pour l'atmosphère for-
cément tempérée d'un pays neutre ce pays,
ce généreux et fier pays de don Quichotte et
du Cid, y aura vu surtout l'éclatant reflet des
vertus méditerranéennes dans un© âme éprise
de lumière, de vérité, de loyauté de clarté, de
chevaleresque abnégation. L'Espagne, pour
M. Whitney Warren, est une de ces terres bé-
nies, héritières de la rayonnante civilisation
latine, où l'honneur, la justice et le droit fleu-
rissent très haut, bien au-dessus des grossiers
intérêts, loin de l'astuce, de la brutalité, de
l'audace effrénée du plus fort.
Vers cette civilisation vraiment divine qui?»
rendit la parole sacrée, Fart clair, la liberté
souveraine, le droit imprescriptible, M. Whit-
ney Warren voit avec joie pencher l'immense
coeur de sa patrie bien-aimée. Comme une.
écume sur l'or en fusion, il regarde flotter sur
la conscience américaine les scories sombres
de quelques éléments étrangers à sa race et qui
lui représentent la basse avidité des instincts.
C'est trop pour lui. Et cependnnt il sait que
c'est peu de chose. Il a confiance dans les
siens. Il retourne vers eux pour leur jeter à
pleines mains, à plein souffle, à pleine voix,
ce qu'il a vu dans Paris menacé, sur l'Yser, en
Champagne, à Reims, dans les casemates crou-
lantes mais reconquises du fort de Vaux, par-
mi'les neiges des Alpes italiennes, sur les ro-
chers du Carso, et pour attester le monstrueux
martyre de la Belgique fidèle et crucifiée.
Ce'qu'il a vu, c'est le plus effrayant péril
qui jamais ait plané sur tout le progrès hu-
main, et ce qu'il dira, c'est la reconnaissance
que doit, le monde aux peuples héroïques qui,
mal préparés, m compris, mal soutenus, ont
affronté ce péril et se sont résolus à en pré-
server l'univers.
Au revoir, Whitney. Warren La France
qui, tout entier, connaît et bénit votre nom,
vous remercie. Elle vous attend pour la vic-
toire. Elle vous tendra que peut-elle vous
offrir de mieux? une des fleurs cueillies
pour ses glorieux soldats. Et si, au cours de
votre traversée, les mirages da l'océan vous
font entrevoir évocation mystérieuse ce
La Fayette dont votre grand'mère gardait pieu-
sement le souvenir, ce sera la main tendue
vers vous que surgira le héros si pur, tandis
que, dans les rumeurs des flots, vous enten-
drez sa voix qui vous dira « Mon frère ».
Daniel Lesueur
d'avanî-hiep soir
En rendant compte, hier, de la façon dont
l'alerte fut donnée à Paris, nous indiquions,
en quelques lignes, ce qui l'avait motivée et
d'où était venue la première alarme. La cen-
sure crut devoir nous supprimer cette informa-
tion. Plusieurs de nos confrères, cependant,
furent mieux traités. Aussi, empruntons-nous
au Temps ce qu'il lui a été permis de publier
à ce sujet
« On apprit plus tard que la première alerte
avait été donnée par le poste d'observation do
Samois, près de Fontainebleau. L'escadrille
des aviateurs du Bourget avait aussitôt pris
son vol, malgré la tempête de neige qu1 ren-
dait la navigation aérienne singulièrement né-
rilleuse, et pendant deux heures elle explora
les nuages, croisant a.u-dessus do Paris et de
la banlieue. A Melun, où le ministre do l'inté-
rieur dema,ndait dos renseignements, on
n'avait aperçu aucun zeppelin. A Samois, nar
contre, un guetteur avait cru voir uno ombre
glisser dans une couche de nuages les artil-
leurs tirèrent douze coups de canon vers la
masse signalée par le guetteur un des projec-
tiles alla tomber à Héricy, où l'on crut un ins-
tant S une bombe jetée par le zeppelin^ mais
ne causa d'ailleurs aucun dégât.
Il apparaît clairement que l'alerté fut une
fausse alerte.
