Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-11-04
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 04 novembre 1882 04 novembre 1882
Description : 1882/11/04 (Numéro 2). 1882/11/04 (Numéro 2).
Description : Note : supplément littéraire. Note : supplément littéraire.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
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Numéro 2
Samedi Novembre d8S2
Adresser ton!; ce f[ui concerne la., rôdactio~
'duSopplémont~'
'M. ROBERT ESTISfir~B:
0, bout&vard Jcs t
ABONNEMENTS ~PÉGIAUX_
~o!<)* .S'H~/e)ne)!/ ~Me'r~!)'e
Tt-ois mois. 2 f. SO. Six mois, 5 f. –Un a.n, 10 t..
Sf.VPL~I~A'T 7,7'rTÈ~A~&'
~a)'af f'' Sfonedt niait'ft d Pai'!s. Ji .'ic h'otfce tR Di'mM~f
<~ns
Adresser tout ce qui concerne la' rédaction
d)iSupp].ëmeiit&
M. ROBERT ESTIENNE
0, bouter art! des ttattcn~, 9
Ce Supplément est entièrement gratuit
potu' les Abomes et les Acheteurs au N*.
ABONNEMENTS SPÉCIAUX
~OM)- /e\S'M~/<')He)~Z,
T)'.
~t) r~r~t F'Mt C~~BV t BWf M F~ r*
Su rrLL~M~ iL)T! E RA R F
SB a~iwa .)~ B B ËL< a S a L s af~ a t 1~
SOMMAtRE
PRÉFACE REDITE CifC ~6 ~i'O~M~
A MADAME ).A MARQUtSE DE 51"' 77tr0
!<
LEPOÈTEARAÎ
A CEUX QUt VEL'LEST'SE METTRE At; 'i'HHATRK:
.-t~CftM~rCDMMnS.
I.E NtVEAU DES HAUTES EAt.'X B)V/ //n)'/f.
J~ES SOUVERAIXS D'ORtEXT T/)f0~ht/C~ftM~'<')'.
MûK PNEMIER Btt.ŒT DE MtD.E FRANnK ~CO)' ~!C/;n!t<
~NEEr!)!MÉM[)N par semaine.
A !ETRA'
LE Mot)VEMEXT UTTËKAtTtE 7iO~W K.S'CMHg.
UNE P~FACE !MÉD!TE
DE
M. DE BROGLÏE
Lil maison Ca)mann Levy mettra le 8 no-
vembre en vente le nouveau livre de M. le duc.
de Broglie .F!- te~suecès que ee iivre a déjà eu dans la ~'[/M JDe;<.c JM'o'tdes auprès des esprits curieux
et des gens de goût, nous croyons devoir don-
ner au Heud'u-n extrait du Uvre la préface
qui est encore inëd.ite.
M. de Broglie nous donne ce rare spectacle
da nosjours, d'un homme politique qui s'élève
au-dessus des misères et du train train de la vie
ordinaire pour écrire des livres désintéresses.
H est resté en cela de la vieille école des
« honnestesgens a du temps passé, qui écrivaient
leurs mémoires et se consacraient aux belles
tettres, sans p'erdre pour cela le souci du bien
du pavs et qui, de quelque façon que leur vie se
soit arrangée, honoraient la France par Fenort
de leur intelligence, la patience de leurs tra-
vaux, ta modération de leur ambition et leur
conduite privée et publique.
M. de Broglie ne perd point la tête au milieu
'du brouhaha contemporain. Ce n'est ni d'un
homme faible, ni d'un esprit banal, et il y aurait
}à de quoi forcer le respect de ses pires enne-
mis, s'ils avaient quelque idée de ce qu'était
'l'ancienne société.
Les études que je réunis ici, insérées
l'année dernière dans la jRe~KC ~es PMo?! ont été reçues avec bienveil-
lance par les lecteurs de ce recueil. Je
voudrais espérer que, réunies et complé-
tées, elles obtiendront d'un public plus
étendu le même accueil.
'Je ne .me dissimule pas qu'une part de
l'intérêt que ces récits d'une époque déjà
éloignée ont excité est due à la compa-
raison qu'on n'a pu manquer de faire
~ntre le rôle qu'ont joué, dans la guerre
de 1740, les diverses puissances qui s'y
'sont trouvées engagées, France, Autri-
che et Prusse, et celui que nous leur
avons vu remplir dans les drames beau-
coup plus douloureux dont nous avons
été témoins. Je crois pourtant m'être
absolument refusé à la tentation de faus-
ser la vérité historique en ~cherchant
dans le passé des allusions déplacées
aux faits présents. Si, malgré ce soin
scrupuleux, quelque ressemblance a pu
être saisie et relevée çà et là entre les
événements du dernier siècle et ceux du
nôtre, ces rapprochements involontaires
'n'ont pu provenir que de la persistance
de certains traits du caractère national,
qui se transmettent do génération en
génération chez tous les peuples et sur-
vivent au cours du temps comme aux
vicissitudes des révolutions.
C'est ainsi que nos Français d'aujour-
d'hui, malgré la rénovation sociale que
notre~patrie a subie et dont les uns s'ho-
norent et les autres s'affligent, sont plus
semblables qu'ils ne pensent aux Fran-
çais du dix-huitième siècle. Nos aïeux
avaient déjà èette disposition (dont un
souverain français de nos jours se féli-
citait avant d'avoir eu à s'en repentir) à
partir en guerre pour une idée, c'est-à-
dire à préférer à des résultats pratiques
pt positifs un but idéal dont la généro-
sité et la grandeur séduisent leur imagi-
nation.
Rien n'eût été si aisé, je crois l'avoir
fait voir, à la mort de l'empereur Char-
les Vf, que d'obtenir de sa fille Marie-
Thérèse, la cession de tout ou partie des
Pays-Bas, une extension de territoire
qui eût fortifié et peut-être affermi pour
jamais la défense de notre frontière du
~ord. A cet avantage de fait, certain et
tangible, la France préféra l'idée do ré-
tablir l'Empire germanique, dans sa
conception primitive, c'est-à-dire affran-
chis de la prépondérance et de l'hérédité
autrichiennes.
C'était un vrai Français, et de la meil-
leure race de nos compatriotes, par l'é-
clat de sa valeur et In vivacité et les res-
sources de son esprit, que ce maréchal
dé Belie-IsIe qui fut l'inspirateur et un
instant le héros de ce projet grandiose.
Mais pour mener à fin sa tentative, mê-
me pour la rendre possible, il fallait
commencer par proclamer le désinté-
ressement absolu de la France, et sa ré-
solution de n'exiger pour elle-même au-
cun prix de ses efforts. C'est ce que
Sellc-lsie répétait encore à Frédéric, au
moment même où cet allié, adonné à
consacrer entre ses mains la possession
d'une riche province qu'il s'était appro-
priée par surprise et dont la couronne
de Prusse jouit encore à l'heure qu'il est.
La France s'engagea ainsi tête baissée
dans une grande guerre dont toutes les
charges finirent par tomber sur elle, et
dont, dans )a meilleure supposition, elle
n'.eût tiré qu'un profit imaginaire. Le ré-
tablissement de l'Empire germanique.
poursuivi dans ces conditions, était-ce
autre chose qu'une manière appropriée à
l'esprit du temps de concevoir ce vague
prindpedes nationalités, dontnous avons
été ainsi deux fois les champions avant
d'en devenir les victimes?. Sans dénatu-
rer l'histoire par des assimilations arbi-
traires, on peut en tirer des leçons utiles
qui, pour-être un peu tardives, ne sont
paSjtout à fait superflues.
Due de Brogtie.
'A MADAME
LA MARYSE DE M..
L'auteur dramatique dont on vient d'inau-
gurer le monument et dont la pièce posthume
.ï'cïc <<' T.ifio~c obtient en ce moment un char-
mant succès de gaieté, avait d'ordinaire en son
vivant l'humeur moins ouverte et ia joie moins
franche. Barrière qui fit du théâtre de toute
sorte avec une habileté instinctive et consom-
mée, quelque négligence et beaucoup d'esprit,
reste, pour la critique et le public, l'auteur des
7''fDans cette dernière pièce il eut la bonne for-
tune de créer un type, Desgenais.
Mais it y a type et type et l'on peut douter
que Desgenais soit immortel comme Figaro.
C'est Diogene chez Laïs qui semble avoir ins-
piré le créateur de Desgenais. Mais si Diogene
avait dit à Laïs les choses grossières que Des-
genais dit a Marco, Laïs eut mis le cynique à
la porte et tout le monde l'en eût approuvée.
Tout porte a croire que Diogene fit chez Laïs
tout autre chose que de la morale. On n'accep
tera pas longtemps, peut être, un sage qu'i,
comme Desgenais, vit avec les filles, quitte a
leur tenir de temps en temps le langage d'un
Joseph Prudhomme ëpileptique. En soumet-
tant Desgenais a une analyse rigoureuse, on
trouverait sans doute qu'il est constitué avec
des éléments connus. Oniraitpeut-ëtre jusqu'à
voir que c'est une sorte de Philinte dont l'ab-
sinthe a ruiné l'intelligence et qu'il en fait sor-
tir du bon goût et du bon ton.
