Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1895-02-02
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 février 1895 02 février 1895
Description : 1895/02/02 (Numéro 5424). 1895/02/02 (Numéro 5424).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k529013f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2008
PARIS A S~ CÉNTÏMES –~DËPARTEMN~ ET (jARËS CENTÏM~
29' Annëe 3* Série N* 5484
1 3 FÉVRIER 1893
Il ARTHUR MEYER
JKrecfMM'
RÉDACTION
2, rue Drouot
(Angte des bouievards Montmartre et des !taUens)
ABONNEMENTS
< ARTHUR MEYER
.Dtfec
ADMINISTRATION
RENSEIGNEMENTS
ABONNEMENTS, PETITES ANNONCES
2, rue Drouot, 3
(Angfe des bouievards Montmartre et des Haiiens)
ANNONCES
~~M. C~. LAGmAN&E, CEB'F & C!"
6, PLACE DE LA. BOURSE,,6
.È<
Paris 5 fr. 1 Départements
Un mois. 6fr. Un mois. 6&
Troismois. 1350 Trois mois. 16 fr.
Sixmois. Z7~r. Sixmois. 3&fr.
Un an. 84 fr.Etranger
frais mois (Union postale). 18 û'.
LES DERMEtS
~appelez-vons ce matin d'octobre où
nous mîmes au tombeau, le maréchal de
Mac-Mahon.
Lesofnciers russes étaient au milieu
de nous, très fêtés, très regardés.
Un peu d'allégresse en suspens uot-
tait sur la Cité mouvante, et la symboli-
que parenthèse ouverte parcesfunérailles
n'en était point déparée.
Un: soleil d'été, d'un éclat si transpa-
rent dans l'air plus léger de l'automne,
.mettait des tons élégants aux édifices et
baignait de miroitements harmonieux les
.uniformes confondus de trois mUleofn-
ciers, étagés en amphithéâtre sur les de-
grés de la Madeleine.
f Alors passa sur la ipule recueillie, con-
tenue par des endiguements de baïon-
nettes alignées et de hauts cavaliers im-
mobiles, un de ces fugitils frissons de
'volupté civique, par lesquels l'âme d'un
peuple très vite se retrouve et se ressaisit
toute, dans le deuil même de ses grands
morts.
Ce fut le solennel moment où, les litur-
gies s'étant tues derrière les draperies et
la cérémonie sacerdotale s'étant achevée
dans ie temple barré aux curiosités po-
pulaires, le corps du héros fut rendu aux
piétés de la rue, et le lourd cercueil
amené, au pas cadencé des porteurs, jus-
qu'au char funèbre, tout seul, à quelque
distance, sur la place déblayée, vide et
claire, comme à l'aube.
Au coup de canon, le char, décor trico-
lore et branlant, dans cet admirable P.t-
ris grec, moscovite et babylonien qui, du
Parthénon de la Madeleine au Parthénon
du palais Bourbon, par les quais décou-
verts, les colonnades, les balustres, les
vastes places païennes aux divinités as-
sises, s'étend magnifique (Fhorizon seu-
lement rayé d'un trait vertical; archaïque
et mystérieux.par l'aiguille monolithique
de Louqsor), jusqu'à la coupole dorée du
Kremlin des Invalides et l'Arc romain de
la Grande Armée, se mit en marche.
Et derrière, suivaient des drapeaux et
-le cheval de bataille du maréchal, voilé
de crêpe et tenu en main.
A ce moment où notre peuple embras-
sait du même regard ce Paris si mer-
veilleux fait par lui, et ce héros couché
là, conducteur d'assauts, preneur de for-
teresses, vainqueur d'armées, pour lui et
avec lui, quelque chose d'éloquent et de
grandiose qui se dégage des deuils illus-
tres et qui soulève au cœur des citoyens
plus de fierté que de douleur, disait à
chacun d'eux « C'est ta propre gloire qui
passe ) ? »
Prodigues insouciants, qui voient par-
tir leurs derniers écus d'or, et se croient
riches encore s'il en reste encore un, la
pensée nous vint à tous.que nous n'étions
pas tout à fait à bout d'orgueil ni dé-
pouiiïés de gloire, puisqu'il nous restait
Canrobert.
Maintenant, il n'est plus !*Et c'était le
dernier Et. c'est l'hiver de la patrie
guerrière et la misère des armes.
J'eus l'occasion de les. voir. ensemble,
ies deux frères d'armes octogénaires, les
:!eux derniers maréchaux de France.
C'était dans la petite sacristie de Saint-
Pierre de Chaillot, le jour du mariage de
Mlle Canrobert avec M. de NavaceMe.àqui
('EmpereurGuilIaume vient d'adresser un
télégramme historique, à encadrer d':u-
fain et à suspendre aux murailles des
Invalides, à l'égal d'un drapeau pris, et.
mieux encore, puisqu'il est un hommage
pacifiquc.insaisissaMe, tibre et volontaire,
& la gloire du6e corps de l'armée du Rhin
st de son valeureux maréchal. 1
Le flot des invités complimenteurs s'é-
tait écoulé par l'a vénae Marceau. Il res-
tait à peine une quinzaine de personnes.
Mac-Mahon, debout, causant, grand,
Bvelte dans sa tunique de gala, les br&s
croisés, droit comme un 1 et fixe sur ses
pieds si minces et si nnement chaussés,
semblait défier, par une invincible allure
de jeunesse, les infirmités de l'octogé-
uaire. 0
Csnrobert, plus tassé, petit, dur d'ouïe,
ttvec les cheveux longs et bouclés de Tu-
t'enne.vêt.u d'un uniforme las dont les ors
temblaient ternis par la poudre du der-
aier combat, allait de l'un à l'autre, la
!ête léonine en avant, mettant, avec des
joups d'œil terribles de léopard, des bai- i
sers souriants et charmés sur les ganta 1
~es jeunes femmes, qui lui criaient tour 1
t tour dans les oreilles de jolis vœux ca-
ressants et cristallins.
Oh t l'inoubliable confrontation de ces
ieux admirables soldats de quatre-vingts
ins, restés debout et si Sers, parmi nous
~ci rasons les murs de l'Europe, avec des
timidités obliques de chiens battus.
La mort, tant de fois bravée, semblait
les avoir épargnés l'un et l'autre, comme
pour servir plus longtemps d'exempte,
poste de guerriers survivants laissé la,
n ce noir défilé de l'histoire, pour jalon-
ner la route à ceux qui viendront.
Tous les derniers efforts d'une race
guerrière, toute t,a valeur, tout son cou-
rage, la~vertu, l'honneur, la générosité
d'un vieux sang qui s'est tant de fois oi-
taient. incarnés dans ces deux chefs de
:ribu, témoins glorieux l'un de l'autre
ians cette fête intime, et point rivaux.
Après eux, les derniers, un grand es-
pace vide d'un quart de siècle, vide de
tout, même d'un peu d'espérance, hélas ) 1
xariiest visible à qui veut regarder que
des pionniers étrangers, installés ici en
subtils dissolvants des vertus nationales,
y complètent, par une assimilation reli-
gieuse, économique et sociale, l'oeuvre
commencée sur notre race par le canon
allemand.
En voyant le cercueil de ces deux sol-
dats couverts des témoignages d'admira-
tion de l'Europe, on est même tenté de
se demander si leurs .héroïques défaites
n'étaient pas d'inestimables témoignais
de la vigueur française, auprès du piteux
délabrement moral qui sévit à présent.
Et c'est un spectacle entre tous à don-
ner la nausée que celui d'une Chambre
soi-disant irançaise, dont les odieux créa-
teurs ont massacré trente mille ouvriers
parisiens pour garder le pouvoir volé de-
vant l'ennemi, ne se ressouvenir tout a
coup dans la c'nère immaculée du maré-
chai Canrobert que d'an passage en co-
lonne sur le boulevard Montmartre t
La détestable école que celle où l'on
n'étale aux yeux de la jeunesse que l'ai-
gre rancune des troubles civils t
Datant ~'enseignements vivifiants et
féconds qui ressortent de la carrière de
ces idéalistes du devoir et de la disci-
pline, nos étrangea éducateurs de main-
tenant gardent les faits obcurs qui of-
fusquent leurs misérables intérêts et re-
jettent les faits lumineux qui grandi-
raient l'âme nationale.
A les entendre, ce qu'il faut se rappe-
ler, ce n'est pas Zaatcha enlevé d'assaut
par les zouaves, Canrobert devant, en
tête, le premier, suivi de quatre officiers
et de seize sous-ofËciers volontaires ce
n'est pas Inkermann, où le centre de l'ar-
mée russe est enfoncé par Canrobert ce
n'est pas Turin sauvé de Giulay par Can-
robert ce n'est pas Solférino où la
gauche de l'armée autrichienne est refou-
lée par Canrobert ce n'est pas Saint-
Privat, où la garde prussienne, lancée
comme un dernier renfort, est arrêtée et
foudroyée par Canrobert. Non, ce qu'il
faut se rappeler, c'est la brigade Canro-
bert passant sur les boulevards, pour re-
tarder de vingt ans l'apothéose de M.
Hubbard.
A les entendre, ce qu'il faut se rappeler,
ce n'est pas le drapeau planté par Mac-
Mahon sur les brèches fumantes de Mala-
koS; ce n'est pas Magenta, où, nouveau
Desaix, Mac-Mahon court au canon et
sauve l'armée française; ce n'est pas
Reischoffen, ou les trente mille hommes
de Mac-M~hon tiennent tête aux cent qua-
rante miile hommes du prince royal de
Prusse; ce n'est pas le plateau de La Mon-
celle, où Mac-Mahon tomba de cheval, le
flanc déchiré par un éclat d'obus. Non,
ce qu'il faut se rappeler, c'est Mac-Mahon
re'ardant de quelques semaines, au Seize-
Mai, la réélection indispensable des.deux
ou trois cents Hubbards qui font aujour-
d'hui ~pute notre admiration.
Ah! les pitoyables éducateurs que ces
pleutres qui font de la république, si
.belle, nne chose petite, petite, une éplu-
cheuse de l'histoire.
Franchement, il devient mortifiant de
voir désormais le patriotisme français re-
cevoir le ton, non de notre propre gouver-
nement, mais de Guillaume II, du Tsar:
ou du Pape.