NOUVELLES NOTES DE L'ENNEMI
lis avaient encore
quoique dose à dire.
Les neutres ont eu, hier, la surprise de rece-
voir deux nouvelles notes l'une venait de Ber-
lin, l'autre de Vienne. La première émanait du
gouvernement allemand, la seconde du cabinet
austro-hongrois. Toutes deux étaient conçues
à peu près dans le même esprit et rédigées dans
les mêmes termes, à exception d'un paragra-
phe.
Apportaint-elles quelques lumières inatten-
dues da ns Le débat sur la paix si brusquement
ouvert par les puissances centrales ? Préci-
saient-elles, enfin, les fameux buts de guerre
que M. Wilson avait vainement réclamés à nos
adversaires ?
Non point. Et l'on se demande encore ce que
signifie ce grimoire confus, fastidieux et puéril.
Il signifie, sans doute, que les Austro-Alle-
mands, comprenant tardivement -lue le ter-
rain sur lequel nous nous sommes placés vis-
à-vis des neutres et particulièrement des Etats-
Unis celui de la sincérité nous a déjà as.
suré une supériorité dans la lutte diplomati-
que désormais engagée, ont jugé qu'il fallait
essayer de détruire l'effet produit par la force
de nos arguments.
Aussi bien ils inaugurent une nouvelle tac-
tique renonçant à leur dernière méthode, qui
consistait à laisser dans l'ombre Les origines
de la guerre et ses responsabilités, ils res-
sortent tous les mensonges piteux qu'ils ont
étalés dans leurs journaux sur les causes du
conflit. Ce monument d'impostures est vrai-
ment plaisant à parcourir c'est un défi d'un
beau cynisme à la flagrante vérité historique,
c'est une riposte à la fois lourde et creuse à
la réalité incontestée des faits désormais éta-
blis à travers laquelle on perçoit leur désir
d'alimenter a polémique commencée et par
conséquent de continuer la conversation qu'ils
ont amorcée.
Nous nous garderons de faire le jeu de l'ad-
versaire en nous laissant entraîner dans la
voie des discussions sans issue. Nous ne
croyons pas, au reste, qu'il se trouve aujour-
d'hui un seul neutre de bonne foi qui hésite
à reconnaître la fausseté des allégations con-
tenues dans ces deux documents dont on lira
le texte plus loin. Il s'indignera de ce que les
Allemands osent prétendre que la Belgique
a eu Le sort que méritait son interprétation de
ses devoirs de neutralité » de ce que les
1. Autrichiens aient l'aplomb de soutenir qu'en
la gu erre ils répondaient à la. ^pro-
vocation de la Serbie. Mais ceci n'est encore
rien, à côté des arguments à l'aide desquels
nos ennemis tentent de prouver que s'il y a
eu violation du principe des nationalités et
du droit des gens, ce sont les alliés qu'il faut
en accuser, les alliés qui ont asservi tantôt
les Irlandais, tantôt les Boers, tantôt les nè-
gres et les Arabes de l'Afrique occidentale qui,
aujourd'hui encore, « maltraitent » les pau-
vres Grecs, et cherchent à affamer les pau-
vres Allemands.
Berlin et Vienne nous reprochent nos cam-
pagnes coloniales, oubliant les leurs, oubliant
qu'ils ont infligé, aux populations de l'est
africain, un traitement que nous n'avons ja-
mais songé à imposer aux Marocains et aux
Algériens ils oublient que 150.000 Irlandais
combattent aujourd'hui volontairement dans
les rangs de l'armée britannique, tandis, qu'ils
sont contraints d'arracher par la violence les
Polonais à leurs foyers, pour les jeter dans la
mêlée ils oublient que si nous avons insti-
tué le blocus c'est en conformité des droits
séculaires de la guerre maritime, tandis qu'ils
ont inauguré une piraterie sauvage sur les
mers.
Et pour comble de cynisme, ils déclarent que
leur guerre-strictement défensive a atteint ses
buts 1 Que sont ces buts,, qui s'appellent Buca-
rest, Belgrade, Varsovie, Bruxelles, Lilla, Laon,
Mézières, etc., sinon des buts de conquête ?
