Titre : Le Midi socialiste : quotidien régional
Éditeur : [s.n.] (Toulouse)
Date d'édition : 1909-06-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32815893g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 juin 1909 16 juin 1909
Description : 1909/06/16 (A2,N186). 1909/06/16 (A2,N186).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG31 Collection numérique : BIPFPIG31
Description : Collection numérique : BIPFPIG65 Collection numérique : BIPFPIG65
Description : Collection numérique : Bibliothèque Rosalis... Collection numérique : Bibliothèque Rosalis (Toulouse)
Description : Collection numérique : Presse locale Collection numérique : Presse locale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k53432918
Source : Bibliothèque municipale de Toulouse, P 010
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/01/2020
fctJREAü A PARIS
11 - ■ "
ABONMEMEHTS :
■ S mois 6 mois i i
.France etColenie.. . , ; ; ; i ; ; 3 5 fr. , 10 fr. 1 20 fr<
Praeger , 9 fr. 1 18 fr. | 36 fr,
PETITES ANNONCES^ EN 3*PAGE ^
Minimum, 2 lignes 1 franc
Chaque autre ligne. . . . . « •••••• 0fr.50
JOURNAL. QUOTIDIEN DU PROLETARIAT
TÈL 313
1
Rédaction-Administratie# : 38, Rue Roquelaine, Toulouse
ik
^ 5^ ar ^ — Hérault — Pyrénées-Orientales — Lozère — Aveyron
Corrèze — Cantal — Lot — Lot-et-Garonne — Landes — Hantes-Pyrénées — Basses-PyréaéôJl
A. h et© — Tara — Gers — Tarn-et-Garonne — Toulouse — Haute-Garonne — Ariège
«BIP!! PESÜSESÏE
*ai faveur du MIDI SOCIALISTE
/Clément, professeur socialiste. 2
Fourcade, à Toulouse jl
C. C., à Toulouse : i
‘Lu de Soupetard, à Toulouse 0 50
«Un Breton, ennemi de Clemenceau, a
Toulouse 0 25
Grand François, à Toulouse 2
Un mécontent de la Compagnie du gaz,
à Toulouse ... ...i 0 25
‘Massé, ’ Toulouse.. 0 50
Paillés Pierre, à la Chaumière, à Tou
louse I) 50
: Souscription recueillie par le citoyen
Paidigus, à Toulouse (2e liste) :
ITimbal, plâtrier 1 fr.; Le frère de
'l’autre 0 25; Daydé 0 10; Dumouch
F. 015; Sans-souci 010; Etienne Ra-
mondou socialiste 0 25; Rigaud, so-
iCialiste 0 20; X., des Minimes 0 25;
,‘Gauhert 0 25; Un chiffonnier, récidi
viste (5e versement) 0 10; Un esclave
provisoire de l’ignoble empereur
. Ü 20. Total 2 85
Collecte faite à la réunion du compte
rendu de mandat du citoyen Bedouce
'député, le di-mance 13 juin à Montau-^
dran 8
(Blanc Pierre, à Toulouse......1
Un blanquiste. 1
Papa David „« 0 50
Maria Coste (2e versement) 0 50
Guadagni Vigile (2e versement) 0 50
Un dégoûté de S-arraut et de Clemen
ceau à Villesèque des Corbières
, (Aude) 0-50
^Collecte faîte le 13 juin au groupe de
Rivesahes Pyrénées-Orientales (1er
: .versemeid) 3• 50
Total 26 35
Listes précédentes..1188
Total à ce jour 1214 35
'SOUSCRIPTION D’ACTIONS
« DU MIDI SOCIALISTE »
.Section Socialiste de Béziers (Hérault) Ü action
iPrébose et Gaugiran, secrétaire et tré-
; sorier du groupe socialiste de Gaillae
. (Tarn) 1 action
[Un militant socialiste gaillacois.... 4 action
‘Deux socialistes Gaillacois 1 action
Deux autres socialistes Gaillacois....„ 1 action
X... et Adhémar, membres du groupe
• -nsocialiste de Gaillae..— 1 action
La Modification ies Conseils iis guerre
La modification des Conseils de guer
re est votée.
. Le projet va bientôt être déposé sur la
tribune du Sénat appelé à se prononcer
là son sujeti
j Et puis quand cette assemblée aura
quelque peu rogné et coupé, la Chambre
«approuvera cette opération chirurgicale
afin de ne pas retarder l’application de
îa dite toi et le tour sera joué !
Je ne sais pas ce que vont penser les
/électeurs de cette réforme, mais en tout
'cas, il est indiscutable qu’ils ne pour
ront guère se déclarer
.qu’ils compareront ce qu’on leur avait
promis, avec ce qu’on leur donne !
La suppression des conseils de guerre
ise trouvait dans toutes les professions
$e foi des membres de la majorité.
Pour beaucoup ce fut même la plate
forme électorale.
Et il fallait entendre nos bons clé-
mencistes d’aujourd’hui tonitruer con-
[tre la barbarie d’une juridiction d’un
/autre âge aux tribunes des réunions pu
bliques et se faire acclamer quand ils
idénonçaient les monstrueux dénis de
justice perpétrés par ces tribunaux
d'exception.
Aussi croyait-on les conseils de gnar-
re virtuellement supprimés lorsque l’on
vit la majorité actuelle devenir maî
tresse des destinées du pays.
Clemenceau, premier ministre; Pic-
quart, ministre de la guerre,, c’étaient
des garanties plus que suffisantes.
Et quand, à la commission desconseils
de guerre, on leur adjoignit le Labori de
i Affaire — par dessus le marché —
tout le monde jugea qæ c’était du su-
peperfïu !
Hélas , mille fois hélas, les électeurs
de messieurs les radicaux peuvent et
doivent déchanter.
Non seulement les conseils de guerre
seront toujours maintenus, mais on leur
a donné un regain de vitalité en les mo
difiant.
. Certes, il est incontestable qu’en pé
riode ordinaire le conseil de guerre de
demain ne sera plus celui d’hier, ni
dans sa tenue, ni dans ses arrêts ; mais
en temps d’effervescence populaire,
quand des situations tout particuliè
res et tout spéciales, amèneront un
gauvernement fort à défendre ses inté
rêts de classe, n’ayez aucune crainte,
malgré toutes les déclarations de ee bon
M. Ghéron qui pousse la condescendan
ce jusqu a ne point vouloir nous égor
ger, les conseils de guerre ancien mo
dèle réapparaîtron, jugeront et condam
neront avec la même rapidité et le mê
me manque de garantie que jadis !
Ah ! quand il s’agissait de sauver un
millionnaire galonné, -tout le monde
marchait, tout le monde donnait avec
un entarin endiablé.
Littérateurs, hommes politiques, sa
vants, journalistes, financiers, etc., et.,
il en sortait de partout pour venir dé
fi ndre le droit opprimé et anath'mte r
les juges militaires, ces galeux, ces pe
lés, ces tondus, d’où venait tout le mal
et à qui tout le monde jetait la pierre...
Et ce n’était qu’un concert de malé
dictions très * s éloquentçs, contre ces
•inAiâboureux consens-'-de guerre où l’on
piétinait sur les droits les plus sacrés,
où il n’y avait aucune garantie sérieuse
pour l’accusé, où les sentiments de jus
tice les plus élémentaires étaient totale
ment inconnus, etc..., etc...
Du reste, pour s’en convaincre il est
facile de se reporter à l’Aurore de l’épo
que et d’y lire les fulgurants articles
qu’un certain M. Clemenceau qui, de
puis, a bien mal tourné, y écrivait quo
tidiennement I
Aujourd’hui, tout est changé.
Ceux-là même qui hurlaient le plus
fort sont devenus subitement aphones !
Ceux-là même qui voulaient tout
chambarder ne pensenit plus qu’à tout
conserver !
Et la fameuse suppression des con
seils de guerre est devenue tout bonne
ment, tout humblement la modification
des conseils de guerre
Il faut avoir suivi avec quelque peu
d’attention les débats qui se sont dérou
lés à la Chambre pour se faire une idée
exacte de la mentalité de la majorité
gouvernementale...
Celle-ci était toujours disposée à fai
re bien. Il lui arriva même quelquefois
de faire bien ! Mais, tout aussitôt que le
« Maître », ou les délégués du « Maître »
avait parlé, non seulement on votait
contre ses propres sentiments, mais on
annulait par un vote, le vote de la veiMe,
quelquefois le vote de l’heure précé
dente ! »
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ïï est certain que si l’on* avait accepté 1
1© texrfce de la commission et du gouver
nement les yeux fermés ü rrèy aurait
rien eu de changé.....
C’était tellement la modification de ia
modification des conseils de guerre que
tout le monde, dans le passé, voulait
supprimer* qu’on ne modifiait plus rien
du tout.
Et c’est parce que ie grohpe socialiste
a harcelé le gouvernement et la com
mission, c’est parce que nos amende
ments se sont sans cesse succédés que
nous avons pu introduire un certain es
prit de libéralisme dans le mécanisme
de la nouvelle loi dont la promulgation
sera, espérons-le, fort prochaine.
Mais, malgré tout, les conseils de
guerre seront et resteront encore ce
qu’ils ont toujours été : des tribunaux
d’exception dominés par le sentiment
de l’autorité absolue et notre devoir est
d’en demander toujours et sans cesse la
disparition la plus rapide et la plue
complète.
Nous n’y faillirons pas. *
COMPERE-MOREL,
Député du Gard .
* fr®
ECHOS
LA PUDIQUE EXCELLENCE,
r Àu temps où Son Excellence était encore le
camarade Briand , avocat-manuel et rédacteur en
chef de la Lanterne des Pereire, il lui arriva une
sale historié. Un jour, un iypo, nouvellement em
bauché à la confection du canard , s'avisa, involon
tairement sans doute, de transformer la signature
d’Aristide. Au bas de l’article de tête , il composa,,
en lettres grasses, ce nom, alors célèbre de Mont- i-
martre à Montparnasse : Aristide Bruant.
.. Très heureusement pour l’Excellence, le numéro
fut mis sous ses yeux avant d’être tiré. En aper-i
cevant sa signature ainsi mutilée, le camarade fit:
un bond. U se précipita à l’atelier et se mit àl
invectiver le metteur en pages. En vain lui fit-on-,
remarquer que le jeune coupable était un typôf
inexpérimenté, le camarade, nç décolérait pas. M\-
frappait du poing sur le niarbre, vocif érait mena- t,,
çail. A la fin-, U eut ceuk- éhcldimitibn '
— Je ne veux pas, vous mfentendez, je -ne veuxt
pas être pris pour un cabotin et un w-aitimbanque...
L’histoire est rigoureusement authentique. Mais
de tels propos dans la bouche de l’Az-ey fran
çais, ne sont -il- pas savoureux •:?,
*
*4
LE MARIAGE DES ALIENES.
La 4 me chambre du tribunal civil vient de dé
cider hier que le mandataire « ad litum » d’un
aliéné peut, au nom de ce dernier , valablement
intenter une action en divorce. Elle a rendu
un jugement qui libère un fou interné des liens du
mariage.
S’if vient à la raison et réclame sa femme
..JJn magistrat s’en est tiré spirituellement en
répondant :
— S’il rédame sa femme, Jl ne sera pas revenu
à la raison.
***
UN MDT DU GRAND PATRON.
'De /''Opinion :
M. Lafferre ayant démissionné par dévouement
ministériel, vint s’en expliquer à la présidence du
conseil
— Ma situation était intenable, dit-il . Je ne
pouvais rester assis sur une... chose.
— En effet,, répondit M . Clémenceàu, quand
on en a deux comme vous, il faut s’asseoir en
plein — surtout sur les autres.
*
**
LEUR PATRIOTISME.
üex-chambardeur Gérault-Richard raconte, dans
Paris-Journal, que voyant dernièrement pas
ser un régiment, drapeau en tête, il souleva son
chapeau et salua cette loque glorieiise.
Il y a quelques années, le député socialiste Bre
ton se faisait passer à tabac pour avoir refusé
de saluer le drapeau et le ckambardeur approuvait.
Aujourd'hui le ckambardeur est plus patriote que
Déroulède.
■\r ariété
LA PEUR DU TONNERRE
Voici la saison où tremblent souvent les per
sonnes impressionables qui ont peur du tonner
re. En vain leur direz-vous que cette crainte
est chimérique, que T éclair seul est da ngereux
tandis que le toaaerre est inoffensif: elles sont
bouleversées au moindre grondement dans les
deux.
Contre la peur, il n’y a aucun raisonnement
qui tienne; on a vu des savants ayant étudié
toute leur vie en laboratoire les phénomènes
électriques, ne pouvoir se défendue d’un trem
blement de frayeur pendant un orage. Les va
riations électriques de ^atmosphère influent sur
notre organisme, à notre insu, et provoquent
des troubles nerveux dont nous ne sommes pas
maîtres. Gela est si vrai que certaines person
nes nerveuses ressentent des commotions à l’ap
proche d’un orage aussi bien que lorsque le
tonnerre gronde.
Les animaux surtout sont très impressionna
bles par l’électricité atmosphérique : les chais
se hérissent, beaucoup de chiens aboient plain
tivement ou hument l’air avec inquiétude; les
hirondelles ont un vol plus bas, et tous les oi
seaux cherchent un gîte longtemps avant que
les premières gouttes de pluies n’aient fait leur
apparition.
Quelles préoccupations convient-il de prendre
contre la foudre ? On en a préconisé plusieurs,
mais on peut dire que, depuis Franklin, on n’a
rien trouvé d’absolument efficace. Quoi qu’on
en ait dit, le paratonnerre est un protecteur sé
rieux dans un rayon à peu près double de sa
hauteur.
Une statistique faite de 4882 à 4906, en Hol
lande a démontré cette efficacité de la façon
suivante : sur les maisons non protégées, la
foudre gllume une fois sur deux l’incendie ; sur
les m isons protégées, au contraire p'»e fois sur
treize seulement. Ces chiffres ont leur élo
quence.
Afiag-o recommande aux habitants -des mai
sons de demeurer isolés le plus Ma possible
des murs; le mieux serait, pendant un orage, de
se coucher dans un hamac suspendu à des
isolateurs, par exemple des cordons de soie.
Un autre préventif consiste à tendre une-
chaîne métallique de la cheminée à la fenêtre:;]
la foudre, en effet, qui pénètre souvent par les
cheminées parce qu’elles sont le point le pins
élevé de la maison, n’agit'surtout qu’aux extré
mités et suit les courans d’air.
On a songé aussi à utiliser le le pouvoir iso
lant du verre en fabriquant des tabourets en
vere sur lesquels on pourrait s’asseoir en toute
sécurité. Mais on a vu plusieurs épaisseurs de
verre traversées par la foudre; il semble que
le Jiuide se complaise à déconcerter par ses ca
prices; les précautions les mieux prises pour
l’éloigner paraissent, au contraire, quriqne^ois *
l’avoir attiré.
Cependant il serait téméraire d’aller-an de
vant du danger, et il est certaines précautions
élémentaires qu’il ne faut jamais dédaigner.
Ainsi, i faut surtout éviter le voisinage des ob
jets métalliques, déposer les pièces de monnaie
qu’on a sur soi, s’éloigner de la-cheminée et des
murs, ne pas se grouper, supprimer avec soin
les courants d’-aâr.
Aux personnes que n’arrêtraiifc point leur sen
sibilité pour les bêtes, on pourrait recomman
der de s’entourer de chiens. Il est démontré que
ces amis des hommes sont d’excellents paraton
nerres et que la foudre s’attaque toujours à eux
de préférence.
Les bergers ont vu souvent leur chien tué au
milieu de leur troupeau indemne . Une dame
qui, pendant un orage avait pris son petit chien
dans ses bras le vit soudain environné d’un
éclair; la pauvre bête avait été carbonisée par
la foudre, et la dame n’avit rien ressenti. En gé
néral, les animaux sont plus vulnérables que
l’homme.
Les arbres servent souvent de paratonnerre,
à condition que le sol soit humide. C’est pour
cela qu’il est extrêmement oangereux de s’abri
ter sous les arbres. Mieux vaut supporter toute
l’averseen plein champ que de s’exposer à être
foudroyé au pied d’un arbre. Il est de même
des meules de paille ou de foin.
On ’a maintes fois répété que les cloches de
bronze attirent la foudre; cela n’empêche pas,
dans beaucoup de communes, de sonner à toute
volée au plus fortt de l’orage. Les victimes de
ce genre d’exercice ne se comptent plus; dès
que le ciel se couvre, c’est à qui se précipitera
plus vite au clocher, sous le stupide prétexte
d’éloigner l’orage; bien souvent, pour ne pas
dire toujours, cette pratique n’a d’autre résul
tat que d’attirer la foudre.
Mais après tout, les caprices de la foudre sont
tellement étranges que l’on pourrait se deman
der si ceux qui vont au devant d’elle ne sont
pas les pkis sages. On rapporte ce cas qurse se
rait passé à Séville: une jeune fille très peu-
rcase, s’était, pendant l’orage, cachée dans un
placard, taudis que sa mère et son jeune frère-
continuaient à vaquer à leurs occupations, ex
posés à tous les courante d’air. A un moment
donné, un violent coup de tonnerre ébranla la
maison, mais personne n’y prit garde; au re^as
du soir seulement oa s’aperçut de Dabsence de
la jeune fille, on courut au placard où on la
trouva complètement carbonisée. Ses^babête -n’a
vaient aucun mal.
D’autrefois, la foudre s’amuse, aità brûler les vêtements, à les emporter au loin,
à arracher les clous 3çs souliers des voyageurs,
à éparpiller les pièces de monnaie qui se trou
vent dans leur poche, sans toucher à la moin
dre parcelle de leur peau.
A l’un des derniers orages de cette année, la
foudre est tombée sur le clocher de Féglise du
village de Gassin, dans le Yar. Le flrnde a suivi
le cable de fer qui sent à sonner la cloche et
mis celle-ci en .mouvement. Dans un placard de
l’église dont les portes ont été arrachées, toutes
les bougies qui se trouvaient à des candélabres
ont été allumées comme par enchantement; les
bobèches'en verre ont été fondues. La foudre
continuant son chemin a arraché le parquet de
la sacristie et roulé un tapis avec la plus com
plète symétrie. Comment s’étonner qiTautrefois
on attribuât îa foudre à un maléfice du diable?
Il n’y a que la foi qui sauve. Aussi est-il très
recommndé aux persones que le tonnerre ef- f
fraye, de se coucher et de s’enfouir sous les
couvertures jusqu’à ce que l’orage ait cessé.
Dans cette position, elles sont à peu près autant
en sûreté que ces autruches du désert qui, pour
se dissimuler, se cachent la tête sous le sable :
les lits — et ceux qui sont dedans — ne sont
pas davantage épargnés que les autres meubles
de la maison. Mais, n’est-il pas vrai, puisqu’aus-
si bien il n’est pas possible de prévoir, ni de
prévenir ie coup fatal, .mieux vaut encore l’at
tendre dans son lit, surtout si l’on a-la douce
conviction de no j amais l’y recevoir.
C. DES CORDELIERS.
—
Le Midi en Deuil
'Ce qui reste d’une vallée hier prospère.-,;,.
On distribue les premiers secours.
Après la ruine, le pillage. — A
Saint-Cannat, les pertes dé
passeraient vingt-deux.-
\ millions de francs.
ïtegmoixe cpnresponddht particulier 5
\ Saint-Canoat, 45 juin.
Le désastre -est incomparable. J-e no me se-
figuré qu’il put être pareil. C’est en
vaân que je cherche la riante vallée de Beau-
lieu^-qu’il me fut donné de parcourir en d’au
tres circonstances. Les gens que je rencontre
ont l’iaw* de fantômes déambulant parmi des
ruines. La tristesse de tous ces visages est pei
gnante. C’est à peine si on échange, de loin en
loin, quelques paroles.
Les touristes eux-mêmes, et il -en est venu,
îl en arrive à chaque instant, de tous les côtés,
sont saisis par la détresse, la désolation des
habitants, que l’on ne peut 'empêcher de reve
nir voir leurs maisons. Le génie, sur l’ordre du
marre, continue «son jBuvre. Il met le feu à cer
tains immeubles qu’il serait trop long de dé
molir pierre à pierre et sous les décombres
desquels se trouvent des cadavres dJianâmaux
domestiques en décomposition.
La dynamite-est également employée et les
vieux pans de mur, disjoints, s’écroulent, sou
levant de longs nuages de poussière, cependant
que des visages anxieux viennent se pencher
sur les ouverture» béantes produites ainsi, dans
la pénible attente des corps que ces ruines
penv(^it recéler.
Toutes les maisons de Saint-Cannat sont
abattues. Cette nécessité s’impose pour éviter
d’autres malheurs. Les habitants sont abrités
sous des baraquemaits installés par le génie.
Le pain et la viande sont fournis par les bou
langeries et les boucheries d’Aix et de Mar
seille.
Des souscriptions sont ouvertes à l’entrée.
Les visiteurs donnent sans compter. C’est un
élan de magnifique solidarité. Des sociétés pri
vées ont offert , du numéraire, des vivres et des
vêtements. Des personnes charitables se sont
offertes à l’entretien des enfants.
Mais si nombre de gens se prodiguent et ten
dent une main secourable aux malheureux ha
bitants de ce pays en deuil, il en est d’autres
venus à la faveur des ténèbres, descendus des
trains aux gares voisines et qui viennent rôder,
bêtes nuisibles qu’on devrait abattre à coups de
pistolet. Plusieurs vols ont été commis la nuit
dernière. Les gendarmes ont reçu des ordres
sévères et point n’est besoin de se demander
quel serait le châtiment du -misérable, qui se
ferait pincer. On le lyncherait sans pitié.
L’église de Saint-Cannat, monument, histo
rique dont s’enorgueillissaâ l'a population, va
devenir un «monceau de décombres. Ses murail
les lézardées, aux angles disjoints, devenant un,
danger permanent, on a décidé de la détruire’
à Laide de la dynamite. A l’heure où yé.cris,*
éclatent déjà les premières détonations.
A Lambesc, lia situation est la même.
A Rognes, on continue les fouilles. L’aspect
est lamentable. Plus encore qu’à Saint-Cannat :
ou à Lambesc, le visiteur est frappé par 3a
désolation empreinte sur les visages. On a rasé*
toutes les maisons. Entre temps, le corps d'un
nommé Benedetti a été retrouvé, av prix de
ma-Re efforts, par les hommes du lieu — tenant
Sommier. Le dévouement des sauveteurs est
admirable.
Le service des vivres fonctionne régulièrement
Un Rognais, que j’interroge, recourn-aü l’empres-'
semept que tous ont mis à les secourir. C’est un
homme de soixante ans, mais qui en porte qua
tre-vingts. Tandis qu’il me raconte les premiers
événements, connus de vos leceurs , des sol
dats passent près de nous et je dois «me reculer
avec horreur. Ils traînent des cadavres d’ani
maux, chevaux, mulets, bœufs, en complète .dé
composition.
L’homme parle de la prospérité de ces petites
villes, de Inexistence paisible qu’on y menait
hier encore !... des fêtes — quelle ironie ! —
que l’on avait parlé d’organiser à l’été eom- ‘
mençant. Et maintenant, des ruines, rien que-
des ruines ! Quelle ironie encore ! ^ r
L’étymologie de Rognes n’est-elle pas « Rtn-;
nis », château des Ruines ?
Et quand je quitte ce brave homme, qui par-,
îerait encore, qui ne se lasserait pas de pariery
dkns son obscur besoin de raisonner la chose-.;
l'horrible soir d’une belle jouf-née.. la fin d'us-
certaân nombre, je l’entends qui répète, loin;
derrière -moi, dans la pénombre où je le perdre,
<« On ne nous- les rendra pas, bien sûr, arofcre/
pays-.. et nos maisons., alors, tant vaudrait
être morts ! comme çà ce serait la fin ! »
Je m’en' vais à grands pas, etreint par cette
poignante misère et toujours sur mes pas, je»
rencontre des ruines, j’entends les mêmes ré-'
flexions désespérées. 'je itrave^se les mêmes',
groupes, qu’agite maintenant une 'èmotiwi^noii-
wvelte après tant d’émotions.
Le bruit que certaines masures, fort eprpiH
vées au cours des événements, se seiaieafc,
écroulées, entre les villages de Saint-Denis étj
Beaulieu ; tout, de suite, dans ces bouches ha- (
feituées à la lamentation, dans ces esprits su
rexcités, aigris par le «malheur,.un cri est venais:j
« 11 y a des victimes ! »
Et je suis îa foule, je. vais dans cette défec
tion^ me rendre-compte par mot-même. —
UES DBGÆTS
Saint-Gann-at, 15 juSa.
D’après des personnages de la loeaÉîë,' :ie.:
chiffre des dégâts, pour S-a int-Gamîat-.vSfiul,,|B»;
seraitr pas.inférieur à 22 millions.
CONDOLEANCES
Le - gouvernement italien a prié so© éhargg
d’affaires à Paris et l’iambassodeur de France^*;
Rome d’exprimer au gouvernement de la Répu
blique ses très cordiales coinaoléanees à l’oc
casion de la catastrophe du Midi.
Paris, 15 juin.
Le président de la Chambre des députés^a
envoyé au président de la Chambre des dépu
tés italienne, le télégramme suivait.-:
A S• E. monsieur le président de hz Chambré
des députés d’Italie, Rome
Hier soir, au milieu des applaudissenîenès^îma-
nimes et répétés de la Chambre française, j’ai eu
l’honueur de lire la dépêche par laquelle Yetfre
Excellence m’annonce que la Chaird>re italienne';
értrae de la catastrophe qui frappe une de îîOS
régions-'du Midi, s’associe à notre tristesse.
Je vous prie de transmettre à la Charofrre ifca-;
îiemie l’expression de la vive et profonde recon
naissance qu’inspire à la Chambre française cet
te nouvelle preuve d’amitié donnée par votre na-,
tion à' la nôtre. Etant moi-même l’un des élus*
de cette Provence si douloureusement frappée, •
je tiens à cœur de présenter à Votre Excellence
mes remerciements personnels pour voir précieux!
témoignage de sympathie. — Le Président de fa
C-ham&re des députés : Henri Brisson.
POUR LES SINISTRES
Paris, 15 jiriu.
Le présidant de la République a mis à la dis
position du préfet des Bouches-du-Rhône, pour*
être distribuée aux victimes du tremblement-
de terre, -une somme de 20.000 francs.
Les directeurs de l’Opéra se sont mis à lanfis-
position du comité de la presse parisienne, pour,
le cas où l’on adopterait l’idée d’une r-epré-
.sentation qui pourrait avoir lieu 1e 24 juin.
FEUILLETON DU 16 JUIN 1909
102
B O IE& Car X -A-
Par SJjLcfeel ZÉVACCO
PREMIERE BAftTIÉ
LX
GIACOM0Ï y 1 —
' Ha^astens tressaillit et poussa vivement
— Qui etes-vous ? demanda-t-il.
’ — Vous ne me reconnaissez pas ?... Je
vais vous dire qui je suis, mais pas ici,
‘monsieur le chevalier, ajouta l 7 homme en
Regardant autour de lui avec inquiétude.
11 faut que je vous parle ! Je ne suis venu
! à Rome que pour cela... J’arrive de Mon-
'teforfce, tel que vous me voyez.
— De Monteforte ! s’écria Ragastens,
lavée un comimencement d’espoir vague...
jVenez, venez vite !...
Il rentra à l’auberge du Beau Jmws
îctant l’inconnu franchit la porte en se ca
chant soigneusement le visage. Lorsqu’ils
ifureot installés dans la petite chambre
ilRi bord du Tibre, le petit homme, après
«’être assuré que nul ne les épiait, s’ap-
proch-a de ,Rag*asfcens et murmura à son
toreifie :
G’est moi qui vous apportai ici me-
«ane un sac d'argent... Je suis Giacomo...
— L’intendant de Lucrèce Borgia ! ex-
«iama sourdement.Ragastens.
— Oui, monsieur ! fit Giacomo dont la
physionomie tourmentée prit un air de
jubilation et de satisfaction extraordi
naires. Et je suis bien heureux de vous
avoir rencontré...
Mais Ragastens lui avait saisine bras...
— Où est votre maîtresse ? lui deman-
da-t-il d’une voix tremblante d’émotion.
Parlez !.. Ou, par tous les diables, vous
ne sortirez pas d’ici vivant !„.
Giacomo eut un sourire.
— Iinutisle de menacer, monsieur. Je
suis un ami et je courais après vous pour
vous apprendre ce que vous auriez cher
ché sans doute inutilement.
— Vous ! s’écria Ragastens qui se de
mandait si on ne lui tendait pas un piè
ge. Vous, un serviteur de Luerèee Bor-
gia!
— Je suis son serviteur, c’est vrai ! Ou
plutôt je l’ai été.. Mais pour des motifs
qu’il serait trop long et inutile de vous ex
poser en ce moment, je hais cette femme.
J’ai vécu près d’ele, la haïssant comme j*e
haïssais son odieux frère...
La physionomie du vieillard tétait mo
difiée en parlant ainsi. Elle avait pris
une expression de haine implacable à la
quelle il était impossible de se mépren
dre. Ragastens comprit que cet homme di
sait la vérité.
— Parlez donc, dit-il. Nous pourrons
nous entendre, puisque nous avons les
mêmes haines.
— Monsieur, dit alors Giacomo, j’ai été
à Monteforte^ pour vous trouver. Là, j’ai
su que vous étiez parti et j’ai suppose que
vous iriez à Rome...
— Mais, demanda Ragastens, d’où ve-
.niez-vous ? Pourquoi me cherchiez-vous; ?
— Je venais du camp de César où
j’avais suivi la signera Lucrèce. Et je
vous cherchais pour vous prévenir qu’el
le méditait une terrible vengeance con
tre vous. J’ai surpris entre elle et son frè
re des entretiens qui m’ont fait dresser les
cheveux sur la tête..
La vengeance est accomplie Mit sourde
ment Ragastens.
— Gomment cela ? dit Giacomo étonné.
Maâs Ragastens garda un silence dé
solé.
— Je vous remercie, dit-il enfin ; mais
vou me prévenez un peu tard... D’ailleurs
je savais que Lucrèce Borgia préparait
sa vengeance. Mais vous pouvez du moins
m’aider à réparer le mal qu’elle a fait...
s’il en est encore temps...
■— Je suis tout à votre service Et cela-,
son seulement parce que je vous ai pris
en sympathie dès notre première entre
vue ici meme, mais encore parce que ma
haine contre des Borgia y trouve son
compte...
— Eh bien, fit en hésitant Ragastens,
pouvez-vous me dire où se trouve en ce
m-oment Lucrèce ?
Et il attendit en tremblant, la sueur
au front, la réponse de Giacomo.
— G’est facile, dit simple ment celui-
ci, la signera est à Caprera.
— Vous en êtes sûr !
— Absolument, puisque je dois aller
'l’y rejoindre.
— 3\ T ous irons ensemble ! , .
— Vo*us voulez aller à Caprera !... s’écria
Giacomo.
— C’est-à-dire que dès ce .soir, je me
mets en route !
— -Ah ! monsieur, vous ne savez donc
pas ce que c’est que Caprera !.. Vous ne
savez donc pas -que Lucrèce a entraîné là
tous ceux dont elle voulait se défaire en
secret et quelle n’osait faire poignarder
à Rome !..
Ragastens frémit en songeant à Pri
mevère.
— Mais vous ne savez donc pas, s’écria-
t-il avec un sanglot qu’il ne put étouffer
que Lucrèce Borgia s’est emparée de la
femme que j’aime !.. Et qu’en ce moment
peut-être, l’œuvre de sa hideuse ven
geance...
Ragastens ne put en dire davantage. Il
avait souffert abominablement depuis le
jour où il avait su la disparition de Pri
mevère. Maintenant la réaction se faisait,
effrayante, chez cet homme qui savait
endurer, sans se plaindre, les pires souf
frances.
Ragastens se jeta sur son lit, enfouit
sa tête dans Foreiller et se mit à sanglo
ter comme un enfant. Spadacape entpaîna
Giacomo hors de la chambre.
— LaissoBS-le pleurer, dit-il alors, le
pauvre chevalier en a bien besoin...
Puis Spadacape se mit à interroger l’in
tendant sur les moyens les plus rapides
de se transporter à Caprera et prépara
tout pour le départ, prévoyant que la crise
du chevalier ne serait pas de longue du
rée et qu’il voudrait se mettre en route à
l’instant même. En effet, une demi heure
ne s’etait pas écoulée que Ragastens Rap
pelait et lui disait «de préparer le départ.
— Tout est prêt, monsieur, répondit
•Spadacape.
—: En ce cas, à cheval ! Et en .route
pour Ostie et Caprera I
LXI
LE PORT D’OSTIE
Au moment où Ragastens montaiteà
cheval, Giacomo lui fit ses adieux.
— Tout ce que je pourrais vous dire
pour vous détourner de ce voyage serait
inutile, ajouta-t-il. Je vais de mon côté
me rendre à Caprera pour reprendre mon
service auprès de la signora Lucrèce, car
je n’en ai pas fini avec elle.
— Pourquoi-ne pas faire ^oute-ensem
ble?
— La signera le saurait infailliblement
et cela suffirait peut-être à vous • faire
échouer dans votre projet, quel qu’il soit;
cela suffirait en tout cas pour me faire
assassiner. Allez de votre côté, je vais du
mien. Seulement, voici ce que je voulais
vous dire... Sur la gauche du château, en
longeant le bord de la mer, il y a, à un
quart de lieue environ, quelques cabanes
de pêcheurs. Entrez dans la troisième de
ces cabanes, dites que vous venez de la
part de Giacomo, et vous serez bien reçu.
Partout ailleurs, vous seriez dénoncé.
Ragastens serra vigoureusement la
main du vieillard et partit. De Rome à
Ostie, la distance n’est guère que de quel
ques petites lieues. Ragastens fit rapide
ment le trajet -et arriva en pleine nuit au
port.
Il fallait passer la nuit à Ostie. Rags-
tens cherch des yeux une auberge où il
put s’abriter avec Spadacape. Mais toutes
le.s lumières étaient éteintes, toutes les
.portes fermées.
— Nous atlon-s donc passer la nuèfcà la
belle étoffe ? dit-il en regardant Spadaoa-
pe. Ce ne sera pas d’ailleurs la première
fois...
— Monsieur, dit alors Spadacape, si.
vous voulez me suivre, je me charge de
vous trouver un abri.
— Tu connais donc Ostie ?
— Eh ! monsieur, dans mon ancien
métier, il fallait prévoir un peu tout ce
qui pouvait arriver. Et dans ce tout la pos
sibilité d’une fuite par mer tenait naturel
lement sa place. Nous étions en accoin
tance avec certains mariniers de la cô
te, et je crois que c’est parmi eux que
nous trouverons notre affaire pour le-
voyage de Caprera. Seulement, je vous
préviens que ces gens ne sont pas Reliée,
de la société...
— Qu’importe !... va, je te suis...
Quelques minutes plus tard, Spadaca
pe s’arrêtait devant une maison basse, de
sinistre apparence, dont la porte et les.
fenêtres étaient soigneusement fermées.
Spadacape et Ragastens avaient mis
pied à terre devant la porte. Le premier
siffia d’une façon particulière et, pres
que aussitôt, la porte s’entr’ouvrît, un
homme parut. Il eut un moment d’effare
ment et de soupçon en apercevant deux
cavaliers q-ui avaient tout l’air de gens
de guerre. Mais Spadacape s’approchant
de lui prononça à voix basse quelques
paroles qui san-s doute constituaient un
mot de passe ; car il se rassura aussitôt
et, frappant dans ses mains, appela une
sorte de domestique, qui fit aussitôt s m
apparition.
— Conduis à l’écurie les chevaux êé
ces. seigneur tes, dit-i-L
11 - ■ "
ABONMEMEHTS :
■ S mois 6 mois i i
.France etColenie.. . , ; ; ; i ; ; 3 5 fr. , 10 fr. 1 20 fr<
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PETITES ANNONCES^ EN 3*PAGE ^
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Chaque autre ligne. . . . . « •••••• 0fr.50
JOURNAL. QUOTIDIEN DU PROLETARIAT
TÈL 313
1
Rédaction-Administratie# : 38, Rue Roquelaine, Toulouse
ik
^ 5^ ar ^ — Hérault — Pyrénées-Orientales — Lozère — Aveyron
Corrèze — Cantal — Lot — Lot-et-Garonne — Landes — Hantes-Pyrénées — Basses-PyréaéôJl
A. h et© — Tara — Gers — Tarn-et-Garonne — Toulouse — Haute-Garonne — Ariège
«BIP!! PESÜSESÏE
*ai faveur du MIDI SOCIALISTE
/Clément, professeur socialiste. 2
Fourcade, à Toulouse jl
C. C., à Toulouse : i
‘Lu de Soupetard, à Toulouse 0 50
«Un Breton, ennemi de Clemenceau, a
Toulouse 0 25
Grand François, à Toulouse 2
Un mécontent de la Compagnie du gaz,
à Toulouse ... ...i 0 25
‘Massé, ’ Toulouse.. 0 50
Paillés Pierre, à la Chaumière, à Tou
louse I) 50
: Souscription recueillie par le citoyen
Paidigus, à Toulouse (2e liste) :
ITimbal, plâtrier 1 fr.; Le frère de
'l’autre 0 25; Daydé 0 10; Dumouch
F. 015; Sans-souci 010; Etienne Ra-
mondou socialiste 0 25; Rigaud, so-
iCialiste 0 20; X., des Minimes 0 25;
,‘Gauhert 0 25; Un chiffonnier, récidi
viste (5e versement) 0 10; Un esclave
provisoire de l’ignoble empereur
. Ü 20. Total 2 85
Collecte faite à la réunion du compte
rendu de mandat du citoyen Bedouce
'député, le di-mance 13 juin à Montau-^
dran 8
(Blanc Pierre, à Toulouse......1
Un blanquiste. 1
Papa David „« 0 50
Maria Coste (2e versement) 0 50
Guadagni Vigile (2e versement) 0 50
Un dégoûté de S-arraut et de Clemen
ceau à Villesèque des Corbières
, (Aude) 0-50
^Collecte faîte le 13 juin au groupe de
Rivesahes Pyrénées-Orientales (1er
: .versemeid) 3• 50
Total 26 35
Listes précédentes..1188
Total à ce jour 1214 35
'SOUSCRIPTION D’ACTIONS
« DU MIDI SOCIALISTE »
.Section Socialiste de Béziers (Hérault) Ü action
iPrébose et Gaugiran, secrétaire et tré-
; sorier du groupe socialiste de Gaillae
. (Tarn) 1 action
[Un militant socialiste gaillacois.... 4 action
‘Deux socialistes Gaillacois 1 action
Deux autres socialistes Gaillacois....„ 1 action
X... et Adhémar, membres du groupe
• -nsocialiste de Gaillae..— 1 action
La Modification ies Conseils iis guerre
La modification des Conseils de guer
re est votée.
. Le projet va bientôt être déposé sur la
tribune du Sénat appelé à se prononcer
là son sujeti
j Et puis quand cette assemblée aura
quelque peu rogné et coupé, la Chambre
«approuvera cette opération chirurgicale
afin de ne pas retarder l’application de
îa dite toi et le tour sera joué !
Je ne sais pas ce que vont penser les
/électeurs de cette réforme, mais en tout
'cas, il est indiscutable qu’ils ne pour
ront guère se déclarer
.qu’ils compareront ce qu’on leur avait
promis, avec ce qu’on leur donne !
La suppression des conseils de guerre
ise trouvait dans toutes les professions
$e foi des membres de la majorité.
Pour beaucoup ce fut même la plate
forme électorale.
Et il fallait entendre nos bons clé-
mencistes d’aujourd’hui tonitruer con-
[tre la barbarie d’une juridiction d’un
/autre âge aux tribunes des réunions pu
bliques et se faire acclamer quand ils
idénonçaient les monstrueux dénis de
justice perpétrés par ces tribunaux
d'exception.
Aussi croyait-on les conseils de gnar-
re virtuellement supprimés lorsque l’on
vit la majorité actuelle devenir maî
tresse des destinées du pays.
Clemenceau, premier ministre; Pic-
quart, ministre de la guerre,, c’étaient
des garanties plus que suffisantes.
Et quand, à la commission desconseils
de guerre, on leur adjoignit le Labori de
i Affaire — par dessus le marché —
tout le monde jugea qæ c’était du su-
peperfïu !
Hélas , mille fois hélas, les électeurs
de messieurs les radicaux peuvent et
doivent déchanter.
Non seulement les conseils de guerre
seront toujours maintenus, mais on leur
a donné un regain de vitalité en les mo
difiant.
. Certes, il est incontestable qu’en pé
riode ordinaire le conseil de guerre de
demain ne sera plus celui d’hier, ni
dans sa tenue, ni dans ses arrêts ; mais
en temps d’effervescence populaire,
quand des situations tout particuliè
res et tout spéciales, amèneront un
gauvernement fort à défendre ses inté
rêts de classe, n’ayez aucune crainte,
malgré toutes les déclarations de ee bon
M. Ghéron qui pousse la condescendan
ce jusqu a ne point vouloir nous égor
ger, les conseils de guerre ancien mo
dèle réapparaîtron, jugeront et condam
neront avec la même rapidité et le mê
me manque de garantie que jadis !
Ah ! quand il s’agissait de sauver un
millionnaire galonné, -tout le monde
marchait, tout le monde donnait avec
un entarin endiablé.
Littérateurs, hommes politiques, sa
vants, journalistes, financiers, etc., et.,
il en sortait de partout pour venir dé
fi ndre le droit opprimé et anath'mte r
les juges militaires, ces galeux, ces pe
lés, ces tondus, d’où venait tout le mal
et à qui tout le monde jetait la pierre...
Et ce n’était qu’un concert de malé
dictions très * s éloquentçs, contre ces
•inAiâboureux consens-'-de guerre où l’on
piétinait sur les droits les plus sacrés,
où il n’y avait aucune garantie sérieuse
pour l’accusé, où les sentiments de jus
tice les plus élémentaires étaient totale
ment inconnus, etc..., etc...
Du reste, pour s’en convaincre il est
facile de se reporter à l’Aurore de l’épo
que et d’y lire les fulgurants articles
qu’un certain M. Clemenceau qui, de
puis, a bien mal tourné, y écrivait quo
tidiennement I
Aujourd’hui, tout est changé.
Ceux-là même qui hurlaient le plus
fort sont devenus subitement aphones !
Ceux-là même qui voulaient tout
chambarder ne pensenit plus qu’à tout
conserver !
Et la fameuse suppression des con
seils de guerre est devenue tout bonne
ment, tout humblement la modification
des conseils de guerre
Il faut avoir suivi avec quelque peu
d’attention les débats qui se sont dérou
lés à la Chambre pour se faire une idée
exacte de la mentalité de la majorité
gouvernementale...
Celle-ci était toujours disposée à fai
re bien. Il lui arriva même quelquefois
de faire bien ! Mais, tout aussitôt que le
« Maître », ou les délégués du « Maître »
avait parlé, non seulement on votait
contre ses propres sentiments, mais on
annulait par un vote, le vote de la veiMe,
quelquefois le vote de l’heure précé
dente ! »
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Réclames 4 e page, la ligne - - . «.-
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• • • • •
10 fr. »
ïï est certain que si l’on* avait accepté 1
1© texrfce de la commission et du gouver
nement les yeux fermés ü rrèy aurait
rien eu de changé.....
C’était tellement la modification de ia
modification des conseils de guerre que
tout le monde, dans le passé, voulait
supprimer* qu’on ne modifiait plus rien
du tout.
Et c’est parce que ie grohpe socialiste
a harcelé le gouvernement et la com
mission, c’est parce que nos amende
ments se sont sans cesse succédés que
nous avons pu introduire un certain es
prit de libéralisme dans le mécanisme
de la nouvelle loi dont la promulgation
sera, espérons-le, fort prochaine.
Mais, malgré tout, les conseils de
guerre seront et resteront encore ce
qu’ils ont toujours été : des tribunaux
d’exception dominés par le sentiment
de l’autorité absolue et notre devoir est
d’en demander toujours et sans cesse la
disparition la plus rapide et la plue
complète.
Nous n’y faillirons pas. *
COMPERE-MOREL,
Député du Gard .
* fr®
ECHOS
LA PUDIQUE EXCELLENCE,
r Àu temps où Son Excellence était encore le
camarade Briand , avocat-manuel et rédacteur en
chef de la Lanterne des Pereire, il lui arriva une
sale historié. Un jour, un iypo, nouvellement em
bauché à la confection du canard , s'avisa, involon
tairement sans doute, de transformer la signature
d’Aristide. Au bas de l’article de tête , il composa,,
en lettres grasses, ce nom, alors célèbre de Mont- i-
martre à Montparnasse : Aristide Bruant.
.. Très heureusement pour l’Excellence, le numéro
fut mis sous ses yeux avant d’être tiré. En aper-i
cevant sa signature ainsi mutilée, le camarade fit:
un bond. U se précipita à l’atelier et se mit àl
invectiver le metteur en pages. En vain lui fit-on-,
remarquer que le jeune coupable était un typôf
inexpérimenté, le camarade, nç décolérait pas. M\-
frappait du poing sur le niarbre, vocif érait mena- t,,
çail. A la fin-, U eut ceuk- éhcldimitibn '
— Je ne veux pas, vous mfentendez, je -ne veuxt
pas être pris pour un cabotin et un w-aitimbanque...
L’histoire est rigoureusement authentique. Mais
de tels propos dans la bouche de l’Az-ey fran
çais, ne sont -il- pas savoureux •:?,
*
*4
LE MARIAGE DES ALIENES.
La 4 me chambre du tribunal civil vient de dé
cider hier que le mandataire « ad litum » d’un
aliéné peut, au nom de ce dernier , valablement
intenter une action en divorce. Elle a rendu
un jugement qui libère un fou interné des liens du
mariage.
S’if vient à la raison et réclame sa femme
..JJn magistrat s’en est tiré spirituellement en
répondant :
— S’il rédame sa femme, Jl ne sera pas revenu
à la raison.
***
UN MDT DU GRAND PATRON.
'De /''Opinion :
M. Lafferre ayant démissionné par dévouement
ministériel, vint s’en expliquer à la présidence du
conseil
— Ma situation était intenable, dit-il . Je ne
pouvais rester assis sur une... chose.
— En effet,, répondit M . Clémenceàu, quand
on en a deux comme vous, il faut s’asseoir en
plein — surtout sur les autres.
*
**
LEUR PATRIOTISME.
üex-chambardeur Gérault-Richard raconte, dans
Paris-Journal, que voyant dernièrement pas
ser un régiment, drapeau en tête, il souleva son
chapeau et salua cette loque glorieiise.
Il y a quelques années, le député socialiste Bre
ton se faisait passer à tabac pour avoir refusé
de saluer le drapeau et le ckambardeur approuvait.
Aujourd'hui le ckambardeur est plus patriote que
Déroulède.
■\r ariété
LA PEUR DU TONNERRE
Voici la saison où tremblent souvent les per
sonnes impressionables qui ont peur du tonner
re. En vain leur direz-vous que cette crainte
est chimérique, que T éclair seul est da ngereux
tandis que le toaaerre est inoffensif: elles sont
bouleversées au moindre grondement dans les
deux.
Contre la peur, il n’y a aucun raisonnement
qui tienne; on a vu des savants ayant étudié
toute leur vie en laboratoire les phénomènes
électriques, ne pouvoir se défendue d’un trem
blement de frayeur pendant un orage. Les va
riations électriques de ^atmosphère influent sur
notre organisme, à notre insu, et provoquent
des troubles nerveux dont nous ne sommes pas
maîtres. Gela est si vrai que certaines person
nes nerveuses ressentent des commotions à l’ap
proche d’un orage aussi bien que lorsque le
tonnerre gronde.
Les animaux surtout sont très impressionna
bles par l’électricité atmosphérique : les chais
se hérissent, beaucoup de chiens aboient plain
tivement ou hument l’air avec inquiétude; les
hirondelles ont un vol plus bas, et tous les oi
seaux cherchent un gîte longtemps avant que
les premières gouttes de pluies n’aient fait leur
apparition.
Quelles préoccupations convient-il de prendre
contre la foudre ? On en a préconisé plusieurs,
mais on peut dire que, depuis Franklin, on n’a
rien trouvé d’absolument efficace. Quoi qu’on
en ait dit, le paratonnerre est un protecteur sé
rieux dans un rayon à peu près double de sa
hauteur.
Une statistique faite de 4882 à 4906, en Hol
lande a démontré cette efficacité de la façon
suivante : sur les maisons non protégées, la
foudre gllume une fois sur deux l’incendie ; sur
les m isons protégées, au contraire p'»e fois sur
treize seulement. Ces chiffres ont leur élo
quence.
Afiag-o recommande aux habitants -des mai
sons de demeurer isolés le plus Ma possible
des murs; le mieux serait, pendant un orage, de
se coucher dans un hamac suspendu à des
isolateurs, par exemple des cordons de soie.
Un autre préventif consiste à tendre une-
chaîne métallique de la cheminée à la fenêtre:;]
la foudre, en effet, qui pénètre souvent par les
cheminées parce qu’elles sont le point le pins
élevé de la maison, n’agit'surtout qu’aux extré
mités et suit les courans d’air.
On a songé aussi à utiliser le le pouvoir iso
lant du verre en fabriquant des tabourets en
vere sur lesquels on pourrait s’asseoir en toute
sécurité. Mais on a vu plusieurs épaisseurs de
verre traversées par la foudre; il semble que
le Jiuide se complaise à déconcerter par ses ca
prices; les précautions les mieux prises pour
l’éloigner paraissent, au contraire, quriqne^ois *
l’avoir attiré.
Cependant il serait téméraire d’aller-an de
vant du danger, et il est certaines précautions
élémentaires qu’il ne faut jamais dédaigner.
Ainsi, i faut surtout éviter le voisinage des ob
jets métalliques, déposer les pièces de monnaie
qu’on a sur soi, s’éloigner de la-cheminée et des
murs, ne pas se grouper, supprimer avec soin
les courants d’-aâr.
Aux personnes que n’arrêtraiifc point leur sen
sibilité pour les bêtes, on pourrait recomman
der de s’entourer de chiens. Il est démontré que
ces amis des hommes sont d’excellents paraton
nerres et que la foudre s’attaque toujours à eux
de préférence.
Les bergers ont vu souvent leur chien tué au
milieu de leur troupeau indemne . Une dame
qui, pendant un orage avait pris son petit chien
dans ses bras le vit soudain environné d’un
éclair; la pauvre bête avait été carbonisée par
la foudre, et la dame n’avit rien ressenti. En gé
néral, les animaux sont plus vulnérables que
l’homme.
Les arbres servent souvent de paratonnerre,
à condition que le sol soit humide. C’est pour
cela qu’il est extrêmement oangereux de s’abri
ter sous les arbres. Mieux vaut supporter toute
l’averseen plein champ que de s’exposer à être
foudroyé au pied d’un arbre. Il est de même
des meules de paille ou de foin.
On ’a maintes fois répété que les cloches de
bronze attirent la foudre; cela n’empêche pas,
dans beaucoup de communes, de sonner à toute
volée au plus fortt de l’orage. Les victimes de
ce genre d’exercice ne se comptent plus; dès
que le ciel se couvre, c’est à qui se précipitera
plus vite au clocher, sous le stupide prétexte
d’éloigner l’orage; bien souvent, pour ne pas
dire toujours, cette pratique n’a d’autre résul
tat que d’attirer la foudre.
Mais après tout, les caprices de la foudre sont
tellement étranges que l’on pourrait se deman
der si ceux qui vont au devant d’elle ne sont
pas les pkis sages. On rapporte ce cas qurse se
rait passé à Séville: une jeune fille très peu-
rcase, s’était, pendant l’orage, cachée dans un
placard, taudis que sa mère et son jeune frère-
continuaient à vaquer à leurs occupations, ex
posés à tous les courante d’air. A un moment
donné, un violent coup de tonnerre ébranla la
maison, mais personne n’y prit garde; au re^as
du soir seulement oa s’aperçut de Dabsence de
la jeune fille, on courut au placard où on la
trouva complètement carbonisée. Ses^babête -n’a
vaient aucun mal.
D’autrefois, la foudre s’amuse, ait
à arracher les clous 3çs souliers des voyageurs,
à éparpiller les pièces de monnaie qui se trou
vent dans leur poche, sans toucher à la moin
dre parcelle de leur peau.
A l’un des derniers orages de cette année, la
foudre est tombée sur le clocher de Féglise du
village de Gassin, dans le Yar. Le flrnde a suivi
le cable de fer qui sent à sonner la cloche et
mis celle-ci en .mouvement. Dans un placard de
l’église dont les portes ont été arrachées, toutes
les bougies qui se trouvaient à des candélabres
ont été allumées comme par enchantement; les
bobèches'en verre ont été fondues. La foudre
continuant son chemin a arraché le parquet de
la sacristie et roulé un tapis avec la plus com
plète symétrie. Comment s’étonner qiTautrefois
on attribuât îa foudre à un maléfice du diable?
Il n’y a que la foi qui sauve. Aussi est-il très
recommndé aux persones que le tonnerre ef- f
fraye, de se coucher et de s’enfouir sous les
couvertures jusqu’à ce que l’orage ait cessé.
Dans cette position, elles sont à peu près autant
en sûreté que ces autruches du désert qui, pour
se dissimuler, se cachent la tête sous le sable :
les lits — et ceux qui sont dedans — ne sont
pas davantage épargnés que les autres meubles
de la maison. Mais, n’est-il pas vrai, puisqu’aus-
si bien il n’est pas possible de prévoir, ni de
prévenir ie coup fatal, .mieux vaut encore l’at
tendre dans son lit, surtout si l’on a-la douce
conviction de no j amais l’y recevoir.
C. DES CORDELIERS.
—
Le Midi en Deuil
'Ce qui reste d’une vallée hier prospère.-,;,.
On distribue les premiers secours.
Après la ruine, le pillage. — A
Saint-Cannat, les pertes dé
passeraient vingt-deux.-
\ millions de francs.
ïtegmoixe cpnresponddht particulier 5
\ Saint-Canoat, 45 juin.
Le désastre -est incomparable. J-e no me se-
figuré qu’il put être pareil. C’est en
vaân que je cherche la riante vallée de Beau-
lieu^-qu’il me fut donné de parcourir en d’au
tres circonstances. Les gens que je rencontre
ont l’iaw* de fantômes déambulant parmi des
ruines. La tristesse de tous ces visages est pei
gnante. C’est à peine si on échange, de loin en
loin, quelques paroles.
Les touristes eux-mêmes, et il -en est venu,
îl en arrive à chaque instant, de tous les côtés,
sont saisis par la détresse, la désolation des
habitants, que l’on ne peut 'empêcher de reve
nir voir leurs maisons. Le génie, sur l’ordre du
marre, continue «son jBuvre. Il met le feu à cer
tains immeubles qu’il serait trop long de dé
molir pierre à pierre et sous les décombres
desquels se trouvent des cadavres dJianâmaux
domestiques en décomposition.
La dynamite-est également employée et les
vieux pans de mur, disjoints, s’écroulent, sou
levant de longs nuages de poussière, cependant
que des visages anxieux viennent se pencher
sur les ouverture» béantes produites ainsi, dans
la pénible attente des corps que ces ruines
penv(^it recéler.
Toutes les maisons de Saint-Cannat sont
abattues. Cette nécessité s’impose pour éviter
d’autres malheurs. Les habitants sont abrités
sous des baraquemaits installés par le génie.
Le pain et la viande sont fournis par les bou
langeries et les boucheries d’Aix et de Mar
seille.
Des souscriptions sont ouvertes à l’entrée.
Les visiteurs donnent sans compter. C’est un
élan de magnifique solidarité. Des sociétés pri
vées ont offert , du numéraire, des vivres et des
vêtements. Des personnes charitables se sont
offertes à l’entretien des enfants.
Mais si nombre de gens se prodiguent et ten
dent une main secourable aux malheureux ha
bitants de ce pays en deuil, il en est d’autres
venus à la faveur des ténèbres, descendus des
trains aux gares voisines et qui viennent rôder,
bêtes nuisibles qu’on devrait abattre à coups de
pistolet. Plusieurs vols ont été commis la nuit
dernière. Les gendarmes ont reçu des ordres
sévères et point n’est besoin de se demander
quel serait le châtiment du -misérable, qui se
ferait pincer. On le lyncherait sans pitié.
L’église de Saint-Cannat, monument, histo
rique dont s’enorgueillissaâ l'a population, va
devenir un «monceau de décombres. Ses murail
les lézardées, aux angles disjoints, devenant un,
danger permanent, on a décidé de la détruire’
à Laide de la dynamite. A l’heure où yé.cris,*
éclatent déjà les premières détonations.
A Lambesc, lia situation est la même.
A Rognes, on continue les fouilles. L’aspect
est lamentable. Plus encore qu’à Saint-Cannat :
ou à Lambesc, le visiteur est frappé par 3a
désolation empreinte sur les visages. On a rasé*
toutes les maisons. Entre temps, le corps d'un
nommé Benedetti a été retrouvé, av prix de
ma-Re efforts, par les hommes du lieu — tenant
Sommier. Le dévouement des sauveteurs est
admirable.
Le service des vivres fonctionne régulièrement
Un Rognais, que j’interroge, recourn-aü l’empres-'
semept que tous ont mis à les secourir. C’est un
homme de soixante ans, mais qui en porte qua
tre-vingts. Tandis qu’il me raconte les premiers
événements, connus de vos leceurs , des sol
dats passent près de nous et je dois «me reculer
avec horreur. Ils traînent des cadavres d’ani
maux, chevaux, mulets, bœufs, en complète .dé
composition.
L’homme parle de la prospérité de ces petites
villes, de Inexistence paisible qu’on y menait
hier encore !... des fêtes — quelle ironie ! —
que l’on avait parlé d’organiser à l’été eom- ‘
mençant. Et maintenant, des ruines, rien que-
des ruines ! Quelle ironie encore ! ^ r
L’étymologie de Rognes n’est-elle pas « Rtn-;
nis », château des Ruines ?
Et quand je quitte ce brave homme, qui par-,
îerait encore, qui ne se lasserait pas de pariery
dkns son obscur besoin de raisonner la chose-.;
l'horrible soir d’une belle jouf-née.. la fin d'us-
certaân nombre, je l’entends qui répète, loin;
derrière -moi, dans la pénombre où je le perdre,
<« On ne nous- les rendra pas, bien sûr, arofcre/
pays-.. et nos maisons., alors, tant vaudrait
être morts ! comme çà ce serait la fin ! »
Je m’en' vais à grands pas, etreint par cette
poignante misère et toujours sur mes pas, je»
rencontre des ruines, j’entends les mêmes ré-'
flexions désespérées. 'je itrave^se les mêmes',
groupes, qu’agite maintenant une 'èmotiwi^noii-
wvelte après tant d’émotions.
Le bruit que certaines masures, fort eprpiH
vées au cours des événements, se seiaieafc,
écroulées, entre les villages de Saint-Denis étj
Beaulieu ; tout, de suite, dans ces bouches ha- (
feituées à la lamentation, dans ces esprits su
rexcités, aigris par le «malheur,.un cri est venais:j
« 11 y a des victimes ! »
Et je suis îa foule, je. vais dans cette défec
tion^ me rendre-compte par mot-même. —
UES DBGÆTS
Saint-Gann-at, 15 juSa.
D’après des personnages de la loeaÉîë,' :ie.:
chiffre des dégâts, pour S-a int-Gamîat-.vSfiul,,|B»;
seraitr pas.inférieur à 22 millions.
CONDOLEANCES
Le - gouvernement italien a prié so© éhargg
d’affaires à Paris et l’iambassodeur de France^*;
Rome d’exprimer au gouvernement de la Répu
blique ses très cordiales coinaoléanees à l’oc
casion de la catastrophe du Midi.
Paris, 15 juin.
Le président de la Chambre des députés^a
envoyé au président de la Chambre des dépu
tés italienne, le télégramme suivait.-:
A S• E. monsieur le président de hz Chambré
des députés d’Italie, Rome
Hier soir, au milieu des applaudissenîenès^îma-
nimes et répétés de la Chambre française, j’ai eu
l’honueur de lire la dépêche par laquelle Yetfre
Excellence m’annonce que la Chaird>re italienne';
értrae de la catastrophe qui frappe une de îîOS
régions-'du Midi, s’associe à notre tristesse.
Je vous prie de transmettre à la Charofrre ifca-;
îiemie l’expression de la vive et profonde recon
naissance qu’inspire à la Chambre française cet
te nouvelle preuve d’amitié donnée par votre na-,
tion à' la nôtre. Etant moi-même l’un des élus*
de cette Provence si douloureusement frappée, •
je tiens à cœur de présenter à Votre Excellence
mes remerciements personnels pour voir précieux!
témoignage de sympathie. — Le Président de fa
C-ham&re des députés : Henri Brisson.
POUR LES SINISTRES
Paris, 15 jiriu.
Le présidant de la République a mis à la dis
position du préfet des Bouches-du-Rhône, pour*
être distribuée aux victimes du tremblement-
de terre, -une somme de 20.000 francs.
Les directeurs de l’Opéra se sont mis à lanfis-
position du comité de la presse parisienne, pour,
le cas où l’on adopterait l’idée d’une r-epré-
.sentation qui pourrait avoir lieu 1e 24 juin.
FEUILLETON DU 16 JUIN 1909
102
B O IE& Car X -A-
Par SJjLcfeel ZÉVACCO
PREMIERE BAftTIÉ
LX
GIACOM0Ï y 1 —
' Ha^astens tressaillit et poussa vivement
’ — Vous ne me reconnaissez pas ?... Je
vais vous dire qui je suis, mais pas ici,
‘monsieur le chevalier, ajouta l 7 homme en
Regardant autour de lui avec inquiétude.
11 faut que je vous parle ! Je ne suis venu
! à Rome que pour cela... J’arrive de Mon-
'teforfce, tel que vous me voyez.
— De Monteforte ! s’écria Ragastens,
lavée un comimencement d’espoir vague...
jVenez, venez vite !...
Il rentra à l’auberge du Beau Jmws
îctant l’inconnu franchit la porte en se ca
chant soigneusement le visage. Lorsqu’ils
ifureot installés dans la petite chambre
ilRi bord du Tibre, le petit homme, après
«’être assuré que nul ne les épiait, s’ap-
proch-a de ,Rag*asfcens et murmura à son
toreifie :
G’est moi qui vous apportai ici me-
«ane un sac d'argent... Je suis Giacomo...
— L’intendant de Lucrèce Borgia ! ex-
«iama sourdement.Ragastens.
— Oui, monsieur ! fit Giacomo dont la
physionomie tourmentée prit un air de
jubilation et de satisfaction extraordi
naires. Et je suis bien heureux de vous
avoir rencontré...
Mais Ragastens lui avait saisine bras...
— Où est votre maîtresse ? lui deman-
da-t-il d’une voix tremblante d’émotion.
Parlez !.. Ou, par tous les diables, vous
ne sortirez pas d’ici vivant !„.
Giacomo eut un sourire.
— Iinutisle de menacer, monsieur. Je
suis un ami et je courais après vous pour
vous apprendre ce que vous auriez cher
ché sans doute inutilement.
— Vous ! s’écria Ragastens qui se de
mandait si on ne lui tendait pas un piè
ge. Vous, un serviteur de Luerèee Bor-
gia!
— Je suis son serviteur, c’est vrai ! Ou
plutôt je l’ai été.. Mais pour des motifs
qu’il serait trop long et inutile de vous ex
poser en ce moment, je hais cette femme.
J’ai vécu près d’ele, la haïssant comme j*e
haïssais son odieux frère...
La physionomie du vieillard tétait mo
difiée en parlant ainsi. Elle avait pris
une expression de haine implacable à la
quelle il était impossible de se mépren
dre. Ragastens comprit que cet homme di
sait la vérité.
— Parlez donc, dit-il. Nous pourrons
nous entendre, puisque nous avons les
mêmes haines.
— Monsieur, dit alors Giacomo, j’ai été
à Monteforte^ pour vous trouver. Là, j’ai
su que vous étiez parti et j’ai suppose que
vous iriez à Rome...
— Mais, demanda Ragastens, d’où ve-
.niez-vous ? Pourquoi me cherchiez-vous; ?
— Je venais du camp de César où
j’avais suivi la signera Lucrèce. Et je
vous cherchais pour vous prévenir qu’el
le méditait une terrible vengeance con
tre vous. J’ai surpris entre elle et son frè
re des entretiens qui m’ont fait dresser les
cheveux sur la tête..
La vengeance est accomplie Mit sourde
ment Ragastens.
— Gomment cela ? dit Giacomo étonné.
Maâs Ragastens garda un silence dé
solé.
— Je vous remercie, dit-il enfin ; mais
vou me prévenez un peu tard... D’ailleurs
je savais que Lucrèce Borgia préparait
sa vengeance. Mais vous pouvez du moins
m’aider à réparer le mal qu’elle a fait...
s’il en est encore temps...
■— Je suis tout à votre service Et cela-,
son seulement parce que je vous ai pris
en sympathie dès notre première entre
vue ici meme, mais encore parce que ma
haine contre des Borgia y trouve son
compte...
— Eh bien, fit en hésitant Ragastens,
pouvez-vous me dire où se trouve en ce
m-oment Lucrèce ?
Et il attendit en tremblant, la sueur
au front, la réponse de Giacomo.
— G’est facile, dit simple ment celui-
ci, la signera est à Caprera.
— Vous en êtes sûr !
— Absolument, puisque je dois aller
'l’y rejoindre.
— 3\ T ous irons ensemble ! , .
— Vo*us voulez aller à Caprera !... s’écria
Giacomo.
— C’est-à-dire que dès ce .soir, je me
mets en route !
— -Ah ! monsieur, vous ne savez donc
pas ce que c’est que Caprera !.. Vous ne
savez donc pas -que Lucrèce a entraîné là
tous ceux dont elle voulait se défaire en
secret et quelle n’osait faire poignarder
à Rome !..
Ragastens frémit en songeant à Pri
mevère.
— Mais vous ne savez donc pas, s’écria-
t-il avec un sanglot qu’il ne put étouffer
que Lucrèce Borgia s’est emparée de la
femme que j’aime !.. Et qu’en ce moment
peut-être, l’œuvre de sa hideuse ven
geance...
Ragastens ne put en dire davantage. Il
avait souffert abominablement depuis le
jour où il avait su la disparition de Pri
mevère. Maintenant la réaction se faisait,
effrayante, chez cet homme qui savait
endurer, sans se plaindre, les pires souf
frances.
Ragastens se jeta sur son lit, enfouit
sa tête dans Foreiller et se mit à sanglo
ter comme un enfant. Spadacape entpaîna
Giacomo hors de la chambre.
— LaissoBS-le pleurer, dit-il alors, le
pauvre chevalier en a bien besoin...
Puis Spadacape se mit à interroger l’in
tendant sur les moyens les plus rapides
de se transporter à Caprera et prépara
tout pour le départ, prévoyant que la crise
du chevalier ne serait pas de longue du
rée et qu’il voudrait se mettre en route à
l’instant même. En effet, une demi heure
ne s’etait pas écoulée que Ragastens Rap
pelait et lui disait «de préparer le départ.
— Tout est prêt, monsieur, répondit
•Spadacape.
—: En ce cas, à cheval ! Et en .route
pour Ostie et Caprera I
LXI
LE PORT D’OSTIE
Au moment où Ragastens montaiteà
cheval, Giacomo lui fit ses adieux.
— Tout ce que je pourrais vous dire
pour vous détourner de ce voyage serait
inutile, ajouta-t-il. Je vais de mon côté
me rendre à Caprera pour reprendre mon
service auprès de la signora Lucrèce, car
je n’en ai pas fini avec elle.
— Pourquoi-ne pas faire ^oute-ensem
ble?
— La signera le saurait infailliblement
et cela suffirait peut-être à vous • faire
échouer dans votre projet, quel qu’il soit;
cela suffirait en tout cas pour me faire
assassiner. Allez de votre côté, je vais du
mien. Seulement, voici ce que je voulais
vous dire... Sur la gauche du château, en
longeant le bord de la mer, il y a, à un
quart de lieue environ, quelques cabanes
de pêcheurs. Entrez dans la troisième de
ces cabanes, dites que vous venez de la
part de Giacomo, et vous serez bien reçu.
Partout ailleurs, vous seriez dénoncé.
Ragastens serra vigoureusement la
main du vieillard et partit. De Rome à
Ostie, la distance n’est guère que de quel
ques petites lieues. Ragastens fit rapide
ment le trajet -et arriva en pleine nuit au
port.
Il fallait passer la nuit à Ostie. Rags-
tens cherch des yeux une auberge où il
put s’abriter avec Spadacape. Mais toutes
le.s lumières étaient éteintes, toutes les
.portes fermées.
— Nous atlon-s donc passer la nuèfcà la
belle étoffe ? dit-il en regardant Spadaoa-
pe. Ce ne sera pas d’ailleurs la première
fois...
— Monsieur, dit alors Spadacape, si.
vous voulez me suivre, je me charge de
vous trouver un abri.
— Tu connais donc Ostie ?
— Eh ! monsieur, dans mon ancien
métier, il fallait prévoir un peu tout ce
qui pouvait arriver. Et dans ce tout la pos
sibilité d’une fuite par mer tenait naturel
lement sa place. Nous étions en accoin
tance avec certains mariniers de la cô
te, et je crois que c’est parmi eux que
nous trouverons notre affaire pour le-
voyage de Caprera. Seulement, je vous
préviens que ces gens ne sont pas Reliée,
de la société...
— Qu’importe !... va, je te suis...
Quelques minutes plus tard, Spadaca
pe s’arrêtait devant une maison basse, de
sinistre apparence, dont la porte et les.
fenêtres étaient soigneusement fermées.
Spadacape et Ragastens avaient mis
pied à terre devant la porte. Le premier
siffia d’une façon particulière et, pres
que aussitôt, la porte s’entr’ouvrît, un
homme parut. Il eut un moment d’effare
ment et de soupçon en apercevant deux
cavaliers q-ui avaient tout l’air de gens
de guerre. Mais Spadacape s’approchant
de lui prononça à voix basse quelques
paroles qui san-s doute constituaient un
mot de passe ; car il se rassura aussitôt
et, frappant dans ses mains, appela une
sorte de domestique, qui fit aussitôt s m
apparition.
— Conduis à l’écurie les chevaux êé
ces. seigneur tes, dit-i-L
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