Ce sont eux qui trouvent les notes jus-
tes, les notes élevées et réconfortantes, à
l'heure même où des traînées visqueuses
de limaces montent du Parlement fran-
çais, pour salir nos marbres les plus
blancs et nos renommées les plus pures.
Mieux inspiré serait le très petit groupe
dénommes qui croit ici servir la Républi-
que et qui paraît plutôt s'en servir, s'il
s'efforçait de l'identifier avec les gloires
du passé, n'en ayant pas de rechange.
Napoléon, qui apportait à laFrance au-
tre chose que ce que M. Hubbard lui ap-
pOrte, écrit au ministre de l'intérieur une
lettre admirable, pour lui prescrire de ne
point laisser outrager dans la presse les
hommes de la Révolution, et, autre lettre à son frère Louis, il écrit, le
31 décembre 1809 « Je suis solidaire de
tout ce qu'a fait la France depuis Clovis
jusqu'au Comité de salut public, »
0 républicains, étranges, républicains
français qui comprenez si mal la répu-
blique et sur qui pleuvent à cette heure
les avertissements d'en haut, soyez soli-
daires de nos derniers héros, si vous vou-
,Iez qu'on oublie les vôtres.
GEORGES THtÈB AUD
Ce qms'e passe
GaULOlS-GUiDE
AM'OMrd!ntt
Aux Foties-Berg&re, soirée de gâta. c
ËsmsDEpAm
Le roi Alexandre de Serbie, accompa-
gné du colonel Ghamoin, a fait visite,
hier, à deux heures et demie, à Mme Car-
not.
A trois heures, le Roi et son père se
sont rendus à l'exposition des « Femmes
pastellistes ». Ils ont assisté ensuite, au
théâtre d'Application, à la conférence de
Maurice Letèvre et sont restés pour la re-
vue Autour de la Z<ï~pe.
Le soir. le Roi a assisté à la représen-
tation de l'Opéra, dans l'avant-scène du
comte et de la comtesse de Camondo.
Les généraux Godin, de l'artillerie de
marine Reste, Pernot, Dodds et Frey,
de l'infanterie de marine, ont été invités
à se trouver réunis à Paris lundi, 4 fé-
vrier, pour l'établissement du tableau
d'avancement des ofnciers de ces deux
armes.
Il parait qu'un certain nombre d'offi-
ciers de réserve de la marine sont candi-
dats et seront de préférence nommés à
l'emploi d'inspecteur de la police dea
chemins de fer près de nos frontières.
On a.décidé de les placer hors cadres
comme les officiers de l'armée de terre
appelés à des emplois civils.
Ainsi qu'il l'avait annoncé dans son té-
légramme adressé à M. Marcel Canrobert,
M. Paul Déroulède est arrivé à Paris
pour assister aux funérailles de l'illustre
maréchal. Il se trouvait, hier, au palais~
Royal, chez un marchand de décorations
où il renouvelait sa provision de rubars,
en même temps qu'un vieux soldat de
Crimée qui venait, pour accompagncfscn
ancien général a sa dernière décerne,
faire l'acquisition d'un ruban ne'
Voulez-vous me permette de rous
l'oû'rir; mon brave? dit Dérenlède et s'a-
dressant au vieux médaille de Crimée.
L'acheteur, tout confus et ne sachant
qui lui parlait, balbutiait quelques mots
de remerciement, Lorsqu'un am~-de M.
Déroulède qui ~.e trouvait la. viny'le tirer
d'embarras en le nommant.
Le poète des Chants ~M ~o;6!a~ s'é-
cria le vieux soldat tout entho~iasmé.
Et U s confondit en remetr'ements.
M. Paul Déroulède neQs pardon-
nera de divulguer cette petite anec-
dote toute à son honneur 4 qui lui a dé-
montré que ses chants t&triotiques ont
pénétré jusqu'au ccear H~me du peuple.
Le nouveau ministM de la guerre, gé
néral Zurlinden, con~rve comme cbei de
cabinet le général Rm, et comme sous-
chei le colonel Mi~ei.
Les capitaines de Montbéliard et Bes-
sières, qui servaient auprès de lui au
Mans, feront partie de son état-major
particulier comme ofnciers d'ordonnance.
Les surprises du divorce
Use brave femme de l'Oise vient d'in-
troduire une action en divorce contre son
mari.
Or, elle a quatre-vingt-un ans.
C'est le cas de dire qu'on fait des sot-
tises à tout âge.
Un correspondant du dans les annuaires militaires de Rous-
sel de 1776 à 1790, le nom d'un sous-lieu-
tenant, puis lieutenant du régiment de
Penthièvre, du nom de « de CaMro&gr~ ».
De 1785 à 1790, dernière année où pa-
rut cet annuaire, M. de Canrobert est dé-
signé comme capitaine de grenadiers,
A partir de 1782 on voit figurer dans
l'état-major du même régiment, avec le
grade de sous-lieutenant, un M. de Cer-
tain, parent, sans doute, du capitaine.
Le régiment de Penthièvre est repré-
senté aujourd'hui par le 78° de ligne.
Ce répiment peut donc se glorifier d'a-
voir eu dans ses rangs le père et, proba-
blement un oncle de l'illustre maréchal.
On va organiser des transports régu-
liers pour Madagascar.
Deux départs auront lieu chaque mois
du Havre sur Marseille où le voyage men-
suel est, jusqu'à nouvel ordre, uxé au
23 février.
Les Messageries Maritimes vont orga-
niser, de leur côté, un service postal dont
le départ aura lieu les 3 et 12 de chaque
mois.
Le steamer ~o~e-jDa~e-~M-~a~M~, qui
servait auparavant à transporter les pè-
lerins en Palcst.inf, et qui vient d'être
aû'rété pour embarquer des troupes le 10
février offre des conditions exceptionnel-
les de vaste aménagement et de confort,
surtout pour nos sous-ofnciers et soldats
qui s'y trouveront parfaitement logés.
Ce navire coûtera 31,500 francs par
mois, plus la nourriture des passagers
Ëxée comme suit
Officiers généraux et supérieurs, 10
francs; subalternes, 6 irancs; sous-ofn-
ciers, 3 francs rationnaires, 1 franc
chevaux et mulets, 3 francs.
La cérémonie officielle delà remise &
la Ville de Paris de l'œuvre des Ambu-
lances urbaines aura lieu mardi, à deux
heures et demie précises, dans le foyer
du public de l'Opéra.sous la présidence
d'honneur de Mme la duchesse de Dou-
deauville et la présidence effective de
Mme la baronne de Mohrenheim, prési-
dente de l'oeuvre.
La musique de la garde républicaine
prêtera son concours à cette solennité.
MM. Jules Simon, Nachtel etChampou-
dry prendront la parole, et la cérémonie
se terminera par une pièce de vers, com-
posée pour la circonstance par M. Le
Mouei, dite par M. Mounet-SuIIy, de la
Comédie-Française.
Une conséquence amusante de l'amnis-
tie
Un fabricant de pipes a sorti, hier, de
ses magasins, où il était entassé depuis
l'arrêt de la haute cour, un stock considé-
rable de pipes avec la tête d'Henri Roche-
fort.
Ces pipes vont remplace''chez les dé-
bitants les têtes de M. Casimir-Perior,
que les fumeurs dédaignent, paraît-il, de-
puis la démission du président de la ré-
publique.
L'Académie française, malgré le temps
horrible qu'il faisait, a tenu quand même
sa séance, jeudi, sous la présidence de M.
le duc de Broglie, assisté de MM. Lavisse,
chancelier, et Camille Doucet.
Les Immortels, dont les noms suivent
-car ils sont dignes de passer à la posté-
rité, –se sont adonnés au travail du Dic-
tionnaire.
On ne sait si la discussion a été chaude.
Etaient présents
Mgr le duc d'Aumale, MM. Mézières,
J. Bertrand, Pierre Loti Viaud, Jutes Si-
mon, Lud. Halévy, vicomte de Vogué,
Léon Say, Brunetière, Thureau-Dangin,
comte d'Haussonville, G. Boissier et
Alexandre Dumas.
Lecture a été donnée d'un décret qui
autorise la Compagnie à accepter la dona-
tion d'une rente de huit cents francs que
lui a faite M. Lecocq-Dumesnil en laveur
de celui qui, faisant partie d'une famille
pauvre, « aura fait preuve de sa piété
filiale en soignant sa vieille mère )).
C'est toujours jeudi prochain 7 février
que M. le duc de Broglie recevra en séance
solennelle sous le dôme le successeur de
M. Taine, M. Albert Sorel.
Les portes seront ouvertes à une iMure
et la seance commencera très exactement
à deux heures précises.
Au quartier Latin, on a organisé pour
demain une matinée au pront d'un ar-
tiste malheureux. Cette'matinée sera
donnée dans un caveau, Zieu ordinaire des
réunions dos étudiants.
Le programme, afnché sur les murs
du qua'~ier, comporte l'audition du poète
Félix/'aure.
C~hom de poète, totalement inconnu,
a p~bduit sensation au quartier. On se de-
mande si le poète Félix Faure existe réel-
lement ou si ce nom est un pseudonyme
d'actualité.
Après tout, c'est peut-être tout bonne-
ment par fumisterie crue les étudiants ont
inscrit le nom du président de la répu-
blique sur une ai&che de concert.
Chi i'oss?
La. lettre que M. Clovis Hugues vient
d'adresser au garde des sceaux, pour lui
demander d' « amnistier )) le poète Jean
Richepin, a surpris quelques personnes,
qui croyaient que c'était chose faite de-
puis longtemps.
Il en fut, en effet, question à plusieurs
reprises, et M. Lockroy entre autres s'é-
tait préoccupé de l'affaire.
Pas une voix ne s'élèverait contre cette
amnistie le jour où M. Trarieux, par un
moyen quelconque, en ferait bénéncier
M. Ricbepin.
C'est vers 1876 que parurent les vers
pour lesquels M. Jean Richepin fut pour-
suivi et condamné à trente jours de pri-
son. Dims les éditions de la C~~o~ des
~MëMa? qui suivirent, le poète remplaça
ces vers par des lignes de points, et lui-
même raconta l'aventure dans une pré-
face pleine ~~Qnehtuneur.