Le neutre équitable et clairvoyant ne s'y trom-
pera point il placera en regard de ce plaidoyer
qui n'est si visiblement qu'un vaste bluff, notre
réponse au président Wilson, si claire et si pré-
cise. il constatera que les buts de guerre qui y
sont énumérés ne tendent qu'au rétablissement
Ses frontières naturelles de chacune des nations
sur lesquelles s'est appesantie la lourde griffe
germanique il constatera que la revendication
si émouvante de la Belgique, dans son texte dé-
finitif, ne fait allusion qu'à l'intégritô de son
territoire européen.
Leurs Projets d'offensive
Ils parlent d'attaquer sur tous les fronts
Ecrasement de Sarrail, marche sur Rétro-
grade, offensive en France et en Italie,
etc., etc.
La correspondant berlinois du New-Y
mes, les divers projets d'offensive étudiés dans les
milieux militaires allemands. Il y a, dans-cet ex-
posé, quand on a fait Ja part du bluff, quelques in-
dications qui ne sont pas sans intérêt. Voici, à
titre documentaire, ce qu'écrit le correspondant
germano-américain
Sans faire aucune insinuation, je puis par-
ler de ces projets d'offensive, qui sont te sujet
de toutes les conversations.
Il y a de séduisantes perspective d'écrasan-
tes victoires qui. militent en faveur de l'onen-
sive contre Sarrail. On dispose de vieilles
troupes aguerries, au maximum de leur forme
après la campagne roumaine, et on les a sous
la main. Un autre avantage serait de conser-
ver l'armée bulgare engagée dans une affaire
susceptible d'augmenter son enthousiasma
ûçffnbatif, et vraisemblablement d'entraîner la
Orèoe- dains le camïK des puissances centrales.
Un autra projet tentant consisterait en une
grande offensive à travers la Galicie et la Bes-
sarabie contre la ligne Kief-Odessa. Il y a déjà
sm' place des troupes qui pourraient facile-
ment être employées à la conquête do ce gre-
nier do la Russie, et ce serait une solution à
la question alimentaire pour les puissances
centrales.
Il pourrait aussi so produire une offensive
(dans genre de celle que préconisait Hin-
demburg autrefois) en Courlando et en Lithua-
nie contra Rétrograde, dont la prise pousse-
rait la Russie à accepter une- paix séparée.
Il y a, encore d'autres projets bien sédui-
sants, tels que l'offensive contre l'Italie ou l'of-
fensive sur le front occidental.
Tous ces projeta sont rendus possibles par
l'élimination de la Roumanie du théâtre de
la.,guerre.La ligne du Sereth étant atteints,
le bat primitif de la campagne roumaine a été
complètement réalisé. Les ressources alimen-
taires et les sources pétrolifères de la Rou-
manie sont entre Les mains des Allemands.
L'armée roumain© n'est plus qu'un facteur
négligeable. Toute offensive russe heureuse
contre les lignes da communication alleman-
des avec l'Orient ou contre Constantinople a
été rendue impossible.
La front roumain, long de 400 kilomètres,
n'est plus considéré que comme une partie du
long et vulnérable front russe, et maintenant,
en fait, il n'y s plus que des troupes russes
qui se battent sur ce qui reste du sol roumain.
Neuf corps d'armée russes occupent le théâtre
de la guerre en Roumanie, alors qu'une seule
faible division représente l'armée roumaine
sur la ligne de feu.
LES OPERATIONS EUSSES
La bataille sur le front de Riga est acharnée
L« communiqué du grand état-major russe
du 12 janvier dit que la veille, jeudi, les Alle-
mands ont attaqué les Russes à l'est de Koln-
cem et ont été repoussés par une contre-at-
taque.
De Pétrograde, on télégraphie que la ba-
tailla sar le front de Riga accuse un acharne-
ment particulier. Afin d'affaiblir la poussée
russe les Allemands ont passé à l'offensive sur
d'autres secteurs du front septentrional, prin-
cipalement devant Dvinsk.
