Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-09-05
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 septembre 1912 05 septembre 1912
Description : 1912/09/05 (Numéro 12745). 1912/09/05 (Numéro 12745).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2008
PARIS ET DÉPARTEMENTS 15 CENTIMES
JETDI 5
ARTH U R WSEYER
Directeur
RÉDACTION
DE QUATRE HEURES DU SOIR A UNE HEURE DU MATIN
2, rue Drouot, 2
(Aagle des boulivards Montmartre et des Italiens)
ABONNEMENTS
Paris et départements
Un mois. 5 fr. 1 Six mois. 28 fr.
Trois mois. Un an S6fr.
Etranger
Trois mois (Union postale) i8 fr.
TÉLÉPHONE. Trois lignes: 102.31-209.00-312.21
GRAND JOURNAL, DU MATIN
ARTHUR MEYER
Directeur
ADMINISTRATION ?
ABONNEMENTS, PETITES ANNONCES
2, rue Drouot, 2
(Angle des boulevards Montmartre et des Italiens)
ANNONCES
MM. LAGRANGE CERF & Cf
8, PLACE DE LA BOURSE, 8
Et à l'administration du Journal
Les manuscrits ne sont pas rendus
C'est -le contraire d'une phobie et donc c'est
une phobie tout de même, c'est-à-dire tout
pareillement.
Le Play disait que, depuis 1789, les Fran-
çais, par jeu sans doute, faisaient toutes leurs
lois à rebours de ïeurs. sentiments et de leurs
moeurs que toutes leurs loi.s étaient pénétrées
de l'âpre amour de l'égalité et que leurs senti-
ments et leurs mœurs ne respiraient que la
soif de l'inégalité ,que ce Français, si furieuse-
ment égalitaire comme législateur, voulait tou-
jours être comte, vicomte, baron, chevalier ou
au moins décoré d'une particule, ou bien être
de la Légion d'honneur, de l'ordre de l'Aoadé-
mie, ou de l'armée du Mérite agricole qu'enfin
il était d'autant plus ̃inégaUtoire dans ses
mœurs qu'il était plus égalitaire dans ses lois.
Il n'y a rien de plus juste et le Français a la
manie de l'inégalité, la fureur de l'aristocratie
et la phobie de l'inégalité. Nous en) voyons tous
les jours des exemples. Quel est le Français
qui ne mette sur sa carte de visite que son nom
et son adresse ? Aucun. Pour y mettre quelque
chose de plus, d'aucuns ont été jusqu'à y ins-
crire électeur, ou candidat au conseil munici-
pal. J'en ai connu un qui me soumettait son
projet de protester contre cette manie des dis-
tinctions en mettant sur son bristol unzcs ex
omnibus. Je lui dis Vous ne voyez pas qu'en
mettant cela vous montrez que vous savez le
latin ou que vous avez la prétention de le sa-
voir ? Vous êtes aussi inégalitaire qu'un autre.»
Il en convint et fit graver Homme de let-
tres. » Je convins qu'il avait atteint le but.
« Homme de lettres », cela ne vous distingue
de personne et vous confond modestement
avec tout le monde.
Et ces derniers temps nous avons eu un nou-
vel exemple de la chose. Ç'a été une fureur de
principal. Chacun a voulu être prince de quel-
que chose. Prince des poètes, prince des
conteurs, prince des auteurs dramatiques,
prince des reporters, prince des faits divers,
prince des musiciens, prince des librettistes,
prince des sculpteurs, prince des ciseleurs de
coques de noix, prince des noctambules, prince
de ceux qui sont du soir, prince de ceux qui
sont du matin, prince de ceux qui disent
« Mon prince » et c'est-à-dire des ouvreurs de
portières. J'en passe et des pires. J'en passe et
des plus inattendus.
Chaque corporation et chaque fraction de
corporation tend à avoir son prince comme
l'eau tend à couler et tes amants passionnés à
supprimer l'objet de leurj)assion pour la satis-
faire. Qui n'a pas son prince ? Votons, citoyens,
pour avoir un prince. Toute maison qui n'a pas
son prince n'a pas d'amour-propre. Vous vous
dites quelque chose et vous n'avez pas de
prince ? Vous n'êtes rien du tout. Qu'est-ce
qu'une corporation ? Un corps. Qu'est-ce qu'un
corps sans âme ? Rien. Qu'est-ce qu'une corpo-
ration sans prince ? Un corps sans âme.
Perinde ac cadaver. Un prince ou la mort.
A la bonne heure 1
Par suite de cette mentalité paradoxale, si-
gnalée par Le Play, c'est dans la corporation
qui, de tout temps, et même sous la monarchie,
s'appelait république que la principomanie a
sévi le plus fortement et que la phobie de l'é-
galité s'est déclarée avec le plus d'intensité. La
corporation des lettrés s'est toujours appelée la
république des lettres. Sous Louis XIV (voyez
Bayle), elle se donnait déjà ce nom. C'est une
tradition qui doit remonter à la véné'rable anti-
quité. Ceci est tout particulier à la confrérie
des hommes de lettres. On n'a jamais dit, que
je sache, la république de la peinture, la répu-
blique de la sculpture, la république des dou-
bles croches, et il y a la république des doubles
anicroches, mais c'en est une autre. On n'a ja-
mais dit la république médicale, ni la républi-
que du barreau. Non, cette appellation fut tou-
jours réservée aux hommes de lettres. Les hom-
mes de lettres ne sont pas forcément républi-
cains,. mais ils font constitutionnellement par-
tie d'une république et de la plus ancienne
peut-être des républiques européennes.
Or, c'est dans cette république que le besoin
d'un prince et de plusieurs princes s'est fait
sentir le plus vivement. Il ne lui en a pas fallu
un seul il lui en a fallu un groupe et presque
une foule. Autant il y a de genres littéraires,
autant de princes. Un prince à chaque branche.
Ç'a l'air d'un atroce cri révolutionnaire mais
ce n'est qu'une métaphore. Cela veut dire au-
tant de maisonnettes, autant de souverains.
Pour une république, c'est très bizarre.
Dans les autres corporations artistiques, dans
les autres domaines de l'art, on est simplement
« maître » depuis une cinquantaine d'années,
et cela, déjà, paraissait un peu prétentieux.
Dans la république des lettres, on doit être
prince, et il doit y en avoir un petit quarteron.
Pourquoi ? Parce que c'est une république.
C'est bien singulier.
Ce qui l'est davantage, peut-être, c'est que
dans cette république, à ce qu'il me semble;
on est encore plus heureux de faire un prince
que d'en être un. Ceux qui aspirent à ce titre
semblent le désirer assez vivement, certes
mais ceux qui veulent avoir un prince se dé-
mènent beaucoup plus furieusement, et, toute
comparaison offensante écartée, il semblerait
que ce fussent grenouilles demandant un Roi
ou plutôt jurant par le Styx, naturellement,
qu'elles en feront un.
Cela, après tout, ne m'a pas déplu. De même
que l'amour du petit pays » est la condition
de l'amour de la grande patrie, de même
l'amour de la corporation est un patriotisme
corporatif qui est un fort bon sentiment. Or que
le patriotisme corporatif se marque à ceci que
l'on veuille avoir un prince sur le chapiteau,
comme une aigrette à son chapeau, cela peut
faire sourire, mais d'un sourire où il entre de
la bienveildance.
Cependant de cet archbntat, je vois peu la
nécessité, ni l'utile. Un prince est toujours fait
pour être contesté aussitôt qu'il est intronisé.
Il est comme un territoire, auquel personne ne
songeait avant qu'une puissance l'eût revendi-
qué et que trois puissances se disputent dès que
l'une d'elles l'a déclaré sien. Telle province de
la république des lettres vivait en paix, si tant
est qu'une province des lettres peut y vivre
enfin elle était à peu près pacifique. Un prince
survient et cela tout de suite en fait deux ou
trois. Ici c'est la branche aînée qui crée, par sa
seule existence, la branche cadette. Il y a le
prince prochain et le prince qui assure qu'il
aurait dû l'être et dont ses partisans crient du
haut de leur tête qu'il aurait dû l'être en effet.
Cela ne va pas sans aigrir les mœurs. La ré-
publique, a assuré Thiers, à qui je laisse la res-
ponsabilité de cette opinion, est le gouverne-
ment qui nous divise le moins mais la répu-
blique des lettres avec principats est le régime
qui nous divise le plus. C'est peut-être à consi-
dérer.
Si cette mode persistait, il arriverait ceci in-
dubitablement. Le principat ferait naître toute
une aristocratie. Comme fiche de consolation, il
faudrait bien donner à tel qui pourrait légiti-
mement aspirer au titre de prince celui de
grand-duc, et à tel autre celui de duc, et à tel
autre celui de marquis et ainsi de suite. Tel
auteur dramatique s'appellerait ainsi marquis
de Molière et tout le monde conviendrait que
s'est mérité. Cette aristocratie élective ne man-
querait pas d'un certain prestige mais elle sus-
citerait bien des rivalités et, par suite, bien des
animosités tenaces. Je crois, tout compte fait,
que les hommes de lettres ont assez de raison
de se jalouser.les uns les autres, sans qu'il y
faille ajouter des raisons nouvelles de se regar-
der de Turc à Maure. Je vois, avec la nouvelle
aristocratie que je suppose qui va naître, beau-
coup de comtes nouvellement promus à qui leur
rival viendra dire sur le champ et tout près du
pré A moi, comte, deux mots n, et beau-
coup de comtes aussi, de qui l'on dira; après une
« premières » un peu languissante « C'est un
comte à dormir debout. »
En somme, l'aristocratie littéraire ne se pré-
sente pas à nos yeux sous. des couleurs très sé-
duisantes. Les hommes de lettres feront peut-
être aussi bien de rester citoyens de leur répu-
blique, « comme un bon citoyen dans le sein
de sa ville «.'Ceci est un vers précisément de
Corneille, qui s'est appelé « grand », comme
Napoléon l'r, et de qui Napoléon disait « Je
l'aurais fait prince. »
-.Vous voyez bien que ni le mot ni l'idée ne
sont ridicules.
Je n'ai pas dit qu'ils le fussent je dis -eu-
lement qu'être fait prince par Napoléon, cela
a quelque chance de durée, tandis q.u'être fait
prince, par ses pairs, quoique honorable, cela,
étant toujours contesté, a en soi un principe de
caducité. Nos princes de lettres s'évanouissent
rapidement ils disparaissent en un temps très
court ils passent vite. Passage des princes.
Emile Faguet
de l'Académie française
Nous publierons demain un article de notre
éminent collaborateur M. de Lamarzelle:
L'Ecole laïque contre la patrie
Ce qui' se passe
ÉCHOS DE PARTOUT
Décidément, les jours se suivent. et sont
loin de se ressembler. Le beau temps dont on
s'était réjoui avant-hier n'a pas duré et la pluie,
la fâcheuse pluie, comme disait Baron dans
Les Sonnettes, est revenue et a ramené la tris-
tesse et la désolation parmi les Parisiens.
Avouez que c'est bien ennuyeux d'avoir tou-
jours un parapluie à la.main et de ne pouvoir
traverser une rue sans être éclaboussé de la tête
aux pieds. Si vous ajoutez à cela qu'en dehors
des taxi-autos, les fiacres restent toujours dé-
couverts et que la température est fraîche, vous
conviendrez que Paris manque de gaieté. Il
convient de dire que la campagne, avec les mê-
mes intempéries, est encore pire, et il n'y a plus
qu'à terminer en disant le mot célèbre « Après
nous, le déluâe Ce qui, sans doute, ne tar-
dera pas, si le ciel continue à déverser ses ré-
servoirs.
