Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-07-28
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 juillet 1882 28 juillet 1882
Description : 1882/07/28 (Numéro 11). 1882/07/28 (Numéro 11).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5243130
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Seizième Année Troisième {Sôme Numê~ll
PARIS A & centimes. DÉPARTEMENTS ET GARES S<~ CENTIME~
Vendredi 28 Juîlïet Ï~S
3E3:, DE!
J!
ANNONCES
MM. CH. LAGrRAKTGrE, CERF A 0
6,FLACBDELABOCASE,6 Û~
) B< & ~{
ADMINISTRATION
DE J)JX HEURES A C!NO aEUttM
?, T*oa!evttrd[ dct) ttttUeno, <
A BO~NEMENTS,PET)TES ANNONCES';
J .RENSEIGNEMENTS
9, b~nleT~zA ~&s ~taliaae~ a
'A:RTB)~:R ME~E~
Ctr
ABONNEMENTS 1.
Dé~artememta
Un moia. 6fn
Trois mois. 16 fr
Six mois. 38ff\
Un an. 64fr.\
Parla
Un mois. 5fr.
Trois mois. 13 50
Six mois. 87 fr.
UnM. 54 fr.
Etranger
trois mois(UmoB postale). i8fr.
RÉDACTION
e, boulevard des Italiens, 9
OB.DZUXminRMAMUnnT
-:y. '-), i
Le GaM~OM sera envoyé gratui-
tement/pendant huit jours, à toute
personne qui en fera la demande,
soit directement, au bureau du jour-
na~, soit par lettre affranchie adres-
sée à l'administrateur du G'o!M~o:'s,
9, boulevard des Italiens.
ï'MNMtB BT t~BfMT
I
Hier, le de l'Egypte, annonçait une surprise. La
surprise est venue. La Turquie, jusqu'ici
restée inactive et silencieuse, déclare,
d'accord avec l'Angleterre, d'accord
avec l'Allemagne, qu'elle va intervenir
et envoyer des troupes en Egypte, pen-
dant que la France en est chassée. C'est
la défaite absolue, irrémédiable, la dé-
faite humiliante du lâche qui a pris
peur et qui fuit; et non point la défaite
glorieuse du soldat qui tombe quand il
n'a plus une seule goutte de sang dans
ses veines ouvertes et une seule pincée
de poudre dans son fusil tordu. Comme
dans les sombres jours des deuils pa-
triotiques, nous pouvons mettre un
crêpe au drapeau, et vaincus, désarmés,
lé rouge au front, les yeux brûlés de
larmes et les menottes aux mains, dén-
ler devant nos vainqueurs.
'On riait de nous, comme à la Comé-
die on rit du tuteur berné et trompé
aujourd'hui, on nous méprise comme
oh méprise ces tarés de la vie qui pas-
sent et qui semblent laisser de la honte
aurès eux. Car nous n'avons plus d'é-
checs à subir échec avec l'Angleterre.
qui, souverainement, établit son protec-
torat en Egypte; échec avec la Turquie,
crju'envo~eses régiments en Afrique;
Mnec avec l'Allemagne, qui nous re-
pousse en dehors du concert européen.
C'est complet.
'Ëf la Bourse monté.. A mesure que~
l'honneur descend plus bas, la Bourse ¡
monte plus haut. Et elle a raison de
monter, car, si nous perdons ce qui nous
restait encore de fierté nationale et d'or-
gueil patriotique, nous sauvons la mise
et. nous gagnons l'argent. Qu'importe
que le cœur soit étreimpar l'angoisse,
fH la bedaine se dilate et s'enne? Nos
blessures? Eh bien, nous les pansons
avec des' billets de banque, et nous cou-
vrons l'insulte et les soufnets de sacs
d'eeas et de piles d'or. La Bourse monté.
C'est justice. L'Egypte aux mains des
Anglais, c'est l'Egypte pacifiée, c'est
l'Egypte entrainée dans le grand mou-
vement colonisateur, c'est l'Egypte
payant ses coupons. Et nous sommes à
îa hausse.
Pourquoi la France a-t-elle encore
une armée? Pourquoi M, de Freycinet,
à la tribune, devant l'Europe en armes,
ne~ demande-t-il pas le licenciement de
nos régiments ? Que nous font ces para-
des étincelant au soleil de Longchamps,
ces déniés grondants de nos batteries,
ces fanfares et le roulement de nostam-
boUrs.si nous tremblons à la voix du
canon, si nous bouchons nos oreilles au
déchirement de la fusillade, et si l'uni-
forme, gardien sévère des héroïsmes de
notre histoire, peut être impunément
sali et souillé, comme un déguisement
de carnaval? Allons, qu'on rende les
hommes à la terre, et les chevaux à la
ch&rrue, et semons du blé dans la paix
des champs, où ne pousse plus la rouge
semaille de gloire.
Je me souviens de 4870. Le cœur de
la France battait. Un même cri gonnait
toutes les poitrines..11 y avait, dans les
rues, un peuple enûévré et haletant, que
soulevait l'enthoustasme guerrier. Un
frémissement sonore secouait cette foule
qui, chantant, faisait cortège à nos sol-
dats. Et les régiments, le drapeau cla-
quant au vent, déniaient, acclamés, dans
une magnifique explosion du génie pa-
triotique. On pensait pourtant aux morts
qui allaient rester là bas, fauchés par la
mitraille on n'était pas certain du suc-
cès!, mais on ne voulait penser qu'à la
glqire que ces hommes allaient mois-
sonner. Hélas
L'ivresse néanmoins avait gagné jus-
qu'aux cœurs des mères; et les enfants
eux-mêmes, remués par les sonneries
dear clairons et par les tambours qui bat-
taient la charge, se sentaient des rages de
bataille et des impatiences de héros.
Aujourd'hui.oùestl'émoiion publique?
Rencontrez-vous des gens qui gardentau
visage la rougeur doTaSront et la trace
du soufflet reçu ? La rue est calme; Pa-
ris va, comme de coutume, a. ses plaisirs
et a-ses affaires. Les cafés sont pfeins.et
les voitures doucement emportent vers
le Bois les mêmes figures de tous les
jours, indi&érentes et sourieuses. Ecou-
tez les conversations. On parle du der-
nier Bcandale.du dernier écho venu de la
plage & la mode, de la dernière mode,du
dernier coup de cartes de M. de X. et de
la dernière fantaisie de Mme de Z. On
parle de l* Eden-Théâtre, du Cirque, de l'O-
péra, da Conservatoire, des vendredis de
PHippodrome. Et on se dit qu'il fait bien
chaud, qu'ils sont bien lents, les soirs
d'été a Paris, et qu'on serait bien mieux,
daas un coin de campagne, assis sous
de grands arbres, respirant l'air libre
des champs; ou encore on envie, avec
de longs soupirs, les bienheureux qui
font du chic sur les galets de Dieppe
et les sables de Trouville, et qui
poursuivent, en face de la mer dis-
crète, le roman commencé ici, un
sow qu'on avait beaucoup dansé. Sait-
on seulement que l'Egypte existe ?
Non. C'est si ennuyeux et c'est si loin! l
Et l'on & soin de passer, dans les jour-
naux, les articles qui ne craignent pas
de rabâche: cette éternelle et fatigante
question. T~ n'y a pas de guerre,
n'est-ee pas ? Qn ne va nous demander
et hommes ni M~nt? Tout est réglé,
ou à peu près. Que la France s'arrange
comme ei!e l'entendra, ou comme l'en-
tendra l'Allemagne, ou comme le vou-
dra l'Angleterre Il faut laisser les dis-
cussions oiseuses aux boursiers, dont
c'est l'intérêt, et aux politiques qui sont
payés pour cela. Lisons le conte affrio-
lant. buvons frais, sourions à l'amour
et dépensons l'argent que nous ga-
gnons joyeusement et sans remords.
il ne faut pas qu'un spectre quelcon-
que vienne hanter nos paresses et gri-
macer dans nos amusements.
Le boutevard a sa môme physiono-
mie. Les cafés flamboient. Les prome-
neurs vont, lentement, les mains der-
rière le dos. A la porte des restaurants
de nuit, les coupés stationnent, et des
couples montent et descendent, avec des
chansons et des rires aux lèvres. Dans
les clubs, les joueurs poussent leurs je-
tons sur le tapis vert; et les kiosques de
journaux, désertés et sans clients, fer-
ment leurs éventaires.