Mais le général Roussky a prévu cette diver-
sion, et il a immédiatement pris les disposi-
tions nécessaires. Finalement, même sur le
front de Dvinsk, rinïtrative appartient à nos
alliés. L'adversaire fait des efforts énergiques
et prompts pour enrayer l'avance russe.
Aussi ne saurait-on se prononcer encore sur
les conséquences do l'offensive du général
Roussky.
Le communiqué russe d'hier annonce égale-
ment qu'au sud du village do Zoubilne (entre
Wladimir-Wolynsky et Loutsk, à dix verstes
au sud du bourg de Kisseline), l'ennemi a
tenté une attaque par les gaz que le vent a fait
échouer.
Trois régiments allemands anéantis
Une dépêche de Pétrograde, reçue hier soir,
annonce qu'au cours de l'offensive russe à
l'ouest de Riga, les i-i", 22* et 329" régiments
d'infanterie allemands furent complètement
anéantis. Parmi les prisonniers capturés, on
remarque l'inspecteur médical militaire Splitt,
propriétaire de plusieurs maisons de Riga.
La Roumanie en guerre
La résistance russo-roumaine continue
Communiqué du grand état-major russe du
12 janvier
Au cours d'une reconnaissance, près de la
vallée de la Putna, un de nos aviateurs a ren-
contré deux appareils et contraint l'un d'eux à
atterrir.
Au sud de la rivière Oltuz, l'ennemi a atta-
qué et repoussé légèrement nos troupes.
A l'ouest do Monastirka-Kassinoul (sur la
Kassina), l'ennemi a attaqué les Roumains,
mais^il a été rejeté, et les Roumains passant à
René d'Aral
l'offensive ont refoulé rennsmi à deux vèrstes
vers le. sud.
Ainsi furent repoussées lès attaques enne-
mies dans les régions au. nord-est de Kempu-
rila, sur la Susita, et près de Cotou-Misali-
kouw, à huit verstes au sud-est de l'embou-
chure du Buzeu.
Ce que dit l'ennemi
Les bulletins ennemis du 11 janvier ne si-
gnalent que quelques actions dans la Moldavie
occidentale les contingents de l'archiduc
Joseph auraient progressé quelque peu dans
les vallées de l'Uzu et .de la Susita. Aucun
changement sur le front des armées Macken-
sen, qui sont arrêtées entre la Putna et le
Sereth.
L'évacuation de Braïla
Des' réfugiés roumains arrivés de Braïla à
Odessa, rapportent que les autorités ont eu
tout le temps voulu pour évacuer la ville et en
détruire les approvisionnements, notamment
cinquante mille quintaux de blé achetés -nar
les Anglais et non exportés. Tous les dépôts
de pétrole et d'essence minérale furent incen-
dies. Les flammes, chassées par un, vent vio-
lent, réduisirent en cendres une plus grande
partie de la ville.
GÉassê italien coulé
sombre
sur des mines.. Il. y a près
de Victimes
Le ministère de la marine italienne a; communi-
qué, hier soir, la note que voici
De sérieuses raisons de caractère militaire qui
en avaient empêché jusqu'à présent la publica-
lion ayant cessé, on annonce que, dans la nuit
du 11 décembre, le navire de guerre Regina-
Marg-herita a heurt¿ en naviguant deux mines
et a coulé.
Par suite de Vimportan.ce des déchirures pro-
duites dans la quille du navire, celui-ci a été
submergé et, en quelques minutes, a coulé par
l'avant.
Des 945 personnes qui se trouvaient à bord, la
plupart ont été entraînées au fond et ont dis-
paru, avec le navire.
Des circonstances défavorables ont rendu très
difficile le sauvetage des survivants 27C ont
été cependant sauvés. Le commandant du na-
vire et quatorze officiers sont parmi les dis-
parus. ̃
En dehors des pertes de navires annoncées
officiellement jusqu'ici, aucune autre ne s'est
produite et les nouvelles contraires répandues
depuis quelque temps dans le Public sont, en
conséquence, absolument fausses.
La datait de 1902. C'était un
bâtiment de 135 mètres de long sur 'H mètres de
large.; il jaugeait 13,500 tonnes et" avait des ma-
chines 'd'une força de lSf.OOO chevaux. Son arnje-
ment comptait une trentaine de çanons 4e divers
calibres et quatre tubes lance-torpilles.