ENVOI PAR LA CROIX-ROUGE DE DONS AU MAROC
Le marquis de Vogué, président de la Société
française de secaurs aux blessés militaires, a
adressé au résident général la dépêche sui-
vante
« A la suite vente Petit Drapeau, faite le U
juillet, disposons somme importante pour corps
expéditionnaire Maroc prière nous indiquer
nature dons à envoyer. »
Le général Lyautey a répondu en exprimant
sa gratitude et celle de ses troupes et en de-
mandant que la Croix-Rouge envoie de préfé-
rence des vêtements d'hiver, jerseys, chausset-
tes de laine, chemises de flanelle, galoches,
puis deux ou trois machines à glace, des livres,
du papier à lettres, enfin qu'une certaine
somme soit réservée pour venir en aide aux
familles des malades et des blessés.
En conséquence, des commandes ont été fai-
tes des dons privés sont venus s'y ajouter le
cercle de la Librairie, seul, a envoyé, au, nom
de toutes les grandes maisons de librairie de
Paris, seize caisses de livres. Un premier envoi
de dons, représentant plus de 60,000 francs,
partira dans les derniers jours de septembre,
accompagné par un délégué de la Société, qui
les distribuera, suivant les instructions de l'au-
torité militaire, dans tous les campements et
dans tous les postes. Simultanément d'autres
envois vont être faits aux troupes des confins
algéro-marocains, complétant ainsi l'œuvre
qu'accomplissent actuellement les infirmières
de la Société française de secours aux blessés
militaires, à Maghnia, à Oudj:da et à Fez.
Le délégué de la Société se met en outre à la
disposition des familles pour emporter et re-
mettre lui-même à leurs fils les envois qu'elles
désirent leur faire parvenir. On demande seu-
lement que les adresses soient écrites très lisi-
blement et que les colis soient envoyés au siège
de la Société française de secours aux blessés
militaires, 19, rue Matignon, Paris, au plus
tard le 20 septembre.
Le grand poète de' Maillane, Frédéric Mis-
tral, dont on connaît l'ardente foi religieuse,
vient d'être nommé « Prieur honoraire » de la
très ancienne confrérie des Pénitents blancs de
Montpellier, qui a pour Prieur M. le marquis
de Forton.
La Compagnie des Pénitents blancs de Mont-
pellier est une sorte de conservatoire des pieu-
ses coutumes d'autrefois, des pratiques de dé-
votion de nos ancêtres. Dans la plupart des
villes du Midi, il existe encore des confréries
de ce genre qui symbolisent le traditionalisme
religieux et local. Tout Pénitent, qu'il soit de
Montpellier, de Marseille, d'Aiguesmortes,
d'Avâgnon, d'Aix, de Pignan, est au fopd un
félibre catholique.
Lorsque M. Pierre Roussel, avocat à la cour
de Montpellier, et l'un des dignitaires de la
confrérie, se rendit, ces jours derniers, chez
Mistral pour obtenir son acceptation, l'illustre
poète répondit
J'accepte, j'accepte avec grand plaisir.
Les Pénitents blancs Que de bons, que de
touchants, que de lointains souvenirs ils évo-
quent en moi C'est à la chapelle des Péni-
tents blancs, quand j'étais aw collège, à Avi-
gnon, que note maître ,no.us menait tous les
dimanches à la messe.
» Plus tard, j'y suis retourné bien souvent.
J'ai même pris part aux pieuses cérémonies
qui s'y faisaient. Et je me souviens d'avoir plu-
sieurs fois suivi, revêtu du costume blanc de la
confrérie, les Belles professions qui se_dé_rou-
laient librement alors dans les rues d' Avignon.»
S'adressant alors à Mme Frédéric Mistral, le
poète la pria de lui faire confectionner aussitôt
uns costume de Pénitent.
Quel magnifique et profond sentiment de
piété chez l'illustre vieillard de Maillane
Moulay-Hafid a fini par obtenir gain de
cause. Il voulait, comme nous l'avons dit,
visiter une de nos grandes plages de la Man-
che, avant de retourner au Maroc. On a
accédé à son désir. Et, hier matin, mal-
gré le temps orageux, malgré la pluie qui
hachait l'horizon, son auto l'a emporté à une
vive allure, à Dieppe, où l'ex-Sultan est arrivé
à trois heures de l'après-midi.
Son séjour y sera de très courte durée. Au-
jourd'hui même, Moulay-Hafid'rentrera à Ver-
sailles, qu'il quittera définitivement pour se
rendre à Lyon et delà à Aix-les-Bains.
On commence à se préoccuper à l'Académie
des sciences de la succession de M. Henri Poin-
caré.
Quel est le savant qui sera choisi pour porter
aussi haut que l'illustre auteur de Science et
Hypothèse, le drapeau de la « mathématique »
française?
Bien des candidats sont déjà sur les rangs,;
mais comme la vacance du siège n'a pas été en-
core déclarée, nous nous abstiendrons de les
désigner plus explicitement.
Il'faudra également pourvoir au remplace-
ment de M.. Henri Poincaré, au Bureau des
Longitudes et à la Sorbonne.
Le grand savant qui vient de disparaître
occupait à la Faculté des sciences la chaire
d'astronomie mathématique et de mécanique
céleste. Cette chaire, il l'a illustrée. Ses demon s-
trations des mouvements des corps célestes, au-
tour de leur centre de gravité, font l'admiration
de tous les initiés. On peut affirmer qu'ici,
Poincaré a été l'égal d'un autre génial savant,
également Français, le grand Laplace, qui mé-
rita d'être comparé à Newton
Or, nous croyons savoir qu'au cours d'une
réunion de professeurs tenue récemment à la
Sorbonne, sous la présidence de M. Appell,
membre de l'Institut, doyen de la Faculté des
sciences, la question du successeur à présenter
pour la chaire de mécanique céleste a été sou-
levée, et qu'aucune décision n'a été encore prise.
NOTES D'UN VIEUX GARÇON
LES MENOTTES A GAZ
Nous avions déjà le moteur à gaz. Nous avions aussi
l'extincteur à gaz qui soufflait sur un incendie comme
nous'soufflons sur une bougie. Voici maintenant que nous
avons les menottes à gaz.
C'est d'ailleurs, une façon de parler, une tournure
elliptique. A proprement parler, on vient de découvrir
un gaz gui permettra de passer facilement les menottes
aux bandits les plus redoutables. L'inventeur est M.
Kling, directeur du laboratoire municipal. Son invention
a, paraît-il, donné les résultats les plus satisfaisants.
Le gaz Kling, en aveuglant momentanément, attaque'
en même temps les voies respiratoires. Il fait pleurer,
cracher et tousser tout à la fois. Il est enfermé dans une'
ampoule de verre et peut être lancé à l'aide d'un appa-
reil.
Voilà qui va fort bien, mais peut-être pas aussi bien
tout de même qu'il y paraît. Car si ce gaz est aveuglant,
s'il fait cracher et tousser, sa composition permet-elle
d'en réserver les effets aux seuls apaches? Ce serait fin
gaz de trop bonne composition. Et il est à craindre qu'il
n'aveugle en même temps les agents chargés d'opérer
l'arrestation, qu'il ne les fasse cracher et tousser aussi.
Et alors on verrait ou plutôt on ne verrait pas mal-
faiteurs et policiers, secoués par une irrésistible quinte
de toux, cherchant à s'éviter ou à1 s'attraper à tâtons. Les
arrestations se transformeraient en une partie générale
de Colin-Maillard.
Enfin, admettons que les agents serdht réfractaires aux
émanations du terrible gaz, que ce seront des agents
rabat-gaz, et constatons que l'inventeur a pensé à tout.
Dans le cas, en effet, où les malfaiteurs parviendraient à
se procurer quelques-unes de ces sortes de bombes, ou
en découvriraient la composition pour s'en servir à leur
tour contre la police, le directeur du laboratoire munici-
pal connaît un autre gaz qui détruit les effets du premier.
II me semble que ce n'est pas la composition du pre-
mier gaz que l'apache tâchera de connaître. C'est bien
plutôt celle du second, celui qui rend nul le premier. Cela
simplifierait singulièrement les choses. Arnolphe.
Premières violettes.
Elles viennent de faire leur apparition sur les
boulevards, les frêles fleurs, chères à toutes les
femmes.
Mimi Pinson n'hésite pas à dépenser vingt
centimes qui seront peut-être pris sur son
frugal déjeuner pour embaumer son corsage
en y accrochant le petit bouquet.
Jadis les violettes annonçaient le printemps.
̃ 'Aujourd'hui, grâce au Midi, elles arrivent avec
les premières fraîcheurs et semblent apporter
avec elles un peu de la mélancolie de l'automne.
« Fleurissez-vous, mesdames » glapit la
voix éraillée des marchandes poussant leur
voitures chargée des bottes parfumées le long
des trottoirs.
Petites plumes et grandes ailes.
Le sans-gêne des pierrots parisiens est prover-
bial. Mais en voici un exemple qui témoigne que
nos moineaux ne sont pas ennemis du progrès.
Dans une de nos plus grandes firmes d'aéropla-
nes, établie aux environs de Paris, un jeune
mécanicien a découvert hier un nid de pierrots.
entre les deux parois de toile d'une aile de mo-
noplan momentanément inutilisé.
Signe des temps
NOUVELLES A LA MAIN
En villégiature, dialogue du jour
Qu'y avait-il ce matin dans la correspon-
dance ?
Une lettre de Paris contenant une nouvelle
extraordinaire 1
Parle. f ̃'
A Paris, il y a eu une demi-journée sans
pluie
NOTES SOCIALES
Il s'est fondé récemment une société pour la
défense de la vieille cuisine française, de la
cuisine sincère, de la cuisine honnête, que l'on
peut à la rigueur avoir chez soi, en y veillant
de près, mais qu'il devient de plus, en plus dif-
ficile de rencontrer, quand on voyage. Or, aur
jourd'hui, tout le monde voyage et l'automobile
a introduit dans les itinéraires une variété qui
augmente à la fois le nombre et les risques des
rencontres.
Quand on a commencé, il y a quelque dix
ans, à rouler sur les routes de France, à dé-
couvrir des villes et des bourgs ignorés, tout le
monde a répété « On mange bien, mais on
dort mal. » Je ne dis pas qu'on eût tort. Je me
souviens de dîners loyaux et savoureux, que
gâtait une nuit passée dans un lit douteux,
étouffé de rideaux suspects et parfois animé de
redoutables morsures. Alors, les associations
de tourisme ont commencé une campagne, dont
il serait profondément injuste de ne pas leur
savoir gré. Elles ont réclamé et elles ont obtenu,
dans beaucoup de cas, les murs peints au ripo-
lin ou simplement blanchis à la chaux, les lits
métalliques et autre chose encore, que je n'ose
vous dire.
Elles ont, ce faisant, couru au plus pressé, et,
pendant ce temps, la cuisine, négligée peut-être
par les propriétaires d'hôtels, a sensiblement
fléchi. Mon expérience propre m'a permis de
constater ce fléchissement. Je n'irai pas jusqu'à
formuler en axiome cette constatation et à dire
« La qualité de la cuisine varie en raison in-
verse de la qualité du logement. » Et cependant,
combien pourrais-je citer d'hôtels de province
où l'apparition des salles de bains et du chauf-
fage central a coïncidé avec celle du bouillon
artificiel et du poisson de mer prétentieux plus
ou moins conservé à la glace
La nouvelle ligue, le Club des Cent, revendi-
que le droit de bien manger, et ce droit est un
droit bien français. Après une saine journée de
route, il est bon de savoir qu'on dormira bien.
