Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1880-11-10
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 novembre 1880 10 novembre 1880
Description : 1880/11/10 (Numéro 424). 1880/11/10 (Numéro 424).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k523633b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/03/2008
Mercredi ~0 Novembre 1880
PARIS î I. C~lHm3S. DÉPARTEMENTS ET ~AMS ~.<~ CENTIMES
Douzième année. Deuxième Série.–Numéro 42~
ARTHUR M~YER
DtreeteK'f e
1. «-* itp
y.COBLNÉL'Y y
1 Seeretctfect~ te~Reds~ "1
ABONNEMENTS
PARIS Trots mois i3 fr. 6 DÉPARTEMENTS Trois mois i6 fr. m
REDACTION il.Î~
< 6, rue da Ja Gracgo-Ba.teHere. à l'entresol
OEDEUXUEUR~XMMUtT
Les manuscrits ne sont pas rem!u9
ARTHUR MEYE3
,Stree
.r.coRNÉL~
~eeretatre~e !a ~!edae<«'4
ANNONCES
MM. Ch. Lagrange, Cerf et 0"'
6, PLACE DE LA BOURSE, 6
.F<&
ADMINISTRATION
46, rue ~e la Grange-BateUère, & l'anMe!
DB D:X HEURES A CtN Abonnemonts les 1" et K de chaque ma
t&~P7 TA M&m
f&o~M Jj& m&lN!
Cela. ne commence réellement pas trop
mal.
L'homme aux -côtelettes sévères qui
s'appelle Jules Ferry est venu lire, hier,
avec solennité et emphase, a la tribune
des députés, la déclaration ministérielle
qu'on trouvera plus loin.
La Chambre s'est tordue; et le ministère,
voyant qu'on ne pouvait se résoudre à le
prendre au sérieux, a manifesté l'inten-
tion de se retirer.
Lui, qui a eu besoin de l'armée fran-
çaise pour expulser les moines, il est ex-
pulsé par un simple éclat de rire.
Les grands corps constitués ne lui font
même pas l'honneur de le traiter en
bourreau, terrible et menaçant; ils le
considèrent comme un pitre malfaisant.
En'vain M. Ferry a-t-il déclaré que les
lois existantes avaient été appliquées
avec la plus grande fermeté;
En vain a-t-il promis d'épargner les
femmes, ce qui est bien dommage, car
Jeschassepotsdu général Billot auraient
fait merveille contre les Ursulines;
En vain a-t-il promis qu'il allait livrer
aux passions delà rue les robes des juges,
comme il leur a livré les robes des
moines;
En vain a-t-il commis cette plaisanterie
lugubre d'apporter, au~ieu d'une loi sur
les associations, protectrice de,la liberté,
un projetsurles syndicats professionnels;
En vain a-t-il promis de poursuivre la
presse avec un redoublement de rase
En vain a-t-il parlé des tarifs de
douane, des travaux publics, de l'avan-
cement, de Tuni&cation de la solde et de
Dulcigno
Le document a paru aussi plat que
l'homme lui-même, et la Chambre, qu'il
voulait endormir avec une berquinade,
en lui demandant de discuter l'instruction
primaire, lui a témoigné sa répulsion en
mettant à son ordre du jour la loi sur la
magistrature.
Le ministère a dit, en terminant, qu'il
ne fallait pas qu'on le tolérât, ni qu'on le
subit, mais qu'il voulait qu'on lui don-
,Rât ou qu'on lui refusât résolument son
'concours.
La Chambre le lui a refuse en riant, et
au même moment le Sénat lui marquait
qu'il le lui refuserait en s'indignant.
Quant au pays, son opinion est faite.
H rejette avec horreur, exécration et mé-
pris, les hommes du gouvernement qui
nous ont amenés cette situation misé-
rable que nous traversons.
On a crié: Vtoe Co~ntK/M! hier, eh
plein Paris, monsieur Ferry, alors, que
vous faisiez "la roue devant les députes,
en vous applaudissant de votre œuvre
exécrable.
L'émeute a éclaté hier a Tourcoing et
soixante personnes ont été écharpées par
yos soins.
Et vous n'avez –po~r vous consoler do
la guerre que votre méchanceté et votre
bêtise ont allumée dans les esprits et dans
Iesrues,–vousn'avez ànous apporter que
les lauriers dont le général Billot vient de
ceindre votre front ridicule.
Assez, assez! Passez la main.
Mais passez-la réellement, avec tous vos
collègues et que votre crise ministérielle
ne se termine pas par un replâtrage,
comme on l'annonçait hier soir dé)à.
Vous ne valez pas mieux les uns que les
autres.
Et ce sera pour la conscience publique
un réel soulagement d'apprendre, de-
main, que tous les auteurs responsables
des infamies qui l'ont soulevée sont ren-
dus pour toujours à la vie privée et à leurs
remords.
,t.COHNËLY.
Pas de retard! l
M. le général de Cissey, sénateur, vieut
ft'adresser la lettre suivante à M. Jules
Grëvy:
Monsieur le Président,
D'après le Petit ~a~s:e~ du 8 no-
vembre, M. le président de la Répu-
blique, M. le président du conseil et M~.
les ministres composant le gouverne-
ment, auraient reçu une plainte leur de-
mandant de constituer le Sénat en haute
cour de justice pour juger des attentats
contre la sûreté de l'Etat qui me seraient
imputés par cette dénonciation.
Le but de mes dénonciateurs serait, en
invoquant l'article 2o de la loi du 26 mai
.d§!9, d'obtenir du tribunal correction-
nel, saisi par mon assignation du 29 oc-
tobre, un sursis à la poursuite et au juge-
ment du procès que j'ai engagé contre
eux.
Poursuivi sans relâche par des impu-
tations si graves, je n'ai cessé de deman-
der des juges. J'ai l'honneur de vous
prier de vouloir bien, dans l'intérêt de
Farmée autant que dans mon intérêt per-
sonnel, insister pour que le gouvernement
statue sur cette plainte le plus tôt possi-
ble, et notifie sa décision à mes adver-
saires et a moi, afin qu'aucun prétexte
ne tienne mon procès en suspens.
Que le juge qui statuera sur cette af-
faire soit le tribunal correctionnel de la
Seine ou le Sénat, je ne puis être laissé
pn butte à des accusations aussi infa-
mantes, sans que je puisse en faire justice
levant la juridiction qui sera reconnue
compétente.
Veuillez agréer, monsieur le Président,
l'assurance de ma haute et respectueuse
Considération. Généra! DE CissEY,
!
Ëchos de Paris
AUJOURD'HUI
Aa palais de l'Industrie, tirage des lots des
obligations de la Ville de Paris i876.
Election de deux membres du tribunal des
conflits, en remplacement de MM. de Lave-
nay et Tardif, démissionnaires.
A huit heures et demie du soir, saUe~Ine-
mer, 3, rue de Meaux, réunion de la Libre-
Pensée du dix-neuvième arrondissement.
PETITE OAZETTE DES ËTRAN8EM
De midi à quatre heures, visite de la Sainte-
Chapelle au palais de Justice.
De une heures à trois heures visite & la ma-
nufacture de tapisseries des Gobelins, 40, avenue
des Gobelins.
A six heures, dlner a.u Grand-Hôtel. v
MENU
Potage vermicelle
Hors-d'œuvre
Bar sauce hollandaise
Pommes de terre & l'ahgla.ise
~ua'rtier de chevreuil pur6e de marrons
Talmouse au parmesan
Tête de veau entortue
Chapons au cresson
Salade
Epinards aux croûtons
Pudding de semoule à la vaniUe
Glace, bombe panacMe
Dessert
Le soir
Opéra.ft.')t!e<. Rideau à 7 h. 3/4.
Comédie-Française.– Le Ge~cire de M. Poi-
rMf. Rideau & 8 h. 0/0.
Théâtre du Ch&teau-d'Eaa. Première repré-
sentation de .Bt~-yatrg'a!, drame en cinq actes,
de MM. P. Elzéar et R. Lesolide, tiré du roman
de Victor Hugo. Rideau à. 8 heures.
LA POHT)OUE
M. Desprez, notre ambassadeur à Rome,
ne paraît pas presse de regagner son
poste.
Nous supposons que M. de Bacourt,
chargé d'atfaires, qui gère l'ambassade en
l'absence de M. Desprez, s'acquitte de ses
fonctions d'intérimaire à la satisfaction
générale; mais l'absence prolongée de
M. Desprez n'est pas faite pour resserrer
nos relations avec le Vatican, surtout au
lendemain de l'exécution sauvage des dé-
crets dispersionnistes.