EN EVBÉSOPOTÂMIE
Un nouveau succès britannique sur le Tigre
Un communiqué de l'arméa da Mésopota-
mie annonce que dans la matinée du 10 jan-
vier, les troupes britanniques, malgré le
brouillard, ont continué les opérations au
nord-est do Kout-el-Amara, sur la rive droite
du Tigre. A la tombée de la nuit, nos alliés
étaient maîtres de la plus grande partie des
tranchées turques de la rive droite du Tigre,
dans la boucle au nord-est do Kout.
Le nombre des prisonniers faits s'éleva à
178, dont 7 officiers. Une seule tranchée de
communication, longue do 300 yards, renfer-
mait 200 cadavres turcs et la situation semble
devoir être analogue ailleurs.
EN ANGLETERRE
L'OEUVRE DE LA MARINE BRITANNIQUE
Un discoure de l'amiral Jellicoe. Ce qu'a
fait la flotte au cours de la guerre
L'amiral sir John Jellicoe, premier lord naval
de l'Amirauté, a été reçu comme membre hono-
raire de la corporation des poissonniers de Lon-
dres. Il a assisté à un banquet à l'issue duquel
il a prononcé un discours sur la situation na-
vale, discours fort intéressant dont nous don-
nons les passages essentiels.
L'amiral a rappelé tout d'abord qu'au temps
de Napoléon, les navires ouvraient le feu a 800
mètres environ, on l'ouvre maintenant à 20,000
mètres et le feu commence à être très efficace à
environ 16,000 mètres. Une torpille lancée en
surface, ayant une portée d'environ 9,000 mè-
tres, les navires sont obligés de rester au-delà
de cette portée pendant la lutte d'artillerie.
D'autra part, les conditions de visibilité obli-
gent les flottes à être accompagnées par un très
grand nombre de contre-torpilleurs. L'emploi
des sous-marins et des mines modifie les condi-
tions de lutte pour les gros navires et empêche
1e blocus étroit des temps anciens. Enfin, autre-
fois, les flottes exerçant le blocus surveillaient
l'ennemi de près maintenant, la flotte an-
glaise»est obligée de surveiller les navires alle-
mands de loin, d'où facilité plus grande pour
1'ennemi de s'échapper et difficulté correspon-
dante pour l'adversaire de l'en empêcher.
Malgré cela, a dit sir Jellicoe, une fois seulement
l'ennemi a aventuré assez loin le gros de sa flotte
pour nous donner l'occasion de l'attaquer. Aucun
navire, neutre ou britannique, n'a jamais aperçu
1a, flotte allemande de haute mer loin de ses bases.
Le 19 août 1916, la flotte «amemie s'est rapprochée
de nos eûtes, mais elle s'est empressée de s'en re-
tourner dès que la présence de notre flotte lui fut
signalée par ses avions.
Les raids sur les côtes anglaises ont toujours
été exécutés de nuit, l'ennemi se retirant devant des
forces relativement fa&les. Ces raids sont exécutés
dans le but de noua inciter à diviser nos forces
pour garder tous les points vulnérables aussi,
lorsque l'ennemi se vante de fouiller la mer du
Nord, c'est une fanfaronnade dénuée de fonde-
ment.
L'amiral, pour marquer l'importance de l'ac-
tivité navale anglaise, dit que les navires de
toutes classes qui composent la flotte britanni-
que sont au nombre d environ 4,000. L'activité
s'étend de la mer Blanche, où l'Angleterre
prête son aida aux Russes, jusqu'à l'océan Pa-
cifique, où elle donne la main aux Japonais.
Sir Jellicoe rappelle le travail des croiseurs
dans les eaux territoriales, qui journellement,
arraisonnent et visitent environ 80 navires pour
empêcher les ravitaillements de parvenir à l'en-
nemi.
L'amiral fait ensuite l'éloge de la marine
marchande, sans laquelle la nation ne pourrait
pas continuer à vivre. Grâce à elle, plus de sept
millions d'hommes ont été' transportés avec
tout le matériel de guerre, nécessaire.
