Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1880-11-07
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 94503 Nombre total de vues : 94503
Description : 07 novembre 1880 07 novembre 1880
Description : 1880/11/07 (Numéro 421). 1880/11/07 (Numéro 421).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5236306
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/03/2008
Dimanche 7 Novembre 1880
Paris f 1» ttiitiîïiss. Dêiàrîemënts et Gares ^*t> centimes.
Douzième année. Deuxième Série. Numéro 42Î
ARTH-UR MEYER
D i r c«e t e a f
1, J. COKNÉLY
Secrétaire de la Rédaation
ABONNEMENTS
P,ar,~s Trois mois. q3 fr.'S0
DÉPARTEMENTS: Trois mois 3G ir· »
ARTHUR R&EYE8
Directeur r
J. COKNÉLY
Secrétaire de la Rédaction
ANNONCES -̃ ..̃̃ ,>.
JIM, Ch. Lagrange, CerT et "C'««"' V
S, place; de LA bourse, 6 ^xrr– ï**»-^
Et à l'Administration du. Journal i;Ç)VjJ t^
^ADMINISTRATION /> y-, 1
16, rùè cîe§j» Grange-Batelière, à l'entarëipl "s i H i
VDE DIX HEURES A Ci.NQ HEURES
Abonnements: les 1" et 18 de chaque mois ,V7
X •' '̃̃>*̃>
RÉDACTION
16, rue de la Grange-Bateiière, à l'entresol
DE DEUX HEURES A MINUIT r
Les manuscrits ne sont pas rendus
f~ TJTT~ f~~T~T T IP
CHRONIQUE
UN MIRACLE
Depuis quelques jours, je. suis littéra-
lement obsédé par une' hallucination
bizarre! Il me semble voirBl. Jules
Ferry avec salace de marron sculpté,
son nez composite et ses illustres favoris
de garçon de restaurant à trente-deux
sous enlevé vers TEmpyréo dans une
Gloire, la tête entourée d'une auréole
éclatante, et escorté d'un chœur d'ar-
changes chantant ses louanges sur la
harpe et le psaltcrion.
Quelques esprits superficiels vont peut-
être inférer de cet aveu que je marche à
grand pas dans cette voie, hélas trop fré-
quentée, qui a conduit le pauvre Gil-
Pérès jusqu'aux sombres régions de la t
démence. Ce serait un jugement témé-
raire. La vision saugrenue dont je viens
de parler n'est que la résultante d'une
série de déductions assez logiques et
vous serez de mon avis pour peu que
vous preniez la peine de suivre mon rai-
sonnement
̃ ;;f,
Un des dictons favoris de nos pères en
habit bleu-barbeau à boutons d'or, fut as-
surément celui-ci
Le voltairianisme a jeté de telles ra-
cines dans le cœur de la France, qu'il ne
pourrait être détruit même par un homme
qui aurait autant d'esprit què Voltaire.
Tel habit bleu-barbeau soupirait mélan-
coliquement cet aphorisme; tel autre le
sonnait comme une fanfare; mais tous
les habits bleu-barbeau étaient d'accord
sur le fond, et jusqu'en 1880 oii a pu
constater qu'ils étaient dans le vrai.
Entendons-nous, d'ailleurs, sur ce qu'est
est le voltairianisme
Le yoltairiauisme-n'est pas l'incroyance;
Vol! aire serait une espèce de cagot au-
près des modernes pitékanthropes. et, bien
qu'on l'ait souvent appelé « singe.de gé-
nie », il ne fut pas leur ancêtre. Comme
historien et comme philosophe, il-, n'a
exercé aucune durable influence, et ceux
qui, à l'heure actuelle, affectentd'ètre ses
fanatiques seraient les premiers à refuser
de prendre au sérieux son déisme vague
et contradictoire et ses appréciations his-
toriques absolument fantaisistes; comme
styliste, il ne fait malheureusement plus
école, et il y a loin de sa phrase étince-
lante, pimpante et cavalière, aux empâte-
ments, aux pesanteurs, aux truculences
de la littérature que le public actuel ad-
mire. en bâillant! Quant aux grâces
mondaines du chambellan de Frédéric,
elles sont aujourd'hui bien fanées et ch-3-
vi'otantes Essayez d'envoyer un madri-
gal dans le genre de Voltaire à quelque
jolie comtesse de la rue de Varenne ou à
quelque belle-petite du boulevard M'a-,
lesherbes l'une sourira en levant dou-
cement ses blanches épaules l'autre
vous répondra par un Oh\ la lai des
mieux sentis.