Il est vrai que l'ambassadeur de France
aKome a de fréquentes entrevues avec
M. Gambetta!
Il faut peut-être chercher là l'explica-
tion de son interminable congé.
Nous avons annoncé hier qu'un prêtre
de l'Oratoire était allé chez M. Constans
pour lui demander ses intentions au
sujet des congrégations non encore exé-
cutées
Cette nouvelle nous a été apportée au
moment de mettre sous presse, et il nous
a été impossible de la contrôler.
Renseignements pris a une source cer-
taine, nous pouvons afSrmer qu'aucun
prêtre de l'Oratoire n'a fait cette démar-
che, ni même aucune démarche auprès
de M. Constans ou de quelque autre
membre du cabinet..
Nous recevons la. dépêche suivante de notre
correspondant do Vienne
C'est Mgr Vannutelli qui remplacera
Mgr Jacobmi en qualité de nonce du pape
à Vienne.
Il court ici depuis ce matin les nouvel-
les les plus alarmantes au sujet de la santé
du prince GortchakoQ'; on craint un dé-
nouement fatal.
Ce matin, vers huit heures, un trem-
blement de terre violent s'est produit à
Vienne et dans les provinces. Accidents
nombreux.
t.E MONDE ET LA VtLLE
L'état de santé de M. Littré est en ce
moment des plus inquiétants.
L'illustre savant ne bouge pas de son
fauteuil et ne reçoit absolument personne,
pas même ses amis d'enfance, ni les mem-
bres de sa famille.
Le contre-amiral Sellier est atteint
d'une hépatite, qui fait redouter une issue
funeste.
On sait que le contre-amiral Sellier,
âgé aujourd'hui de cinquante-six ans, a
été chef du cabinet de l'amiral Jaurëgui-
berry.
Aujourd'hui a lieu à la Trinité le ma-
riage religieux de Mlle Jeanne Samary et
de M. Paul Lagarde.
Hier, à la mairie du neuvième arron-
dissementavait eu lieu., sans cérémonie, le
mariage civil. Les parents et quelques
amis, une douzaine de personnes au plus,
accompagnaient la jeune épousée qui
était simplement vêtue d'une robe vert-
bouteille, d'un manteau en peluche-lou-
tre, bordé de castor, et d'un chapeau
également en peluche vert-bouteille, sur-
monté d'une plume bleu-ciel.
Sommes-nous assez précis?
A la sortie de la mairie, Mlle Samary.
pardon Mme Lagarde, se tournant vers
sa mère, lui dit avec des larmes dans la
voix
Maman, viens-tu avec moi ?
Non, ma fille, répondit discrètement
Mme Samary.
Et le jeune couple s'envola.
Les deux manifestants que M. !e prési-
dent Cartier a si bien ~a~ samedi der-
nier, et qui subissent leur peine, depuis
ce jour, a la prison de la Santé, MM. Gé-
rard, tailleur, et Nicolle, employé, ont
reçu hier la visite de M. le baron Henri i
de Lassus, de M. Henri Cochin et de M.
Camô, arrêté en même temps qu'eux, et
remis, depuis, en liberté provisoire.
La démarche faite par ces jeunes gens
du meilleur monde constitue un exem-
ple de véritable fraternité, qu'on ne trou-
verait peut-être pas dans îes rangs du
parti républicain.
Dédié à l'aimable Zéphyrin.
Nous venons de voir un petit bijou qui
est certainement appelé a détrôner le
faveur auprès des sportsmen gouverne-
mentaux.
C'est une épingle de cravate formée
d'un petit cercle en or auquel est sus-
pendu un trousseau de fausses clefs en
métal blanc.
Le bijoutier qui a inventé cette actua-
lité est digne de recevoir la médaille
commémorative des expulsions, dont
nous parlions l'autre jour.
Le peintre Gustave Jacquet travaille, en
ce moment, à un tableau appelé à pro-
duire une sensation très vive la France
~M
De la bouche d'un canon s'élance une
figure de femme, belle et gracieuse,
comme l'artiste en sait peindre, mais
d'une tournure héroïque. Une draperie de
velours bleu ceint ses reins de guerrière
en dégageant sa cuirasse. Sur sa tête
casquée Qotte un grand panache bleu et
blanc et, de sa main droite, elle arbore
l'étendard fleurdelisé.
Tout le monde se souvient des tableaux
de M. Jacquet, la M~Yc~'o~, la.P/'ew:'<~A/°H?<~ et le Menuet, qui lui ont valu de
si brillants succès au Salon. Nous n'hési-
tons pas à prédire de hautes destinées a
la~r~Mee~t'mM~. v
Une question à M. Magnin
Dans tous nos établissement de crédit.
les salies réservées au public sont amé-
nagées avec le plus grand comfort. Au
Ministère des nnances.il semblerait, au
contraire, que l'administration eût pris à
tâche d'accumuler toutes leschan ces ima-
ginables de bronchite pour le public et
pour les employés.
S. Exc. M. Magnin aurait-il hâte de di-
minuer l'effectif des pensionnés, tout en
créant des vacances dans les cadres de
son administration?
C'est un moyen comme un autre de
frapper les gens assez malheureux pour
émarger aux caisses de l'Etat, et de faire
place aux protégés des nouvelles couches
NOUVELLES A LA MAIN
En police correctionnelle
Le tribunal vient de condamner à six
mois de prison un employé d'une
compagnie nocturne coupable d'indé-
licatesses.
Le municipal appréhende le condamné
pour l'emmener.
–Ah! non, je proteste, hurle-t-i), je
proteste. Y a conuit. J'en appelle à M.
Constans, y a conflit. (Le ntMM:c:pa~ l'en-
~~K/ïe.) Alors, n'y a plus de justice en
France!
Un homme du monde, aussi connu par
son amabilité que par sa grande nais-
sance, a rencontré, dans une maison
tierce, un personnage du gouvernement
actuel qui s'est absolument engoué de
lui.
Comme il ne s'est pas trop refusé à
cette amitié nouvelle, le haut fonction-
naire républicain ne veut plus le quitter.
Marquis, lui dit-il, accompagnez-
moi ici, accompagnez-moi la.
Parbleu, grommelait doucement le
mondain, l'autre jour; est-ce qu'il croit
que je suis gentilhomme. pour. accom-
pagner.
A nouvelles causes, effets nouveaux.
Un propriétaire dont l'immeuble est
situé rue de Vaugirard, près des Maris-
tes, se présente hier dans les bureaux
d'une compagnie d'assurances.
Je voudrais m'assurer, dit-il.
Contre l'incendie ?
Non. (.Bpompiers
UN DOM)N9.
Aujourd'hui, devant la neuvième cham-
bre de police correctionnelle, auront lieu
les débats du procès intenté par le minis-
tère public à notre collaborateur J. Cor-
nély, pour outrages aux conseils acadé-
miques, corps constitués.
M. J. Cornély présentera lui-même sa
défense.
QU!MZtÉME CORPS D'ARME
ORDRE DU JOUR
Le général commandant le i5' corps
d'armée vient d'adresser aux troupes l'or-
dre du jour suivant:
OfSciers, sous-ofnciers et sotdats,
Je suis content de vous. Le courage in-
domptable dont vous venez de faire preuve
dans ce siège terrible prouve hautement que
notre jeune République peut compter sur
son armée. Je regrette qu'en venant vous
n'ayez pas rencontré messieurs les tambours,
parce que vous leur auriez dit que je suis
également content d'eux. Après huit jours de
blocus, l'ennemi s'est décidé à capituler; les
Prémontrés de Frigolet ont compris qu'on
ne résiste pas au soldat français, surtout
quand son but est noble, patriotique et anti-
clérical.
Rien ne put abattre votre ardeur. En vain,
la. garnison composée de soixante-huit moi-
nes, dont quatre malades, vous menaçait-elle
de son inaction. En vain les excommunica-
tions pleuvaient sur vos têtes bronzées. Vous
êtes restés là, mouillés mais impassibles,
puisant une nouvelte vigueur daus 1 aspect du
danger qui vous menaçait. Personne n'a
quitté son poste le cordon d'investissement
n'a pas été relâché un seul instant.
J'ose le dire la capitulation des Prémon-
trés efface bien des choses. Qui osera nous
parler de Sedan, de Metz et de Paris, après
la vaillance que vous avez mise au service de
notre cause? A votre tour, vous avez été in-
vestisseurs, vous avez cherché à prendre vos
ennemis par la famine et la ruse. Tout ce
qu'on a tant reproché aux autres, vous l'avez
merveilleusement accompli. Vous avez bien
fait.
