Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1915-06-25
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 94503 Nombre total de vues : 94503
Description : 25 juin 1915 25 juin 1915
Description : 1915/06/25 (Numéro 13768). 1915/06/25 (Numéro 13768).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k536564h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/04/2008
50e année.- 3e série.- N° 13768
PARIS ET DÉPARTEMENTS T 10 CENTIMES
VENDREDI 25 JUIN 19i5
ARTHUR MEYER
Directeur
RÉDACTION
DE QUATRE HEURES DU SOIR A UNE HEURE DU MATIN
2, rue Drouot, 2
(Angle des boulevards Montmartre et des Italien»)
ABONNEMENTS
Paris et départements
Un mois. 3fr.5O Six mois 18 fr.
Trois mois. 9 fr. » Un an. 36 fr.
Etranger
Trois mois (Union postale) fr.
TÉLÉPHONE. TroislignesTÎ02[37- 209.00- 312.21
LE PLUS GRAND JOURNAL DU MATIN
ARTHUR MEYER
Directeur
ADMINISTRATION
.ABONNEMENTS, PETITES ANNONCES
2, rue Drouot, 2
t&agt* dw boulevards Montmartre et des Italiens)
ANNONCES
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES ANNONCES
8, PLAjCE DE LA BOURSK, 8
Et à l'administration du Journal
Les manuscrits ne sont pas rendus
ADBESSE TÉLÉGRAPHIQUE CAULOIB, PARIS
DÉPÊCHES .DELA DERRIÈRE HEURE
demain:
DANS LES TRANCHÉES
(DOUZE ILLUSTRATIONS)
Jasqa'au boat I
Les Russes ont dû, par mesure stratégique,
évacuer Lemberg, dont on redoutait, à juste ti-
tre, la chute depuis la prise de Przemysl. Leurs
légions restent intactes elles infligent même de
sérieux échecs aux armées austro-allemandes
c'est la rançon du succès d'amour-propre qu'el-
les viennent de remporter. Depuis le début, des
hostilités, les Russes nous ont habitués à ces
mouvements de flux et de reflux dont les Alle-
mands ont fait la terrible expérience. Il nous
faut aujourd'hui mesurer, au délai qui leur est
nécessaire pour s'approvisionner d'armes et de
munitions, la date à laquelle pourra se déchaî-
ner à nouveau leur débordante offensive, et
leur accorder avec confiance le crédit que leur
méritent la science éprouvée du Grand-Duc ot
l'héroïsme de ses admirables soldats. Et si les
Allemands, s'abusant sur leur victoire en Gali-
cie, tentent quelque ruée désespérée sur le front
italien ou le nôtre, qu'ils ne s'étonnent pas de
yoir-en même temps surgir contre eux, à l'O-
rient, les masses russes reconstituées et se dres-
ser contre eux, chez nous, le mur d'airain qu'ils
ont déjà rencontré.
Nous ne sommes' pas des stratèges nous
abandonnons ce rôle à quelques civus dont l'au-
torité n'a d'égale que l'incompétence. Ils s'en
vont racontant qu'il eût été plus habile de se
fortifier à Przemysl, d'y attendre l'intervention
des Italiens, pour donner la main aux Rou-
mains et marcher avec eux à la conquête de
Vienne. Etait-ce possible ? Je n'en sais rien. Je
me contente de mettre chapeau bas devant la
vaillance de nos amis et de saluer par avance
leurs succès de demain.
Un journal allemand a cru devoir démentir
ta nouvelle que la Russie songerait à faire une
paix séparée. Le penser eût été lui faire injure.
La Russie a Dosé sa signature au bas du pacte
du « 4 séptembre » elle n'est pas de ces puissan-
ces qui considèrent qu'un traité n'a que la va-
leur d' « un chiffon de papier ». La fortune peut
ne pas sourire à ses armées, nous en souf-
frons avec elle, mais nul n'a le droit de mettre
en doute sa volonté inébranlable de lutter jus-
qu'à la défaite de l'ennemi commun.
M. Viviani, hier, dans l'éloquente péroraison
de son discours, a affirmé que la France irait
jusqu'au bout. Il aurait pu associer à cette ré-
solution inflexible la Russie, l'Angleterre et
,1'Italie.
Aucune nation ne peut songer à,conclure une
paix séparée. L'honneur le lui interdit, mais
aussi le souci de son existence nationale, qui
est aujourd'hui l'enjeu de la lutte sans merci
que l'Europe soutient en ce moment. L'Allema-
gne déclarait l'autre jour que, pour défendre
tes bénéfices de la victoire qu'elle escompte, elle
doit conquérir et conserver ce qu'elle appelle
des positions stratégiques, et ce qui se nomme,
en réalité, la Belgique et les départements fran-
çais envahis.
Les Français, pour ne citer que nous, ne si-
gneront jamais une paix qui ne leur rendra pas
au moins l'Alsace-Lorraine. Il y a donc entre
l'Allemagne et nous toute la distance du Rhin.
Qu'on le veuille ou non, une paix boiteuse est
impossible voilà pourquoi il nous faut la vic-
toire, et, si nous savons la vouloir, nous l'ob-
tiendrons.
Arthur Meyer
Une Façade
qui s'effondre
Jamais, 'depuis un siècle, la fragilité de l'em-
!pire d'Autriche ne nous était apparue avec un
¡relief aussi saisissant qu'à l'heure où nous
¡sommes. Il faut remonter jusqu'à Napoléon Ier
(pour trouver, mis en morceaux, l'édifice impé-
rial constitué par Charles-Quint et plus ou
moins consolidé depuis par ses successeurs.
Cet édifice fait à coups de conquête, de pièces
et de morceaux, sans respect pour les vœux des
populations que les Autrichiens s'annexaient,
ne résista pas aux coups terribles qui lui fu-
rent portés par l'empereur des Français.
On le vit s'effondrer de toutes parts et cette
Autriche qui, naguère encore, prétendait s'em-
parer de notre Alsace, de notre Franche-Comté,
peut-être même encore de notre Provence, fut
resserrée dans les limites étroites que lui avait
fixées Napoléon. Mais celui-ci vaincu, elle put,
au congrès de Vienne, réparer ses désastrès. De
nouveau, l'Italie et d'autres contrées sur les-
quelles elle n'avait aucun droit, retombèrent
dans ses mains.
Le congrès de Vienne s'était, en effet, moins
préoccupé de rétablir l'équilibre de l'Europe
sur des bases de justice que de donner satis-
faction aux éxigences rapaces des gouverne-
ments qui s'étaient coalisés pour la délivrer du
joug napoléonien. Sous l'influênce de Metter-
nich et la France exceptée, les alliés vida-
rieux la dépecèrent, telle une proie dont cha-
cun voulait avoir sa part.
Remarquons en passant que ce qui s'est passé
à cette époque constitue une grande leçon pour
les négociateurs qui seront chargés, à la fin de
la guerre et quand on discutera les conditions
de la paix, de rétablir l'équilibre continental.
Ils auront le devoir de tenir compte, avant tout,
des aspirations des peuples et d'appliquer lar-
gement ce principe des nationalités, devenu
aujourd'hui le facteur impérieux de la politi-
que internationale.
Pour n'avoir pas prévu le formidable déve-
loppement de ce principe dans l'avenir, le con-
près de Vienne, alors qu'il se flattait d'avoir
parachevé une œuvre durable, n'avait élevé
,qu'un édifice dont la puissance apparente dissi-
roulait à peine les fondations fragiles. Il croyait
avoir bâti sur le roc et avait bâti sur le sable.
L'histoire internationale du dix-neuvième siè-
de est faite en grande partie de la révolte des
peuples conquis qui, s'étant un jour aperçu de
a force immense qu'ils représentaient, entre-
prirent de l'utiliser pour satisfaire leurs aspi-
rations légitimes'et recouvrer, avec leur indé-
pendance, les territoires qui leur avaient été,
^avis..
L'Autriche a été la première victime de ce
soulèvement des bras et des âmes. Les événe-
ments qu'elle n'avait pas prévus l'ont successi-
vement dépouillée de ses possessions d'Italie,
sans qu'on puisse le regretter ni la plaindre.
Ce fut là le coup le plus décisif porté à sa puis-
sance. Déjà diminuée antérieurement par la
perte des Pays-Bas, elle le fut plus encore après
flue les pays italiens lui eurent été arrachés.
La guerre de 1866 creusa de nouvelles fissur
res dans la raçaaë imposante gu monument"
qu'elle avait dressé comme un rempart contre
le droit des nations, contre la justice et contra
la liberté. En dépit de ses revers et de ses hu-
miliations, elle avait conservé son hégémonie
séculaire sur l'Allemagne et si ce pouvoir, que
sous le règne de Frédéric II et de Marie-Thérèse
lui avait disputé la Prusse,'ne s'exerçait
plus sous les mêmes formes effectives que par
le passé, elle en conservait tout au moins les
apparences et, dans une certaine mesure, en
recueillait l'honneur. Ce privilège purement
nominal, mais encore honorifique, fut détruit
par Bismarck, dont elle fut la dupe après avoir
été sa complice, et, de ce fait, le vieil édifice
autrichien est resté plus profondément ébranlé
qu'il ne l'avait été après la guerre d'Italie.
Lorsqu'on regarde à ces lointains souvenirs,
on ne peut pas ne pas s'étonner que l'Autriche
ait plus tard manqué de mémoire au point de
devenir l'alliée de son ennemi de 1866 qui,
après l'avoir traînée dans,'la boue par l'organe
de ses journaux et par 'la voix de ses diploma-
tes, lui avait imposé la pire des humiliations
en la contraignant à signer le traité de Prague.
Peut-être, après tout, dut-elle la subir pour se
dérober à la ruine totale dont elle était me-
nacée.
C'est assurément une préoccupation de ce
genre qui put la décider, en 1887, à laisser l'Ita-
lie prendre place entre elle et l'Allemagne pour
constituer la Triple-Alliance cette union, aussi
extraordinaire qu'anormale, qui eut au moins
pour conséquence de la mettre pour un temps
à l'abri des entreprises de deux Etats dont
l'amitié qu'ils lui manifestaient ne pouvait
être que feinte, et, pour tout dire, une comédie.
On, ne saurait méconnaître qu'en subissant,
ainsi qu'elle l'a fait, les fatalités successives du
sort, elle a dû se sentir cruellement humiliée.
A l'heure où nous sommes, elle l'est plus en-
core qu'elle ne le fut jamais.
Elle n'existe que grâce à l'Allemagne. Mais,
à quel prix ? C'est l'état-major allemand qui'
commande ses armées et c'est du cabinet de
Berlin que lui viennent les directions qu'elle
est tenue de suivre. Presque partout, on re-
cueille la preuve des sentiments haineux que
nourrissent les officiers autrichiens contre les
officiers allemands, à qui trop souvent ils sont
obligés d'obéir. Peu à peu, tout s'effrite sur ce
monument qui fit si longtemps illusion et
l'heure approche où, de ce qui fait l'empire
d'Autriche, il ne restera rien qu'une expression
géographique qui s'effacera bientôt de la carte
européenne.