Mais il est bon aussi de savoir qu'on dînera
bien. Honneur donc aux petits hôteliers, aux
petits aubergistes, qui ont gardé la tradition des
ragoûts longuement mijotés, des sauces délicà-
tement liées, du beurre frais, du poisson frais,
des légumes frais qui n'ont pas adopté la no-
menclature ambitieuse des grands hôtels qui
vous servent un poulet tendre et anonyme de
leur basse-cour. au lieu de la vieille poule men-
Un Domino
songèrement baptisée,chapon de Bresse. Cet
été encore, il y a peu de jours, j'en ai décou-
vert quelques-uns, que je signalerais volontiers
à la ligue nouvelle, car ils méritent son encou-
Il y en a d'autres cherchons-les, trouvons-
les, et, par notre approbation, maintenons-les
dans la bonne voie. La cuisine de France, c'est
comme le vin de France, un héritage national.
Et l'internationalisme à table est aussi répu-
gnant qu'en politique. Un Désabusé
Guillaume II
en ,Suisse
L'EMPEREUR AUX GRANDES MANŒUVRES
PAR DÉPÊCHE DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
Zurich, 4 septembre.
C'est aujourd'hui la première des deux jour-
nées que Guillaume -II consacre exclusivement
aux grandes manoeuvres suisses elle est pro-
piee au spectacle qu'il va suivre point de
soleil, mais un ciel clair, une température
douce et une assez forte brise qui a séché la
terre détrempée par la. pluie de ces derniers
jours.
A six heures vingt-cinq, ce matin, l'Empe-
reur quittait Zurich par train 'spécial* en com-
pagnie du président de la Confédération et des
conseillers fédéraux Hoffmann et Motta. A.
huit heures dix, il arrivait sur le terrain des
manœuvres situé dans le canton de Saint-Gall,
au sud de Kirchberg, et il gagnait aussitôt une
hauteur d'où il se trouvait dominer les lignes
d'attaque et de défense. Depuis quatre heures
du matin, les troupes étaient en mouvement,
préparant le combat décisif qui devait s'enga-
ger devant le souverain ces troupes représen-
taient un effectif total de 1,309 officiers, 23,627
soldats et 5,735 chevaux.
A peine la présence, du Kaiser a-t-elle été
signalée que la division bleue ouvre le feu sur
les positions de la division rouge. L'artillerie
intervient bientôt la prise' de comtact se pro-
duit sur toute la ligne et bientôt un combat des
plus intéressants développe ses phases succes-
L Empereur, que l'on aperçoit à cheval dans
son uniforme sombre d'artilleur de la garde,
paraît vivement intéressé il se déplace à cha-
que instant pour ne manquer aucune des péri-
péties de l'engagement.
Soudain, il descend de cheval et se rend dans
les tranchées avec le conseiller Hoffmann, chef
du département militaire. Il interroge les hom-
mes, examine leurs fusils, qu'il charge et essaye
lui-même. Les hommes le prennent pour un
officier étranger et ne se doutent pas un ins-
tant que c'est le Kaiser. Il revient ensuite sur
la colline de Dauesslig, d'où, il assiste à l'assaut
génér al qui termine la manœuvre. Il ne tarit
pas d'éloges sur la tenue et l'entrain des' trou-
pes et demande de nombreuses explications aux
officiers suisses.
.A midi et ;demi, des automobiles emmènent
lé souverain et sa suite au monastère de Ittin-
gen, à quelques kilomètres de là, où un grand
déjeuner réunit les officiers suisses et les mis-
sions étrangères autour d'une .table dressée
dans le cloître. Le colonel Fehr, qui en est le
propriétaire actuel, reçoit l'hôte impérial avec
une cordialité pleine de simplicité. Il le conduit
à travers les salles antiques renfermant de
nombreux objets de haute valeur historique,
que Guillaume II examine avec le plus vif inté-
rêt.
L'Empereur paraît enchanté de .sa matinée
et l'on remarque que pendant le repas il s'en-
tretient longuement avec le général Beyers,
chef de la mission anglaise, et qui commande
les milices de l'Afrique du Sud.
Il est près de trois-heures lorsque le souve-
rain et sa suite remontent en automobile qui
les conduit à Frauenfeld, d'où, un train spécial
les ramène à Zurich.
A l'arrivée, une foule énorme pousse des
«;hoch enthousiastes. L'Empereur est rentré
sé reposer à la villa Rieter jusqu'à l'heure du
dîner auquel il avait convié les officiers supé-
rieurs suisses.
Puis, la nuit venue, il s'est embardué à bord
d;un vapeur pour assister sur le lac à la fête
que lui offrait le conseil fédéral. Le spectacle
fiit admirable. Toutes les rives étaient illumi-
nées, et le lac était sillonné de bateaux magni-
fiquement décorés de lanternes multicolores.
La soirée s'est terminée par un feu d'artifice
montre dont le bouquet comportait 3,000 fu-
sées.
L'Empereur a offert au conseil fédéral, en
sôuvenir de sa visite, une superbe horloge
haute de deux mètres cinquante, chef-d'œuvre
de la manufacture royale de Prusse. Elle est
destinée à la salle des audiences du palais fédé-
raide Berne..
,Bloc-Notes Parisien
Le Braconnage
et sa Répression
Chaque année, la réouverture de la chasse est un pré-
texte à doléances sur la rareté plus grande du gibier, et
sur le développement du braconnage. Ces plaintes
encore que parfois empreintes d'exagération ne sont
pas chimériques. Il est hors de doute que les braconniers
constituent pour l'avenir de la chasse, en France, un
péril d'autant plus grand que leurs moyens 4'action vont
sans cesse en se développant et que la répression exer-
cée contre eux est totalement insuffisante.
» Le temps n'est plus où le braconnier était un fraudeur
isolé qui s'en allait, de jour ou de nuit, le fusil en main,
en quête de quelque lièvre, voire d'un chevreuil. Ce bra-
connier-là n'était guère redoutable pour la conservation
du gibier d'un pays. C'était le plus souvent, un paysan
de la région, un pâtre habitué à observer autour de lui
les habitudes des bêtes et qui, par quelques coups de
feu, tâchait de se procurer un supplément de bien-être.
Dans les Ardennes, pays éminemment giboyeux, un bra-
connier de ce genre fut considéré, en 1859, comme si
funeste aux chasseurs, que ceux-ci mirent à prix pour
1,200 francs son arrestation. Il fut appréhendé et, très
franchement', avoua avoir tué dans le courant de la sai-
son 328 pièces, sur lesquelles 170 lapins. Voilà vraiment
un bien maigre tableau en comparaison de celui des bra-
conniers modernes!
Ceux-ci sont organisés en grandes compagnies; ils pos-
sèdent des armes ultra-perfectionnées et des engins plus
dangereux que la meilleure des carabines. A l'occasion, ils
utilisent des automobiles pour se transporter rapidement
à l'endroit choisi d'avance ou pour s'enfuir une fois leur
méfait accompli. Aussi le butin de ces chasseurs sans
scrupules est-il parfois formidable! Aux environs de Me-
lun, en une seule nuit, ils, prirent à l'aide d'un panneau
628 lapins. Il n'est point rare qu'ils surprennent pendant
leur sommeil des compagnies de 200 perdrix. Le record
paraît appartenir à trois braconniers qui, en 1398, captu-
rèrent en trois heures perdreaux, lièvres et lapins
à l'aide de divers instruments.' Ce succès ne leur profita
pas, car ils furent arrêtés à l'aube; ils déclarèrent qu'ils
avaient, ce jour-là, surpassé tous leurs tableaux anté-
rieurs mais ils mirent une sorte de forfanterie à confes-
ser qu'en moins de trois semaines, dans des régions soi-
gneusement repérées au préalable, ils- avaient pris plus
de 6,000 pièces. Nous voici loin du braconnier redoutable
de 1859
Cela tient à ce que les ennemis de nos chasses, dédai-
gnant le fusil compromettant et peu productif,' opèrent en
grand. Leurs armes sont multiples, mais peuvent se
ramener à deux types principaux le collet et le filct, aux-
quels il faut ajouter cet auxiliaire précieux: le furet.
Le collet s'emploie pour tous les gibiers, depuis le
laoin jusau'au cerf. Il est formé d'un fil de laiton de gros-
Nello
seur variable, suivant la nature des victimes auxquelles
il est destiné. On le dispose en nœud coulant dans les
sentes suivies par les bêtes à travers la forêt, à la lisière
,ies bois pour les lièvres, dans les champs de luzerne ou
de sarrasin pour les lapins, et, en temps de neige persis-
tante, à l'entour des meules où les perdrix affamées vien-
nent chercher quelques grains. Son effet est radical, la
bête s'étrangle plus ou moins vite, selon la défense qu'elle
Le filet, qui porte le nom de pantière, de voiletfe, de
traïneau, de drap des morts, selon ses dimensions, qui
vont de 6 mètres carrés à 500 mètres carrés, est consti-
tué par un réseau de mailles en fil de soie, assez serré,
très résistant et très souple. La manœuvre de la pan-
tière est particulièrement curieuse, et néfaste aux per-
dreaux. Elle exige une association de dix hommes, dont
six ou huit tiennent, à l'extrémité d'une plaine, un filet
haut de quatre mètres monté sur de longues gaules, tan-
dis que leurs complices, munis de bâtons, frappent le sol
et rabattent vers eux les perdreaux réveillés en sursaut
et qui viennent' d'un vol lourd se prendre dans les mail-
les fatales.
C'est avec de tels instruments.de mort qu'en peu de
temps une bande de braconniers experts dévaste un
pays.
Mais le braconnage serait une opération improductive
sans le recéleur, et c'est ce dernier surtout que la loi
devrait poursuivre de ses rigueurs. Le chasseur illicite
renoncerait promptement à son métier s'il ne savait la
possibilité de se débarrasser immédiatement et sans ris-
ques de son butin compromettant. Selon un mot fort juste
du comte Clary, président du Saint-Hubert Club de
France: « Le recéleur est infiniment plus coupable que
le braconnier. Ce dernier court certains risques, le recé-
leur n'a que les profits. Il est l'instigateur des délits,
disons le mot: des vols, dont il escompte le bénéfice. »
Le recéleur, au surplus, n'est pas un; il est multiple,
et le gibier tué en Sologne, par exemple, passe par bien
des mains avant d'arriver à la clientèle des Halles Cen-
tràles, où il est le plus souvent écoulé. Les trucs des
fraudeurs, pour faire pénétrer le fruit de leur campagne
dans Paris, sont nombreux et témoignent d'une rare ingé-
niosité. '̃;̃
Aux barrières de l'octroi, une limousine s'arrête. Très
correctement, le chauffeur descend de son siège, fait vé-
rifier son contenu d'essence. A l'intérieur de la voiture,
deux gentlemen causent tranquillement. Ils sont élégants
et rien en eux ne trahit des fraudeurs. Le douanier, par
formule d'état, leur demande à peine: « Vous n'avez rien
à déclarer? » et écoute distraitement leur réponse.
L'auto démarre et se perd dans le tumulte de la grande
ville: il vient de passer sous l'œil de la régie quelques
centaines de pièces de gibier: des perdreaux, des cailles,
des lièvres, des lapins, des faisans. Il y en avait dans le
coffre des sièges, il y en avait dans la boîte d'outils, il
y en avait dans les deux malles à pneumatique et partout
où l'op pouvait en dissimuler.