Après cela, on garderait de M. Théodore
Barrière l'idée qu'il fut un bien habile homme ]
de donner l'air d'un type tout neuf un per- j
sonnage ainsi constitué, et d'avoir, en gâtant les j
raisonneurs de la comédie classique, eu l'air de i
faire une création.
C'est l'esprit, le trait, le mot, le mot fin et
fort, amer et comique qui donne tant de va-
leur a l'oeuvre, d'ajileursbien inégale, de Théo-
dore Barrière. 1 (
Nous donnons ici la préface que Barrière
mit en tête des ~ou'~es ~wts~'t.np. (f8y5) du i
Monsieur de l'Orchestre un écrivain dont
t'humou! infatigable se renouvelle tous les
jours.
KZû!M~'M
« P~cc CMr;eM~HfOt)' »
Vous souvient-il de vos huit ans, mar-
quise ?
Oui, n'est-ce pas? puisque de cela il y
a quinze ans à peine.
Quant à la vieille maison partenelle
dont les lézardes majestueuses figuraient
_presque toutes (on ne sut jamais pour-
quoi) les fleurs aimées de la Maison de
France;
Quant à ce manoir presque féodal ou
blié en plein Paris nouveau, et dont les
portes hospitalières m'étaient jadis si
souvent ouvertes
Vous devez bien vous le rappeler
aussi;
Car sa grille monumentale qui, à cette
heure encore, se cache vertueusement
sous dos lierres centenaires, votre ca-
lèche la côtoie chaque jour quand vous
allez au Bois en compagnie do vos grif-
fons d'Ecosse.
Et ses grands arbres, alors que vous
passez, chuchotent à votre- oreille de
tendres reproches, belle ingrate qui les
avez quittés pour le nid plus coquet,
p/MS CM ~Me, qu'avait bâti pour vous
l'Elu de votre cœur, nid parfumé tout
plein des élégances et des fantaisies de
trois mondes, m~MOM de t~e~re, enfin,
que votre belle vie si honnête et si pure
vous permettait d'ailleurs.
A cette heure, de même que les vieux
arbres vous demandent
Te souviens-tu?
Je vous demanderai, moi:
Vous souvenez-vous?
Oui, vous souvenez-vous, marquise,
d'un certain soir de novembre 1860 ?
La Duchesse, votre mère, avait fait,
quelques jours auparavant, une chute
de cheval assez grave elle ne pouvait
encore se lever de sa chaise longue, et
je conversais à voix basse avec elle,
tandis que, plus loin, le Duc, vous tenant
sur ses genoux, un peu tremblants déjà,
vous donnait, à grand'peine, une leçon
d'anglais:
/~c arc ~oM <?MOM~, disait le duc;
arc répétiez-vous entre vos petites dents
serrées comme les perles, d'un collier;
Ah! c'est qu'il venta~ort ce soir-la;
la grêle fouettait avec rage les saints
martyrs aux robes de pourpre et aux au-
réoles d'azur plaqués sur les vitraux go-
thiques du petit salon servant de cadre
à ce doux tableau de famille.
Etiesommeil vous gagnait!
Et, pour tenter de soulever vos longs
cils noirs, lourds rideaux de velours
tombant de vos paupières, vous tiriez
héroïquement, mais en cachette, les pe-
tites boucles blondes qui secrispaisnten
spirales sur votre cou de cygne!
Tout à coup, les accents criards d'un
orgue de Barbarie retentissaient au loin
dans la rue déserte, en même temps
qu'une voix pleurarde psalmodiait
« Z~CfKC M~i~MC
« ~MeCK?':eMSe~COU' M
Et aussitôt le sommeil s'envolait, effa-
rouché et vous -vous échappiez, gra-
cieuse couleuvre, d'entre les genoux pa-
ternels qui vous retenaient captive. `
Bientôt, à votre prière; les sonnettes
tintaient, les valets accouraient, l'un
d'eux allait bien vite ouvrir la petite
porte de l'hôtel, et, -une minute après,
sur l'un des panneaux de la salle à man-
ger des réceptions intimes, la nappe <~a~
ause pour le régal de vos yeux agrandis
tout à coup par la curiosité et l'émerveil-
lement `
« Zs?!/<'r~ Ma~MC
« Pièce CMncMc « foEt les verres, furieusement enluminés,
se succédaient) glissant, rapides, dans
le gr&nd cercle lumineux.
Et tous les gais fantoches que vous
aviez admirés déjà dans ces théâtres
subventionnes par l'enfance, et que l'on
nommait Guignol et Séraphin, vous les
retrouviez là, sur cette page blanche ti-
rée aux Quatre coins.
Ah vos rires de printemps vos ex-
clamations naïves
Je les entends encore
« C'est'lui (dtsiez-vous), c'est Po~c/u-
« Me~« toujours paresseux c'est Co~om~'nc,
« toujours coquette c'est ~r~MtM, tou-
« jours voleur (et toujours capon) ces
K deux gros matamores, avec leurs gran-
« des épées, qui reculent sans cesse et
« ne se battent jamais t
«C'est jPcaM c<'MMe.'c'est C<'McM/OM/
qui m'ont tant fait pleurer 1
« C'est le Po?:V ca.M6 qui m'a tant fait
rire! »
K 7
(Chantait rorgue en ce moment).
Vous no faisiez alors à ceci aucune al-
lusion politique, marquise ?
Vous avez dû y réfléchir depuis
Mais quand l'orgue, obéissant, enta-
mait le trémolo chargé- de soutenir le
morceau capital
~OiM /e cad~K M~
Tire
Vous détourniez pudiquement les yeux
car vous compreniez déjà, instinctive-
ment, la nécessité de cette grande insti-
tution qu'on nomme
La C~Mrc.
Quoi qu'il en soit, à cette époque-là, `
marquise, vous éclatiez de joie et vous
battiez des mains, parce que toutes ces
figures gracieuses ou grotesques vous
fadsaient remonter dans le passé Un
passé de trois mois
Tout un siècle à huit ans ans 1
Ëh bien j'ai mieux que cela à vous
offrir à cette heure, madame t
L'année vécue (j'entends l'année mon-,
daine) vous pouvez la revivre.
Feuilletez le volume que je vous en-
voie, il est plus indiscret qu~il n'est
gros 1 feuilletez le' hardiment néan-
moins,
.f/c~~e~o~'emoM~.
L'auteur, il est vrai, n'a pas fait com-
me le singe de la Fable
77 M'« pas OMMe d'cc~'c?' sa /aK/erMC.
La flamme, au contraire, s'y joue.vive
et scintillante, comme un reflet: joyeux
de l'esprit parisien seulement:si sa lan-
terne brille,
7i,'«<' M'a~eM~e pas.
Faites glisser les verres, madame
Tourne!: les pages, marquise' ·
Et tous ,les fantoches de notre cer-
veau-
Pâles héroïnes, héros songeurs, tyrans
de carton, tribuns en baudruche, con-
seillers épouvantails pOMr eM'<)~, mar-
gotohs trônant et jocrisses détrônés, re-
viendront de bonne grâce faire la parade
devant vous, affublés des oripeaux
étranges et charmants que décroche
Grévin au Temple des chimères.
Marquise t c'est l'année naissante 1
Les vents d'orage ont, depuis long-
temps, dispersé les grotesques mais pa-
cifiques acteurs qui savaient charmer
votre enfance'.
A l'orgue de Barbarie a succède l'or-
gue populaire
i~o.r popK~
Et la France aujourd'hui a doux Lan-
ternes magiques au lieu d'une.
Deux chambres noires où vont se re-
fléter bien des nuances diverses
Se succéder bien des personnages nou-
veaux.
Allons matassins, pierrots et mata-
mores 1
Revenez et soyez public à votre tour
Et jugez ceux' qui vous succèdent!
Ce n'est plus pour vous mais pour
d'autres que l'on va crier à cette heure
Z(!M~?'K<' mf~Me
jPt~CC<;MW
Théodore Barrière.
LE POÈTE ARANY
Les journauxhongrois ont renducomp-
tedes funérailles dupoètehongrois, Jean
Arany, qui ont eu lieu la semaine der-
nière à Budapest. Plus de cent mille
personnes suivaient le convoi, ayant à
leur tête S. E. le cardinal Haynald, ar-
chevêque de Colocza et Bacs les mi-
nistres de S. M. l'empereur François-
Joseph, roi apostolique de Hongrie
MM. Tisza, président du conseil comte
Szapary, comte Széchenyi, Pauler, ba-
ron Kémény, comte Raday, comte Kal-
noky,KaMay; M. Smolka, président du
Reichsrath; les généraux Oraef,Crhyczy,
Henneberg, Pezervary,,Gelich,.et.c., etc.
Un véritabla deuil national.
Jean Arany est né en 1817, en Hon-
grie, dans un grand village du comitat
de Bihar, à -Nagy-Szalonta, d'une famille
de pauvres paysans. Son père était cal-
viniste, lui-même est mort calviniste, et
l'on Œ remarqué que derrière son cer-
cueil marchait au premier rang un
prince de l'Eglise catholique, le cardi-
nal Haynald, qui rendait ainsi hommage
à son caractère. Son père lui apprit lui-
même à lire et à écrire. La Bible fut son
premier livre. A l'école du village où il
fut envoyé, une fois en possession du
secret de la lecture et de l'écriture, il
étonna ses camarades et ses maîtres
par son goût et sa facilité pour les vers.