Et je ferai comme tout le monde, car
le chroniqueur doit suivre la foule, res-
sentir ses impressions, vivre de ses
passions et de sa vie. Il ne lui est pas
permis d'être morose, alors que la joie
s'allume dans tous les yeux. En termi-
nant, il regrette de n'avoir pas résisté
à là tristesse et au découragement d'une
journée de spleen et d'avoir mis à nu
non point son esprit chagrin, mais son
cœur chagriné. Ïl s'efforcera de rire dé-
sormais, et, la bouche en cœur, la bou-
tonnière fleurie, bien portant et gai,
d'effeuiller, non plus des immortelles,
mais des roses sur les hontes de la pa-
trie.
OCTAVE MtMEtU
Nos Echos
AUJOURD'HUI
A 6 heures et demie, dîner au Gr&nd-Hôtel
admissidnjusqu'à7heures.
Pendant la durée du''dîner, l'orchestre dé
M. Desgraoges jouera. Bams nouvelle salle de
musique.. j
MENU,
Potage Parmentier <
,r;: Hora-d'œuvra,.
Melon
Turbot eanoe anchois `
Pommes de terre & l'amglaiM
Côte de b.œuf & la parisienne
f Timbales de homards à l'amôrioain~
Poulardes de la Bresse a.u cresson
'Salade `
HartcotspanachÉs maïtBe-d'hMol* i
Tartelettes do fruits
Gt~oa,
Parfait au café
Desserts
Fromages, ÎFuits et petits-fouM
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgues, tables de jeux.- Dlner à la carte
au restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir & la
4'page.).
A deux heures. S8*. séance publique de la
Bessian de la Chambre des députes.
A doux heures, séance publique au Sénat.
Musée Grévin, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
Opéra, 8 h. 1/4. AMa.
Français, 7 h. 1/4.– Le SMppMse d'âne /'emme
et le Gendre de M. J'otr~er
t.A PODTtOUE
Un courrier,qu'on croit porteur d'une
dépêche très importante émanant du
gouvernement allemand, est attendu &
Alexandrie aujourd'hui.
Il est bon de faire remarquer que c'est
très peu de jours après la réception d'un
message allemand que l'ex-khédive Is-
maïl-Pacha fut déposé.
Le conseil supérieur de l'instruction
publique, réuni hier sous la présidence
de M. Berthelot, a terminé l'examen des
programmes de l'enseignement secon-
daire spécial.
Il a adopté le projet de baccalauréat
de l'enseignement secondaire spécial.
Aujourd'hui, le conseil reprendra
l'examen des questions relatives & l'en-
seignement secondaire des jeunes nlles.
LE MONDE ET LA VtLLE
S. A. R. la duchesse de Cambridge,
more du duc de Cambridge, comman-
dant en chef de l'armée anglaise, est en-
trée, le 25 juillet, dans sa quatre-vingt-
cinquième année.
A cette occasion, grande réception
chez la duchesse. Etaient présents le
duc de Cambridge, la princesse Marie-
Adélaïde, duchesse de Teck; le duc de
Teck et leurs enfants, et le grand-duc de
MecklembourgStrelitz.
La Reine, le prince et la princesse de
Galles ont envoyé de magnifiques birth-
~s!preseH
La princesse Dolgorouki, voyageant
sous le nom de Yourjersky, est arrivée,
hier, à Paris. Elle est descendue & l'hôtel
de Bristol.
La princesse, qui est accompagnée de
ses trois enfants, un garçon et deux
niles, vient de Kissiagen et, après un
séjour d'une quinzaine à Paris, elle ira
àBiarritz.
L'état du prince OrIoR, ambassadeur
de Russie, s'est sensiblement amé-
lioré la dernière nuit a été moins mau-
vaise et les douleurs ont paru s'apaiser
la journée a été relativement bonne;
aussi le père a-t-il pu recevoir ses deux
enfants, qui sont arrivés hier matin de
Fontainebleau avec leurs deux gouver-
neurs et ne sont repartis de Paris que le
soir.
Le prince OrIoS vient d'obtenir un
congé de deux mois, qu'il ira passer à
Vichy.
M. le baron de M arochetti, charge
d'aSaires d'Italie à Paris, vient, comme
on sait, d'être nommé à Copenhague.
Mais ce qu'on a omis de dire, c'est
que M. de Marochetti est élevé au raog
v
d'envoyé extraordinaire et ministre
plénipotentiaire, ce qui constitue, au
proût'du très aimabte diplomate, un
fort beau. et très exceptionnel avance-
ment.
Le baron de Marochetti quittera Pa-
ris le 1" août prochain.
M. Marinoyicz, secrétaire de la léga-
tion de Serbie en France, et nis du chef
de cette mission, vient d'être nommé,
en la même qualité, à la légation de
Samt-Pétersbourg.
Use dispose à aller prendre posses-
sion de son nouveau poste.
Mgr Augustin David, évêque de
Sainf-Brieuc, a succombé hier soir, à
huit heures, aux suites d'une maladie de
cœur dont il souffrait depuis long-
temps.
Né à Lyon le 28 mars 1812, Mgr David
fut nommé évêque de Saint-Brieue le
14 janvier 1862, préconisé dans le con-
sistoire du 7 avril et sacré le 2 juillet à
Valence.
Mgr David était comte romain et of-
ncier de la Légion d'honneur.
Suite du scandale de Nice
Le parquet de Marseille a reçu hier du 1~
parquet de Nice un mandat d'amener coM
tre M. Louis-Auguste Bois, ancien fondé
de pouvoirs de M. Gauthier de Rigny,
trésorier général des Alpes-Maritimes.
M. Bois est accusé d'avoir détourné la
somme de l.SOO.QÛOLfr.
M. Gauthier de Rigny avait révoqué
de. ses fonctions M. Bois, au mois de
mars dernier. On se demande comment
il se fait que ce déficit considérable n'ait
été découvert qu'au mois de juillet.
La trésorerie est provisoirement gé-
rée par M. Bellot.
Les créanciers, parmi lesquels ûgu-
rent plusieurs notaires, seront désinté-
ressés'par M. de Rigny.
La. rencontre projetée entre MM. Aù-
réiien Scholl et Harden-Hickey n'aura
décidément pas lieu.
Empêchés une première fois par la
police belge, les deux adversaires, pro-
ntant de l'instant où. les gendarmes pre-
naient les noms des témoins, se dirigè-
rent vers lafrontiëre hotlandaise. où les
douaniers voulurentsaisir les épées de
M. Harden-Hickey. Celui-ci paya le droit
exigé mais la police hollandaise, à son
tour, suivit MM. Scholl et Harden-
Hickey, accompagnés déjà par un noîn-
bre considérable de, personnes.
Le soir môme, les témoin~ de M. Har-
den Hickey vinrent se mettre à la dispo-
sition de M. Aurélien Scholl, qui répon-
ditque.leduel ne pouvant avoir lieu
ni sur le territoire belge, ni suf le ter-
ritoire hollandais, la rencontre se ferait
sur le territoire français.
Les témoins de M. Hardën-Hickey ne
se croyant pas autorisés à accepter ces
conditions, l'affaire n'aura pas de suite.
Très belle réunion sportique, hier, à
La Chapelle-en-Serval, chez M. Charles
Lalou, le directeur de la .France..
Tout ce qui. reste à Paris de mon-
dains et de mondaines s'y était donnô
rendez-vous.
Dans le parc réservé, une quarantaine
d'intimes, parmi lesquels plusieurs grps
bonnets de la politique et de la finance.
Mme Charles Lalou a fait à tout son
monde les honneurs du château avec
une grâce exquise.
MOUVELLESA LA MAIN
Au jeu des demandes et des réponses
quelle différence y a-t-il entre un
vieux médecin et un jeune?
C'est qu'un jeune médecin n3M~
quand on lui donne de l'argent, et qu'un
vieux ~M~, quand on ne lui en donne
pas.
Le rédacteur en chef d'un journal, est
en train de lire une pièce de vers qu'on
vient de lui soumettre.
Soudain il recule, avec eSroi, devant
un soi-disant alexandrin, qui ,avait au
moins dix-huit pieds
Mais ce n'est pas un s'écrie-
t-il. c'est un serpent
UN MMtM
NOUVELLES ET DEPECHES
(Service télégraphique ~M GAULOIS)
Londres,27juillet.
Clôture du marché légèrement en réac-
tion sur réalisations. Coasotidés, 99 68
Egyptienne, 5007, parité, 253, Italien,
86 57, parité, 87 05; Banque ottomane, 18,
parité, 703. Londres, 27 juillet.
Dans le gouvernement, la presse, l'opi-
nion, vive opposition à l'intervention tur-
que en Egypte.
On prétexte que les troupes turques, au
moins en partie, feraient cause commune
avec Arabi.