A noter ce détail que, pour écrire la
CTMMSOM des <7M6M~, Jean Richepin avait
dû apprendre l'argot, comme autrefois,
sur les bancs du collège, il avait appris le
latin et le grec.
La iête d'avant-hier, au Palais de Glace,
a été extrêmement brillante.
Très admirée la décoration de- la salle
ainsi que l'idée des grelots que le public
agitait gaiement; mais le clou de la soirée
a été le divertissement des « Patineurs-
Diamants a exécuté sous les projections
électriques par Kurten et Harry avec une
maestria qui a provoqué des applaudisse-
ments enthousiastes.
A l'occasion du bal de ce soir à l'Hôtel
de Ville, le restaurant Maire restera ou-
vert toute la nuit.
L'anarchie administrative est dans tout
son éclat en pcovince.
Dans le seul arrondissement de Dinan,
deux maires sont suspendus pour ques-
tions. délicates. Un troisième est e~ pri-
son pour faux en matière de secours. En-
En, un employé de la sous-préfecture at-
tend S3. comparution devant les assises
-pour détournement de mandats.
Une députation d'ofnciers appartenant t
au régiment anglais des <( Royal Scots N
est arrivée à Saint-Pétersbourg et sera
reçue par l'Empereur au priais impérial.
Le superbe régiment « Kieif. N dont le
prince de Galles est colonel honoraire dé-
niera devant le palais en leur honneur, et
ce se~Yï p~e~H~e /'o~ ~M'MM e/Mp~rcM)'
de ~?M~:e a;Mra por~c M~ MM~o~~e <~M-
glais.
On va ioliment s'écraser ce soir, au Ca-
sino de Paris, qui donne sa quatrième
grande redoute paréo et masquée. Déjà
un grand nombre de loges ont été prises
a la locatio-n, et les marchands de con-
fetti, ballons et serpentins ont fait d'é-
normes livraisons pour la bataille qui se
prépare. Ce sera, à n'en pas douter, une
des plus brillantes fêtes de la saison.
A travers les livras
TLeM~s, ~ates, tel est le titre du nouveau
roman de Gyp. Leurs âmes.On peut'
aisément se ûgurer qu'il s'agit de quel-
ques-unes de ces âmes parisiennes déli-
cieusement ingénues et perverses sous
leur enveloppe de suprême élégance. En'
l'espèce, il s'agit d'un ménage qui unit
mal, par la faute d'un mari qui veut à
toute force lancer sa femme.et qui y
parvient.
La 2Se~! publication qui depuis six ans satisfait le
plus les amateurs de talents nouveaux et
les curieux de lettres, aussi a-t-elle suivi
une marche ascendante, qui va s'accen-
tuer encore; car dès le numéro paru, au-
jourd'hui, et dans lequel on trouvera des
lettres inédites d'Edgar Poë, la/~e~Me
M~MC~e devient bi-mensuelleet a pour
éditeurs Charpentier et Fasquelle.
L'ESPRIT D'AUTREFOIS
Le peintre Gharlet se maria en 1834 et
fut heureux dans le choix qu'il fit. Sa
femme, pleine de cœur et uércn bon droit
de la valeur personnelle de son ir~ii, fut
pour Charlet une compagne aimable et
dévouée, et pour ses deux fils une excel-
lente et digne mère.
Charlet racontait ainsi sa première en-
trevue avec sa femme:
Elle raccommodait des bas; ~e fus
vivement ému. C'est, pensai-je, la Provi-
dence qui m'a conduit ainsi et voila la
femme qu'il me faut, moi qui ai toujours
des bas troués.
MOUVELLES A LA MAS!~
AuClub.
Un rude malin,ce directeur des Comptes
aléatoires, qui est venu, hier, me propo-
ser de souscrire à son émission. Pour
m'inspirer conGanca, il avait retirée dans
l'antichambre, son ruban de chevalier de
la Légion d'honneur.
J
Entre Marseillais.
–Moi, mon cher, voyez-vous, la pro-
preté avant tout.
–Moi aussi, mon bon.Ainsi, jugez.
quand je mon4e mon escalier, je mets mon
mouchoir sur les marches, pour ne pas
les salir.
Et moi. moi je fais cirer mon par-
quet des deux côtés.
UN OOM'NO
M SOUFFLET B!EN VENGE
Le général espagnol Fuentès donné:') à
l'ambassadeur du Maroc en Espagne un
.vigoureux soufuet, dont le bruit a mis
tout Madrid en émoi.
Ce fâcheux incident n'amènera certai-
nement pas la conquête de l'Espagne par
le Maroc..
C'est & la suite d'un soufflet sur une
joue diplomatique que les Français ont
conquis l'Algérie. Au printemps de 1827,
le dey d'Alger, Hussein-Pacha, le même
que Mme de Grirardin une femme d'es-
prit qui fit de médiocres vers appela
Celui qui des Français insulta la banni&re
ne daigna pas frapper de sa main le vi-
sage de l'envoyé des ~OM~s il le frappa
de son chasse-mouches.
Il y avait longtemps que les relations
entre le dey et le gouvernement de Char-
les~ étaient tendues. Le dey avait écrit,
en%836, au roi de France, pour lui récla-~
mer, sept millions, dette contractée par le
gouvernement révolutionnaire, en 1793,
envers une maison de commerce d'AVer.
Sur ces entre-faites, M. Deval, consul
général de France, vint à la Kaasbah sa-
luer le dey, comme c'était l'usage la veille
des fêtes musulmanes. Il profita de l'oc-
casion pour élever quelques réclamations
au sujet d'un navire du Saint-Siège cap-
turé par les pirates d'Alger. Hussein-Pa-
cha était de mauvaise humeur. Le ~OM~î
lui déplaisait. Hussein déclara sur un ton
très vif que le Français ferait bien mieux
de lui rendre l'argent dû que de lui faire
des observations.et menaça le consul de
le jeter eu prison.
M. Deval menaça le dey de l'indigna-
tion de son gouvernement. Alors Hus-
sein, furieux, de son chasse-mouches en
pnhnesdepaon souffleta notre consul.
La scène fut très vive.
–Ce~'est pas moi, c'est le roi de.
France qui est outragé) s'écria M. De-
val.
Je ne crains pas plus le roi de France
que toi, chien) répliqua Hussein. Sors
immédiatement, si tu tiens~â la liberté) 1
Le dey refusa toute satisfaction à la
France qui, après deux ans de blocus, en-
treprit la conquête de l'Algérie.
Le dey avait eu tort de ne pas craindre
le roi de France.
PAUL HOCHE
Bloc-Notes ParisieB
A pt'epos dn « CotUer tte t& R<;ine M
Lepub)ic,deplusenp!usdiffici)e, a obligé
ies directeurs de théâtre à soigner leur mise en
sc&ne au point d'en faire autant que possible
de véritables œuvres d'art. C'est ainsi que le
théâtre de la Porte-Samt-Martin vient de nous
donner une restitution absotument exacte du
boudoir de Marie-Antoinette à Trianon, tout
en apportant un soin extrême à la reconstitu-
tion des costumes et des toilettes de l'é-
poque.
La vérité,tavéritët Voiiâ ce qu'on réclame
au thëâ're.et c'est peut-être ce qui a amène
queiques-uns à confondre le rëaiisme avec la
vérité. Erreur; )e réalisme n'est que ta laideur
du vrai, tandis que Je public s'attache de pré-
férence à ce qu'on a appelé « ia splendeur du
vrai )> le beau.
Or le styte Louis XVI aura éternellement Je
don de passionner les deticats~ parce que placé
entre fes grimaces du style Louis XV et la rai-
deur et ta iourdeur du styte Empire, i) a ia
grâce de l'un unie à la correction, aux belles
lignes de l'autre.
« Qui n'a pas vécu avant )s Revotution n'a
pas connu ie ptaisir de. vivre », disait M. de
Taiieyrand, et,de tait, cette société du dix-hui-
tième siècie, élite de la France et du monde
entier, groupe trop restreint et trop briHant
pour ne pas exciter les convoitises, la jalousie
et la haine, était arrivée au raffinement suprê-
me d'une civiiisation qu'un coup de tonnerre
devait faire disparaître.
Si tout s'effondre en un instant, rien n'était
.biensoiide, mais comment pouvait-iienétre
autrement d'un edinee fait de denteife et de ci-
seiures, château de cartes psut-etre, mais châ-
teau de cartes comme on n'en a jamais vu?
On aurait tort de croire que ie.sstviës ap-
partiennent tout entiers à t'epôque .ou au rè-
'gne'dont ils portent le nom. Rien ne se fait
brusquem.en.t dans les arts, .et ies connaisseurs
me comprendront quand j'aurai dit que te
styieL'outs XVt a'commencc sous Louis XV,.
et que )e s.ty!e Empire a commence sous
LomsXVL
**t!
Depuis près de deux cents ans, )a France
tenait )e sceptre du goût. C'est eiie qui ensei-
gnait au monde l'art ornemental,le luxe artisti-
que, )e grandiose et le menu, chef-d'œuvre de
fini. Elle envoie ses peintres, ses sculpteurs,
ses architectes un peu partout, et partout ses
bijoutiers, ses orfèvres, ses tisseurs de soie
sont les seuls du monde entier. On n'a d'yeux
que par nous, on ne jure que par ce qui est
français, on ne veut que ce qui est français, et
tout ce!a disparaît en un jour par le coup de
hache de la Révolution.
Mais telle est encore la faveur du goût et de
i'esprit français, que la Révolution eHe-même
profite de cet engouement et séduit parce
qu'eife est française, alors que la Révolution
anglaise, un siècle piutôt, avait à peine fait
quetque-bruit au-de!a de la Manche.
Teiie est la valeur de 'out ce qui se fait en
France à la fin de cette monarchie solaire, que
tout artisan devient artiste et tègue son nom à
l'histoire. Dans le meuble, le bois sculpte, ta
marqueterie et le bronze ciselé, c'est Gouthière,
c'est Rie';ener, c'est Leteu, Jacob, Avril, Sau-
nier ou CarJin qui l'emportent, à tour de rôle,
par des dessins nouveaux et des œuvres sans
pareiHes. Clodion, fui-meme, travaittc. pour le
meuble et dessine ces candélabres àdmirabies
que conserve,notre mobilier nationat.