Qu'est-ce donc que le voltairianisme?
C'est tout simplement la manie défiante
et railleuse contre tout ce qui se rattache
au prêtre et surtout au moine.
C'est le sentiment, poussé au gâtisme,
qui porte les habitués du Rat-Mort ou
du Crapaud- Volant à s'esclaffer de rire
en présence de dénominations comme le
Sacré-Cœur,\es Oblats ou les Pères du
Sain t-Saereinent
Qui inspire aux ehie-cn-lit, ornés aux
fêtes nationales d'un bonnet phrygien en
papier, de mordantes plaisanteries sur
« la calotte »;
Qui induit tant de vieux poussons et
tant de jeunes Alphonses de barrière à
s'élever vertueusement contre la morale
relâchée du Père Suarès
Enfin, qui décide le citoyen Camille Pel-
letan, athée fanfaron et tapageur, à s'ap-
puyer sur le fanatique et ascétique Biaise
Pascal pour contaminer les doctrines des
disciples de Loyola.
Et n'oublions pas que cette espèce d'é-
pizootie voîtairienne ne sévissait pas uni-
quement dans les régions particulières
où fleurissent les bousingots ellcne se
limitait pas même à ce milieu bourgeois
et ventru dont, le Homais de Gustave
Flaubert est le type parfaitement réussi.
Il n'est pas de lèvres habituées aux pate-
nôtres qui, a un moment donné, n'aient
été quelque peu plissëes par le sourire
voltairien. L'épithcte de « sacristain » et
la qualification de « jésuite» sonnaient L
mal parmi les cléricaux eux-mêmes, et,
lorsque ce gros bouledogue de Crétineau-
Joly entreprit son apologie de la compa-
gnie fondée pat- Ignace de Loyola, le ba-
ron Dudon, catholique très accentué, lui
écrivait
« Vous vous lancez dans une terrible
afhire, mon bon ami. Passe pour être
royaliste. mais ami des Jésuites! Y
songez-vous?. Il vous faudra renoncer
aux boulevards que vous aimez tant, et
aux coulisses de l'Opéra que vous ne dé-
testez guère »
,ç,~
Il est bien certain que, depuis la fin du
dix-huitième siècle, la défense, l'apolo-
gie, le respect affichés des moines en gé-
tiéral et des Jésuites en particulier étaient
incompatibles avec toute espèce de suc-
cès mondain, toute sorte d'attitude pa-
risienne, tout genre de fréquentations à a
la mode. La réaction catholique de 18 i8
n'y avait point fait grand' chose. On étu-
diait dans les collèges de Jésuites, mais,
tout en profitant de leur instruction in-
génieuse et solide, on les tenait à quel-
que distance, à moins, d'entrer complète-
ment et sans restriction dans la quintes-
cence du monde dévot.
Quel royaliste ultra, lecteur du Dra-
peau blanc et terreur des officiers en de-
mi-solde, eût osé protester, dans la rue,
sous la Restauration, contre l'expulsion
des Jésuites obtenue par les libéraux en
dépit de Charles X?.
Et, lorsqu'on annonça que les décrets
du 29 mars allaient être exécutés, les /icw-
nestes gens que l'opportunisme écœure et
indigne prévoyaient-ils guère autre chose
que la timide et platonique protestation
de quelques bonnes âmes protestation
dont on parlait avec de mélancoliques
sourires?.
**# ̃
Et. cependant, sans rappeler les magni-
fiques et formidables manifestations de
l'Ouest et du Midi, sans insister au sujet
des démissions en masse de grands et
petits fonctionnaires dont quelques-
uns bravent la faim et la misère immé- i
diates,, n'avons-nous pas vu, tout à
̃ coup-, du jour au lendemain, tout ce qu'il
y a de vivant, de fringant, d'élégant, de
parisien dans Paris protester, par les cris
ou par la plume, par le rire et par l'ob-
jurgation, par le mot ou par la canne,
contre ce crochetage officiel dont le nom,
désormais impérissable, imprime au front
de l'opportunisme un indélébile cachet
d'odieux et de ridicule?