C'est la marine marchande qui fournit les
2,500 hommes qui sont occupés ,à draguer les
mines et exécuter des patrouilles. Sir Jelli-
coe fait d'eux le plus grand éloge, et il insiste
sur l'héroïsme des hommes qui courent tant
de dangers, soit du fait des mines, soit du fait
des sous-marins, et qui sont toujours prêts ce-
pendant à retourner en mer.
CI La menace sous-marine accrue demande.
toute notre attention, je suis certain, ajoute sir
Jellicoe, que noua saurons prendre Les mesures
efficaces, il
L'amiral insiste sur la nécessité de dévelop-
per les constructions navales et demande aux
ouvriers des chantiers de multiplier leurs ef-
forts.
Il termine en faisant l'éloge du marin britan-
nique, qui continue les nobles traditions da
ses pères.
La Terreur
en Belgiqfue
La réponse demande
à Sa protestation hollandaise
A la Chambre hollandaise, le ministre des
affaires étrangères répondant à une question
de M. Duyr, député socialiste, sur les déporta-
tions de Belgique, a donné lecture de la ré-
ponse du gouvernement allemand à la note de,
la Hollande, en date du 29 décembre dernier.
En voici les principaux passages
Le gouvernement allemand considère qu'il est de
l'intérêt de l'ordre public d'enip&cher autant que
possible les ouvriers de rester sans travail et da
tomber ainsi à la charge de la bienfaisance. La si-
tuation défavorable de l'industrie belge ne permet
cependant pas de fournir une occupation à tous les
sans-travail qui peuvent d'autre part trouver en
Allemagne des emplois rémunérateurs.
Un grand nombre d'ouvriers s'y sont rendus vo-
lontairement ceux qui n'ont pas voulu suivre leur
exemple y ont été contraints, conformément aux
prescriptions de l'ordonnance du 15 mai 1916. Tout
travail auquel le droit des gens interdit d'employer
la population de» territoires envahis est naturelle-
ment exclu. Enfin, le transport das Belges en Alite-
magne n'est pas opéré on contravention avec l'arti-
cle G2 de la quatrième convention de- La Haye (1907).
En ce qui concerne les assurances données en
octobre 1914 par M. von Huehne, gouverneur d'An-
vers, au député belge Franck et aux autorités
néerlandaises relativement aux Belges réfugiés en
Hollande, ces assurances ne concernaient que les
habitants d'Anvers, Borgerhout et Berchem. où les
ouvriers touchaient des salaires fixes. Elles ne
concernaient pas les habitants des autres villes ni
en général les chômeurs.
Le gouvernement allemand estime donc que las
promesses de M. Von Huehne ne sont pas en con.
tradiction avec les mesures récentes.
Le gouvernement allemand, tenant cependant
compte dea malentendus dont pourraient se plain-
dre tant les autorités néerlandaises que les tra-
vailleurs belges, se déclare prêt à rapatrier les ou..
vriers réfugiés ou déportés, à la condition que la
Hollande veuille bien recueillir ceux qui ne peu,.
vent trouver aucun travail en Belgique.
On estime que la réponse allemande consti-
tue un succès pour le gouvernement hollan-
dais, dont la loyauté et la générosité vis-à-vis
de la Belgique feront ka meilleure impression
chez les alliés. Quant aux raisons alléguées
dans la note, on les considère, à La Haye,
comme une nouvelle manifestation de l'hypo-
crisie allemande.
En même temps qu'il faisait annoncer tquer
des taux de salaires seraient établis et rendus
obligataires pour la défense nationale, le minis-
tre des munitions donnait à un de nos confrè-
res une interview illustrant son communiqué.
Et, comme le journaliste lui posait naturelle-
ment. la question « Quelles seront les sanc-
tions ? » M. Albert Thomas a répondu
Les sanctions ? Elles ne pourront être qua
l'arbitrage obligatoire et la réquisition.