Alexandrie, 27 juillet.
Les approvisionnements en eaux, fruits,
denrées, afuuent à Alexandrie.
Le ravitaillement des indigènes et des
troupes du Khédive est assuré.
On ne signale aucun mouvement mili-
taire.
Alexandrie, 27 juillet.
Les troupes égyptiennes élèvent une
nouvelle ligne de retranchements. De pro-
chains combats auront lieu.
Arabi a ordonné d'emprisonner plusieurs
chefs bédouins, qui ont refusé de recon-
naître son autorité. Il s'est proclamé ré-
gent et a nommé Mahmoud Samy prési-
dent du conseil des ministres. Toutes les
provinces sont administrées par des offi-
ciers.
Ali-Pacha.-Mouba.rek a soumis au Khé-
dive un projet d'amnistie pour tous les
ofnciers supérieurs qui licencieraient leurs
troupes.
Constanttnop!e,27juillet.
La Porte a décidé d'envoyer 5,000 hom-
mesenEgypte.
Les transports sont sortis de la Corne-
d'Or.
LA CBUSE
ET LA COMMISSION BES S CRËDtTS
a,;
Avant l'ouverture de la séance de la
Chambre d'hier, le bruit se répand dans
les couloirs que le cabinet a pris une nou-
velle résolution il retire la demande
de crédits C'est à n'y pas croira) 1
Quoi ) lundi dernier, le gouvernement
réclamait neuf ou dix millions, il les
proclamait nécessaires, il expliquait,
par l'organe du ministre de la marine,
qu'il en avait un besoin pressant; et
jeudi, sur un signe de la commission, il
se ravise, il capitule On se regarde, on
secoue la tête, quelques-uns lèvent les
bras au ciel; Tes plus modérés se pas-
sent la main sur les yeux pour s'assurer
qu'ils ne rêvent pas.
.~Le ministère, a-t-il .été averti de cette
première impression? Toujours est-il
que; vingt minutes après, on assistait à
un nouveau jeu de scène le gouverne-
ment ne retirait plus la demande de cré-
dits il se contentait du renvoi de la dis-
cussion à samedi prochain. Et, comme
les membres de la commission, un peu
interloqués par cette série de change-
ments à vue, demandaient a. M. de Frey-
cinet un petit supplément d'explications,
il leur a exposé qu'une dépêche de M.
deNoailIes.nptreambassadeuràConstan-
tinople, l'obligeait à réclamer ce sursis.
La conférence acceptait l'intervention
turque en Egypte il fallait apprécier la
situation nouvelle créée par ce grave in-
cident,s'entendre avec l'Angleterre, etc.
etc. Ce n'était pas trop de renvoyer la
discussion à samedi. u
La commission n'a pas fait d'objec-
tions. Elle a décidé que M. Sarrien dé-
poserait son rapport sur le bureau de la
Chambre, etque M: deF''eycinet de-
manderait lui même le'ranvoi. Sur quoi
les commissaires sont sortis delà satle
de leurs détibérations, non sans avoir
remarqué qae jamais le président du
Conseil n'avait été plus abattu, plus af-
faissé, plus morne.
Le rapport a été déposé à trois heures
et demie par M. Sarrien. Nous en don-
nons plus loin les principaux passages
dans notre compte rendu de la Chambre.
L'accueil a été glacial. La Chambre a
demandé la discussion immédiate; mais
M. de Freycinet est venu demander l'a-
journement à samedi, sous prétexte
qu'il < attendait des renseignements
< p)us circonstanciés sur l'attitude de la
Porte)
La Chambre, en rechignant, a ac-
cordé cette remise. On dit qu'il passera
de l'eau sous le pont pendant ces deux
jours, et qu'il faut encore s'attendre à
quelque nouvel incident. Du reste, la
Chambre entière a été frappée, comme
la commission l'avait été avant elle, de
l'accablement de M. le président du con-
seil, et ceux qui avaient le plus d'envie
de le blâmer ont presque nni par le
plaindre.
M. Gambetta assistait à cette agonie
de son ancien compagnon. On assure
qu'il prendra la parole. On attend aussi
un discours de ce membre curieux, de
ce commissaire insistant et interrogeant,
dont il est sans cesse question dans le
rapport c'est M. Ribot 1 Mais personne
n'ose risquer une conjecture sur ce qui
arrivera.
MENMtHSME HEMME
On est à peu prea certain que le re-
trait du projet de crédit de 9,400,100 fr.
suivra de près la demande d'ajourne-
ment. On se désintéresserait complète-
ment de la question égyptienne, et on
laisserait l'Angleterre et la Turquie ré-
tablir l'ordre en Egypte.
Si, pour une raison quelconque, le
gouvernement maintenait les crédits, il
poserait la question de confiance. Les
ofncieux pensent néanmoins que les
chances sont pour le retrait des cré-
dits.
Nous, n'en doutons pas.
Mais si l'Angleterre, par sa diploma-
tie ou par ses canons, repousse l'inter-
vention turque, que ferons-nous, bons
ofncieux ?
UBtQUE
PETiT MCHONmE
DE POCHE
A l'usage des ~/0/KO!~M /'~L/K~M~K~. Moyens d'intimidation
qui coûtent très cher à la nation qui les
emploie, et déterminent généralement la
nation contre laquelle ils sont employés à
massacrer les colons que ces armements
devaient protéger.
2?o/M~McK/. Duel à l'anglaise, où
les chances du combat sont M~a/M~ par
l'emploi de canons à portées différentes.
Conseil pratique au bombardeur choisir
les pièces à longue portée et se tenir à
cinq cents mètres au-delà du point ex-
trême où viennent mourir les projectiles
de l'adversaire.
Concert ~M~~M. Symphonie en
bémol à grand orchestre, avec canon et
fugue. (Rien de la musique de chambre.)
La France y fait sa partie de tambour, et
c'est le peuple qui paie les violons.
Demande de c~f/de Rabelais– qui se retarde volontiers.
jBe~M~' vues. Efforts réciproques
des diplomates pour se rouler mutuelle-
ment. (Nota bene.) Il n'y a pas de vues
droites.
J~rp~c~ Action de se mêler de
choses qui ne vous regardent pas. L'inter-
vention peut se borner à la protection d'un
canal qui n'est nullement menacé. Mais en
ce cas est-il bien utile d'intervenir ? `?
TM/~M~M~ M!o/-< Influence qui
s'exerce par l'envoi d'une escadre, le bom-
bardement d'un port et l'extermination de
l'ennemi.
Z~~ ~M. Voir Livre jaune.
Z/f~y~MK~Voir.: Livre rouge.
Z~y~ rouge, c~, M'o/ etc. Voir:,
Livre bleu.
.Mde se souvenir–et qu'il serait meilleur'
d'oublier,
OccM~oM.– Manœuvres de soldats
étrangers chez des indigènes qui sont par-
ticulièrement dérangés dans les leurs, d'oc-
cupations.
Protectorat. Dérivé de protection. Ici
le protecteur canonne, pille, brûle et ran-,
çonne le protégé. VM~-c, un euphémisme
pour conquête.
<~MM la.pose s'engage, en cas d'échec, à rendre
son tablier. Le mot et le procédé semblent,
tombés en désuétude depuis l'avènement
deM.deFreycinet.
Zh'~MM/Science peu exacte, ja-
dis florissante sous nos rois, et dont les
secrets semblent perdus pour la France ré-
publicaine.
PAUL FERBtER
LES HlS-F0~1~S
M. Albert Wolff, en critiquant vive-
ment les tendances de la jeune école
littéraire, lui reproche de ne jamais étu-
dier que les bas-fonds, et il ajoute~ avec
toute raison < Mais ces mots (les bas-
fonds) n'impliquent pas forcément la
seule étude des ïitles et des pochards,
de ce qu'on appelle si gracieusement,
dans cette littérature-là, les satigauds
et les satopes. Les bas-fonds de la so-
ciété'commencent avec la déchéance
des caractères, avec l'écroulement de
l'honneur, quelle que soit la caste qui
ensouSre. Quel vaste champ ouvert à
l'observation du. romancier Nous avons
les bas-fonds de l'aristocratie, do la
bourgepisie, des artistes, des ûna.nciers
et des ouvriers. »
Et, me prenant personnellement à
partie, M. WolS me reproche de n'avoir
pas répondu bien franchement, l'autre
jour, à M. Francisque Sarcey. Toute
question personnelle mise de côté. j'ai
revendiqué la liberté absolue, pour le
romancier, de choisir son sujet comme
il l'entend. Je vais, aujourd'hui, si M.