Il n'est pas jusqu'à la Hongrie qui n'inspire
des inquiétudes au cabinet de Vienne, car si le'
loyalisme hongrois est actuellement de nature
à la rassurer, elle se demande s'il résistera
longtemps aux défaites définitives qui, sur deux
de ses frontières, ne semblent pas pouvoir lui
être épargnées. Entre elles et le peuple de Hon-
grie, il y a des souvenirs tragiques, ceux de
1848, notamment, où le soulèvement national
de ce pays la mit à deux doigts de sa perte et
où elle ne fut sauvée que par la Russie, qui s'est
repentie depuis de lui avoir porté secours et de
lui avoir permis de noyer dans le sang, avec
tous les raffinements d'une cruauté impitoya-
• ble, la plus légitime et la plus sainte des insur-
rections.
Voilà quels souvenirs il convient de rappeler
aujourd'hui, car, malgré tout, ils restent tou-
jours vivants derrière le rideau de loyalisme
et de fidélité qui ne dissimule plus qu'impar-
faitement la destruction lente, mais fatale, d'un
illustre monument du passé.
Ernest Daudet
ha Journée des Orphelins
de la Guerre
Les quatre groupements Orphelinats corpo-
ratifs et mutualistes, Orphelinats catholiques et
confessionnels, Orphelinats des armées et Se-
cours national, qui se sont mis d'accord le
22 juin sur l'organisation de la « Journée des
orphelins », se sont réunis le 24 juin. Ils se sont
constitués en « Comité d'attribution des fonds
recueillis à l'occasion de la Journée nationale
des orphelins de la guerre Il. Ils ont constitué
leur bureau de la façon suivante
Président M. Appel, président du comité du
Secours national
Vice-présidents MM. A. Croiset, président
de l'Orphelinat des armées; A. Rendu, prési-
dent de l'Association nationale de protection
des veuves et orphelins de 'la guerre Viénot,
présidait de la Fédération nationale des orphe-
linats corporatifs et mutualiste
Secrétaire général M. Lavignon, vice-prési-
dent de la Fédération nationale des orphelinats
corporatifs et mutualistes
Trésorier M. de Goyon, administrateur di-
recteur de l'Office central des œuvres de bien-
faisance.
Toutes ces décisions ont été prises à l'unani-
mité.
Le comité a arrêté les dernières mesures en
vue de l'organisation et du succès de la journée
du 27 juin.
On peut, dès à présent, adresser les offrandes
à M. de Goyon, trésorier, au siège social,
175, boulevard Saint-Germain, à Paris (6a).
LA SITUATION
MILITAIRE
La situation est caractérisée, aujourd'hui, par
une incessante et violente canonnade dans le
secteur au nord d'Arras, en Champagne et au
bois Le Prêtre, et par des opérations de mines
à l'ouest de Péronne, à l'ouest de Reims et en
Champagne nos progrès n'ont été décisifs sur
aucun point, mais partout nous sommes venus
à bout de l'opiniâtre résistance des Allemands.
Dans la région au nord d'Arras, où se pour-
suivent des actions locales d'infanterie, nous
avons obtenu une légère avance au nord de
Souchez, à la suite de l'échec d'une contre-
attaque allemande.
Arras a été bombardé de nouveau la rage
des bandits y a fait d'innocentes victimes.
A l'ouest de Péronne, devant Dompierre,
nous avons arrêté une contre-attaque ennemie
précédée d'un bombardement qui avait lui-
même suivi l'explosion de plusieurs fourneaux
de mines.
A l'ouest de Reims, à la cote 108 (sud-est de
Berry-au-Bac), dans l'angle du canal de la Mar-
ne al'Aisne et du canal latéral à l'Aisne, noua
avons bouleversé à la mine les tranchées enne-
mies.
En Champagne, lutte de mines sur le front
Perthes-Beauséjour.
Sur les Hauts-de-Meuse, à la Tranchée de
Calonne, après deux furieuses contre-attaques
de l'ennemi, dont la première nous a fait per-
dre son ancienne deuxième ligne, et dont l'au-
tre a été enrayée par une vive attaque, nous
avons repris une partie de celle-ci et nous
nous y sommes maintenus.
Aux lisières du bois Le Prêtre, les Allemands
ont bombardé nos positions du « Quart-en-
Réserve » (partie ouest du bois).
En Lorraine, nous nous sommes emparés de
deux ouvrages près de Leintrey c'est la conti-
nuation de l'avance que nous avons signalée
hier. En outre, une contre-attaque ennemie a
été repoussée.
Un brouillard très épais a entravé les opéra- <
tiens dans les Vosges. Le nombre d'Allemands
capturés sur la Fechtfdu 14 juin au 23 (25 of-
ticiers. 53 sous-officiers et 638 soldats) est ai-
gnitïcatîf "èrf lui-même et par celui des tués et
blessés qu'il fait supposer.
Le rapport officiel sur la conquête du Laby-
rinthe (30 mai-19 juin), qui a été reproduit ici
le 23, présente d'intéressantes particularités. Si
l'on se reporte aux indications des communi-
qués du au 20 juin, on constate facilement
qu'elles ne permettaient pas de se rendre
compte de la prise du Labyrinthe, et ne la
laissaient même pas prévoir à une époque rap-
prochée. Cependant, dès le 17 ce résultat
était, en réalité, en très grande partie atteint,
et le 19 il était entièrement acquis tous les
ouvrages du dédale de tranchées, de boyaux,
de fortins, d'abris et de barricades du Labyrin-
the étaient définitivement en notre pouvoir.
Aucun des récits officiels publiés jusqu'à pré-
sent sur les opérations, ne donne une idée plus
complète et plus impressionnante de la nature
de la guerre actuelle sur le front occidental, de
l'élan et de la ténacité de nos fantassins sous
le feu des mitrailleuses et des canons ennemis,
et de leur merveilleuse habileté à manier les
engins de tranchées.
Général Bourelly
• «.
:Uj!E EXPOSITION DE JOUETS
Fabriqués par les soldats
blessés et par les Artistes
Au pavillon de l'Elysée, l'Union des Arts a établi son
empire de Beauté et de Bonté. Je viens de visiter les
préparatifs d'une magnifique exposition de jouets que ta
dévouée présidente de l'œuvre, Mlle Racbel Boyer, de 1g
'Comédie-Française, organise en ce joli local pour la fin
du mois. Une exposition de jouets serait chose banale;
mais celle dont je veux parler est constituée par des objets
qu'ont fabriqués les soldats blessés ou les soldats du front.
Ce n'est pas encore le moment de décrire ces merveilles
,d'ingénieuse simplicité ou de savante complication qui
ont été imaginées par nos braves militaires. Je dois men-
tionner cependant des coquilles d'œufs à la métamorphose
desquelles le Créateur lui-même n'avait sûrement pas
songé. Mais soyons discret et ne déflorons pas des sur-
prises.
Le comité qui préside à cette manifestation de charité
patriotique, dont l'Union des Arts a pris l'initiative, a
inscrit à sa tête les noms de MM. Millerand, ministre de
la guerre; Sarraut, ministre de l'instruction publique, et
Dalimier, sous-secrétaire d'Etat aux. Beaux-Arts, qui ont
bien voulu accorder leur haut patronage à l'exposition;
M. Paul Hervieu, de l'Académie française, en a accepté
la présidence d'honneur, et son collègue M. Maurice
Donnay, la présidence effective; M. Dausset, vice-prési-
dent du Conseil municipal, rapporteur du budget de la
Ville de' Paris, ainsi que M. Abel Faivre, le spirituel
dessinateur, en sont les vice-présidents, avec Mlles Marie
Leconte et Cerny.
Les objets fabriqués par les soldats seront vendus au
profit de leurs inventeurs. D'autres attraits que les jouets
solliciteront encore les amateurs de rareté. C'est ainsi
que des sculpteurs réputés ont tenu à apporter à l'Union
des Arts une note originale: ils ont modelé les têtes de
nos plus célèbres comédiennes et chanteuses, et ces figu-
rines exquises seront montées sur des corps de poupées
revêtues du costume dans lequel les artistes ont conquis
leurs plus grands succès sur les scènes de la capitale.
Voilà des poupées que tous les Parisiens et les étrangers
qui sont en séjour amical chez nous s'arracheront sans
nul doute. La collection complète sera un vrai document
de la vie artistique de notre temps.
Enumérer tous les noms mérite un article spécial et
nous reviendrons en détail sur les trouvailles originales
que les artistes parisiens ont créées.
Ces objets seront accordés au public à des prix inouïs
de bon marché. Et les petits enfants qui viendront trou-
veront là de multiples occasions de s'emparer des petits
bibelots charmants souvenirs de l'an 1915.
Enfin, l'Union des Arts offre à la curiosité émue du
public un précieux bibelot de patriotisme: le bracefet
fabriqué par nos artilleurs avec la ceinture de l'obus de 75.
Ces bracelets, dont il ne peut y avoir qu'une quantité
limitée, seront numérotés, et, sans nul doute, feront
prime.
La souscription à tous ces objets a un but charitable:
elle est destinée à alimenter la caisse de secours de
l'Unoin des Arts, qui, on le sait, vient en aide à la souf-
france des gens de théâtre, des peintres, des sculpteurs
et des gens de lettres. On peut s'inscrire, pour devenir
possesseur d'un de ces bracelets, soit au siège de l'Union
des Arts, soit chez.M. Cartier, joaillier, 13, rue de la
Paix, qui a bien voulu se mettre gracieusement à la dis-
position de l'œuvre.
Le bracelet du 75 sera un vrai fétiche. Il sera le bijou
qui protège et dont toute femme voudra se parer fière-
ment, pour être en communion avec les vaillants soldats
qui portent, avec le 75, la Victoire jusqu'aux nues.
Le Gaulois donnera cette marque d'intérêt à l'œuvre
de publier la liste complète des souscripteurs,
hrance et Italie
L'anniversaire de Solférino, qui tombait hier,
a été l'heureux prétexte d'une manifestation
franco-italienne dont le retentissement dépas-
sera certainement l'enceinte du Trocadéro, où
elle s'est déroulée.
Pour la première fois, en effet, depuis que
l'Italie, dans un élan populaire qui a eu un
profond écho dans tous les cœurs français, s'est
décidée à apporter le concours de ses vaillantes
baïonnettes à la cause sacrée pour laquelle nous
combattons, son ambassadeur en France a pris
publiquement la parole. Il aurait pu se conten-
ter de rester dans la limite des lieux communs
et des généralités où se complaît l'éloquence
des diplomates, lorsqu'ils sont appelés à s'ex-
primer en public sur des événements auxquels
ils ont été directement mêlés.
M. Tittoni, toutefois, avant d'être un diplo-
mate. a été un homme d'Etat. Il l'est demeuré.
C'est avec l'autorité et l'aisance d'un homme
d'Etat qu'il a parlé hier du rôle de l'Italie non
seulement depuis le début du conflit, mais des
incidents qui, depuis de longues années, ont
préparé sa rupture avec les Empires du centre
et l'ont justifiée. II a parlé avec le consentement
de son chef, le ministre des affaires étrangères
d'Italie, ce qui accentuait encore la portée de
ses déclarations. Il s'est excusé de n'avoir cité
que des faits, sans s'attarder à des périodes so-
nores ou à des digressions où la rhétorique rem-
place la précision. Ceux qui l'ont entendu, ceux
qui liront son discours, que nous reproduisons
plus loin, ne le regretteront certes point, car,
dans un langage élevé et sobre, impressionnant,
j'allais dire émouvant par sa netteté, c'est un
véritable Livre vert dont il nous a donné, avant
la lettre, la primeur intéressante.