En temps de paix, l'arbitrage obligatoire soule-
vait des critiques, dont la principale était que l'ar-
bitre pouvait être influencé dans un sens ou dans
l'autre. Elle ne pout pos valoir en temps de guerre,
où il n'est pas possible da supposer que l'arbitre
ait une autre pensée que l'intérêt de la défense na-
tionale.
En temps de paix on ne voyait pas de sanctions
possibles. En temps de guerre il doit en être autre-
ment.
S'il est nécessaire, la. procédure de réquisition
sera employée contre les patrons qui ne consenti-
raient pas, a respecter les tarifs et la main-d'œuvre
sera également requise dans les conditions équita-
bles ainsi établies.
C'est fort bien. Il est, en effet, très possible
d'instituer des salaires uniformes et, au besoin,,
de rendre l'arbitrage obligatoire. Mais la réqui-
sition ?.
On voit parfaitement l'Etat réquisitionnant
les patrons et leurs établissements. Le voyez-
vous réquisitionnant "la main-d'œuvre récalci-
trante Comment ? en vertu de quelle loi ? par
quels moyens de contrainte ?. Que signifie
cette menace d'une sanction à peu près impos-
sible ? M. A. Thomas aurait-il perdu le souvef
nir de ce que des ouvrières de Saint-Etienne ré-
pondirent, à lui ou à un de ses délégués, au
sujet d'une réquisition éventuelle ?
De plus", en admettant que M. Albert Thomas
puisse réquisitionner des ouvriers et ouvrières,
il est infiniment probable, pour ne pas dire cer-
tain, que le rendement de cette main-d^œuvr©
d'Etat deviendrait immédiatement très inférieur
au rendement normal. Maintes expériences ren-
dent notre hypothèse plus que plausible.
Il est temps, d'ailleurs, qu'un peu de vérité
arrive au public sur les grèves qui paralysent
trois grands établissements travaillant pour la
défense nationale.
Pour 'les comprendre, il faut s.e remémorer!
la grève qui s'est terminée le 24 décembre
1916 et relire les journaux du mois derier. Les
patrons avaient promis d'examiner avec bien-
veillance les réclamations des grévistes, de¡
relever la rémunération de l'exécution des piè-
ces et. au besoin, d'élever le taux des bonis
mais ils demandaient un délai minimum da
trois semaines à un mois, l'étude des tarifs de-
vant porter sur vingt-cinq mille pièces diffé-
rentes environ. Or, dès le 8 janvier, le person-
nel de trois usines a quitté le travail sous le
prétexte que les patrons n'avaient pas tenu leur
promesse I Je dis prétexte, car, à l'heure qu'il
est, dans un au moine des établissements tou-
chés par la grève, la direction n'a pas encore
été saisie d'une réclamation positive, bien que
le travail ait cessé depuis cinq jours.
Le personnel féminin forme" à peu près la;
moitié du nombre des grévistes. Il semble avoir
donné le signal de la grève, mais il a été, en
réalité, entraîné par trois ou quatre douzaines
de jeunes gens de dix-huit et de dix-neuf an9
et il a trouvé un appui immédiat chez les spé-
cialistes mobilisés. Ceux-ci agissent sous l'em-
pire de trois sentiments qu'ils ne cachent pas
1° se rendre indispensables 2° faire rappeler
du front le plus grand nombre possible de leurs
camarades -r- par esprit de solidarité, disent-ils
et. pour ce, limiter la production 3° aug-
menter leurs salaires.
Quelle est la condition des femmes dans les
usines de guerre ? Le taux d'embauché d'une
femme, simple manœuvre, varie de 40 à 50 cen-.
times l'heure. Pendant qu'elle fait son ap-
qui dure de deux à trois mois, elle
touche donc dans les cinq francs par jour,
comme l'on dit, et est loin de produire ce qu'elle,
coûte. Devenue ouvrière, son salaire varie,
selon son habileté et son activité, entre 6 francs
et 8 fr. 70 pour une journée de onze heures, le?
bonis compris. Bien entendu, les ouvriers spé>
cialistes gagnent bien davantage.
Quoi qu'en disent certains journaux, les ou-'
vrières et ouvriers sérieux ne ss plaignent pas'
de tels salaires que M. Albert Thomas aura
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