Voici mieux encore. A la gare de Lyon, un commis
voyageur prend livraison de dix caisses du genre dit mal-
les d'échantillons. Sur les boites figure le nom d'une
grande maison de la rue de la Paix. « Fleurs et plumes! »
annonce-t-il. Le douanier de service en fait ouvrir une
au hasard. Dans des papiers de soie, finement froissés,
apparaissents des piquets de roses ou de violettes artifi-
cielles voici des aigrettes à cinquante brins richement
montées, voici des plumes d'autruche. Le représentant
de la douane est édifié. Il le croit du moins! Que ne
va-t-il plus avant? Sous cette marchandise de luxe il dé-
couvrirait un double fond, et là, entassés les uns contre
les autres, il trouverait de pauvres petits corps tièdes
encore, des perdreaux aux pattes délicates, des cailles
qui, la veille au soir, couraient joyeuses au creux d'un
sillon.
Faut-il s'étonner de cet état de choses? Assurément
non, si l'on considère la réelle indulgence de la loi pour
les braconniers. A la dureté évidemment excessive 'de
l'ancienne jurisprudence, la loi du 3 mai 1844 a fait suc-
céder un régime de mansuétude outrée. Les maxima des
peines ne sont à peu près jamais prononcés. Les non-lieu
sont fréquents, et les quelques francs d'amende, les. quel-
ques jours de prison encourus par les récidivistes les
plus endurcis ne compensent point évidemment le tort
qu'ils'font au gibier de France, étant donné surtout les
bénéfices que braconniers et recéleurs tirent de leur bla-
mable industrie. En 1909, le tribunal de Sancerre con-
damna à deux ans de prison et 1,291 francs de domma-
ges-intérêts un braconnier qui avait tiré à bout portant
sur un garde. Ce jugement fut considéré comme extrê-
mement rigoureux! Seulement. il ne faut pas cher-
cher bien loin la raison des amnisties, des réductions de
peine constamment obtenues par les braconniers: ceux-ci
sont électeurs, ils sont même souvent grands électeurs.
et par ce temps de suffrage universel ils représentent une
force dont ils savent user pour le besoin de leur. mau-
vaise cause. Tout-Paris
LES PUISSANCES ET LA CRISE TURQUE
Nous nous étions montré assez sceptique à
l'endroit de cette fameuse initiative du comte
Berchtold qui, il y a quelques semaines, pro-
duisit une si vive surprise dans les chancelle-
ries. Nous estimions, en effet, que sa propo-
sition d'intervention conciliante et pacifique
dans les affaires turques et balkaniques rencon-
trerait, lorsqu'il faudrait en examiner l'appli-
cation pratique, d'insolubles difficultés et
qu'elle se heurterait à d'insurmontables obsta-
cles par la simple raison que les puissances
n'ont jamais pu se mettre d'accord dès qu'il
s'agissait d'accomplir un programme déter-
niiné en Orient et que, d'autre part, le gouver-
nement turc n'accepterait jamais du moins
çlee bonne grâce que, sous une forme quel-
conque, l'Europe se substituât, dans une cer-
taine meure, à lui pour rétablir l'ordre et ra-
mener l'apaisement en Turquie, dût même
l'Empire y trouver son. bénéfice.
Sans doute, l'initiative du ministre autri-
chien s,'attachait-elle à n'éveiller ni les suscep-
tibilités des puissances, ni celles de la Turquie.
EUe ne conviait les unes' qu'à un simple échan-
ge de vues, elle se plaçait résolument sur le ter-
rain européen e le n'offrait à l'autre qu'un
conseil discret qui n'avait que la valeur d'une
indication en vue de fortlfiér sa position en
lui conciliant les populations jusqu'ici irréduc-
tibles. En somme, le comte Berchtold disait
aux chancelleries « Entendons-nous pour ai-
der le gouvernement turc à reconquérir son au-
torité, pour obtenir en faveur des Albanais, des
Macédoniens, des Grecs que les revendications
raisonnables leur soient accordées en revan-
che, solidarisons-nous pour empêcher que les
Bulgares, les Serbes ou les Grecs ne profitent
de la crise actuelle pour tomber sur la Tur-
quie.
L'idée était excellente, assurément le projet
était habile. Il advint, toutefois, ce qui devait
arriver l'opinion européenne ne voulut point
avec raison, peut-être croire à l'absolu
désintéressement de l'Autriche elle se rappela
la complaisance avec laquelle l'empire austro-
hongrois regarde depuis quelques années l'Al-
banie et le soin qu'elle apporte à se concilier
les sympathies albanaises elle s'effraya du
précédent que cette proposition de décentrali-
sation allait créer dans les Balkans et des am-
bitions qu'elle allait encourager enfin, le gou-
vernement turc manifesta quelque défiance de
cette immixtion dans ses difficultés intérieu-
res, il se souvint que certaines puissances ont,
lorsau'elles se tournent du côté de l'Orient, les
dents longues et un appétit inquiétant. Il se ré-
solut donc à prendre les devants en accordant
sur l'heure aux Albanais la plupart de leurs
revendications, notamment celles visant leur
autonomie administrative.
La « décentrali,sation » suggérée par le comte
Berchtold recevait donc, avant toute interven-
tion, un commencement d'exécution qui suffi-
sait à enlever à une partie de la proposition au-
trichienne sa raison d'être.
Aussi bien, ces diverses considérations ont-
elles inspiré les instructions que le ministre des
affaires étrangères d'Autriche-Hongrie vient
d'adresser aux représentants autrichiens à l'é-
tranger, afin de leur préciser la portée et le ca-
ractère au programme qu'ils sont cnarges ae
discuter avec les gouvernements auprès des-
quels ils sont accréditéa.
Comme il fallait s'y attendre, le cadre de ce
programme se trouve singulièrement limité.
L'intervention sous forme de conseils à la Tur-
quie n'y figure plus qu'à l'état vague, qui suf-
fit à sauver les apparences, afin de faciliter une
retraite prudente. Il ne s'agit plus que de con-
seiller au cabinet turc de généraliser les me-
sures qu'il vient de prendre à l'égard des Al-
banais.
L'échange de vues portera désormais prince
paiement sur les moyens de calmer l'efferves-
Gence des voisins immédiats de la Turquie et
d'empêcher un conflit balkanique, dont la
répercussion serait si grave en Europe. Il ne
saurait plus être question toutefois-d'une confé-
rence, ce qui est fort heureux pour la tranquil-
lité européenne. Alors, se demande-t-on, en
quoi consiste l'actuelle proposition Berchtold ?
Autant qu'on peut se l'imaginer, elle consiste
à inciter les chancelleries à se tenir en contact
permanent, à jeter les bases d'une solidarité
absolue en vue d'événements possibles. Je ne.;
crois pas que les conversations qui vont s'en-
gager aient une sanction pratique. On escompts
surtout l'effet moral qu'elles produiront dans
les Balkans.
Est-ce suffisant ? Je crains Que non. Si les
événements ne s'arrangent pas d'eux-mêmes,
ce ne sont sûrement pas les puissances qui évi-
teront les conséquences qui peuvent en résul-
ter. Ceci ne doit pas nous empêcher de rendre
hommage à la bonne volonté du comte Berch-
told et de reconnaître que son initiative, pourvu
qu'on n'attende pas trop d'elle, peut, malgré
tout, trouver, dans des limites plus modestes,
son utilité.
René d'Aral
La Marche
sur Marakech
est décidée
be général kyaufey a donné l'ordre aU'
colonel Mangin de marcher
sur Marakech
(Par dépêche de notre carrespondant particulier)
Tanger, 4 septembre, soir.
Une dépêche de Rabat, en date d'hier soir,
nous apporte une grave nouvelle
Le génkral Lyautey a donné l'ordre à la
colonne Mangiri de marcher immédiatement
sur M arakech.
Le général, qui était rentré lundi à Rabat
pour prendre les dernières dispositions relati-
ves à cette opération, est reparti, hier mardi,
dans la matinée à midi, il a traversé Casa-
blanca, se dirigeant, en auto-mitrailleuse, vers
le camp de Mechra-ben-Abbou, où se trouve la
réserve de la, colonne Mangin.et où il est arrivé
dans la soirée il a eu aussitôt un long entre-
tien avec le colonel Mangin, avec lequel il a
établi le plan de la campagne qui va s'ouvrir.
Ce qui semble avoir deczdé le général Lyau-
tey à la marche sur Marakech, c'est d'abord
le grand succès que vient de remporter le colo-
nel Mangin sur les forces d'El Iliba les trou-
pes du prétendant ont été mises en complète
déroute et poursuivies par notre cavalerie jus-
qu'à vingt Icilomètres de Marakech. C'est,
d'autre part, l'arrivée des renforts qui ont élé
envoyés au colonel Mangin. C'est encore la nou-
velle que le général a reçue de M arakech que
la défaite retentissante d'El Hiba a forlement
ébranlé la situation du prétendant, qui est de-
ven2c trés impopulaire dans la région. C'est
aussi probablement l'assurance u'a le général
Lyautey que nos compatriotes de M arakech
sont aujourd'hui en sûreté, sous la protection
et dans la maison de Glaoui.
Le colmiel Mangin, avec le gros de ses trou-
pes, est en ce moment à son camp de Souk-cl-
Arba des Rehamna. De ce point à Marakech,
il y a quatre-vingt-dix kilomètres la roule,
que nos troupes, du resle, ont déjà parcourue
en partie, est directe le colonel Mangin peut,
en trois ou quatre étapes, être sous les murs de
la capitale du Sud.
M.
LA GÂTÂ8ïe0PHE_OE_0ALBiE-e!00flâ8ï
T© VICTIMES
Les sauveteurs n'ont pu remonter que vingt-
cinq cadavres
QUATRE NOUVELLES EXPLOSIONS
Malgré les dangers, les ingénieurs ont
poursuivi les recherches
PAR DÉPÊCHE DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
M. Armand Villette
Béthune, 4 septembre.,
La nouvelle catastrophe qui vient encore d'en-.
deuiller les vaillantes populations du Pas-de-
Calais, trop fréquemment éprouvées, s'est pro-
duite dans l'exploitation houillère de la Compa-
gnie de la Clarence, à Calonne-Ricouart, au
puits Divion, près de Bruay, point extrême du
bassin houiller du Pas-de-Calais. A l'heure où
je vous télégraphie, il se confirme que le nom-
bre des morts atteindra au moins une cinquan-
'taine. Deux explosions ont encore éclaté aujour-
d'hui qui ont fait de nouvelles victimes parmi
les sauveteurs la mine est en feu et les tra-
vaux de sauvetage ont dû fatalement être ^i-
terrompus: Des derniers renseignements, il
résulte qu'une vingtaine de mineurs sont encore
au fond du puits leur sort ne fait malheureu-
sement plus aucun doute.
Ce sont, dans leur laconisme tragique, les
effroyables nouvelles que j'ai recueillies ici dès
mon arrivée. Elles m'ont été fournies par des
gens accablés de douleur qui, depuis tantôt
vingt-quatre heures, attendent et continuent à
espérer, sachant bien cependant par une triste
expérience, que la mine ne rend presque jamais
que des cadavres.
Des scènes pénibles, navrantes, comme celles
auxquelles j'assistai lors de la catastrophe de
Courrières, ont lieu aux abords de l'accrochage,
que les gendarmes doivent dégager. Dans cette
foule qui se masse, toujours de plus en plus
nombreuse, on n'entend que des cris et des la-
mentations de femmes et d'hommes réclamant
un mari, un père, un frère, un parent. C'est
un spectacle angoissant.
