Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1915-05-17
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 mai 1915 17 mai 1915
Description : 1915/05/17 (Numéro 13729). 1915/05/17 (Numéro 13729).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/04/2008
CE .LUNDI 17 MAI 1S15
a
dier par les mesures compatibles avec -la dé-
fense nationale.
Les efforts que l'on a faits en ce sens n'ont
certes pas été inutiles. Il importe, toutefois, de
les continuer. Les réquisitions absolument né-
cessaires- ont porté sur plusieurs catégories de
chevaux, et certainement, à l'heure qu'il est,
on a pris ce qui pouvait être utilisé pour les
transports militaires.
Peut-être, me faisait remarquer un impor-
tant cultivateur, chef d'une grande exploitation
agricole, peut-être serait-il prudent à tous
égards de ne pas réquisitionner des chevaux si
usés qu'ils paraissent bien ne pouvoir rendre
de services utiles à l'armée. Tels quels, cepen-
dant, ils peuvent être employés dans les tra-
vaux agricoles par ceux qui les possèdent, qui
savent ce qu'ils sont encore capables de rendre
et les ménagent.
» La récolte des foins des prairies artificielles
vient de commencer, et il est de toute nécessité,
pour la défense nationale et pour l'agriculture,
qu'ils soient rentrés à temps et dans de bonnes
conditions. »
Ces désirs des travailleurs de la terre sont
trop discrètement exprimés ils sont, au sur-
plus, trop légitimes pour qu'ils ne soient pas
examinés'avec la plus grande bienveillance par
tes ministres compétents.
Je vous ai iéjà signalé l'excellente impression
produite par la réquisition du blé.
Cette réquisition u jusqu'à la soudure » du
15 août dissipe toutes les craintes concernant le
renchérissement anormal du pain renchéris-
sement qui se manifestait, la semaine dernière,
dans des proportions inquiétantes.
Armand Villette
L'Attitude de l'Italie
D'importantes manifestations ont eu lieu hier
dans toute la péninsule
A Rome, la nouvelle de la non-acceptation
par le Roi de la démission du cabinet Salandra
a provoqué partout un grand enthousiasme. De
nombreux groupes de citoyens ont fait des ma-
nifestations sur plusieurs points de la ville, en
criant « Vive l'Italie Vive le 'Roi Vive l'ar-
mée Vive Salandra La ville est extraordi-
nairement animée.
A Naples, un cortège de manifestants a quitté
l'Université, ayant à sa tête des drapeaux et
deux cents professeurs il s'est rendu sur la
place du Plébiscite, où se trouvaient réunies
environ 20,000 personnes. Une députation de
soixante professeurs, avec une députation de
conseillers municipaux, est allée- chez le préfet
et lui a communiqué l'ordre du jour voté par
le conseil académique auquel les représentants
de la province et la municipalité avaient
adhéré.
La députation, avant de quitter la préfec-
ture. a lu du balcon à la foule. une dépêche an-
nonçant que le Roi avait refusé la démission
du cabinet Salandra. La lecture en a été sa-
luée par de grandes acclamations et des cris ré-
pétés de « Vi ve le Roi 1
A Turin, le député belge M. Lorand a fait,
à l'Institut professionnel ouvrier, une confé-
rence très applaudie sur la République et le
droit des gens. A la sortie, il y ii eu une mani-
festation interventionniste.
Quelques opinions
La Tribuna souhaite chaleureusement, avec
tous les Italiens, que la ligne de conduite dhoi-
sie par le ministère se développe dans l'intérêt
de la dignité et de la grandeur de la patrie.
« Si le cabinet, dit celle-ci, se présente de
suite devant la Chambre, tous les représentants
de la nation, quelles qu'aient été leurs opinions
au sujet' de la crise qui a tourmenté tous les
esOnts, n'auront qu'un sentiment, qu'une idée
la patrie. »
L'Idea Nationale écrit que lei nouveau minis-
tère est enfin une réalité. Le Roi le veut, le
pays-le.veut, la Chambre le voudra le Roi a
sauvé l'Italie. Rendons hommage au Roi et à
la Maison de Savoie. Vive le Roi 1 x
Le Giornale d'Italia parle dans le même sens.
« Nous avons de notre côté, dit-il, le droit, la
confianee dans nos armes nous savons que le
peuple est animé d'un esprit ferme la destinée
devra nous être favorable. »
AUX ÉTATS--UNIS
Le Président passe la revue de la Hotte
Le président Wilson est parti samedi soir, snr
le yacht'May Flower,pour New-York,où il doit
passer aujourd'hui la revue des vaisseaux de la
flotte de l'Atlantique, rassemblée en ce noment
dans l'Hudson. Ce soir, le Président dînera à
bord du cuirassé Wyoming.
LA GUERRE CONTRE U TURQUIE
Les opérations aux Dardanelles
On télégraphie d'Athènes, en date d'hier, que,
suivant une information de Mitylène, les com-
bats continuent, acharnés. Les Turcs ont subi
des pertes mmenses les obus de la flotte alliée
faisaient sauter des tranchées entières avec les
soldats. Les prisonniers ont avoué que les
Turcs manquent de munitions.
EN ALLEMAGNE
Les dernières réserves
Les journaux de Berlin annoncent que la re-
vision des hommes du landsturm non instruits
et 2 bans), âgés de trente-six à quarante-
cinq ans, a commencé à Berlin le 3 mai les
opérations doivent durer six semaines. A Char-
lotteribürg, la revision des mêmes classes a
commencé également le 3 mai et doit durer
jusqu'au 9 juin.
Les appels dans le Brandebourg ayant été
jusqu'à présent plus tardifs que dans les au-
tres provinces de l'Empire, on peut en canclure
FEUILLETON DU « GAULOIS »
DU 17 MAI 1915
̃ r. Vi .̃̃•'•̃•̃
SDITB
Comme vous êtes bon homme d'affaires
•– Pour les autres, oui, car pour moi.
Vous n'avez pas besoin de compter.
Détrompez-vous. Ma mère est fort riche,
mais moi je ne le suis pas. J'ai une large
aisance qui me vient de mon père. Et puis,
je gagne de l'argent. Mais je ne devrais pas
|aire dé folies. Et cependant.
Ah vous êtes dépensier ?
Oui. Je ne sais pas résister à l'envie de
un beau bibelot, une tapisserie rare,
ou un meublé précieux. Il est vrai que ce
n'est pas de l'argent perdu. Cela reste et se
.retrouvera, toujours.
,Cé doit être agréable de donner son
argent pour satisfaire des caprices. Moi je
n'ai jamais connu que des dépenses utiles.
Chez moi, on ne fouillait au tiroir que pour
aller chez le boucher et le boulanger, ou pour
payer le terme. C'est moins gai.
Pauvre petite, vous avez été élevée à la
juré, je le sais. Vous -n'en êtes que plus intéres-
3ante' et plus estimable.
A la bonne heure, vous me parlez genti-
ment. Je ne vous aime pas quand tous me fai-
tes des reproches.
qu'au début de juin tous les Allemands non
instruits des 1er et bans de landsturm au-
ront. passé le conseil de revision et pourront
être progressivement appelés sous les dra-
peaux.
Ces dernières classes du landsturm représen-
tent, avec les classes 1916 et 1917 non encore
appelées, les dernières ressources de recrute-
ment dont l'Allemagne peut disposer. L ies
comportent en particulier des classes d'hommes
âgés (non instruits du landsturm 2° ban), de
valeur physique médiocre, auxquels il sem-
blait qu'on ne devait jamais avoir recours pour
le service armé.
EN BUSSIE
Atrocités allemandes
Le prince Kourakine, envoyé spécial de la
Croix-Rouge sur le front des armées ruses,
télégraphie que la cavalerie allemande, après
le bombardement d'une gare où étaient réunis
les blessés, a achevé ceux-ci à coups de crosse,
a aspergé la gare de pétrole et de benzine et l'a
livrée aux flammes, ainsi que les blessés.
LES ÉVÉNEMENTS^ PORTUGAL
La situation à Lisbonne
Les journaux de Lisbonne annoncent que le
président a signé la nomination des ministres.
Le ministre des finances a conféré avec les
commandants de la police et de la garde répu-
'blicaine, pour que l'ordre soit encore rétabli
ce soir à Lisbonne.
Un manifeste du comité révolutionnaire dit
que les civils qui seront trouvés en armes hors
de l'Arsenal de la marine après sept heures du
soir seront asrrêtés. Des automobiles garnies
de soldats parcourent les rues et saisissent les
armse portées par les civils.
On mande de Badajoz à l'Information crue
3,000 soldats rebelles, commandés par un gé-
néral, sont concentrés près de Lisbonne et se
préparent à attaquer la ville.
PETITES NOUVELLES DE LA NUIT
Le mai s'est passé dans le calme le plus
absolu en Russie. Dans plusieurs usines, les
ouvriers ont fait célébrer des services religieux
puis ils se sont mis au travail en poussant des
hourrahs.
On télégraphie de Rome à l'Agence Four-
nier que la municipalité a décidé de débaptiser
le pont Frédéric-Guillaume, qui s'appellera
désormais pont Albert, roi des Belges.
Hier matin, sur la ligne des tramways de
Limoges à Aix-sur-Vienne, deux trains sont en-
trés en collision. Dix-huit voyageurs ont été
plus ou moins grièvement blessés une ving-
taine ont des contusions légères.
LA VIE ARTISTIQUE
L'Exposition de Bagatelle
La Société des Artistes de Neuilly a eu la
patriotique inspiration de placer son exposition
annuelle (dont les bénéfices iront à l'Œuvre
des blessés aveugles) sous le patronage pos-
thume d'un peintre glorieusement tombé à
Buzenval, Henri Regnault.
Il serait malséant de raviver les discussions
critiques que suscita, il n'y a pas si longtemps,
l'auteur de la Salomé. Nous devons nous sou-
venir avec émotion que cet « éclatant météore
de l'orientalisme», comme on l'appela, disparut
vite au ciel de l'art français. Il avait vingt-huit
ans quand son frère d'armes, Clairin, retrouva
son cadavre. Regnault avait été tué d'une balle
au front. Ce jeune héros, fils d'un chimiste
illustre, eut de brillants débuts. Après avoir
enlevé de haute lutte le prix de Rome avec
une Thétis apportant les armes d'Achille, il
partit pour la Ville éternelle, où s'agitent au-
jourd'hui de si graves problèmes. Il débuta
par de sévères dessins pour la Ronae de Francis
Wey, mais son tempérament inquiet s'accom-
en Espagne et peignit en pleine insurrection ce
fier portrait du général Prim que conserve le
musée du Louvre. Le chef révolutionnaire,
pâle, tête nue, les cheveux au vent, retient un
cheval noir, superberr; it peint, qui se cabre
devant les rumeurs de la foule.
C'est ensuite l'ébauche de la Judith tuant
Ilolopherne, du musée de Marseille. Regnault
retourne en Espagne, passe au Maroc, où il
brosse avec une virtuosité de maëstro la
Salomé, symphonie en jaune majeur. Il peint
l'Exécution d Tanger, esquisse la Sortie du
Pacha, lave de charmantes aquarelles, rentre
précipitamment à Paris pour prendre part à la
défense de Paris, et meurt au champ d'hon-
neur. C'était une âme noble, généreuse.
Notre ami M. Maurice Guillemot a réuni,
autour du bronze de Barrias, une dizaine d'ou-
vrages de l'artiste entré prématurément dans la
gloire. Ce sont quelques dessins d'un style
ferme, l'Hassan et Namouna, qui appartient à
M. Flameng, des études marocaines, et surtout
un fort beau portrait, exécuté à Rome en 1869,
du musicien Emile Pessard, toile où se ressent
l'influence des maîtres des musées, et que
Goya n'eût pas désavouée.
A cette exposition est jointe une petite rétros-
pective du paysagiste Girardet, et l'usuel grou-
pement des inires habitant Neuilly. Il faut
louer MM. Henry Baudot, Barau, Madeline et
Delestre, dont le talent nous est connu de lon-
gue date. On peut citer les autres Debraux,
Bourgonnier, Leverd, Paul Scheidecker, Waid-
tnann, qui rivalisent de bonne volonté.
Louis Vauxcelles
PATRIOTISME & CHARITÉ
Troiaième matinée au Trocadéro
Une troisième matinée de gala, offerte aux bles-
sés militaires par l'Intransigeant, aura, lieu au
Trocadéro, le 18 mai, à deux heures précises.
Les places sont réservées aux officiers, sous-of-
ficiers et soldats blessés, ainsi qu'aux infirmières
qui n'auront pas assisté à l'une des deux premières
matinées.