Wolff te veut bien, me mettre complète-
ment d'accord avec lui sur cette question
des bas-fonds.
La bas-fondmanie, qui sévit assuré-
ment. n'est qu'une réaction trop violente
contre l'idéatisme exagéré qui précéda.
Les romanciers ont aujourd'hui, n'est-
ce pas? la prétention de faire des romans
vraisemblables. Ce principe admis, cet
idéal artistique une fois posé (et chaque
époque a le sien), l'étude unique et con-
tinue de ce qu'on appelle les bas-fonds
serait aussi illogique que la représenta-
tion constante d'un monde poétiquement
parfait.
Quelle différence existerait-il, entre
une œuvre dont tous les personnages
seraient sages comme des images, et
une autre œuvre dont tous les person-
nages seraient vils et criminels? Au-
cune. Dans l'une comme dans l'autre
subsisterait un parLi-prisde bien comme
de mal, qui ne s'accorderait en rien avec
la prétention adoptée de rendre la vie,
c'est-à-dire d'être plus équitable, plus
juste, plus vraisemblable que la vie
même.
Dans le roman tel que le compre-
naient nos aînés, on recherchait les ex-
ceptions, les fantaisies de l'existence,
les aventures rares et compliquées. On
créait avec cela une sorte de monde nul-
lement humain, mais agréable à l'ima-
gination. Cette manière de procéder a
été baptisée < Méthode ou Art idéa-
liste. » `
Du roman tel qu'on le comprend au-
jourd'hui, on cherche à bannir les ex-
ceptions. On veut faire, pour ainsi dire,
une moyenne des événements humains
et en déduire une philosophie générale,
ou plutôt dégager les idées générales
des faits, des habitudes, des moeurs, des
aventures qui se reproduisent le plus
généralement.
De là cette nécessité d'observer avec
impartialité et indépendance.
La vie a des écarts que le romancier
doit éviter de choisir, étant donnée sa
méthode actuelle. Les nécessités impé-
rieuses de son art doivent lui faire sou-
vent même sacrifier la vérité stricte à la
simple mais logique vraisemblance.
Ainsi les accidents sont fréquents. Les
chemins de fer broient des voyageurs,
la mer en engloutit, les cheminées
écrasent les passants pendant les coups
de vent. Or, quel romancier de la nou-
velle école userait, au milieu d'un ré-
cit, supprin~-r par un de ces accidents
imprévus un de ses personnages princi-
paux ?
La vie de chaque homme étant consi-
dérée comme unr roman, chaque fois
qu'un homme meurt de cette manière
c'est cependant un roman que la nature
interrompt brusquement. Dans ce cas,
nous n'avons pas le droit de copier la
nature. Car nous devons toujours pren-
dre les moyennes et les généralités,
Donc, ne voir dans l'humanité qu'une
classe d'individus (que cette classe soit
d'en haut ou d'en bas), qu'une catégo-
rie de sentiments, qu'un seul ordre
d'événements, est assurément une mar-
que d'étroitesse d'esprit, un signe de
myopie intellectuelle.
Balzac que nous citons tous, quelles
que soient nos tendances, parce que son
génie était aussi varié qu'étendu, Bal-
zacconsidéraitl'huma.mtépar ensembles, 1
1 >~
les faits par masses, il cataloguait pae
grandes séries d'êtres et de passions.
Si nous semblons aujourdhui abuser
du microscope, et toujours étudier le
môme insecte humain, tant pis pouf
nous. C'est que cous sommes impuis~
sants à nous montrer plus vastes.
Mais, rassurons-nous. L'école litté-
raire.actuelte élargira sans doute peu &
peu les limités de ses études, et se dé-
barrassera, surtout des partis-pris.
En y regardant de près, la persistante
reproduction des < bas fonds < n'est, en
réalité, qu'une protestation contre 1&
théorie Séculaire des choses poétiqueaToute la littérature sentimentale a.
vécu depuis des temps indénnia sur
cette croyance qu'il existait des séries
de sentiments et de choses essentielle-
ment nobles et poétiques, et que seuls,
ces sentiments et ;ces choses pouvaiënC
fournir des suj ets aux écrivains.
Les poètes, pendant des siècles, n'ont'
chanté que les jeunes filles, les étoiles~
le printemps et les Heurs. Dans le
drame, les basses passions elles-mêmes,
la haine, la jalousie, avaient quelque
chose d'emporté et de magninque. v
Aujourd'hui, on rit des chanteurs d~
rosée, et on a compris que toutes les ac-
tions de la vie, que toutes les choses
o nt, en art, un égal intérêt, mais, aussi*
tôt cette vérité découverte, les écrivain~
par esprit de réaction, se sont peut-être
obstinés à ne dépeindre que l'opposé de
ce qu'on avait célébré jusque-là. Quanà
cette crise sera passée, et elle doit too*
cher à sa nn,les romanciers verront
d'un œil juste et d'un esprit égal toua
les êtres et tous les faits et leur œuvrer
selon leur talent, embrassera le plus
possible de vie dans toutes ses manifes~
tations. pà
C'est justement pour se débarrasaep
de préjugés littéraires qu'on s'est mis'â
en cpôer d'autres tout opposés aux pre-
miers.
S'il est enQnune devise que doive.
prendre le romancier moderne, une de-~
vise résumant en quelques mots ce qu'tt
cherche, ce qu'il veut, ce qu'il tente,
n'est ce pas cetle-ci
< Je tâche que rien de ce qui toucha!
les hommes ne me soit étranger. j~~
/M~MtM~?Me
~OUVDEMAUP~eStMT 'J~' a
DEUX TABLEAUX
Il nous a semblé intéressant de donner,
en même temps que la carte du théâtre
des opérations militaires on Egypte aves
le tracé du canal de Suez, une vision ré-
trospective de l'œuvre de M. de Lesseps,
aujourdel'inauguratton, elle récit amer
mais vrai, malheureusement, de ce quise
passe sur cette terre,,puverte grâce au g~-
nia précurseur et aux capitaux de nôtre-
pays. l~~g <
&@@~
C'était le 17 novembre, à huit heures
du matin. Le yacht ~~g entrait belle-
ment en rade de Port-Saïd; dans !&' ï
port, soixante navires pavoises, marins
dans les hunes, couverts d'oriflammes
ctaquant dans le vent,, et hissant le pa-
villon français l'Impératrice, debout'
sur la passerelle, entourée du prince
Murat, de M. Davilliers, de Mlle de Ler"
mina, de MmesdeNadailhac,delaPoëze,
de Parabëre.
L'empereur d'Autriche, sur son yacht
6'rc! le prince royal de Prusse sur
la C~g, le prince et la princesse
des Pays-Bas sur le ~A. La corvette
anglaise jRa~ était montée par lord
Elliot; r~yc/M~M; avait à son bord le
général IgnatieS; puis l'J~MM~~
IëAbd-el-Kader, et ennn le -P~M~, suc
lequel était M. Béhic, directeur dea
Messageries impériales. Le Vice-roi Is-
maïl vint au-devant de l'Impératrice.
Les canons, cette fois des canons paein-
ques, faisaient entendre leur gr&nde
voix, en signe de réjouissance.
L'.4~rejoindre l'Impératric' s'engagea dans
le canal, et tes souverains, les princes~
les invités le suivirent; cette notte, aux
voyageurs émerveillés, passa la courbe
d'El-Ferdan. A droite et au fond se dô-
veloppait un splendid3 horizon, borna.
par les hautes crêtes bleues et violettes
de l'Att~ka. Puis on arriva au lac Tim- c
sa.h, où trois naviresde guerre égyptiens
attendaient le grand cortège.
Le lendemain 18 avait lieu la grande
fête àismaïtia, cette petite ville touter
neuve, improvisée et joyeuse, où le kad!
du Caire, le mufti, le chef de la mosquée
Et-Azha.r et les hadjis par centaines at"
tendaient les invités, de Son AMessa; n
sur la place des miitiers de Bédouins~
avec leur fusil passé en bandoulière.
Un bal réunissait ensuite le comte d&
Beust, le prince de Hohenlohe, le comte
Andrassy, M. de Bragard, et ses deux
charmantes filles, dont Fune devait de-
venir, quelque temps après, Mme Fer-
dinand de Lesseps; Mme Hubert de
Lisle; puis les représentants de la presse
et des arts, parmi lesquels Emile Zoia,
qui envoya, le soir même, une dépêcha
au -F~sro, ainsi conçue Jtf. dg Les*
seps a ~Mi~ ~~Me~aM~e à /a ?K~"
220M~e, et, COW~~O~, peMSg S se marier ~MÏ-?~g?N0.