Cependant la terrifiante nouvelle s'était vite
répandue dans le pays minier, et les équipes de
sauveteurs de Bruay, Liévin, Maries, Ferfay et
Couchy-la-T our arrivèrent en automobiles sur
les lieux. Ils se mirent aussitôt à l'oeuvre ils
remontèrent bientôt à la surface du sol un cer-
tain nombre de leurs camarades grièvement
blessés et qu'on dirigea en toute hâte sur lea
JETDI 5
ARTH U R WSEYER
Directeur
RÉDACTION
DE QUATRE HEURES DU SOIR A UNE HEURE DU MATIN
2, rue Drouot, 2
(Aagle des boulivards Montmartre et des Italiens)
ABONNEMENTS
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Un mois. 5 fr. 1 Six mois. 28 fr.
Trois mois. Un an S6fr.
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GRAND JOURNAL, DU MATIN
ARTHUR MEYER
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ANNONCES
MM. LAGRANGE CERF & Cf
8, PLACE DE LA BOURSE, 8
Et à l'administration du Journal
Les manuscrits ne sont pas rendus
C'est -le contraire d'une phobie et donc c'est
une phobie tout de même, c'est-à-dire tout
pareillement.
Le Play disait que, depuis 1789, les Fran-
çais, par jeu sans doute, faisaient toutes leurs
lois à rebours de ïeurs. sentiments et de leurs
moeurs que toutes leurs loi.s étaient pénétrées
de l'âpre amour de l'égalité et que leurs senti-
ments et leurs mœurs ne respiraient que la
soif de l'inégalité ,que ce Français, si furieuse-
ment égalitaire comme législateur, voulait tou-
jours être comte, vicomte, baron, chevalier ou
au moins décoré d'une particule, ou bien être
de la Légion d'honneur, de l'ordre de l'Aoadé-
mie, ou de l'armée du Mérite agricole qu'enfin
il était d'autant plus ̃inégaUtoire dans ses
mœurs qu'il était plus égalitaire dans ses lois.
Il n'y a rien de plus juste et le Français a la
manie de l'inégalité, la fureur de l'aristocratie
et la phobie de l'inégalité. Nous en) voyons tous
les jours des exemples. Quel est le Français
qui ne mette sur sa carte de visite que son nom
et son adresse ? Aucun. Pour y mettre quelque
chose de plus, d'aucuns ont été jusqu'à y ins-
crire électeur, ou candidat au conseil munici-
pal. J'en ai connu un qui me soumettait son
projet de protester contre cette manie des dis-
tinctions en mettant sur son bristol unzcs ex
omnibus. Je lui dis Vous ne voyez pas qu'en
mettant cela vous montrez que vous savez le
latin ou que vous avez la prétention de le sa-
voir ? Vous êtes aussi inégalitaire qu'un autre.»
Il en convint et fit graver Homme de let-
tres. » Je convins qu'il avait atteint le but.
« Homme de lettres », cela ne vous distingue
de personne et vous confond modestement
avec tout le monde.
Et ces derniers temps nous avons eu un nou-
vel exemple de la chose. Ç'a été une fureur de
principal. Chacun a voulu être prince de quel-
que chose. Prince des poètes, prince des
conteurs, prince des auteurs dramatiques,
prince des reporters, prince des faits divers,
prince des musiciens, prince des librettistes,
prince des sculpteurs, prince des ciseleurs de
coques de noix, prince des noctambules, prince
de ceux qui sont du soir, prince de ceux qui
sont du matin, prince de ceux qui disent
« Mon prince » et c'est-à-dire des ouvreurs de
portières. J'en passe et des pires. J'en passe et
des plus inattendus.
Chaque corporation et chaque fraction de
corporation tend à avoir son prince comme
l'eau tend à couler et tes amants passionnés à
supprimer l'objet de leurj)assion pour la satis-
faire. Qui n'a pas son prince ? Votons, citoyens,
pour avoir un prince. Toute maison qui n'a pas
son prince n'a pas d'amour-propre. Vous vous
dites quelque chose et vous n'avez pas de
prince ? Vous n'êtes rien du tout. Qu'est-ce
qu'une corporation ? Un corps. Qu'est-ce qu'un
corps sans âme ? Rien. Qu'est-ce qu'une corpo-
ration sans prince ? Un corps sans âme.
Perinde ac cadaver. Un prince ou la mort.
A la bonne heure 1
Par suite de cette mentalité paradoxale, si-
gnalée par Le Play, c'est dans la corporation
qui, de tout temps, et même sous la monarchie,
s'appelait république que la principomanie a
sévi le plus fortement et que la phobie de l'é-
galité s'est déclarée avec le plus d'intensité. La
corporation des lettrés s'est toujours appelée la
république des lettres. Sous Louis XIV (voyez
Bayle), elle se donnait déjà ce nom. C'est une
tradition qui doit remonter à la véné'rable anti-
quité. Ceci est tout particulier à la confrérie
des hommes de lettres. On n'a jamais dit, que
je sache, la république de la peinture, la répu-
blique de la sculpture, la république des dou-
bles croches, et il y a la république des doubles
anicroches, mais c'en est une autre. On n'a ja-
mais dit la république médicale, ni la républi-
que du barreau. Non, cette appellation fut tou-
jours réservée aux hommes de lettres. Les hom-
mes de lettres ne sont pas forcément républi-
cains,. mais ils font constitutionnellement par-
tie d'une république et de la plus ancienne
peut-être des républiques européennes.
Or, c'est dans cette république que le besoin
d'un prince et de plusieurs princes s'est fait
sentir le plus vivement. Il ne lui en a pas fallu
un seul il lui en a fallu un groupe et presque
une foule. Autant il y a de genres littéraires,
autant de princes. Un prince à chaque branche.
Ç'a l'air d'un atroce cri révolutionnaire mais
ce n'est qu'une métaphore. Cela veut dire au-
tant de maisonnettes, autant de souverains.
Pour une république, c'est très bizarre.
Dans les autres corporations artistiques, dans
les autres domaines de l'art, on est simplement
« maître » depuis une cinquantaine d'années,
et cela, déjà, paraissait un peu prétentieux.
Dans la république des lettres, on doit être
prince, et il doit y en avoir un petit quarteron.
Pourquoi ? Parce que c'est une république.
C'est bien singulier.
Ce qui l'est davantage, peut-être, c'est que
dans cette république, à ce qu'il me semble;
on est encore plus heureux de faire un prince
que d'en être un. Ceux qui aspirent à ce titre
semblent le désirer assez vivement, certes
mais ceux qui veulent avoir un prince se dé-
mènent beaucoup plus furieusement, et, toute
comparaison offensante écartée, il semblerait
que ce fussent grenouilles demandant un Roi
ou plutôt jurant par le Styx, naturellement,
qu'elles en feront un.
Cela, après tout, ne m'a pas déplu. De même
que l'amour du petit pays » est la condition
de l'amour de la grande patrie, de même
l'amour de la corporation est un patriotisme
corporatif qui est un fort bon sentiment. Or que
le patriotisme corporatif se marque à ceci que
l'on veuille avoir un prince sur le chapiteau,
comme une aigrette à son chapeau, cela peut
faire sourire, mais d'un sourire où il entre de
la bienveildance.
Cependant de cet archbntat, je vois peu la
nécessité, ni l'utile. Un prince est toujours fait
pour être contesté aussitôt qu'il est intronisé.
Il est comme un territoire, auquel personne ne
songeait avant qu'une puissance l'eût revendi-
qué et que trois puissances se disputent dès que
l'une d'elles l'a déclaré sien. Telle province de
la république des lettres vivait en paix, si tant
est qu'une province des lettres peut y vivre
enfin elle était à peu près pacifique. Un prince
survient et cela tout de suite en fait deux ou
trois. Ici c'est la branche aînée qui crée, par sa
seule existence, la branche cadette. Il y a le
prince prochain et le prince qui assure qu'il
aurait dû l'être et dont ses partisans crient du
haut de leur tête qu'il aurait dû l'être en effet.
Cela ne va pas sans aigrir les mœurs. La ré-
publique, a assuré Thiers, à qui je laisse la res-
ponsabilité de cette opinion, est le gouverne-
ment qui nous divise le moins mais la répu-
blique des lettres avec principats est le régime
qui nous divise le plus. C'est peut-être à consi-
dérer.
Si cette mode persistait, il arriverait ceci in-
dubitablement. Le principat ferait naître toute
une aristocratie. Comme fiche de consolation, il
faudrait bien donner à tel qui pourrait légiti-
mement aspirer au titre de prince celui de
grand-duc, et à tel autre celui de duc, et à tel
autre celui de marquis et ainsi de suite. Tel
auteur dramatique s'appellerait ainsi marquis
de Molière et tout le monde conviendrait que
s'est mérité. Cette aristocratie élective ne man-
querait pas d'un certain prestige mais elle sus-
citerait bien des rivalités et, par suite, bien des
animosités tenaces. Je crois, tout compte fait,
que les hommes de lettres ont assez de raison
de se jalouser.les uns les autres, sans qu'il y
faille ajouter des raisons nouvelles de se regar-
der de Turc à Maure. Je vois, avec la nouvelle
aristocratie que je suppose qui va naître, beau-
coup de comtes nouvellement promus à qui leur
rival viendra dire sur le champ et tout près du
pré A moi, comte, deux mots n, et beau-
coup de comtes aussi, de qui l'on dira; après une
« premières » un peu languissante « C'est un
comte à dormir debout. »
En somme, l'aristocratie littéraire ne se pré-
sente pas à nos yeux sous. des couleurs très sé-
duisantes. Les hommes de lettres feront peut-
être aussi bien de rester citoyens de leur répu-
blique, « comme un bon citoyen dans le sein
de sa ville «.'Ceci est un vers précisément de
Corneille, qui s'est appelé « grand », comme
Napoléon l'r, et de qui Napoléon disait « Je
l'aurais fait prince. »
-.Vous voyez bien que ni le mot ni l'idée ne
sont ridicules.
Je n'ai pas dit qu'ils le fussent je dis -eu-
lement qu'être fait prince par Napoléon, cela
a quelque chance de durée, tandis q.u'être fait
prince, par ses pairs, quoique honorable, cela,
étant toujours contesté, a en soi un principe de
caducité. Nos princes de lettres s'évanouissent
rapidement ils disparaissent en un temps très
court ils passent vite. Passage des princes.
Emile Faguet
de l'Académie française
Nous publierons demain un article de notre
éminent collaborateur M. de Lamarzelle:
L'Ecole laïque contre la patrie
Ce qui' se passe
ÉCHOS DE PARTOUT
Décidément, les jours se suivent. et sont
loin de se ressembler. Le beau temps dont on
s'était réjoui avant-hier n'a pas duré et la pluie,
la fâcheuse pluie, comme disait Baron dans
Les Sonnettes, est revenue et a ramené la tris-
tesse et la désolation parmi les Parisiens.
Avouez que c'est bien ennuyeux d'avoir tou-
jours un parapluie à la.main et de ne pouvoir
traverser une rue sans être éclaboussé de la tête
aux pieds. Si vous ajoutez à cela qu'en dehors
des taxi-autos, les fiacres restent toujours dé-
couverts et que la température est fraîche, vous
conviendrez que Paris manque de gaieté. Il
convient de dire que la campagne, avec les mê-
mes intempéries, est encore pire, et il n'y a plus
qu'à terminer en disant le mot célèbre « Après
nous, le déluâe Ce qui, sans doute, ne tar-
dera pas, si le ciel continue à déverser ses ré-
servoirs.