A Lyon, c'est Phitippe dé-Là SaHé qui des-,
sine les capricieux ornements de fa soie et du
velours. A Paris, c'est Thomas Germain,
François-Thomas et Pierre Germain qui don-
nent à l'orfèvrerie de style Louis XVI cette
délicatesse, cette grâce et cette noblesse des
lignes, qu-i reste à l'état de modèles impecca-'
blés dâtTS tes trésors des maisons royales ou
impériales. Et c'est aux deux extrémités de
l'Europe, à Lisbonne et à Saint-Pétersbourg,
que se trouvent aujourd'hui les plus précieux
de ces chefs-d'œuvre.
Comment citer )es plus be))es pièces du mo-
bilier Louis XV! ? A Trianon, se trouvent le
serre-bijoux de Marie-Antoinette, grand meuble
orné de bronzes ciselés et de médaillons, une
console en bois doré avec marbre de mala-
chite, une pendule à aigles, une petite com-
mode de Leleu, pur bijou par ses formes et sa
ciselure, et de grands candélabres en bronze
doré et émail bleu, dont le dessin et le uni
constituent une vraie merveUJe.
Et cette lanterne également en bronze doré
et émaii bleu, si sobre de formes et si parfaite,
si bien ciselée qu'on ne t'estime pas moins d'un
demi-million.
Versailles a un petit lustre deGouthière dans
le styie Louis XVI, mais Fontainebleau est
tout plein de chefs-d'œuvre dans ce style: c'est
une torchère en bois sculpté, une commode en
marquetterie de Riesener, des chaises à lyre,
tine commode à faisceaux de licteur avec pa-
noplie d'armes, des bras de lumière, un grand
et un petit fauteuil, une console, un meuble à
deux vanteaux avec médaillons de porcelaine
d'Avri), une console de Jacob, etc., etc.
Compiègne a aussi ses chefs-d'œuvre dans ce
style, et le mobilier national en aurait un grand
nombre si les ministres n'abusaient pas de )eur
autorité pour orner leurs cabinets de travail de
ces chefs-d'œuvre.
Enfin, la Révolution ayant dispersé le plus
grand nombre des œuvres artistiques des châ-
teaux royaux, c'est en Angleterre que nous re-
trouvons, à ia vente Hamilton, les meubles les
plus précieux de Marie-Antoinette, cinq meu-
bles qui avaient coûté plus d'un million à ]a
cassette royale. C'est dans un château de Nor-
mandie, c'est dans un appartement ignoré de
Paris, c'est ici ou là qu'on retrouve les pièces
isoiées de cet ensemble merveilleux.
Nous pourrions citer des noms, mais ce se-
rait attirer aux propriétaires de ces chefs-d'œu-
vre des nuées de marchands dont ils ne veu-
lent pas entendre parler.
Cependant, nous pouvons dire que le plus
joli château Louis XVI, tout plein de meubles
adorables de l'époque, c'est le château du Ma-
rais, en Seine-et-Oise, au duc de Noaiiies de
même que le chef-d'œuvre d'architecture de
cette époque, c'est le ministère de la marine et
le garde-meubies de ia place de la Concorde.
Gabriel est le grand architecte, avec Louis qui
peupfa Bordeaux et le Bordelais d'édinces ra-
vissants.
Longtemps le style Louis XVI resta en défa-
veur, à ta suite du premier Emp're. On le
trouvait mièvre et peu sotide. Ce fttt t'impéra-
trice Eugénie qui, la première, remit ce style à
la mode en coitectionnant les souvenirs de
Marie-Antoinette.
I! a été tout à fait à ia mode vers r88o, puis
le style Louis XV l'a emporté. On était hier à
i'Empire le Louis XVI va-t-il reprendre te
dessus ? Tout semble l'indiquer.
Nos tapissiers, nos fabricants de meubles et
nos orfèvres sont maintenant outillés, assez
érudits, assez artistes pour comprendre l'épo-
que et la copier. C'est tout ce qu'on peut exi-
ger d'eux. D'autres copient à s'y méprendre ies
meubles et les bronzes de cette époque, mais
ce qu'il faut demander c'est du moderne égal
à l'ancien, non de l'ancien truqué.
TOUT-PAR
TRMS MTES
DAMS LA VtE OE ROCHEFORT
i8S9-188
s.
2 Dans la vie accidentée de cette personna"
lité unique, de ce combattant toujoura
sur la brèche, qui s'appelle Rocheiort,
arrêtons-nous sur trois journées, trois
t dates 6 novembre 1869 13 juillet 1880
2 février 1895.
Trois fois, Rochefort revient d'exif.
L'exU, la prison, puis des journées d'ae*
6 clamations.telestsonlot.
i869
e Le 6 novembre 1869, premier retou~
s d'exil. Tentative de retour, plutôt. Ro~
chefort, réfugié à Bruxelles pour échap-
per à une condamnation à treize mois de
I prison, veut revenir en France et po-
ser à Paris sa candidature à un siège ds
député. Il franchit la frontière. Sa tête
est caractéristique. Il est mal déguisé. La
commissaire de police le reconnaît im-
r médiatement, l'arrête et télégraphie à.
Paris
Que faire du prisonnier?
C'était un prisonnier embarrassant. L&
t gouvernement avait de l'esprit.
Lâchez le prisonnier au plus tôt t
[ répondit-il.
Et l'on donna à Rochefort un sauf-con-
duit. Le soir de l'arrestation, on atten-
dait Rochefort dans une réunion publi-
que a la Chapelle. Deux mille personnes
étaient là. Soudain, le compagnon d8
t voyagedeRochofort~M.Atbiot, arrive et
raconte l'arrestation. Il y eut un tumult&
épouvantable. Toute la salle criait: « Vive
Rochefortt)) n `
A la réunion suivante, l'auteur de la
Z~e~Me, remis en liberté, fit son appa-
rition~.Au bureau'était Laurier. Trois
fois Rochefort voulut prononcer son pre-
mier mot. Trois fois, les cns « Viva
-Roehefort) )) é~-frèrentsavoix.
Dans les réunions électorales, il soutint
sa candidatur&aveë sa mordante énergie.
C'est là qu'il se trouva en contact direct
avec la fouie, que cet homme extraordi-
naire passionne toujours.
Il connut alors la popularité'qui sevoiL.
qui se touche. Il fut le centre de polémi-
ques terribles. Autour dé lui. on s'inju-
riait on se battait. Il demeurait, au mi-
lieu du tumulte, crâne toujours, bouscu-
lé, saisi, acclamé, insulté. C'était le com-
mencement de cette étrange destinée
d'homme en contact avec la foule.
i880
A la gare de Lyon, le 13 j uillet 1880.
Le 10 juillet de cette année, le Parle-
ment avait voté l'amnistie pléniëre dont
devaient bénéncier les membres de la
Commune. M. de Freycinet était alors
président du conseil et Gambetta pré-
sident de la Chambre.
M. Rochefort télégraphia de Genéva
qu'il arriverait le lundi ISjuillet, à cinq
heures quarante. Une foule énorme s'é-
tait, portée à la gare de Lyon, dès uns
heure de l'après-midi, envahissant la
grande cour et les salles d'attente. Lors-
que M. Rochefori descendit du train, en
compagnie d'Olivier Pain et d'Arthur Ar-
nould, des cris répétés de: «Vive Ro-
.chetort Vive l'amnistie M éclatèrent.
Porté en triomphe par une foule enthou-
siaste. il eut neanmoins toutes les peines
du monde à arriver jusqu'au nacre qu'on
avait retenu pour lui, leuaeren~
11303.
Rue de Lyon la foule augmente à vue
d'œil.EHeest énorme-place de la Bas-
tille et sur toute la ligne des boulevards
déjà pavoises– curieuse coïncidence–
pour la fête du 14 juillet.
Le cortège des voitures qui s'était for-
mé à la gare de Lyon mit deux heures
pour arriver place du Château-d'Eau. A
cet endroit, le cheval du fiacre 11303 s'a-
battit. Rochefort descendit et, ayant pu
se dégager, il entra au numéro 11 de la
place du Château-d'Eau, dans l'immeuble
du « Pauvre Jacques a. Les magasins
sont aussitôt bondés et M. Georges,
directeur de la maison, prie son hôte à
dîner, ainsi que M. et Mme Olivier Pain,
M. Robert Charité,secrétaire de l'a~-
.'?~ec! dont le premier numéro allait
bientôtparaître.
La foule, convaincue que Rochefort
s'était retiré, dut elle-même renoncer a
stationner devant le « Pauvre Jacques ».
Le célèbre pamphlétaire ne prit en réalité
congé de M. Georges qu'à dix heures du
soir. 0
Détail amusant Ce soir-là, Victor Hu-
got attendit vainement Rochefort jusqu'à
huit heures et demie, le poète l'ayant in-
vité à dîner avenue d'Eytau ) 1
'1835.
3 février 1895. Ce jour-là, demain, il v
aura cent mille Parisiens devant la pare
où descendra Rochefort.
Ce matin même une partie des rédac-
teurs de r/6!M~epour se rendre à Calais, où ils arriveront
à midi. Ils ont déjà retenu vingt ch-un-
bres à l'hôtel Terminus, où doit descen.
dreM.Henri Rochefort. Les soeiatistes
calaisiens se proposent de faire au célèbre a
journaliste une réception des plus chau-
des. Voici la dépêche que l'un d'eux, le
citoyen Delcluze, a envoyée à M. Ro-
chefort
Placés ici comme une pointe d'avant-garde
de l'armée socialiste, notre parti veut, au mo.
ment où vous mettrez les pieds sur la terra
de France, vous recevoir et acclamer en voua
le condamné et l'exilé récidiviste.
M. Rochefort a répondu par le télé-
gramme suivant
Londres. 31 janvier.
J'arriverai à Calais samedi, à deux heures
trente.
Amitiés & tous.
Henri RocHEFORT.
Dans la journée, M. Rochefort et un
certain nombre de ses amis se rendront
à Boulogne-sur-Mer, où doit avoir lieu la
lancement d'un bateau de pêche portant
le ncm du directeur de l'T~~M~ea~.
Après cette cérémonie, retour à Calais.
Il se pourrait qu'il y eût, dans la soirée.
un punch en l'honneur de M. H. Roche-
fort. Dans tous les cas~Ie départ de Ca-
lais pour Paris s'effectuera dimanche, &
midi vingt. On dit qu'à Amiens.où la se-
conde partie des rédacteurs de l'7H~'a~-
sigeant recevra M. Rochefort, il y aura
une manifestation importante. On sait
que les boalaagistes de cette viUe no~'
29' Annëe 3* Série N* 5484
1 3 FÉVRIER 1893
Il ARTHUR MEYER
JKrecfMM'
RÉDACTION
2, rue Drouot
(Angte des bouievards Montmartre et des !taUens)
ABONNEMENTS
< ARTHUR MEYER
.Dtfec
ADMINISTRATION
RENSEIGNEMENTS
ABONNEMENTS, PETITES ANNONCES
2, rue Drouot, 3
(Angfe des bouievards Montmartre et des Haiiens)
ANNONCES
~~M. C~. LAGmAN&E, CEB'F & C!"
6, PLACE DE LA. BOURSE,,6
.È<
Paris 5 fr. 1 Départements
Un mois. 6fr. Un mois. 6&
Troismois. 1350 Trois mois. 16 fr.
Sixmois. Z7~r. Sixmois. 3&fr.
Un an. 84 fr.
frais mois (Union postale). 18 û'.
LES DERMEtS
~appelez-vons ce matin d'octobre où
nous mîmes au tombeau, le maréchal de
Mac-Mahon.
Lesofnciers russes étaient au milieu
de nous, très fêtés, très regardés.
Un peu d'allégresse en suspens uot-
tait sur la Cité mouvante, et la symboli-
que parenthèse ouverte parcesfunérailles
n'en était point déparée.
Un: soleil d'été, d'un éclat si transpa-
rent dans l'air plus léger de l'automne,
.mettait des tons élégants aux édifices et
baignait de miroitements harmonieux les
.uniformes confondus de trois mUleofn-
ciers, étagés en amphithéâtre sur les de-
grés de la Madeleine.
f Alors passa sur la ipule recueillie, con-
tenue par des endiguements de baïon-
nettes alignées et de hauts cavaliers im-
mobiles, un de ces fugitils frissons de
'volupté civique, par lesquels l'âme d'un
peuple très vite se retrouve et se ressaisit
toute, dans le deuil même de ses grands
morts.
Ce fut le solennel moment où, les litur-
gies s'étant tues derrière les draperies et
la cérémonie sacerdotale s'étant achevée
dans ie temple barré aux curiosités po-
pulaires, le corps du héros fut rendu aux
piétés de la rue, et le lourd cercueil
amené, au pas cadencé des porteurs, jus-
qu'au char funèbre, tout seul, à quelque
distance, sur la place déblayée, vide et
claire, comme à l'aube.
Au coup de canon, le char, décor trico-
lore et branlant, dans cet admirable P.t-
ris grec, moscovite et babylonien qui, du
Parthénon de la Madeleine au Parthénon
du palais Bourbon, par les quais décou-
verts, les colonnades, les balustres, les
vastes places païennes aux divinités as-
sises, s'étend magnifique (Fhorizon seu-
lement rayé d'un trait vertical; archaïque
et mystérieux.par l'aiguille monolithique
de Louqsor), jusqu'à la coupole dorée du
Kremlin des Invalides et l'Arc romain de
la Grande Armée, se mit en marche.
Et derrière, suivaient des drapeaux et
-le cheval de bataille du maréchal, voilé
de crêpe et tenu en main.
A ce moment où notre peuple embras-
sait du même regard ce Paris si mer-
veilleux fait par lui, et ce héros couché
là, conducteur d'assauts, preneur de for-
teresses, vainqueur d'armées, pour lui et
avec lui, quelque chose d'éloquent et de
grandiose qui se dégage des deuils illus-
tres et qui soulève au cœur des citoyens
plus de fierté que de douleur, disait à
chacun d'eux « C'est ta propre gloire qui
passe ) ? »
Prodigues insouciants, qui voient par-
tir leurs derniers écus d'or, et se croient
riches encore s'il en reste encore un, la
pensée nous vint à tous.que nous n'étions
pas tout à fait à bout d'orgueil ni dé-
pouiiïés de gloire, puisqu'il nous restait
Canrobert.
Maintenant, il n'est plus !*Et c'était le
dernier Et. c'est l'hiver de la patrie
guerrière et la misère des armes.
J'eus l'occasion de les. voir. ensemble,
ies deux frères d'armes octogénaires, les
:!eux derniers maréchaux de France.
C'était dans la petite sacristie de Saint-
Pierre de Chaillot, le jour du mariage de
Mlle Canrobert avec M. de NavaceMe.àqui
('EmpereurGuilIaume vient d'adresser un
télégramme historique, à encadrer d':u-
fain et à suspendre aux murailles des
Invalides, à l'égal d'un drapeau pris, et.
mieux encore, puisqu'il est un hommage
pacifiquc.insaisissaMe, tibre et volontaire,
& la gloire du6e corps de l'armée du Rhin
st de son valeureux maréchal. 1
Le flot des invités complimenteurs s'é-
tait écoulé par l'a vénae Marceau. Il res-
tait à peine une quinzaine de personnes.
Mac-Mahon, debout, causant, grand,
Bvelte dans sa tunique de gala, les br&s
croisés, droit comme un 1 et fixe sur ses
pieds si minces et si nnement chaussés,
semblait défier, par une invincible allure
de jeunesse, les infirmités de l'octogé-
uaire. 0
Csnrobert, plus tassé, petit, dur d'ouïe,
ttvec les cheveux longs et bouclés de Tu-
t'enne.vêt.u d'un uniforme las dont les ors
temblaient ternis par la poudre du der-
aier combat, allait de l'un à l'autre, la
!ête léonine en avant, mettant, avec des
joups d'œil terribles de léopard, des bai- i
sers souriants et charmés sur les ganta 1
~es jeunes femmes, qui lui criaient tour 1
t tour dans les oreilles de jolis vœux ca-
ressants et cristallins.
Oh t l'inoubliable confrontation de ces
ieux admirables soldats de quatre-vingts
ins, restés debout et si Sers, parmi nous
~ci rasons les murs de l'Europe, avec des
timidités obliques de chiens battus.
La mort, tant de fois bravée, semblait
les avoir épargnés l'un et l'autre, comme
pour servir plus longtemps d'exempte,
poste de guerriers survivants laissé la,
n ce noir défilé de l'histoire, pour jalon-
ner la route à ceux qui viendront.
Tous les derniers efforts d'une race
guerrière, toute t,a valeur, tout son cou-
rage, la~vertu, l'honneur, la générosité
d'un vieux sang qui s'est tant de fois oi-
:ribu, témoins glorieux l'un de l'autre
ians cette fête intime, et point rivaux.
Après eux, les derniers, un grand es-
pace vide d'un quart de siècle, vide de
tout, même d'un peu d'espérance, hélas ) 1
xariiest visible à qui veut regarder que
des pionniers étrangers, installés ici en
subtils dissolvants des vertus nationales,
y complètent, par une assimilation reli-
gieuse, économique et sociale, l'oeuvre
commencée sur notre race par le canon
allemand.
En voyant le cercueil de ces deux sol-
dats couverts des témoignages d'admira-
tion de l'Europe, on est même tenté de
se demander si leurs .héroïques défaites
n'étaient pas d'inestimables témoignais
de la vigueur française, auprès du piteux
délabrement moral qui sévit à présent.
Et c'est un spectacle entre tous à don-
ner la nausée que celui d'une Chambre
soi-disant irançaise, dont les odieux créa-
teurs ont massacré trente mille ouvriers
parisiens pour garder le pouvoir volé de-
vant l'ennemi, ne se ressouvenir tout a
coup dans la c'nère immaculée du maré-
chai Canrobert que d'an passage en co-
lonne sur le boulevard Montmartre t
La détestable école que celle où l'on
n'étale aux yeux de la jeunesse que l'ai-
gre rancune des troubles civils t
Datant ~'enseignements vivifiants et
féconds qui ressortent de la carrière de
ces idéalistes du devoir et de la disci-
pline, nos étrangea éducateurs de main-
tenant gardent les faits obcurs qui of-
fusquent leurs misérables intérêts et re-
jettent les faits lumineux qui grandi-
raient l'âme nationale.
A les entendre, ce qu'il faut se rappe-
ler, ce n'est pas Zaatcha enlevé d'assaut
par les zouaves, Canrobert devant, en
tête, le premier, suivi de quatre officiers
et de seize sous-ofËciers volontaires ce
n'est pas Inkermann, où le centre de l'ar-
mée russe est enfoncé par Canrobert ce
n'est pas Turin sauvé de Giulay par Can-
robert ce n'est pas Solférino où la
gauche de l'armée autrichienne est refou-
lée par Canrobert ce n'est pas Saint-
Privat, où la garde prussienne, lancée
comme un dernier renfort, est arrêtée et
foudroyée par Canrobert. Non, ce qu'il
faut se rappeler, c'est la brigade Canro-
bert passant sur les boulevards, pour re-
tarder de vingt ans l'apothéose de M.
Hubbard.
A les entendre, ce qu'il faut se rappeler,
ce n'est pas le drapeau planté par Mac-
Mahon sur les brèches fumantes de Mala-
koS; ce n'est pas Magenta, où, nouveau
Desaix, Mac-Mahon court au canon et
sauve l'armée française; ce n'est pas
Reischoffen, ou les trente mille hommes
de Mac-M~hon tiennent tête aux cent qua-
rante miile hommes du prince royal de
Prusse; ce n'est pas le plateau de La Mon-
celle, où Mac-Mahon tomba de cheval, le
flanc déchiré par un éclat d'obus. Non,
ce qu'il faut se rappeler, c'est Mac-Mahon
re'ardant de quelques semaines, au Seize-
Mai, la réélection indispensable des.deux
ou trois cents Hubbards qui font aujour-
d'hui ~pute notre admiration.
Ah! les pitoyables éducateurs que ces
pleutres qui font de la république, si
.belle, nne chose petite, petite, une éplu-
cheuse de l'histoire.
Franchement, il devient mortifiant de
voir désormais le patriotisme français re-
cevoir le ton, non de notre propre gouver-
nement, mais de Guillaume II, du Tsar:
ou du Pape.
Ce sont eux qui trouvent les notes jus-
tes, les notes élevées et réconfortantes, à
l'heure même où des traînées visqueuses
de limaces montent du Parlement fran-
çais, pour salir nos marbres les plus
blancs et nos renommées les plus pures.
Mieux inspiré serait le très petit groupe
dénommes qui croit ici servir la Républi-
que et qui paraît plutôt s'en servir, s'il
s'efforçait de l'identifier avec les gloires
du passé, n'en ayant pas de rechange.
Napoléon, qui apportait à laFrance au-
tre chose que ce que M. Hubbard lui ap-
pOrte, écrit au ministre de l'intérieur une
lettre admirable, pour lui prescrire de ne
point laisser outrager dans la presse les
hommes de la Révolution, et,
31 décembre 1809 « Je suis solidaire de
tout ce qu'a fait la France depuis Clovis
jusqu'au Comité de salut public, »
0 républicains, étranges, républicains
français qui comprenez si mal la répu-
blique et sur qui pleuvent à cette heure
les avertissements d'en haut, soyez soli-
daires de nos derniers héros, si vous vou-
,Iez qu'on oublie les vôtres.
GEORGES THtÈB AUD
Ce qms'e passe
GaULOlS-GUiDE
AM'OMrd!ntt
Aux Foties-Berg&re, soirée de gâta. c
ËsmsDEpAm
Le roi Alexandre de Serbie, accompa-
gné du colonel Ghamoin, a fait visite,
hier, à deux heures et demie, à Mme Car-
not.
A trois heures, le Roi et son père se
sont rendus à l'exposition des « Femmes
pastellistes ». Ils ont assisté ensuite, au
théâtre d'Application, à la conférence de
Maurice Letèvre et sont restés pour la re-
vue Autour de la Z<ï~pe.
Le soir. le Roi a assisté à la représen-
tation de l'Opéra, dans l'avant-scène du
comte et de la comtesse de Camondo.
Les généraux Godin, de l'artillerie de
marine Reste, Pernot, Dodds et Frey,
de l'infanterie de marine, ont été invités
à se trouver réunis à Paris lundi, 4 fé-
vrier, pour l'établissement du tableau
d'avancement des ofnciers de ces deux
armes.
Il parait qu'un certain nombre d'offi-
ciers de réserve de la marine sont candi-
dats et seront de préférence nommés à
l'emploi d'inspecteur de la police dea
chemins de fer près de nos frontières.
On a.décidé de les placer hors cadres
comme les officiers de l'armée de terre
appelés à des emplois civils.
Ainsi qu'il l'avait annoncé dans son té-
légramme adressé à M. Marcel Canrobert,
M. Paul Déroulède est arrivé à Paris
pour assister aux funérailles de l'illustre
maréchal. Il se trouvait, hier, au palais~
Royal, chez un marchand de décorations
où il renouvelait sa provision de rubars,
en même temps qu'un vieux soldat de
Crimée qui venait, pour accompagncfscn
ancien général a sa dernière décerne,
faire l'acquisition d'un ruban ne'
Voulez-vous me permette de rous
l'oû'rir; mon brave? dit Dérenlède et s'a-
dressant au vieux médaille de Crimée.
L'acheteur, tout confus et ne sachant
qui lui parlait, balbutiait quelques mots
de remerciement, Lorsqu'un am~-de M.
Déroulède qui ~.e trouvait la. viny'le tirer
d'embarras en le nommant.
Le poète des Chants ~M ~o;6!a~ s'é-
cria le vieux soldat tout entho~iasmé.
Et U s confondit en remetr'ements.
M. Paul Déroulède neQs pardon-
nera de divulguer cette petite anec-
dote toute à son honneur 4 qui lui a dé-
montré que ses chants t&triotiques ont
pénétré jusqu'au ccear H~me du peuple.
Le nouveau ministM de la guerre, gé
néral Zurlinden, con~rve comme cbei de
cabinet le général Rm, et comme sous-
chei le colonel Mi~ei.
Les capitaines de Montbéliard et Bes-
sières, qui servaient auprès de lui au
Mans, feront partie de son état-major
particulier comme ofnciers d'ordonnance.
Les surprises du divorce
Use brave femme de l'Oise vient d'in-
troduire une action en divorce contre son
mari.
Or, elle a quatre-vingt-un ans.
C'est le cas de dire qu'on fait des sot-
tises à tout âge.
Un correspondant du dans les annuaires militaires de Rous-
sel de 1776 à 1790, le nom d'un sous-lieu-
tenant, puis lieutenant du régiment de
Penthièvre, du nom de « de CaMro&gr~ ».
De 1785 à 1790, dernière année où pa-
rut cet annuaire, M. de Canrobert est dé-
signé comme capitaine de grenadiers,
A partir de 1782 on voit figurer dans
l'état-major du même régiment, avec le
grade de sous-lieutenant, un M. de Cer-
tain, parent, sans doute, du capitaine.
Le régiment de Penthièvre est repré-
senté aujourd'hui par le 78° de ligne.
Ce répiment peut donc se glorifier d'a-
voir eu dans ses rangs le père et, proba-
blement un oncle de l'illustre maréchal.
On va organiser des transports régu-
liers pour Madagascar.
Deux départs auront lieu chaque mois
du Havre sur Marseille où le voyage men-
suel est, jusqu'à nouvel ordre, uxé au
23 février.
Les Messageries Maritimes vont orga-
niser, de leur côté, un service postal dont
le départ aura lieu les 3 et 12 de chaque
mois.
Le steamer ~o~e-jDa~e-~M-~a~M~, qui
servait auparavant à transporter les pè-
lerins en Palcst.inf, et qui vient d'être
aû'rété pour embarquer des troupes le 10
février offre des conditions exceptionnel-
les de vaste aménagement et de confort,
surtout pour nos sous-ofnciers et soldats
qui s'y trouveront parfaitement logés.
Ce navire coûtera 31,500 francs par
mois, plus la nourriture des passagers
Ëxée comme suit
Officiers généraux et supérieurs, 10
francs; subalternes, 6 irancs; sous-ofn-
ciers, 3 francs rationnaires, 1 franc
chevaux et mulets, 3 francs.
La cérémonie officielle delà remise &
la Ville de Paris de l'œuvre des Ambu-
lances urbaines aura lieu mardi, à deux
heures et demie précises, dans le foyer
du public de l'Opéra.sous la présidence
d'honneur de Mme la duchesse de Dou-
deauville et la présidence effective de
Mme la baronne de Mohrenheim, prési-
dente de l'oeuvre.
La musique de la garde républicaine
prêtera son concours à cette solennité.
MM. Jules Simon, Nachtel etChampou-
dry prendront la parole, et la cérémonie
se terminera par une pièce de vers, com-
posée pour la circonstance par M. Le
Mouei, dite par M. Mounet-SuIIy, de la
Comédie-Française.
Une conséquence amusante de l'amnis-
tie
Un fabricant de pipes a sorti, hier, de
ses magasins, où il était entassé depuis
l'arrêt de la haute cour, un stock considé-
rable de pipes avec la tête d'Henri Roche-
fort.
Ces pipes vont remplace''chez les dé-
bitants les têtes de M. Casimir-Perior,
que les fumeurs dédaignent, paraît-il, de-
puis la démission du président de la ré-
publique.
L'Académie française, malgré le temps
horrible qu'il faisait, a tenu quand même
sa séance, jeudi, sous la présidence de M.
le duc de Broglie, assisté de MM. Lavisse,
chancelier, et Camille Doucet.
Les Immortels, dont les noms suivent
-car ils sont dignes de passer à la posté-
rité, –se sont adonnés au travail du Dic-
tionnaire.
On ne sait si la discussion a été chaude.
Etaient présents
Mgr le duc d'Aumale, MM. Mézières,
J. Bertrand, Pierre Loti Viaud, Jutes Si-
mon, Lud. Halévy, vicomte de Vogué,
Léon Say, Brunetière, Thureau-Dangin,
comte d'Haussonville, G. Boissier et
Alexandre Dumas.
Lecture a été donnée d'un décret qui
autorise la Compagnie à accepter la dona-
tion d'une rente de huit cents francs que
lui a faite M. Lecocq-Dumesnil en laveur
de celui qui, faisant partie d'une famille
pauvre, « aura fait preuve de sa piété
filiale en soignant sa vieille mère )).
C'est toujours jeudi prochain 7 février
que M. le duc de Broglie recevra en séance
solennelle sous le dôme le successeur de
M. Taine, M. Albert Sorel.
Les portes seront ouvertes à une iMure
et la seance commencera très exactement
à deux heures précises.
Au quartier Latin, on a organisé pour
demain une matinée au pront d'un ar-
tiste malheureux. Cette'matinée sera
donnée dans un caveau, Zieu ordinaire des
réunions dos étudiants.
Le programme, afnché sur les murs
du qua'~ier, comporte l'audition du poète
Félix/'aure.
C~hom de poète, totalement inconnu,
a p~bduit sensation au quartier. On se de-
mande si le poète Félix Faure existe réel-
lement ou si ce nom est un pseudonyme
d'actualité.
Après tout, c'est peut-être tout bonne-
ment par fumisterie crue les étudiants ont
inscrit le nom du président de la répu-
blique sur une ai&che de concert.
Chi i'oss?
La. lettre que M. Clovis Hugues vient
d'adresser au garde des sceaux, pour lui
demander d' « amnistier )) le poète Jean
Richepin, a surpris quelques personnes,
qui croyaient que c'était chose faite de-
puis longtemps.
Il en fut, en effet, question à plusieurs
reprises, et M. Lockroy entre autres s'é-
tait préoccupé de l'affaire.
Pas une voix ne s'élèverait contre cette
amnistie le jour où M. Trarieux, par un
moyen quelconque, en ferait bénéncier
M. Ricbepin.
C'est vers 1876 que parurent les vers
pour lesquels M. Jean Richepin fut pour-
suivi et condamné à trente jours de pri-
son. Dims les éditions de la C~~o~ des
~MëMa? qui suivirent, le poète remplaça
ces vers par des lignes de points, et lui-
même raconta l'aventure dans une pré-
face pleine ~~Qnehtuneur.
A noter ce détail que, pour écrire la
CTMMSOM des <7M6M~, Jean Richepin avait
dû apprendre l'argot, comme autrefois,
sur les bancs du collège, il avait appris le
latin et le grec.
La iête d'avant-hier, au Palais de Glace,
a été extrêmement brillante.
Très admirée la décoration de- la salle
ainsi que l'idée des grelots que le public
agitait gaiement; mais le clou de la soirée
a été le divertissement des « Patineurs-
Diamants a exécuté sous les projections
électriques par Kurten et Harry avec une
maestria qui a provoqué des applaudisse-
ments enthousiastes.
A l'occasion du bal de ce soir à l'Hôtel
de Ville, le restaurant Maire restera ou-
vert toute la nuit.
L'anarchie administrative est dans tout
son éclat en pcovince.
Dans le seul arrondissement de Dinan,
deux maires sont suspendus pour ques-
tions. délicates. Un troisième est e~ pri-
son pour faux en matière de secours. En-
En, un employé de la sous-préfecture at-
tend S3. comparution devant les assises
-pour détournement de mandats.
Une députation d'ofnciers appartenant t
au régiment anglais des <( Royal Scots N
est arrivée à Saint-Pétersbourg et sera
reçue par l'Empereur au priais impérial.
Le superbe régiment « Kieif. N dont le
prince de Galles est colonel honoraire dé-
niera devant le palais en leur honneur, et
ce se~Yï p~e~H~e /'o~ ~M'MM e/Mp~rcM)'
de ~?M~:e a;Mra por~c M~ MM~o~~e <~M-
glais.
On va ioliment s'écraser ce soir, au Ca-
sino de Paris, qui donne sa quatrième
grande redoute paréo et masquée. Déjà
un grand nombre de loges ont été prises
a la locatio-n, et les marchands de con-
fetti, ballons et serpentins ont fait d'é-
normes livraisons pour la bataille qui se
prépare. Ce sera, à n'en pas douter, une
des plus brillantes fêtes de la saison.
A travers les livras
TLeM~s, ~ates, tel est le titre du nouveau
roman de Gyp. Leurs âmes.On peut'
aisément se ûgurer qu'il s'agit de quel-
ques-unes de ces âmes parisiennes déli-
cieusement ingénues et perverses sous
leur enveloppe de suprême élégance. En'
l'espèce, il s'agit d'un ménage qui unit
mal, par la faute d'un mari qui veut à
toute force lancer sa femme.et qui y
parvient.
La 2Se~!
plus les amateurs de talents nouveaux et
les curieux de lettres, aussi a-t-elle suivi
une marche ascendante, qui va s'accen-
tuer encore; car dès le numéro paru, au-
jourd'hui, et dans lequel on trouvera des
lettres inédites d'Edgar Poë, la/~e~Me
M~MC~e devient bi-mensuelleet a pour
éditeurs Charpentier et Fasquelle.
L'ESPRIT D'AUTREFOIS
Le peintre Gharlet se maria en 1834 et
fut heureux dans le choix qu'il fit. Sa
femme, pleine de cœur et uércn bon droit
de la valeur personnelle de son ir~ii, fut
pour Charlet une compagne aimable et
dévouée, et pour ses deux fils une excel-
lente et digne mère.
Charlet racontait ainsi sa première en-
trevue avec sa femme:
Elle raccommodait des bas; ~e fus
vivement ému. C'est, pensai-je, la Provi-
dence qui m'a conduit ainsi et voila la
femme qu'il me faut, moi qui ai toujours
des bas troués.
MOUVELLES A LA MAS!~
AuClub.
Un rude malin,ce directeur des Comptes
aléatoires, qui est venu, hier, me propo-
ser de souscrire à son émission. Pour
m'inspirer conGanca, il avait retirée dans
l'antichambre, son ruban de chevalier de
la Légion d'honneur.
J
Entre Marseillais.
–Moi, mon cher, voyez-vous, la pro-
preté avant tout.
–Moi aussi, mon bon.Ainsi, jugez.
quand je mon4e mon escalier, je mets mon
mouchoir sur les marches, pour ne pas
les salir.
Et moi. moi je fais cirer mon par-
quet des deux côtés.
UN OOM'NO
M SOUFFLET B!EN VENGE
Le général espagnol Fuentès donné:') à
l'ambassadeur du Maroc en Espagne un
.vigoureux soufuet, dont le bruit a mis
tout Madrid en émoi.
Ce fâcheux incident n'amènera certai-
nement pas la conquête de l'Espagne par
le Maroc..
C'est & la suite d'un soufflet sur une
joue diplomatique que les Français ont
conquis l'Algérie. Au printemps de 1827,
le dey d'Alger, Hussein-Pacha, le même
que Mme de Grirardin une femme d'es-
prit qui fit de médiocres vers appela
Celui qui des Français insulta la banni&re
ne daigna pas frapper de sa main le vi-
sage de l'envoyé des ~OM~s il le frappa
de son chasse-mouches.
Il y avait longtemps que les relations
entre le dey et le gouvernement de Char-
les~ étaient tendues. Le dey avait écrit,
en%836, au roi de France, pour lui récla-~
mer, sept millions, dette contractée par le
gouvernement révolutionnaire, en 1793,
envers une maison de commerce d'AVer.
Sur ces entre-faites, M. Deval, consul
général de France, vint à la Kaasbah sa-
luer le dey, comme c'était l'usage la veille
des fêtes musulmanes. Il profita de l'oc-
casion pour élever quelques réclamations
au sujet d'un navire du Saint-Siège cap-
turé par les pirates d'Alger. Hussein-Pa-
cha était de mauvaise humeur. Le ~OM~î
lui déplaisait. Hussein déclara sur un ton
très vif que le Français ferait bien mieux
de lui rendre l'argent dû que de lui faire
des observations.et menaça le consul de
le jeter eu prison.
M. Deval menaça le dey de l'indigna-
tion de son gouvernement. Alors Hus-
sein, furieux, de son chasse-mouches en
pnhnesdepaon souffleta notre consul.
La scène fut très vive.
–Ce~'est pas moi, c'est le roi de.
France qui est outragé) s'écria M. De-
val.
Je ne crains pas plus le roi de France
que toi, chien) répliqua Hussein. Sors
immédiatement, si tu tiens~â la liberté) 1
Le dey refusa toute satisfaction à la
France qui, après deux ans de blocus, en-
treprit la conquête de l'Algérie.
Le dey avait eu tort de ne pas craindre
le roi de France.
PAUL HOCHE
Bloc-Notes ParisieB
A pt'epos dn « CotUer tte t& R<;ine M
Lepub)ic,deplusenp!usdiffici)e, a obligé
ies directeurs de théâtre à soigner leur mise en
sc&ne au point d'en faire autant que possible
de véritables œuvres d'art. C'est ainsi que le
théâtre de la Porte-Samt-Martin vient de nous
donner une restitution absotument exacte du
boudoir de Marie-Antoinette à Trianon, tout
en apportant un soin extrême à la reconstitu-
tion des costumes et des toilettes de l'é-
poque.
La vérité,tavéritët Voiiâ ce qu'on réclame
au thëâ're.et c'est peut-être ce qui a amène
queiques-uns à confondre le rëaiisme avec la
vérité. Erreur; )e réalisme n'est que ta laideur
du vrai, tandis que Je public s'attache de pré-
férence à ce qu'on a appelé « ia splendeur du
vrai )> le beau.
Or le styte Louis XVI aura éternellement Je
don de passionner les deticats~ parce que placé
entre fes grimaces du style Louis XV et la rai-
deur et ta iourdeur du styte Empire, i) a ia
grâce de l'un unie à la correction, aux belles
lignes de l'autre.
« Qui n'a pas vécu avant )s Revotution n'a
pas connu ie ptaisir de. vivre », disait M. de
Taiieyrand, et,de tait, cette société du dix-hui-
tième siècie, élite de la France et du monde
entier, groupe trop restreint et trop briHant
pour ne pas exciter les convoitises, la jalousie
et la haine, était arrivée au raffinement suprê-
me d'une civiiisation qu'un coup de tonnerre
devait faire disparaître.
Si tout s'effondre en un instant, rien n'était
.biensoiide, mais comment pouvait-iienétre
autrement d'un edinee fait de denteife et de ci-
seiures, château de cartes psut-etre, mais châ-
teau de cartes comme on n'en a jamais vu?
On aurait tort de croire que ie.sstviës ap-
partiennent tout entiers à t'epôque .ou au rè-
'gne'dont ils portent le nom. Rien ne se fait
brusquem.en.t dans les arts, .et ies connaisseurs
me comprendront quand j'aurai dit que te
styieL'outs XVt a'commencc sous Louis XV,.
et que )e s.ty!e Empire a commence sous
LomsXVL
**t!
Depuis près de deux cents ans, )a France
tenait )e sceptre du goût. C'est eiie qui ensei-
gnait au monde l'art ornemental,le luxe artisti-
que, )e grandiose et le menu, chef-d'œuvre de
fini. Elle envoie ses peintres, ses sculpteurs,
ses architectes un peu partout, et partout ses
bijoutiers, ses orfèvres, ses tisseurs de soie
sont les seuls du monde entier. On n'a d'yeux
que par nous, on ne jure que par ce qui est
français, on ne veut que ce qui est français, et
tout ce!a disparaît en un jour par le coup de
hache de la Révolution.
Mais telle est encore la faveur du goût et de
i'esprit français, que la Révolution eHe-même
profite de cet engouement et séduit parce
qu'eife est française, alors que la Révolution
anglaise, un siècle piutôt, avait à peine fait
quetque-bruit au-de!a de la Manche.
Teiie est la valeur de 'out ce qui se fait en
France à la fin de cette monarchie solaire, que
tout artisan devient artiste et tègue son nom à
l'histoire. Dans le meuble, le bois sculpte, ta
marqueterie et le bronze ciselé, c'est Gouthière,
c'est Rie';ener, c'est Leteu, Jacob, Avril, Sau-
nier ou CarJin qui l'emportent, à tour de rôle,
par des dessins nouveaux et des œuvres sans
pareiHes. Clodion, fui-meme, travaittc. pour le
meuble et dessine ces candélabres àdmirabies
que conserve,notre mobilier nationat.