Grâce à vous, cette illustre campagne est
glorieusement terminée. L'ennemi est en
fuite, l'abbaye est abandonnée. Nous pouvons
y planter le drapeau rouge si ça nous fait
plaisir nous pouvons apprendre aux cloches
à jouer la Mctysetrapporterons triomphalement dans nos foyers
soixante robes de bure, soixante cordelières,
cinquante-huit chapelets, onze bénitiers et
une boulangerie.
OfRciers, sous-ofnciers, soldais, lorsque
tout ce qui est nécessaire pour assurer le
bonheur et la prospérité du ma.teria.Hsma ~era
accompli, je vous renverrai à Tara,scon là,
vous serez l'objet de mes p!us tendres soltici-
tudes. Mon peuple vous reverra avec joie et
il vous suffira de dire J'étais au siège des
Prémontrés, D pour que l'on vous réponde
Voilà un brave
Un dernier mot en attendant que le gou-
vernement satisfait puisse vous octroyer quel-
ques palmes d'officiers d'académie, j'abonne
la corps d'armée au Gt7-B~M.
Rompez les rangs, marche! 1
Général BtLLOT.
j ~ar ampliation
EtCOPETTES
Une Soirée de Crise
Immédiatement après la fixation de
l'ordre du jour, M. Constans et M. Jules
Ferry ont manifesté hautement l'intention
de se retirer.
Nos lecteurs trouveront, sous la rubri-
que ~.M~oMr ~M .P plus précis sur les premiers incidents de
cette crise ministérielle.
Hier au soir, à neuf heures, les minis-
tres se sont réunis en conseil a l'Elysée.
M. Ferry avait déjà eu une longue conté-
rence avec le président de la République
immédiatement après la séance de la
Ghambre.
M. le président Grévy, fort ému, a fait
envisager à M. Jules Ferry les conséquen-
ces probables de la retraite du cabinet
Je ne peux, a-t-il dit, vous rempla-
cer en ce moment la crise ministérielle,
se prolongeant forcément, deviendrait
une crise parlementaire.
M. Jules Ferry a persisté dans sa pre-
mière résolution
a Les lois sur l'enseignement, a-t-ildit,
sont mon œuvre; si la Chambre avait com-
pris que son principal souci doit être,
ainsi que je le lui ai dit, de restituer à
l'Etat républicain les droits et les respon-
sabilités essentielles en matière d'éduca-
tion, ma présence à la tête du gouverne-
ment se concevrait aisément, et le minis-
tre de l'instruction publique était natu-
rellement désigné pour diriger le ca-
binet.
B La Chambre en a jugé autrement; il
lui a paru que la réforme de la magtstra-
ture était la besogne urgente: il convient
donc de choisir comme président du con-
seil celui de mes collègues qui a spécia-
lement entrepris cette tâche.
M. Grévy a insisté
n'a pas le caractère et l'importance que
vous lui attribuez, et très certainement,
si la majorité avait su qu'en repoussant
la DropositioQ de priorité que vous aviez
formulée elle renversait du même coup
lecabinet, elle eût certainement changé
sa décision. s
M. Jules Ferry ne s'est pas rendu à ces
instances
B L'acccord, a-il dit, n'est pas fait entre
tous les membres du cabinet et la majo-
rité sur la question de la magistrature,
et la crise, si on l'ajourne, éclatera cer-
tainement au cours de la discussion, mon
désir ét&nt de terminer les lois sur l'ensei-
gnement, laissant un collègue la direc-
tion du grand débat sur la réforme ju-
diciaire, a
Tous les sous-secrétaires d'Etat assis-
taient au conseil.
Les ministres ne se sont séparés qu'à a
minuit moins dix.
M. Grévy a obtenu des ministres que,
sans retirer leurs démissions, ils les ajour-
nent jusqu'au lendemain il est donc
probable que l'Q~c~ de ce matin sera
muet sur la crise.
M. Constans disait, en sortant de l'Ely-
sée
table le mieux est qu'elle se produise
tout de suite. Puisquela porte est ouverte,
passons-y. B
Nous savons de bonne source que de
hautes influences interviennent pour dé-
cider le cabinet à se présenter de nou-
veau devant la Chambre jeudi prochain,
et à réclamer un vote de confiance net,
précis, sans équivoque.
Dans ces conditions, on promet à
M. Jules Ferry une majorité de trois cents
voix environ.
~\r g. Le palais Bourbon dort–mais
veille.
JEAN QUJSAtT
n mmE'BES Mp~E§
tjA SEANCE
M. Gambetta, toujours ponctuel, entre
en séance à deux heures très précises, et
presque aussitôt, sans attendre le silence,
ht le décret aux termes duquel les deux
Chambres sont convoquées en session
extraordinaire.
La machine Tamisier procède au tirage
au sort des bureaux.
Au banc des ministres, MM. Jules
Ferry, Constans, Cochery, Farre, Sadi
Carnot, Turquet, Martin-FeuilIce.
M. le président du conseil se dirige
lentement vers la tribune. Le chef des
crocheteurs parait soucieux, et son re-
gard naturellement inquiet cherche sur
les bancs de l'extrême gauche un encou-
ragement que personne ne semble dis-
posé à lui accorder.
M. Jules Ferry Lire de son portefeuille
un petit cahier, boit une gorgée de café
noir, se pose, regardeles tribunes, attend
le murmure bienveillant qui, d'ordinaire,
accompagne tout ministre parlant au
nom du gouvernement de la République.
Finalement, M. Gambetta lui dit quel-
ques mots a voix basse, et le président
du conseil lit d'une voix triste la déclara-
tion que nos lecteurs trouveront plus
haut. Ce factum impudent, où le droit, la
justice et surtout la grammaire sont ou-
tragés à chaque ligne, a provoqué plus de
gaieté que d'indignation.
La majorité applaudissait peu, se con-
tentant de souligner les concessions, les
defaDI'inces du cabinet et, refusant viai-
blement a M.-Ferry l'approbation person-
nelle sur laquelle il comptait..
La droite riait, interrompait, et na
manifesté son indignation de façon vive
que lorsque le ministère a qualifie de
rétrange régime sous lequel nous
vivons actuellement.
Le programme était un peu longuet,
point intéressant, et l'attention de la
Chambre était lasse depuis dix bonnes
minutes lorsque M. Ferry a terminé en
réclamant de sa meilleure voix un vote
de confiance immédiat.
Un incident
M. le président du conseil, rappelant
les t lois fondamentales ajoutait
<: Les nier, c'est.
C'est vous et vos collègues, inter-
rompit M. de Baudry-d'Asson.
Ce calembour, que M. Gambetta n'a
point relevé, a paru déconcerter le père
do l'article 7. r
M. Corentin-Guyho succède à M. Jules
Ferrv.
Le jeune député du Finistère est une
physionomie peu connue, et que l'his-
toire n'a point intérêt à recueillir. Il mur-
mure quelques mots qui ne parviennent
pas aux oreilles des sténographes, répète
sa leçon, sur l'invitation de ses collègues,
ne se fait pas mieux entendre et regagne
sa place d'un air important.
II résulte des explications fournies à la
Chambre par M. Gambetta que le jeune
Corentin désire limiter le pouvoir des
évêques.La majorité applaudit sans avoir
bien compris, et la minorité ne daigne
pas protester.
M. Laisant paraît. M. Laisant appar-
tient, on le sait, à cette catégorie d offi-
ciers déclassés et envieux qui amassent,
tout au fond de leur âme, des trésors de
haine contre ceux qui se sont distingués
par un mérite supérieur.
Aujourd'hui, l'ex-capita.ine a 1 oreille
basse, sa figure est terreuse, les couleurs
de ses joues se sont réfugiées à 1 extré-
mité de son nez qu'elles piquent d'un
point lu mineux.
Il lit sa dénonciation dune voix sourde,
entrecoupée. Il est visible que la publi-
cité le gêne, et qu'il regrette les calom-
nies anonymes du directeur du Pet~-P~-
/5!e~.
H demande une enquête, non sur des
soustractions de papiers, ventes de fu-
sils et détournements de fonds publics,
mais simplement sur t les faits révèles
au cours du procès Jung-~MHa
La gauche est embarrassée, la droite
écaeuree.
M. Laisant réclame l'urgence. La mino-
rité demande l'avis du gouvernement.
M. Gambetta agite sa cloche; M. Jules
Ferry croit qu'on le sonne et se lève ma-
chinalement.
Le gouvernement, cela va sans dire,
accepte l'urgence, tout en balbutiant
quelques réserves de fond, dont la portée
n'apparait pas clairement.
Ici se place un second incident. M.