Après avoir souligné l'ironie monstrueuse de
cette guerre survenant au moment où toutes
les nations venaient de régler leurs conflits d'in-
térêts, après avoir montré que l'Autriche-Hon-
grie en porte en premier lieu la responsabilité
devant l'Histoire, par le fait de son agression
injustifiable contre la Serbie, l'éminent diplo-
mate a rappelé comme quoi il avait été lui-même
à plusieurs reprises, lorsqu'il était ministre des
affairesétrangères,dans l'obligation de menacer
l'Autriche d'une rupture, à la suite de ses ten-
tatives de politique individuelle et belliqueuse
dans les Balkans il nous a enfin donné lecture
d'un document extrêmement curieux les dépê-
ches qu'il avait échangées avec le marquis di
San Guliano, à l'époque de l'occupation de Scu- j
tari par les Autrichiens, et dans lesquelles il
conseillait à son ministre d'avertir le gouver-
nement de Vienne que l'Autriche, en attaquant
le Monténégro, violait l'article 7 du traité de la
Triplice et déchirait le pacte que l'Italie devrait
dénoncer.
Bref, M. Tittoni, par ses révélations, a con-
firme les griefs nombreux qui déjà eussent suffi
à justifier avant même la guerre actuelle
la rupture de la Triplice. Aussi bien, comme
l'a dit l'ambassadeur quand par leur mépris
des conventions, quand par leur orgueil déme-
suré, par leur soif d'hégémonie des peuples
ont decnaué un aussi sanglant et' terrible çon-
f Ht., il n'y a qu'une seul© et inéluctable solu-
tion la rédemption. Le succès de M. Tittoni a
été très vif.
Auparavant M. Deschanel, avec son élo-
quence incisive et enveloppante, avait rendu
un hommage mérité aux artisans du rappro-
chement franco-italien, et avait tracé le vigou-
reux contraste entre le génie latin et l'esprit
germanique.
Pour clore, enfin, cette manifestation,` M.
Stéphen Pichon a célébré, en termes élevés et
chaleureux les bienfaits de la nouvelle alliance;
puis un député belge, M. Destrée, est venu
apporter l'hommage reconnaissant de la Bel-,
̃̃ gique à l'Italie et à la France. Des acclamations
enthousiastes ont salué son allocution profon-
dément émouvante par tout ce qu'il y avait
(fans sa vibrante parole de douleur patrioti-
que et de sublime confiance.
René ,d'Aral
La Guerre
i COMMUNIQUES OFFICIELS
Communiqué du 24 juin, 15 heures
Dans la région au nord d'Arras, la nuit a été
relativement calme, si ce n'est au nord de Sou-
chez où la canonnade n'a pas cessé.
L'ennemi a bombardé Arras l'ambulance
.du Saint.Sacrement a été particulièrement
atteinte des religieuses et des infirmières ont
été tuées.
Devant Dompierre (à l'ouest de Péronne),
l'explosion d'un fourneau de mine allemand a
été suivie d'un violent bombardement de nos
tranchées. Une tentative d'attaque de t'ennemi,
exécutée par un très faible effectif, a été facile.
ment enrayée.
Sur les Hauts-de-Meuse, à la tranchée de Ca-
tonne, situation inchangée nous nous main.
tenons dans une partie de la deuxième ligne
allemande.
En Lorraine, près de Leintrey, l'ennemi a
contre-attaque après une lutte assez vive, il a
été repoussé.
Sur le reste du front, nuit calme.
Le nombre des prisonniers faits depuis le 14
juin dans la région de la Fecht s'élève à 25 of.
ficiers, 63 sous-officiers et 638 hommes.
Communiqué du 24 juin, 23 heures
Dans la région au nord d'Arras il n'y a pas
eu, aujourd'hui, d'actions d'infanterie. Nos
troupes se sont organisées sur les positions
conquises. Vive canonnade dans le secteur An-
gres-Ecurie.
L'ennemi a très violemment bombardé, la nuit
dernière et aujourd'hui, Berry-au-Bac et le vit-
lage voisin de Sapigneul. Ce bombardement ne
nous a causé que des pertes insignifiantes.
En Argonne et sur les Hauts-de-Meuse on ne
signale plus que des actions d'artillerie.
Dans les Vosges, à La Fontenelle, une attaque
allemande a été repoussée.
Les Allemands ont canonné les lisières de
Metzeral et les crêtes à l'est du village, où no.
tre progression s'est légèrement accentuée.
AUTOUR t)E !sA eUEItfîE
Ce que tes Allemands réclameront après la
guerre
Lorsque le chancelier allemand, le 28 mai,
déclara qu'il était complètement d'accord, au
sujet des conauêtes nécessaires à l'Allemagne,
avec les agrariens allemands, il avait reçu des
grandes ligues agrariennes, les 10 mars et
20 mai, un mémoire confidentiel qui déclarait
impossible une paix séparée avec l'Angleterre
et exigeait, entre autres choses
i° La conquête d'un empire colonial
2° L'annexion de la Belgique au point de
vue économique, politique, monétaire, finan-
cier, postal et voies ferrées
3° Annexion des territoires français jusqu'à
la Somme acquisition des mines de cuivre de
Briey, des forteresses de Verdun et de Belfort
acquisition de la ligne de la Meuse et des ca-
naux français, y compris les charbonnages du
Nord et du Pas-de-Calais
4° Indemnité de guerre de la France suffi-
sante pour que sa puissance économique et ses
propriétés foncières moyennes et grandes pas
sent aux mains des Allemands
5° Annexion à l'est de provinces polonaises
avoisinant les provinces prussiennes de Prusse
orientale, de Posnanie et de Silésie
6° Indemnité à fixer à exiger de la Russie.
Il est à noter que le parti des agrariens est
un des plus puissants de l'Allemagne et que
son influence est prépondérante dans les cam-
pagnes. On voit, d'après ce qu'on vient de lire,
ce que nous réserverait l'ennemi s'il était vain-
quéur.
La Guerre
avec la Turque
Dans les Dardanelles. Une armée turque
écrasée. L'ennemi perd 7.000 hommes
On annonce de Londres, d'après une dépêche
officieuse, que le maréchal Liman von Sanders
vient de faire une nouvelle tentative pour exé-
cuter sa menace de rejeter l'armée britannique
à la mer. 'Le seul résultat obtenu est que les
Turcs se sont vu infliger une nouvelle défaite
par des Australiens et des Néo-Zélandais.
Pas un seul Turc, au cours de l'attaque, ne
put prendre pied dans les tranchées des alliés,
.bien que des centaines de cadavres eussent été
trouvés au bord même des parapets. Aucune
de leurs précédentes ùttaques n'avait encore
subi un échec semblable. L'ennemi était ap-
puyé par un violent feu d'artillerie et, selon
les dires des prisonniers, il y avait au moins
trente mille Turcs massés contre nos positions.
Nos évaluations officielles estiment que les
troupes ottomanes auraient.perdu sept mille
hommes, tant en tués qu'en blessés, mais à en
juger d'après la quantité considérable de morts
gisant encore sur le front de nos tranchées,
cette évaluation est certainement au-dessous de
la vérité. j
L a défense d'Andrinople
Le correspondant du Times à Sofia apprend
d'Andrinople que les Turcs retirent de Midia
les troupes qu'ils y avaient concentrées cin-
quante mille hommes se dirigent vers Andrino-
ple, où la population manifeste une vive in-
quiétude.
On croit que ces mesures hâtives de renfor-
cement de la garnison d'Andrinople indiquent
une diminution de la confiance des Turco-Alle-
mands vis-à-vis des intentions de la Bulgarie.
On monte de nouveaux canons à Andrinople,
d'où on les avait complètement retirés.
Le commandant militaire; Faïk pacha, a été
remplace par un officier allemand! ? œ même,
1 tous les officiers supérieurs des troupes qui ar-
rivent actuellement à Andrinople sont Alle-'
mands. Les familles de nombreux officiers et
fonctionnaires partent pour Gonstantinople..
La main-mise de PAIIemagne
Un communiqué officiel rend compte des
opérations du corps expéditionnaire d'Orient
du ter au 8 juin. De ce document rétrospectif
nous détachons les passages suivants
« Parmi les soldats ennemis capturés se
trouvent six Allemands faisant partie d'une
compagnie de mitrailleuses. Cette compagnie,
qui a perdu dans l'action les deux tiers de ses
pièces, un de ses officiers et presque tous ses
t hommes, se composait exclusivement d'Alle-
j mands. Les uns étaient des marins débarqués
du Gceben et du Breslau; d'autres des' sujets
prussiens habitant la Turquie et mobilisés sur
place d'autres, enfin, étaient venus de leur
pays par l'Autriche et la Bulgarie. Des décla-
rations de ces hommes, il résulte que l'Allema-
gne n'a cessé depuis plusieurs mois de ravitail-
ler l'armée ottomane en cadres et en techni-
ciens. Soit individuellement, soit par petits
[groupes, ces auxiliaires arrivent en un afflux
continu à Constantinople, d'où on les dirige
sur les arsenaux ou les armées.
» Presque toutes les grandes unités ont à
.leur tête des officiers prussiens. Les prison-
niers faits à Koum-Kaleh, le 26 avril, apparte-
naient à la division du colonel von Nikolai
1 ceux qui ont mis bas les armes le 4 juin étaient
sous les ordres de Weber pacha. Partout, sur
terre comme sur mer, lorsau'un officier turc
est investi d'un commandement important, il
est doublé d'un ou deux Allemands. La griffe
germanique tient, ce malheureux pays dans ses
serres impitoyables. » •
LES OPERATIONS RUSSES
L'abandon de Lemberg. L'armée
russe en se dérobant force l'en-
nemi à maintenir ses forces en
Galicie. Le calme des alliés
Comme nous le laissions prévoir, les Russes
ont abandouné Lemberg que les Austro-Alle-
mands ont aussitôt occuvé; l'ennemi n'a trouvé
daus la place qu'un butin insignifiaut et n'a
pris que quelques traînards. Les Russes te-
naient Lemberg depuis les premiers jours de
la guerre; ils ont agi sagement en l'abandon-
nant plutôt que de s'exposer procurer à leurs
adversaires l'oçcasion de remporter la grande
victoire que ceux-ci recherchent à tout prix
pour pouvoir se retourner. contre la France et
l'l talie.
La situation est des lus simples les Aus.
tro-Allemands n'ont pas eu l succès décisif
qu'ils escomptaient ils n'ont pu avancer qu'en
livrant des batailles où ils ont fait d'énormes
pertes ils ont toujours en face d'eux une
puissante armée qui, sans doute, a cédé du
terrain, mais qui n'a, pas été dispexsée. Et cetle
arinée. est prête à continuer la lutte avec la
même énergie qu'auparavant. Lé moment n'est
pas encore venu où V ennemi pourra songer à
distraire des troupes dïi* front oriental.
Voilà la morale de l'abandon de Lemberg.