Seuls des militaires munis de billets délivrés con-
formément à l'avis inséré dans le rapport de la
place du 15 mai seront admis à pénétrer dans la
«alla jusqu'à treize heures trente.
19
-Et vous avez raison, mademoiselle Roso
dit Jean gravement, car je n'ai aucun droit de
Vous en faire.
Cependant, tout en parlant, il avait travaillé
et, en une séance, avancé son buste au point
qu'avec quelques retouches de détail, il serait
complètement achevé. La ressemblance en était
admirable et le visage d'un modelé si fin qu'il
semblait, dans sa brune patine de terre lissée
par le pouce du sculpteur, être de la chair vi-
vante. La masse de la chevelure était encore
brute et les fleurs piquées dans les tresses pen-
dantes n'étaient qu'indiquées. Mais tel qu'il se
présentait maintenant, c'était une oeuvre d'une
maîtrise remarquable et qui donnait l'impres-
sion calme et grave d'une figure de Donatello.
Jean jeta son ébauchoir sur r l a selle et dit
Assez, pour aujourd'hui.
Il trempa ses mains dans l'eau pour les dé-
barrasser de la terre qui les verdissait et, se
tournant vers Rose, assise sur la table à mo-
dèle
Je crois que, à la rigueur, à présent, je
pourrai finir sans vous.
Mais qu'avez-vous donc à ajouter ? de-
manda Rose. Ce buste n'est-il pas parfait ?
Il vous contente ?
Je le trouve ravissant. C'est moi en beau-
coup mieux. Je me vois là non pas telle que js
Suis, mais telle que je voudrais être.
Vous étes trop modeste Il n'est que res-
semblant. Mais c'est déjà quelque chose. Quant
il le laisser dans cet état, cela me paraîtrait im-
possible. Il y a toutes sortes de retouches dont
l'utilité vous échappe et que je trouve indispen-
sables. Ensuite, je ferai cuira cette terre, puis
j'en prendrai un moulage, que je retoucherai
et qui mé servira pour la fonte. Je veux essayer
sur ce buste une patine dorée qui devrait don-
ner un effet charmant. Nous verrons.
Que de projets
Il n'y a que cela d'intéressant Créer, don-
ner la vie à des matières inertes et cn tirer do
la beauté. C'est l'unique fin de l'art.
Comme vous êtes enthousiaste
les officiers, sous-officiers et\ soldats en
convalescence à Paris et non hospit ftffisés pour-
ront retirer des billets la place de Pa. lis jasqu'«a
lundi 17 mai à cinq heures après talii.
Le Thé des Alliée
Il faut, à l'heure du goûter, aller prendre le Thé
des aJliés, servi au profit de la CroixrRcWge et de
l'Association des infirmières visiteuses de 'France,
63, avenue des Champs-Elysées.
Cette œuvre est placée sous le haut patronage
de S. A. R. Mme la Duchesse de Vendôme, lady
Feodarowna Bertie, ambassadrice de Gramte-Bre-
tagne Mme Iswolsky, ambassadrice de Rmsie
Mme Vesnitch, légation de Serbie Mme la com-
tesse d'Haussonvîlie, présidente du comité des
dames de la Société de secours aux blessés mili-
taires la marquise de Ganay, présidente de l'As-
sociation des infirmières visiteuses de Franc» la
comtesse René de Béarn, la marquise de Châ'.po-
nay, la comtesse de La Rochecantin.
L'entrée est gratuite de quatre à six hautes &
1 exposition militaires des conquêtes africaitaes,
également 63, avenue des Champs-Elysées.
Union internationale contre la vivisection
L'Union internationale contre la vivisection» a
donné hier sa séance annuelle dans la salle t\cs
fêtes du Journal, sous la présidence dU! marquis de
Breffeillac.
M. André Falizë, président de la S. P. A, le doc-
teur Boucher, président de l'œuvre, et M. Sail-
lard, vice-président, prononcèrent d'émouvants
discours.
Au concert, très applaudi, organisé par la-com.
tesse da Silva, secrétaire générale, on remarquait
des soldats blessés de l'hôpital Saint.Joseph, gra-
cieusement conduits par les automobiles de la pré-
ieciure.
Jumelles pour nos pointeurs et nos aviateurs
L'Association des directeurs do théâtre récolte
des lorgnettes pour ceux de nos combattants qui
en. sont privés, et auxquels elles seraient ai néces-
saires.
Chaque concierge de théâtre a un carnet à sou-
ehes avec des reçus préparés, et l'Association se
charge de faire distribuer des jumelles à mesure
qu'on lui en apporte.
Ligue pour le relèvement
des industries rurales et agricoles
La Ligue Nationale pour le relèvement des
industries rurales et agricoles annonce son expo-
sition-vente de printemps, qui aura lieu du 14 mai
au 22 mai inclus, 35, rue Vaneau.
Dentelles et broderies de diverses provinces de
France, lingerie de dames et d'enfants, toiles tis-
sées a la main, conserves alimentaires, vins, fan-
taisies d actualité, joujoux, etc., au prix les plus
avantageux.
Ouvroir du B. H. V.
Pour la première fois hier, nous avons visité
fouvroir établi au quatrième étage du Bazar de
1 Hôtel-de-Ville, qui occupe quatre-vingts ouvrières,
la plupart d'entre elles sont des femmes sans tra-
vail du quatrième arrondissement. Depuis le 1er oc-
tobre, dans une immense salle, éclairée par de
grandes fenêtres, ces ouvrières confectionnent des
vêtements, du linge, etc., pour nos combattants.
Mme Henri Viguier et Mme Glachant simulent
par leur constante présence et par leur propre
ardeur à'tirer l'aiguille le zèle de leurs protégées.
Après l'après-midi de travail, vient la distribution
gratuite d'un bon repas chaud, qu'on a le droit
d'emporter chez soi.
Pour les réformés de la guerre
Une représentaticn de gala aura lieu au Casino
Montparnasse le jeudi 20 mai, à huit heures un
quart, au profit de l'œuvre des Réformés de la
guerre et des soldats convalescents, avec le con-
cours de Mlle Carlotta Zambelli, MM. Fournetz et
H. Paty, de l'Opéra de Mmes Régina Badet, Ma^
del.sine Roch, Jeanne Guionie, Yvette Andreyor,
Alice Bonheur, Edmée Favart, Marcelle Combes,
Billaut, Escouve de MM. de Max, Andreyor, Jules
Moy, Danvers et des principaux artistes de Paris.
La location est ouverte à l'œuvre des Réformés
de la guerre, 49, rue de Vaugirard, et aa théâtre.
Ouvroir Paul Déroulède
L'ouvroir Paul Déroulède, 14, rue de la Boétie,
qui envoie des paquetages individuels au front
depuis le 2 août, est transféré, depuis le 10 mai
1915, 3, rue du Général-Foy, à l'entresol, d'où il
continuera ses envois à nos vaillants défenseurs.
R. de Montreur
+AchetezTiMBBE GR0IX-R0U6E
10 c. affranchissement. 5 e.wur les blessés. ̃̃ W
Renseignements Mondains
On nous annonce la mort de M: Paul Vever, }oaîl-
lier, rue de la Paix, décédé 47, rue Cambon, è. l'âge de
soixante-trois ans. Ses obsèques auront lieu mardi 18 cou-
rant, à midi, en l'église de la Madeleine, où l'on se
réunira. L'inhumation aura lieu au cimetière Montper-
nasse. En raison des circonstances, il ne sera pas envoyé
de lettres d'invitation. Prière de considérer le présent
avis comme en tenant lieu.
Une messe sera dite le mercredi 19 mai, à dix
heures, en l'église Saint-François-Xavier, pour le repos
de l'âme du lieutenant Yves de Courson de La Villeneuve.
mort au champ d'honneur le 7 avril. Un service sera célé-
bre pour lui dans le courant de juin, en l'église Saint-
Symphorien de Versailles.
Aujourd'hui, en l'église de Piré (lUe-et-Vilaîne), ont
lieu les obsèques de M. Paul Carron de La Carrière,
représentant de Monseigneur le Duc d'Orléans '/)QUI' le
département d'ille-et- Vilaine, ancien député, ancien coo-
seiller général, maire de Piré, membre du conseil de la
Société des Agriculteurs de France, commandeur de
Saint-Grégoire-le-Grand, dont nous avons annoncé la mort
le 12 mai, au château de Piré.
On annonce la mort du comte de Maillé, frère du
marquis de Maillé, de la comtesse de Divonne, de la
vicomtesse d'Origny, et beau-frère de la comtesse Henri
de Maillé et de la vicomtesse de Gaignesron, décédé au
château de Grange-Marie.
Ses obsèques auront lieu mardi 18, à ottze heures, cn
l'église de Longue.
En présence d'une assistance émue viennent d'être
célébrées, à Blaye, les obsèques de M. André La/on, le
charmant auteur de L'Elève Gilies, dont nous avons
annoncé récemment la fin glorieuse. M. Guilkmot, sous-
préfet de Blaye, rendit en termes émouvants un suprême
hommage à son talent et à sa mort, qui fut celle des
braves.
De Londres, on annonce la mort, à l'âge de soixante-
dix-sept ans, de la comtesse douairière de Loûde&borongh,
née lady Francis Wilhelmine Somerset, fille èa septième
duc de Beaufort et veuve du premier comte de Londes-
borough.
Lady Evelyn Broughton, veuve de. sir Delvisâ Louis
Broughton, baronet, vient de mourir également à Lon-
dres.
Le vice-amiral anglais Herbert Ward Dawdin'g est
décédé en Algérie, à l'âge de soixante-deux ans.
Récemment a été célébré, en la chapelle d'e la
Sainte-Vierge de l'église Saint- Philippe' du Roule, un
service funèbre à la mémoire de M. Errtile Bttnoast, .ftls
du général, glorieusement tués tous deux à l'ennemi.
L'absoute a été donnée par l'abbé Ablin, second vicaire
de Saint-Philippe du Roule.
Le deuil était conduit par Mme Bunoust,. mère dtt
défunt; Mlle Bunoust, sa sieur, infirmière-major à I'hâ-
Que serais-je devenu, si je- n'avais pas-eu
l'amour du travail pour me soutenir ? Ma mère
n'a pas voulu que je sois soldat, après mon père
et mon grand-père. Alors, je me suis console-
comme j'ai pu.
Vous auriez voulu servir 2
C'était mon ambition. J'avais été élevé
par mon père pour continuer la race du héros
de Dirnstein, qui sauva l'armée et Napoléon
en tenant tête, avec sa division, soixante mille
Russes, pendant toute une journée. Mais mon
père est mort trop tôt et la duchesse me pria de
renoncer à mes projets.
Et vous avez obéi ?
J'ai obéi.
Est-ce que vous le regrettez ?
Il ne faut jamais regretter ce qu'on. a fait,
ou alors il fallait'ne pas le faire.
Rose demeura songeuse. Elle comparait le
franc, fier et loyal Jean, au souple, prudent et
cauteleux Joë. Quelle différence, et comme l'un
était supérieur à l'autre Elle fut sur le point'
de parler, de révéler ce qui s'était passé à Lon-
dres, entre Ténéran et elle, le soir du dîner.
Elle eût pu, d'un mot, dissiper toute équivoque
et rendre la sécurité à Jean. Mais elle s'afi*êta.
Quelles conséquences pourraient avoir ces pré-
cisions ? Elle ne s'en rendait pas compte exac-
tement. Mais elle éprouvait une angoisse' et,
prudemment, s'abstint. En son for inférieur,
elle pensa «Je suis aussi dissimulée que Joë,
puisque je laisse dans l'ignorance son ami, qui
tout à l'heure me questionnait avec inquiétude.
Mais pourquoi était-il inquiet ? » Elle ne for-
mula pas une réponse précise. Mais ce qu'elle
démêla dans le souci de Jean ne lui déplut pas.
Ce qui s'était passé entre Joë et elle était fort
ordinaire et presque inévitable entre un homme
jeune et une aussi charmante fille. Une expli-
cation avait suivi qui brusquement crénait une
Situation très difficile. Joë, avec un emporte-
ment qui ne lui était pas habituel, déclarait à
la jeune fille qu'il l'aimait, et que la présence
de Jean auprès d'elle lui était insupportable.
Comme Rose s'élevait contre cette prétention der
pital de Juvisy; M. VasseUe, conseiller d'Etat, directeur
honoraire au ministère des colonies, son oncle.
On annonce, de Rome, la mort du prince Tommaso
Antici-Mattei. II était te chef de cette illustre famille du
patticiat romain qui, durant la souveraineté pontificale,
avait, comme gardiens des ponts la charge de la
garde de tous les ponts sur le Tibre pendant la durée des
Conclaves et plusieurs privilèges la suite de l'élection
du Souverain Pontife.