ENVOI PAR LA CROIX-ROUGE DE DONS AU MAROC
Le marquis de Vogué, président de la Société
française de secaurs aux blessés militaires, a
adressé au résident général la dépêche sui-
vante
« A la suite vente Petit Drapeau, faite le U
juillet, disposons somme importante pour corps
expéditionnaire Maroc prière nous indiquer
nature dons à envoyer. »
Le général Lyautey a répondu en exprimant
sa gratitude et celle de ses troupes et en de-
mandant que la Croix-Rouge envoie de préfé-
rence des vêtements d'hiver, jerseys, chausset-
tes de laine, chemises de flanelle, galoches,
puis deux ou trois machines à glace, des livres,
du papier à lettres, enfin qu'une certaine
somme soit réservée pour venir en aide aux
familles des malades et des blessés.
En conséquence, des commandes ont été fai-
tes des dons privés sont venus s'y ajouter le
cercle de la Librairie, seul, a envoyé, au, nom
de toutes les grandes maisons de librairie de
Paris, seize caisses de livres. Un premier envoi
de dons, représentant plus de 60,000 francs,
partira dans les derniers jours de septembre,
accompagné par un délégué de la Société, qui
les distribuera, suivant les instructions de l'au-
torité militaire, dans tous les campements et
dans tous les postes. Simultanément d'autres
envois vont être faits aux troupes des confins
algéro-marocains, complétant ainsi l'œuvre
qu'accomplissent actuellement les infirmières
de la Société française de secours aux blessés
militaires, à Maghnia, à Oudj:da et à Fez.
Le délégué de la Société se met en outre à la
disposition des familles pour emporter et re-
mettre lui-même à leurs fils les envois qu'elles
désirent leur faire parvenir. On demande seu-
lement que les adresses soient écrites très lisi-
blement et que les colis soient envoyés au siège
de la Société française de secours aux blessés
militaires, 19, rue Matignon, Paris, au plus
tard le 20 septembre.
Le grand poète de' Maillane, Frédéric Mis-
tral, dont on connaît l'ardente foi religieuse,
vient d'être nommé « Prieur honoraire » de la
très ancienne confrérie des Pénitents blancs de
Montpellier, qui a pour Prieur M. le marquis
de Forton.
La Compagnie des Pénitents blancs de Mont-
pellier est une sorte de conservatoire des pieu-
ses coutumes d'autrefois, des pratiques de dé-
votion de nos ancêtres. Dans la plupart des
villes du Midi, il existe encore des confréries
de ce genre qui symbolisent le traditionalisme
religieux et local. Tout Pénitent, qu'il soit de
Montpellier, de Marseille, d'Aiguesmortes,
d'Avâgnon, d'Aix, de Pignan, est au fopd un
félibre catholique.
Lorsque M. Pierre Roussel, avocat à la cour
de Montpellier, et l'un des dignitaires de la
confrérie, se rendit, ces jours derniers, chez
Mistral pour obtenir son acceptation, l'illustre
poète répondit
J'accepte, j'accepte avec grand plaisir.
Les Pénitents blancs Que de bons, que de
touchants, que de lointains souvenirs ils évo-
quent en moi C'est à la chapelle des Péni-
tents blancs, quand j'étais aw collège, à Avi-
gnon, que note maître ,no.us menait tous les
dimanches à la messe.
» Plus tard, j'y suis retourné bien souvent.
J'ai même pris part aux pieuses cérémonies
qui s'y faisaient. Et je me souviens d'avoir plu-
sieurs fois suivi, revêtu du costume blanc de la
confrérie, les Belles professions qui se_dé_rou-
laient librement alors dans les rues d' Avignon.»
S'adressant alors à Mme Frédéric Mistral, le
poète la pria de lui faire confectionner aussitôt
uns costume de Pénitent.
Quel magnifique et profond sentiment de
piété chez l'illustre vieillard de Maillane
Moulay-Hafid a fini par obtenir gain de
cause. Il voulait, comme nous l'avons dit,
visiter une de nos grandes plages de la Man-
che, avant de retourner au Maroc. On a
accédé à son désir. Et, hier matin, mal-
gré le temps orageux, malgré la pluie qui
hachait l'horizon, son auto l'a emporté à une
vive allure, à Dieppe, où l'ex-Sultan est arrivé
à trois heures de l'après-midi.
Son séjour y sera de très courte durée. Au-
jourd'hui même, Moulay-Hafid'rentrera à Ver-
sailles, qu'il quittera définitivement pour se
rendre à Lyon et delà à Aix-les-Bains.
On commence à se préoccuper à l'Académie
des sciences de la succession de M. Henri Poin-
caré.
Quel est le savant qui sera choisi pour porter
aussi haut que l'illustre auteur de Science et
Hypothèse, le drapeau de la « mathématique »
française?
Bien des candidats sont déjà sur les rangs,;
mais comme la vacance du siège n'a pas été en-
core déclarée, nous nous abstiendrons de les
désigner plus explicitement.
Il'faudra également pourvoir au remplace-
ment de M.. Henri Poincaré, au Bureau des
Longitudes et à la Sorbonne.
Le grand savant qui vient de disparaître
occupait à la Faculté des sciences la chaire
d'astronomie mathématique et de mécanique
céleste. Cette chaire, il l'a illustrée. Ses demon s-
trations des mouvements des corps célestes, au-
tour de leur centre de gravité, font l'admiration
de tous les initiés. On peut affirmer qu'ici,
Poincaré a été l'égal d'un autre génial savant,
également Français, le grand Laplace, qui mé-
rita d'être comparé à Newton
Or, nous croyons savoir qu'au cours d'une
réunion de professeurs tenue récemment à la
Sorbonne, sous la présidence de M. Appell,
membre de l'Institut, doyen de la Faculté des
sciences, la question du successeur à présenter
pour la chaire de mécanique céleste a été sou-
levée, et qu'aucune décision n'a été encore prise.
NOTES D'UN VIEUX GARÇON
LES MENOTTES A GAZ
Nous avions déjà le moteur à gaz. Nous avions aussi
l'extincteur à gaz qui soufflait sur un incendie comme
nous'soufflons sur une bougie. Voici maintenant que nous
avons les menottes à gaz.
C'est d'ailleurs, une façon de parler, une tournure
elliptique. A proprement parler, on vient de découvrir
un gaz gui permettra de passer facilement les menottes
aux bandits les plus redoutables. L'inventeur est M.
Kling, directeur du laboratoire municipal. Son invention
a, paraît-il, donné les résultats les plus satisfaisants.
Le gaz Kling, en aveuglant momentanément, attaque'
en même temps les voies respiratoires. Il fait pleurer,
cracher et tousser tout à la fois. Il est enfermé dans une'
ampoule de verre et peut être lancé à l'aide d'un appa-
reil.
Voilà qui va fort bien, mais peut-être pas aussi bien
tout de même qu'il y paraît. Car si ce gaz est aveuglant,
s'il fait cracher et tousser, sa composition permet-elle
d'en réserver les effets aux seuls apaches? Ce serait fin
gaz de trop bonne composition. Et il est à craindre qu'il
n'aveugle en même temps les agents chargés d'opérer
l'arrestation, qu'il ne les fasse cracher et tousser aussi.
Et alors on verrait ou plutôt on ne verrait pas mal-
faiteurs et policiers, secoués par une irrésistible quinte
de toux, cherchant à s'éviter ou à1 s'attraper à tâtons. Les
arrestations se transformeraient en une partie générale
de Colin-Maillard.
Enfin, admettons que les agents serdht réfractaires aux
émanations du terrible gaz, que ce seront des agents
rabat-gaz, et constatons que l'inventeur a pensé à tout.
Dans le cas, en effet, où les malfaiteurs parviendraient à
se procurer quelques-unes de ces sortes de bombes, ou
en découvriraient la composition pour s'en servir à leur
tour contre la police, le directeur du laboratoire munici-
pal connaît un autre gaz qui détruit les effets du premier.
II me semble que ce n'est pas la composition du pre-
mier gaz que l'apache tâchera de connaître. C'est bien
plutôt celle du second, celui qui rend nul le premier. Cela
simplifierait singulièrement les choses. Arnolphe.
Premières violettes.
Elles viennent de faire leur apparition sur les
boulevards, les frêles fleurs, chères à toutes les
femmes.
Mimi Pinson n'hésite pas à dépenser vingt
centimes qui seront peut-être pris sur son
frugal déjeuner pour embaumer son corsage
en y accrochant le petit bouquet.
Jadis les violettes annonçaient le printemps.
̃ 'Aujourd'hui, grâce au Midi, elles arrivent avec
les premières fraîcheurs et semblent apporter
avec elles un peu de la mélancolie de l'automne.
« Fleurissez-vous, mesdames » glapit la
voix éraillée des marchandes poussant leur
voitures chargée des bottes parfumées le long
des trottoirs.
Petites plumes et grandes ailes.
Le sans-gêne des pierrots parisiens est prover-
bial. Mais en voici un exemple qui témoigne que
nos moineaux ne sont pas ennemis du progrès.
Dans une de nos plus grandes firmes d'aéropla-
nes, établie aux environs de Paris, un jeune
mécanicien a découvert hier un nid de pierrots.
entre les deux parois de toile d'une aile de mo-
noplan momentanément inutilisé.
Signe des temps
NOUVELLES A LA MAIN
En villégiature, dialogue du jour
Qu'y avait-il ce matin dans la correspon-
dance ?
Une lettre de Paris contenant une nouvelle
extraordinaire 1
Parle. f ̃'
A Paris, il y a eu une demi-journée sans
pluie
NOTES SOCIALES
Il s'est fondé récemment une société pour la
défense de la vieille cuisine française, de la
cuisine sincère, de la cuisine honnête, que l'on
peut à la rigueur avoir chez soi, en y veillant
de près, mais qu'il devient de plus, en plus dif-
ficile de rencontrer, quand on voyage. Or, aur
jourd'hui, tout le monde voyage et l'automobile
a introduit dans les itinéraires une variété qui
augmente à la fois le nombre et les risques des
rencontres.
Quand on a commencé, il y a quelque dix
ans, à rouler sur les routes de France, à dé-
couvrir des villes et des bourgs ignorés, tout le
monde a répété « On mange bien, mais on
dort mal. » Je ne dis pas qu'on eût tort. Je me
souviens de dîners loyaux et savoureux, que
gâtait une nuit passée dans un lit douteux,
étouffé de rideaux suspects et parfois animé de
redoutables morsures. Alors, les associations
de tourisme ont commencé une campagne, dont
il serait profondément injuste de ne pas leur
savoir gré. Elles ont réclamé et elles ont obtenu,
dans beaucoup de cas, les murs peints au ripo-
lin ou simplement blanchis à la chaux, les lits
métalliques et autre chose encore, que je n'ose
vous dire.
Elles ont, ce faisant, couru au plus pressé, et,
pendant ce temps, la cuisine, négligée peut-être
par les propriétaires d'hôtels, a sensiblement
fléchi. Mon expérience propre m'a permis de
constater ce fléchissement. Je n'irai pas jusqu'à
formuler en axiome cette constatation et à dire
« La qualité de la cuisine varie en raison in-
verse de la qualité du logement. » Et cependant,
combien pourrais-je citer d'hôtels de province
où l'apparition des salles de bains et du chauf-
fage central a coïncidé avec celle du bouillon
artificiel et du poisson de mer prétentieux plus
ou moins conservé à la glace
La nouvelle ligue, le Club des Cent, revendi-
que le droit de bien manger, et ce droit est un
droit bien français. Après une saine journée de
route, il est bon de savoir qu'on dormira bien.
Mais il est bon aussi de savoir qu'on dînera
bien. Honneur donc aux petits hôteliers, aux
petits aubergistes, qui ont gardé la tradition des
ragoûts longuement mijotés, des sauces délicà-
tement liées, du beurre frais, du poisson frais,
des légumes frais qui n'ont pas adopté la no-
menclature ambitieuse des grands hôtels qui
vous servent un poulet tendre et anonyme de
leur basse-cour. au lieu de la vieille poule men-
Un Domino
songèrement baptisée,chapon de Bresse. Cet
été encore, il y a peu de jours, j'en ai décou-
vert quelques-uns, que je signalerais volontiers
à la ligue nouvelle, car ils méritent son encou-
Il y en a d'autres cherchons-les, trouvons-
les, et, par notre approbation, maintenons-les
dans la bonne voie. La cuisine de France, c'est
comme le vin de France, un héritage national.
Et l'internationalisme à table est aussi répu-
gnant qu'en politique. Un Désabusé
Guillaume II
en ,Suisse
L'EMPEREUR AUX GRANDES MANŒUVRES
PAR DÉPÊCHE DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
Zurich, 4 septembre.
C'est aujourd'hui la première des deux jour-
nées que Guillaume -II consacre exclusivement
aux grandes manoeuvres suisses elle est pro-
piee au spectacle qu'il va suivre point de
soleil, mais un ciel clair, une température
douce et une assez forte brise qui a séché la
terre détrempée par la. pluie de ces derniers
jours.
A six heures vingt-cinq, ce matin, l'Empe-
reur quittait Zurich par train 'spécial* en com-
pagnie du président de la Confédération et des
conseillers fédéraux Hoffmann et Motta. A.
huit heures dix, il arrivait sur le terrain des
manœuvres situé dans le canton de Saint-Gall,
au sud de Kirchberg, et il gagnait aussitôt une
hauteur d'où il se trouvait dominer les lignes
d'attaque et de défense. Depuis quatre heures
du matin, les troupes étaient en mouvement,
préparant le combat décisif qui devait s'enga-
ger devant le souverain ces troupes représen-
taient un effectif total de 1,309 officiers, 23,627
soldats et 5,735 chevaux.
A peine la présence, du Kaiser a-t-elle été
signalée que la division bleue ouvre le feu sur
les positions de la division rouge. L'artillerie
intervient bientôt la prise' de comtact se pro-
duit sur toute la ligne et bientôt un combat des
plus intéressants développe ses phases succes-
L Empereur, que l'on aperçoit à cheval dans
son uniforme sombre d'artilleur de la garde,
paraît vivement intéressé il se déplace à cha-
que instant pour ne manquer aucune des péri-
péties de l'engagement.
Soudain, il descend de cheval et se rend dans
les tranchées avec le conseiller Hoffmann, chef
du département militaire. Il interroge les hom-
mes, examine leurs fusils, qu'il charge et essaye
lui-même. Les hommes le prennent pour un
officier étranger et ne se doutent pas un ins-
tant que c'est le Kaiser. Il revient ensuite sur
la colline de Dauesslig, d'où, il assiste à l'assaut
génér al qui termine la manœuvre. Il ne tarit
pas d'éloges sur la tenue et l'entrain des' trou-
pes et demande de nombreuses explications aux
officiers suisses.
.A midi et ;demi, des automobiles emmènent
lé souverain et sa suite au monastère de Ittin-
gen, à quelques kilomètres de là, où un grand
déjeuner réunit les officiers suisses et les mis-
sions étrangères autour d'une .table dressée
dans le cloître. Le colonel Fehr, qui en est le
propriétaire actuel, reçoit l'hôte impérial avec
une cordialité pleine de simplicité. Il le conduit
à travers les salles antiques renfermant de
nombreux objets de haute valeur historique,
que Guillaume II examine avec le plus vif inté-
rêt.
L'Empereur paraît enchanté de .sa matinée
et l'on remarque que pendant le repas il s'en-
tretient longuement avec le général Beyers,
chef de la mission anglaise, et qui commande
les milices de l'Afrique du Sud.
Il est près de trois-heures lorsque le souve-
rain et sa suite remontent en automobile qui
les conduit à Frauenfeld, d'où, un train spécial
les ramène à Zurich.
A l'arrivée, une foule énorme pousse des
«;hoch enthousiastes. L'Empereur est rentré
sé reposer à la villa Rieter jusqu'à l'heure du
dîner auquel il avait convié les officiers supé-
rieurs suisses.
Puis, la nuit venue, il s'est embardué à bord
d;un vapeur pour assister sur le lac à la fête
que lui offrait le conseil fédéral. Le spectacle
fiit admirable. Toutes les rives étaient illumi-
nées, et le lac était sillonné de bateaux magni-
fiquement décorés de lanternes multicolores.
La soirée s'est terminée par un feu d'artifice
montre dont le bouquet comportait 3,000 fu-
sées.
L'Empereur a offert au conseil fédéral, en
sôuvenir de sa visite, une superbe horloge
haute de deux mètres cinquante, chef-d'œuvre
de la manufacture royale de Prusse. Elle est
destinée à la salle des audiences du palais fédé-
raide Berne..
,Bloc-Notes Parisien
Le Braconnage
et sa Répression
Chaque année, la réouverture de la chasse est un pré-
texte à doléances sur la rareté plus grande du gibier, et
sur le développement du braconnage. Ces plaintes
encore que parfois empreintes d'exagération ne sont
pas chimériques. Il est hors de doute que les braconniers
constituent pour l'avenir de la chasse, en France, un
péril d'autant plus grand que leurs moyens 4'action vont
sans cesse en se développant et que la répression exer-
cée contre eux est totalement insuffisante.
» Le temps n'est plus où le braconnier était un fraudeur
isolé qui s'en allait, de jour ou de nuit, le fusil en main,
en quête de quelque lièvre, voire d'un chevreuil. Ce bra-
connier-là n'était guère redoutable pour la conservation
du gibier d'un pays. C'était le plus souvent, un paysan
de la région, un pâtre habitué à observer autour de lui
les habitudes des bêtes et qui, par quelques coups de
feu, tâchait de se procurer un supplément de bien-être.
Dans les Ardennes, pays éminemment giboyeux, un bra-
connier de ce genre fut considéré, en 1859, comme si
funeste aux chasseurs, que ceux-ci mirent à prix pour
1,200 francs son arrestation. Il fut appréhendé et, très
franchement', avoua avoir tué dans le courant de la sai-
son 328 pièces, sur lesquelles 170 lapins. Voilà vraiment
un bien maigre tableau en comparaison de celui des bra-
conniers modernes!
Ceux-ci sont organisés en grandes compagnies; ils pos-
sèdent des armes ultra-perfectionnées et des engins plus
dangereux que la meilleure des carabines. A l'occasion, ils
utilisent des automobiles pour se transporter rapidement
à l'endroit choisi d'avance ou pour s'enfuir une fois leur
méfait accompli. Aussi le butin de ces chasseurs sans
scrupules est-il parfois formidable! Aux environs de Me-
lun, en une seule nuit, ils, prirent à l'aide d'un panneau
628 lapins. Il n'est point rare qu'ils surprennent pendant
leur sommeil des compagnies de 200 perdrix. Le record
paraît appartenir à trois braconniers qui, en 1398, captu-
rèrent en trois heures perdreaux, lièvres et lapins
à l'aide de divers instruments.' Ce succès ne leur profita
pas, car ils furent arrêtés à l'aube; ils déclarèrent qu'ils
avaient, ce jour-là, surpassé tous leurs tableaux anté-
rieurs mais ils mirent une sorte de forfanterie à confes-
ser qu'en moins de trois semaines, dans des régions soi-
gneusement repérées au préalable, ils- avaient pris plus
de 6,000 pièces. Nous voici loin du braconnier redoutable
de 1859
Cela tient à ce que les ennemis de nos chasses, dédai-
gnant le fusil compromettant et peu productif,' opèrent en
grand. Leurs armes sont multiples, mais peuvent se
ramener à deux types principaux le collet et le filct, aux-
quels il faut ajouter cet auxiliaire précieux: le furet.
Le collet s'emploie pour tous les gibiers, depuis le
laoin jusau'au cerf. Il est formé d'un fil de laiton de gros-
Nello
seur variable, suivant la nature des victimes auxquelles
il est destiné. On le dispose en nœud coulant dans les
sentes suivies par les bêtes à travers la forêt, à la lisière
,ies bois pour les lièvres, dans les champs de luzerne ou
de sarrasin pour les lapins, et, en temps de neige persis-
tante, à l'entour des meules où les perdrix affamées vien-
nent chercher quelques grains. Son effet est radical, la
bête s'étrangle plus ou moins vite, selon la défense qu'elle
Le filet, qui porte le nom de pantière, de voiletfe, de
traïneau, de drap des morts, selon ses dimensions, qui
vont de 6 mètres carrés à 500 mètres carrés, est consti-
tué par un réseau de mailles en fil de soie, assez serré,
très résistant et très souple. La manœuvre de la pan-
tière est particulièrement curieuse, et néfaste aux per-
dreaux. Elle exige une association de dix hommes, dont
six ou huit tiennent, à l'extrémité d'une plaine, un filet
haut de quatre mètres monté sur de longues gaules, tan-
dis que leurs complices, munis de bâtons, frappent le sol
et rabattent vers eux les perdreaux réveillés en sursaut
et qui viennent' d'un vol lourd se prendre dans les mail-
les fatales.
C'est avec de tels instruments.de mort qu'en peu de
temps une bande de braconniers experts dévaste un
pays.
Mais le braconnage serait une opération improductive
sans le recéleur, et c'est ce dernier surtout que la loi
devrait poursuivre de ses rigueurs. Le chasseur illicite
renoncerait promptement à son métier s'il ne savait la
possibilité de se débarrasser immédiatement et sans ris-
ques de son butin compromettant. Selon un mot fort juste
du comte Clary, président du Saint-Hubert Club de
France: « Le recéleur est infiniment plus coupable que
le braconnier. Ce dernier court certains risques, le recé-
leur n'a que les profits. Il est l'instigateur des délits,
disons le mot: des vols, dont il escompte le bénéfice. »
Le recéleur, au surplus, n'est pas un; il est multiple,
et le gibier tué en Sologne, par exemple, passe par bien
des mains avant d'arriver à la clientèle des Halles Cen-
tràles, où il est le plus souvent écoulé. Les trucs des
fraudeurs, pour faire pénétrer le fruit de leur campagne
dans Paris, sont nombreux et témoignent d'une rare ingé-
niosité. '̃;̃
Aux barrières de l'octroi, une limousine s'arrête. Très
correctement, le chauffeur descend de son siège, fait vé-
rifier son contenu d'essence. A l'intérieur de la voiture,
deux gentlemen causent tranquillement. Ils sont élégants
et rien en eux ne trahit des fraudeurs. Le douanier, par
formule d'état, leur demande à peine: « Vous n'avez rien
à déclarer? » et écoute distraitement leur réponse.
L'auto démarre et se perd dans le tumulte de la grande
ville: il vient de passer sous l'œil de la régie quelques
centaines de pièces de gibier: des perdreaux, des cailles,
des lièvres, des lapins, des faisans. Il y en avait dans le
coffre des sièges, il y en avait dans la boîte d'outils, il
y en avait dans les deux malles à pneumatique et partout
où l'op pouvait en dissimuler.