Ismaïf-Pâcha monté sur le yacht k&
divih ~M~a~~M, conduisit ses!
nombreux invités d'IsmaîUa à Suez.
La joie éclatait partout; l'œuvre gran-
diose et paeinque due à l'initiative de la
France réunissait tous les esprits en M
concert d'éloges et d'admiration. Je t
suis sûr qu'à ce moment ceux qui assis-
taient à ce merveilleux spectacle sen-
taient tout leur être enné d'un soufne
vague de gloire pour l'ouvre victo-
rieuse dans laquelle l'humanité afnr<
mait sa toute-pmssancc sur la n&ture.
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Vendredi 28 Juîlïet Ï~S
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Le GaM~OM sera envoyé gratui-
tement/pendant huit jours, à toute
personne qui en fera la demande,
soit directement, au bureau du jour-
na~, soit par lettre affranchie adres-
sée à l'administrateur du G'o!M~o:'s,
9, boulevard des Italiens.
ï'MNMtB BT t~BfMT
I
Hier, le de l'Egypte, annonçait une surprise. La
surprise est venue. La Turquie, jusqu'ici
restée inactive et silencieuse, déclare,
d'accord avec l'Angleterre, d'accord
avec l'Allemagne, qu'elle va intervenir
et envoyer des troupes en Egypte, pen-
dant que la France en est chassée. C'est
la défaite absolue, irrémédiable, la dé-
faite humiliante du lâche qui a pris
peur et qui fuit; et non point la défaite
glorieuse du soldat qui tombe quand il
n'a plus une seule goutte de sang dans
ses veines ouvertes et une seule pincée
de poudre dans son fusil tordu. Comme
dans les sombres jours des deuils pa-
triotiques, nous pouvons mettre un
crêpe au drapeau, et vaincus, désarmés,
lé rouge au front, les yeux brûlés de
larmes et les menottes aux mains, dén-
ler devant nos vainqueurs.
'On riait de nous, comme à la Comé-
die on rit du tuteur berné et trompé
aujourd'hui, on nous méprise comme
oh méprise ces tarés de la vie qui pas-
sent et qui semblent laisser de la honte
aurès eux. Car nous n'avons plus d'é-
checs à subir échec avec l'Angleterre.
qui, souverainement, établit son protec-
torat en Egypte; échec avec la Turquie,
crju'envo~eses régiments en Afrique;
Mnec avec l'Allemagne, qui nous re-
pousse en dehors du concert européen.
C'est complet.
'Ëf la Bourse monté.. A mesure que~
l'honneur descend plus bas, la Bourse ¡
monte plus haut. Et elle a raison de
monter, car, si nous perdons ce qui nous
restait encore de fierté nationale et d'or-
gueil patriotique, nous sauvons la mise
et. nous gagnons l'argent. Qu'importe
que le cœur soit étreimpar l'angoisse,
fH la bedaine se dilate et s'enne? Nos
blessures? Eh bien, nous les pansons
avec des' billets de banque, et nous cou-
vrons l'insulte et les soufnets de sacs
d'eeas et de piles d'or. La Bourse monté.
C'est justice. L'Egypte aux mains des
Anglais, c'est l'Egypte pacifiée, c'est
l'Egypte entrainée dans le grand mou-
vement colonisateur, c'est l'Egypte
payant ses coupons. Et nous sommes à
îa hausse.
Pourquoi la France a-t-elle encore
une armée? Pourquoi M, de Freycinet,
à la tribune, devant l'Europe en armes,
ne~ demande-t-il pas le licenciement de
nos régiments ? Que nous font ces para-
des étincelant au soleil de Longchamps,
ces déniés grondants de nos batteries,
ces fanfares et le roulement de nostam-
boUrs.si nous tremblons à la voix du
canon, si nous bouchons nos oreilles au
déchirement de la fusillade, et si l'uni-
forme, gardien sévère des héroïsmes de
notre histoire, peut être impunément
sali et souillé, comme un déguisement
de carnaval? Allons, qu'on rende les
hommes à la terre, et les chevaux à la
ch&rrue, et semons du blé dans la paix
des champs, où ne pousse plus la rouge
semaille de gloire.
Je me souviens de 4870. Le cœur de
la France battait. Un même cri gonnait
toutes les poitrines..11 y avait, dans les
rues, un peuple enûévré et haletant, que
soulevait l'enthoustasme guerrier. Un
frémissement sonore secouait cette foule
qui, chantant, faisait cortège à nos sol-
dats. Et les régiments, le drapeau cla-
quant au vent, déniaient, acclamés, dans
une magnifique explosion du génie pa-
triotique. On pensait pourtant aux morts
qui allaient rester là bas, fauchés par la
mitraille on n'était pas certain du suc-
cès!, mais on ne voulait penser qu'à la
glqire que ces hommes allaient mois-
sonner. Hélas
L'ivresse néanmoins avait gagné jus-
qu'aux cœurs des mères; et les enfants
eux-mêmes, remués par les sonneries
dear clairons et par les tambours qui bat-
taient la charge, se sentaient des rages de
bataille et des impatiences de héros.
Aujourd'hui.oùestl'émoiion publique?
Rencontrez-vous des gens qui gardentau
visage la rougeur doTaSront et la trace
du soufflet reçu ? La rue est calme; Pa-
ris va, comme de coutume, a. ses plaisirs
et a-ses affaires. Les cafés sont pfeins.et
les voitures doucement emportent vers
le Bois les mêmes figures de tous les
jours, indi&érentes et sourieuses. Ecou-
tez les conversations. On parle du der-
nier Bcandale.du dernier écho venu de la
plage & la mode, de la dernière mode,du
dernier coup de cartes de M. de X. et de
la dernière fantaisie de Mme de Z. On
parle de l* Eden-Théâtre, du Cirque, de l'O-
péra, da Conservatoire, des vendredis de
PHippodrome. Et on se dit qu'il fait bien
chaud, qu'ils sont bien lents, les soirs
d'été a Paris, et qu'on serait bien mieux,
daas un coin de campagne, assis sous
de grands arbres, respirant l'air libre
des champs; ou encore on envie, avec
de longs soupirs, les bienheureux qui
font du chic sur les galets de Dieppe
et les sables de Trouville, et qui
poursuivent, en face de la mer dis-
crète, le roman commencé ici, un
sow qu'on avait beaucoup dansé. Sait-
on seulement que l'Egypte existe ?
Non. C'est si ennuyeux et c'est si loin! l
Et l'on & soin de passer, dans les jour-
naux, les articles qui ne craignent pas
de rabâche: cette éternelle et fatigante
question. T~ n'y a pas de guerre,
n'est-ee pas ? Qn ne va nous demander
et hommes ni M~nt? Tout est réglé,
ou à peu près. Que la France s'arrange
comme ei!e l'entendra, ou comme l'en-
tendra l'Allemagne, ou comme le vou-
dra l'Angleterre Il faut laisser les dis-
cussions oiseuses aux boursiers, dont
c'est l'intérêt, et aux politiques qui sont
payés pour cela. Lisons le conte affrio-
lant. buvons frais, sourions à l'amour
et dépensons l'argent que nous ga-
gnons joyeusement et sans remords.
il ne faut pas qu'un spectre quelcon-
que vienne hanter nos paresses et gri-
macer dans nos amusements.
Le boutevard a sa môme physiono-
mie. Les cafés flamboient. Les prome-
neurs vont, lentement, les mains der-
rière le dos. A la porte des restaurants
de nuit, les coupés stationnent, et des
couples montent et descendent, avec des
chansons et des rires aux lèvres. Dans
les clubs, les joueurs poussent leurs je-
tons sur le tapis vert; et les kiosques de
journaux, désertés et sans clients, fer-
ment leurs éventaires.
Et je ferai comme tout le monde, car
le chroniqueur doit suivre la foule, res-
sentir ses impressions, vivre de ses
passions et de sa vie. Il ne lui est pas
permis d'être morose, alors que la joie
s'allume dans tous les yeux. En termi-
nant, il regrette de n'avoir pas résisté
à là tristesse et au découragement d'une
journée de spleen et d'avoir mis à nu
non point son esprit chagrin, mais son
cœur chagriné. Ïl s'efforcera de rire dé-
sormais, et, la bouche en cœur, la bou-
tonnière fleurie, bien portant et gai,
d'effeuiller, non plus des immortelles,
mais des roses sur les hontes de la pa-
trie.
OCTAVE MtMEtU
Nos Echos
AUJOURD'HUI
A 6 heures et demie, dîner au Gr&nd-Hôtel
admissidnjusqu'à7heures.