Pour les Informations de Naissances, de Mariages etd
de Décès, S'adresser I'Office DES Publications d'Etat
Civil, 24, 6oulevard Poissonnière, de neuf heures il six
heures. Téléphone: Central 52-11.
Il est fait un prix spécial pour les abonnés da Gaulois.
TUÉS & BLESSÉS
Le général Stirn
Le Journal officiel d'hier publiait la nomi-
nation au grade de général de brigade, à dater
du il mai, du colonel d'infanterie breveté Stirn,
commandant une brigade par intérim. Au mo-
ment où paraissait cette nomination, le nou-
veau général était mort depuis quatre jours il
avait été tué à l'ennemi le 12 mai.
Le général Stirn appartenait à une vieille fa-
mille d'Alsace il était né à Mutzig, près de
Strasbourg, où son père était garde d'artillerie
à la manufacture d'armes, le 12 avril 1867. Reçu
à Saint-Cyr à dix-huit ans, sorti de l'Ecole le
de sa promotion, sur 395 élèves, il passa par
racole supérieure de guerre et servit plusieurs
années au premier bureau de l'état-major de
l'armée (bureau chargé de l'organisation et de
la tnobilisation de l'armée). Capitaine en 1896,
chef de bataillon dix ans plus tard, il fut
nomtmé lieutenant-colonel en 1912, au 55* d'in-
fanterie.
Au début de la guerre, en octobre dernier, il
fut oiité à l'ordre de l'armée avec cette note
A montré les plus belles qualités militaires
agissant avec méthode et vigueur, a obtenu des
résultais importants avec des pertes minimes. »
Quelques jours plus tard, le 1er novembre, 1
était nommé colonel et appelé au commande-
ment pur intérim d'une brigade d'infanterie,
cette br%ade à la tête de laquelle l'héroïque
officier vient de trouver la mort des braves, face
à l'ennemi.
Le lieutenant-colonel Devuns
Le lieuibenant-colonel Devuns, qui, depuis
trois mois, commandait le 125° d'infanterie, a
été tué à l'ennemi le 9 mai.
f Le régiments venait de combattre vaillamment
pendant toute la journée. Le soir de la bataille,
profitant d'une accalmie, le colonel Devuns ren-
trait un instant à son poste de tranchée, en com-
pagnie du capitaine de Lamaze, lorsque, coup
sur coup, plusieurs gros obus s'abattirent sur
l'emplacement, qu'ils détruisirent, ensevelis-
sant les deux .officiers sous une masse de terre.
Lorsqu'on eut dégagé les corps, le colonel était
mort et le capitaine, assez sérieusement blessé,
était évanoui. Le vaillant officier fut enseveli
à l'endroit même où il avait trouvé la mort.
Le colonel D-âvuns était né à Oinville, en
Seine-et-Oise, le 5 août 1867 il était passé par
Saint-Cyr et l'Ecsolè supérieure de guerre. Ca-
pitaine en 1897, chef de bataillon en 1909, il
avait fait le début de la campagne comme chef
d'état-major de .la 3° division de cavalerie et
avait été nommé lieutenant-colonel le 25 dé-
cembre dernier. L. N.
Le chef de bataillon Jacquet, du 87. d'infanterie,
tué le 12 avril d'un éclat d'obus à la tête. Cet offi-
cier avait été blessé une première fois au début de
la campagne, alors qu'il commandait, comme ca-
pitaine, une compagnie du 36° d'infanterie.
Le capitaine François, de Nancy, blessé à la tête
d'une compagnie de tirailleurs, près d'Arras, mort
le 11 mai. Un vétéran des campagnes du Sud-Ora-
Rais et du Maroc cité à l'ordre de l'armée en dé-
cembre dernier.
Le lieutenant Joseph Louiquy, avocat au barreau
de Nice, mort au champ d'honneur.
Le capitaine H. Barraja, de la compagnie du
311° d'infanterie, atteint mortellement par un éclat
d'obus au moment où, près d'une tranchée, il dic-
tait des ordres à son fourrier. Il était très aimé de
6es hommes- Sa mort est une véritable perte pour
sa compagnie.
M. Albert Abbo, avocat, docteur en droit, lieute-
nant au 7° chasseurs alpins, tombé bravement en
A. Blessé grièvement dans une chaude rencontre,
il était transporté par ses hommes au plus pro-
chain hôpital, où il ne tardait pas à expirer. Ses
obsèques ont eu lieu à Moosch ces jours-ci.
Le vicomte Bernard de Burgues de Missiessy,
mort héroïquement frappé d'une balle au cœur en
entraînant ses homtnes à. Agé de vingt-neuf ans,
siessy, née de Fontaine de Resbecq, et le petit-ne-
veu du général comte de La Canorgue. Son plus
jeune frère a été blessé.
L'abbé Louis Boyer, du diocèse de Coutances,
caporal, tué*le 27 mars dans la tranchée.
Bosco, ambulancier à la 6° division belge, tué le.
29 avril, en relevant les blessés.
L'abbé Francis Rochet, de Graye, et l'abbé
Pierre Baudry, de Coutances, séminariste du dio-
cèse de Saint-Claude, glorieusement tués à l'en-
nemi.
M. Gaston Fauquenot, quartier-maître à bord du
Bouvet, fils du mécanicien en chef de la marine à
bord du Jules-Michelet.
Le lieutenant Charles Barbeau, du. génie, qui
a bravement succombé en Argonne. Son frère, con-
eervateur de la bibliothèque de Tunis, a été blessé
quelques jours auparavant.
M. Maurice Clérisse, lieutenant au 114. de ligne,
mort à l'hôpital temporaire de Saint-Maixent, le
22 avril, des suites de glorieuses blessures reçues
en Argonne. Il était le fils du président de la Fédé-
ration musicale de France. Ses obsèques ont eu
lieu en l'église de Saint-Maixent et l'inhumation
sera faite à Gaillon (Eure).
M. Amédée Sorin, sous-lieutenant au 10§e de ré-
serve, mortellement frappé au cours d'une contre-
attaque, le 24 avril. Il était le fils unique du géné-
ral Sorln et de la générale, née Outrey le gendre
du commandant de Castellane, tombé glorieuse-
ment lui-même à la tête d'un bataillon.
Complétons l'annonce faite hier sur la mort de
M. Joseph do Boisgrolli,er, héroïquement tombé le
8 avril au champ d'honneur. Fils de M. de Bois-
grollier et de Mme, née Saint-Phalle docteur en
droit, lauréat de l'Ecole des sciences politiques, il
était membres actif de toutes les œuvres de la jeu-
nesse catholique de Paris. M. Joseph de Boisgrol-
lier conduisait sa section à l'assaut d'une tranchée,
quand ses hommes lui crièrent de se baisser,
comme lui-même le leur ordonnait, « Ce n'est pas
le moment pour un chef de baisser la tête », répon-
dit-il. Immédiatement après, il tombait frappé
d'une balle au front
régenter son intimité et de tolérer ou de p ros-'
crire certains de ceux qui obtenaient ses sym-
pathies, Joë avait été pris d'une sorte de fu-
reu et s'était répandu en cris et en menaces
contre son ami.
Vraiment, avait dit Rose avec beaucoup de
sa;nà-froMi votre attitude est inadmissible.
Vo.yev5 où vous en êtes. Non content de me dé-
clary que vous m'aimez, ce qui pourrait vous
suffire, vous me parlez presque avec haine d'un
homaie que vous avez toutes les raisons de
chérir- C'est une sorte de folie Qu'est-ce que
vous voulez que je pense de vous, après une
pareille algarade, et si vous étiez à ma place,
qu'en ganseriez-vous vous-même ?
Je penserais que je suis un monstre, un
être purement haïssable, et je ne voudrais plus
entendre.parler do moi 1
•Vous ne vous ménagez pas. Je serai plus
indulgente- Mais 'e veux, avant tout, que vous
changiez d'attitude et de langage.
-Cola m'est impossible Je suis capable de
tout, excepté de dissimuler 1
Espérez-vous donc que je céderai ? Il me
serait impossible de vous supporter si vous ne
changiez pas.
Ils s'^taksnt séparés sans obtanïr l'un de l'au-
tre ce' qiï'fis souhaitaient et très mécontents.
Rose attriste et Joë furieux. Ils ne se revirent
plus |us'qïï'*U départ pour Paris, qui eut lieu
le su'rléndenvain. C'était donc très véridique-
ment que Rose avait répondu à Jean qu'elle ne
voyait pas Joë. Ils se fuyaient. Raimondi acca-
parait là jeune fille, qu'il faisait travailler
avec une assiduité et un soin Remarquables.
Les moyens vocaux de Rosé avaient augmenté
par l'étude d'une façon extraordinaire. Elle
refusait toutes les propositions qu'on lui faisait
de chanter à Parts, soit dans des concertes, soit
dans des représentations. Elle voulait se per-
fectionner avant de se faire entendre de nou-
veau afin de produire un grand effet dont
bénéficieraient, et Scheidemann et même son
bon maître, dont le prestige était ranimé par la
jeune gloire de son élève.
Valfleury
BLESSES
Le comte Robert de Bruce, sous-lieutenant au
238* d'infanterie, vient d'être assez gravement
blessé sur le front, grès d§ S.ojsgona.
•̃;
̃ ̃_ L'HYGIENE AU FRONT
Lee dernières expériences faites ont prouvé l'effl.
cacité absolue contre la vermine et l'infection dans
les tranchées du 75 Tue les Boches, Tue la ver-
mine,. Détruit Tout (R. Medley, pharmacien, 77,
boulevard Exelmans). Le 75 se trouve partout
pharmacies, Louvre, Printemps, etc., etc. 2 francs
le flacon. Gras Roold, 50, avenue de la Grande-
Armée, Paris..
Ruses
de Guerre
Le Gaulois a raconté l'autre jour ce plaisant
épisode du débarquement des alliés aux Darda-
nelles mille ânes, chargés de bagages simulés
et de canons en bois, ont gagné la terre sous
le feu des navires de l'escadre. Aussitôt, les
Turcs ont envoyé des régiments nombreux sur
le point où les troupes franco-anglaises sem-
blaient mettre pied à terre, en commençant par
le matériel de siège. Or, pendant ce temps, le
vrai corps de débarquement prenait position
à quelques kilomètres de là. Les victimes des
Turcs jonchaient le sol c'étaient les mille
ânes, qui avaient été tués jusqu'au dernier.
La ruse de guerre, cette fois comme toujours,
avait rendu service à la valeur militaire. De
tous temps, le meilleur général a été celui qui
était le plus fécond en expédients et qui pou-
vait sur le champ de bataille en apporter dviné-
dits. L'adresse peut sans nul inconvénient
venir au secours de la force. Si l'on doit saluer
dans le débarquement des ânes aux Dardanel-
les une idée spirituelle, ingénieuse, il faut ré-
prouver, honnir les ruses pour lesquelles l'en.
nemi emploie des moyens qui sont de vraies
forfaitures. C'est ainsi que lorsque les Alle-
mands, dans la campagne actuelle, ont hissé le
drapeau parlementaire et fait. avancer des hom-
mes sans armes derrière lesquels étaient dissi-
mulées des mitrailleuses, ils ont employé une
tromperie odieuse, parce que le drapeau parle-
mentaire est un insigne dont là probité ne peut
et ne doit pas être suspectée cest un langage
muet convenu, qui n'admet pas de contradic-
tion se servir du drapeau blanc pour obtenir
un désarmement momentané est licite, s'en
servir pour massacrer l'ennemi désarmé est une
trahison. Nous savons de reste que les Alle-
mands, peuplade guerrière, en sont arrivés à
déshonorer la guerre, à l'abaisser au niveau
d'un carnage, d'une destruction sans but, à
supprimer de leur lutte qui devrait être noble,
courtoise, toute grandeur d'âme, toute preuve
d héroïsme. La foi boche, soyons-en sûrs, rem-
placera dans l'histoire la foi punique.
n
La ruse de guerre est vieille comme le monde,
et les annales de l'antiquité, mythologiques ou
vraies, relatent de nombreuses aventures où les
adversaires ont cherché à se faire illusion les
uns aux autres, où la surprise a joué un rôle
importants.