A Lyon, c'est Phitippe dé-Là SaHé qui des-,
sine les capricieux ornements de fa soie et du
velours. A Paris, c'est Thomas Germain,
François-Thomas et Pierre Germain qui don-
nent à l'orfèvrerie de style Louis XVI cette
délicatesse, cette grâce et cette noblesse des
lignes, qu-i reste à l'état de modèles impecca-'
blés dâtTS tes trésors des maisons royales ou
impériales. Et c'est aux deux extrémités de
l'Europe, à Lisbonne et à Saint-Pétersbourg,
que se trouvent aujourd'hui les plus précieux
de ces chefs-d'œuvre.
Comment citer )es plus be))es pièces du mo-
bilier Louis XV! ? A Trianon, se trouvent le
serre-bijoux de Marie-Antoinette, grand meuble
orné de bronzes ciselés et de médaillons, une
console en bois doré avec marbre de mala-
chite, une pendule à aigles, une petite com-
mode de Leleu, pur bijou par ses formes et sa
ciselure, et de grands candélabres en bronze
doré et émail bleu, dont le dessin et le uni
constituent une vraie merveUJe.
Et cette lanterne également en bronze doré
et émaii bleu, si sobre de formes et si parfaite,
si bien ciselée qu'on ne t'estime pas moins d'un
demi-million.
Versailles a un petit lustre deGouthière dans
le styie Louis XVI, mais Fontainebleau est
tout plein de chefs-d'œuvre dans ce style: c'est
une torchère en bois sculpté, une commode en
marquetterie de Riesener, des chaises à lyre,
tine commode à faisceaux de licteur avec pa-
noplie d'armes, des bras de lumière, un grand
et un petit fauteuil, une console, un meuble à
deux vanteaux avec médaillons de porcelaine
d'Avri), une console de Jacob, etc., etc.
Compiègne a aussi ses chefs-d'œuvre dans ce
style, et le mobilier national en aurait un grand
nombre si les ministres n'abusaient pas de )eur
autorité pour orner leurs cabinets de travail de
ces chefs-d'œuvre.
Enfin, la Révolution ayant dispersé le plus
grand nombre des œuvres artistiques des châ-
teaux royaux, c'est en Angleterre que nous re-
trouvons, à ia vente Hamilton, les meubles les
plus précieux de Marie-Antoinette, cinq meu-
bles qui avaient coûté plus d'un million à ]a
cassette royale. C'est dans un château de Nor-
mandie, c'est dans un appartement ignoré de
Paris, c'est ici ou là qu'on retrouve les pièces
isoiées de cet ensemble merveilleux.
Nous pourrions citer des noms, mais ce se-
rait attirer aux propriétaires de ces chefs-d'œu-
vre des nuées de marchands dont ils ne veu-
lent pas entendre parler.
Cependant, nous pouvons dire que le plus
joli château Louis XVI, tout plein de meubles
adorables de l'époque, c'est le château du Ma-
rais, en Seine-et-Oise, au duc de Noaiiies de
même que le chef-d'œuvre d'architecture de
cette époque, c'est le ministère de la marine et
le garde-meubies de ia place de la Concorde.
Gabriel est le grand architecte, avec Louis qui
peupfa Bordeaux et le Bordelais d'édinces ra-
vissants.
Longtemps le style Louis XVI resta en défa-
veur, à ta suite du premier Emp're. On le
trouvait mièvre et peu sotide. Ce fttt t'impéra-
trice Eugénie qui, la première, remit ce style à
la mode en coitectionnant les souvenirs de
Marie-Antoinette.
I! a été tout à fait à ia mode vers r88o, puis
le style Louis XV l'a emporté. On était hier à
i'Empire le Louis XVI va-t-il reprendre te
dessus ? Tout semble l'indiquer.
Nos tapissiers, nos fabricants de meubles et
nos orfèvres sont maintenant outillés, assez
érudits, assez artistes pour comprendre l'épo-
que et la copier. C'est tout ce qu'on peut exi-
ger d'eux. D'autres copient à s'y méprendre ies
meubles et les bronzes de cette époque, mais
ce qu'il faut demander c'est du moderne égal
à l'ancien, non de l'ancien truqué.
TOUT-PAR
TRMS MTES
DAMS LA VtE OE ROCHEFORT
i8S9-188
s.
2 Dans la vie accidentée de cette personna"
lité unique, de ce combattant toujoura
sur la brèche, qui s'appelle Rocheiort,
arrêtons-nous sur trois journées, trois
t dates 6 novembre 1869 13 juillet 1880
2 février 1895.
Trois fois, Rochefort revient d'exif.
L'exU, la prison, puis des journées d'ae*
6 clamations.telestsonlot.
i869
e Le 6 novembre 1869, premier retou~
s d'exil. Tentative de retour, plutôt. Ro~
chefort, réfugié à Bruxelles pour échap-
per à une condamnation à treize mois de
I prison, veut revenir en France et po-
ser à Paris sa candidature à un siège ds
député. Il franchit la frontière. Sa tête
est caractéristique. Il est mal déguisé. La
commissaire de police le reconnaît im-
r médiatement, l'arrête et télégraphie à.
Paris
Que faire du prisonnier?
C'était un prisonnier embarrassant. L&
t gouvernement avait de l'esprit.
Lâchez le prisonnier au plus tôt t
[ répondit-il.
Et l'on donna à Rochefort un sauf-con-
duit. Le soir de l'arrestation, on atten-
dait Rochefort dans une réunion publi-
que a la Chapelle. Deux mille personnes
étaient là. Soudain, le compagnon d8
t voyagedeRochofort~M.Atbiot, arrive et
raconte l'arrestation. Il y eut un tumult&
épouvantable. Toute la salle criait: « Vive
Rochefortt)) n `
A la réunion suivante, l'auteur de la
Z~e~Me, remis en liberté, fit son appa-
rition~.Au bureau'était Laurier. Trois
fois Rochefort voulut prononcer son pre-
mier mot. Trois fois, les cns « Viva
-Roehefort) )) é~-frèrentsavoix.
Dans les réunions électorales, il soutint
sa candidatur&aveë sa mordante énergie.
C'est là qu'il se trouva en contact direct
avec la fouie, que cet homme extraordi-
naire passionne toujours.
Il connut alors la popularité'qui sevoiL.
qui se touche. Il fut le centre de polémi-
ques terribles. Autour dé lui. on s'inju-
riait on se battait. Il demeurait, au mi-
lieu du tumulte, crâne toujours, bouscu-
lé, saisi, acclamé, insulté. C'était le com-
mencement de cette étrange destinée
d'homme en contact avec la foule.
i880
A la gare de Lyon, le 13 j uillet 1880.
Le 10 juillet de cette année, le Parle-
ment avait voté l'amnistie pléniëre dont
devaient bénéncier les membres de la
Commune. M. de Freycinet était alors
président du conseil et Gambetta pré-
sident de la Chambre.
M. Rochefort télégraphia de Genéva
qu'il arriverait le lundi ISjuillet, à cinq
heures quarante. Une foule énorme s'é-
tait, portée à la gare de Lyon, dès uns
heure de l'après-midi, envahissant la
grande cour et les salles d'attente. Lors-
que M. Rochefori descendit du train, en
compagnie d'Olivier Pain et d'Arthur Ar-
nould, des cris répétés de: «Vive Ro-
.chetort Vive l'amnistie M éclatèrent.
Porté en triomphe par une foule enthou-
siaste. il eut neanmoins toutes les peines
du monde à arriver jusqu'au nacre qu'on
avait retenu pour lui, leuaeren~
11303.
Rue de Lyon la foule augmente à vue
d'œil.EHeest énorme-place de la Bas-
tille et sur toute la ligne des boulevards
déjà pavoises– curieuse coïncidence–
pour la fête du 14 juillet.
Le cortège des voitures qui s'était for-
mé à la gare de Lyon mit deux heures
pour arriver place du Château-d'Eau. A
cet endroit, le cheval du fiacre 11303 s'a-
battit. Rochefort descendit et, ayant pu
se dégager, il entra au numéro 11 de la
place du Château-d'Eau, dans l'immeuble
du « Pauvre Jacques a. Les magasins
sont aussitôt bondés et M. Georges,
directeur de la maison, prie son hôte à
dîner, ainsi que M. et Mme Olivier Pain,
M. Robert Charité,secrétaire de l'a~-
.'?~ec! dont le premier numéro allait
bientôtparaître.
La foule, convaincue que Rochefort
s'était retiré, dut elle-même renoncer a
stationner devant le « Pauvre Jacques ».
Le célèbre pamphlétaire ne prit en réalité
congé de M. Georges qu'à dix heures du
soir. 0
Détail amusant Ce soir-là, Victor Hu-
got attendit vainement Rochefort jusqu'à
huit heures et demie, le poète l'ayant in-
vité à dîner avenue d'Eytau ) 1
'1835.
3 février 1895. Ce jour-là, demain, il v
aura cent mille Parisiens devant la pare
où descendra Rochefort.
Ce matin même une partie des rédac-
teurs de r/6!M~e
à midi. Ils ont déjà retenu vingt ch-un-
bres à l'hôtel Terminus, où doit descen.
dreM.Henri Rochefort. Les soeiatistes
calaisiens se proposent de faire au célèbre a
journaliste une réception des plus chau-
des. Voici la dépêche que l'un d'eux, le
citoyen Delcluze, a envoyée à M. Ro-
chefort
Placés ici comme une pointe d'avant-garde
de l'armée socialiste, notre parti veut, au mo.
ment où vous mettrez les pieds sur la terra
de France, vous recevoir et acclamer en voua
le condamné et l'exilé récidiviste.
M. Rochefort a répondu par le télé-
gramme suivant
Londres. 31 janvier.
J'arriverai à Calais samedi, à deux heures
trente.
Amitiés & tous.
Henri RocHEFORT.
Dans la journée, M. Rochefort et un
certain nombre de ses amis se rendront
à Boulogne-sur-Mer, où doit avoir lieu la
lancement d'un bateau de pêche portant
le ncm du directeur de l'T~~M~ea~.
Après cette cérémonie, retour à Calais.
Il se pourrait qu'il y eût, dans la soirée.
un punch en l'honneur de M. H. Roche-
fort. Dans tous les cas~Ie départ de Ca-
lais pour Paris s'effectuera dimanche, &
midi vingt. On dit qu'à Amiens.où la se-
conde partie des rédacteurs de l'7H~'a~-
sigeant recevra M. Rochefort, il y aura
une manifestation importante. On sait
que les boalaagistes de cette viUe no~'
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