Janvier de la Motte voudrait connaître
l'avis du général Farrc et le sollicite en
fort bons termes:
< Nous désirons savoir, dit-il, si M. le
ministre de la guerre a la. religion de
ses généraux et de son armée. »
L'infortuné Farre voudrait bien être au
Sénat, et même plus loin. Il s'agite, se
soulève, se rassied, étend les bras, secoue
la tête, implore Ferry et consulte Cons-
Déjà l'on sourit, la gauche se tait, la
droite se moque,, et l'éloquent général,
devenu subitement furieux, uûn'Qit a i&
tribune et prononce une harangue que
nous avons sténographiée
Pour ce qm est n'est pas uno.'quesùon qui me regarde; les
faits que l'on accuse ont cté commis par un
ministre de ta guerre qui, à ce moment-là
n'était pas mon subordonné, et, dès lors, la
Chambre comprendra, que ce n'est pas mon
affaire.
Tout ça, c'est politique, et une question que le gouvernement seul doit
envisager.
La Chambre est désarmée. Cependant
M. Jolibois a démêlé l'honnête intrigue de
MM. Laisant et compagnie, et il intervient
avec une haute autorité.
-Ce que souhaite le député de Nantes,
on le devine, c'est de retarder, peut-être
même d'ajourner indéfiniment, au moyen
d'une enquête parlementaire, l'action ju-
diciaire engagée par M. le général de Cis-
sev contre les diSammateurs.
Si l'urgence sur sa proposition était
votée, le tribunal hésiterait sans doute à
rendre un jugement, qu'un verdict de la
Chambre pourrait ultérieurement infir-
mer.
Peut-être, aussi le? juges se laisse-
raient-ils influencer par une décision en
quelque sorte préjudicielle du Parle-
ment tel est, du moins, le secret espoir
de M. Laisant..
Perdre M. de Cissev, nul aujourd hui
n'v compte; mais il s'agit de sauver M.
Rochefort et ses complices, et c'est pour-
quoi il faut mettre en mouvement cette
lourde et imposante machine que l'on
appelle une commission d'enquête.
M. Jolibois n'a point dit cela crûment,
car il est merveilleusement maitre de sa
parole, mais il l'a donné à entendre et
ce sans éveiller les susceptibilités d au-
cun.
On Fa fort bien écouté, puis on a pro-
cédé au scrutin, et l'urgence sur la de-
mande d'enquête a été votée à une impo-
sante majorité..
Enfin, nous arrivons au gros événe-
ment de la séance la fixation de l'ordre
du jour.
M. le président du conseil, qui tient a
justifier le choix que le chef de l'Etat a
fait de son éminente personne pour
gouverner la France, demande solennel-
lement que la Chambre place en tête de
son ordre du jour son œuvre maîtresse
la loi sur l'enseignement. La Chambre
l'écoute d'une oreille distraite, ne se
doutant guère que cette inoffensive pro-
position allait déchaîner de redoutables
tempêtes.
Tout d'abord, un ancien capitaine (dé-
cidément la séance appartient aux ofii-
ci~.rs déclassés), qui repond au nom de
Balluc, vient développer à la tribune 'un
fastidieux programme presque aussi iong'
et non moins ennuyeux que la. déclara-
tion gouvernementale~
Le Ballue sortit de l'Ecole de Samt-Cyf
en même temps que le vicomte Reille,
et devint radical comme tous les capi-
taines qui n'obtiennent pas avant l'heure
la graine d'épinard.
Assez grand, bien bâti, traits réguliers.
cheveux gris et moustaches noires; il rap-
pelle assez exactement les jeunes-pre-
miers de province qui ont vieilli dans les
colonels de Scribe.
Sous prétexte d'ordre du jour, M. Baî<
lue (de Lyon) demande, et tout d'une ha-
leine, à la Chambre de réformer simulta-
nément la magistrature et le clergé, d'a-
broger le concordat, de réorganiser 1 in-
struction publique, de réduire les heures
de travail dans les manufactures, de sup-
primer l'article 20 de la loi sur le recru-
tement de l'armée, et d'accueillir la pro-
position Saint-Martin, garantissant la li-
berté de conscience dans l'armée. Si le
ministère accepte sans murmurer cette
table de matières, il possédera la con-
ûance de M. Ballue, sinon non.
M. Gambetta, quelque peu ahuri et ju~
séant sagement que, vu l'heure avancée,
il serait difficile a la Chambre d'accom-
plir, avant la nuit, les réformes exigées
par M. Ballue, s'efforce dé circonscrire le
terrain de la discussion.
Il lui paraît sufusant, pour la journée,.
que la Chambre donne la. -priorité soit a.
la loi d'enseignement, soit au projet con-
tre la magistrature.
M. Laroche-Joubert réclame justement
en faveur de la proposition relative à l'é-
lection des juges consulaires, proposition
dont la Chambre avait déjà entamé la
discussion vers la En de: la dernière ses-
sion..
M. Waldeck-Rousseau, rapporteur de
la loi sur la magistrature, parle comme
convient pour son œuvre favorite.
M. Waldeck-Rousseau est un jeune;
physionomie froide et assez correcte. Il
parle élégamment et facilement, et ses
amis en font le plus grand cas.
Il ne parvient point cependant à vam<
cre les résistances de l'inflexible Ferry,
qui persiste à réclamer sur le mode im-
pératif la mise à l'ordre du jour de la i0ï
sur l'enseignement.
M. Laroche-Joubert revient à la charge.
M. Ballue murmure. M. Cantagrel gesti-
cule. M. Plessier mime une interruption
violente, tant et si bien que M. Gambetta
affolé ne sait auquel entendre, confond
M. Laroche-Joubert et M. Jules Ferry,
Jules-Joubert et Laroche-Ferry, attribue
au député d'Angoulème les pensées in-
times du vainqueur .des Capucins, ce
qui provoque une double protestation.
Finalement, on s'explique, et la Cham<
bre repousse, par 200 voix contre 166, la.
demande de priorité formulée par le mi-
nistère.
Donc, jeudi, on servira comme premier
plat à la voracité de nos gouvernants la.
magistrature française.
Cependant, M. de Baudry-d'Asson s'était
tenu coi, ou peu s'en fallait, et ce silence
inexpliqué surprenait ses amis tout autant
que ses adversaires. Tout à coup, on en-
tend le président « La parole est à M. de
Baudry-d'Asson x, et aussitôt on voit
émerger de la tribune la tête énergique
du vailiant Vendéen.
M. de Baudry-d'Asson débute ainsi
Pendant la, courte session ou, ~K)Hs"a,oM
assister, je l'esper~g. agonie de là Répo.
b'lique.
Un pareil début ne pouvait demeurer
impuni. M. Gambetta se fàche; M. de
Baudry riposte et demande que la Cham-
bre désigne le mercredi de chaque se-
maine pour demander des comptes aux
ministres
Nous aurons, dit-i), à interpeller tour è
tour les citoyens ministres de ce gouverne-
ment de crocheteurs.
Tumulte, cris féroces à gauche, applau-
dissements à droite. M. Gambetta, pale et
nerveux, se lève et réclame, contre M. de
Baudry-d'Asson., la peine la plus sévère
du règlement, la censure avec exclusion
temporaire, que la Chambre seule peut
appliquer. Loin de s'excuser, M. de Bau-
dry-d Asson, d'une voix vibrante, sonore
et menaçante comme le clairon de la Pé-
nissière, dénonce à l'indignation publique
« les infâmes exécutions auxquelles, dit-
il, se sont livrés les hommes que j'ai sous
les yeux. s
La censure est votée par la majorité
tout entière.
Le président invite M. de Baudry-d'As-
son à quitter immédiatement la salle des
séances.
M. de Baudry-d'Asson, sans répondre,
reprend sa place à son banc..
Le règlement, dit le président, a prévu
ce cas. On a recours à une opération extrê-
mement simple le président levé la séance
pour ]a reprendre, s'il y a lieu, quand le mo-
ment de la, résistance est passé; j'espère qu'il
no sera pa.s do longue durée. (Mouvement et
bruit.) H no faut pas qu'il y ait malentendu
la séance est levée et non suspendue.
Un député de droite résume la situa-
tion par un mot drôlatique
a M. de Baudry-d'Asson, ou la dernière
congrégation. B
La séance est levée ù. quatre heures.
B. LAGREMETTE
S:Ë:N-AT
Cette séance de rentrée, si terne d'or-
dinaire, a pris un caractère d'animation
tout à fait inattendue. Les bancs curaient
des vides nombreux-, car beaucoup de
sénateurs sont encore en viué~iature, ou
jugeaient, leur présence peu utue.