Le cheval de Troie, le fameux cheval de bois,
est le plus ancien expédient dont la mémoire
nous a été léguée. Résumons nos souvenirs
classiques, et feuilletons l'lïiade ou, mieux en-
core, le deuxième livre de l'Enéide. Virgile
nous raconte que, désespérant de s'emparer de
Troie après un siège de dix ans, les Grecs, sur
le conseil de Minerve, construisirent un im-
mense cheval de bois et l'abandonnèrent de-
vant les murailles de la ville or, les Troyens
profitèrent de la nuit pour introduire chez eux
ce cheval ou'ils croyaient être de bonne prise et
qui malheureusement recelait des guerriers
dans ses flancs.
Moins célèbre, mais tout aussi caractéristi-
quo, est l'expédition que Bacchus conduisit aux
Indes. Le jeune dieu, qui avait évidemment une
profonde connaissance des hommes, avait ima-
giné un moyen de conquête sans effusion de
sang il pénétrait dans les villes en faisant or-
ner les javelots de ses soldats avec des feuilles
de vigne qui dissimulaient le fer des lances et
faisaient ressembler les armes à des thyrs2s
il entraînait à sa suite des légions de femmes
et faisait travestir ses guerriers avec des cos-
tumes féminins. Pas de tambours ni de trom-
pettes, mais des lyres et des sonnettes et l'on
commençait à danser et à boire. Et pendant ce
temps, il suffisait d'un nombre tout fait in-
finie de soldats pour s'emparer de la ville. C'est
grâce à cette ruse que Bacchus, dit-on, con-
quit non seulement l'Inde, mais la plus grande
partie de l'Asie.
La Bible elle-même nous a légué le souvenir
de ruses de guerre qui, pour être moins avares
de sang répandu, ont eu d'excellents résultats.
La victoire que remporta le peuple d'Israël
contre les Madianites et qui a conservé le nom
de « Journée de Madian » fut due à Gédéon,
qui se servit du moyen suivant pour effrayer
1 ennemi, il fit prendre aux Hébreux une trom-
pette d'une main et, de l'autre, un vase vide
dans lequel il fit mettre une lampe allumée. Il
paraît que les Madianites, surpris, crurent à
la présence d'une armée énorme et furent pré-
cipités dans le Jourdain. C'est aussi le môme
Gédéon, je crois, qui pénétra une autre fois
chez les Amalécites, dont le pays était très fer-
tile. Pour détruire les récoltes de ses adversai-
res, qu'il voulait affamer, il fit lancer dans les
champs de blé des renards à la queue desquels
on avait attaché des torches enflammées. Et
comme tout ici-bas n'est qu'un éternel recom-
mencement, on pourrait peut-être signaler cet
expédient de guerre à nos bons amis les Russes,
lorsqu'ils envahiront les fertiles plaines de la
Hongrie. Gédéon ou ses descendants ne récla-
meront point sur la priorité du brevet.
Et puis, il avait fallu déménager, pour
complaire à César Painblanc, qui ne pou-
vait plus se voir dans son misérable pe-
tit appartement et dans sa rue puante. Et
au grand regret de Mme Painblanc, la
famille s'était installée au second, rue Tait-
bout, et avait acheté un mobilier neuf que
César aurait choisi somptueux s'il avait eu la
liberté de commander mais qui tout simple
qu'il était paraissait d'un prix excessif, il. sa
femme laborieuse et éoonome. Mais, enfin, il
avait une pièce spécialement réservée à son tra-
vail, et quoiqu'il n'eût pas encore recommencé
à manier l'ébauchoir et le crayon, il s'était fait
tailler les cheveux à la Louis XII et, au-dessus
de son gilet, portait en guise de col une sorte de
fraise tuyautée comme un personnage de
Clouet. On voyait bien ainsi qu il était un ar-
tiste. Les œuvres viendraient plus tard. En
attendant, il avait fait une commande sérieuse
chez son fournisseur d'accessoires et d'outils.
Et puis, dans son enthousiasme, il était allé
rue des Saints-Pères, pour écraser son frère de
ses grandeurs nouvelles.
Il y avait plusieurs mois qu'il n'était
venu chez le relieur, et tout en chemi-
nant il sentait son assurance décroître. Il
lui revenait des souvenirs fâcheux. N'a-
vait-il pas quitté son frère sur une scène
pénible et n'avaient-ils pas échangé des paroles
véhémentes ? Comment Edmond allait-tl rece-
voir César ? L'ouvrier aurait-il gardé rancune à
l'artiste ? Peu peu, la marche délibérée et
rapide du sculpteur était devenue hésitante et
ralentie. Devant la boutique, César regarda à
l'intérieur. Il ne vit personne et pensa que
peut-être il ne trouverait que son neveu. Cette
pensée le ragaillardit. Il tourna le bec-de-canne
d'une main ferme et, au coup de bonnette dé-
clanché par l'ouverture de la porte, il s'avança
vers le petit bureau où d'ordinaire Painblanc
travaillait. Une blouse blanche sur un large
dos. une calotte noire, couvrant une tête grise,
un homme appliqué frappant des fleurons à
chaud sur une feuille de maroquin, tel fut le
Annibal ne s'estril pas servi d'un procédé
analogue à celui de Gédéon lorsque, cerné, près
de Capoue, à Casilinum, sur les rives du Vul-
turne, il fit attacher aux cornes des boeufs qui
devaient ravitailler son armée du foin et des
sarments enflammés ? Les Romains, effrayés
par cette vision, à laquelle ils étaient loin de
s'attendre, reculèrent et furent battus.
Mais revenons à des procédés qui s'appuient
uniquement sur de l'esprit et de la malice. Une
fort aimable Carcassonnaise m'a raconté na-
guère un amusant épisode d'un siège de Car-
cassonne au neuvième siècle.
La ville était depuis plusieurs mois complè-
tement entourée sortir, il n'y fallait pas son-
ger lancer de l'huile et de lu poix brûlante
devenait une opération inutile, car l'ennemi se
tenait prudemment à l'écart. Et cependant les
provisions diminuaient à vue d'.œil. Il ne res-
tait plus qu'un cochon et un sac de blé dans la
ville. Les habitants étaient désespérés. Mme
Carcasse, la femme du gouverneur, eut une
idée
Donnez le sac de blé au cochon s'é-cria·
t-elle.
Ainsi fut fait, et quand l'animal fut bien
repu et gonflé, elle le fit saigner et ordonna
qu'on le jetât aux assaillants. La populace,
était furieuse de voir ainsi gaspiller les derniè-
res provisions. Mme Carcasse avait son idée.
L'ennemi, voyant arriver des tranches de porc
très gras, comprit que le siège serait long, très
long, puisque la ville possédait assez de vivres
pour pouvoir en jeter par dessus les murailles.
Il décida de ne pas perdre son temps plus long-
temps et abandonna le siège de la ville. Et
Mme Carcasse, voyant partir les troupes, fit
sonner les cloches des églises à toute volée.
« Mme Carcasse sonne », dit-on à chaque car-
refour. Et ainsi fut délivrée la ville, en même
temps qu'elle reçut son nom de baptême, ce
nom qui nous fait sourire chaque fois que nous
le prononçons.
Bi e n entendu, je ne garantis pas l'exactitude
de l'étymologie, mais vous admettrez comme
très vraisemblable la ruse qui fit s'impatienter
l'ennemi devant la cité aux épaisses murailles.
La forêt qui marche, au dernier acte de
Macbeth, ne peut-elle pas prendre place parmi
l'arsenal des expédients de guerre ? D'autant
plus que Shakespeare, qui ne devait rien igno-
rer de notre histoire- de France, a su qu'à la
bataille de Soissons, l'armée de Childebert, ne
voyant pas les troupes de Frédégonde abritées
sous des branches d'arbres verts, crut pouvoir
aller prendre du repos dans un bois et fut
massacrée par les soldats restés jusqu'alors
immobiles.
Il y eut sous les guerres de Napoléon Ier un
homme aux ordres d e TEmperur, qui rendit à
nos armées de signalés services il s'appelait
Spitzmuller et était très redouté par les Autri-
chiens qui ignoraient son nom et l'appelaient
der Haxiptspion (le grand Espion). Un matin,
de bonne heure, Spitzmuller se déguisa en gé-
néral autrichien, fit réveiller tous les officiers,
passa l'armée tout entière en revue et se rendit
compte, à une unité près, des forces de l'en-
nemi. Sa tâche terminée, il fit le salut mili-
taire et disparut sans escorte. Après son départ,
on commença à douter un peu dans l'armée
autrichienne mais deux heures après, on ne
douta plus Napoléon savait qu'il pouvait atta-
quer, et il attaqua avec énergie et succès.
Voilà des combinaisons dans lesquelles il y a
un certain risque pour celui. qui les imagine
il y a aussi là un art, une ingéniosité qui n'ont
rien de cruel ni de barbare, qui témoignent de
bonne humeur, d'esprit inventif et sont nées de
circonstances que l'on sait tourner à son pro-
fit. Ces ruses-là ne sont pas de la même famille
que l'emploi de la mitrailleuse dissimulée der-
rière le drapeau blanc elles font partie de la
série des tromperies attrayantes elles donnent
à la guerre je ne sais quoi de romanesque, et
leur légitimité ne peut être mise en doute.
Louis Schneider
1 «%̃
iGRAINSdeSANTÉ du DFRANCKJ
«k^ Xou 2 graine avant le repas du soir.
travers la Presse
Excusez du peu
Nous citons textuellement
« L'Echo des tranchées a demandé à M. Ray-
mond Poincaré, de l'Académie française, de
bien vouloir collaborer au journal du 17° terri-
torial. Et M. Raymond Poincaré, président de
la république, nous a envoyé un article. Nos
lecteurs éprouveront, devant ces lignes, autant
d'émotion, d'orgueil et de gratitude que nous
en avons ressenti nous-mêmes en ouvrant la
lettre de deux grandes pages autographes écri-,
tes par M. Raymond Poincaré pour le ter-'
ritorial. »
En voici un exttait T
Vous m'avez invité, mes amis, à suivre i'exem»
pie qu'ont heureusement donné plusieurs mem-
byes de l'Académie française, et à charger l'Echo
des tranchées de vous communiquer un mot d'en-
couragement et de souvenir. Vous n'avez pas be.
soin d'ètre encouragées. C'est de vous qu'émane la
courage dont est enflammée toute la nation. Un
témoignage lointain de sympathie ne vous appor-
terait, d'ailleurs, que l'expression refroidie de mes
sentiments J'aime mieux profiter d'un de mes
prochains séjours au milieu des armées pour vous
remercier verbalement de m'avoir envoyé votre.
journal, et pour vous dire combien j'admire votre
intarissable bonne humeur.
Il y a, parmi vous, des riches et dos pauvres!
des ouvriers et des paysans, des bourgeois et des
hommes du peuple, des fonctionnaires et des ar-
des écrivains et des commerçants, et cette
infinie diversité do professions, de goûts et d'ha-
bitudes so fond dams la splendide unité de votœ
patriotisme.
Puisse l'Echo des tranchécs se faire entendre
non seuiement jusqu'aux extrémités du territoire
français, mais dans toutes les parties du monde
Il réconfortera et réjouira partout les amis de la
France; révélera aux autres la grandeur et la
beauté de vas actions quotidiennes il annoncera
tableau qui s'offrit aux regards du sculpteur.
L'homme leva la tête et, à travers des besicles
de corne, regarda le visiteur, puis, d'une voix
Tiens 1 c'est mon frère 1 Bonjour, César
Le relieur repoussa ses outils, se leva et, ten-
dant la main à Painblanc
i, 11Z 0. longtemps qu'on ne t'a vu t Tu vas
bien ? Et chez toi ? Ta femme, ta fille
Il paraissait si peu troublé en posant ces ba-
nales questions que César en fut tout déconte-
nancé. Il balbutia
Mais tout le monde va bien, je te remer.
Et ici, la santé, le travail ?
La santé est bonne, le travail abondant
La maison se soutient. Mais tu vas voir Vic-
il emmenait son frère hors du petit bureau
et le conduisait vers l'arrière-boutique, où était)
1 atelier de reliure. Là, dans le grand jour cru
d'une vaste cour, trois ouvriers et Victor, ins-
tallés -a de larges tables, travaillaient paisible-
ment, Le fils du relieur était attentif à tracer
les filets d'une magnifique reliure dont les
rehauts présentaient des entrelacs et des guir-
landes d'une délicatesse et d'une élégance char-
mantes. Le père jeta un coup d'oeil sur le tra-
vail. Il l'approuva d'un hochement de tête et
dit
Regarde, César, ei ce que nous faisons à
présent n'est pas de l'art ? Voilà une couvêr-
ture pour une édition très rare. Le livre est
beau, mais que dis-tu de son vêtement ?
C'est très bien fit le sculpteur d'un air
négligent. Oui, vraiment très bien pour de l'art
industriel.