L'opinion publique, chez les alliés, ne saurait
s'y tromper. En Angleterre, les journaux di-
sent que l'événement n'a surpris personne, et
personnel n'a d'inquiétudes le revers ne fera
que fortifier la résolution indomptable de l'ar-
mée et de la nation russes de poursuivre la lutte
jusqu'au bout.
En Italie, l'opinion ne s'est pas départie un
instant de son calme. Les journaux font res-
sortir l'ordre parfait dans lequel cette retraite
s'est ef fectuée et la sagesse de la stratégie du
grand-duc Nicolas, ordonnant l'abandon d'une
ville dont la défense aurait pu être funeste à
l'armée russe dans l'état actuel des opérations.
La Tribuna fait jzcstement remarquer la sage
façon dont la xetraite russe est. menée, par
echelon, sans pertes graves du côté russe et
avec des pertes énormes du c6té de l'ennemi.
Quant aux Austro- Allemands, en s'éloignant
toujours davantage de teur base, ils compro-
mettent de plus en plus leurs communications,
jztsqu'au jour, où ils se trouveront, dans des
conditions inférieures, en' face de nouvelles et
puissantes formations russes.
Communiqué russe
Communiqué du grand état-major russe, du
23 juin
Dans la région de Chavli, aucun changement.
Les combats continuent.
Au sud des lacs de Ba2grod, nos troupes d'avant-
garde, traversant dans la nuit du 21 au 22 la rivière
Egrjna, ont occupé le village deKaulighi et anéanti
une compagnie atlemande tout entière.
Dans la région de Lomja, violent feu d'artillerie.
Sur la Taneff, près du village de Lublinetz, nous
avons repoussé des attaques ennemies..
A l'ouest de Rawa-Rousska, l'ennemi est refoulé
'de plusieurs villages.
Près du village de Gutazelma, notre cavalerie a
sabré trois compagnies ennemies.
Le 21 juin et pendant la nuit suivante, dans la
région de Lvoff, nous avons arrêté l'offensive de
l'ennemi par un combat opiniâtre. L'ennemi a es-
smjé des pertes importantes au cours d'attaques
sans résultats près du village. de Brjoukhovice et
plus au sud, sur la rivière Cszerek mais il a réussi
d progresser dans la région de la ville de Jolkeff.
En conséquence, le 22 juin, nos troupes ont quitté
Loof et ont continué à se retirer sur un nouveau
front.
Sur le Dniester, le combat continue au sud du
village de Kosmierjine, où l'ennemi se maintient
sur la rive gauche du fleuve.
Dans une boucle du Dniester, noms avons refoulé
l'ennemi du village d'Oùnich vers le village de
Louka.
Dans un combat à la baïonnette heureux pour
nous, nous avons fait un millier de prisonniers.
LES MANIFESTATIONS A VIENNE
On télégraphie de Vienne aux journaux suis-
ses que la nouvelle de la prise de Le.mberg a
provoqué, dans toute la ville, un enthousiasme
délirant. Déjà avant que la nouvelle fût répan-
due par des éditions spéciales des journaux, le
public l'apprit par le drapeau hissé sur le mi-
nistère de la guerre. La nouvelle se répandit
alors comme une traînée de poudre à travers
toute la ville. A partir. de sept heures et demie,
la foule se rassembla toujours plus dense de-
vant le ministère de la guerre, où des mani-
festations eurent lieu.
Le bruit court que François-Joseph assistera
à un service d'actions de grâces et recevra une
députation de la noblesse de Galicie. Le Kaiser
a envoyé un télégramme de félicitations au
commandant en chef, l'archiduc Frédéric, et
l'a nommé maréchal prussien.
LE GENERAL KOUROPATKINE i
MINISTRE DE LA GUERRE'
Une dépêche de Berlin transmise de Co-
penhague au Morning Post dit que dans les
cercles militaires on s'attend à ce que le géné-
r al Kouropatkine soit nommé ministre de la
guerre de .Russie.
MACKENSEN EST FAIT MARECHAL'
On télégraphie de Berlin que le général von
Mackensan est nommé feld-maréchal,
L'iim
i
LES OPÉRATIONS MILITAIRES
Ce que dit le communiqué officiel. Les com
bats sur les frontières
Communiqué du grand état-major italien du
23 juin
Le duel 'd'artillerie, particulièrement entre les,
batteries de moyen et de gros calibre, a pris de l'in,
i tennté sur tout le front.
L'ennemi a aussi essuyé des attaques,
ment pendant la nuit, d Monte-Piano, d Palgrande,
à Paipiccqlo et Crestaverde (entre Pizzo-Collinà
et Lollenliofet) Crostaverde avait été occupé hier
par nos troupes.
L'ennemi a mis une insistance particulière dan*.
ses tentatives pour prendre pied dans notre posi-
han de Freikofel, laquelle, pendant la nuit du 21:
au 22 et dans la journée suivante, a soutenu troti.
attaques qui ont toutes été repoussées, à la fois
?rVtl(?d\em*ce de l'artillerie et par l'emploi de$
grenades main. L'ennemi a laissé sur le terrain
deux cents cadavres.,
Dans la baie de Plezz°, Ón signale des travaux
les hauteurs environnantes, et des mouvements de>\
convois remontant de Plezzo vers l'Isonwo supé..
Dans la région du Monte-Nero et le long de,
leme™' ]0UTnée du 22 Juin s'est passée tranquiU
La prise de Cortina
On a reçu à Rome des détails sur la prise" dai
cortma. Les opérations durèrent deux jours.
L'ennemi évacua la ville dans l'espoir que lea!
italiens y entreraient immédiatement en s'ex-;
posant au feu des canons mis en position sur*
les hauteurs environnantes. Mais au lieu dej
donner dans le piège, les Italiens, par un feu:'
d artillerie soutenu, commencèrent par réduire'
au silence les batteries autrichiennes, ils pri-i
ÏSrt ensuite les hauteurs une à Une et «^P*
Les choses se passent maintenant dans les
mêmes conditions à Rovereto, où les duels d'ar-
tuerie se poursuivent opiniâtrement. Les Ita-
hens s'emparent graduellement des hauteur.
Punta-Tassi, à l'ouest de Cortina, qui a été
prise par les troupes italiennes, est située dans
une altitude d'en..
La bataille de Plava, où de nombreuses bat-,
tenes étaient engagées des deux côtés a été la'
plus violente de la campagne.
La question des Munitions
La question des munitions à la Chambre dea
communes. Déclarations de M. Lloyd
George
Répondant à une question au sujet de la¡
vre, M. Lloyd George, ministre dea
munitions, a fait, à la Chambre des communes,
les déclarations suivantes
« Si nous ne pouvons pas obtenir ce qui est
essentiel pour le succès du pays dans une guerne
dont dépend la vie de la nation, nous recour-
rons aux moyens de tout Etat qui veut sauver
son existence, lorsque les concours volontaires
font défaut. Aucun citoyen ne nous refusera
les pouvoirs nécessaires. Nous emploierons
tous les travailleurs qui se présenteront volon-
tairement il y a environ 250,000 travailleurs
capables nous les défrayerons de leurs dépen-
ses, notamment de leur voyage, et nous leur
donnerons les mêmes salaires qu'ils recevraient
dans les localités d'où ils viendront. Nous fe-
rons en sorte qu'ils ne perdent rien en se sacri·
fiant au service de l'Etat.
M. Lloyd George expose ensuite ses projets
et il ajoute f j
« Si nous pouvions nous procurer une main-
d œuvre appropriée, nous pourrions en quel-
ques semaines doubler la fabrication des mi-
trailleuses. Je ne peux pas prévoir les besoins
futurs de l'Allemagne mais si cette dernière
décide de lancer contre l'ouest ses forces da
1 est, il sera d'un intérêt vital de fournir le plus
possible de mitrailleuses à nos troupes.
L'Allemagne a accumulé du matériel jus-
qu'à ce qu'elle eût été prête, elle a fait montre
de dispositions amicales vis-à-vis de tout le
monde durant la crise balkanique, aucune au-
tre ne fut plus modeste et sans prétention. Elle
souriait bénévolement à la France elle se pro-
menait bras dessus bras dessous avec la Gran-
de-Bretagne à travers les chancelleries euro-i
péennes.
» Nous avions vraiment cru qu'une ère de
paix et de bonne volonté avait enfin sonné.
Mais, en même temps, l'Allemagne fabriquait
clandestinement des quantités énormes de ma-
tériel de guerre pour attaquer ses voisins par
surprise et les assassiner pendant leur sommeil.
Si une telle méthode traîtresse pouvait réussir,
toutes les possibilités d'entente internationale
seraient réduites à néant. Il est essentiel à la
paix du monde qu'une telle traîtrise échoue, et
c'est notre tâche de. faire le nécessaire pour,
.cela. »
s Opérations
u Mer
Les faits et gestes du sous-marin allemand
« U-51
On sait que le, capitaine Jaersing, comman.
dant du sous-marin allemand U-51, a reçu du
Kaiser la plus haute décoration allemande»
celle de 1' « ordre du Mérite la célébrité que
ses gestes criminels lui ont procurée et le té-
moignage de sympathie ont paru à un corres-
pondant américain des titres suffisants pour
lui demander un récit de ses gestes. Le capir
taine Jaersing y a consenti de bon gré.
Après s'être vanté d'avoir coulé successive-
ment le croiseur anglais Patfinder et 5 stea-
mers anglais, il a raconté avoir eu l'idée, au
mois de mai 1915, de s'avancer avec son sous-
marin de la mer du Nord aux Dardanelles où;
il coula les deux cuirassés anglais Triumph et
Majestic. Voici comment
« Nous avons quitté, a-t-il dit, les ports alle-
mands le 25 avril et nous sommes arrivés de.
vant les Dardanelles, le 25 mai. Jusqu'à Gibral-
tar, nous n'avons découvert aucun navire ana
glais nous avions voyagé, en grande partie,
sur la surface de l'eau. Dans les environs de
Gibraltar, nous avons remarqué un grand con-
tre-torpilleur anglais. Notre voyage se poursuis
vit pendant la nuit. Aux premières heures du)
matin, au moment où nous étions presque sor-
tis du détroit, les Anglais nous ont découverts.
Nous avons plongé alors et nous avons pu
échapper à leur poursuite.
» Une aventure analogue nous est arrivée
dans les environs de Bizerte. C'est seulement
en arrivant dans la mer Egée que nous avons
commencé à travailler. Le 25 mai, nous avons
torpillé le croiseur Triumph. Le 27 mai, nous
avons découvert le Majestic qui était près de la
côte.
» En regardant par le périscope, j'ai pu ob'-i
server distinctement les marins du navire qui]
étaient en train démanger tranquillement leur
soupe. Il était midi. J'ai eu un instant l'idée de
leur laisser le temps d'achever leur repas. Mais
i'ai réfléchi que s'était mon devoir d'agi? saoa
PARIS ET DÉPARTEMENTS T 10 CENTIMES
VENDREDI 25 JUIN 19i5
ARTHUR MEYER
Directeur
RÉDACTION
DE QUATRE HEURES DU SOIR A UNE HEURE DU MATIN
2, rue Drouot, 2
(Angle des boulevards Montmartre et des Italien»)
ABONNEMENTS
Paris et départements
Un mois. 3fr.5O Six mois 18 fr.