M. Léon Say monte au fauteuil à deux
heu)~s cinq, le nouveau président est
bien vite juge il sera insuffisant et, lors
des discussions orageuses, ne pourra par-
venir à calmer la haute Chambre et a.
diriger le débat.
Après quelques mots d'ëloge funèbre
consacres aux couègues morts durant les
PARIS î I. C~lHm3S. DÉPARTEMENTS ET ~AMS ~.<~ CENTIMES
Douzième année. Deuxième Série.–Numéro 42~
ARTHUR M~YER
DtreeteK'f e
1. «-* itp
y.COBLNÉL'Y y
1 Seeretctfect~ te~Reds~ "1
ABONNEMENTS
PARIS Trots mois i3 fr. 6
REDACTION il.Î~
< 6, rue da Ja Gracgo-Ba.teHere. à l'entresol
OEDEUXUEUR~XMMUtT
Les manuscrits ne sont pas rem!u9
ARTHUR MEYE3
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~eeretatre~e !a ~!edae<«'4
ANNONCES
MM. Ch. Lagrange, Cerf et 0"'
6, PLACE DE LA BOURSE, 6
.F<&
ADMINISTRATION
46, rue ~e la Grange-BateUère, & l'anMe!
DB D:X HEURES A CtN
t&~P7 TA M&m
f&o~M Jj& m&lN!
Cela. ne commence réellement pas trop
mal.
L'homme aux -côtelettes sévères qui
s'appelle Jules Ferry est venu lire, hier,
avec solennité et emphase, a la tribune
des députés, la déclaration ministérielle
qu'on trouvera plus loin.
La Chambre s'est tordue; et le ministère,
voyant qu'on ne pouvait se résoudre à le
prendre au sérieux, a manifesté l'inten-
tion de se retirer.
Lui, qui a eu besoin de l'armée fran-
çaise pour expulser les moines, il est ex-
pulsé par un simple éclat de rire.
Les grands corps constitués ne lui font
même pas l'honneur de le traiter en
bourreau, terrible et menaçant; ils le
considèrent comme un pitre malfaisant.
En'vain M. Ferry a-t-il déclaré que les
lois existantes avaient été appliquées
avec la plus grande fermeté;
En vain a-t-il promis d'épargner les
femmes, ce qui est bien dommage, car
Jeschassepotsdu général Billot auraient
fait merveille contre les Ursulines;
En vain a-t-il promis qu'il allait livrer
aux passions delà rue les robes des juges,
comme il leur a livré les robes des
moines;
En vain a-t-il commis cette plaisanterie
lugubre d'apporter, au~ieu d'une loi sur
les associations, protectrice de,la liberté,
un projetsurles syndicats professionnels;
En vain a-t-il promis de poursuivre la
presse avec un redoublement de rase
En vain a-t-il parlé des tarifs de
douane, des travaux publics, de l'avan-
cement, de Tuni&cation de la solde et de
Dulcigno
Le document a paru aussi plat que
l'homme lui-même, et la Chambre, qu'il
voulait endormir avec une berquinade,
en lui demandant de discuter l'instruction
primaire, lui a témoigné sa répulsion en
mettant à son ordre du jour la loi sur la
magistrature.
Le ministère a dit, en terminant, qu'il
ne fallait pas qu'on le tolérât, ni qu'on le
subit, mais qu'il voulait qu'on lui don-
,Rât ou qu'on lui refusât résolument son
'concours.
La Chambre le lui a refuse en riant, et
au même moment le Sénat lui marquait
qu'il le lui refuserait en s'indignant.
Quant au pays, son opinion est faite.
H rejette avec horreur, exécration et mé-
pris, les hommes du gouvernement qui
nous ont amenés cette situation misé-
rable que nous traversons.
On a crié: Vtoe Co~ntK/M! hier, eh
plein Paris, monsieur Ferry, alors, que
vous faisiez "la roue devant les députes,
en vous applaudissant de votre œuvre
exécrable.
L'émeute a éclaté hier a Tourcoing et
soixante personnes ont été écharpées par
yos soins.
Et vous n'avez –po~r vous consoler do
la guerre que votre méchanceté et votre
bêtise ont allumée dans les esprits et dans
Iesrues,–vousn'avez ànous apporter que
les lauriers dont le général Billot vient de
ceindre votre front ridicule.
Assez, assez! Passez la main.
Mais passez-la réellement, avec tous vos
collègues et que votre crise ministérielle
ne se termine pas par un replâtrage,
comme on l'annonçait hier soir dé)à.
Vous ne valez pas mieux les uns que les
autres.
Et ce sera pour la conscience publique
un réel soulagement d'apprendre, de-
main, que tous les auteurs responsables
des infamies qui l'ont soulevée sont ren-
dus pour toujours à la vie privée et à leurs
remords.
,t.COHNËLY.
Pas de retard! l
M. le général de Cissey, sénateur, vieut
ft'adresser la lettre suivante à M. Jules
Grëvy:
Monsieur le Président,
D'après le Petit ~a~s:e~ du 8 no-
vembre, M. le président de la Répu-
blique, M. le président du conseil et M~.
les ministres composant le gouverne-
ment, auraient reçu une plainte leur de-
mandant de constituer le Sénat en haute
cour de justice pour juger des attentats
contre la sûreté de l'Etat qui me seraient
imputés par cette dénonciation.
Le but de mes dénonciateurs serait, en
invoquant l'article 2o de la loi du 26 mai
.d§!9, d'obtenir du tribunal correction-
nel, saisi par mon assignation du 29 oc-
tobre, un sursis à la poursuite et au juge-
ment du procès que j'ai engagé contre
eux.
Poursuivi sans relâche par des impu-
tations si graves, je n'ai cessé de deman-
der des juges. J'ai l'honneur de vous
prier de vouloir bien, dans l'intérêt de
Farmée autant que dans mon intérêt per-
sonnel, insister pour que le gouvernement
statue sur cette plainte le plus tôt possi-
ble, et notifie sa décision à mes adver-
saires et a moi, afin qu'aucun prétexte
ne tienne mon procès en suspens.
Que le juge qui statuera sur cette af-
faire soit le tribunal correctionnel de la
Seine ou le Sénat, je ne puis être laissé
pn butte à des accusations aussi infa-
mantes, sans que je puisse en faire justice
levant la juridiction qui sera reconnue
compétente.
Veuillez agréer, monsieur le Président,
l'assurance de ma haute et respectueuse
Considération. Généra! DE CissEY,
!
Ëchos de Paris
AUJOURD'HUI
Aa palais de l'Industrie, tirage des lots des
obligations de la Ville de Paris i876.
Election de deux membres du tribunal des
conflits, en remplacement de MM. de Lave-
nay et Tardif, démissionnaires.
A huit heures et demie du soir, saUe~Ine-
mer, 3, rue de Meaux, réunion de la Libre-
Pensée du dix-neuvième arrondissement.
PETITE OAZETTE DES ËTRAN8EM
De midi à quatre heures, visite de la Sainte-
Chapelle au palais de Justice.
De une heures à trois heures visite & la ma-
nufacture de tapisseries des Gobelins, 40, avenue
des Gobelins.
A six heures, dlner a.u Grand-Hôtel. v
MENU
Potage vermicelle
Hors-d'œuvre
Bar sauce hollandaise
Pommes de terre & l'ahgla.ise
~ua'rtier de chevreuil pur6e de marrons
Talmouse au parmesan
Tête de veau entortue
Chapons au cresson
Salade
Epinards aux croûtons
Pudding de semoule à la vaniUe
Glace, bombe panacMe
Dessert
Le soir
Opéra.ft.')t!e<. Rideau à 7 h. 3/4.
Comédie-Française.– Le Ge~cire de M. Poi-
rMf. Rideau & 8 h. 0/0.
Théâtre du Ch&teau-d'Eaa. Première repré-
sentation de .Bt~-yatrg'a!, drame en cinq actes,
de MM. P. Elzéar et R. Lesolide, tiré du roman
de Victor Hugo. Rideau à. 8 heures.
LA POHT)OUE
M. Desprez, notre ambassadeur à Rome,
ne paraît pas presse de regagner son
poste.
Nous supposons que M. de Bacourt,
chargé d'atfaires, qui gère l'ambassade en
l'absence de M. Desprez, s'acquitte de ses
fonctions d'intérimaire à la satisfaction
générale; mais l'absence prolongée de
M. Desprez n'est pas faite pour resserrer
nos relations avec le Vatican, surtout au
lendemain de l'exécution sauvage des dé-
crets dispersionnistes.
Il est vrai que l'ambassadeur de France
aKome a de fréquentes entrevues avec
M. Gambetta!
Il faut peut-être chercher là l'explica-
tion de son interminable congé.