(A suivre.) GEORGES OHNET.
Nous rappelons à nos abonnés que toute de..
mande de changement d'adresse doit être
accompagnée de 60 centimes en tmbtei-mste
pour frais de réimpression
a
dier par les mesures compatibles avec -la dé-
fense nationale.
Les efforts que l'on a faits en ce sens n'ont
certes pas été inutiles. Il importe, toutefois, de
les continuer. Les réquisitions absolument né-
cessaires- ont porté sur plusieurs catégories de
chevaux, et certainement, à l'heure qu'il est,
on a pris ce qui pouvait être utilisé pour les
transports militaires.
Peut-être, me faisait remarquer un impor-
tant cultivateur, chef d'une grande exploitation
agricole, peut-être serait-il prudent à tous
égards de ne pas réquisitionner des chevaux si
usés qu'ils paraissent bien ne pouvoir rendre
de services utiles à l'armée. Tels quels, cepen-
dant, ils peuvent être employés dans les tra-
vaux agricoles par ceux qui les possèdent, qui
savent ce qu'ils sont encore capables de rendre
et les ménagent.
» La récolte des foins des prairies artificielles
vient de commencer, et il est de toute nécessité,
pour la défense nationale et pour l'agriculture,
qu'ils soient rentrés à temps et dans de bonnes
conditions. »
Ces désirs des travailleurs de la terre sont
trop discrètement exprimés ils sont, au sur-
plus, trop légitimes pour qu'ils ne soient pas
examinés'avec la plus grande bienveillance par
tes ministres compétents.
Je vous ai iéjà signalé l'excellente impression
produite par la réquisition du blé.
Cette réquisition u jusqu'à la soudure » du
15 août dissipe toutes les craintes concernant le
renchérissement anormal du pain renchéris-
sement qui se manifestait, la semaine dernière,
dans des proportions inquiétantes.
Armand Villette
L'Attitude de l'Italie
D'importantes manifestations ont eu lieu hier
dans toute la péninsule
A Rome, la nouvelle de la non-acceptation
par le Roi de la démission du cabinet Salandra
a provoqué partout un grand enthousiasme. De
nombreux groupes de citoyens ont fait des ma-
nifestations sur plusieurs points de la ville, en
criant « Vive l'Italie Vive le 'Roi Vive l'ar-
mée Vive Salandra La ville est extraordi-
nairement animée.
A Naples, un cortège de manifestants a quitté
l'Université, ayant à sa tête des drapeaux et
deux cents professeurs il s'est rendu sur la
place du Plébiscite, où se trouvaient réunies
environ 20,000 personnes. Une députation de
soixante professeurs, avec une députation de
conseillers municipaux, est allée- chez le préfet
et lui a communiqué l'ordre du jour voté par
le conseil académique auquel les représentants
de la province et la municipalité avaient
adhéré.
La députation, avant de quitter la préfec-
ture. a lu du balcon à la foule. une dépêche an-
nonçant que le Roi avait refusé la démission
du cabinet Salandra. La lecture en a été sa-
luée par de grandes acclamations et des cris ré-
pétés de « Vi ve le Roi 1
A Turin, le député belge M. Lorand a fait,
à l'Institut professionnel ouvrier, une confé-
rence très applaudie sur la République et le
droit des gens. A la sortie, il y ii eu une mani-
festation interventionniste.
Quelques opinions
La Tribuna souhaite chaleureusement, avec
tous les Italiens, que la ligne de conduite dhoi-
sie par le ministère se développe dans l'intérêt
de la dignité et de la grandeur de la patrie.
« Si le cabinet, dit celle-ci, se présente de
suite devant la Chambre, tous les représentants
de la nation, quelles qu'aient été leurs opinions
au sujet' de la crise qui a tourmenté tous les
esOnts, n'auront qu'un sentiment, qu'une idée
la patrie. »
L'Idea Nationale écrit que lei nouveau minis-
tère est enfin une réalité. Le Roi le veut, le
pays-le.veut, la Chambre le voudra le Roi a
sauvé l'Italie. Rendons hommage au Roi et à
la Maison de Savoie. Vive le Roi 1 x
Le Giornale d'Italia parle dans le même sens.
« Nous avons de notre côté, dit-il, le droit, la
confianee dans nos armes nous savons que le
peuple est animé d'un esprit ferme la destinée
devra nous être favorable. »
AUX ÉTATS--UNIS
Le Président passe la revue de la Hotte
Le président Wilson est parti samedi soir, snr
le yacht'May Flower,pour New-York,où il doit
passer aujourd'hui la revue des vaisseaux de la
flotte de l'Atlantique, rassemblée en ce noment
dans l'Hudson. Ce soir, le Président dînera à
bord du cuirassé Wyoming.
LA GUERRE CONTRE U TURQUIE
Les opérations aux Dardanelles
On télégraphie d'Athènes, en date d'hier, que,
suivant une information de Mitylène, les com-
bats continuent, acharnés. Les Turcs ont subi
des pertes mmenses les obus de la flotte alliée
faisaient sauter des tranchées entières avec les
soldats. Les prisonniers ont avoué que les
Turcs manquent de munitions.
EN ALLEMAGNE
Les dernières réserves
Les journaux de Berlin annoncent que la re-
vision des hommes du landsturm non instruits
et 2 bans), âgés de trente-six à quarante-
cinq ans, a commencé à Berlin le 3 mai les
opérations doivent durer six semaines. A Char-
lotteribürg, la revision des mêmes classes a
commencé également le 3 mai et doit durer
jusqu'au 9 juin.
Les appels dans le Brandebourg ayant été
jusqu'à présent plus tardifs que dans les au-
tres provinces de l'Empire, on peut en canclure
FEUILLETON DU « GAULOIS »
DU 17 MAI 1915
̃ r. Vi .̃̃•'•̃•̃
SDITB
Comme vous êtes bon homme d'affaires
•– Pour les autres, oui, car pour moi.
Vous n'avez pas besoin de compter.
Détrompez-vous. Ma mère est fort riche,
mais moi je ne le suis pas. J'ai une large
aisance qui me vient de mon père. Et puis,
je gagne de l'argent. Mais je ne devrais pas
|aire dé folies. Et cependant.
Ah vous êtes dépensier ?
Oui. Je ne sais pas résister à l'envie de
un beau bibelot, une tapisserie rare,
ou un meublé précieux. Il est vrai que ce
n'est pas de l'argent perdu. Cela reste et se
.retrouvera, toujours.
,Cé doit être agréable de donner son
argent pour satisfaire des caprices. Moi je
n'ai jamais connu que des dépenses utiles.
Chez moi, on ne fouillait au tiroir que pour
aller chez le boucher et le boulanger, ou pour
payer le terme. C'est moins gai.
Pauvre petite, vous avez été élevée à la
juré, je le sais. Vous -n'en êtes que plus intéres-
3ante' et plus estimable.
A la bonne heure, vous me parlez genti-
ment. Je ne vous aime pas quand tous me fai-
tes des reproches.
qu'au début de juin tous les Allemands non
instruits des 1er et bans de landsturm au-
ront. passé le conseil de revision et pourront
être progressivement appelés sous les dra-
peaux.
Ces dernières classes du landsturm représen-
tent, avec les classes 1916 et 1917 non encore
appelées, les dernières ressources de recrute-
ment dont l'Allemagne peut disposer. L ies
comportent en particulier des classes d'hommes
âgés (non instruits du landsturm 2° ban), de
valeur physique médiocre, auxquels il sem-
blait qu'on ne devait jamais avoir recours pour
le service armé.
EN BUSSIE
Atrocités allemandes
Le prince Kourakine, envoyé spécial de la
Croix-Rouge sur le front des armées ruses,
télégraphie que la cavalerie allemande, après
le bombardement d'une gare où étaient réunis
les blessés, a achevé ceux-ci à coups de crosse,
a aspergé la gare de pétrole et de benzine et l'a
livrée aux flammes, ainsi que les blessés.
LES ÉVÉNEMENTS^ PORTUGAL
La situation à Lisbonne
Les journaux de Lisbonne annoncent que le
président a signé la nomination des ministres.
Le ministre des finances a conféré avec les
commandants de la police et de la garde répu-
'blicaine, pour que l'ordre soit encore rétabli
ce soir à Lisbonne.
Un manifeste du comité révolutionnaire dit
que les civils qui seront trouvés en armes hors
de l'Arsenal de la marine après sept heures du
soir seront asrrêtés. Des automobiles garnies
de soldats parcourent les rues et saisissent les
armse portées par les civils.
On mande de Badajoz à l'Information crue
3,000 soldats rebelles, commandés par un gé-
néral, sont concentrés près de Lisbonne et se
préparent à attaquer la ville.
PETITES NOUVELLES DE LA NUIT
Le mai s'est passé dans le calme le plus
absolu en Russie. Dans plusieurs usines, les
ouvriers ont fait célébrer des services religieux
puis ils se sont mis au travail en poussant des
hourrahs.
On télégraphie de Rome à l'Agence Four-
nier que la municipalité a décidé de débaptiser
le pont Frédéric-Guillaume, qui s'appellera
désormais pont Albert, roi des Belges.
Hier matin, sur la ligne des tramways de
Limoges à Aix-sur-Vienne, deux trains sont en-
trés en collision. Dix-huit voyageurs ont été
plus ou moins grièvement blessés une ving-
taine ont des contusions légères.
LA VIE ARTISTIQUE
L'Exposition de Bagatelle
La Société des Artistes de Neuilly a eu la
patriotique inspiration de placer son exposition
annuelle (dont les bénéfices iront à l'Œuvre
des blessés aveugles) sous le patronage pos-
thume d'un peintre glorieusement tombé à
Buzenval, Henri Regnault.
Il serait malséant de raviver les discussions
critiques que suscita, il n'y a pas si longtemps,
l'auteur de la Salomé. Nous devons nous sou-
venir avec émotion que cet « éclatant météore
de l'orientalisme», comme on l'appela, disparut
vite au ciel de l'art français. Il avait vingt-huit
ans quand son frère d'armes, Clairin, retrouva
son cadavre. Regnault avait été tué d'une balle
au front. Ce jeune héros, fils d'un chimiste
illustre, eut de brillants débuts. Après avoir
enlevé de haute lutte le prix de Rome avec
une Thétis apportant les armes d'Achille, il
partit pour la Ville éternelle, où s'agitent au-
jourd'hui de si graves problèmes. Il débuta
par de sévères dessins pour la Ronae de Francis
Wey, mais son tempérament inquiet s'accom-
en Espagne et peignit en pleine insurrection ce
fier portrait du général Prim que conserve le
musée du Louvre. Le chef révolutionnaire,
pâle, tête nue, les cheveux au vent, retient un
cheval noir, superberr; it peint, qui se cabre
devant les rumeurs de la foule.
C'est ensuite l'ébauche de la Judith tuant
Ilolopherne, du musée de Marseille. Regnault
retourne en Espagne, passe au Maroc, où il
brosse avec une virtuosité de maëstro la
Salomé, symphonie en jaune majeur. Il peint
l'Exécution d Tanger, esquisse la Sortie du
Pacha, lave de charmantes aquarelles, rentre
précipitamment à Paris pour prendre part à la
défense de Paris, et meurt au champ d'hon-
neur. C'était une âme noble, généreuse.
Notre ami M. Maurice Guillemot a réuni,
autour du bronze de Barrias, une dizaine d'ou-
vrages de l'artiste entré prématurément dans la
gloire. Ce sont quelques dessins d'un style
ferme, l'Hassan et Namouna, qui appartient à
M. Flameng, des études marocaines, et surtout
un fort beau portrait, exécuté à Rome en 1869,
du musicien Emile Pessard, toile où se ressent
l'influence des maîtres des musées, et que
Goya n'eût pas désavouée.
A cette exposition est jointe une petite rétros-
pective du paysagiste Girardet, et l'usuel grou-
pement des inires habitant Neuilly. Il faut
louer MM. Henry Baudot, Barau, Madeline et
Delestre, dont le talent nous est connu de lon-
gue date. On peut citer les autres Debraux,
Bourgonnier, Leverd, Paul Scheidecker, Waid-
tnann, qui rivalisent de bonne volonté.
Louis Vauxcelles
PATRIOTISME & CHARITÉ
Troiaième matinée au Trocadéro
Une troisième matinée de gala, offerte aux bles-
sés militaires par l'Intransigeant, aura, lieu au
Trocadéro, le 18 mai, à deux heures précises.
Les places sont réservées aux officiers, sous-of-
ficiers et soldats blessés, ainsi qu'aux infirmières
qui n'auront pas assisté à l'une des deux premières
matinées.
Seuls des militaires munis de billets délivrés con-
formément à l'avis inséré dans le rapport de la
place du 15 mai seront admis à pénétrer dans la
«alla jusqu'à treize heures trente.
19
-Et vous avez raison, mademoiselle Roso
dit Jean gravement, car je n'ai aucun droit de
Vous en faire.
Cependant, tout en parlant, il avait travaillé
et, en une séance, avancé son buste au point
qu'avec quelques retouches de détail, il serait
complètement achevé. La ressemblance en était
admirable et le visage d'un modelé si fin qu'il
semblait, dans sa brune patine de terre lissée
par le pouce du sculpteur, être de la chair vi-
vante. La masse de la chevelure était encore
brute et les fleurs piquées dans les tresses pen-
dantes n'étaient qu'indiquées. Mais tel qu'il se
présentait maintenant, c'était une oeuvre d'une
maîtrise remarquable et qui donnait l'impres-
sion calme et grave d'une figure de Donatello.
Jean jeta son ébauchoir sur r l a selle et dit
Assez, pour aujourd'hui.
Il trempa ses mains dans l'eau pour les dé-
barrasser de la terre qui les verdissait et, se
tournant vers Rose, assise sur la table à mo-
dèle
Je crois que, à la rigueur, à présent, je
pourrai finir sans vous.
Mais qu'avez-vous donc à ajouter ? de-
manda Rose. Ce buste n'est-il pas parfait ?
Il vous contente ?
Je le trouve ravissant. C'est moi en beau-
coup mieux. Je me vois là non pas telle que js
Suis, mais telle que je voudrais être.
Vous étes trop modeste Il n'est que res-
semblant. Mais c'est déjà quelque chose. Quant
il le laisser dans cet état, cela me paraîtrait im-
possible. Il y a toutes sortes de retouches dont
l'utilité vous échappe et que je trouve indispen-
sables. Ensuite, je ferai cuira cette terre, puis
j'en prendrai un moulage, que je retoucherai
et qui mé servira pour la fonte. Je veux essayer
sur ce buste une patine dorée qui devrait don-
ner un effet charmant. Nous verrons.
Que de projets
Il n'y a que cela d'intéressant Créer, don-
ner la vie à des matières inertes et cn tirer do
la beauté. C'est l'unique fin de l'art.
Comme vous êtes enthousiaste
les officiers, sous-officiers et\ soldats en
convalescence à Paris et non hospit ftffisés pour-
ront retirer des billets la place de Pa. lis jasqu'«a
lundi 17 mai à cinq heures après talii.
Le Thé des Alliée
Il faut, à l'heure du goûter, aller prendre le Thé
des aJliés, servi au profit de la CroixrRcWge et de
l'Association des infirmières visiteuses de 'France,
63, avenue des Champs-Elysées.
Cette œuvre est placée sous le haut patronage
de S. A. R. Mme la Duchesse de Vendôme, lady
Feodarowna Bertie, ambassadrice de Gramte-Bre-
tagne Mme Iswolsky, ambassadrice de Rmsie
Mme Vesnitch, légation de Serbie Mme la com-
tesse d'Haussonvîlie, présidente du comité des
dames de la Société de secours aux blessés mili-
taires la marquise de Ganay, présidente de l'As-
sociation des infirmières visiteuses de Franc» la
comtesse René de Béarn, la marquise de Châ'.po-
nay, la comtesse de La Rochecantin.
L'entrée est gratuite de quatre à six hautes &
1 exposition militaires des conquêtes africaitaes,
également 63, avenue des Champs-Elysées.
Union internationale contre la vivisection
L'Union internationale contre la vivisection» a
donné hier sa séance annuelle dans la salle t\cs
fêtes du Journal, sous la présidence dU! marquis de
Breffeillac.
M. André Falizë, président de la S. P. A, le doc-
teur Boucher, président de l'œuvre, et M. Sail-
lard, vice-président, prononcèrent d'émouvants
discours.
Au concert, très applaudi, organisé par la-com.
tesse da Silva, secrétaire générale, on remarquait
des soldats blessés de l'hôpital Saint.Joseph, gra-
cieusement conduits par les automobiles de la pré-
ieciure.
Jumelles pour nos pointeurs et nos aviateurs
L'Association des directeurs do théâtre récolte
des lorgnettes pour ceux de nos combattants qui
en. sont privés, et auxquels elles seraient ai néces-
saires.
Chaque concierge de théâtre a un carnet à sou-
ehes avec des reçus préparés, et l'Association se
charge de faire distribuer des jumelles à mesure
qu'on lui en apporte.
Ligue pour le relèvement
des industries rurales et agricoles
La Ligue Nationale pour le relèvement des
industries rurales et agricoles annonce son expo-
sition-vente de printemps, qui aura lieu du 14 mai
au 22 mai inclus, 35, rue Vaneau.
Dentelles et broderies de diverses provinces de
France, lingerie de dames et d'enfants, toiles tis-
sées a la main, conserves alimentaires, vins, fan-
taisies d actualité, joujoux, etc., au prix les plus
avantageux.
Ouvroir du B. H. V.
Pour la première fois hier, nous avons visité
fouvroir établi au quatrième étage du Bazar de
1 Hôtel-de-Ville, qui occupe quatre-vingts ouvrières,
la plupart d'entre elles sont des femmes sans tra-
vail du quatrième arrondissement. Depuis le 1er oc-
tobre, dans une immense salle, éclairée par de
grandes fenêtres, ces ouvrières confectionnent des
vêtements, du linge, etc., pour nos combattants.
Mme Henri Viguier et Mme Glachant simulent
par leur constante présence et par leur propre
ardeur à'tirer l'aiguille le zèle de leurs protégées.
Après l'après-midi de travail, vient la distribution
gratuite d'un bon repas chaud, qu'on a le droit
d'emporter chez soi.
Pour les réformés de la guerre
Une représentaticn de gala aura lieu au Casino
Montparnasse le jeudi 20 mai, à huit heures un
quart, au profit de l'œuvre des Réformés de la
guerre et des soldats convalescents, avec le con-
cours de Mlle Carlotta Zambelli, MM. Fournetz et
H. Paty, de l'Opéra de Mmes Régina Badet, Ma^
del.sine Roch, Jeanne Guionie, Yvette Andreyor,
Alice Bonheur, Edmée Favart, Marcelle Combes,
Billaut, Escouve de MM. de Max, Andreyor, Jules
Moy, Danvers et des principaux artistes de Paris.
La location est ouverte à l'œuvre des Réformés
de la guerre, 49, rue de Vaugirard, et aa théâtre.
Ouvroir Paul Déroulède
L'ouvroir Paul Déroulède, 14, rue de la Boétie,
qui envoie des paquetages individuels au front
depuis le 2 août, est transféré, depuis le 10 mai
1915, 3, rue du Général-Foy, à l'entresol, d'où il
continuera ses envois à nos vaillants défenseurs.
R. de Montreur
+AchetezTiMBBE GR0IX-R0U6E
10 c. affranchissement. 5 e.wur les blessés. ̃̃ W
Renseignements Mondains
On nous annonce la mort de M: Paul Vever, }oaîl-
lier, rue de la Paix, décédé 47, rue Cambon, è. l'âge de
soixante-trois ans. Ses obsèques auront lieu mardi 18 cou-
rant, à midi, en l'église de la Madeleine, où l'on se
réunira. L'inhumation aura lieu au cimetière Montper-
nasse. En raison des circonstances, il ne sera pas envoyé
de lettres d'invitation. Prière de considérer le présent
avis comme en tenant lieu.
Une messe sera dite le mercredi 19 mai, à dix
heures, en l'église Saint-François-Xavier, pour le repos
de l'âme du lieutenant Yves de Courson de La Villeneuve.
mort au champ d'honneur le 7 avril. Un service sera célé-
bre pour lui dans le courant de juin, en l'église Saint-
Symphorien de Versailles.
Aujourd'hui, en l'église de Piré (lUe-et-Vilaîne), ont
lieu les obsèques de M. Paul Carron de La Carrière,
représentant de Monseigneur le Duc d'Orléans '/)QUI' le
département d'ille-et- Vilaine, ancien député, ancien coo-
seiller général, maire de Piré, membre du conseil de la
Société des Agriculteurs de France, commandeur de
Saint-Grégoire-le-Grand, dont nous avons annoncé la mort
le 12 mai, au château de Piré.
On annonce la mort du comte de Maillé, frère du
marquis de Maillé, de la comtesse de Divonne, de la
vicomtesse d'Origny, et beau-frère de la comtesse Henri
de Maillé et de la vicomtesse de Gaignesron, décédé au
château de Grange-Marie.
Ses obsèques auront lieu mardi 18, à ottze heures, cn
l'église de Longue.
En présence d'une assistance émue viennent d'être
célébrées, à Blaye, les obsèques de M. André La/on, le
charmant auteur de L'Elève Gilies, dont nous avons
annoncé récemment la fin glorieuse. M. Guilkmot, sous-
préfet de Blaye, rendit en termes émouvants un suprême
hommage à son talent et à sa mort, qui fut celle des
braves.
De Londres, on annonce la mort, à l'âge de soixante-
dix-sept ans, de la comtesse douairière de Loûde&borongh,
née lady Francis Wilhelmine Somerset, fille èa septième
duc de Beaufort et veuve du premier comte de Londes-
borough.
Lady Evelyn Broughton, veuve de. sir Delvisâ Louis
Broughton, baronet, vient de mourir également à Lon-
dres.
Le vice-amiral anglais Herbert Ward Dawdin'g est
décédé en Algérie, à l'âge de soixante-deux ans.
Récemment a été célébré, en la chapelle d'e la
Sainte-Vierge de l'église Saint- Philippe' du Roule, un
service funèbre à la mémoire de M. Errtile Bttnoast, .ftls
du général, glorieusement tués tous deux à l'ennemi.
L'absoute a été donnée par l'abbé Ablin, second vicaire
de Saint-Philippe du Roule.
Le deuil était conduit par Mme Bunoust,. mère dtt
défunt; Mlle Bunoust, sa sieur, infirmière-major à I'hâ-
Que serais-je devenu, si je- n'avais pas-eu
l'amour du travail pour me soutenir ? Ma mère
n'a pas voulu que je sois soldat, après mon père
et mon grand-père. Alors, je me suis console-
comme j'ai pu.
Vous auriez voulu servir 2
C'était mon ambition. J'avais été élevé
par mon père pour continuer la race du héros
de Dirnstein, qui sauva l'armée et Napoléon
en tenant tête, avec sa division, soixante mille
Russes, pendant toute une journée. Mais mon
père est mort trop tôt et la duchesse me pria de
renoncer à mes projets.
Et vous avez obéi ?
J'ai obéi.
Est-ce que vous le regrettez ?
Il ne faut jamais regretter ce qu'on. a fait,
ou alors il fallait'ne pas le faire.
Rose demeura songeuse. Elle comparait le
franc, fier et loyal Jean, au souple, prudent et
cauteleux Joë. Quelle différence, et comme l'un
était supérieur à l'autre Elle fut sur le point'
de parler, de révéler ce qui s'était passé à Lon-
dres, entre Ténéran et elle, le soir du dîner.
Elle eût pu, d'un mot, dissiper toute équivoque
et rendre la sécurité à Jean. Mais elle s'afi*êta.
Quelles conséquences pourraient avoir ces pré-
cisions ? Elle ne s'en rendait pas compte exac-
tement. Mais elle éprouvait une angoisse' et,
prudemment, s'abstint. En son for inférieur,
elle pensa «Je suis aussi dissimulée que Joë,
puisque je laisse dans l'ignorance son ami, qui
tout à l'heure me questionnait avec inquiétude.
Mais pourquoi était-il inquiet ? » Elle ne for-
mula pas une réponse précise. Mais ce qu'elle
démêla dans le souci de Jean ne lui déplut pas.
Ce qui s'était passé entre Joë et elle était fort
ordinaire et presque inévitable entre un homme
jeune et une aussi charmante fille. Une expli-
cation avait suivi qui brusquement crénait une
Situation très difficile. Joë, avec un emporte-
ment qui ne lui était pas habituel, déclarait à
la jeune fille qu'il l'aimait, et que la présence
de Jean auprès d'elle lui était insupportable.
Comme Rose s'élevait contre cette prétention der
pital de Juvisy; M. VasseUe, conseiller d'Etat, directeur
honoraire au ministère des colonies, son oncle.
On annonce, de Rome, la mort du prince Tommaso
Antici-Mattei. II était te chef de cette illustre famille du
patticiat romain qui, durant la souveraineté pontificale,
avait, comme gardiens des ponts la charge de la
garde de tous les ponts sur le Tibre pendant la durée des
Conclaves et plusieurs privilèges la suite de l'élection
du Souverain Pontife.