Trois mois. 9 fr. » Un an. 36 fr.
Etranger
Trois mois (Union postale) fr.
TÉLÉPHONE. TroislignesTÎ02[37- 209.00- 312.21
LE PLUS GRAND JOURNAL DU MATIN
ARTHUR MEYER
Directeur
ADMINISTRATION
.ABONNEMENTS, PETITES ANNONCES
2, rue Drouot, 2
t&agt* dw boulevards Montmartre et des Italiens)
ANNONCES
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES ANNONCES
8, PLAjCE DE LA BOURSK, 8
Et à l'administration du Journal
Les manuscrits ne sont pas rendus
ADBESSE TÉLÉGRAPHIQUE CAULOIB, PARIS
DÉPÊCHES .DELA DERRIÈRE HEURE
demain:
DANS LES TRANCHÉES
(DOUZE ILLUSTRATIONS)
Jasqa'au boat I
Les Russes ont dû, par mesure stratégique,
évacuer Lemberg, dont on redoutait, à juste ti-
tre, la chute depuis la prise de Przemysl. Leurs
légions restent intactes elles infligent même de
sérieux échecs aux armées austro-allemandes
c'est la rançon du succès d'amour-propre qu'el-
les viennent de remporter. Depuis le début, des
hostilités, les Russes nous ont habitués à ces
mouvements de flux et de reflux dont les Alle-
mands ont fait la terrible expérience. Il nous
faut aujourd'hui mesurer, au délai qui leur est
nécessaire pour s'approvisionner d'armes et de
munitions, la date à laquelle pourra se déchaî-
ner à nouveau leur débordante offensive, et
leur accorder avec confiance le crédit que leur
méritent la science éprouvée du Grand-Duc ot
l'héroïsme de ses admirables soldats. Et si les
Allemands, s'abusant sur leur victoire en Gali-
cie, tentent quelque ruée désespérée sur le front
italien ou le nôtre, qu'ils ne s'étonnent pas de
yoir-en même temps surgir contre eux, à l'O-
rient, les masses russes reconstituées et se dres-
ser contre eux, chez nous, le mur d'airain qu'ils
ont déjà rencontré.
Nous ne sommes' pas des stratèges nous
abandonnons ce rôle à quelques civus dont l'au-
torité n'a d'égale que l'incompétence. Ils s'en
vont racontant qu'il eût été plus habile de se
fortifier à Przemysl, d'y attendre l'intervention
des Italiens, pour donner la main aux Rou-
mains et marcher avec eux à la conquête de
Vienne. Etait-ce possible ? Je n'en sais rien. Je
me contente de mettre chapeau bas devant la
vaillance de nos amis et de saluer par avance
leurs succès de demain.
Un journal allemand a cru devoir démentir
ta nouvelle que la Russie songerait à faire une
paix séparée. Le penser eût été lui faire injure.
La Russie a Dosé sa signature au bas du pacte
du « 4 séptembre » elle n'est pas de ces puissan-
ces qui considèrent qu'un traité n'a que la va-
leur d' « un chiffon de papier ». La fortune peut
ne pas sourire à ses armées, nous en souf-
frons avec elle, mais nul n'a le droit de mettre
en doute sa volonté inébranlable de lutter jus-
qu'à la défaite de l'ennemi commun.
M. Viviani, hier, dans l'éloquente péroraison
de son discours, a affirmé que la France irait
jusqu'au bout. Il aurait pu associer à cette ré-
solution inflexible la Russie, l'Angleterre et
,1'Italie.
Aucune nation ne peut songer à,conclure une
paix séparée. L'honneur le lui interdit, mais
aussi le souci de son existence nationale, qui
est aujourd'hui l'enjeu de la lutte sans merci
que l'Europe soutient en ce moment. L'Allema-
gne déclarait l'autre jour que, pour défendre
tes bénéfices de la victoire qu'elle escompte, elle
doit conquérir et conserver ce qu'elle appelle
des positions stratégiques, et ce qui se nomme,
en réalité, la Belgique et les départements fran-
çais envahis.
Les Français, pour ne citer que nous, ne si-
gneront jamais une paix qui ne leur rendra pas
au moins l'Alsace-Lorraine. Il y a donc entre
l'Allemagne et nous toute la distance du Rhin.
Qu'on le veuille ou non, une paix boiteuse est
impossible voilà pourquoi il nous faut la vic-
toire, et, si nous savons la vouloir, nous l'ob-
tiendrons.
Arthur Meyer
Une Façade
qui s'effondre
Jamais, 'depuis un siècle, la fragilité de l'em-
!pire d'Autriche ne nous était apparue avec un
¡relief aussi saisissant qu'à l'heure où nous
¡sommes. Il faut remonter jusqu'à Napoléon Ier
(pour trouver, mis en morceaux, l'édifice impé-
rial constitué par Charles-Quint et plus ou
moins consolidé depuis par ses successeurs.
Cet édifice fait à coups de conquête, de pièces
et de morceaux, sans respect pour les vœux des
populations que les Autrichiens s'annexaient,
ne résista pas aux coups terribles qui lui fu-
rent portés par l'empereur des Français.
On le vit s'effondrer de toutes parts et cette
Autriche qui, naguère encore, prétendait s'em-
parer de notre Alsace, de notre Franche-Comté,
peut-être même encore de notre Provence, fut
resserrée dans les limites étroites que lui avait
fixées Napoléon. Mais celui-ci vaincu, elle put,
au congrès de Vienne, réparer ses désastrès. De
nouveau, l'Italie et d'autres contrées sur les-
quelles elle n'avait aucun droit, retombèrent
dans ses mains.
Le congrès de Vienne s'était, en effet, moins
préoccupé de rétablir l'équilibre de l'Europe
sur des bases de justice que de donner satis-
faction aux éxigences rapaces des gouverne-
ments qui s'étaient coalisés pour la délivrer du
joug napoléonien. Sous l'influênce de Metter-
nich et la France exceptée, les alliés vida-
rieux la dépecèrent, telle une proie dont cha-
cun voulait avoir sa part.
Remarquons en passant que ce qui s'est passé
à cette époque constitue une grande leçon pour
les négociateurs qui seront chargés, à la fin de
la guerre et quand on discutera les conditions
de la paix, de rétablir l'équilibre continental.
Ils auront le devoir de tenir compte, avant tout,
des aspirations des peuples et d'appliquer lar-
gement ce principe des nationalités, devenu
aujourd'hui le facteur impérieux de la politi-
que internationale.
Pour n'avoir pas prévu le formidable déve-
loppement de ce principe dans l'avenir, le con-
près de Vienne, alors qu'il se flattait d'avoir
parachevé une œuvre durable, n'avait élevé
,qu'un édifice dont la puissance apparente dissi-
roulait à peine les fondations fragiles. Il croyait
avoir bâti sur le roc et avait bâti sur le sable.
L'histoire internationale du dix-neuvième siè-
de est faite en grande partie de la révolte des
peuples conquis qui, s'étant un jour aperçu de
a force immense qu'ils représentaient, entre-
prirent de l'utiliser pour satisfaire leurs aspi-
rations légitimes'et recouvrer, avec leur indé-
pendance, les territoires qui leur avaient été,
^avis..
L'Autriche a été la première victime de ce
soulèvement des bras et des âmes. Les événe-
ments qu'elle n'avait pas prévus l'ont successi-
vement dépouillée de ses possessions d'Italie,
sans qu'on puisse le regretter ni la plaindre.
Ce fut là le coup le plus décisif porté à sa puis-
sance. Déjà diminuée antérieurement par la
perte des Pays-Bas, elle le fut plus encore après
flue les pays italiens lui eurent été arrachés.
La guerre de 1866 creusa de nouvelles fissur
res dans la raçaaë imposante gu monument"
qu'elle avait dressé comme un rempart contre
le droit des nations, contre la justice et contra
la liberté. En dépit de ses revers et de ses hu-
miliations, elle avait conservé son hégémonie
séculaire sur l'Allemagne et si ce pouvoir, que
sous le règne de Frédéric II et de Marie-Thérèse
lui avait disputé la Prusse,'ne s'exerçait
plus sous les mêmes formes effectives que par
le passé, elle en conservait tout au moins les
apparences et, dans une certaine mesure, en
recueillait l'honneur. Ce privilège purement
nominal, mais encore honorifique, fut détruit
par Bismarck, dont elle fut la dupe après avoir
été sa complice, et, de ce fait, le vieil édifice
autrichien est resté plus profondément ébranlé
qu'il ne l'avait été après la guerre d'Italie.
Lorsqu'on regarde à ces lointains souvenirs,
on ne peut pas ne pas s'étonner que l'Autriche
ait plus tard manqué de mémoire au point de
devenir l'alliée de son ennemi de 1866 qui,
après l'avoir traînée dans,'la boue par l'organe
de ses journaux et par 'la voix de ses diploma-
tes, lui avait imposé la pire des humiliations
en la contraignant à signer le traité de Prague.
Peut-être, après tout, dut-elle la subir pour se
dérober à la ruine totale dont elle était me-
nacée.
C'est assurément une préoccupation de ce
genre qui put la décider, en 1887, à laisser l'Ita-
lie prendre place entre elle et l'Allemagne pour
constituer la Triple-Alliance cette union, aussi
extraordinaire qu'anormale, qui eut au moins
pour conséquence de la mettre pour un temps
à l'abri des entreprises de deux Etats dont
l'amitié qu'ils lui manifestaient ne pouvait
être que feinte, et, pour tout dire, une comédie.
On, ne saurait méconnaître qu'en subissant,
ainsi qu'elle l'a fait, les fatalités successives du
sort, elle a dû se sentir cruellement humiliée.
A l'heure où nous sommes, elle l'est plus en-
core qu'elle ne le fut jamais.
Elle n'existe que grâce à l'Allemagne. Mais,
à quel prix ? C'est l'état-major allemand qui'
commande ses armées et c'est du cabinet de
Berlin que lui viennent les directions qu'elle
est tenue de suivre. Presque partout, on re-
cueille la preuve des sentiments haineux que
nourrissent les officiers autrichiens contre les
officiers allemands, à qui trop souvent ils sont
obligés d'obéir. Peu à peu, tout s'effrite sur ce
monument qui fit si longtemps illusion et
l'heure approche où, de ce qui fait l'empire
d'Autriche, il ne restera rien qu'une expression
géographique qui s'effacera bientôt de la carte
européenne.
Il n'est pas jusqu'à la Hongrie qui n'inspire
des inquiétudes au cabinet de Vienne, car si le'
loyalisme hongrois est actuellement de nature
à la rassurer, elle se demande s'il résistera
longtemps aux défaites définitives qui, sur deux
de ses frontières, ne semblent pas pouvoir lui
être épargnées. Entre elles et le peuple de Hon-
grie, il y a des souvenirs tragiques, ceux de
1848, notamment, où le soulèvement national
de ce pays la mit à deux doigts de sa perte et
où elle ne fut sauvée que par la Russie, qui s'est
repentie depuis de lui avoir porté secours et de
lui avoir permis de noyer dans le sang, avec
tous les raffinements d'une cruauté impitoya-
• ble, la plus légitime et la plus sainte des insur-
rections.