Nous avons annoncé hier qu'un prêtre
de l'Oratoire était allé chez M. Constans
pour lui demander ses intentions au
sujet des congrégations non encore exé-
cutées
Cette nouvelle nous a été apportée au
moment de mettre sous presse, et il nous
a été impossible de la contrôler.
Renseignements pris a une source cer-
taine, nous pouvons afSrmer qu'aucun
prêtre de l'Oratoire n'a fait cette démar-
che, ni même aucune démarche auprès
de M. Constans ou de quelque autre
membre du cabinet..
Nous recevons la. dépêche suivante de notre
correspondant do Vienne
C'est Mgr Vannutelli qui remplacera
Mgr Jacobmi en qualité de nonce du pape
à Vienne.
Il court ici depuis ce matin les nouvel-
les les plus alarmantes au sujet de la santé
du prince GortchakoQ'; on craint un dé-
nouement fatal.
Ce matin, vers huit heures, un trem-
blement de terre violent s'est produit à
Vienne et dans les provinces. Accidents
nombreux.
t.E MONDE ET LA VtLLE
L'état de santé de M. Littré est en ce
moment des plus inquiétants.
L'illustre savant ne bouge pas de son
fauteuil et ne reçoit absolument personne,
pas même ses amis d'enfance, ni les mem-
bres de sa famille.
Le contre-amiral Sellier est atteint
d'une hépatite, qui fait redouter une issue
funeste.
On sait que le contre-amiral Sellier,
âgé aujourd'hui de cinquante-six ans, a
été chef du cabinet de l'amiral Jaurëgui-
berry.
Aujourd'hui a lieu à la Trinité le ma-
riage religieux de Mlle Jeanne Samary et
de M. Paul Lagarde.
Hier, à la mairie du neuvième arron-
dissementavait eu lieu., sans cérémonie, le
mariage civil. Les parents et quelques
amis, une douzaine de personnes au plus,
accompagnaient la jeune épousée qui
était simplement vêtue d'une robe vert-
bouteille, d'un manteau en peluche-lou-
tre, bordé de castor, et d'un chapeau
également en peluche vert-bouteille, sur-
monté d'une plume bleu-ciel.
Sommes-nous assez précis?
A la sortie de la mairie, Mlle Samary.
pardon Mme Lagarde, se tournant vers
sa mère, lui dit avec des larmes dans la
voix
Maman, viens-tu avec moi ?
Non, ma fille, répondit discrètement
Mme Samary.
Et le jeune couple s'envola.
Les deux manifestants que M. !e prési-
dent Cartier a si bien ~a~ samedi der-
nier, et qui subissent leur peine, depuis
ce jour, a la prison de la Santé, MM. Gé-
rard, tailleur, et Nicolle, employé, ont
reçu hier la visite de M. le baron Henri i
de Lassus, de M. Henri Cochin et de M.
Camô, arrêté en même temps qu'eux, et
remis, depuis, en liberté provisoire.
La démarche faite par ces jeunes gens
du meilleur monde constitue un exem-
ple de véritable fraternité, qu'on ne trou-
verait peut-être pas dans îes rangs du
parti républicain.
Dédié à l'aimable Zéphyrin.
Nous venons de voir un petit bijou qui
est certainement appelé a détrôner le
faveur auprès des sportsmen gouverne-
mentaux.
C'est une épingle de cravate formée
d'un petit cercle en or auquel est sus-
pendu un trousseau de fausses clefs en
métal blanc.
Le bijoutier qui a inventé cette actua-
lité est digne de recevoir la médaille
commémorative des expulsions, dont
nous parlions l'autre jour.
Le peintre Gustave Jacquet travaille, en
ce moment, à un tableau appelé à pro-
duire une sensation très vive la France
~M
De la bouche d'un canon s'élance une
figure de femme, belle et gracieuse,
comme l'artiste en sait peindre, mais
d'une tournure héroïque. Une draperie de
velours bleu ceint ses reins de guerrière
en dégageant sa cuirasse. Sur sa tête
casquée Qotte un grand panache bleu et
blanc et, de sa main droite, elle arbore
l'étendard fleurdelisé.
Tout le monde se souvient des tableaux
de M. Jacquet, la M~Yc~'o~, la.P/'ew:'<~A/°H?<~ et le Menuet, qui lui ont valu de
si brillants succès au Salon. Nous n'hési-
tons pas à prédire de hautes destinées a
la~r~Mee~t'mM~. v
Une question à M. Magnin
Dans tous nos établissement de crédit.
les salies réservées au public sont amé-
nagées avec le plus grand comfort. Au
Ministère des nnances.il semblerait, au
contraire, que l'administration eût pris à
tâche d'accumuler toutes leschan ces ima-
ginables de bronchite pour le public et
pour les employés.
S. Exc. M. Magnin aurait-il hâte de di-
minuer l'effectif des pensionnés, tout en
créant des vacances dans les cadres de
son administration?
C'est un moyen comme un autre de
frapper les gens assez malheureux pour
émarger aux caisses de l'Etat, et de faire
place aux protégés des nouvelles couches
NOUVELLES A LA MAIN
En police correctionnelle
Le tribunal vient de condamner à six
mois de prison un employé d'une
compagnie nocturne coupable d'indé-
licatesses.
Le municipal appréhende le condamné
pour l'emmener.
–Ah! non, je proteste, hurle-t-i), je
proteste. Y a conuit. J'en appelle à M.
Constans, y a conflit. (Le ntMM:c:pa~ l'en-
~~K/ïe.) Alors, n'y a plus de justice en
France!
Un homme du monde, aussi connu par
son amabilité que par sa grande nais-
sance, a rencontré, dans une maison
tierce, un personnage du gouvernement
actuel qui s'est absolument engoué de
lui.
Comme il ne s'est pas trop refusé à
cette amitié nouvelle, le haut fonction-
naire républicain ne veut plus le quitter.
Marquis, lui dit-il, accompagnez-
moi ici, accompagnez-moi la.
Parbleu, grommelait doucement le
mondain, l'autre jour; est-ce qu'il croit
que je suis gentilhomme. pour. accom-
pagner.
A nouvelles causes, effets nouveaux.
Un propriétaire dont l'immeuble est
situé rue de Vaugirard, près des Maris-
tes, se présente hier dans les bureaux
d'une compagnie d'assurances.
Je voudrais m'assurer, dit-il.
Contre l'incendie ?
Non. (.B
UN DOM)N9.
Aujourd'hui, devant la neuvième cham-
bre de police correctionnelle, auront lieu
les débats du procès intenté par le minis-
tère public à notre collaborateur J. Cor-
nély, pour outrages aux conseils acadé-
miques, corps constitués.
M. J. Cornély présentera lui-même sa
défense.
QU!MZtÉME CORPS D'ARME
ORDRE DU JOUR
Le général commandant le i5' corps
d'armée vient d'adresser aux troupes l'or-
dre du jour suivant:
OfSciers, sous-ofnciers et sotdats,
Je suis content de vous. Le courage in-
domptable dont vous venez de faire preuve
dans ce siège terrible prouve hautement que
notre jeune République peut compter sur
son armée. Je regrette qu'en venant vous
n'ayez pas rencontré messieurs les tambours,
parce que vous leur auriez dit que je suis
également content d'eux. Après huit jours de
blocus, l'ennemi s'est décidé à capituler; les
Prémontrés de Frigolet ont compris qu'on
ne résiste pas au soldat français, surtout
quand son but est noble, patriotique et anti-
clérical.
Rien ne put abattre votre ardeur. En vain,
la. garnison composée de soixante-huit moi-
nes, dont quatre malades, vous menaçait-elle
de son inaction. En vain les excommunica-
tions pleuvaient sur vos têtes bronzées. Vous
êtes restés là, mouillés mais impassibles,
puisant une nouvelte vigueur daus 1 aspect du
danger qui vous menaçait. Personne n'a
quitté son poste le cordon d'investissement
n'a pas été relâché un seul instant.
J'ose le dire la capitulation des Prémon-
trés efface bien des choses. Qui osera nous
parler de Sedan, de Metz et de Paris, après
la vaillance que vous avez mise au service de
notre cause? A votre tour, vous avez été in-
vestisseurs, vous avez cherché à prendre vos
ennemis par la famine et la ruse. Tout ce
qu'on a tant reproché aux autres, vous l'avez
merveilleusement accompli. Vous avez bien
fait.
Grâce à vous, cette illustre campagne est
glorieusement terminée. L'ennemi est en
fuite, l'abbaye est abandonnée. Nous pouvons
y planter le drapeau rouge si ça nous fait
plaisir nous pouvons apprendre aux cloches
à jouer la Mctysetrapporterons triomphalement dans nos foyers
soixante robes de bure, soixante cordelières,
cinquante-huit chapelets, onze bénitiers et
une boulangerie.
OfRciers, sous-ofnciers, soldais, lorsque
tout ce qui est nécessaire pour assurer le
bonheur et la prospérité du ma.teria.Hsma ~era
accompli, je vous renverrai à Tara,scon là,
vous serez l'objet de mes p!us tendres soltici-
tudes. Mon peuple vous reverra avec joie et
il vous suffira de dire J'étais au siège des
Prémontrés, D pour que l'on vous réponde
Voilà un brave
Un dernier mot en attendant que le gou-
vernement satisfait puisse vous octroyer quel-
ques palmes d'officiers d'académie, j'abonne
la corps d'armée au Gt7-B~M.
Rompez les rangs, marche! 1
Général BtLLOT.
j ~ar ampliation
EtCOPETTES
Une Soirée de Crise
Immédiatement après la fixation de
l'ordre du jour, M. Constans et M. Jules
Ferry ont manifesté hautement l'intention
de se retirer.
Nos lecteurs trouveront, sous la rubri-
que ~.M~oMr ~M .P
cette crise ministérielle.
Hier au soir, à neuf heures, les minis-
tres se sont réunis en conseil a l'Elysée.
M. Ferry avait déjà eu une longue conté-
rence avec le président de la République
immédiatement après la séance de la
Ghambre.
M. le président Grévy, fort ému, a fait
envisager à M. Jules Ferry les conséquen-
ces probables de la retraite du cabinet
Je ne peux, a-t-il dit, vous rempla-
cer en ce moment la crise ministérielle,
se prolongeant forcément, deviendrait
une crise parlementaire.
M. Jules Ferry a persisté dans sa pre-
mière résolution
a Les lois sur l'enseignement, a-t-ildit,
sont mon œuvre; si la Chambre avait com-
pris que son principal souci doit être,
ainsi que je le lui ai dit, de restituer à
l'Etat républicain les droits et les respon-
sabilités essentielles en matière d'éduca-
tion, ma présence à la tête du gouverne-
ment se concevrait aisément, et le minis-
tre de l'instruction publique était natu-
rellement désigné pour diriger le ca-
binet.
B La Chambre en a jugé autrement; il
lui a paru que la réforme de la magtstra-
ture était la besogne urgente: il convient
donc de choisir comme président du con-
seil celui de mes collègues qui a spécia-
lement entrepris cette tâche.
M. Grévy a insisté
vous lui attribuez, et très certainement,
si la majorité avait su qu'en repoussant
la DropositioQ de priorité que vous aviez
formulée elle renversait du même coup
lecabinet, elle eût certainement changé
sa décision. s
M. Jules Ferry ne s'est pas rendu à ces
instances
B L'acccord, a-il dit, n'est pas fait entre
tous les membres du cabinet et la majo-
rité sur la question de la magistrature,
et la crise, si on l'ajourne, éclatera cer-
tainement au cours de la discussion, mon
désir ét&nt de terminer les lois sur l'ensei-
gnement, laissant un collègue la direc-
tion du grand débat sur la réforme ju-
diciaire, a
Tous les sous-secrétaires d'Etat assis-
taient au conseil.
Les ministres ne se sont séparés qu'à a
minuit moins dix.
M. Grévy a obtenu des ministres que,
sans retirer leurs démissions, ils les ajour-
nent jusqu'au lendemain il est donc
probable que l'Q~c~ de ce matin sera
muet sur la crise.
M. Constans disait, en sortant de l'Ely-
sée
tout de suite. Puisquela porte est ouverte,
passons-y. B
Nous savons de bonne source que de
hautes influences interviennent pour dé-
cider le cabinet à se présenter de nou-
veau devant la Chambre jeudi prochain,
et à réclamer un vote de confiance net,
précis, sans équivoque.
Dans ces conditions, on promet à
M. Jules Ferry une majorité de trois cents
voix environ.
~\r g. Le palais Bourbon dort–mais
veille.
JEAN QUJSAtT
n mmE'BES Mp~E§
tjA SEANCE
M. Gambetta, toujours ponctuel, entre
en séance à deux heures très précises, et
presque aussitôt, sans attendre le silence,
ht le décret aux termes duquel les deux
Chambres sont convoquées en session
extraordinaire.
La machine Tamisier procède au tirage
au sort des bureaux.
Au banc des ministres, MM. Jules
Ferry, Constans, Cochery, Farre, Sadi
Carnot, Turquet, Martin-FeuilIce.
M. le président du conseil se dirige
lentement vers la tribune. Le chef des
crocheteurs parait soucieux, et son re-
gard naturellement inquiet cherche sur
les bancs de l'extrême gauche un encou-
ragement que personne ne semble dis-
posé à lui accorder.
M. Jules Ferry Lire de son portefeuille
un petit cahier, boit une gorgée de café
noir, se pose, regardeles tribunes, attend
le murmure bienveillant qui, d'ordinaire,
accompagne tout ministre parlant au
nom du gouvernement de la République.
Finalement, M. Gambetta lui dit quel-
ques mots a voix basse, et le président
du conseil lit d'une voix triste la déclara-
tion que nos lecteurs trouveront plus
haut. Ce factum impudent, où le droit, la
justice et surtout la grammaire sont ou-
tragés à chaque ligne, a provoqué plus de
gaieté que d'indignation.
La majorité applaudissait peu, se con-
tentant de souligner les concessions, les
defaDI'inces du cabinet et, refusant viai-
blement a M.-Ferry l'approbation person-
nelle sur laquelle il comptait..
La droite riait, interrompait, et na
manifesté son indignation de façon vive
que lorsque le ministère a qualifie de
rétrange régime sous lequel nous
vivons actuellement.
Le programme était un peu longuet,
point intéressant, et l'attention de la
Chambre était lasse depuis dix bonnes
minutes lorsque M. Ferry a terminé en
réclamant de sa meilleure voix un vote
de confiance immédiat.
Un incident
M. le président du conseil, rappelant
les t lois fondamentales ajoutait
<: Les nier, c'est.
C'est vous et vos collègues, inter-
rompit M. de Baudry-d'Asson.
Ce calembour, que M. Gambetta n'a
point relevé, a paru déconcerter le père
do l'article 7. r
M. Corentin-Guyho succède à M. Jules
Ferrv.
Le jeune député du Finistère est une
physionomie peu connue, et que l'his-
toire n'a point intérêt à recueillir. Il mur-
mure quelques mots qui ne parviennent
pas aux oreilles des sténographes, répète
sa leçon, sur l'invitation de ses collègues,
ne se fait pas mieux entendre et regagne
sa place d'un air important.
II résulte des explications fournies à la
Chambre par M. Gambetta que le jeune
Corentin désire limiter le pouvoir des
évêques.La majorité applaudit sans avoir
bien compris, et la minorité ne daigne
pas protester.
M. Laisant paraît. M. Laisant appar-
tient, on le sait, à cette catégorie d offi-
ciers déclassés et envieux qui amassent,
tout au fond de leur âme, des trésors de
haine contre ceux qui se sont distingués
par un mérite supérieur.
Aujourd'hui, l'ex-capita.ine a 1 oreille
basse, sa figure est terreuse, les couleurs
de ses joues se sont réfugiées à 1 extré-
mité de son nez qu'elles piquent d'un
point lu mineux.
Il lit sa dénonciation dune voix sourde,
entrecoupée. Il est visible que la publi-
cité le gêne, et qu'il regrette les calom-
nies anonymes du directeur du Pet~-P~-
/5!e~.
H demande une enquête, non sur des
soustractions de papiers, ventes de fu-
sils et détournements de fonds publics,
mais simplement sur t les faits révèles
au cours du procès Jung-~MHa
La gauche est embarrassée, la droite
écaeuree.
M. Laisant réclame l'urgence. La mino-
rité demande l'avis du gouvernement.
M. Gambetta agite sa cloche; M. Jules
Ferry croit qu'on le sonne et se lève ma-
chinalement.
Le gouvernement, cela va sans dire,
accepte l'urgence, tout en balbutiant
quelques réserves de fond, dont la portée
n'apparait pas clairement.
Ici se place un second incident. M.