Pour les Informations de Naissances, de Mariages etd
de Décès, S'adresser I'Office DES Publications d'Etat
Civil, 24, 6oulevard Poissonnière, de neuf heures il six
heures. Téléphone: Central 52-11.
Il est fait un prix spécial pour les abonnés da Gaulois.
TUÉS & BLESSÉS
Le général Stirn
Le Journal officiel d'hier publiait la nomi-
nation au grade de général de brigade, à dater
du il mai, du colonel d'infanterie breveté Stirn,
commandant une brigade par intérim. Au mo-
ment où paraissait cette nomination, le nou-
veau général était mort depuis quatre jours il
avait été tué à l'ennemi le 12 mai.
Le général Stirn appartenait à une vieille fa-
mille d'Alsace il était né à Mutzig, près de
Strasbourg, où son père était garde d'artillerie
à la manufacture d'armes, le 12 avril 1867. Reçu
à Saint-Cyr à dix-huit ans, sorti de l'Ecole le
de sa promotion, sur 395 élèves, il passa par
racole supérieure de guerre et servit plusieurs
années au premier bureau de l'état-major de
l'armée (bureau chargé de l'organisation et de
la tnobilisation de l'armée). Capitaine en 1896,
chef de bataillon dix ans plus tard, il fut
nomtmé lieutenant-colonel en 1912, au 55* d'in-
fanterie.
Au début de la guerre, en octobre dernier, il
fut oiité à l'ordre de l'armée avec cette note
A montré les plus belles qualités militaires
agissant avec méthode et vigueur, a obtenu des
résultais importants avec des pertes minimes. »
Quelques jours plus tard, le 1er novembre, 1
était nommé colonel et appelé au commande-
ment pur intérim d'une brigade d'infanterie,
cette br%ade à la tête de laquelle l'héroïque
officier vient de trouver la mort des braves, face
à l'ennemi.
Le lieutenant-colonel Devuns
Le lieuibenant-colonel Devuns, qui, depuis
trois mois, commandait le 125° d'infanterie, a
été tué à l'ennemi le 9 mai.
f Le régiments venait de combattre vaillamment
pendant toute la journée. Le soir de la bataille,
profitant d'une accalmie, le colonel Devuns ren-
trait un instant à son poste de tranchée, en com-
pagnie du capitaine de Lamaze, lorsque, coup
sur coup, plusieurs gros obus s'abattirent sur
l'emplacement, qu'ils détruisirent, ensevelis-
sant les deux .officiers sous une masse de terre.
Lorsqu'on eut dégagé les corps, le colonel était
mort et le capitaine, assez sérieusement blessé,
était évanoui. Le vaillant officier fut enseveli
à l'endroit même où il avait trouvé la mort.
Le colonel D-âvuns était né à Oinville, en
Seine-et-Oise, le 5 août 1867 il était passé par
Saint-Cyr et l'Ecsolè supérieure de guerre. Ca-
pitaine en 1897, chef de bataillon en 1909, il
avait fait le début de la campagne comme chef
d'état-major de .la 3° division de cavalerie et
avait été nommé lieutenant-colonel le 25 dé-
cembre dernier. L. N.
Le chef de bataillon Jacquet, du 87. d'infanterie,
tué le 12 avril d'un éclat d'obus à la tête. Cet offi-
cier avait été blessé une première fois au début de
la campagne, alors qu'il commandait, comme ca-
pitaine, une compagnie du 36° d'infanterie.
Le capitaine François, de Nancy, blessé à la tête
d'une compagnie de tirailleurs, près d'Arras, mort
le 11 mai. Un vétéran des campagnes du Sud-Ora-
Rais et du Maroc cité à l'ordre de l'armée en dé-
cembre dernier.
Le lieutenant Joseph Louiquy, avocat au barreau
de Nice, mort au champ d'honneur.
Le capitaine H. Barraja, de la compagnie du
311° d'infanterie, atteint mortellement par un éclat
d'obus au moment où, près d'une tranchée, il dic-
tait des ordres à son fourrier. Il était très aimé de
6es hommes- Sa mort est une véritable perte pour
sa compagnie.
M. Albert Abbo, avocat, docteur en droit, lieute-
nant au 7° chasseurs alpins, tombé bravement en
A. Blessé grièvement dans une chaude rencontre,
il était transporté par ses hommes au plus pro-
chain hôpital, où il ne tardait pas à expirer. Ses
obsèques ont eu lieu à Moosch ces jours-ci.
Le vicomte Bernard de Burgues de Missiessy,
mort héroïquement frappé d'une balle au cœur en
entraînant ses homtnes à. Agé de vingt-neuf ans,
siessy, née de Fontaine de Resbecq, et le petit-ne-
veu du général comte de La Canorgue. Son plus
jeune frère a été blessé.
L'abbé Louis Boyer, du diocèse de Coutances,
caporal, tué*le 27 mars dans la tranchée.
Bosco, ambulancier à la 6° division belge, tué le.
29 avril, en relevant les blessés.
L'abbé Francis Rochet, de Graye, et l'abbé
Pierre Baudry, de Coutances, séminariste du dio-
cèse de Saint-Claude, glorieusement tués à l'en-
nemi.
M. Gaston Fauquenot, quartier-maître à bord du
Bouvet, fils du mécanicien en chef de la marine à
bord du Jules-Michelet.
Le lieutenant Charles Barbeau, du. génie, qui
a bravement succombé en Argonne. Son frère, con-
eervateur de la bibliothèque de Tunis, a été blessé
quelques jours auparavant.
M. Maurice Clérisse, lieutenant au 114. de ligne,
mort à l'hôpital temporaire de Saint-Maixent, le
22 avril, des suites de glorieuses blessures reçues
en Argonne. Il était le fils du président de la Fédé-
ration musicale de France. Ses obsèques ont eu
lieu en l'église de Saint-Maixent et l'inhumation
sera faite à Gaillon (Eure).
M. Amédée Sorin, sous-lieutenant au 10§e de ré-
serve, mortellement frappé au cours d'une contre-
attaque, le 24 avril. Il était le fils unique du géné-
ral Sorln et de la générale, née Outrey le gendre
du commandant de Castellane, tombé glorieuse-
ment lui-même à la tête d'un bataillon.
Complétons l'annonce faite hier sur la mort de
M. Joseph do Boisgrolli,er, héroïquement tombé le
8 avril au champ d'honneur. Fils de M. de Bois-
grollier et de Mme, née Saint-Phalle docteur en
droit, lauréat de l'Ecole des sciences politiques, il
était membres actif de toutes les œuvres de la jeu-
nesse catholique de Paris. M. Joseph de Boisgrol-
lier conduisait sa section à l'assaut d'une tranchée,
quand ses hommes lui crièrent de se baisser,
comme lui-même le leur ordonnait, « Ce n'est pas
le moment pour un chef de baisser la tête », répon-
dit-il. Immédiatement après, il tombait frappé
d'une balle au front
régenter son intimité et de tolérer ou de p ros-'
crire certains de ceux qui obtenaient ses sym-
pathies, Joë avait été pris d'une sorte de fu-
reu et s'était répandu en cris et en menaces
contre son ami.
Vraiment, avait dit Rose avec beaucoup de
sa;nà-froMi votre attitude est inadmissible.
Vo.yev5 où vous en êtes. Non content de me dé-
clary que vous m'aimez, ce qui pourrait vous
suffire, vous me parlez presque avec haine d'un
homaie que vous avez toutes les raisons de
chérir- C'est une sorte de folie Qu'est-ce que
vous voulez que je pense de vous, après une
pareille algarade, et si vous étiez à ma place,
qu'en ganseriez-vous vous-même ?
Je penserais que je suis un monstre, un
être purement haïssable, et je ne voudrais plus
entendre.parler do moi 1
•Vous ne vous ménagez pas. Je serai plus
indulgente- Mais 'e veux, avant tout, que vous
changiez d'attitude et de langage.
-Cola m'est impossible Je suis capable de
tout, excepté de dissimuler 1
Espérez-vous donc que je céderai ? Il me
serait impossible de vous supporter si vous ne
changiez pas.
Ils s'^taksnt séparés sans obtanïr l'un de l'au-
tre ce' qiï'fis souhaitaient et très mécontents.
Rose attriste et Joë furieux. Ils ne se revirent
plus |us'qïï'*U départ pour Paris, qui eut lieu
le su'rléndenvain. C'était donc très véridique-
ment que Rose avait répondu à Jean qu'elle ne
voyait pas Joë. Ils se fuyaient. Raimondi acca-
parait là jeune fille, qu'il faisait travailler
avec une assiduité et un soin Remarquables.
Les moyens vocaux de Rosé avaient augmenté
par l'étude d'une façon extraordinaire. Elle
refusait toutes les propositions qu'on lui faisait
de chanter à Parts, soit dans des concertes, soit
dans des représentations. Elle voulait se per-
fectionner avant de se faire entendre de nou-
veau afin de produire un grand effet dont
bénéficieraient, et Scheidemann et même son
bon maître, dont le prestige était ranimé par la
jeune gloire de son élève.
Valfleury
BLESSES
Le comte Robert de Bruce, sous-lieutenant au
238* d'infanterie, vient d'être assez gravement
blessé sur le front, grès d§ S.ojsgona.
•̃;
̃ ̃_ L'HYGIENE AU FRONT
Lee dernières expériences faites ont prouvé l'effl.
cacité absolue contre la vermine et l'infection dans
les tranchées du 75 Tue les Boches, Tue la ver-
mine,. Détruit Tout (R. Medley, pharmacien, 77,
boulevard Exelmans). Le 75 se trouve partout
pharmacies, Louvre, Printemps, etc., etc. 2 francs
le flacon. Gras Roold, 50, avenue de la Grande-
Armée, Paris..
Ruses
de Guerre
Le Gaulois a raconté l'autre jour ce plaisant
épisode du débarquement des alliés aux Darda-
nelles mille ânes, chargés de bagages simulés
et de canons en bois, ont gagné la terre sous
le feu des navires de l'escadre. Aussitôt, les
Turcs ont envoyé des régiments nombreux sur
le point où les troupes franco-anglaises sem-
blaient mettre pied à terre, en commençant par
le matériel de siège. Or, pendant ce temps, le
vrai corps de débarquement prenait position
à quelques kilomètres de là. Les victimes des
Turcs jonchaient le sol c'étaient les mille
ânes, qui avaient été tués jusqu'au dernier.
La ruse de guerre, cette fois comme toujours,
avait rendu service à la valeur militaire. De
tous temps, le meilleur général a été celui qui
était le plus fécond en expédients et qui pou-
vait sur le champ de bataille en apporter dviné-
dits. L'adresse peut sans nul inconvénient
venir au secours de la force. Si l'on doit saluer
dans le débarquement des ânes aux Dardanel-
les une idée spirituelle, ingénieuse, il faut ré-
prouver, honnir les ruses pour lesquelles l'en.
nemi emploie des moyens qui sont de vraies
forfaitures. C'est ainsi que lorsque les Alle-
mands, dans la campagne actuelle, ont hissé le
drapeau parlementaire et fait. avancer des hom-
mes sans armes derrière lesquels étaient dissi-
mulées des mitrailleuses, ils ont employé une
tromperie odieuse, parce que le drapeau parle-
mentaire est un insigne dont là probité ne peut
et ne doit pas être suspectée cest un langage
muet convenu, qui n'admet pas de contradic-
tion se servir du drapeau blanc pour obtenir
un désarmement momentané est licite, s'en
servir pour massacrer l'ennemi désarmé est une
trahison. Nous savons de reste que les Alle-
mands, peuplade guerrière, en sont arrivés à
déshonorer la guerre, à l'abaisser au niveau
d'un carnage, d'une destruction sans but, à
supprimer de leur lutte qui devrait être noble,
courtoise, toute grandeur d'âme, toute preuve
d héroïsme. La foi boche, soyons-en sûrs, rem-
placera dans l'histoire la foi punique.
n
La ruse de guerre est vieille comme le monde,
et les annales de l'antiquité, mythologiques ou
vraies, relatent de nombreuses aventures où les
adversaires ont cherché à se faire illusion les
uns aux autres, où la surprise a joué un rôle
importants.