Ses heureuses dispositions décidèrent
sa famille à lui faire perfectionner ses
études dans une école supérieure, à De-
breczen, où il dut donner des répéti-
tions aux enfants plus jeunes que lui
pour gagner son pain.
~!f! >1<
Au sortir de cette école, que faire
pour vivre? H s'engagea comme acteur
dans une troupe de comédiens nomades,
où il joua les Remords de Macbeth, la
Jalousie d'Othello, les Doutes d'Hamiot,
les Colères de Coriolan, les Transports
de Roméo. ~Entre les représentations et
les répétitions, il approfondissait, sa
connaissance de l'allemand, du latin, du
grec, de l'anglais, et, avec Ja Bible, il
faisait d'Homère et de Shakespeare ses
compagnons de prédilection.
Au bout de quelques mois, abreuvé
de dégoûts, et comme il dormait dans
un bois, il vit en songe sa mère se mou-
rir. Il se réveilla en sursaut, ruisselant
-d'une sueur giacée, il dit adieu à ses
camarades et courut à pied quatre-vingts
lieues pour rentrer à Nagy-Szalonta, où
il put recueillir le dernier soupir de sa
mère. Ah il n'est point d'amour comme
celui qu'on a pour sa mère 1
Son père était courbé sous le poids
des ans. It resta avec lui, dans la vieille
chaumière où il était né, pour subvenir l'
à ses besoins. Pour lui témoigner leur
sympathie, ses compatriotes le nom-
mèrent professeur à cette école com-
munale de Nagy-Szalonta, où il avait
appris les premiers éléments des belles-
lettres.
Bientôt après, il devenait devinez
quo~? notaire à Nagy-Szalonta. Il
fnut'p"oire que son étude lui laissait
quelques loisirs, car en anglais, en grec,
en~Iatin, en allemand il devint de pre-
mière force.
C'est à cette époque qu'il épousa Ju-
lianna Ercsey, dont il a eu une fille,
Juliette, et unnis, Laszlo.
Nous sommes en 1845.
Pendant la période électorale, quel-
ques excès ayant été commis daus son
comitat de Bihar, le notaire s'arracha
sans peine, car la muse le sollicitait
sans oesse de ses pacifiques occu-
pations, pour écrire un poëme héroï-
comique La C/ta courQnnée par l'Académie hongroise et
le tir~dénnitivement de l'obscurité.
Le vent soufflait à là politique. En
1847, paraissait son ToMt, qui obtînt
également les palmes académiques et le
fit proclamer créateur de -l'épopée hon-
groise.~ 4
En 1§49, à la Révolution, il vint à Bu-
dapest'prendre possession d'un emploi
au ministère de l'intérieur, jusqu'au jour
où la tempête le contraignit à chercher
mi. asile dans son Nagy-Szalonta, ce nid
paternel où l'oiseau revenait après cha-
que épreuve trop rude. C'est à cette
époque qu'il donna l'hospitalité à son
ami, autre grand poète hongrois, Petœû
Sandor. Qu'est devenu Petœn. Sandor ? ?-
A-t-il été tué à Vilagos où succomba l'in-
dépendante do la Hongrie? A-t-il été
pris par les Russes et exilé en Sibérie,
comme le prétend la légende hongroise?..
Quand la tourmeùte fut passée, Arany
devint professeur à Nagy-Koros, où il
enseignait la littérature hongroise et ex-
pliquait les poètes latins puis il fut ap-
pelé à Budapest en qualité de secrétaire
général de l'Académie hongroise.
Ce poète, à l'esprit inquiet, à l'existence
traversée, d'un caractère modeste, d'un
complet désintéressement, était un chef-
d'œuvre d'honnêteté. On cite de lui des
traits exquis
Ayant vendu, à un éditeur son poème
Les <72tgaHM c~e ~Va~7c~a, il apprit quel-
que temps après, que cet éditeur avait
éprouvé sur son livre une perte de cinq
cents florins. Arany prit aussitôt cette
somme sur le plus clair de ses écono-
mies et la lui envoya avec ce billet
« Je ne veux causer de préjudice à per-
sonne. » Quand un éditeur s'enrichira
avec un livre et offrira à l'auteur de par-
tager son gain avec lui, nousi'irons dire
à M. Jules Grévy.
Dans ces derniers temps, son état de
santé l'empêchait de remplir ses fonc-
tions de secrétaire général de l'Académie
hongroise, qui décida qu'il garderait le
titre et les appointements de ces fonc-
tions, déléguées à Mgr Fraknoi. Trois
ans s'étaient écoulés, lorsqu'on apprit
qu'Arany n'avait pas touché un centime
de ses appointements qui se trouvaient
intégralement dans la caisse de laBanque,
chargée d'administrer les fonds acadé-
miques. « Je n'ai point travaillé, ré-
pondit-il, on ne me doit rien. »
Outre la CAar~ ~g~M~ de ~a~Jctres poèmes Cay/~rMe, la ZcgeH~c des
NK?ii;, la Co~M~c de MMrsMnombre de morceaux poétiques insérés
dans les revues maggyares la traduc~
tion en sa langue maternelle du ~o?~c
~'MMe HMi7 ~'ë/e, d'~faM~ du jRoe Jean,
des comédies d'Aristophane, des fables
de La Fontaine, et– lettrés, pardonnez-
lui de quelques chansons de Bé-
ranger.
Aucun poète hongrois, sans en excep-
ter Petœti Sandor, n'a manié la langue
maggyare avec plus de souplesse, de
force, de précision, d'élégance. L'imagi-
nation ne l'emportait que lorsqu'il s'était
si solidement assuré sur "ses étriers
qu'aucun écart n'était plus possible
Arany est le premier poète épique de
la Hongrie contemporaine, comme Pe-
to?H Sandor en est le premier lyrique.
Voici la traduction d'une poésie d'A-
rany, écrite en 1850, après la répression
de l'insurrection hongroise par la Rus-
sie, après la soumission de la patrie
maggyare à l'Autriche. C'est une allé-
gorie politique. Rachel ou la Hongrie
exhale ses plaintes contre l'Autriche et
la Russie. Les allusions qui faisaient
courir des dangers au poète ont donné
à sa langue une flexibilité et un éclat
qui permettront au lecteur de se faire
une idée du génie d'Arany
LES PLAINTES DE RACHEL
Sur les ondes de mon lit blanc et doux,
comme vous dormez gentiment, ô mes jolis
petits nourrissons Mais est-ce bien là le som-
meil?.Que tardez-vous à accepter le soin
qui vous invite?. J'attends votre réveil avec
un fol espoir. Ah ah !.en vain
Hélas vous ne vous éveillerez plus. Je le
sais'Vptre repos est plus que du repos.
Je sais tout. Hëla~ Votre sourire neré-
pondra plus a mes yeux, vos lèvres ne balbu-
tieront plus un baiser a mes lèvres sup-
pliantes.
Vous êtes morts.morts !Voiei!a. bles-
sure profonde. Comme si la colombe,!), peins
éclose, n'était point tuée, quaftd son cœur est
effleuré
Ah que j'embrasse les lèvres sanglantes de
la blessure Bien qu'elles-crient vers le ciel,
comme elles sont muettes et glacées. Elevez
votre voix Demandez la vengeance du Cial
Que le cruel meurtrier soit châtié sans merci
A quoi bon Je n'ai plus de fils Ce pe-
tit ruissea.u qui fait battre le cœur ne saurait
désormais couler, même si l'on y versait des
océans de sang.
Terrible Hérodë Puisque tu aiguises la
tranchant de ton glaive contra les innocents,
pourquoi le confier h. d'autres ? Pourquoi n'es-
tu pas venu toi-même, avec tes yeux arides? 7
Peut-être la source de la miséricorde aurait-
elle jailli de ton cœur de pierre.
Ah si tu avais vu, mes enfants, ma vie! 1
Je suis tombée en sanglots, aux genoux de ce
mercenaire féroce je l'ai supplié de ne pas
leur faire de mal, de no pas les tner.
Ses yeux se noyaient.de larmes,j'ai cm
qu'il ne leur ferait rien. j'ai oublié qu'il n'é-
tait qu'un instrument Si tu avais été )a, toi,
roi de marbre, a la vue des douleurs d'une
mère. tu n'aurais pas tué mes fiis.
.Femmes de Bethléem, n'enviez pleurs car .ai vous n'aviez point, comme Ra-
chel, tant de droits a une flère espérance,
.vous n'ayez souffert que la moitié do ce qu'elle
souffre.
Demant, il y aura des funérailles. Venez,
oh par ~raco, venez Allons ensemble voir
le jardin dos morts t.Je n'en ai plus peur
maintenant!Couchons-les doucement mes
pâles enfants, qui dorment déjà dans le sein.
do Dieu.
Le beau printemps est tombé de l'année.
Une génération s'est détachée de l'Humanité.
La voila dans le cimetière. Beaucoup d'en-
fants deviendront des hommes. Mais, dans
ces deux années, aucun ne fêtpra sa nais-
sance.
Pourquoi se plaindre ?.Jo vois, je vois.