Janvier de la Motte voudrait connaître
l'avis du général Farrc et le sollicite en
fort bons termes:
< Nous désirons savoir, dit-il, si M. le
ministre de la guerre a la. religion de
ses généraux et de son armée. »
L'infortuné Farre voudrait bien être au
Sénat, et même plus loin. Il s'agite, se
soulève, se rassied, étend les bras, secoue
la tête, implore Ferry et consulte Cons-
Déjà l'on sourit, la gauche se tait, la
droite se moque,, et l'éloquent général,
devenu subitement furieux, uûn'Qit a i&
tribune et prononce une harangue que
nous avons sténographiée
Pour ce qm est
faits que l'on accuse ont cté commis par un
ministre de ta guerre qui, à ce moment-là
n'était pas mon subordonné, et, dès lors, la
Chambre comprendra, que ce n'est pas mon
affaire.
Tout ça, c'est politique, et
envisager.
La Chambre est désarmée. Cependant
M. Jolibois a démêlé l'honnête intrigue de
MM. Laisant et compagnie, et il intervient
avec une haute autorité.
-Ce que souhaite le député de Nantes,
on le devine, c'est de retarder, peut-être
même d'ajourner indéfiniment, au moyen
d'une enquête parlementaire, l'action ju-
diciaire engagée par M. le général de Cis-
sev contre les diSammateurs.
Si l'urgence sur sa proposition était
votée, le tribunal hésiterait sans doute à
rendre un jugement, qu'un verdict de la
Chambre pourrait ultérieurement infir-
mer.
Peut-être, aussi le? juges se laisse-
raient-ils influencer par une décision en
quelque sorte préjudicielle du Parle-
ment tel est, du moins, le secret espoir
de M. Laisant..
Perdre M. de Cissev, nul aujourd hui
n'v compte; mais il s'agit de sauver M.
Rochefort et ses complices, et c'est pour-
quoi il faut mettre en mouvement cette
lourde et imposante machine que l'on
appelle une commission d'enquête.
M. Jolibois n'a point dit cela crûment,
car il est merveilleusement maitre de sa
parole, mais il l'a donné à entendre et
ce sans éveiller les susceptibilités d au-
cun.
On Fa fort bien écouté, puis on a pro-
cédé au scrutin, et l'urgence sur la de-
mande d'enquête a été votée à une impo-
sante majorité..
Enfin, nous arrivons au gros événe-
ment de la séance la fixation de l'ordre
du jour.
M. le président du conseil, qui tient a
justifier le choix que le chef de l'Etat a
fait de son éminente personne pour
gouverner la France, demande solennel-
lement que la Chambre place en tête de
son ordre du jour son œuvre maîtresse
la loi sur l'enseignement. La Chambre
l'écoute d'une oreille distraite, ne se
doutant guère que cette inoffensive pro-
position allait déchaîner de redoutables
tempêtes.
Tout d'abord, un ancien capitaine (dé-
cidément la séance appartient aux ofii-
ci~.rs déclassés), qui repond au nom de
Balluc, vient développer à la tribune 'un
fastidieux programme presque aussi iong'
et non moins ennuyeux que la. déclara-
tion gouvernementale~
Le Ballue sortit de l'Ecole de Samt-Cyf
en même temps que le vicomte Reille,
et devint radical comme tous les capi-
taines qui n'obtiennent pas avant l'heure
la graine d'épinard.
Assez grand, bien bâti, traits réguliers.
cheveux gris et moustaches noires; il rap-
pelle assez exactement les jeunes-pre-
miers de province qui ont vieilli dans les
colonels de Scribe.
Sous prétexte d'ordre du jour, M. Baî<
lue (de Lyon) demande, et tout d'une ha-
leine, à la Chambre de réformer simulta-
nément la magistrature et le clergé, d'a-
broger le concordat, de réorganiser 1 in-
struction publique, de réduire les heures
de travail dans les manufactures, de sup-
primer l'article 20 de la loi sur le recru-
tement de l'armée, et d'accueillir la pro-
position Saint-Martin, garantissant la li-
berté de conscience dans l'armée. Si le
ministère accepte sans murmurer cette
table de matières, il possédera la con-
ûance de M. Ballue, sinon non.
M. Gambetta, quelque peu ahuri et ju~
séant sagement que, vu l'heure avancée,
il serait difficile a la Chambre d'accom-
plir, avant la nuit, les réformes exigées
par M. Ballue, s'efforce dé circonscrire le
terrain de la discussion.
Il lui paraît sufusant, pour la journée,.
que la Chambre donne la. -priorité soit a.
la loi d'enseignement, soit au projet con-
tre la magistrature.
M. Laroche-Joubert réclame justement
en faveur de la proposition relative à l'é-
lection des juges consulaires, proposition
dont la Chambre avait déjà entamé la
discussion vers la En de: la dernière ses-
sion..
M. Waldeck-Rousseau, rapporteur de
la loi sur la magistrature, parle comme
convient pour son œuvre favorite.
M. Waldeck-Rousseau est un jeune;
physionomie froide et assez correcte. Il
parle élégamment et facilement, et ses
amis en font le plus grand cas.
Il ne parvient point cependant à vam<
cre les résistances de l'inflexible Ferry,
qui persiste à réclamer sur le mode im-
pératif la mise à l'ordre du jour de la i0ï
sur l'enseignement.
M. Laroche-Joubert revient à la charge.
M. Ballue murmure. M. Cantagrel gesti-
cule. M. Plessier mime une interruption
violente, tant et si bien que M. Gambetta
affolé ne sait auquel entendre, confond
M. Laroche-Joubert et M. Jules Ferry,
Jules-Joubert et Laroche-Ferry, attribue
au député d'Angoulème les pensées in-
times du vainqueur .des Capucins, ce
qui provoque une double protestation.
Finalement, on s'explique, et la Cham<
bre repousse, par 200 voix contre 166, la.
demande de priorité formulée par le mi-
nistère.
Donc, jeudi, on servira comme premier
plat à la voracité de nos gouvernants la.
magistrature française.
Cependant, M. de Baudry-d'Asson s'était
tenu coi, ou peu s'en fallait, et ce silence
inexpliqué surprenait ses amis tout autant
que ses adversaires. Tout à coup, on en-
tend le président « La parole est à M. de
Baudry-d'Asson x, et aussitôt on voit
émerger de la tribune la tête énergique
du vailiant Vendéen.
M. de Baudry-d'Asson débute ainsi
Pendant la, courte session ou, ~K)Hs"a,oM
assister, je l'esper~g. agonie de là Répo.
b'lique.
Un pareil début ne pouvait demeurer
impuni. M. Gambetta se fàche; M. de
Baudry riposte et demande que la Cham-
bre désigne le mercredi de chaque se-
maine pour demander des comptes aux
ministres
Nous aurons, dit-i), à interpeller tour è
tour les citoyens ministres de ce gouverne-
ment de crocheteurs.
Tumulte, cris féroces à gauche, applau-
dissements à droite. M. Gambetta, pale et
nerveux, se lève et réclame, contre M. de
Baudry-d'Asson., la peine la plus sévère
du règlement, la censure avec exclusion
temporaire, que la Chambre seule peut
appliquer. Loin de s'excuser, M. de Bau-
dry-d Asson, d'une voix vibrante, sonore
et menaçante comme le clairon de la Pé-
nissière, dénonce à l'indignation publique
« les infâmes exécutions auxquelles, dit-
il, se sont livrés les hommes que j'ai sous
les yeux. s
La censure est votée par la majorité
tout entière.
Le président invite M. de Baudry-d'As-
son à quitter immédiatement la salle des
séances.
M. de Baudry-d'Asson, sans répondre,
reprend sa place à son banc..
Le règlement, dit le président, a prévu
ce cas. On a recours à une opération extrê-
mement simple le président levé la séance
pour ]a reprendre, s'il y a lieu, quand le mo-
ment de la, résistance est passé; j'espère qu'il
no sera pa.s do longue durée. (Mouvement et
bruit.) H no faut pas qu'il y ait malentendu
la séance est levée et non suspendue.
Un député de droite résume la situa-
tion par un mot drôlatique
a M. de Baudry-d'Asson, ou la dernière
congrégation. B
La séance est levée ù. quatre heures.
B. LAGREMETTE
S:Ë:N-AT
Cette séance de rentrée, si terne d'or-
dinaire, a pris un caractère d'animation
tout à fait inattendue. Les bancs curaient
des vides nombreux-, car beaucoup de
sénateurs sont encore en viué~iature, ou
jugeaient, leur présence peu utue.
M. Léon Say monte au fauteuil à deux
heu)~s cinq, le nouveau président est
bien vite juge il sera insuffisant et, lors
des discussions orageuses, ne pourra par-
venir à calmer la haute Chambre et a.
diriger le débat.
Après quelques mots d'ëloge funèbre
consacres aux couègues morts durant les
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