Voilà quels souvenirs il convient de rappeler
aujourd'hui, car, malgré tout, ils restent tou-
jours vivants derrière le rideau de loyalisme
et de fidélité qui ne dissimule plus qu'impar-
faitement la destruction lente, mais fatale, d'un
illustre monument du passé.
Ernest Daudet
ha Journée des Orphelins
de la Guerre
Les quatre groupements Orphelinats corpo-
ratifs et mutualistes, Orphelinats catholiques et
confessionnels, Orphelinats des armées et Se-
cours national, qui se sont mis d'accord le
22 juin sur l'organisation de la « Journée des
orphelins », se sont réunis le 24 juin. Ils se sont
constitués en « Comité d'attribution des fonds
recueillis à l'occasion de la Journée nationale
des orphelins de la guerre Il. Ils ont constitué
leur bureau de la façon suivante
Président M. Appel, président du comité du
Secours national
Vice-présidents MM. A. Croiset, président
de l'Orphelinat des armées; A. Rendu, prési-
dent de l'Association nationale de protection
des veuves et orphelins de 'la guerre Viénot,
présidait de la Fédération nationale des orphe-
linats corporatifs et mutualiste
Secrétaire général M. Lavignon, vice-prési-
dent de la Fédération nationale des orphelinats
corporatifs et mutualistes
Trésorier M. de Goyon, administrateur di-
recteur de l'Office central des œuvres de bien-
faisance.
Toutes ces décisions ont été prises à l'unani-
mité.
Le comité a arrêté les dernières mesures en
vue de l'organisation et du succès de la journée
du 27 juin.
On peut, dès à présent, adresser les offrandes
à M. de Goyon, trésorier, au siège social,
175, boulevard Saint-Germain, à Paris (6a).
LA SITUATION
MILITAIRE
La situation est caractérisée, aujourd'hui, par
une incessante et violente canonnade dans le
secteur au nord d'Arras, en Champagne et au
bois Le Prêtre, et par des opérations de mines
à l'ouest de Péronne, à l'ouest de Reims et en
Champagne nos progrès n'ont été décisifs sur
aucun point, mais partout nous sommes venus
à bout de l'opiniâtre résistance des Allemands.
Dans la région au nord d'Arras, où se pour-
suivent des actions locales d'infanterie, nous
avons obtenu une légère avance au nord de
Souchez, à la suite de l'échec d'une contre-
attaque allemande.
Arras a été bombardé de nouveau la rage
des bandits y a fait d'innocentes victimes.
A l'ouest de Péronne, devant Dompierre,
nous avons arrêté une contre-attaque ennemie
précédée d'un bombardement qui avait lui-
même suivi l'explosion de plusieurs fourneaux
de mines.
A l'ouest de Reims, à la cote 108 (sud-est de
Berry-au-Bac), dans l'angle du canal de la Mar-
ne al'Aisne et du canal latéral à l'Aisne, noua
avons bouleversé à la mine les tranchées enne-
mies.
En Champagne, lutte de mines sur le front
Perthes-Beauséjour.
Sur les Hauts-de-Meuse, à la Tranchée de
Calonne, après deux furieuses contre-attaques
de l'ennemi, dont la première nous a fait per-
dre son ancienne deuxième ligne, et dont l'au-
tre a été enrayée par une vive attaque, nous
avons repris une partie de celle-ci et nous
nous y sommes maintenus.
Aux lisières du bois Le Prêtre, les Allemands
ont bombardé nos positions du « Quart-en-
Réserve » (partie ouest du bois).
En Lorraine, nous nous sommes emparés de
deux ouvrages près de Leintrey c'est la conti-
nuation de l'avance que nous avons signalée
hier. En outre, une contre-attaque ennemie a
été repoussée.
Un brouillard très épais a entravé les opéra- <
tiens dans les Vosges. Le nombre d'Allemands
capturés sur la Fechtfdu 14 juin au 23 (25 of-
ticiers. 53 sous-officiers et 638 soldats) est ai-
gnitïcatîf "èrf lui-même et par celui des tués et
blessés qu'il fait supposer.
Le rapport officiel sur la conquête du Laby-
rinthe (30 mai-19 juin), qui a été reproduit ici
le 23, présente d'intéressantes particularités. Si
l'on se reporte aux indications des communi-
qués du au 20 juin, on constate facilement
qu'elles ne permettaient pas de se rendre
compte de la prise du Labyrinthe, et ne la
laissaient même pas prévoir à une époque rap-
prochée. Cependant, dès le 17 ce résultat
était, en réalité, en très grande partie atteint,
et le 19 il était entièrement acquis tous les
ouvrages du dédale de tranchées, de boyaux,
de fortins, d'abris et de barricades du Labyrin-
the étaient définitivement en notre pouvoir.
Aucun des récits officiels publiés jusqu'à pré-
sent sur les opérations, ne donne une idée plus
complète et plus impressionnante de la nature
de la guerre actuelle sur le front occidental, de
l'élan et de la ténacité de nos fantassins sous
le feu des mitrailleuses et des canons ennemis,
et de leur merveilleuse habileté à manier les
engins de tranchées.
Général Bourelly
• «.
:Uj!E EXPOSITION DE JOUETS
Fabriqués par les soldats
blessés et par les Artistes
Au pavillon de l'Elysée, l'Union des Arts a établi son
empire de Beauté et de Bonté. Je viens de visiter les
préparatifs d'une magnifique exposition de jouets que ta
dévouée présidente de l'œuvre, Mlle Racbel Boyer, de 1g
'Comédie-Française, organise en ce joli local pour la fin
du mois. Une exposition de jouets serait chose banale;
mais celle dont je veux parler est constituée par des objets
qu'ont fabriqués les soldats blessés ou les soldats du front.
Ce n'est pas encore le moment de décrire ces merveilles
,d'ingénieuse simplicité ou de savante complication qui
ont été imaginées par nos braves militaires. Je dois men-
tionner cependant des coquilles d'œufs à la métamorphose
desquelles le Créateur lui-même n'avait sûrement pas
songé. Mais soyons discret et ne déflorons pas des sur-
prises.
Le comité qui préside à cette manifestation de charité
patriotique, dont l'Union des Arts a pris l'initiative, a
inscrit à sa tête les noms de MM. Millerand, ministre de
la guerre; Sarraut, ministre de l'instruction publique, et
Dalimier, sous-secrétaire d'Etat aux. Beaux-Arts, qui ont
bien voulu accorder leur haut patronage à l'exposition;
M. Paul Hervieu, de l'Académie française, en a accepté
la présidence d'honneur, et son collègue M. Maurice
Donnay, la présidence effective; M. Dausset, vice-prési-
dent du Conseil municipal, rapporteur du budget de la
Ville de' Paris, ainsi que M. Abel Faivre, le spirituel
dessinateur, en sont les vice-présidents, avec Mlles Marie
Leconte et Cerny.
Les objets fabriqués par les soldats seront vendus au
profit de leurs inventeurs. D'autres attraits que les jouets
solliciteront encore les amateurs de rareté. C'est ainsi
que des sculpteurs réputés ont tenu à apporter à l'Union
des Arts une note originale: ils ont modelé les têtes de
nos plus célèbres comédiennes et chanteuses, et ces figu-
rines exquises seront montées sur des corps de poupées
revêtues du costume dans lequel les artistes ont conquis
leurs plus grands succès sur les scènes de la capitale.
Voilà des poupées que tous les Parisiens et les étrangers
qui sont en séjour amical chez nous s'arracheront sans
nul doute. La collection complète sera un vrai document
de la vie artistique de notre temps.
Enumérer tous les noms mérite un article spécial et
nous reviendrons en détail sur les trouvailles originales
que les artistes parisiens ont créées.
Ces objets seront accordés au public à des prix inouïs
de bon marché. Et les petits enfants qui viendront trou-
veront là de multiples occasions de s'emparer des petits
bibelots charmants souvenirs de l'an 1915.
Enfin, l'Union des Arts offre à la curiosité émue du
public un précieux bibelot de patriotisme: le bracefet
fabriqué par nos artilleurs avec la ceinture de l'obus de 75.
Ces bracelets, dont il ne peut y avoir qu'une quantité
limitée, seront numérotés, et, sans nul doute, feront
prime.
La souscription à tous ces objets a un but charitable:
elle est destinée à alimenter la caisse de secours de
l'Unoin des Arts, qui, on le sait, vient en aide à la souf-
france des gens de théâtre, des peintres, des sculpteurs
et des gens de lettres. On peut s'inscrire, pour devenir
possesseur d'un de ces bracelets, soit au siège de l'Union
des Arts, soit chez.M. Cartier, joaillier, 13, rue de la
Paix, qui a bien voulu se mettre gracieusement à la dis-
position de l'œuvre.
Le bracelet du 75 sera un vrai fétiche. Il sera le bijou
qui protège et dont toute femme voudra se parer fière-
ment, pour être en communion avec les vaillants soldats
qui portent, avec le 75, la Victoire jusqu'aux nues.
Le Gaulois donnera cette marque d'intérêt à l'œuvre
de publier la liste complète des souscripteurs,
hrance et Italie
L'anniversaire de Solférino, qui tombait hier,
a été l'heureux prétexte d'une manifestation
franco-italienne dont le retentissement dépas-
sera certainement l'enceinte du Trocadéro, où
elle s'est déroulée.
Pour la première fois, en effet, depuis que
l'Italie, dans un élan populaire qui a eu un
profond écho dans tous les cœurs français, s'est
décidée à apporter le concours de ses vaillantes
baïonnettes à la cause sacrée pour laquelle nous
combattons, son ambassadeur en France a pris
publiquement la parole. Il aurait pu se conten-
ter de rester dans la limite des lieux communs
et des généralités où se complaît l'éloquence
des diplomates, lorsqu'ils sont appelés à s'ex-
primer en public sur des événements auxquels
ils ont été directement mêlés.
M. Tittoni, toutefois, avant d'être un diplo-
mate. a été un homme d'Etat. Il l'est demeuré.
C'est avec l'autorité et l'aisance d'un homme
d'Etat qu'il a parlé hier du rôle de l'Italie non
seulement depuis le début du conflit, mais des
incidents qui, depuis de longues années, ont
préparé sa rupture avec les Empires du centre
et l'ont justifiée. II a parlé avec le consentement
de son chef, le ministre des affaires étrangères
d'Italie, ce qui accentuait encore la portée de
ses déclarations. Il s'est excusé de n'avoir cité
que des faits, sans s'attarder à des périodes so-
nores ou à des digressions où la rhétorique rem-
place la précision. Ceux qui l'ont entendu, ceux
qui liront son discours, que nous reproduisons
plus loin, ne le regretteront certes point, car,
dans un langage élevé et sobre, impressionnant,
j'allais dire émouvant par sa netteté, c'est un
véritable Livre vert dont il nous a donné, avant
la lettre, la primeur intéressante.