Pendant la durée du''dîner, l'orchestre dé
M. Desgraoges jouera. Bams nouvelle salle de
musique.. j
MENU,
Potage Parmentier <
,r;: Hora-d'œuvra,.
Melon
Turbot eanoe anchois `
Pommes de terre & l'amglaiM
Côte de b.œuf & la parisienne
f Timbales de homards à l'amôrioain~
Poulardes de la Bresse a.u cresson
'Salade `
HartcotspanachÉs maïtBe-d'hMol* i
Tartelettes do fruits
Gt~oa,
Parfait au café
Desserts
Fromages, ÎFuits et petits-fouM
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, orgues, tables de jeux.- Dlner à la carte
au restaurant. Billards au Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir & la
4'page.).
A deux heures. S8*. séance publique de la
Bessian de la Chambre des députes.
A doux heures, séance publique au Sénat.
Musée Grévin, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matin à onze heures du soir.
Opéra, 8 h. 1/4. AMa.
Français, 7 h. 1/4.– Le SMppMse d'âne /'emme
et le Gendre de M. J'otr~er
t.A PODTtOUE
Un courrier,qu'on croit porteur d'une
dépêche très importante émanant du
gouvernement allemand, est attendu &
Alexandrie aujourd'hui.
Il est bon de faire remarquer que c'est
très peu de jours après la réception d'un
message allemand que l'ex-khédive Is-
maïl-Pacha fut déposé.
Le conseil supérieur de l'instruction
publique, réuni hier sous la présidence
de M. Berthelot, a terminé l'examen des
programmes de l'enseignement secon-
daire spécial.
Il a adopté le projet de baccalauréat
de l'enseignement secondaire spécial.
Aujourd'hui, le conseil reprendra
l'examen des questions relatives & l'en-
seignement secondaire des jeunes nlles.
LE MONDE ET LA VtLLE
S. A. R. la duchesse de Cambridge,
more du duc de Cambridge, comman-
dant en chef de l'armée anglaise, est en-
trée, le 25 juillet, dans sa quatre-vingt-
cinquième année.
A cette occasion, grande réception
chez la duchesse. Etaient présents le
duc de Cambridge, la princesse Marie-
Adélaïde, duchesse de Teck; le duc de
Teck et leurs enfants, et le grand-duc de
MecklembourgStrelitz.
La Reine, le prince et la princesse de
Galles ont envoyé de magnifiques birth-
~s!preseH
La princesse Dolgorouki, voyageant
sous le nom de Yourjersky, est arrivée,
hier, à Paris. Elle est descendue & l'hôtel
de Bristol.
La princesse, qui est accompagnée de
ses trois enfants, un garçon et deux
niles, vient de Kissiagen et, après un
séjour d'une quinzaine à Paris, elle ira
àBiarritz.
L'état du prince OrIoR, ambassadeur
de Russie, s'est sensiblement amé-
lioré la dernière nuit a été moins mau-
vaise et les douleurs ont paru s'apaiser
la journée a été relativement bonne;
aussi le père a-t-il pu recevoir ses deux
enfants, qui sont arrivés hier matin de
Fontainebleau avec leurs deux gouver-
neurs et ne sont repartis de Paris que le
soir.
Le prince OrIoS vient d'obtenir un
congé de deux mois, qu'il ira passer à
Vichy.
M. le baron de M arochetti, charge
d'aSaires d'Italie à Paris, vient, comme
on sait, d'être nommé à Copenhague.
Mais ce qu'on a omis de dire, c'est
que M. de Marochetti est élevé au raog
v
d'envoyé extraordinaire et ministre
plénipotentiaire, ce qui constitue, au
proût'du très aimabte diplomate, un
fort beau. et très exceptionnel avance-
ment.
Le baron de Marochetti quittera Pa-
ris le 1" août prochain.
M. Marinoyicz, secrétaire de la léga-
tion de Serbie en France, et nis du chef
de cette mission, vient d'être nommé,
en la même qualité, à la légation de
Samt-Pétersbourg.
Use dispose à aller prendre posses-
sion de son nouveau poste.
Mgr Augustin David, évêque de
Sainf-Brieuc, a succombé hier soir, à
huit heures, aux suites d'une maladie de
cœur dont il souffrait depuis long-
temps.
Né à Lyon le 28 mars 1812, Mgr David
fut nommé évêque de Saint-Brieue le
14 janvier 1862, préconisé dans le con-
sistoire du 7 avril et sacré le 2 juillet à
Valence.
Mgr David était comte romain et of-
ncier de la Légion d'honneur.
Suite du scandale de Nice
Le parquet de Marseille a reçu hier du 1~
parquet de Nice un mandat d'amener coM
tre M. Louis-Auguste Bois, ancien fondé
de pouvoirs de M. Gauthier de Rigny,
trésorier général des Alpes-Maritimes.
M. Bois est accusé d'avoir détourné la
somme de l.SOO.QÛOLfr.
M. Gauthier de Rigny avait révoqué
de. ses fonctions M. Bois, au mois de
mars dernier. On se demande comment
il se fait que ce déficit considérable n'ait
été découvert qu'au mois de juillet.
La trésorerie est provisoirement gé-
rée par M. Bellot.
Les créanciers, parmi lesquels ûgu-
rent plusieurs notaires, seront désinté-
ressés'par M. de Rigny.
La. rencontre projetée entre MM. Aù-
réiien Scholl et Harden-Hickey n'aura
décidément pas lieu.
Empêchés une première fois par la
police belge, les deux adversaires, pro-
ntant de l'instant où. les gendarmes pre-
naient les noms des témoins, se dirigè-
rent vers lafrontiëre hotlandaise. où les
douaniers voulurentsaisir les épées de
M. Harden-Hickey. Celui-ci paya le droit
exigé mais la police hollandaise, à son
tour, suivit MM. Scholl et Harden-
Hickey, accompagnés déjà par un noîn-
bre considérable de, personnes.
Le soir môme, les témoin~ de M. Har-
den Hickey vinrent se mettre à la dispo-
sition de M. Aurélien Scholl, qui répon-
ditque.leduel ne pouvant avoir lieu
ni sur le territoire belge, ni suf le ter-
ritoire hollandais, la rencontre se ferait
sur le territoire français.
Les témoins de M. Hardën-Hickey ne
se croyant pas autorisés à accepter ces
conditions, l'affaire n'aura pas de suite.
Très belle réunion sportique, hier, à
La Chapelle-en-Serval, chez M. Charles
Lalou, le directeur de la .France..
Tout ce qui. reste à Paris de mon-
dains et de mondaines s'y était donnô
rendez-vous.
Dans le parc réservé, une quarantaine
d'intimes, parmi lesquels plusieurs grps
bonnets de la politique et de la finance.
Mme Charles Lalou a fait à tout son
monde les honneurs du château avec
une grâce exquise.
MOUVELLESA LA MAIN
Au jeu des demandes et des réponses
quelle différence y a-t-il entre un
vieux médecin et un jeune?
C'est qu'un jeune médecin n3M~
quand on lui donne de l'argent, et qu'un
vieux ~M~, quand on ne lui en donne
pas.
Le rédacteur en chef d'un journal, est
en train de lire une pièce de vers qu'on
vient de lui soumettre.
Soudain il recule, avec eSroi, devant
un soi-disant alexandrin, qui ,avait au
moins dix-huit pieds
Mais ce n'est pas un s'écrie-
t-il. c'est un serpent
UN MMtM
NOUVELLES ET DEPECHES
(Service télégraphique ~M GAULOIS)
Londres,27juillet.
Clôture du marché légèrement en réac-
tion sur réalisations. Coasotidés, 99 68
Egyptienne, 5007, parité, 253, Italien,
86 57, parité, 87 05; Banque ottomane, 18,
parité, 703. Londres, 27 juillet.
Dans le gouvernement, la presse, l'opi-
nion, vive opposition à l'intervention tur-
que en Egypte.
On prétexte que les troupes turques, au
moins en partie, feraient cause commune
avec Arabi.
Alexandrie, 27 juillet.
Les approvisionnements en eaux, fruits,
denrées, afuuent à Alexandrie.
Le ravitaillement des indigènes et des
troupes du Khédive est assuré.
On ne signale aucun mouvement mili-
taire.
Alexandrie, 27 juillet.
Les troupes égyptiennes élèvent une
nouvelle ligne de retranchements. De pro-
chains combats auront lieu.
Arabi a ordonné d'emprisonner plusieurs
chefs bédouins, qui ont refusé de recon-
naître son autorité. Il s'est proclamé ré-
gent et a nommé Mahmoud Samy prési-
dent du conseil des ministres. Toutes les
provinces sont administrées par des offi-
ciers.
Ali-Pacha.-Mouba.rek a soumis au Khé-
dive un projet d'amnistie pour tous les
ofnciers supérieurs qui licencieraient leurs
troupes.
Constanttnop!e,27juillet.
La Porte a décidé d'envoyer 5,000 hom-
mesenEgypte.
Les transports sont sortis de la Corne-
d'Or.
LA CBUSE
ET LA COMMISSION BES S CRËDtTS
a,;
Avant l'ouverture de la séance de la
Chambre d'hier, le bruit se répand dans
les couloirs que le cabinet a pris une nou-
velle résolution il retire la demande
de crédits C'est à n'y pas croira) 1
Quoi ) lundi dernier, le gouvernement
réclamait neuf ou dix millions, il les
proclamait nécessaires, il expliquait,
par l'organe du ministre de la marine,
qu'il en avait un besoin pressant; et
jeudi, sur un signe de la commission, il
se ravise, il capitule On se regarde, on
secoue la tête, quelques-uns lèvent les
bras au ciel; Tes plus modérés se pas-
sent la main sur les yeux pour s'assurer
qu'ils ne rêvent pas.
.~Le ministère, a-t-il .été averti de cette
première impression? Toujours est-il
que; vingt minutes après, on assistait à
un nouveau jeu de scène le gouverne-
ment ne retirait plus la demande de cré-
dits il se contentait du renvoi de la dis-
cussion à samedi prochain. Et, comme
les membres de la commission, un peu
interloqués par cette série de change-
ments à vue, demandaient a. M. de Frey-
cinet un petit supplément d'explications,
il leur a exposé qu'une dépêche de M.
deNoailIes.nptreambassadeuràConstan-
tinople, l'obligeait à réclamer ce sursis.
La conférence acceptait l'intervention
turque en Egypte il fallait apprécier la
situation nouvelle créée par ce grave in-
cident,s'entendre avec l'Angleterre, etc.
etc. Ce n'était pas trop de renvoyer la
discussion à samedi. u
La commission n'a pas fait d'objec-
tions. Elle a décidé que M. Sarrien dé-
poserait son rapport sur le bureau de la
Chambre, etque M: deF''eycinet de-
manderait lui même le'ranvoi. Sur quoi
les commissaires sont sortis delà satle
de leurs détibérations, non sans avoir
remarqué qae jamais le président du
Conseil n'avait été plus abattu, plus af-
faissé, plus morne.
Le rapport a été déposé à trois heures
et demie par M. Sarrien. Nous en don-
nons plus loin les principaux passages
dans notre compte rendu de la Chambre.
L'accueil a été glacial. La Chambre a
demandé la discussion immédiate; mais
M. de Freycinet est venu demander l'a-
journement à samedi, sous prétexte
qu'il < attendait des renseignements
< p)us circonstanciés sur l'attitude de la
Porte)
La Chambre, en rechignant, a ac-
cordé cette remise. On dit qu'il passera
de l'eau sous le pont pendant ces deux
jours, et qu'il faut encore s'attendre à
quelque nouvel incident. Du reste, la
Chambre entière a été frappée, comme
la commission l'avait été avant elle, de
l'accablement de M. le président du con-
seil, et ceux qui avaient le plus d'envie
de le blâmer ont presque nni par le
plaindre.
M. Gambetta assistait à cette agonie
de son ancien compagnon. On assure
qu'il prendra la parole. On attend aussi
un discours de ce membre curieux, de
ce commissaire insistant et interrogeant,
dont il est sans cesse question dans le
rapport c'est M. Ribot 1 Mais personne
n'ose risquer une conjecture sur ce qui
arrivera.
MENMtHSME HEMME
On est à peu prea certain que le re-
trait du projet de crédit de 9,400,100 fr.
suivra de près la demande d'ajourne-
ment. On se désintéresserait complète-
ment de la question égyptienne, et on
laisserait l'Angleterre et la Turquie ré-
tablir l'ordre en Egypte.
Si, pour une raison quelconque, le
gouvernement maintenait les crédits, il
poserait la question de confiance. Les
ofncieux pensent néanmoins que les
chances sont pour le retrait des cré-
dits.
Nous, n'en doutons pas.
Mais si l'Angleterre, par sa diploma-
tie ou par ses canons, repousse l'inter-
vention turque, que ferons-nous, bons
ofncieux ?
UBtQUE
PETiT MCHONmE
DE POCHE
A l'usage des ~/0/KO!~M /'~L/K~M~K~. Moyens d'intimidation
qui coûtent très cher à la nation qui les
emploie, et déterminent généralement la
nation contre laquelle ils sont employés à
massacrer les colons que ces armements
devaient protéger.
2?o/M~McK/. Duel à l'anglaise, où
les chances du combat sont M~a/M~ par
l'emploi de canons à portées différentes.
Conseil pratique au bombardeur choisir
les pièces à longue portée et se tenir à
cinq cents mètres au-delà du point ex-
trême où viennent mourir les projectiles
de l'adversaire.
Concert ~M~~M. Symphonie en
bémol à grand orchestre, avec canon et
fugue. (Rien de la musique de chambre.)
La France y fait sa partie de tambour, et
c'est le peuple qui paie les violons.
Demande de c~f/
jBe~M~' vues. Efforts réciproques
des diplomates pour se rouler mutuelle-
ment. (Nota bene.) Il n'y a pas de vues
droites.
J~rp~c~ Action de se mêler de
choses qui ne vous regardent pas. L'inter-
vention peut se borner à la protection d'un
canal qui n'est nullement menacé. Mais en
ce cas est-il bien utile d'intervenir ? `?
TM/~M~M~ M!o/-< Influence qui
s'exerce par l'envoi d'une escadre, le bom-
bardement d'un port et l'extermination de
l'ennemi.
Z~~ ~M. Voir Livre jaune.
Z/f~y~MK~Voir.: Livre rouge.
Z~y~ rouge, c~, M'o/ etc. Voir:,
Livre bleu.
.Mde se souvenir–et qu'il serait meilleur'
d'oublier,
OccM~oM.– Manœuvres de soldats
étrangers chez des indigènes qui sont par-
ticulièrement dérangés dans les leurs, d'oc-
cupations.
Protectorat. Dérivé de protection. Ici
le protecteur canonne, pille, brûle et ran-,
çonne le protégé. VM~-c, un euphémisme
pour conquête.
<~MM
son tablier. Le mot et le procédé semblent,
tombés en désuétude depuis l'avènement
deM.deFreycinet.
Zh'~MM/Science peu exacte, ja-
dis florissante sous nos rois, et dont les
secrets semblent perdus pour la France ré-
publicaine.
PAUL FERBtER
LES HlS-F0~1~S
M. Albert Wolff, en critiquant vive-
ment les tendances de la jeune école
littéraire, lui reproche de ne jamais étu-
dier que les bas-fonds, et il ajoute~ avec
toute raison < Mais ces mots (les bas-
fonds) n'impliquent pas forcément la
seule étude des ïitles et des pochards,
de ce qu'on appelle si gracieusement,
dans cette littérature-là, les satigauds
et les satopes. Les bas-fonds de la so-
ciété'commencent avec la déchéance
des caractères, avec l'écroulement de
l'honneur, quelle que soit la caste qui
ensouSre. Quel vaste champ ouvert à
l'observation du. romancier Nous avons
les bas-fonds de l'aristocratie, do la
bourgepisie, des artistes, des ûna.nciers
et des ouvriers. »
Et, me prenant personnellement à
partie, M. WolS me reproche de n'avoir
pas répondu bien franchement, l'autre
jour, à M. Francisque Sarcey. Toute
question personnelle mise de côté. j'ai
revendiqué la liberté absolue, pour le
romancier, de choisir son sujet comme
il l'entend. Je vais, aujourd'hui, si M.
Wolff te veut bien, me mettre complète-
ment d'accord avec lui sur cette question
des bas-fonds.
La bas-fondmanie, qui sévit assuré-
ment. n'est qu'une réaction trop violente
contre l'idéatisme exagéré qui précéda.
Les romanciers ont aujourd'hui, n'est-
ce pas? la prétention de faire des romans
vraisemblables. Ce principe admis, cet
idéal artistique une fois posé (et chaque
époque a le sien), l'étude unique et con-
tinue de ce qu'on appelle les bas-fonds
serait aussi illogique que la représenta-
tion constante d'un monde poétiquement
parfait.
Quelle différence existerait-il, entre
une œuvre dont tous les personnages
seraient sages comme des images, et
une autre œuvre dont tous les person-
nages seraient vils et criminels? Au-
cune. Dans l'une comme dans l'autre
subsisterait un parLi-prisde bien comme
de mal, qui ne s'accorderait en rien avec
la prétention adoptée de rendre la vie,
c'est-à-dire d'être plus équitable, plus
juste, plus vraisemblable que la vie
même.
Dans le roman tel que le compre-
naient nos aînés, on recherchait les ex-
ceptions, les fantaisies de l'existence,
les aventures rares et compliquées. On
créait avec cela une sorte de monde nul-
lement humain, mais agréable à l'ima-
gination. Cette manière de procéder a
été baptisée < Méthode ou Art idéa-
liste. » `
Du roman tel qu'on le comprend au-
jourd'hui, on cherche à bannir les ex-
ceptions. On veut faire, pour ainsi dire,
une moyenne des événements humains
et en déduire une philosophie générale,
ou plutôt dégager les idées générales
des faits, des habitudes, des moeurs, des
aventures qui se reproduisent le plus
généralement.
De là cette nécessité d'observer avec
impartialité et indépendance.
La vie a des écarts que le romancier
doit éviter de choisir, étant donnée sa
méthode actuelle. Les nécessités impé-
rieuses de son art doivent lui faire sou-
vent même sacrifier la vérité stricte à la
simple mais logique vraisemblance.
Ainsi les accidents sont fréquents. Les
chemins de fer broient des voyageurs,
la mer en engloutit, les cheminées
écrasent les passants pendant les coups
de vent. Or, quel romancier de la nou-
velle école userait, au milieu d'un ré-
cit, supprin~-r par un de ces accidents
imprévus un de ses personnages princi-
paux ?
La vie de chaque homme étant consi-
dérée comme unr roman, chaque fois
qu'un homme meurt de cette manière
c'est cependant un roman que la nature
interrompt brusquement. Dans ce cas,
nous n'avons pas le droit de copier la
nature. Car nous devons toujours pren-
dre les moyennes et les généralités,
Donc, ne voir dans l'humanité qu'une
classe d'individus (que cette classe soit
d'en haut ou d'en bas), qu'une catégo-
rie de sentiments, qu'un seul ordre
d'événements, est assurément une mar-
que d'étroitesse d'esprit, un signe de
myopie intellectuelle.
Balzac que nous citons tous, quelles
que soient nos tendances, parce que son
génie était aussi varié qu'étendu, Bal-
zacconsidéraitl'huma.mtépar ensembles, 1
1 >~
les faits par masses, il cataloguait pae
grandes séries d'êtres et de passions.
Si nous semblons aujourdhui abuser
du microscope, et toujours étudier le
môme insecte humain, tant pis pouf
nous. C'est que cous sommes impuis~
sants à nous montrer plus vastes.
Mais, rassurons-nous. L'école litté-
raire.actuelte élargira sans doute peu &
peu les limités de ses études, et se dé-
barrassera, surtout des partis-pris.
En y regardant de près, la persistante
reproduction des < bas fonds < n'est, en
réalité, qu'une protestation contre 1&
théorie Séculaire des choses poétiqueaToute la littérature sentimentale a.
vécu depuis des temps indénnia sur
cette croyance qu'il existait des séries
de sentiments et de choses essentielle-
ment nobles et poétiques, et que seuls,
ces sentiments et ;ces choses pouvaiënC
fournir des suj ets aux écrivains.
Les poètes, pendant des siècles, n'ont'
chanté que les jeunes filles, les étoiles~
le printemps et les Heurs. Dans le
drame, les basses passions elles-mêmes,
la haine, la jalousie, avaient quelque
chose d'emporté et de magninque. v
Aujourd'hui, on rit des chanteurs d~
rosée, et on a compris que toutes les ac-
tions de la vie, que toutes les choses
o nt, en art, un égal intérêt, mais, aussi*
tôt cette vérité découverte, les écrivain~
par esprit de réaction, se sont peut-être
obstinés à ne dépeindre que l'opposé de
ce qu'on avait célébré jusque-là. Quanà
cette crise sera passée, et elle doit too*
cher à sa nn,les romanciers verront
d'un œil juste et d'un esprit égal toua
les êtres et tous les faits et leur œuvrer
selon leur talent, embrassera le plus
possible de vie dans toutes ses manifes~
tations. pà
C'est justement pour se débarrasaep
de préjugés littéraires qu'on s'est mis'â
en cpôer d'autres tout opposés aux pre-
miers.
S'il est enQnune devise que doive.
prendre le romancier moderne, une de-~
vise résumant en quelques mots ce qu'tt
cherche, ce qu'il veut, ce qu'il tente,
n'est ce pas cetle-ci
< Je tâche que rien de ce qui toucha!
les hommes ne me soit étranger. j~~
/M~MtM~?Me
~OUVDEMAUP~eStMT 'J~' a
DEUX TABLEAUX
Il nous a semblé intéressant de donner,
en même temps que la carte du théâtre
des opérations militaires on Egypte aves
le tracé du canal de Suez, une vision ré-
trospective de l'œuvre de M. de Lesseps,
aujourdel'inauguratton, elle récit amer
mais vrai, malheureusement, de ce quise
passe sur cette terre,,puverte grâce au g~-
nia précurseur et aux capitaux de nôtre-
pays. l~~g <
&@@~
C'était le 17 novembre, à huit heures
du matin. Le yacht ~~g entrait belle-
ment en rade de Port-Saïd; dans !&' ï
port, soixante navires pavoises, marins
dans les hunes, couverts d'oriflammes
ctaquant dans le vent,, et hissant le pa-
villon français l'Impératrice, debout'
sur la passerelle, entourée du prince
Murat, de M. Davilliers, de Mlle de Ler"
mina, de MmesdeNadailhac,delaPoëze,
de Parabëre.
L'empereur d'Autriche, sur son yacht
6'rc! le prince royal de Prusse sur
la C~g, le prince et la princesse
des Pays-Bas sur le ~A. La corvette
anglaise jRa~ était montée par lord
Elliot; r~yc/M~M; avait à son bord le
général IgnatieS; puis l'J~MM~~
IëAbd-el-Kader, et ennn le -P~M~, suc
lequel était M. Béhic, directeur dea
Messageries impériales. Le Vice-roi Is-
maïl vint au-devant de l'Impératrice.
Les canons, cette fois des canons paein-
ques, faisaient entendre leur gr&nde
voix, en signe de réjouissance.
L'.4~rejoindre l'Impératric' s'engagea dans
le canal, et tes souverains, les princes~
les invités le suivirent; cette notte, aux
voyageurs émerveillés, passa la courbe
d'El-Ferdan. A droite et au fond se dô-
veloppait un splendid3 horizon, borna.
par les hautes crêtes bleues et violettes
de l'Att~ka. Puis on arriva au lac Tim- c
sa.h, où trois naviresde guerre égyptiens
attendaient le grand cortège.
Le lendemain 18 avait lieu la grande
fête àismaïtia, cette petite ville touter
neuve, improvisée et joyeuse, où le kad!
du Caire, le mufti, le chef de la mosquée
Et-Azha.r et les hadjis par centaines at"
tendaient les invités, de Son AMessa; n
sur la place des miitiers de Bédouins~
avec leur fusil passé en bandoulière.
Un bal réunissait ensuite le comte d&
Beust, le prince de Hohenlohe, le comte
Andrassy, M. de Bragard, et ses deux
charmantes filles, dont Fune devait de-
venir, quelque temps après, Mme Fer-
dinand de Lesseps; Mme Hubert de
Lisle; puis les représentants de la presse
et des arts, parmi lesquels Emile Zoia,
qui envoya, le soir même, une dépêcha
au -F~sro, ainsi conçue Jtf. dg Les*
seps a ~Mi~ ~~Me~aM~e à /a ?K~"
220M~e, et, COW~~O~, peMSg S se marier ~MÏ-?~g?N0.
Ismaïf-Pâcha monté sur le yacht k&
divih ~M~a~~M, conduisit ses!
nombreux invités d'IsmaîUa à Suez.
La joie éclatait partout; l'œuvre gran-
diose et paeinque due à l'initiative de la
France réunissait tous les esprits en M
concert d'éloges et d'admiration. Je t
suis sûr qu'à ce moment ceux qui assis-
taient à ce merveilleux spectacle sen-
taient tout leur être enné d'un soufne
vague de gloire pour l'ouvre victo-
rieuse dans laquelle l'humanité afnr<
mait sa toute-pmssancc sur la n&ture.
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