Voici mieux encore. A la gare de Lyon, un commis
voyageur prend livraison de dix caisses du genre dit mal-
les d'échantillons. Sur les boites figure le nom d'une
grande maison de la rue de la Paix. « Fleurs et plumes! »
annonce-t-il. Le douanier de service en fait ouvrir une
au hasard. Dans des papiers de soie, finement froissés,
apparaissents des piquets de roses ou de violettes artifi-
cielles voici des aigrettes à cinquante brins richement
montées, voici des plumes d'autruche. Le représentant
de la douane est édifié. Il le croit du moins! Que ne
va-t-il plus avant? Sous cette marchandise de luxe il dé-
couvrirait un double fond, et là, entassés les uns contre
les autres, il trouverait de pauvres petits corps tièdes
encore, des perdreaux aux pattes délicates, des cailles
qui, la veille au soir, couraient joyeuses au creux d'un
sillon.
Faut-il s'étonner de cet état de choses? Assurément
non, si l'on considère la réelle indulgence de la loi pour
les braconniers. A la dureté évidemment excessive 'de
l'ancienne jurisprudence, la loi du 3 mai 1844 a fait suc-
céder un régime de mansuétude outrée. Les maxima des
peines ne sont à peu près jamais prononcés. Les non-lieu
sont fréquents, et les quelques francs d'amende, les. quel-
ques jours de prison encourus par les récidivistes les
plus endurcis ne compensent point évidemment le tort
qu'ils'font au gibier de France, étant donné surtout les
bénéfices que braconniers et recéleurs tirent de leur bla-
mable industrie. En 1909, le tribunal de Sancerre con-
damna à deux ans de prison et 1,291 francs de domma-
ges-intérêts un braconnier qui avait tiré à bout portant
sur un garde. Ce jugement fut considéré comme extrê-
mement rigoureux! Seulement. il ne faut pas cher-
cher bien loin la raison des amnisties, des réductions de
peine constamment obtenues par les braconniers: ceux-ci
sont électeurs, ils sont même souvent grands électeurs.
et par ce temps de suffrage universel ils représentent une
force dont ils savent user pour le besoin de leur. mau-
vaise cause. Tout-Paris
LES PUISSANCES ET LA CRISE TURQUE
Nous nous étions montré assez sceptique à
l'endroit de cette fameuse initiative du comte
Berchtold qui, il y a quelques semaines, pro-
duisit une si vive surprise dans les chancelle-
ries. Nous estimions, en effet, que sa propo-
sition d'intervention conciliante et pacifique
dans les affaires turques et balkaniques rencon-
trerait, lorsqu'il faudrait en examiner l'appli-
cation pratique, d'insolubles difficultés et
qu'elle se heurterait à d'insurmontables obsta-
cles par la simple raison que les puissances
n'ont jamais pu se mettre d'accord dès qu'il
s'agissait d'accomplir un programme déter-
niiné en Orient et que, d'autre part, le gouver-
nement turc n'accepterait jamais du moins
çlee bonne grâce que, sous une forme quel-
conque, l'Europe se substituât, dans une cer-
taine meure, à lui pour rétablir l'ordre et ra-
mener l'apaisement en Turquie, dût même
l'Empire y trouver son. bénéfice.
Sans doute, l'initiative du ministre autri-
chien s,'attachait-elle à n'éveiller ni les suscep-
tibilités des puissances, ni celles de la Turquie.
EUe ne conviait les unes' qu'à un simple échan-
ge de vues, elle se plaçait résolument sur le ter-
rain européen e le n'offrait à l'autre qu'un
conseil discret qui n'avait que la valeur d'une
indication en vue de fortlfiér sa position en
lui conciliant les populations jusqu'ici irréduc-
tibles. En somme, le comte Berchtold disait
aux chancelleries « Entendons-nous pour ai-
der le gouvernement turc à reconquérir son au-
torité, pour obtenir en faveur des Albanais, des
Macédoniens, des Grecs que les revendications
raisonnables leur soient accordées en revan-
che, solidarisons-nous pour empêcher que les
Bulgares, les Serbes ou les Grecs ne profitent
de la crise actuelle pour tomber sur la Tur-
quie.
L'idée était excellente, assurément le projet
était habile. Il advint, toutefois, ce qui devait
arriver l'opinion européenne ne voulut point
avec raison, peut-être croire à l'absolu
désintéressement de l'Autriche elle se rappela
la complaisance avec laquelle l'empire austro-
hongrois regarde depuis quelques années l'Al-
banie et le soin qu'elle apporte à se concilier
les sympathies albanaises elle s'effraya du
précédent que cette proposition de décentrali-
sation allait créer dans les Balkans et des am-
bitions qu'elle allait encourager enfin, le gou-
vernement turc manifesta quelque défiance de
cette immixtion dans ses difficultés intérieu-
res, il se souvint que certaines puissances ont,
lorsau'elles se tournent du côté de l'Orient, les
dents longues et un appétit inquiétant. Il se ré-
solut donc à prendre les devants en accordant
sur l'heure aux Albanais la plupart de leurs
revendications, notamment celles visant leur
autonomie administrative.
La « décentrali,sation » suggérée par le comte
Berchtold recevait donc, avant toute interven-
tion, un commencement d'exécution qui suffi-
sait à enlever à une partie de la proposition au-
trichienne sa raison d'être.
Aussi bien, ces diverses considérations ont-
elles inspiré les instructions que le ministre des
affaires étrangères d'Autriche-Hongrie vient
d'adresser aux représentants autrichiens à l'é-
tranger, afin de leur préciser la portée et le ca-
ractère au programme qu'ils sont cnarges ae
discuter avec les gouvernements auprès des-
quels ils sont accréditéa.
Comme il fallait s'y attendre, le cadre de ce
programme se trouve singulièrement limité.
L'intervention sous forme de conseils à la Tur-
quie n'y figure plus qu'à l'état vague, qui suf-
fit à sauver les apparences, afin de faciliter une
retraite prudente. Il ne s'agit plus que de con-
seiller au cabinet turc de généraliser les me-
sures qu'il vient de prendre à l'égard des Al-
banais.
L'échange de vues portera désormais prince
paiement sur les moyens de calmer l'efferves-
Gence des voisins immédiats de la Turquie et
d'empêcher un conflit balkanique, dont la
répercussion serait si grave en Europe. Il ne
saurait plus être question toutefois-d'une confé-
rence, ce qui est fort heureux pour la tranquil-
lité européenne. Alors, se demande-t-on, en
quoi consiste l'actuelle proposition Berchtold ?
Autant qu'on peut se l'imaginer, elle consiste
à inciter les chancelleries à se tenir en contact
permanent, à jeter les bases d'une solidarité
absolue en vue d'événements possibles. Je ne.;
crois pas que les conversations qui vont s'en-
gager aient une sanction pratique. On escompts
surtout l'effet moral qu'elles produiront dans
les Balkans.
Est-ce suffisant ? Je crains Que non. Si les
événements ne s'arrangent pas d'eux-mêmes,
ce ne sont sûrement pas les puissances qui évi-
teront les conséquences qui peuvent en résul-
ter. Ceci ne doit pas nous empêcher de rendre
hommage à la bonne volonté du comte Berch-
told et de reconnaître que son initiative, pourvu
qu'on n'attende pas trop d'elle, peut, malgré
tout, trouver, dans des limites plus modestes,
son utilité.
René d'Aral
La Marche
sur Marakech
est décidée
be général kyaufey a donné l'ordre aU'
colonel Mangin de marcher
sur Marakech
(Par dépêche de notre carrespondant particulier)
Tanger, 4 septembre, soir.
Une dépêche de Rabat, en date d'hier soir,
nous apporte une grave nouvelle
Le génkral Lyautey a donné l'ordre à la
colonne Mangiri de marcher immédiatement
sur M arakech.
Le général, qui était rentré lundi à Rabat
pour prendre les dernières dispositions relati-
ves à cette opération, est reparti, hier mardi,
dans la matinée à midi, il a traversé Casa-
blanca, se dirigeant, en auto-mitrailleuse, vers
le camp de Mechra-ben-Abbou, où se trouve la
réserve de la, colonne Mangin.et où il est arrivé
dans la soirée il a eu aussitôt un long entre-
tien avec le colonel Mangin, avec lequel il a
établi le plan de la campagne qui va s'ouvrir.
Ce qui semble avoir deczdé le général Lyau-
tey à la marche sur Marakech, c'est d'abord
le grand succès que vient de remporter le colo-
nel Mangin sur les forces d'El Iliba les trou-
pes du prétendant ont été mises en complète
déroute et poursuivies par notre cavalerie jus-
qu'à vingt Icilomètres de Marakech. C'est,
d'autre part, l'arrivée des renforts qui ont élé
envoyés au colonel Mangin. C'est encore la nou-
velle que le général a reçue de M arakech que
la défaite retentissante d'El Hiba a forlement
ébranlé la situation du prétendant, qui est de-
ven2c trés impopulaire dans la région. C'est
aussi probablement l'assurance u'a le général
Lyautey que nos compatriotes de M arakech
sont aujourd'hui en sûreté, sous la protection
et dans la maison de Glaoui.
Le colmiel Mangin, avec le gros de ses trou-
pes, est en ce moment à son camp de Souk-cl-
Arba des Rehamna. De ce point à Marakech,
il y a quatre-vingt-dix kilomètres la roule,
que nos troupes, du resle, ont déjà parcourue
en partie, est directe le colonel Mangin peut,
en trois ou quatre étapes, être sous les murs de
la capitale du Sud.
M.
LA GÂTÂ8ïe0PHE_OE_0ALBiE-e!00flâ8ï
T© VICTIMES
Les sauveteurs n'ont pu remonter que vingt-
cinq cadavres
QUATRE NOUVELLES EXPLOSIONS
Malgré les dangers, les ingénieurs ont
poursuivi les recherches
PAR DÉPÊCHE DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
M. Armand Villette
Béthune, 4 septembre.,
La nouvelle catastrophe qui vient encore d'en-.
deuiller les vaillantes populations du Pas-de-
Calais, trop fréquemment éprouvées, s'est pro-
duite dans l'exploitation houillère de la Compa-
gnie de la Clarence, à Calonne-Ricouart, au
puits Divion, près de Bruay, point extrême du
bassin houiller du Pas-de-Calais. A l'heure où
je vous télégraphie, il se confirme que le nom-
bre des morts atteindra au moins une cinquan-
'taine. Deux explosions ont encore éclaté aujour-
d'hui qui ont fait de nouvelles victimes parmi
les sauveteurs la mine est en feu et les tra-
vaux de sauvetage ont dû fatalement être ^i-
terrompus: Des derniers renseignements, il
résulte qu'une vingtaine de mineurs sont encore
au fond du puits leur sort ne fait malheureu-
sement plus aucun doute.
Ce sont, dans leur laconisme tragique, les
effroyables nouvelles que j'ai recueillies ici dès
mon arrivée. Elles m'ont été fournies par des
gens accablés de douleur qui, depuis tantôt
vingt-quatre heures, attendent et continuent à
espérer, sachant bien cependant par une triste
expérience, que la mine ne rend presque jamais
que des cadavres.
Des scènes pénibles, navrantes, comme celles
auxquelles j'assistai lors de la catastrophe de
Courrières, ont lieu aux abords de l'accrochage,
que les gendarmes doivent dégager. Dans cette
foule qui se masse, toujours de plus en plus
nombreuse, on n'entend que des cris et des la-
mentations de femmes et d'hommes réclamant
un mari, un père, un frère, un parent. C'est
un spectacle angoissant.
Cependant la terrifiante nouvelle s'était vite
répandue dans le pays minier, et les équipes de
sauveteurs de Bruay, Liévin, Maries, Ferfay et
Couchy-la-T our arrivèrent en automobiles sur
les lieux. Ils se mirent aussitôt à l'oeuvre ils
remontèrent bientôt à la surface du sol un cer-
tain nombre de leurs camarades grièvement
blessés et qu'on dirigea en toute hâte sur lea
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