Après avoir souligné l'ironie monstrueuse de
cette guerre survenant au moment où toutes
les nations venaient de régler leurs conflits d'in-
térêts, après avoir montré que l'Autriche-Hon-
grie en porte en premier lieu la responsabilité
devant l'Histoire, par le fait de son agression
injustifiable contre la Serbie, l'éminent diplo-
mate a rappelé comme quoi il avait été lui-même
à plusieurs reprises, lorsqu'il était ministre des
affairesétrangères,dans l'obligation de menacer
l'Autriche d'une rupture, à la suite de ses ten-
tatives de politique individuelle et belliqueuse
dans les Balkans il nous a enfin donné lecture
d'un document extrêmement curieux les dépê-
ches qu'il avait échangées avec le marquis di
San Guliano, à l'époque de l'occupation de Scu- j
tari par les Autrichiens, et dans lesquelles il
conseillait à son ministre d'avertir le gouver-
nement de Vienne que l'Autriche, en attaquant
le Monténégro, violait l'article 7 du traité de la
Triplice et déchirait le pacte que l'Italie devrait
dénoncer.
Bref, M. Tittoni, par ses révélations, a con-
firme les griefs nombreux qui déjà eussent suffi
à justifier avant même la guerre actuelle
la rupture de la Triplice. Aussi bien, comme
l'a dit l'ambassadeur quand par leur mépris
des conventions, quand par leur orgueil déme-
suré, par leur soif d'hégémonie des peuples
ont decnaué un aussi sanglant et' terrible çon-
f Ht., il n'y a qu'une seul© et inéluctable solu-
tion la rédemption. Le succès de M. Tittoni a
été très vif.
Auparavant M. Deschanel, avec son élo-
quence incisive et enveloppante, avait rendu
un hommage mérité aux artisans du rappro-
chement franco-italien, et avait tracé le vigou-
reux contraste entre le génie latin et l'esprit
germanique.
Pour clore, enfin, cette manifestation,` M.
Stéphen Pichon a célébré, en termes élevés et
chaleureux les bienfaits de la nouvelle alliance;
puis un député belge, M. Destrée, est venu
apporter l'hommage reconnaissant de la Bel-,
̃̃ gique à l'Italie et à la France. Des acclamations
enthousiastes ont salué son allocution profon-
dément émouvante par tout ce qu'il y avait
(fans sa vibrante parole de douleur patrioti-
que et de sublime confiance.
René ,d'Aral
La Guerre
i COMMUNIQUES OFFICIELS
Communiqué du 24 juin, 15 heures
Dans la région au nord d'Arras, la nuit a été
relativement calme, si ce n'est au nord de Sou-
chez où la canonnade n'a pas cessé.
L'ennemi a bombardé Arras l'ambulance
.du Saint.Sacrement a été particulièrement
atteinte des religieuses et des infirmières ont
été tuées.
Devant Dompierre (à l'ouest de Péronne),
l'explosion d'un fourneau de mine allemand a
été suivie d'un violent bombardement de nos
tranchées. Une tentative d'attaque de t'ennemi,
exécutée par un très faible effectif, a été facile.
ment enrayée.
Sur les Hauts-de-Meuse, à la tranchée de Ca-
tonne, situation inchangée nous nous main.
tenons dans une partie de la deuxième ligne
allemande.
En Lorraine, près de Leintrey, l'ennemi a
contre-attaque après une lutte assez vive, il a
été repoussé.
Sur le reste du front, nuit calme.
Le nombre des prisonniers faits depuis le 14
juin dans la région de la Fecht s'élève à 25 of.
ficiers, 63 sous-officiers et 638 hommes.
Communiqué du 24 juin, 23 heures
Dans la région au nord d'Arras il n'y a pas
eu, aujourd'hui, d'actions d'infanterie. Nos
troupes se sont organisées sur les positions
conquises. Vive canonnade dans le secteur An-
gres-Ecurie.
L'ennemi a très violemment bombardé, la nuit
dernière et aujourd'hui, Berry-au-Bac et le vit-
lage voisin de Sapigneul. Ce bombardement ne
nous a causé que des pertes insignifiantes.
En Argonne et sur les Hauts-de-Meuse on ne
signale plus que des actions d'artillerie.
Dans les Vosges, à La Fontenelle, une attaque
allemande a été repoussée.
Les Allemands ont canonné les lisières de
Metzeral et les crêtes à l'est du village, où no.
tre progression s'est légèrement accentuée.
AUTOUR t)E !sA eUEItfîE
Ce que tes Allemands réclameront après la
guerre
Lorsque le chancelier allemand, le 28 mai,
déclara qu'il était complètement d'accord, au
sujet des conauêtes nécessaires à l'Allemagne,
avec les agrariens allemands, il avait reçu des
grandes ligues agrariennes, les 10 mars et
20 mai, un mémoire confidentiel qui déclarait
impossible une paix séparée avec l'Angleterre
et exigeait, entre autres choses
i° La conquête d'un empire colonial
2° L'annexion de la Belgique au point de
vue économique, politique, monétaire, finan-
cier, postal et voies ferrées
3° Annexion des territoires français jusqu'à
la Somme acquisition des mines de cuivre de
Briey, des forteresses de Verdun et de Belfort
acquisition de la ligne de la Meuse et des ca-
naux français, y compris les charbonnages du
Nord et du Pas-de-Calais
4° Indemnité de guerre de la France suffi-
sante pour que sa puissance économique et ses
propriétés foncières moyennes et grandes pas
sent aux mains des Allemands
5° Annexion à l'est de provinces polonaises
avoisinant les provinces prussiennes de Prusse
orientale, de Posnanie et de Silésie
6° Indemnité à fixer à exiger de la Russie.
Il est à noter que le parti des agrariens est
un des plus puissants de l'Allemagne et que
son influence est prépondérante dans les cam-
pagnes. On voit, d'après ce qu'on vient de lire,
ce que nous réserverait l'ennemi s'il était vain-
quéur.
La Guerre
avec la Turque
Dans les Dardanelles. Une armée turque
écrasée. L'ennemi perd 7.000 hommes
On annonce de Londres, d'après une dépêche
officieuse, que le maréchal Liman von Sanders
vient de faire une nouvelle tentative pour exé-
cuter sa menace de rejeter l'armée britannique
à la mer. 'Le seul résultat obtenu est que les
Turcs se sont vu infliger une nouvelle défaite
par des Australiens et des Néo-Zélandais.
Pas un seul Turc, au cours de l'attaque, ne
put prendre pied dans les tranchées des alliés,
.bien que des centaines de cadavres eussent été
trouvés au bord même des parapets. Aucune
de leurs précédentes ùttaques n'avait encore
subi un échec semblable. L'ennemi était ap-
puyé par un violent feu d'artillerie et, selon
les dires des prisonniers, il y avait au moins
trente mille Turcs massés contre nos positions.
Nos évaluations officielles estiment que les
troupes ottomanes auraient.perdu sept mille
hommes, tant en tués qu'en blessés, mais à en
juger d'après la quantité considérable de morts
gisant encore sur le front de nos tranchées,
cette évaluation est certainement au-dessous de
la vérité. j
L a défense d'Andrinople
Le correspondant du Times à Sofia apprend
d'Andrinople que les Turcs retirent de Midia
les troupes qu'ils y avaient concentrées cin-
quante mille hommes se dirigent vers Andrino-
ple, où la population manifeste une vive in-
quiétude.
On croit que ces mesures hâtives de renfor-
cement de la garnison d'Andrinople indiquent
une diminution de la confiance des Turco-Alle-
mands vis-à-vis des intentions de la Bulgarie.
On monte de nouveaux canons à Andrinople,
d'où on les avait complètement retirés.
Le commandant militaire; Faïk pacha, a été
remplace par un officier allemand! ? œ même,
1 tous les officiers supérieurs des troupes qui ar-
rivent actuellement à Andrinople sont Alle-'
mands. Les familles de nombreux officiers et
fonctionnaires partent pour Gonstantinople..
La main-mise de PAIIemagne
Un communiqué officiel rend compte des
opérations du corps expéditionnaire d'Orient
du ter au 8 juin. De ce document rétrospectif
nous détachons les passages suivants
« Parmi les soldats ennemis capturés se
trouvent six Allemands faisant partie d'une
compagnie de mitrailleuses. Cette compagnie,
qui a perdu dans l'action les deux tiers de ses
pièces, un de ses officiers et presque tous ses
t hommes, se composait exclusivement d'Alle-
j mands. Les uns étaient des marins débarqués
du Gceben et du Breslau; d'autres des' sujets
prussiens habitant la Turquie et mobilisés sur
place d'autres, enfin, étaient venus de leur
pays par l'Autriche et la Bulgarie. Des décla-
rations de ces hommes, il résulte que l'Allema-
gne n'a cessé depuis plusieurs mois de ravitail-
ler l'armée ottomane en cadres et en techni-
ciens. Soit individuellement, soit par petits
[groupes, ces auxiliaires arrivent en un afflux
continu à Constantinople, d'où on les dirige
sur les arsenaux ou les armées.
» Presque toutes les grandes unités ont à
.leur tête des officiers prussiens. Les prison-
niers faits à Koum-Kaleh, le 26 avril, apparte-
naient à la division du colonel von Nikolai
1 ceux qui ont mis bas les armes le 4 juin étaient
sous les ordres de Weber pacha. Partout, sur
terre comme sur mer, lorsau'un officier turc
est investi d'un commandement important, il
est doublé d'un ou deux Allemands. La griffe
germanique tient, ce malheureux pays dans ses
serres impitoyables. » •
LES OPERATIONS RUSSES
L'abandon de Lemberg. L'armée
russe en se dérobant force l'en-
nemi à maintenir ses forces en
Galicie. Le calme des alliés
Comme nous le laissions prévoir, les Russes
ont abandouné Lemberg que les Austro-Alle-
mands ont aussitôt occuvé; l'ennemi n'a trouvé
daus la place qu'un butin insignifiaut et n'a
pris que quelques traînards. Les Russes te-
naient Lemberg depuis les premiers jours de
la guerre; ils ont agi sagement en l'abandon-
nant plutôt que de s'exposer procurer à leurs
adversaires l'oçcasion de remporter la grande
victoire que ceux-ci recherchent à tout prix
pour pouvoir se retourner. contre la France et
l'l talie.
La situation est des lus simples les Aus.
tro-Allemands n'ont pas eu l succès décisif
qu'ils escomptaient ils n'ont pu avancer qu'en
livrant des batailles où ils ont fait d'énormes
pertes ils ont toujours en face d'eux une
puissante armée qui, sans doute, a cédé du
terrain, mais qui n'a, pas été dispexsée. Et cetle
arinée. est prête à continuer la lutte avec la
même énergie qu'auparavant. Lé moment n'est
pas encore venu où V ennemi pourra songer à
distraire des troupes dïi* front oriental.
Voilà la morale de l'abandon de Lemberg.
L'opinion publique, chez les alliés, ne saurait
s'y tromper. En Angleterre, les journaux di-
sent que l'événement n'a surpris personne, et
personnel n'a d'inquiétudes le revers ne fera
que fortifier la résolution indomptable de l'ar-
mée et de la nation russes de poursuivre la lutte
jusqu'au bout.
En Italie, l'opinion ne s'est pas départie un
instant de son calme. Les journaux font res-
sortir l'ordre parfait dans lequel cette retraite
s'est ef fectuée et la sagesse de la stratégie du
grand-duc Nicolas, ordonnant l'abandon d'une
ville dont la défense aurait pu être funeste à
l'armée russe dans l'état actuel des opérations.