L'avenir s'entr'ouvre. Au loin. Tout près. Il
est la Celui qu'ont chanté les lèvres inspirées
des prophètes H est né, le roi do Judée
Jalouse, implacable tyrannie t. Mais, no
l'oublie pas, Hérodë ivre de sang Lui, lui, il
vit, il deviendra puissant!Et toi, tes jours
sont comptés. Le temps se rajeunit. Ce qui
fera trembler tes armes, c'est la parole, c'est
l'idée'~
II y a dans ce' morceau un en subli-
me « Allons ensemble voir le jardin
des morts je n'en ai plus peur main-
tenant ))– Ces fureurs, ces tendres-
ses, ces désespoirs, ces espérances se suc-
cèdent dans une harmonie admirable.
Rien do cherche, rien de factice. C'est une
lamentation partant du fond de l'âme,
et s'exhalant e.n des sentiments si sincè-
res, si exacts, .qu'à la lecture on les
éprouve dans leur ordre, dans leur me-
sure, qu'on en ressent tous les tressail-
lements, comme si ce chant sortait de
votre âme elle-même!
La mélancolie qu'inspirent les soleils
couchants qui embrasent les blés de la.
puszta, mélancolie étrange qui marque
si originalement la race hongroise, et
où l'on ne reconnaît plus l'Europe, mais
oùl'onpressentl'Asie, une Asie inquiète,
ébauchée, colore ces vers de couleurs
tantôt sombres comme les plaines grises
des bords du Danube, tantôt fulgurantes
comme l'horizon du Sinaï.
X.Z.
H_
A CEUX QU) VEULENT
MTTM U! Ttnhw
M MMiM A)) !n)'jA[m4
II s'est fait bien du bruit autour des comé-
diens. dans le courant de cette semaine, et
Paris a semblé divisé en deux camps, comme
les Montecchi et les Capuletti. Nous donnons,
pour clore la discussion, un excellent article de
Dumas père où les commençants au théâtre
trouveront de sages conseils. L'autorité des ar-
tistes fameux desquels Dumas a publié les let-
tres se renforce, en cette occasion, des com–
mentaires de l'auteur d'A~ony.
Il nous est passé hier sous les yeux,
chers lecteurs, deux lettres si curieuses,
que nous !es avons copiées et que nous
n'hésitons pas aujourd'hui à vous en
faire part.
Ces lettres répondent à une pensée qui
nous est souvent venue à propos de jeu-
nes gens qui se destinent au théâtre, et
qu'a brutalement éveillée, il y a quelque
jours encore, une phrase qui se trouve
dans la première scène du jMe?'cf!o~ do
Balzac.
Cette première scène est consacrée à
l'exposition, et l'exposition est faite par
M. Justin, domestique de Mercadet, par
mademoiselle Thérèse, femme de cham-
bre de madame Mercadet, et par made-
moiselle Virginie, cuisinière de la mai-
son.
Qu'on nous permette d'emprunter
quelques lignes à cette exposition.
Elles nous conduisent où nou~ vou-
lons aller.
SCÈNE PREMIÈRE.
JUSTIN. VIRGINIE. THÉRÈSE.
JUSTIN. Oui, mes enfants, il a beau
nager, il se noiera, ce pauvre M. Mer-
cadet.
VIRGINIE. Vous croyez ? '?
JUSTIN. Il est brûlé. et, quoiqu'il y
ait bien des profits chez les maîtres em-
barrassés, comme il nous doit une année
de gages, il est temps de nous faire
mettre à la porte.
THÉRÈSE. Ce n'est pas toujours fa-
cile. Il y a des maîtres si entêtés J'ai
déjà dit deux ou trois insolences à ma-
dame, et elle n'a pas eu l'air de les en-
tendre. ·
VIRGINIE. Ah j'ai servi dans plu-
sieurs maisons bourgeoises; mais je
n'en ai pas encore vu de pareille à oeUt*
ci. Je vais laisser les fourneaux et o~ey
M!f p~c~~t- ~M ~p
M~ic.
Ces derniers mots dénotent l'observa-.
teur et renferment une critique san-
glante. "¡-
Comment se fait-il que la première
idée qui vient à un commis "renvoyé de-
son magasin, ou à une chambrière ren-
..voyée de chez ses maîtres/se formule
dans cette phrase si impertinente pour
les vrais comédiens .T~a~Hfm~'eaM
~ea/r
C'est que l'art: dramatique, aussi bi8R
que l'art littéraire, a le malheur d'appa-
raître aux esprits ignorants comme un*
chose qui n'a pas beso.in: d'être apprise.
Le commis renvoyé de son magasin
no s'aviserait jamais de dire «Je-vais
me. faire peintre; » ni la chambrière
chassée de chez ses maîtres, do dire
« Je vais me faire musicienne.
Non on sait que, pour devenir peintre,
il faut apprendre la peinture on sait
que, pour devenir musicien, ,il faut ap-
prendre la musique. Et. Ip commis n'a
pas la patience d'apprendre la peinture;
et la chambrière n'a pas la patience
d'apprendre la musique.
Mais l'art dramatique, il n'y a pas be~
soin de l'apprendre. Tout le monde pe'N;
jouer la comédie.
Hélas voilà pourquoi il y a si peu de
comédiens
Que les jeunes gens ou les jeunes Hlles
qui se destinent au théâtre lisent les
mémoires de Lekain ou d'Ifftand, de ma-
demoiselle Clairon ou de mademoiselle
Dumesnil, et peut-être alors se feront-ils
une idée de ce que l'on appelle )'oMpr
compte.
Dugazon a raconté quelque part qu'il
avait trouvé trente manières, toutes co-
miques, de remuer le nez, c'est-à-dire
l'organe le moins mobile de tout le vi~
sage.
Talma nvouait à qui voulait l'entendre
que ce n'était que dans les dernières
années de sa vie qu'il s'était fait une
idée bien exacte de-l'art qu'il avait port&
cependant aune si grande hauteur.
Et Félix, l'ex-soumeur du Théâtre-
Français, vous dira que, jusqu'au jour
de sa retraite, mademoiselle Mars l'a
fait venir chez elle, non pas une fois,
non pas deux fois, non pas trois fois
parsemain&, mais tous les jours,'pour
répéter ses anciens comme ses nouveaux
rôles.
Si les commis et les femmes de chambre
avaient idée d'un pareil travail, je doute
qu'il leur échappât si facilement de dire
Je vais me m~/?'
Il est vra-i qu'à côté de ceux-là, il v a.
les artistes qui doutent.
Les deux lettres que nous allons citer
et qui, à treize ans d'intervalle, furent
adressées, l'une par l'homme qui a créé
Orosmane, l'autre par celui qui a créé
Frantz Moor, à un artiste appartenant a.
cette dernière catégorie, en fournissent
la preuve.
Nous croyons que c'est une chose in-
téressante pour tous ceux qui, de prés
ou de loin, par profession ou par goût
tiennent à l'art dramatique, que l'opi-
nion qu'expriment eux-mêmes, à l'en-
droit de la carrière difficile à laquelle ils
se sont voués, deux maîtres de la taille
de Lekain et d'Ifnand.
Voici d'abord la lettre de Lekain
Paris, ce 20 novembre 177T.
« J'ai mille raisons, monsieur, 'de nf
point vous donner les conseils que vous
me demandez au moment où vous hési-
tez à choisir l'état de comédien. La mei)-
leure de ces raisons est peut-être la so-
litude dans laquelle je vis maintenant
et qui m'inspire de vous être utile; la
seconde raison, c'est que je n'ai jamais
conseillé à un jeune homme de quitter
la carrière qu'il avait embrassée pour
celle du théâtre ceux qui sont nés pour
être comédiens suivent l'inspiration de
leur génie sans démoder conseil à qui i
que ce soit :.mais celui qui n'a que
~OM7 pour un état si difficile et si cruelle-
ment avili, cehn-Iâ doit sérieusement
réfléchir avant de faire un pas duquel
dépend le bonheur ou le malheur de sa.
vie.
« Moi, monsieur, je no puis vous faire
comprendre cela comme je le voudrais
bien, car je ne suis pas un mentor de
la jeunesse c'est l'affaire de vos amis
et de vos parents. Vous me paraissez
trop intéressant pour que je ne vous
parle pas avec franchise. Je vous en sup-
plie, laissez encore s'écouler quelque
temps avant que d'exécuter votre des-
sein. Maintenant vous ne voyez que lés
ueurs de cette carrière, et vous n'en con-
naissez pas les épines. Hélas! qui au
monde a été plus que moi blessé par les
épines ? et, malgré cela, cependant, mes
ennemis eux-mêmes avouent que j'ai un
grand talent. A quoi donc doit s'attendre
celui qui court après la gloire sans l'at-
teindre jamais ? Il est vrai qu'il y a un
moyen d'avoir des succès sans talent
il y en a même deux arrogance et im-
pudeur mais vous me semblez incapa-
ble de vous servir de tels.moyens.
« Voilà, monsieur, ce que m'a inspiré
~estime que j'ai pour vous, et je ne puis
que vous abandonner à vos sages ré-
nexions.
« LBKAIN. a.
A quelle époque Lekain écrivait-il
cette lettre décourageante ? Après vina-t-
sept ans'd<" théâtre, et un an avant sa.
mort
L'année où Lekain écrivait cette lettre,
Ifftand débutait.
Treize ans après, le même homme qui
s'était adressé à Lekain s'adressait'à
Iffland, et Iffland lui répondait à son tour
la lettre suivante `
<' Berlin, 30 octobre 1790.
« Je ne me suis jamais trouvé dans
un embarras pareil à celui où vous me
plongez, monsieur, quand je songe qu<
le conseil que vous attendez de moi dé
cidera peut-être de votre avenir.
« Votre voea.'tion de caméd~n est
Numéro 2
Samedi Novembre d8S2
Adresser ton!; ce f[ui concerne la., rôdactio~
'duSopplémont~'
'M. ROBERT ESTISfir~B:
0, bout&vard Jcs t
ABONNEMENTS ~PÉGIAUX_
~o!<)* .S'H~/e)ne)!/ ~Me'r~!)'e
Tt-ois mois. 2 f. SO. Six mois, 5 f. –Un a.n, 10 t..
Sf.VPL~I~A'T 7,7'rTÈ~A~&'
~a)'af f'' Sfonedt niait'ft d Pai'!s. Ji .'ic h'otfce tR Di'mM~f
<~ns
Adresser tout ce qui concerne la' rédaction
d)iSupp].ëmeiit&
M. ROBERT ESTIENNE
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~OM)- /e\S'M~/<')He)~Z,
T)'.
~t) r~r~t F'Mt C~~BV t BWf M F~ r*
Su rrLL~M~ iL)T! E RA R F
SB a~iwa .)~ B B ËL< a S a L s af~ a t 1~
SOMMAtRE
PRÉFACE REDITE CifC ~6 ~i'O~M~
A MADAME ).A MARQUtSE DE 51"' 77tr0
!<
LEPOÈTEARAÎ
A CEUX QUt VEL'LEST'SE METTRE At; 'i'HHATRK:
.-t~CftM~rCDMMnS.
I.E NtVEAU DES HAUTES EAt.'X B)V/ //n)'/f.
J~ES SOUVERAIXS D'ORtEXT T/)f0~ht/C~ftM~'<')'.
MûK PNEMIER Btt.ŒT DE MtD.E FRANnK ~CO)'
~NEEr!)!MÉM[)N par semaine.
A !ETRA'
LE Mot)VEMEXT UTTËKAtTtE 7iO~W K.S'CMHg.
UNE P~FACE !MÉD!TE
DE
M. DE BROGLÏE
Lil maison Ca)mann Levy mettra le 8 no-
vembre en vente le nouveau livre de M. le duc.
de Broglie .F!-
et des gens de goût, nous croyons devoir don-
ner au Heud'u-n extrait du Uvre la préface
qui est encore inëd.ite.
M. de Broglie nous donne ce rare spectacle
da nosjours, d'un homme politique qui s'élève
au-dessus des misères et du train train de la vie
ordinaire pour écrire des livres désintéresses.
H est resté en cela de la vieille école des
« honnestesgens a du temps passé, qui écrivaient
leurs mémoires et se consacraient aux belles
tettres, sans p'erdre pour cela le souci du bien
du pavs et qui, de quelque façon que leur vie se
soit arrangée, honoraient la France par Fenort
de leur intelligence, la patience de leurs tra-
vaux, ta modération de leur ambition et leur
conduite privée et publique.
M. de Broglie ne perd point la tête au milieu
'du brouhaha contemporain. Ce n'est ni d'un
homme faible, ni d'un esprit banal, et il y aurait
}à de quoi forcer le respect de ses pires enne-
mis, s'ils avaient quelque idée de ce qu'était
'l'ancienne société.
Les études que je réunis ici, insérées
l'année dernière dans la jRe~KC ~es PMo?! ont été reçues avec bienveil-
lance par les lecteurs de ce recueil. Je
voudrais espérer que, réunies et complé-
tées, elles obtiendront d'un public plus
étendu le même accueil.
'Je ne .me dissimule pas qu'une part de
l'intérêt que ces récits d'une époque déjà
éloignée ont excité est due à la compa-
raison qu'on n'a pu manquer de faire
~ntre le rôle qu'ont joué, dans la guerre
de 1740, les diverses puissances qui s'y
'sont trouvées engagées, France, Autri-
che et Prusse, et celui que nous leur
avons vu remplir dans les drames beau-
coup plus douloureux dont nous avons
été témoins. Je crois pourtant m'être
absolument refusé à la tentation de faus-
ser la vérité historique en ~cherchant
dans le passé des allusions déplacées
aux faits présents. Si, malgré ce soin
scrupuleux, quelque ressemblance a pu
être saisie et relevée çà et là entre les
événements du dernier siècle et ceux du
nôtre, ces rapprochements involontaires
'n'ont pu provenir que de la persistance
de certains traits du caractère national,
qui se transmettent do génération en
génération chez tous les peuples et sur-
vivent au cours du temps comme aux
vicissitudes des révolutions.
C'est ainsi que nos Français d'aujour-
d'hui, malgré la rénovation sociale que
notre~patrie a subie et dont les uns s'ho-
norent et les autres s'affligent, sont plus
semblables qu'ils ne pensent aux Fran-
çais du dix-huitième siècle. Nos aïeux
avaient déjà èette disposition (dont un
souverain français de nos jours se féli-
citait avant d'avoir eu à s'en repentir) à
partir en guerre pour une idée, c'est-à-
dire à préférer à des résultats pratiques
pt positifs un but idéal dont la généro-
sité et la grandeur séduisent leur imagi-
nation.
Rien n'eût été si aisé, je crois l'avoir
fait voir, à la mort de l'empereur Char-
les Vf, que d'obtenir de sa fille Marie-
Thérèse, la cession de tout ou partie des
Pays-Bas, une extension de territoire
qui eût fortifié et peut-être affermi pour
jamais la défense de notre frontière du
~ord. A cet avantage de fait, certain et
tangible, la France préféra l'idée do ré-
tablir l'Empire germanique, dans sa
conception primitive, c'est-à-dire affran-
chis de la prépondérance et de l'hérédité
autrichiennes.
C'était un vrai Français, et de la meil-
leure race de nos compatriotes, par l'é-
clat de sa valeur et In vivacité et les res-
sources de son esprit, que ce maréchal
dé Belie-IsIe qui fut l'inspirateur et un
instant le héros de ce projet grandiose.
Mais pour mener à fin sa tentative, mê-
me pour la rendre possible, il fallait
commencer par proclamer le désinté-
ressement absolu de la France, et sa ré-
solution de n'exiger pour elle-même au-
cun prix de ses efforts. C'est ce que
Sellc-lsie répétait encore à Frédéric, au
moment même où cet allié, adonné à
d'une riche province qu'il s'était appro-
priée par surprise et dont la couronne
de Prusse jouit encore à l'heure qu'il est.
La France s'engagea ainsi tête baissée
dans une grande guerre dont toutes les
charges finirent par tomber sur elle, et
dont, dans )a meilleure supposition, elle
n'.eût tiré qu'un profit imaginaire. Le ré-
tablissement de l'Empire germanique.
poursuivi dans ces conditions, était-ce
autre chose qu'une manière appropriée à
l'esprit du temps de concevoir ce vague
prindpedes nationalités, dontnous avons
été ainsi deux fois les champions avant
d'en devenir les victimes?. Sans dénatu-
rer l'histoire par des assimilations arbi-
traires, on peut en tirer des leçons utiles
qui, pour-être un peu tardives, ne sont
paSjtout à fait superflues.
Due de Brogtie.
'A MADAME
LA MARYSE DE M..
L'auteur dramatique dont on vient d'inau-
gurer le monument et dont la pièce posthume
.ï'cïc <<' T.ifio~c obtient en ce moment un char-
mant succès de gaieté, avait d'ordinaire en son
vivant l'humeur moins ouverte et ia joie moins
franche. Barrière qui fit du théâtre de toute
sorte avec une habileté instinctive et consom-
mée, quelque négligence et beaucoup d'esprit,
reste, pour la critique et le public, l'auteur des
7''f
tune de créer un type, Desgenais.
Mais it y a type et type et l'on peut douter
que Desgenais soit immortel comme Figaro.
C'est Diogene chez Laïs qui semble avoir ins-
piré le créateur de Desgenais. Mais si Diogene
avait dit à Laïs les choses grossières que Des-
genais dit a Marco, Laïs eut mis le cynique à
la porte et tout le monde l'en eût approuvée.
Tout porte a croire que Diogene fit chez Laïs
tout autre chose que de la morale. On n'accep
tera pas longtemps, peut être, un sage qu'i,
comme Desgenais, vit avec les filles, quitte a
leur tenir de temps en temps le langage d'un
Joseph Prudhomme ëpileptique. En soumet-
tant Desgenais a une analyse rigoureuse, on
trouverait sans doute qu'il est constitué avec
des éléments connus. Oniraitpeut-ëtre jusqu'à
voir que c'est une sorte de Philinte dont l'ab-
sinthe a ruiné l'intelligence et qu'il en fait sor-
tir du bon goût et du bon ton.
Après cela, on garderait de M. Théodore
Barrière l'idée qu'il fut un bien habile homme ]
de donner l'air d'un type tout neuf un per- j
sonnage ainsi constitué, et d'avoir, en gâtant les j
raisonneurs de la comédie classique, eu l'air de i
faire une création.
C'est l'esprit, le trait, le mot, le mot fin et
fort, amer et comique qui donne tant de va-
leur a l'oeuvre, d'ajileursbien inégale, de Théo-
dore Barrière. 1 (
Nous donnons ici la préface que Barrière
mit en tête des ~ou'~es ~wts~'t.np. (f8y5) du i
Monsieur de l'Orchestre un écrivain dont
t'humou! infatigable se renouvelle tous les
jours.
KZû!M~'M
« P~cc CMr;eM~HfOt)' »
Vous souvient-il de vos huit ans, mar-
quise ?
Oui, n'est-ce pas? puisque de cela il y
a quinze ans à peine.
Quant à la vieille maison partenelle
dont les lézardes majestueuses figuraient
_presque toutes (on ne sut jamais pour-
quoi) les fleurs aimées de la Maison de
France;
Quant à ce manoir presque féodal ou
blié en plein Paris nouveau, et dont les
portes hospitalières m'étaient jadis si
souvent ouvertes
Vous devez bien vous le rappeler
aussi;
Car sa grille monumentale qui, à cette
heure encore, se cache vertueusement
sous dos lierres centenaires, votre ca-
lèche la côtoie chaque jour quand vous
allez au Bois en compagnie do vos grif-
fons d'Ecosse.
Et ses grands arbres, alors que vous
passez, chuchotent à votre- oreille de
tendres reproches, belle ingrate qui les
avez quittés pour le nid plus coquet,
p/MS CM ~Me, qu'avait bâti pour vous
l'Elu de votre cœur, nid parfumé tout
plein des élégances et des fantaisies de
trois mondes, m~MOM de t~e~re, enfin,
que votre belle vie si honnête et si pure
vous permettait d'ailleurs.
A cette heure, de même que les vieux
arbres vous demandent
Te souviens-tu?
Je vous demanderai, moi:
Vous souvenez-vous?
Oui, vous souvenez-vous, marquise,
d'un certain soir de novembre 1860 ?
La Duchesse, votre mère, avait fait,
quelques jours auparavant, une chute
de cheval assez grave elle ne pouvait
encore se lever de sa chaise longue, et
je conversais à voix basse avec elle,
tandis que, plus loin, le Duc, vous tenant
sur ses genoux, un peu tremblants déjà,
vous donnait, à grand'peine, une leçon
d'anglais:
/~c arc ~oM <?MOM~, disait le duc;
arc
serrées comme les perles, d'un collier;
Ah! c'est qu'il venta~ort ce soir-la;
la grêle fouettait avec rage les saints
martyrs aux robes de pourpre et aux au-
réoles d'azur plaqués sur les vitraux go-
thiques du petit salon servant de cadre
à ce doux tableau de famille.
Etiesommeil vous gagnait!
Et, pour tenter de soulever vos longs
cils noirs, lourds rideaux de velours
tombant de vos paupières, vous tiriez
héroïquement, mais en cachette, les pe-
tites boucles blondes qui secrispaisnten
spirales sur votre cou de cygne!
Tout à coup, les accents criards d'un
orgue de Barbarie retentissaient au loin
dans la rue déserte, en même temps
qu'une voix pleurarde psalmodiait
« Z~CfKC M~i~MC
« ~MeCK?':eMSe~COU' M
Et aussitôt le sommeil s'envolait, effa-
rouché et vous -vous échappiez, gra-
cieuse couleuvre, d'entre les genoux pa-
ternels qui vous retenaient captive. `
Bientôt, à votre prière; les sonnettes
tintaient, les valets accouraient, l'un
d'eux allait bien vite ouvrir la petite
porte de l'hôtel, et, -une minute après,
sur l'un des panneaux de la salle à man-
ger des réceptions intimes, la nappe <~a~
ause pour le régal de vos yeux agrandis
tout à coup par la curiosité et l'émerveil-
lement `
« Zs?!/<'r~ Ma~MC
« Pièce CMncMc « fo
se succédaient) glissant, rapides, dans
le gr&nd cercle lumineux.
Et tous les gais fantoches que vous
aviez admirés déjà dans ces théâtres
subventionnes par l'enfance, et que l'on
nommait Guignol et Séraphin, vous les
retrouviez là, sur cette page blanche ti-
rée aux Quatre coins.
Ah vos rires de printemps vos ex-
clamations naïves
Je les entends encore
« C'est'lui (dtsiez-vous), c'est Po~c/u-
« Me~« toujours paresseux c'est Co~om~'nc,
« toujours coquette c'est ~r~MtM, tou-
« jours voleur (et toujours capon) ces
K deux gros matamores, avec leurs gran-
« des épées, qui reculent sans cesse et
« ne se battent jamais t
«C'est jPcaM c<'MMe.'c'est C<'McM/OM/
qui m'ont tant fait pleurer 1
« C'est le Po?:V ca.M6 qui m'a tant fait
rire! »
K 7
(Chantait rorgue en ce moment).
Vous no faisiez alors à ceci aucune al-
lusion politique, marquise ?
Vous avez dû y réfléchir depuis
Mais quand l'orgue, obéissant, enta-
mait le trémolo chargé- de soutenir le
morceau capital
~OiM /e cad~K M~
Tire
Vous détourniez pudiquement les yeux
car vous compreniez déjà, instinctive-
ment, la nécessité de cette grande insti-
tution qu'on nomme
La C~Mrc.
Quoi qu'il en soit, à cette époque-là, `
marquise, vous éclatiez de joie et vous
battiez des mains, parce que toutes ces
figures gracieuses ou grotesques vous
fadsaient remonter dans le passé Un
passé de trois mois
Tout un siècle à huit ans ans 1
Ëh bien j'ai mieux que cela à vous
offrir à cette heure, madame t
L'année vécue (j'entends l'année mon-,
daine) vous pouvez la revivre.
Feuilletez le volume que je vous en-
voie, il est plus indiscret qu~il n'est
gros 1 feuilletez le' hardiment néan-
moins,
.f/c~~e~o~'emoM~.
L'auteur, il est vrai, n'a pas fait com-
me le singe de la Fable
77 M'« pas OMMe d'cc~'c?' sa /aK/erMC.
La flamme, au contraire, s'y joue.vive
et scintillante, comme un reflet: joyeux
de l'esprit parisien seulement:si sa lan-
terne brille,
7i,'«<' M'a~eM~e pas.
Faites glisser les verres, madame
Tourne!: les pages, marquise' ·
Et tous ,les fantoches de notre cer-
veau-
Pâles héroïnes, héros songeurs, tyrans
de carton, tribuns en baudruche, con-
seillers épouvantails pOMr eM'<)~, mar-
gotohs trônant et jocrisses détrônés, re-
viendront de bonne grâce faire la parade
devant vous, affublés des oripeaux
étranges et charmants que décroche
Grévin au Temple des chimères.
Marquise t c'est l'année naissante 1
Les vents d'orage ont, depuis long-
temps, dispersé les grotesques mais pa-
cifiques acteurs qui savaient charmer
votre enfance'.
A l'orgue de Barbarie a succède l'or-
gue populaire
i~o.r popK~
Et la France aujourd'hui a doux Lan-
ternes magiques au lieu d'une.
Deux chambres noires où vont se re-
fléter bien des nuances diverses
Se succéder bien des personnages nou-
veaux.
Allons matassins, pierrots et mata-
mores 1
Revenez et soyez public à votre tour
Et jugez ceux' qui vous succèdent!
Ce n'est plus pour vous mais pour
d'autres que l'on va crier à cette heure
Z(!M~?'K<' mf~Me
jPt~CC<;MW
Théodore Barrière.
LE POÈTE ARANY
Les journauxhongrois ont renducomp-
tedes funérailles dupoètehongrois, Jean
Arany, qui ont eu lieu la semaine der-
nière à Budapest. Plus de cent mille
personnes suivaient le convoi, ayant à
leur tête S. E. le cardinal Haynald, ar-
chevêque de Colocza et Bacs les mi-
nistres de S. M. l'empereur François-
Joseph, roi apostolique de Hongrie
MM. Tisza, président du conseil comte
Szapary, comte Széchenyi, Pauler, ba-
ron Kémény, comte Raday, comte Kal-
noky,KaMay; M. Smolka, président du
Reichsrath; les généraux Oraef,Crhyczy,
Henneberg, Pezervary,,Gelich,.et.c., etc.
Un véritabla deuil national.
Jean Arany est né en 1817, en Hon-
grie, dans un grand village du comitat
de Bihar, à -Nagy-Szalonta, d'une famille
de pauvres paysans. Son père était cal-
viniste, lui-même est mort calviniste, et
l'on Œ remarqué que derrière son cer-
cueil marchait au premier rang un
prince de l'Eglise catholique, le cardi-
nal Haynald, qui rendait ainsi hommage
à son caractère. Son père lui apprit lui-
même à lire et à écrire. La Bible fut son
premier livre. A l'école du village où il
fut envoyé, une fois en possession du
secret de la lecture et de l'écriture, il
étonna ses camarades et ses maîtres
par son goût et sa facilité pour les vers.
Ses heureuses dispositions décidèrent
sa famille à lui faire perfectionner ses
études dans une école supérieure, à De-
breczen, où il dut donner des répéti-
tions aux enfants plus jeunes que lui
pour gagner son pain.
~!f! >1<
Au sortir de cette école, que faire
pour vivre? H s'engagea comme acteur
dans une troupe de comédiens nomades,
où il joua les Remords de Macbeth, la
Jalousie d'Othello, les Doutes d'Hamiot,
les Colères de Coriolan, les Transports
de Roméo. ~Entre les représentations et
les répétitions, il approfondissait, sa
connaissance de l'allemand, du latin, du
grec, de l'anglais, et, avec Ja Bible, il
faisait d'Homère et de Shakespeare ses
compagnons de prédilection.
Au bout de quelques mois, abreuvé
de dégoûts, et comme il dormait dans
un bois, il vit en songe sa mère se mou-
rir. Il se réveilla en sursaut, ruisselant
-d'une sueur giacée, il dit adieu à ses
camarades et courut à pied quatre-vingts
lieues pour rentrer à Nagy-Szalonta, où
il put recueillir le dernier soupir de sa
mère. Ah il n'est point d'amour comme
celui qu'on a pour sa mère 1
Son père était courbé sous le poids
des ans. It resta avec lui, dans la vieille
chaumière où il était né, pour subvenir l'
à ses besoins. Pour lui témoigner leur
sympathie, ses compatriotes le nom-
mèrent professeur à cette école com-
munale de Nagy-Szalonta, où il avait
appris les premiers éléments des belles-
lettres.
Bientôt après, il devenait devinez
quo~? notaire à Nagy-Szalonta. Il
fnut'p"oire que son étude lui laissait
quelques loisirs, car en anglais, en grec,
en~Iatin, en allemand il devint de pre-
mière force.
C'est à cette époque qu'il épousa Ju-
lianna Ercsey, dont il a eu une fille,
Juliette, et unnis, Laszlo.
Nous sommes en 1845.
Pendant la période électorale, quel-
ques excès ayant été commis daus son
comitat de Bihar, le notaire s'arracha
sans peine, car la muse le sollicitait
sans oesse de ses pacifiques occu-
pations, pour écrire un poëme héroï-
comique La C/ta
le tir~dénnitivement de l'obscurité.
Le vent soufflait à là politique. En
1847, paraissait son ToMt, qui obtînt
également les palmes académiques et le
fit proclamer créateur de -l'épopée hon-
groise.~ 4
En 1§49, à la Révolution, il vint à Bu-
dapest'prendre possession d'un emploi
au ministère de l'intérieur, jusqu'au jour
où la tempête le contraignit à chercher
mi. asile dans son Nagy-Szalonta, ce nid
paternel où l'oiseau revenait après cha-
que épreuve trop rude. C'est à cette
époque qu'il donna l'hospitalité à son
ami, autre grand poète hongrois, Petœû
Sandor. Qu'est devenu Petœn. Sandor ? ?-
A-t-il été tué à Vilagos où succomba l'in-
dépendante do la Hongrie? A-t-il été
pris par les Russes et exilé en Sibérie,
comme le prétend la légende hongroise?..
Quand la tourmeùte fut passée, Arany
devint professeur à Nagy-Koros, où il
enseignait la littérature hongroise et ex-
pliquait les poètes latins puis il fut ap-
pelé à Budapest en qualité de secrétaire
général de l'Académie hongroise.
Ce poète, à l'esprit inquiet, à l'existence
traversée, d'un caractère modeste, d'un
complet désintéressement, était un chef-
d'œuvre d'honnêteté. On cite de lui des
traits exquis
Ayant vendu, à un éditeur son poème
Les <72tgaHM c~e ~Va~7c~a, il apprit quel-
que temps après, que cet éditeur avait
éprouvé sur son livre une perte de cinq
cents florins. Arany prit aussitôt cette
somme sur le plus clair de ses écono-
mies et la lui envoya avec ce billet
« Je ne veux causer de préjudice à per-
sonne. » Quand un éditeur s'enrichira
avec un livre et offrira à l'auteur de par-
tager son gain avec lui, nousi'irons dire
à M. Jules Grévy.
Dans ces derniers temps, son état de
santé l'empêchait de remplir ses fonc-
tions de secrétaire général de l'Académie
hongroise, qui décida qu'il garderait le
titre et les appointements de ces fonc-
tions, déléguées à Mgr Fraknoi. Trois
ans s'étaient écoulés, lorsqu'on apprit
qu'Arany n'avait pas touché un centime
de ses appointements qui se trouvaient
intégralement dans la caisse de laBanque,
chargée d'administrer les fonds acadé-
miques. « Je n'ai point travaillé, ré-
pondit-il, on ne me doit rien. »
Outre la CAar~ ~g~M~ de ~a~Jctres poèmes Cay/~rMe, la ZcgeH~c des
NK?ii;, la Co~M~c de MMrsMnombre de morceaux poétiques insérés
dans les revues maggyares la traduc~
tion en sa langue maternelle du ~o?~c
~'MMe HMi7 ~'ë/e, d'~faM~ du jRoe Jean,
des comédies d'Aristophane, des fables
de La Fontaine, et– lettrés, pardonnez-
lui de quelques chansons de Bé-
ranger.
Aucun poète hongrois, sans en excep-
ter Petœti Sandor, n'a manié la langue
maggyare avec plus de souplesse, de
force, de précision, d'élégance. L'imagi-
nation ne l'emportait que lorsqu'il s'était
si solidement assuré sur "ses étriers
qu'aucun écart n'était plus possible
Arany est le premier poète épique de
la Hongrie contemporaine, comme Pe-
to?H Sandor en est le premier lyrique.
Voici la traduction d'une poésie d'A-
rany, écrite en 1850, après la répression
de l'insurrection hongroise par la Rus-
sie, après la soumission de la patrie
maggyare à l'Autriche. C'est une allé-
gorie politique. Rachel ou la Hongrie
exhale ses plaintes contre l'Autriche et
la Russie. Les allusions qui faisaient
courir des dangers au poète ont donné
à sa langue une flexibilité et un éclat
qui permettront au lecteur de se faire
une idée du génie d'Arany
LES PLAINTES DE RACHEL
Sur les ondes de mon lit blanc et doux,
comme vous dormez gentiment, ô mes jolis
petits nourrissons Mais est-ce bien là le som-
meil?.Que tardez-vous à accepter le soin
qui vous invite?. J'attends votre réveil avec
un fol espoir. Ah ah !.en vain
Hélas vous ne vous éveillerez plus. Je le
sais'Vptre repos est plus que du repos.
Je sais tout. Hëla~ Votre sourire neré-
pondra plus a mes yeux, vos lèvres ne balbu-
tieront plus un baiser a mes lèvres sup-
pliantes.
Vous êtes morts.morts !Voiei!a. bles-
sure profonde. Comme si la colombe,!), peins
éclose, n'était point tuée, quaftd son cœur est
effleuré
Ah que j'embrasse les lèvres sanglantes de
la blessure Bien qu'elles-crient vers le ciel,
comme elles sont muettes et glacées. Elevez
votre voix Demandez la vengeance du Cial
Que le cruel meurtrier soit châtié sans merci
A quoi bon Je n'ai plus de fils Ce pe-
tit ruissea.u qui fait battre le cœur ne saurait
désormais couler, même si l'on y versait des
océans de sang.
Terrible Hérodë Puisque tu aiguises la
tranchant de ton glaive contra les innocents,
pourquoi le confier h. d'autres ? Pourquoi n'es-
tu pas venu toi-même, avec tes yeux arides? 7
Peut-être la source de la miséricorde aurait-
elle jailli de ton cœur de pierre.
Ah si tu avais vu, mes enfants, ma vie! 1
Je suis tombée en sanglots, aux genoux de ce
mercenaire féroce je l'ai supplié de ne pas
leur faire de mal, de no pas les tner.
Ses yeux se noyaient.de larmes,j'ai cm
qu'il ne leur ferait rien. j'ai oublié qu'il n'é-
tait qu'un instrument Si tu avais été )a, toi,
roi de marbre, a la vue des douleurs d'une
mère. tu n'aurais pas tué mes fiis.
.Femmes de Bethléem, n'enviez p
chel, tant de droits a une flère espérance,
.vous n'ayez souffert que la moitié do ce qu'elle
souffre.
Demant, il y aura des funérailles. Venez,
oh par ~raco, venez Allons ensemble voir
le jardin dos morts t.Je n'en ai plus peur
maintenant!Couchons-les doucement mes
pâles enfants, qui dorment déjà dans le sein.
do Dieu.
Le beau printemps est tombé de l'année.
Une génération s'est détachée de l'Humanité.
La voila dans le cimetière. Beaucoup d'en-
fants deviendront des hommes. Mais, dans
ces deux années, aucun ne fêtpra sa nais-
sance.
Pourquoi se plaindre ?.Jo vois, je vois.
L'avenir s'entr'ouvre. Au loin. Tout près. Il
est la Celui qu'ont chanté les lèvres inspirées
des prophètes H est né, le roi do Judée
Jalouse, implacable tyrannie t. Mais, no
l'oublie pas, Hérodë ivre de sang Lui, lui, il
vit, il deviendra puissant!Et toi, tes jours
sont comptés. Le temps se rajeunit. Ce qui
fera trembler tes armes, c'est la parole, c'est
l'idée'~
II y a dans ce' morceau un en subli-
me « Allons ensemble voir le jardin
des morts je n'en ai plus peur main-
tenant ))– Ces fureurs, ces tendres-
ses, ces désespoirs, ces espérances se suc-
cèdent dans une harmonie admirable.