Le cheval de Troie, le fameux cheval de bois,
est le plus ancien expédient dont la mémoire
nous a été léguée. Résumons nos souvenirs
classiques, et feuilletons l'lïiade ou, mieux en-
core, le deuxième livre de l'Enéide. Virgile
nous raconte que, désespérant de s'emparer de
Troie après un siège de dix ans, les Grecs, sur
le conseil de Minerve, construisirent un im-
mense cheval de bois et l'abandonnèrent de-
vant les murailles de la ville or, les Troyens
profitèrent de la nuit pour introduire chez eux
ce cheval ou'ils croyaient être de bonne prise et
qui malheureusement recelait des guerriers
dans ses flancs.
Moins célèbre, mais tout aussi caractéristi-
quo, est l'expédition que Bacchus conduisit aux
Indes. Le jeune dieu, qui avait évidemment une
profonde connaissance des hommes, avait ima-
giné un moyen de conquête sans effusion de
sang il pénétrait dans les villes en faisant or-
ner les javelots de ses soldats avec des feuilles
de vigne qui dissimulaient le fer des lances et
faisaient ressembler les armes à des thyrs2s
il entraînait à sa suite des légions de femmes
et faisait travestir ses guerriers avec des cos-
tumes féminins. Pas de tambours ni de trom-
pettes, mais des lyres et des sonnettes et l'on
commençait à danser et à boire. Et pendant ce
temps, il suffisait d'un nombre tout fait in-
finie de soldats pour s'emparer de la ville. C'est
grâce à cette ruse que Bacchus, dit-on, con-
quit non seulement l'Inde, mais la plus grande
partie de l'Asie.
La Bible elle-même nous a légué le souvenir
de ruses de guerre qui, pour être moins avares
de sang répandu, ont eu d'excellents résultats.
La victoire que remporta le peuple d'Israël
contre les Madianites et qui a conservé le nom
de « Journée de Madian » fut due à Gédéon,
qui se servit du moyen suivant pour effrayer
1 ennemi, il fit prendre aux Hébreux une trom-
pette d'une main et, de l'autre, un vase vide
dans lequel il fit mettre une lampe allumée. Il
paraît que les Madianites, surpris, crurent à
la présence d'une armée énorme et furent pré-
cipités dans le Jourdain. C'est aussi le môme
Gédéon, je crois, qui pénétra une autre fois
chez les Amalécites, dont le pays était très fer-
tile. Pour détruire les récoltes de ses adversai-
res, qu'il voulait affamer, il fit lancer dans les
champs de blé des renards à la queue desquels
on avait attaché des torches enflammées. Et
comme tout ici-bas n'est qu'un éternel recom-
mencement, on pourrait peut-être signaler cet
expédient de guerre à nos bons amis les Russes,
lorsqu'ils envahiront les fertiles plaines de la
Hongrie. Gédéon ou ses descendants ne récla-
meront point sur la priorité du brevet.
Et puis, il avait fallu déménager, pour
complaire à César Painblanc, qui ne pou-
vait plus se voir dans son misérable pe-
tit appartement et dans sa rue puante. Et
au grand regret de Mme Painblanc, la
famille s'était installée au second, rue Tait-
bout, et avait acheté un mobilier neuf que
César aurait choisi somptueux s'il avait eu la
liberté de commander mais qui tout simple
qu'il était paraissait d'un prix excessif, il. sa
femme laborieuse et éoonome. Mais, enfin, il
avait une pièce spécialement réservée à son tra-
vail, et quoiqu'il n'eût pas encore recommencé
à manier l'ébauchoir et le crayon, il s'était fait
tailler les cheveux à la Louis XII et, au-dessus
de son gilet, portait en guise de col une sorte de
fraise tuyautée comme un personnage de
Clouet. On voyait bien ainsi qu il était un ar-
tiste. Les œuvres viendraient plus tard. En
attendant, il avait fait une commande sérieuse
chez son fournisseur d'accessoires et d'outils.
Et puis, dans son enthousiasme, il était allé
rue des Saints-Pères, pour écraser son frère de
ses grandeurs nouvelles.
Il y avait plusieurs mois qu'il n'était
venu chez le relieur, et tout en chemi-
nant il sentait son assurance décroître. Il
lui revenait des souvenirs fâcheux. N'a-
vait-il pas quitté son frère sur une scène
pénible et n'avaient-ils pas échangé des paroles
véhémentes ? Comment Edmond allait-tl rece-
voir César ? L'ouvrier aurait-il gardé rancune à
l'artiste ? Peu peu, la marche délibérée et
rapide du sculpteur était devenue hésitante et
ralentie. Devant la boutique, César regarda à
l'intérieur. Il ne vit personne et pensa que
peut-être il ne trouverait que son neveu. Cette
pensée le ragaillardit. Il tourna le bec-de-canne
d'une main ferme et, au coup de bonnette dé-
clanché par l'ouverture de la porte, il s'avança
vers le petit bureau où d'ordinaire Painblanc
travaillait. Une blouse blanche sur un large
dos. une calotte noire, couvrant une tête grise,
un homme appliqué frappant des fleurons à
chaud sur une feuille de maroquin, tel fut le
Annibal ne s'estril pas servi d'un procédé
analogue à celui de Gédéon lorsque, cerné, près
de Capoue, à Casilinum, sur les rives du Vul-
turne, il fit attacher aux cornes des boeufs qui
devaient ravitailler son armée du foin et des
sarments enflammés ? Les Romains, effrayés
par cette vision, à laquelle ils étaient loin de
s'attendre, reculèrent et furent battus.
Mais revenons à des procédés qui s'appuient
uniquement sur de l'esprit et de la malice. Une
fort aimable Carcassonnaise m'a raconté na-
guère un amusant épisode d'un siège de Car-
cassonne au neuvième siècle.
La ville était depuis plusieurs mois complè-
tement entourée sortir, il n'y fallait pas son-
ger lancer de l'huile et de lu poix brûlante
devenait une opération inutile, car l'ennemi se
tenait prudemment à l'écart. Et cependant les
provisions diminuaient à vue d'.œil. Il ne res-
tait plus qu'un cochon et un sac de blé dans la
ville. Les habitants étaient désespérés. Mme
Carcasse, la femme du gouverneur, eut une
idée
Donnez le sac de blé au cochon s'é-cria·
t-elle.
Ainsi fut fait, et quand l'animal fut bien
repu et gonflé, elle le fit saigner et ordonna
qu'on le jetât aux assaillants. La populace,
était furieuse de voir ainsi gaspiller les derniè-
res provisions. Mme Carcasse avait son idée.
L'ennemi, voyant arriver des tranches de porc
très gras, comprit que le siège serait long, très
long, puisque la ville possédait assez de vivres
pour pouvoir en jeter par dessus les murailles.
Il décida de ne pas perdre son temps plus long-
temps et abandonna le siège de la ville. Et
Mme Carcasse, voyant partir les troupes, fit
sonner les cloches des églises à toute volée.
« Mme Carcasse sonne », dit-on à chaque car-
refour. Et ainsi fut délivrée la ville, en même
temps qu'elle reçut son nom de baptême, ce
nom qui nous fait sourire chaque fois que nous
le prononçons.
Bi e n entendu, je ne garantis pas l'exactitude
de l'étymologie, mais vous admettrez comme
très vraisemblable la ruse qui fit s'impatienter
l'ennemi devant la cité aux épaisses murailles.
La forêt qui marche, au dernier acte de
Macbeth, ne peut-elle pas prendre place parmi
l'arsenal des expédients de guerre ? D'autant
plus que Shakespeare, qui ne devait rien igno-
rer de notre histoire- de France, a su qu'à la
bataille de Soissons, l'armée de Childebert, ne
voyant pas les troupes de Frédégonde abritées
sous des branches d'arbres verts, crut pouvoir
aller prendre du repos dans un bois et fut
massacrée par les soldats restés jusqu'alors
immobiles.
Il y eut sous les guerres de Napoléon Ier un
homme aux ordres d e TEmperur, qui rendit à
nos armées de signalés services il s'appelait
Spitzmuller et était très redouté par les Autri-
chiens qui ignoraient son nom et l'appelaient
der Haxiptspion (le grand Espion). Un matin,
de bonne heure, Spitzmuller se déguisa en gé-
néral autrichien, fit réveiller tous les officiers,
passa l'armée tout entière en revue et se rendit
compte, à une unité près, des forces de l'en-
nemi. Sa tâche terminée, il fit le salut mili-
taire et disparut sans escorte. Après son départ,
on commença à douter un peu dans l'armée
autrichienne mais deux heures après, on ne
douta plus Napoléon savait qu'il pouvait atta-
quer, et il attaqua avec énergie et succès.
Voilà des combinaisons dans lesquelles il y a
un certain risque pour celui. qui les imagine
il y a aussi là un art, une ingéniosité qui n'ont
rien de cruel ni de barbare, qui témoignent de
bonne humeur, d'esprit inventif et sont nées de
circonstances que l'on sait tourner à son pro-
fit. Ces ruses-là ne sont pas de la même famille
que l'emploi de la mitrailleuse dissimulée der-
rière le drapeau blanc elles font partie de la
série des tromperies attrayantes elles donnent
à la guerre je ne sais quoi de romanesque, et
leur légitimité ne peut être mise en doute.
Louis Schneider
1 «%̃
iGRAINSdeSANTÉ du DFRANCKJ
«k^ Xou 2 graine avant le repas du soir.
travers la Presse
Excusez du peu
Nous citons textuellement
« L'Echo des tranchées a demandé à M. Ray-
mond Poincaré, de l'Académie française, de
bien vouloir collaborer au journal du 17° terri-
torial. Et M. Raymond Poincaré, président de
la république, nous a envoyé un article. Nos
lecteurs éprouveront, devant ces lignes, autant
d'émotion, d'orgueil et de gratitude que nous
en avons ressenti nous-mêmes en ouvrant la
lettre de deux grandes pages autographes écri-,
tes par M. Raymond Poincaré pour le ter-'
ritorial. »
En voici un exttait T
Vous m'avez invité, mes amis, à suivre i'exem»
pie qu'ont heureusement donné plusieurs mem-
byes de l'Académie française, et à charger l'Echo
des tranchées de vous communiquer un mot d'en-
couragement et de souvenir. Vous n'avez pas be.
soin d'ètre encouragées. C'est de vous qu'émane la
courage dont est enflammée toute la nation. Un
témoignage lointain de sympathie ne vous appor-
terait, d'ailleurs, que l'expression refroidie de mes
sentiments J'aime mieux profiter d'un de mes
prochains séjours au milieu des armées pour vous
remercier verbalement de m'avoir envoyé votre.
journal, et pour vous dire combien j'admire votre
intarissable bonne humeur.
Il y a, parmi vous, des riches et dos pauvres!
des ouvriers et des paysans, des bourgeois et des
hommes du peuple, des fonctionnaires et des ar-
des écrivains et des commerçants, et cette
infinie diversité do professions, de goûts et d'ha-
bitudes so fond dams la splendide unité de votœ
patriotisme.
Puisse l'Echo des tranchécs se faire entendre
non seuiement jusqu'aux extrémités du territoire
français, mais dans toutes les parties du monde
Il réconfortera et réjouira partout les amis de la
France; révélera aux autres la grandeur et la
beauté de vas actions quotidiennes il annoncera
tableau qui s'offrit aux regards du sculpteur.
L'homme leva la tête et, à travers des besicles
de corne, regarda le visiteur, puis, d'une voix
Tiens 1 c'est mon frère 1 Bonjour, César
Le relieur repoussa ses outils, se leva et, ten-
dant la main à Painblanc
i, 11Z 0. longtemps qu'on ne t'a vu t Tu vas
bien ? Et chez toi ? Ta femme, ta fille
Il paraissait si peu troublé en posant ces ba-
nales questions que César en fut tout déconte-
nancé. Il balbutia
Mais tout le monde va bien, je te remer.
Et ici, la santé, le travail ?
La santé est bonne, le travail abondant
La maison se soutient. Mais tu vas voir Vic-
il emmenait son frère hors du petit bureau
et le conduisait vers l'arrière-boutique, où était)
1 atelier de reliure. Là, dans le grand jour cru
d'une vaste cour, trois ouvriers et Victor, ins-
tallés -a de larges tables, travaillaient paisible-
ment, Le fils du relieur était attentif à tracer
les filets d'une magnifique reliure dont les
rehauts présentaient des entrelacs et des guir-
landes d'une délicatesse et d'une élégance char-
mantes. Le père jeta un coup d'oeil sur le tra-
vail. Il l'approuva d'un hochement de tête et
dit
Regarde, César, ei ce que nous faisons à
présent n'est pas de l'art ? Voilà une couvêr-
ture pour une édition très rare. Le livre est
beau, mais que dis-tu de son vêtement ?
C'est très bien fit le sculpteur d'un air
négligent. Oui, vraiment très bien pour de l'art
industriel.
(A suivre.) GEORGES OHNET.
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