La Tribuna fait jzcstement remarquer la sage
façon dont la xetraite russe est. menée, par
echelon, sans pertes graves du côté russe et
avec des pertes énormes du c6té de l'ennemi.
Quant aux Austro- Allemands, en s'éloignant
toujours davantage de teur base, ils compro-
mettent de plus en plus leurs communications,
jztsqu'au jour, où ils se trouveront, dans des
conditions inférieures, en' face de nouvelles et
puissantes formations russes.
Communiqué russe
Communiqué du grand état-major russe, du
23 juin
Dans la région de Chavli, aucun changement.
Les combats continuent.
Au sud des lacs de Ba2grod, nos troupes d'avant-
garde, traversant dans la nuit du 21 au 22 la rivière
Egrjna, ont occupé le village deKaulighi et anéanti
une compagnie atlemande tout entière.
Dans la région de Lomja, violent feu d'artillerie.
Sur la Taneff, près du village de Lublinetz, nous
avons repoussé des attaques ennemies..
A l'ouest de Rawa-Rousska, l'ennemi est refoulé
'de plusieurs villages.
Près du village de Gutazelma, notre cavalerie a
sabré trois compagnies ennemies.
Le 21 juin et pendant la nuit suivante, dans la
région de Lvoff, nous avons arrêté l'offensive de
l'ennemi par un combat opiniâtre. L'ennemi a es-
smjé des pertes importantes au cours d'attaques
sans résultats près du village. de Brjoukhovice et
plus au sud, sur la rivière Cszerek mais il a réussi
d progresser dans la région de la ville de Jolkeff.
En conséquence, le 22 juin, nos troupes ont quitté
Loof et ont continué à se retirer sur un nouveau
front.
Sur le Dniester, le combat continue au sud du
village de Kosmierjine, où l'ennemi se maintient
sur la rive gauche du fleuve.
Dans une boucle du Dniester, noms avons refoulé
l'ennemi du village d'Oùnich vers le village de
Louka.
Dans un combat à la baïonnette heureux pour
nous, nous avons fait un millier de prisonniers.
LES MANIFESTATIONS A VIENNE
On télégraphie de Vienne aux journaux suis-
ses que la nouvelle de la prise de Le.mberg a
provoqué, dans toute la ville, un enthousiasme
délirant. Déjà avant que la nouvelle fût répan-
due par des éditions spéciales des journaux, le
public l'apprit par le drapeau hissé sur le mi-
nistère de la guerre. La nouvelle se répandit
alors comme une traînée de poudre à travers
toute la ville. A partir. de sept heures et demie,
la foule se rassembla toujours plus dense de-
vant le ministère de la guerre, où des mani-
festations eurent lieu.
Le bruit court que François-Joseph assistera
à un service d'actions de grâces et recevra une
députation de la noblesse de Galicie. Le Kaiser
a envoyé un télégramme de félicitations au
commandant en chef, l'archiduc Frédéric, et
l'a nommé maréchal prussien.
LE GENERAL KOUROPATKINE i
MINISTRE DE LA GUERRE'
Une dépêche de Berlin transmise de Co-
penhague au Morning Post dit que dans les
cercles militaires on s'attend à ce que le géné-
r al Kouropatkine soit nommé ministre de la
guerre de .Russie.
MACKENSEN EST FAIT MARECHAL'
On télégraphie de Berlin que le général von
Mackensan est nommé feld-maréchal,
L'iim
i
LES OPÉRATIONS MILITAIRES
Ce que dit le communiqué officiel. Les com
bats sur les frontières
Communiqué du grand état-major italien du
23 juin
Le duel 'd'artillerie, particulièrement entre les,
batteries de moyen et de gros calibre, a pris de l'in,
i tennté sur tout le front.
L'ennemi a aussi essuyé des attaques,
ment pendant la nuit, d Monte-Piano, d Palgrande,
à Paipiccqlo et Crestaverde (entre Pizzo-Collinà
et Lollenliofet) Crostaverde avait été occupé hier
par nos troupes.
L'ennemi a mis une insistance particulière dan*.
ses tentatives pour prendre pied dans notre posi-
han de Freikofel, laquelle, pendant la nuit du 21:
au 22 et dans la journée suivante, a soutenu troti.
attaques qui ont toutes été repoussées, à la fois
?rVtl(?d\em*ce de l'artillerie et par l'emploi de$
grenades main. L'ennemi a laissé sur le terrain
deux cents cadavres.,
Dans la baie de Plezz°, Ón signale des travaux
les hauteurs environnantes, et des mouvements de>\
convois remontant de Plezzo vers l'Isonwo supé..
Dans la région du Monte-Nero et le long de,
leme™' ]0UTnée du 22 Juin s'est passée tranquiU
La prise de Cortina
On a reçu à Rome des détails sur la prise" dai
cortma. Les opérations durèrent deux jours.
L'ennemi évacua la ville dans l'espoir que lea!
italiens y entreraient immédiatement en s'ex-;
posant au feu des canons mis en position sur*
les hauteurs environnantes. Mais au lieu dej
donner dans le piège, les Italiens, par un feu:'
d artillerie soutenu, commencèrent par réduire'
au silence les batteries autrichiennes, ils pri-i
ÏSrt ensuite les hauteurs une à Une et «^P*
Les choses se passent maintenant dans les
mêmes conditions à Rovereto, où les duels d'ar-
tuerie se poursuivent opiniâtrement. Les Ita-
hens s'emparent graduellement des hauteur.
Punta-Tassi, à l'ouest de Cortina, qui a été
prise par les troupes italiennes, est située dans
une altitude d'en..
La bataille de Plava, où de nombreuses bat-,
tenes étaient engagées des deux côtés a été la'
plus violente de la campagne.
La question des Munitions
La question des munitions à la Chambre dea
communes. Déclarations de M. Lloyd
George
Répondant à une question au sujet de la¡
vre, M. Lloyd George, ministre dea
munitions, a fait, à la Chambre des communes,
les déclarations suivantes
« Si nous ne pouvons pas obtenir ce qui est
essentiel pour le succès du pays dans une guerne
dont dépend la vie de la nation, nous recour-
rons aux moyens de tout Etat qui veut sauver
son existence, lorsque les concours volontaires
font défaut. Aucun citoyen ne nous refusera
les pouvoirs nécessaires. Nous emploierons
tous les travailleurs qui se présenteront volon-
tairement il y a environ 250,000 travailleurs
capables nous les défrayerons de leurs dépen-
ses, notamment de leur voyage, et nous leur
donnerons les mêmes salaires qu'ils recevraient
dans les localités d'où ils viendront. Nous fe-
rons en sorte qu'ils ne perdent rien en se sacri·
fiant au service de l'Etat.
M. Lloyd George expose ensuite ses projets
et il ajoute f j
« Si nous pouvions nous procurer une main-
d œuvre appropriée, nous pourrions en quel-
ques semaines doubler la fabrication des mi-
trailleuses. Je ne peux pas prévoir les besoins
futurs de l'Allemagne mais si cette dernière
décide de lancer contre l'ouest ses forces da
1 est, il sera d'un intérêt vital de fournir le plus
possible de mitrailleuses à nos troupes.
L'Allemagne a accumulé du matériel jus-
qu'à ce qu'elle eût été prête, elle a fait montre
de dispositions amicales vis-à-vis de tout le
monde durant la crise balkanique, aucune au-
tre ne fut plus modeste et sans prétention. Elle
souriait bénévolement à la France elle se pro-
menait bras dessus bras dessous avec la Gran-
de-Bretagne à travers les chancelleries euro-i
péennes.
» Nous avions vraiment cru qu'une ère de
paix et de bonne volonté avait enfin sonné.
Mais, en même temps, l'Allemagne fabriquait
clandestinement des quantités énormes de ma-
tériel de guerre pour attaquer ses voisins par
surprise et les assassiner pendant leur sommeil.
Si une telle méthode traîtresse pouvait réussir,
toutes les possibilités d'entente internationale
seraient réduites à néant. Il est essentiel à la
paix du monde qu'une telle traîtrise échoue, et
c'est notre tâche de. faire le nécessaire pour,
.cela. »
s Opérations
u Mer
Les faits et gestes du sous-marin allemand
« U-51
On sait que le, capitaine Jaersing, comman.
dant du sous-marin allemand U-51, a reçu du
Kaiser la plus haute décoration allemande»
celle de 1' « ordre du Mérite la célébrité que
ses gestes criminels lui ont procurée et le té-
moignage de sympathie ont paru à un corres-
pondant américain des titres suffisants pour
lui demander un récit de ses gestes. Le capir
taine Jaersing y a consenti de bon gré.
Après s'être vanté d'avoir coulé successive-
ment le croiseur anglais Patfinder et 5 stea-
mers anglais, il a raconté avoir eu l'idée, au
mois de mai 1915, de s'avancer avec son sous-
marin de la mer du Nord aux Dardanelles où;
il coula les deux cuirassés anglais Triumph et
Majestic. Voici comment
« Nous avons quitté, a-t-il dit, les ports alle-
mands le 25 avril et nous sommes arrivés de.
vant les Dardanelles, le 25 mai. Jusqu'à Gibral-
tar, nous n'avons découvert aucun navire ana
glais nous avions voyagé, en grande partie,
sur la surface de l'eau. Dans les environs de
Gibraltar, nous avons remarqué un grand con-
tre-torpilleur anglais. Notre voyage se poursuis
vit pendant la nuit. Aux premières heures du)
matin, au moment où nous étions presque sor-
tis du détroit, les Anglais nous ont découverts.
Nous avons plongé alors et nous avons pu
échapper à leur poursuite.
» Une aventure analogue nous est arrivée
dans les environs de Bizerte. C'est seulement
en arrivant dans la mer Egée que nous avons
commencé à travailler. Le 25 mai, nous avons
torpillé le croiseur Triumph. Le 27 mai, nous
avons découvert le Majestic qui était près de la
côte.
» En regardant par le périscope, j'ai pu ob'-i
server distinctement les marins du navire qui]
étaient en train démanger tranquillement leur
soupe. Il était midi. J'ai eu un instant l'idée de
leur laisser le temps d'achever leur repas. Mais
i'ai réfléchi que s'était mon devoir d'agi? saoa
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.65%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.65%.
- Collections numériques similaires France-Chine France-Chine /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Sinica1"Description des médailles chinoises du Cabinet impérial de France... par J. Hager... Paris... an 13-1805... [Compte rendu signé : S. de S.] /ark:/12148/bpt6k132727z.highres La pensée chinoise / par Marcel Granet,.... [Mentalité chinoise et psychologie comparée / avant-propos par Henri Berr] /ark:/12148/bpt6k92151g.highres
- Auteurs similaires France-Chine France-Chine /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Sinica1"Description des médailles chinoises du Cabinet impérial de France... par J. Hager... Paris... an 13-1805... [Compte rendu signé : S. de S.] /ark:/12148/bpt6k132727z.highres La pensée chinoise / par Marcel Granet,.... [Mentalité chinoise et psychologie comparée / avant-propos par Henri Berr] /ark:/12148/bpt6k92151g.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k536564h/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k536564h/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k536564h/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k536564h/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k536564h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k536564h
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k536564h/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest