Titre : Le Midi socialiste : quotidien régional
Éditeur : [s.n.] (Toulouse)
Date d'édition : 1909-03-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32815893g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 mars 1909 09 mars 1909
Description : 1909/03/09 (A2,N88). 1909/03/09 (A2,N88).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG31 Collection numérique : BIPFPIG31
Description : Collection numérique : BIPFPIG65 Collection numérique : BIPFPIG65
Description : Collection numérique : Bibliothèque Rosalis... Collection numérique : Bibliothèque Rosalis (Toulouse)
Description : Collection numérique : Presse locale Collection numérique : Presse locale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5343224v
Source : Bibliothèque municipale de Toulouse, P 010
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/01/2020
31S
LE RUDE SOCIALIST
BUREAU a paris
JOURNAL QUOTIDIEN DU PROLETARIAT
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Fîsd«b et Colonie.
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PETITES ANNONCES EN 3 e
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Rédaction*Administration : 38, Rue Roquelaine, Toulouse
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Gard — Hérault — Pyrénées-Orientales — Lozère - Aveyron
Corrèze — Cantal — Lot; — Lot-et-Garonne — Landes — Hautes-Pyrénées —
Aude — Tarn — Gers — Tarn-et-Garonae — Toulouse — Haute-Garonne — Ariège
SOUSCRIPTION
four les Grévistes de Hazamei
Annonces 4° page, la ligne .
Réclames 4 e page, la iigoe.
Troisième page, la ligne,. .
Locale 3* page, la ligne, . .
Deuxième page, la ligne . .
Première page, la ligne . . .
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Qït.m
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5 fr. »
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fl* 11 * - yjiamniM
DIXIEME LISTE
Manelpe, sellier
iJean Deret, secrétaire de la rédaction de
laFoiar des Employés
Collecte faite au groupe socialiste de la
Côte-Pavée : Cazalbou père et fils ifr..
Fournir J.-M., Brustet Rémy, Gaillard
François, Gaillard Jean, Masses Anto-
iiin, ^Snère, ■-Mène Maurice, A bas la
Dépêche, Samiguet Louis, Un socialis
te. Bordes Etienne, chacun o fr. 50 ;
Gaillard Paul, Thoumazel, Vergé Jean,
Un blanquisic, chacun o fr. 25/rotal...
Collecte d’atelier ; Clan et, Franars, cha
cun 1 fr. ; Dérac, Mercadol, Garric fils,
Mme Garric, Garric père, chacun o 50;
: Mme Clanet, Clanet père, Mme Fran-
v çois, Tailiefer P., chacun o fr. ss.TotaL
1 Un radical dégoûté du radicalisme
Mort an patronat. ;
4 radicaux dégoûtés de la municipalité
actuelle
Reçu de Narbonne: Un grope d’agents
et sous-agents des P. T. T. (versé
par Payroîte)
Julien Lucien 5 fr., Maudron 2 fr., Ber
trand,' Calvayrac, Saury, chacun 1 fr.;
. Castan (2e versement), Viala Bernard,
• Peyrotte, Lambert, chacun o fr. 50 ;
• Eenouillet o 30. Total -,
Section Socialiste (S. F. I. O.) de Nar
bonne '.
Collecte faite une réunion du syndicat
des camionneurs de Toulouse.*
Un tonnelier socialiste toulousain....’.,
Rouss, membre groupe CM. P.
Jérdîne, syndicaliste
Ëons Pierre
'Collecte faite au concert organisé par la
Jeunesse socialiste-révolutionnaire de
\ Toulouse
H Pierre Figeac.
.Raymond Grenier.
Ruche .Minimoise, succurssale des Ami-
donniers : Suzanne et Jeanne deux
* ‘sœurs, J. Tarrissan, Thérèse et Mar
guerite, Une enragée, chacune 1 fr. ;
' Psget forgeron, Halter, Un coopéra
teur, Adrienne et. Marie-Jeanne deux
• sœurs, Mon premier acte de solidarité.
Un apprenti sculpteur, Brousse et sa
femme, Àuriacombes mécanicien, cha
cun o f r. 50 ; Deux sous pour ma fem
me, deux sous pour moi, et deux sous
pour chaque gosse, o fr. 60; Marius
Bousquet 0 35, Citoyenne Jeanne, Ci
toyenne Marguerite, Albert Gbudaîma
jeune, chacun o fr. 25 ; Un jeune gar-
o 50
2
5 50
4
I
13
12 30
10
il 75
1
0 50
o 50
1
7
2
0 3a
«Un brave homme ennemi de Clemenceau.
Veuve Paradé.
Un groupe de gais Cottois, chez M.Bolfa.
Un groupe de partisans de Renaudel....
•Les groupes socialistes de Croix-Dau
rade, la Juncasse et les Tro*'s-Cocus..
Collecte faite à Collioure: H. Bès, Per
pignan, Cassg mère, chacun 1 fr,....
X). £ Agen
Reçu de Graulhet (Tarn) : Calvignac
Raymond, VTaulle Daniel, chacun 1 fr. ;
Caragon, Viaule Elie, Viaule Charles,
Thunes Emile, Bellière Emile, Sou
tirai, Galinser Frédéric. Avérous Ca
sais, Peyrita Henri, Mérou Henri, Pic
Henri, Lannes, Bressoîlës Louis, Vi
ager Léon, X. X. X., Anonyme, Rou-
caries Louis, J. Quado., chacun ofr50;
Paget Joseph o 30, Joubert Léon, Ra-
'..'•âaoière Marcellin, chacun o fr. 25; La-
vk Daniel, Télac Louis,Jalabert, Chou-
let Isidore, Julia Eugène, chacun 020...
’Bouisset à Toulouse
Dupont (2e versement).
Gasquet Jacques à la Salade.....
Reçu de Fabrezan, collecte faite à la
- Colle des ouvriers agricoles : Un volant
cole, Taîavigne conseiller municipal 1 f.
Capelet-André, vendeur du Midi Socia-
j Ü&îe, Baptiste Fresquet, Peyrrouty Jo
seph, Camp François, Un volant colle,
Taîavigne prolétaire, Cahuzac Florent,
AîquierLéopoîd président du Syndicat
agricole, chacun o fr. 50; Durand Émi
le, Gertrude père, Gertrude fils, Kle-
feer £$icre, Mahoux François , Creve-
fosse Edmond, Armingaud Achille,
Alric Emile, Tabouriech Albert, Tré-
biîlac Fierre, chacun 0. fr. 25; Mahoux
Marcel, Loupiac Antoine, chacun ohl
SS sraus, menuisier à Montauban........
o 85.
d 50
6 50
30
12 90
1
2
O 50
7 7o
o 50
Total de la 10e liste...
Listes précédentes....
Total à ce jour.
136 55
860 50
997 05
LA POLIIIDDE
Le Logement dans les Grandes Villes
En présence de l’indifférence des
ohefs du Parti radical pour toute réfor
ne, le devoir le plus strict et le plus ur
gent du Parti socialiste unifié est de se
tracer à lui même un programme d’ac
tion immédiate. En inscrivant à l’ordre
du jour de son prochain Congrès la
question agraire, le Parti entend évi
demment rechercher quelles améliora
tions il estpossible d’apporter actuelle
ment à la situation des travailleurs des
champs. Que peut faire le Parti socia
liste pour les salariés des grandes vil
les? Assurément il semble qu’il n’y ait
pas pour eux de questions plus impor
tantes que les questions concernant le
taux des salaires ou la durée de la jour
née du travail. Mais, à cet égard, le Par
ti socialiste ne peut avoir qu’un rôle
d’appoint, le rôle essentiel et original
appartient au syndicat.
Au contraire, quand il s’agit d’assu
rer au travailleur un certain bien-être,
même avec un salaire réduit, la coopé
ration et le Parti entrent en scène et
jopent un rôle capital. ,
La nourriture et le logement sont les
préoccupations essentielles du travail
leur, envisagé non plus comme produc
teur, mais comme consommateur. Pré
cisons encore. Si la coopéra ton, par son
organisation même, est en mesure de
procurer des aliments sains et relative
ment à bon marché, si le Parti peut
agir politiquement pour obtenir la di
minution et même l'abolition des droits
de première nécessité, si donc, en ce qui
concerne la nourriture, il y a une dou
ble action de la coopération et du Parti,
en ce qui concerne le logement, au con
traire, c’est au Parti seul qu’incombe le
séin d’apporter^des-soluïïoiis immédia-
! ~ problèmes angoissants qui se
posent.
.u borne aujourd’hui à indiquer
les remèdes essentiels, avec la pensée
que je dis des choses tout à fait éviden
tes, tout à fait banales, mais avec la
conviction aussi qu’aucune propagande
sérieuse n’a encore été faite au sujet de
la question du logement et que cette
question peut donner lieu à un vif mou
vement d’opinion.
En premier lieu il importe de détruire
les immeubles reconnus officiellement
comme insalubres. A cet égard nous
avons des chiffres précis. Les statisti
ques ne paraissent avoir été faites que
pour une maladie, la tuberculose, et il
est établi que la tuberculose est lo
calisée sur certains points, toujours les
mêmes, en dehors desquels elle ne
cause pas plus de dommage qu’une ma
ladie quelconque.
A Paris, d’après les chiffres fournis
par l’Administration, 5,263 maisons,
abritant une population de 426,576 ha
bitants n’ont pas cessé de fournir un
nombre de décès par tuberculose pul
monaire infiniment supérieure à la
moyenne. La plupart de ces maisons à
peii près privées d’air et de lumière
doivent disparaître. Ce n’est pas une
mesure révolutionnaire.
La loi sur la répression des fraudes
dans la vente des marchandises et des
falsifications des denrées alimentaires
et des produits agricoles, ne se contente
pas de punir d’amende et de prison
ceux qui vendent des denrées, des bois
sons, des produits quelconques falsifiés,
corrompus ou toxiques ; elle ordonne la
confiscation de ces marchandises et elle
ajoute que si les objets sont inutilisa
bles ou nuisibles, ils seront détruits aux
frais du condamné. Je suis beaucoup
plus modéré : je ne demande ni, la pri
son ni l’amende pour ceux qui distri
buent des logements aussi nuisibles à la
santé que le sont lès marchandises cor
rompues ou toxiques, je n’exige même
pas qu’ils détruisent à leurs frais ces
maisons, mais il faut que ces maisons
pourvoyeuses de mort disparaissent.
En second lieu, quelle indemnité
convient-il de payer aux propriétaires
de ces maisons ? M. Ribot disait récem
ment en parlant de pareilles maisons :
« On ne paiera pas la valeur de la mai
son calculée sur les loyers souvent très
élevés que les propriétaires peu scrupu
leux tirent de maisons malsaines, ex
torquent à de malheureux ouvriers,
mais on paiera la maison ce, qu’elle
vaut,c’est-à-dire souvent peu de chose.»
Il suffirait d’ailleurs d’appliquer la mé
thode anglaise en vigueur de l’autre cô
té du détroit depuis près de vingt an
nées. En tenant compte de l’état des im
meubles, cette indemnité serait extrê
mement faible. L’Etat et les communes
ne sauraient raisonnablement d’ailleurs
être tenus au paiement des travaux de
salubrité qui seraient ainsi accomplis et
il suffirait de mettre en applica
tion le célèbre article 30 de la loi du
16 septembre 1807 qui décide que « lors
que par suite de travaux publics géné
raux, départementaux ou communaux,
ordonnés ou approuvés par le gouver
nement, des propriétés auront acquis
une notable augmentation de valeur,
ces propriétés pourront être chargées
de payer une indemnité qui pourra s’é
lever jusqu’à la valeur de la moitié des
avantages qu’elles auront acquis. » La
loi de 1807 est bien douce et elle laisse
même aux propriétaires qui bénéfi
cient de la plus-value la faculté de ne
rieîï pâÿèi* èü abandonnant les terrains
ou bâtiments dont la plus-value donne
lieu à une indemnité. Nous serions tout
disposés à accepter cette combinaison.
Enfin et en troisième lieu, dans l’in
térieur de Paris et sur les terrains deve
nus libres, la Ville construirait (ce qui
ne lui est pas interdit expressément par
aucune loi, contrairement à une opi
nion généralement répandue) des mai
sons saines et confortables. La munici
palité ne chercherait pas à réaliser des
bénéfices, elle ne chercherait qu’à cou
vrir ses dépenses par le montant des
loyers. A cet égard les indications les
plus précieuses et les plus nettes nous
viennent de l’étranger et notamment de
l’Angleterre. Il est certain qu’avec une
dépense de deux cents millions, la ville
de Paris pourrait fournir des logements
salubres *et peu coûteux à cent mille
personnes. Si l’on considère les ressour
ces de la ville de Paris et surtout le ré
sultat à atteindre, une pareille dépense
est véritablement insignifiante ; elle se
rait ouverte en tout cas facilement par
un emprunt
De pareilles constructions ne bénéfi
cieraient pas seulement à ceux pour qui
elles sont immédiatement destinées, el
les assureraient la baisse des loyers par
l’effet de la loi économique la plus élé
mentaire.
La réforme est simple et pour la faire
aboutir nous aurons le concours de tou
te la population. Le Parti engagera-t-il
la propagande nécessaire ?
GOÜBCHAÜX-BRÜNSGHVÏCG.
LES OPINIONS
Le St&tat des Fonctionnaires
<£& 2 î
plus heureux des grands de la terre, car il ignore
le sort qui le menace, il n'a pas entendu sa douce
fiancée, la vierge angélique, répondre à sa cousine
de la tribu de Jacob, fiancée elle aussi et qui lui
parlait du futur époux: « Oh! le mari dans le ma
riage, ce n'est rien.. f la grande chose, c'est l'a -
mont ! a
Du Rappel :
A Iîl éfélégaRon des gauches lui deman
dant de hâter le dépôt de statut des fonc
tionnaires M. Clemenceau répondit., que
la question était complexe., qu’il était dif
ficile de faire un statut unique^, qu’il ver
rait...
Le Comité d’études des associations
professionnelles des fonctionnaires, pré
sidé par M. Demartial, chef de bureau
d’un de nos min's tores, a, en présence de
cette opposition, adopté une résolution
dont nous extrayons îe passage suivant:i
« L’objection se comprendrait s’il s’a
gissait de demander au Parlement de ré
gler en détail rorganisatkm respective
des différentes catégories de fonctionnai
res . Mais il n’en est rien. Ce qu’on lui
demande, c’est seulement de déterminer
les conditions fondamentales auxquelles
dans une démocratie républicaine, peut
s’acquérir et se perdre le droit d’occuper
une fonction publique, c’est d’une part
des garanties contre le trafic des places,
c’est d’autre part l’institution de voies de
droit en matière disciplinaire : un acte
de propreté et un acte de justice.
« Dès le règne de Louis-Philippe, des
hommes qui s’appelaient Tocqueville,
Dufaure, Laboulaye et bien d’autres, ont
réclamé une loi analogue dans des écrits
et des discoure admirables : La Consti
tution de 1848 avait formellement prescrit
que cette loi fût faite. En Allemagne, en
Angleterre, les divers fonctionnaires sont
soumis à un ensemble die lois ou de rè
glements communs ; le Parlement ita
lien a voté une loi sur le statut ( stato ) des
fonctionnaires civils.
« Une loi sur le statut des fonction
naires n’a donc rien d’utopique. Et si on
songe que les fonctions publiques coû
tent en traitements et -en pensions, pas
loin d’un milliard, on reconnaîtra que la
question n’intéresse pas seulement les
fonctionnaires, mais aussi les contribua
bles qui ont le droit de savoir comment
ces fonctions sont pourvues. »
Sans doute les fonctionnaires ont raison
de s’impatienter et de rappeler à M. Cle
menceau qu’il avait promis dans sa dé
claration ministérielle le dépôt du statut
qu’il refuse aujourd’hui.
Mais ü avait fait bien d’autres promes
ses, M. Clemenceau !
Il avait promis, par exemple, l’abroga
tion de la loi Falloux ; il avait promis
airsis la révision des mines ; il avait pro
mis encore la suppression dés conseils de
guerre... Il avait promis... çlix-æpt gran
des réformes dont aucune n’est en voie
d’exéeutiosn, sauf celle qui sera due à l’in
lassable énergie démocratique de M.
Gaillaux.
Que les fonctionnaires en prennent
donc leur parti : La Maison Clemenceau
vend des promesses mais n’en tient pas.
(. Editorial ).
A BIARRITZ
Biarritz, 8 mars.
Après avoir séjourné quelque temps à Pa
ris et déjeûné chez notre « roi fainéant »,
te «roi d’Angleéesre Edouard VII est arrivé
ECHOS
L’ART DE TUER.
Ün ingénieur américain vient, parait-il, d'inven
ter un moyen de supprimer la détonation dans le
fusil de guerre. Dorénavant, l'on se tuera sans
s’entendre. Déjà, avec la ftpudro sans fumée, l'on
se tuait sans se voir. Mais depuis toujours Fon se
•tue sans savoir pourquoi.
^ *V
MONDE ET DEMI-MONDE.
Elle était la plus belle, la'plus exquise des fûtes
de la tribu de Lévi. Aussi le plus beau et le plus
riche des jeunes hommes de sa race la voulut-il
pour femme. Ei aujourd'hui sans doute il est le
EDOUARD VII
cette nuit dans notre ville. H était «parti de
Ha capitule hier matin, à dix h. 40 par train
spécial.
Bien entendu, personne n’était à la gare.
On connaît, du reste, ici sa physionomie,
puisqu’il a l’habitude, tous tes ans, de venir
passer quelques jours sur notre plage.
Cotte année encore, il restera notre hôte
pendant quelque temps.
-O*®**#™
£?v\a\xen&tt&e$
On a parfois des scrupules inexplicables.
Ainsi, je me suis tâté longuement avant de
me risquer à parler de la Confédération du
Travail.
Non que la C. G. T. m’en impose en quoi
que se soit.La nature m’a gratifié d’une âme
sereine que ne par viennent pas à émouvoir
les choses les plus impressionnantes.
Mais je trouve qu’on est terriblement docu
menté autour de moi.
Ainsi, des camarades subtils mus offrent
l’analvse de la psychologie révolutionnaire de
Griffueles. D’autres, par des méthodes quasi-
scienvifiques, procèdent au dosage du réformis
me de Nieî.
Avec une patience de Bénédictins, tous re
cueillent les propos de l’Ex et du Nouveau
pour les monter en épingles afin de s'égrati
gner mutuellement l’épiderme.
fout ceià est bien fait pour m’induire en
modestie. Je n’ai jamais rencontré Griffuelhes,
et je le regrette; Niel ne s’est jamais trouvé
sur mon chemin : je le aeplore — pour moi,
bien entendu.
Mais vous venez de la planète Mars, me
dira-t-on ?
Non, pas de si loin. Et la preuve c’est que
la physionomie de Griffuelhes m’est familière.
Sa photo s’est égarée dans les illustrés où j’ai
pu la détailler à mon aise. C’est ainsi, d’ailleurs,
que les oiliçiers de Corbeil avaient fait la con
naissance du secrétaire de la G. G. T. et qu’ils
ont pu croire, un moment, l’avoir vu parmi
les .manifestants de Draveil.
Comme quoi il peut être dangereux de lais
ser traîner sa tête sur les tables de rédaction.
La leçon n’a d’ailleurs pas servi, car Niel a
livré deux clichés, le malheureux ! Deux co
chés différents qui correspondent à deux épo
ques de sa vie. Les camarades enclins à la
rosserie prétendent qu’on peut choisir entre le
cliché révolutionnaire... et l’autre. Quand je üéb
qu’il y a danger à passer par les épreuve»
de Georges Petit !
C’est la rançon du succès et de la- eélebrô&
Et de fait, on ne peut pas dire qu’on ait test*
la conspiration du silence autour des évène
ments qui se sont déroulés a la Maison df»
Fédérations.
La démisison de Casimir Périer, jadis, n’é^
branla pas l’opinion comme viennent de. sa
secouer le départ de Griffuelhes et l’ëlecfloa
de Niel. C’est tout à l’honneur de l’esprit
public.
Les commentaires de9 journaux sont diver
tissants. Les organes radicalo-bourgeois fei
gnent de considérer Pélection de Niel commtf
une preuve de l’orientation de la C. G. T. ver*
les pratiques réformistes, et ils attribuent na
turellement à l’action gouvernementale ce i
sultat inespéré.
Les syndicalistes révolutionnaires ne sont pas!
éloignés de partager ceue opinion. Et voilà dm
coup Clemenceau consolidé par ses adver-;
*saires les plus déterminés. Il faut bien qu’â;
soit consolidé par quelqu’un, me direz-vou^
Ses amis ? Ne parlons pas des absents. L est-
organes conservateurs parce qu’ils n’ont pas*
intérêt à rassurer leurs troupes, prétendent;
qu’il n’y a rien de change sous la calotte
deux.
Pour des raisons différentes, je suis de î’avü
des conservateurs.
Une hirondelle ne fait pas ie > printemps. Ua
homme ne déchaîne pas la Piêvolution; il no,
l’arrête pas non plus quand elle est en marche.
Griffuelhe ou Niel, Niel ou Nicolet, peu importe.;
La Confédération sera ce que la classe ouvrier»^
organisée voudra qu’elle soit. L’important c’es$ J
que la classe ouvrière veuille quelque chose
et qu’on lui fournisse les moyens de le fais»|
connaître.
Je suppose qu’on ne va pas l’hynoptiser long* ;
temps avec les potins de la rue Grange-au»
Belles.
Mais Niel n’a été élu qu’à une voix î 06
n’est pas beaucoup, mais c’est tout de même
quelque chose. Niel s’en aceomode, e’est soem
affaire. Le sage se contente de peu. Niel est
un sage. La République aussi n’eut qu’une voix]
de majorité et les républicains d’alors ne firent
pas les dégoûtés.
Songeons à grossir nos effectifs. Quoi gu’on*
en dise il faut être le nombre pour vaincre.
Seulement je me permets de faire abserve®
qiron fréquente sans enthousiasme les maiaoWfi^
où le torchon brûle.
Eteignons le torchon 1 - ’
SCÂRMOUCHE.
1 .
No»s télégrammes d’hier dirent des inoîd-eatift
tumultueux qui aeco-mpagnèrept T inaugura**'
tion du monument Floqu-et. Les journaux
gouvernementaux ont tu prudemment Forage*,
et cependant l’expto-sion de eo-lère de lia po
pulation parisienne montrèrent à Clemen
ceau inquiet tout 'le dégoût qu’il inspire £2
tous.
Maintenant la statue de Floquet se dresse
calme dans da ville de Paris, qui reçut Ha
marbre par T intermédiaire de M. Chérioux*
président du Conseil municipal. Elle rappel
lera longtemps aux social'stes et à tous 1^8
républicains, la manifestation d’hier . "
M. CHERIOUX
FEUILLETON DU 9 MARS 1909 7
BOR,G-I-A.
Par MicHel ZÉYACCO
PREMIERE PARTIE
II
. Aîôrs on vit une chose monstrueuse.
César Borgia se baissa, saisit son frère
s par les pieds et, traînant ainsi le corps
dont la tête livide s’ensanglantait sur les
•dalles, il l’emporta en hurlant :
— De l’eau, pour mon frère François !
,De Peau pour l’amant de Lucrèce!...
Toute l’eau du Tibre pour le duc de Gan-
die !...
César parcourut ainsi une enfilade de
pièces et parvint enfin à une dernière
r rte. Il l’ouvrit lui-même.. Le Tibre était
qui coulait dans la nuit, parmi des om
bres ei des plaintes. César souleva le corps
•et, d’une poussée violente, le lança dans le
'fleuve.
Les témoins de cette scène s’étaient en
fuis, blêmes d’horreur et d’effroi... Alors
Lucrèce Borgia s’était élancée vers la por
tière de brocard, l’avait soulevée et avait
pénétré dans une sorfe de cabinet à peine
jclairé.
Là, un vieillard aux traits rudes et em
preints d'une indéfinissable malice était
dans une sorte de fauteuil.
Ce vieillard avait tout entendu, tout
vu !..
Et citait le père de François, duc de
Gandie, le père de César, duc de Valenti-
nois, le père de Lucrèce, duchesse de Bi-
saglia, c’était Rodrigue Borgia... C’était le
pape Alexandre VI... *
— Etes-vous content, mon père ? de
manda Lucrèce.
— Per bacco, ma fille, tu as été un peu
loin... Ce pauvre François !.. Ce que c’est
que nous, tout de même ! Enfin ! je dirai
moi-même une messe pour le repos de
son âme !... C’est dommage, peccalo !...
C’était un bon diable, ce François... mais...
ma’l s le duc de Gandie gênait mes pro
jets... Allons, adieu, ma fille... je $e donne
la bénédiction pontificale, afin que ce nou
veau péché te soit entièrement remis...
Lucrèce s’inclina sans rire, presque age
nouillée. Le pape se leva, étendit la dex-
tre.
Lorsque Lucrèce Borgia se releva, son
père avait disparu.
V
LES CAPRICES DE LUCRECE
Lucrèce Borgia rentra dans la salle du
festin et s’aperçut qu’elle était vide.
— Les lâches, murmura-t-elle ils ont
fui., l’ivresse de l’épouvante a remplacé
dans leurs veines Tivresse de la volupté...
Ah ! il n’y a pas d’hommes !... Mon père
en fut un... mais c’est un vieillard... Pour
quoi la nature m’a-t-el)e donné ce sexe,
h moi !.. à moi qui me sens d’appétit à
dévorer un monde...
Elle s’était, renversée sur une pile de
coussins. Elle se retira, bâilla, et conti
nua':
•— Je m’ennuie... l’ennui me dévore...
Eln vain je crée, j’invente tous les jours
de nouveaux plaisirs ;en vain, j’éblouis
Rome par le faste de mes fêtes.... Je sens
mon cœur vide... et lentement l’ennui
ronge mon esprit, comme la mer monoto
ne ronge les rochers de Caprera, au pied
de mon château.
Une ombre se dressa près d’elle tout
à coup. Elle tourna négligemment la tête.
— C’est vous, mon frère ? dit-elle en
tendant la main à César.
C’éait en effet César Borgia.
Il venait de rentrer, et qui l’eût vu en ce
moment n’eût, jamais pu supposer que cet
homme venait d’assassiner son frère.
Il montrait un visage enjoué à sa sœur
qui, de son côté, le regardait en souriant.
C’éait quelque chose d’effroyable que le
double sourire de ce couple ^monstrueux.
— Méchant ! fit Lucrèce, pourquoi avez-
vous fait du mal à ce pauvre François ?...
Vous étiez donc jaloux ?...
— Ma foi, oui, Lucrèce.. .11 me déplaît
que*devant mes* amis en quelque lieu que
ce soit, en quelque circonstance qui se
présente, je ne sois pas le premier... A
part cela, je ne suis l’imhécile que tu sup
poses en me prenant pour un vuglpire
jaloux... Que m’importe que tu sois à d’au
tres, pourvu que les splendeurs de ton
corps appartiennent à moi seul dès que je
parais !..
Lucrèce hocha la tête et demeura pen
sive.
-7 Au fait, reprit-elle soudain, mais tu
hérites, mon César... Cette mortt’enrichit,
toi déjà si riche., et F« accident » te fait
duc de Gandie...
— C’est vrai, petite sœur... mais tu au
ras ta part. Je te réserve un million de
ducats d’or sur ht succession
tente
es-iu con-
— Mais oui, répondit Lucrèce avec un
bâillement. J’avais justement envie de bâ
tir un temple... tes ducats serviront à cette
fantaisie. «
— Un temple ! s’écria César étonné.
— Oui... un temple à Vénus... à Vénus
Obscène... Je veux rétablir son cuite dans
Rome.... Je veux que le temple s’élève en
tre Saint-Pierre et le Vatican... Comprends
tu, frère... un temple à Vénus près de
Saint-Pierre ! Et tandis que notre père di
ra sa mes^, au prochain jour de Pâques,
en son temple chrétien, je veux, moi. dire
la mienne en mon église païenne, et nous
verrons qui des deux aura le plus de fidè
les.
— Lucrèce, s’écria César, tu es vraiment
une femme admirable. Ton idée est su
blime.
— Moins que ton idée de t'emparer de
l’itaile et d’en faire un seiil royaume dont
tu serais kr roi, le maître absolu, mon
César...
-- A nous deux, Lucrèce, lorsque j’au
rai réalisé mon plan, à nous deux, nous
dominerons le monde et nous le trans
formerons...
A ce moment, un bruit de clameurs s’é
leva près d'eux. Ils prêtèrent J’oréiJle. Le
bruit venait des appartements du palais.
— Qu’est ceci ? fit César.
— Nous allons voir !..
Lucrèce jeta un manteau de soie sur
ses marmoréennes épaules et, précédée
de César, s’élança dans le vestibule aux
statues, puis ouvrit la porte de bronze.
Le frère et la sœur s’arrêtèrent sur le
seuil.
Les deux Nubiens; immobile set muets,
étaient toujours à leur poste, le yatagan
nu à leur main. Mais, au fond de ta salle.
un étrange spectacle s’offrit à leurs re
gards.
Une trentaine de domestiques hurlant,
vociférant, tourbillonnant, se bousculant
se culbutant entouraient ou essayaient
d’entourer un homme, un étranger qui te
nait tête à toute la meute enragée.
— Quel est l’insolent ?.. s’écria Lucrèce.
Elle allait s’élancer. César la saisit par
le poignet et la retint.
— Ëh ! s’écria-t-il, c’est mon petit Fran
çais.... Je lui avais donné rendez-vous ici,
à minuit... Par le diable ! Quel gaillard !
Quels coups ! Pan à droite ! Pan ! à gau
che ! Bon ! Bon ! en voici deux à terre...
Bon ! en voici deux autres qui crachent
leurs dénis ! Hardi ! Hardi ! Tue ! Pille !
Taïaut Taïaut !...
César, enthousiasmé, battait des mains
frénétiquement !
L’homme qui s’escrimait contre la meu
te des valets, à la. grande admiration de
César et à la grande satisfaction de Lu
crèce. était, en effet, le chevalier de Ra-
gastens.
Comme minuit sonnait, il s’était élancé
de l'auberge du « Beau Janus ».
— Oh ! l’abominable vision ! songeait-
il tout en courant. Cet homme dans le Ti
bre !... Ce malheureux qu’on vient d’assas
siner... oh ! ces deux mains crispées sur
la dalle... ce corps qui disparaît dans les
eaux noires... Et ces paroles mystérieuses
On veut enlever Primevère !... Et celui
qui veut l’enlever, «c’est précisément l’as
sassin ! Mais qui est cet assassin ?... Où
le trouver ?... Gomment prévenir le comte
Alma ?.. Il faut que je raconte ces étran
ges événements à Pillustre capitaine qiii
m’attend.. Lui seul, à Romq, est assez
puissant pour démêler la vérité, et pré
venir peut-être de nouveaux meurtres L.’
En monologuant ainsi le chevalier at
teignit rapidement le palais de Lucrèce.
Il voulut s’élancer sous la colonnade que
nous avons décrite. Mais les deux gardes
équestres se jetèrent au-devant de lui.
— Au large ■! ordonnèrent-ils.
— Eh! l’ami, fit Ragastens, doucement
que diable ! On m’attend en ce palais.-
—- Au large ! répondit le garde du fond
de ses formidables moustaches noires.
— Vous êtes bien entêté, mon cher 4—
Je vous dis que je suis attendu... par mon*
seigneur César Borgia, s’il vous plaît
Place donc !,..
Non seulement le cavalier n’obéit
à cette injonction, mais encore une dou
zaine de valets, attirés par le bruit, ae-’
coururent et se ruèrent sur le cheyàlle^-
— Oh ! oh ! s’écria Ragastens, il pàraï£
que la valetaille est enragée en ‘ce be-Wî
pays... Morbleu !.. Est-ce qu’ils oseraient
porter la main sur moi ! Arrière, valets!-
Arrière !...
De fait, l’air du chevalier devint si
rible que les domestiques reculèrent^ ef*-
farés. Mais îe garde, lui, fonça sur le je»-
ne homme. _ }
Ragastens comprit que^ sa victoire SC**
rait de courte durée et qu’il allait être eer*.
né, malmené s’il ne faisait pas un exera*
pie salutaire.
En moins de temps qtnl ne faut po fît'
l’écrire, il s’élança sur la garde ei se sua*
pendit à sa jambe, cherchant par de vi*»*
lentes secousses, à lui faire^perdre ïéjgfr
libre.
£2 taà9*e$?
LE RUDE SOCIALIST
BUREAU a paris
JOURNAL QUOTIDIEN DU PROLETARIAT
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Rédaction*Administration : 38, Rue Roquelaine, Toulouse
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Gard — Hérault — Pyrénées-Orientales — Lozère - Aveyron
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four les Grévistes de Hazamei
Annonces 4° page, la ligne .
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Troisième page, la ligne,. .
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fl* 11 * - yjiamniM
DIXIEME LISTE
Manelpe, sellier
iJean Deret, secrétaire de la rédaction de
laFoiar des Employés
Collecte faite au groupe socialiste de la
Côte-Pavée : Cazalbou père et fils ifr..
Fournir J.-M., Brustet Rémy, Gaillard
François, Gaillard Jean, Masses Anto-
iiin, ^Snère, ■-Mène Maurice, A bas la
Dépêche, Samiguet Louis, Un socialis
te. Bordes Etienne, chacun o fr. 50 ;
Gaillard Paul, Thoumazel, Vergé Jean,
Un blanquisic, chacun o fr. 25/rotal...
Collecte d’atelier ; Clan et, Franars, cha
cun 1 fr. ; Dérac, Mercadol, Garric fils,
Mme Garric, Garric père, chacun o 50;
: Mme Clanet, Clanet père, Mme Fran-
v çois, Tailiefer P., chacun o fr. ss.TotaL
1 Un radical dégoûté du radicalisme
Mort an patronat. ;
4 radicaux dégoûtés de la municipalité
actuelle
Reçu de Narbonne: Un grope d’agents
et sous-agents des P. T. T. (versé
par Payroîte)
Julien Lucien 5 fr., Maudron 2 fr., Ber
trand,' Calvayrac, Saury, chacun 1 fr.;
. Castan (2e versement), Viala Bernard,
• Peyrotte, Lambert, chacun o fr. 50 ;
• Eenouillet o 30. Total -,
Section Socialiste (S. F. I. O.) de Nar
bonne '.
Collecte faite une réunion du syndicat
des camionneurs de Toulouse.*
Un tonnelier socialiste toulousain....’.,
Rouss, membre groupe CM. P.
Jérdîne, syndicaliste
Ëons Pierre
'Collecte faite au concert organisé par la
Jeunesse socialiste-révolutionnaire de
\ Toulouse
H Pierre Figeac.
.Raymond Grenier.
Ruche .Minimoise, succurssale des Ami-
donniers : Suzanne et Jeanne deux
* ‘sœurs, J. Tarrissan, Thérèse et Mar
guerite, Une enragée, chacune 1 fr. ;
' Psget forgeron, Halter, Un coopéra
teur, Adrienne et. Marie-Jeanne deux
• sœurs, Mon premier acte de solidarité.
Un apprenti sculpteur, Brousse et sa
femme, Àuriacombes mécanicien, cha
cun o f r. 50 ; Deux sous pour ma fem
me, deux sous pour moi, et deux sous
pour chaque gosse, o fr. 60; Marius
Bousquet 0 35, Citoyenne Jeanne, Ci
toyenne Marguerite, Albert Gbudaîma
jeune, chacun o fr. 25 ; Un jeune gar-
o 50
2
5 50
4
I
13
12 30
10
il 75
1
0 50
o 50
1
7
2
0 3a
«Un brave homme ennemi de Clemenceau.
Veuve Paradé.
Un groupe de gais Cottois, chez M.Bolfa.
Un groupe de partisans de Renaudel....
•Les groupes socialistes de Croix-Dau
rade, la Juncasse et les Tro*'s-Cocus..
Collecte faite à Collioure: H. Bès, Per
pignan, Cassg mère, chacun 1 fr,....
X). £ Agen
Reçu de Graulhet (Tarn) : Calvignac
Raymond, VTaulle Daniel, chacun 1 fr. ;
Caragon, Viaule Elie, Viaule Charles,
Thunes Emile, Bellière Emile, Sou
tirai, Galinser Frédéric. Avérous Ca
sais, Peyrita Henri, Mérou Henri, Pic
Henri, Lannes, Bressoîlës Louis, Vi
ager Léon, X. X. X., Anonyme, Rou-
caries Louis, J. Quado., chacun ofr50;
Paget Joseph o 30, Joubert Léon, Ra-
'..'•âaoière Marcellin, chacun o fr. 25; La-
vk Daniel, Télac Louis,Jalabert, Chou-
let Isidore, Julia Eugène, chacun 020...
’Bouisset à Toulouse
Dupont (2e versement).
Gasquet Jacques à la Salade.....
Reçu de Fabrezan, collecte faite à la
- Colle des ouvriers agricoles : Un volant
cole, Taîavigne conseiller municipal 1 f.
Capelet-André, vendeur du Midi Socia-
j Ü&îe, Baptiste Fresquet, Peyrrouty Jo
seph, Camp François, Un volant colle,
Taîavigne prolétaire, Cahuzac Florent,
AîquierLéopoîd président du Syndicat
agricole, chacun o fr. 50; Durand Émi
le, Gertrude père, Gertrude fils, Kle-
feer £$icre, Mahoux François , Creve-
fosse Edmond, Armingaud Achille,
Alric Emile, Tabouriech Albert, Tré-
biîlac Fierre, chacun 0. fr. 25; Mahoux
Marcel, Loupiac Antoine, chacun ohl
SS sraus, menuisier à Montauban........
o 85.
d 50
6 50
30
12 90
1
2
O 50
7 7o
o 50
Total de la 10e liste...
Listes précédentes....
Total à ce jour.
136 55
860 50
997 05
LA POLIIIDDE
Le Logement dans les Grandes Villes
En présence de l’indifférence des
ohefs du Parti radical pour toute réfor
ne, le devoir le plus strict et le plus ur
gent du Parti socialiste unifié est de se
tracer à lui même un programme d’ac
tion immédiate. En inscrivant à l’ordre
du jour de son prochain Congrès la
question agraire, le Parti entend évi
demment rechercher quelles améliora
tions il estpossible d’apporter actuelle
ment à la situation des travailleurs des
champs. Que peut faire le Parti socia
liste pour les salariés des grandes vil
les? Assurément il semble qu’il n’y ait
pas pour eux de questions plus impor
tantes que les questions concernant le
taux des salaires ou la durée de la jour
née du travail. Mais, à cet égard, le Par
ti socialiste ne peut avoir qu’un rôle
d’appoint, le rôle essentiel et original
appartient au syndicat.
Au contraire, quand il s’agit d’assu
rer au travailleur un certain bien-être,
même avec un salaire réduit, la coopé
ration et le Parti entrent en scène et
jopent un rôle capital. ,
La nourriture et le logement sont les
préoccupations essentielles du travail
leur, envisagé non plus comme produc
teur, mais comme consommateur. Pré
cisons encore. Si la coopéra ton, par son
organisation même, est en mesure de
procurer des aliments sains et relative
ment à bon marché, si le Parti peut
agir politiquement pour obtenir la di
minution et même l'abolition des droits
de première nécessité, si donc, en ce qui
concerne la nourriture, il y a une dou
ble action de la coopération et du Parti,
en ce qui concerne le logement, au con
traire, c’est au Parti seul qu’incombe le
séin d’apporter^des-soluïïoiis immédia-
! ~ problèmes angoissants qui se
posent.
.u borne aujourd’hui à indiquer
les remèdes essentiels, avec la pensée
que je dis des choses tout à fait éviden
tes, tout à fait banales, mais avec la
conviction aussi qu’aucune propagande
sérieuse n’a encore été faite au sujet de
la question du logement et que cette
question peut donner lieu à un vif mou
vement d’opinion.
En premier lieu il importe de détruire
les immeubles reconnus officiellement
comme insalubres. A cet égard nous
avons des chiffres précis. Les statisti
ques ne paraissent avoir été faites que
pour une maladie, la tuberculose, et il
est établi que la tuberculose est lo
calisée sur certains points, toujours les
mêmes, en dehors desquels elle ne
cause pas plus de dommage qu’une ma
ladie quelconque.
A Paris, d’après les chiffres fournis
par l’Administration, 5,263 maisons,
abritant une population de 426,576 ha
bitants n’ont pas cessé de fournir un
nombre de décès par tuberculose pul
monaire infiniment supérieure à la
moyenne. La plupart de ces maisons à
peii près privées d’air et de lumière
doivent disparaître. Ce n’est pas une
mesure révolutionnaire.
La loi sur la répression des fraudes
dans la vente des marchandises et des
falsifications des denrées alimentaires
et des produits agricoles, ne se contente
pas de punir d’amende et de prison
ceux qui vendent des denrées, des bois
sons, des produits quelconques falsifiés,
corrompus ou toxiques ; elle ordonne la
confiscation de ces marchandises et elle
ajoute que si les objets sont inutilisa
bles ou nuisibles, ils seront détruits aux
frais du condamné. Je suis beaucoup
plus modéré : je ne demande ni, la pri
son ni l’amende pour ceux qui distri
buent des logements aussi nuisibles à la
santé que le sont lès marchandises cor
rompues ou toxiques, je n’exige même
pas qu’ils détruisent à leurs frais ces
maisons, mais il faut que ces maisons
pourvoyeuses de mort disparaissent.
En second lieu, quelle indemnité
convient-il de payer aux propriétaires
de ces maisons ? M. Ribot disait récem
ment en parlant de pareilles maisons :
« On ne paiera pas la valeur de la mai
son calculée sur les loyers souvent très
élevés que les propriétaires peu scrupu
leux tirent de maisons malsaines, ex
torquent à de malheureux ouvriers,
mais on paiera la maison ce, qu’elle
vaut,c’est-à-dire souvent peu de chose.»
Il suffirait d’ailleurs d’appliquer la mé
thode anglaise en vigueur de l’autre cô
té du détroit depuis près de vingt an
nées. En tenant compte de l’état des im
meubles, cette indemnité serait extrê
mement faible. L’Etat et les communes
ne sauraient raisonnablement d’ailleurs
être tenus au paiement des travaux de
salubrité qui seraient ainsi accomplis et
il suffirait de mettre en applica
tion le célèbre article 30 de la loi du
16 septembre 1807 qui décide que « lors
que par suite de travaux publics géné
raux, départementaux ou communaux,
ordonnés ou approuvés par le gouver
nement, des propriétés auront acquis
une notable augmentation de valeur,
ces propriétés pourront être chargées
de payer une indemnité qui pourra s’é
lever jusqu’à la valeur de la moitié des
avantages qu’elles auront acquis. » La
loi de 1807 est bien douce et elle laisse
même aux propriétaires qui bénéfi
cient de la plus-value la faculté de ne
rieîï pâÿèi* èü abandonnant les terrains
ou bâtiments dont la plus-value donne
lieu à une indemnité. Nous serions tout
disposés à accepter cette combinaison.
Enfin et en troisième lieu, dans l’in
térieur de Paris et sur les terrains deve
nus libres, la Ville construirait (ce qui
ne lui est pas interdit expressément par
aucune loi, contrairement à une opi
nion généralement répandue) des mai
sons saines et confortables. La munici
palité ne chercherait pas à réaliser des
bénéfices, elle ne chercherait qu’à cou
vrir ses dépenses par le montant des
loyers. A cet égard les indications les
plus précieuses et les plus nettes nous
viennent de l’étranger et notamment de
l’Angleterre. Il est certain qu’avec une
dépense de deux cents millions, la ville
de Paris pourrait fournir des logements
salubres *et peu coûteux à cent mille
personnes. Si l’on considère les ressour
ces de la ville de Paris et surtout le ré
sultat à atteindre, une pareille dépense
est véritablement insignifiante ; elle se
rait ouverte en tout cas facilement par
un emprunt
De pareilles constructions ne bénéfi
cieraient pas seulement à ceux pour qui
elles sont immédiatement destinées, el
les assureraient la baisse des loyers par
l’effet de la loi économique la plus élé
mentaire.
La réforme est simple et pour la faire
aboutir nous aurons le concours de tou
te la population. Le Parti engagera-t-il
la propagande nécessaire ?
GOÜBCHAÜX-BRÜNSGHVÏCG.
LES OPINIONS
Le St&tat des Fonctionnaires
<£& 2 î
plus heureux des grands de la terre, car il ignore
le sort qui le menace, il n'a pas entendu sa douce
fiancée, la vierge angélique, répondre à sa cousine
de la tribu de Jacob, fiancée elle aussi et qui lui
parlait du futur époux: « Oh! le mari dans le ma
riage, ce n'est rien.. f la grande chose, c'est l'a -
mont ! a
Du Rappel :
A Iîl éfélégaRon des gauches lui deman
dant de hâter le dépôt de statut des fonc
tionnaires M. Clemenceau répondit., que
la question était complexe., qu’il était dif
ficile de faire un statut unique^, qu’il ver
rait...
Le Comité d’études des associations
professionnelles des fonctionnaires, pré
sidé par M. Demartial, chef de bureau
d’un de nos min's tores, a, en présence de
cette opposition, adopté une résolution
dont nous extrayons îe passage suivant:i
« L’objection se comprendrait s’il s’a
gissait de demander au Parlement de ré
gler en détail rorganisatkm respective
des différentes catégories de fonctionnai
res . Mais il n’en est rien. Ce qu’on lui
demande, c’est seulement de déterminer
les conditions fondamentales auxquelles
dans une démocratie républicaine, peut
s’acquérir et se perdre le droit d’occuper
une fonction publique, c’est d’une part
des garanties contre le trafic des places,
c’est d’autre part l’institution de voies de
droit en matière disciplinaire : un acte
de propreté et un acte de justice.
« Dès le règne de Louis-Philippe, des
hommes qui s’appelaient Tocqueville,
Dufaure, Laboulaye et bien d’autres, ont
réclamé une loi analogue dans des écrits
et des discoure admirables : La Consti
tution de 1848 avait formellement prescrit
que cette loi fût faite. En Allemagne, en
Angleterre, les divers fonctionnaires sont
soumis à un ensemble die lois ou de rè
glements communs ; le Parlement ita
lien a voté une loi sur le statut ( stato ) des
fonctionnaires civils.
« Une loi sur le statut des fonction
naires n’a donc rien d’utopique. Et si on
songe que les fonctions publiques coû
tent en traitements et -en pensions, pas
loin d’un milliard, on reconnaîtra que la
question n’intéresse pas seulement les
fonctionnaires, mais aussi les contribua
bles qui ont le droit de savoir comment
ces fonctions sont pourvues. »
Sans doute les fonctionnaires ont raison
de s’impatienter et de rappeler à M. Cle
menceau qu’il avait promis dans sa dé
claration ministérielle le dépôt du statut
qu’il refuse aujourd’hui.
Mais ü avait fait bien d’autres promes
ses, M. Clemenceau !
Il avait promis, par exemple, l’abroga
tion de la loi Falloux ; il avait promis
airsis la révision des mines ; il avait pro
mis encore la suppression dés conseils de
guerre... Il avait promis... çlix-æpt gran
des réformes dont aucune n’est en voie
d’exéeutiosn, sauf celle qui sera due à l’in
lassable énergie démocratique de M.
Gaillaux.
Que les fonctionnaires en prennent
donc leur parti : La Maison Clemenceau
vend des promesses mais n’en tient pas.
(. Editorial ).
A BIARRITZ
Biarritz, 8 mars.
Après avoir séjourné quelque temps à Pa
ris et déjeûné chez notre « roi fainéant »,
te «roi d’Angleéesre Edouard VII est arrivé
ECHOS
L’ART DE TUER.
Ün ingénieur américain vient, parait-il, d'inven
ter un moyen de supprimer la détonation dans le
fusil de guerre. Dorénavant, l'on se tuera sans
s’entendre. Déjà, avec la ftpudro sans fumée, l'on
se tuait sans se voir. Mais depuis toujours Fon se
•tue sans savoir pourquoi.
^ *V
MONDE ET DEMI-MONDE.
Elle était la plus belle, la'plus exquise des fûtes
de la tribu de Lévi. Aussi le plus beau et le plus
riche des jeunes hommes de sa race la voulut-il
pour femme. Ei aujourd'hui sans doute il est le
EDOUARD VII
cette nuit dans notre ville. H était «parti de
Ha capitule hier matin, à dix h. 40 par train
spécial.
Bien entendu, personne n’était à la gare.
On connaît, du reste, ici sa physionomie,
puisqu’il a l’habitude, tous tes ans, de venir
passer quelques jours sur notre plage.
Cotte année encore, il restera notre hôte
pendant quelque temps.
-O*®**#™
£?v\a\xen&tt&e$
On a parfois des scrupules inexplicables.
Ainsi, je me suis tâté longuement avant de
me risquer à parler de la Confédération du
Travail.
Non que la C. G. T. m’en impose en quoi
que se soit.La nature m’a gratifié d’une âme
sereine que ne par viennent pas à émouvoir
les choses les plus impressionnantes.
Mais je trouve qu’on est terriblement docu
menté autour de moi.
Ainsi, des camarades subtils mus offrent
l’analvse de la psychologie révolutionnaire de
Griffueles. D’autres, par des méthodes quasi-
scienvifiques, procèdent au dosage du réformis
me de Nieî.
Avec une patience de Bénédictins, tous re
cueillent les propos de l’Ex et du Nouveau
pour les monter en épingles afin de s'égrati
gner mutuellement l’épiderme.
fout ceià est bien fait pour m’induire en
modestie. Je n’ai jamais rencontré Griffuelhes,
et je le regrette; Niel ne s’est jamais trouvé
sur mon chemin : je le aeplore — pour moi,
bien entendu.
Mais vous venez de la planète Mars, me
dira-t-on ?
Non, pas de si loin. Et la preuve c’est que
la physionomie de Griffuelhes m’est familière.
Sa photo s’est égarée dans les illustrés où j’ai
pu la détailler à mon aise. C’est ainsi, d’ailleurs,
que les oiliçiers de Corbeil avaient fait la con
naissance du secrétaire de la G. G. T. et qu’ils
ont pu croire, un moment, l’avoir vu parmi
les .manifestants de Draveil.
Comme quoi il peut être dangereux de lais
ser traîner sa tête sur les tables de rédaction.
La leçon n’a d’ailleurs pas servi, car Niel a
livré deux clichés, le malheureux ! Deux co
chés différents qui correspondent à deux épo
ques de sa vie. Les camarades enclins à la
rosserie prétendent qu’on peut choisir entre le
cliché révolutionnaire... et l’autre. Quand je üéb
qu’il y a danger à passer par les épreuve»
de Georges Petit !
C’est la rançon du succès et de la- eélebrô&
Et de fait, on ne peut pas dire qu’on ait test*
la conspiration du silence autour des évène
ments qui se sont déroulés a la Maison df»
Fédérations.
La démisison de Casimir Périer, jadis, n’é^
branla pas l’opinion comme viennent de. sa
secouer le départ de Griffuelhes et l’ëlecfloa
de Niel. C’est tout à l’honneur de l’esprit
public.
Les commentaires de9 journaux sont diver
tissants. Les organes radicalo-bourgeois fei
gnent de considérer Pélection de Niel commtf
une preuve de l’orientation de la C. G. T. ver*
les pratiques réformistes, et ils attribuent na
turellement à l’action gouvernementale ce i
sultat inespéré.
Les syndicalistes révolutionnaires ne sont pas!
éloignés de partager ceue opinion. Et voilà dm
coup Clemenceau consolidé par ses adver-;
*saires les plus déterminés. Il faut bien qu’â;
soit consolidé par quelqu’un, me direz-vou^
Ses amis ? Ne parlons pas des absents. L est-
organes conservateurs parce qu’ils n’ont pas*
intérêt à rassurer leurs troupes, prétendent;
qu’il n’y a rien de change sous la calotte
deux.
Pour des raisons différentes, je suis de î’avü
des conservateurs.
Une hirondelle ne fait pas ie > printemps. Ua
homme ne déchaîne pas la Piêvolution; il no,
l’arrête pas non plus quand elle est en marche.
Griffuelhe ou Niel, Niel ou Nicolet, peu importe.;
La Confédération sera ce que la classe ouvrier»^
organisée voudra qu’elle soit. L’important c’es$ J
que la classe ouvrière veuille quelque chose
et qu’on lui fournisse les moyens de le fais»|
connaître.
Je suppose qu’on ne va pas l’hynoptiser long* ;
temps avec les potins de la rue Grange-au»
Belles.
Mais Niel n’a été élu qu’à une voix î 06
n’est pas beaucoup, mais c’est tout de même
quelque chose. Niel s’en aceomode, e’est soem
affaire. Le sage se contente de peu. Niel est
un sage. La République aussi n’eut qu’une voix]
de majorité et les républicains d’alors ne firent
pas les dégoûtés.
Songeons à grossir nos effectifs. Quoi gu’on*
en dise il faut être le nombre pour vaincre.
Seulement je me permets de faire abserve®
qiron fréquente sans enthousiasme les maiaoWfi^
où le torchon brûle.
Eteignons le torchon 1 - ’
SCÂRMOUCHE.
1 .
No»s télégrammes d’hier dirent des inoîd-eatift
tumultueux qui aeco-mpagnèrept T inaugura**'
tion du monument Floqu-et. Les journaux
gouvernementaux ont tu prudemment Forage*,
et cependant l’expto-sion de eo-lère de lia po
pulation parisienne montrèrent à Clemen
ceau inquiet tout 'le dégoût qu’il inspire £2
tous.
Maintenant la statue de Floquet se dresse
calme dans da ville de Paris, qui reçut Ha
marbre par T intermédiaire de M. Chérioux*
président du Conseil municipal. Elle rappel
lera longtemps aux social'stes et à tous 1^8
républicains, la manifestation d’hier . "
M. CHERIOUX
FEUILLETON DU 9 MARS 1909 7
BOR,G-I-A.
Par MicHel ZÉYACCO
PREMIERE PARTIE
II
. Aîôrs on vit une chose monstrueuse.
César Borgia se baissa, saisit son frère
s par les pieds et, traînant ainsi le corps
dont la tête livide s’ensanglantait sur les
•dalles, il l’emporta en hurlant :
— De l’eau, pour mon frère François !
,De Peau pour l’amant de Lucrèce!...
Toute l’eau du Tibre pour le duc de Gan-
die !...
César parcourut ainsi une enfilade de
pièces et parvint enfin à une dernière
r rte. Il l’ouvrit lui-même.. Le Tibre était
qui coulait dans la nuit, parmi des om
bres ei des plaintes. César souleva le corps
•et, d’une poussée violente, le lança dans le
'fleuve.
Les témoins de cette scène s’étaient en
fuis, blêmes d’horreur et d’effroi... Alors
Lucrèce Borgia s’était élancée vers la por
tière de brocard, l’avait soulevée et avait
pénétré dans une sorfe de cabinet à peine
jclairé.
Là, un vieillard aux traits rudes et em
preints d'une indéfinissable malice était
dans une sorte de fauteuil.
Ce vieillard avait tout entendu, tout
vu !..
Et citait le père de François, duc de
Gandie, le père de César, duc de Valenti-
nois, le père de Lucrèce, duchesse de Bi-
saglia, c’était Rodrigue Borgia... C’était le
pape Alexandre VI... *
— Etes-vous content, mon père ? de
manda Lucrèce.
— Per bacco, ma fille, tu as été un peu
loin... Ce pauvre François !.. Ce que c’est
que nous, tout de même ! Enfin ! je dirai
moi-même une messe pour le repos de
son âme !... C’est dommage, peccalo !...
C’était un bon diable, ce François... mais...
ma’l s le duc de Gandie gênait mes pro
jets... Allons, adieu, ma fille... je $e donne
la bénédiction pontificale, afin que ce nou
veau péché te soit entièrement remis...
Lucrèce s’inclina sans rire, presque age
nouillée. Le pape se leva, étendit la dex-
tre.
Lorsque Lucrèce Borgia se releva, son
père avait disparu.
V
LES CAPRICES DE LUCRECE
Lucrèce Borgia rentra dans la salle du
festin et s’aperçut qu’elle était vide.
— Les lâches, murmura-t-elle ils ont
fui., l’ivresse de l’épouvante a remplacé
dans leurs veines Tivresse de la volupté...
Ah ! il n’y a pas d’hommes !... Mon père
en fut un... mais c’est un vieillard... Pour
quoi la nature m’a-t-el)e donné ce sexe,
h moi !.. à moi qui me sens d’appétit à
dévorer un monde...
Elle s’était, renversée sur une pile de
coussins. Elle se retira, bâilla, et conti
nua':
•— Je m’ennuie... l’ennui me dévore...
Eln vain je crée, j’invente tous les jours
de nouveaux plaisirs ;en vain, j’éblouis
Rome par le faste de mes fêtes.... Je sens
mon cœur vide... et lentement l’ennui
ronge mon esprit, comme la mer monoto
ne ronge les rochers de Caprera, au pied
de mon château.
Une ombre se dressa près d’elle tout
à coup. Elle tourna négligemment la tête.
— C’est vous, mon frère ? dit-elle en
tendant la main à César.
C’éait en effet César Borgia.
Il venait de rentrer, et qui l’eût vu en ce
moment n’eût, jamais pu supposer que cet
homme venait d’assassiner son frère.
Il montrait un visage enjoué à sa sœur
qui, de son côté, le regardait en souriant.
C’éait quelque chose d’effroyable que le
double sourire de ce couple ^monstrueux.
— Méchant ! fit Lucrèce, pourquoi avez-
vous fait du mal à ce pauvre François ?...
Vous étiez donc jaloux ?...
— Ma foi, oui, Lucrèce.. .11 me déplaît
que*devant mes* amis en quelque lieu que
ce soit, en quelque circonstance qui se
présente, je ne sois pas le premier... A
part cela, je ne suis l’imhécile que tu sup
poses en me prenant pour un vuglpire
jaloux... Que m’importe que tu sois à d’au
tres, pourvu que les splendeurs de ton
corps appartiennent à moi seul dès que je
parais !..
Lucrèce hocha la tête et demeura pen
sive.
-7 Au fait, reprit-elle soudain, mais tu
hérites, mon César... Cette mortt’enrichit,
toi déjà si riche., et F« accident » te fait
duc de Gandie...
— C’est vrai, petite sœur... mais tu au
ras ta part. Je te réserve un million de
ducats d’or sur ht succession
tente
es-iu con-
— Mais oui, répondit Lucrèce avec un
bâillement. J’avais justement envie de bâ
tir un temple... tes ducats serviront à cette
fantaisie. «
— Un temple ! s’écria César étonné.
— Oui... un temple à Vénus... à Vénus
Obscène... Je veux rétablir son cuite dans
Rome.... Je veux que le temple s’élève en
tre Saint-Pierre et le Vatican... Comprends
tu, frère... un temple à Vénus près de
Saint-Pierre ! Et tandis que notre père di
ra sa mes^, au prochain jour de Pâques,
en son temple chrétien, je veux, moi. dire
la mienne en mon église païenne, et nous
verrons qui des deux aura le plus de fidè
les.
— Lucrèce, s’écria César, tu es vraiment
une femme admirable. Ton idée est su
blime.
— Moins que ton idée de t'emparer de
l’itaile et d’en faire un seiil royaume dont
tu serais kr roi, le maître absolu, mon
César...
-- A nous deux, Lucrèce, lorsque j’au
rai réalisé mon plan, à nous deux, nous
dominerons le monde et nous le trans
formerons...
A ce moment, un bruit de clameurs s’é
leva près d'eux. Ils prêtèrent J’oréiJle. Le
bruit venait des appartements du palais.
— Qu’est ceci ? fit César.
— Nous allons voir !..
Lucrèce jeta un manteau de soie sur
ses marmoréennes épaules et, précédée
de César, s’élança dans le vestibule aux
statues, puis ouvrit la porte de bronze.
Le frère et la sœur s’arrêtèrent sur le
seuil.
Les deux Nubiens; immobile set muets,
étaient toujours à leur poste, le yatagan
nu à leur main. Mais, au fond de ta salle.
un étrange spectacle s’offrit à leurs re
gards.
Une trentaine de domestiques hurlant,
vociférant, tourbillonnant, se bousculant
se culbutant entouraient ou essayaient
d’entourer un homme, un étranger qui te
nait tête à toute la meute enragée.
— Quel est l’insolent ?.. s’écria Lucrèce.
Elle allait s’élancer. César la saisit par
le poignet et la retint.
— Ëh ! s’écria-t-il, c’est mon petit Fran
çais.... Je lui avais donné rendez-vous ici,
à minuit... Par le diable ! Quel gaillard !
Quels coups ! Pan à droite ! Pan ! à gau
che ! Bon ! Bon ! en voici deux à terre...
Bon ! en voici deux autres qui crachent
leurs dénis ! Hardi ! Hardi ! Tue ! Pille !
Taïaut Taïaut !...
César, enthousiasmé, battait des mains
frénétiquement !
L’homme qui s’escrimait contre la meu
te des valets, à la. grande admiration de
César et à la grande satisfaction de Lu
crèce. était, en effet, le chevalier de Ra-
gastens.
Comme minuit sonnait, il s’était élancé
de l'auberge du « Beau Janus ».
— Oh ! l’abominable vision ! songeait-
il tout en courant. Cet homme dans le Ti
bre !... Ce malheureux qu’on vient d’assas
siner... oh ! ces deux mains crispées sur
la dalle... ce corps qui disparaît dans les
eaux noires... Et ces paroles mystérieuses
On veut enlever Primevère !... Et celui
qui veut l’enlever, «c’est précisément l’as
sassin ! Mais qui est cet assassin ?... Où
le trouver ?... Gomment prévenir le comte
Alma ?.. Il faut que je raconte ces étran
ges événements à Pillustre capitaine qiii
m’attend.. Lui seul, à Romq, est assez
puissant pour démêler la vérité, et pré
venir peut-être de nouveaux meurtres L.’
En monologuant ainsi le chevalier at
teignit rapidement le palais de Lucrèce.
Il voulut s’élancer sous la colonnade que
nous avons décrite. Mais les deux gardes
équestres se jetèrent au-devant de lui.
— Au large ■! ordonnèrent-ils.
— Eh! l’ami, fit Ragastens, doucement
que diable ! On m’attend en ce palais.-
—- Au large ! répondit le garde du fond
de ses formidables moustaches noires.
— Vous êtes bien entêté, mon cher 4—
Je vous dis que je suis attendu... par mon*
seigneur César Borgia, s’il vous plaît
Place donc !,..
Non seulement le cavalier n’obéit
à cette injonction, mais encore une dou
zaine de valets, attirés par le bruit, ae-’
coururent et se ruèrent sur le cheyàlle^-
— Oh ! oh ! s’écria Ragastens, il pàraï£
que la valetaille est enragée en ‘ce be-Wî
pays... Morbleu !.. Est-ce qu’ils oseraient
porter la main sur moi ! Arrière, valets!-
Arrière !...
De fait, l’air du chevalier devint si
rible que les domestiques reculèrent^ ef*-
farés. Mais îe garde, lui, fonça sur le je»-
ne homme. _ }
Ragastens comprit que^ sa victoire SC**
rait de courte durée et qu’il allait être eer*.
né, malmené s’il ne faisait pas un exera*
pie salutaire.
En moins de temps qtnl ne faut po fît'
l’écrire, il s’élança sur la garde ei se sua*
pendit à sa jambe, cherchant par de vi*»*
lentes secousses, à lui faire^perdre ïéjgfr
libre.
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