Rien do cherche, rien de factice. C'est une
lamentation partant du fond de l'âme,
et s'exhalant e.n des sentiments si sincè-
res, si exacts, .qu'à la lecture on les
éprouve dans leur ordre, dans leur me-
sure, qu'on en ressent tous les tressail-
lements, comme si ce chant sortait de
votre âme elle-même!
La mélancolie qu'inspirent les soleils
couchants qui embrasent les blés de la.
puszta, mélancolie étrange qui marque
si originalement la race hongroise, et
où l'on ne reconnaît plus l'Europe, mais
oùl'onpressentl'Asie, une Asie inquiète,
ébauchée, colore ces vers de couleurs
tantôt sombres comme les plaines grises
des bords du Danube, tantôt fulgurantes
comme l'horizon du Sinaï.
X.Z.
H_
A CEUX QU) VEULENT
MTTM U! Ttnhw
M MMiM A)) !n)'jA[m4
II s'est fait bien du bruit autour des comé-
diens. dans le courant de cette semaine, et
Paris a semblé divisé en deux camps, comme
les Montecchi et les Capuletti. Nous donnons,
pour clore la discussion, un excellent article de
Dumas père où les commençants au théâtre
trouveront de sages conseils. L'autorité des ar-
tistes fameux desquels Dumas a publié les let-
tres se renforce, en cette occasion, des com–
mentaires de l'auteur d'A~ony.
Il nous est passé hier sous les yeux,
chers lecteurs, deux lettres si curieuses,
que nous !es avons copiées et que nous
n'hésitons pas aujourd'hui à vous en
faire part.
Ces lettres répondent à une pensée qui
nous est souvent venue à propos de jeu-
nes gens qui se destinent au théâtre, et
qu'a brutalement éveillée, il y a quelque
jours encore, une phrase qui se trouve
dans la première scène du jMe?'cf!o~ do
Balzac.
Cette première scène est consacrée à
l'exposition, et l'exposition est faite par
M. Justin, domestique de Mercadet, par
mademoiselle Thérèse, femme de cham-
bre de madame Mercadet, et par made-
moiselle Virginie, cuisinière de la mai-
son.
Qu'on nous permette d'emprunter
quelques lignes à cette exposition.
Elles nous conduisent où nou~ vou-
lons aller.
SCÈNE PREMIÈRE.
JUSTIN. VIRGINIE. THÉRÈSE.
JUSTIN. Oui, mes enfants, il a beau
nager, il se noiera, ce pauvre M. Mer-
cadet.
VIRGINIE. Vous croyez ? '?
JUSTIN. Il est brûlé. et, quoiqu'il y
ait bien des profits chez les maîtres em-
barrassés, comme il nous doit une année
de gages, il est temps de nous faire
mettre à la porte.
THÉRÈSE. Ce n'est pas toujours fa-
cile. Il y a des maîtres si entêtés J'ai
déjà dit deux ou trois insolences à ma-
dame, et elle n'a pas eu l'air de les en-
tendre. ·
VIRGINIE. Ah j'ai servi dans plu-
sieurs maisons bourgeoises; mais je
n'en ai pas encore vu de pareille à oeUt*
ci. Je vais laisser les fourneaux et o~ey
M!f p~c~~t- ~M ~p
M~ic.
Ces derniers mots dénotent l'observa-.
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Comment se fait-il que la première
idée qui vient à un commis "renvoyé de-
son magasin, ou à une chambrière ren-
..voyée de chez ses maîtres/se formule
dans cette phrase si impertinente pour
les vrais comédiens .T~a~Hfm~'eaM
~ea/r
C'est que l'art: dramatique, aussi bi8R
que l'art littéraire, a le malheur d'appa-
raître aux esprits ignorants comme un*
chose qui n'a pas beso.in: d'être apprise.
Le commis renvoyé de son magasin
no s'aviserait jamais de dire «Je-vais
me. faire peintre; » ni la chambrière
chassée de chez ses maîtres, do dire
« Je vais me faire musicienne.
Non on sait que, pour devenir peintre,
il faut apprendre la peinture on sait
que, pour devenir musicien, ,il faut ap-
prendre la musique. Et. Ip commis n'a
pas la patience d'apprendre la peinture;
et la chambrière n'a pas la patience
d'apprendre la musique.
Mais l'art dramatique, il n'y a pas be~
soin de l'apprendre. Tout le monde pe'N;
jouer la comédie.
Hélas voilà pourquoi il y a si peu de
comédiens
Que les jeunes gens ou les jeunes Hlles
qui se destinent au théâtre lisent les
mémoires de Lekain ou d'Ifftand, de ma-
demoiselle Clairon ou de mademoiselle
Dumesnil, et peut-être alors se feront-ils
une idée de ce que l'on appelle )'oMpr
compte.
Dugazon a raconté quelque part qu'il
avait trouvé trente manières, toutes co-
miques, de remuer le nez, c'est-à-dire
l'organe le moins mobile de tout le vi~
sage.
Talma nvouait à qui voulait l'entendre
que ce n'était que dans les dernières
années de sa vie qu'il s'était fait une
idée bien exacte de-l'art qu'il avait port&
cependant aune si grande hauteur.
Et Félix, l'ex-soumeur du Théâtre-
Français, vous dira que, jusqu'au jour
de sa retraite, mademoiselle Mars l'a
fait venir chez elle, non pas une fois,
non pas deux fois, non pas trois fois
parsemain&, mais tous les jours,'pour
répéter ses anciens comme ses nouveaux
rôles.
Si les commis et les femmes de chambre
avaient idée d'un pareil travail, je doute
qu'il leur échappât si facilement de dire
Je vais me m~/?'
Il est vra-i qu'à côté de ceux-là, il v a.
les artistes qui doutent.
Les deux lettres que nous allons citer
et qui, à treize ans d'intervalle, furent
adressées, l'une par l'homme qui a créé
Orosmane, l'autre par celui qui a créé
Frantz Moor, à un artiste appartenant a.
cette dernière catégorie, en fournissent
la preuve.
Nous croyons que c'est une chose in-
téressante pour tous ceux qui, de prés
ou de loin, par profession ou par goût
tiennent à l'art dramatique, que l'opi-
nion qu'expriment eux-mêmes, à l'en-
droit de la carrière difficile à laquelle ils
se sont voués, deux maîtres de la taille
de Lekain et d'Ifnand.
Voici d'abord la lettre de Lekain
Paris, ce 20 novembre 177T.
« J'ai mille raisons, monsieur, 'de nf
point vous donner les conseils que vous
me demandez au moment où vous hési-
tez à choisir l'état de comédien. La mei)-
leure de ces raisons est peut-être la so-
litude dans laquelle je vis maintenant
et qui m'inspire de vous être utile; la
seconde raison, c'est que je n'ai jamais
conseillé à un jeune homme de quitter
la carrière qu'il avait embrassée pour
celle du théâtre ceux qui sont nés pour
être comédiens suivent l'inspiration de
leur génie sans démoder conseil à qui i
que ce soit :.mais celui qui n'a que
~OM7 pour un état si difficile et si cruelle-
ment avili, cehn-Iâ doit sérieusement
réfléchir avant de faire un pas duquel
dépend le bonheur ou le malheur de sa.
vie.
« Moi, monsieur, je no puis vous faire
comprendre cela comme je le voudrais
bien, car je ne suis pas un mentor de
la jeunesse c'est l'affaire de vos amis
et de vos parents. Vous me paraissez
trop intéressant pour que je ne vous
parle pas avec franchise. Je vous en sup-
plie, laissez encore s'écouler quelque
temps avant que d'exécuter votre des-
sein. Maintenant vous ne voyez que lés
ueurs de cette carrière, et vous n'en con-
naissez pas les épines. Hélas! qui au
monde a été plus que moi blessé par les
épines ? et, malgré cela, cependant, mes
ennemis eux-mêmes avouent que j'ai un
grand talent. A quoi donc doit s'attendre
celui qui court après la gloire sans l'at-
teindre jamais ? Il est vrai qu'il y a un
moyen d'avoir des succès sans talent
il y en a même deux arrogance et im-
pudeur mais vous me semblez incapa-
ble de vous servir de tels.moyens.
« Voilà, monsieur, ce que m'a inspiré
~estime que j'ai pour vous, et je ne puis
que vous abandonner à vos sages ré-
nexions.
« LBKAIN. a.
A quelle époque Lekain écrivait-il
cette lettre décourageante ? Après vina-t-
sept ans'd<" théâtre, et un an avant sa.
mort
L'année où Lekain écrivait cette lettre,
Ifftand débutait.
Treize ans après, le même homme qui
s'était adressé à Lekain s'adressait'à
Iffland, et Iffland lui répondait à son tour
la lettre suivante `
<' Berlin, 30 octobre 1790.
« Je ne me suis jamais trouvé dans
un embarras pareil à celui où vous me
plongez, monsieur, quand je songe qu<
le conseil que vous attendez de moi dé
cidera peut-être de votre avenir.
« Votre voea.'tion de caméd~n est
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