Ce n'est plus seulement dans le monde
dévot que les Jésuites éternels persiflés ̃depuis Voltaire, ont
trouvé des amis et des défenseurs. C'est
dans les salons et dans les ateliers, dans
les cafés et dans les coulisses. Ils ont
'Paris pour eux, et on n'a pu leur trouver
des insulteurs même parmi leurs ennemis
des faubourgs. Pour les faire outrager
dans la rue, leurs persécuteurs officiels
ont dû payer trente sous par tête quel-
̃ ques vagabonds et quelques pierreuses!
Ce terrible rire lrançaù qui d'ail-
leurs fut parfois si niais, s'est lassé
de s'attaquer à la calotte et à la cagoule.
Le vaudeville se tourne contre les anciens
malins, et les mots de « serrurier.» ou de
erochèteur » lancés au théâtre excite
des bravos qui tombent sur les épaules
du gouvernement républicain comme
une incomparable volée de bois vert.
/_=.. #*#̃ iit- ̃•
La crise est caractéristique et semble
définitive. Désormais les vieilles rengai-
nes contre les moines seront accueillies
comme des propos de vieillard en enfance.
Le voltairianisme ou pour mieuxdire,
la seule maladie que nous eût décidément
laissée Voltaire, va rejoindre les vieilles
lunes et les neiges d'autan. C'est une vé-
ritable transformation de l'esprit fran-
çais, et en particulier del'csprit parsisien.
La libre-pensée elle-même protège les
« hommes noirs », et bientôt peut-être
cette défiance idiote du Jésuite que nos
pères croyaient inarrachable du cœur de
a France ne sera plus que le triste apa-
nage de ce pauvre M. Deschanel.
Que s'est-il donc passé ? Aurait-il surgi
un homme qui ait plus d'esprit que Vol-
taire'? Nous craignons bien que non.
mais il a surgi un pauvre d'esprit.
Ce pauvre d'esprit, c'est M. Jules
Ferry!
Ce que n'avaient pu détruire ni le génie
de Chateaubriand, ni ia logique de de Mais-
tre, ni l'éloquence de ̃ Lucordaire, ni la
verve de Louis Veuillot, l'éminenlc sottise
de M. Jules Ferry l'a dispersé à tous les
vlhts du ciel ou plutôt à tous les souffles
du sifflet. 0 insondables décrets des des-
tinées- Nos pères auraient-ils prévu
cela?. Ils défiaient le génie de faire taire
le ricanement du vieil Àrouet, et ils
avaient raison. Le génie restait impuis-
sant. Mais ils ne comptaient pas sur la
force de la sottise, et surtout ils n'imagi-
naient pas qu'il put se produire un sot
aussi sot que M. Jules Ferry
**#
Le jour où cet homme prodigieux s'est
présente à la France attentive et a dit
« Le voltairianisme, c'est moi C'est
moi qui vais donner une solution prati-
que et définitive à la haine du prêtre et
du moine. » le ricanement voltairien
s'est changé en rire gaulois, et la France
s'ost Écri^
Mais alors, le voltairianisme est
odieux et idiot; mais alors la haine du
prêtre et du moine est une ineptie sau-
nage et grotesque!
La France avait du. elle ne pouvait
plus douter! La figure de M. Jules
Ferry était une démonstration vengeresse
et ses procédés d'inéluctables arguments.
Cet homme est venu à l'heure juste et a
agi comme il le fallait.
L'élan de la sottise était donné; ses
auxiliaires ont procédé au .croclieiage
avec un luxe inouï d'ignominie et de ri-
dicule..11 fallait que ce fût uh Ferry
qùieùt créé la note initiale de ces sinis-
tres calinotades! ̃.<
Les assassins de la Commune n'avaient
guère plus de scélératesse, et le drame les
sauvait du rire. Ces processions de pré-
fets et de serruriers; ces garnisons mises
sur pied pour arrêter quatre vieillards;
cette « foule sympathique » triée parmi
les casquettes à trois ponts, et ces parti-
sans des lois existantes, souteneurs de
filles et de gouvernements démocratiques,
tout cela est d'un ridicule inénarrable et,
pour ainsi dire, surhumain.
Eh bien je reviens à mon point de dé-
part.
Il me semble impossible que l'homme
qui a fait ce miracle de détourner contre
le voltairianisme même le rire français,
le rire parisien, ne soit pas un jour ré-
compensé de ce prodigieux travail, au-
près duquel les. douze. ou treize tra-
vaux d'Hercule ne sont que des jeux d'en-
fants!
On sait bien que « Celui qui règne dans
les cieux et de qui relèvent tous les em-
pires », comme dit Bossuet, emploie sou-
vent au bien les instruments les plus
vils.
Mais dans ce cas particulier1, l'instru-
ment a été d'un emploi merveilleux et -a
droit à une transformation.
Pieuses gens, qui apprécierez un jour
le bien que M. Jules Ferry a fait au. sens
moralcie la France, priez" pour ce pauvre
persécuteur!
Priez pour qu'il mesure l'étendue de sa
sottise et de sa plate méchanceté. A fran-
chement parier, amis chaleureux ou même
tièdes, du culte catholique, vous lui de-
vez bien cela! 1
Il y a des moments où nous serions
tenté de désirer la canonisation de cet
homme après sa conversion, bien en-
tendu
Et c'est à force de songer à ces- choses
que l'image de Ferry, montant vers l'Em-
pyrée, nous poursuit et nous obsède.
*Et c'est pour cela que, tout en sifflant
de toutes nos forces de cuistre béni, ce
précieux goujat, ce bienfaisant malan-
drin, nous nous surprenons à rêver son
apothéose avec accompagnement de
harpes et de psaltérions
Quant à son exécuteur des hautes-œu-
vres, le citoyen Constans, il n'a pas en
cette occurehee la gloire de l'initiative.
Sans les bêtises de M: Jules Ferry, ce
prudent enfant de la Garonne ne se serait
probablement pas mis dans un pareil
guêpier. Il n'a donc droit à aucune ré-
compense. Qu'il reste dans son infamie.
et qu'il reto.urne à Barcelone. C'est dans
cette ville seulement qu'il fut à sa place.
Il peut, d'ailleurs, emporter avec lui le
bonnet pliygien qu'il a voulu opposer à
la « calotte ». Aucun pavillon n'est plus
digne de couvrir sa marchandise
SIMON BOUBÉE
»–
Echos de Paris
AUJOURD'HUI
A une heure et demie, rue Raynouard, io,
bénédiction solennelle des Ecoles chrétiennes
de la paroisse, par Mgr Richard.
A une heure et demie, salle Graflard, con-
férence du citoyen Ilumbcrt.
i Esplanade des Invalides, grand concours
d'aérostation avec régates aériennes.
A deux heures, au cirque Fernando, grande
réunion privée organisée par la Lanterne^
Le citoyen Yves Guyot, conseiller munici-
pal, traitera la question Suppression du
budget des cultes, séparation de l'Eglise et de
l'Etat.
Paraît chez Charpentier, les Horizons bleus,
poésies de Georges Nardin.
PETITE GAZETTE DES ÉTRANGERS
A deux heures, courses à Autouil.
Des matinées auront lieu
A la Comédic-Fran<;aisc, le Ltd, le MeHecit
meelorê lui.
A l'Opéra-Comiqiic. Le Postillon de Lonju-
meau, le Déserteur.
A rodéon.– Charlotte. Cordai/.
Au Gvmnase, la Papillonna;
A la R naissance, Belle-Lurette;
Au Vaudeville, les Grands^ Enfants;
Aux Variétés, la l'emme à papa;
Au Palais-Hoyal, les Diables rotes;
A la Porte-Saiat-Martin, Arbre de Noël;
A l'Ambigu, Diana
Aux Nations, les Nuits du ùp'Uevard;
\ux Nouveautés, la Cantinière.
Aux Bouffes-Parisiens, les Mov.sqtieiffli.ras au
BOlLOC7Li
Aux Folies-Dramatiques, le Beau Nicolas;
A^Déjazet, la Tarentule;
Au Cirque-d'Hiver, concert populaire.
Au Chàtelet, concert do l'Association arusu-
que. '1.
^Kobcrt-HoucVn.– Prestidigitations variées.
A l'Hippodrome, inauguration des conosi'ls et
promenades (saison d'hiver) à une heure et do-
tnia.
A six heures, dîner au Grand-Hôtel.
MENU
Potage tnpioca au consommé
Hors-d'œuvro
Truite saumonée du lac do Génère, sauce
pjnevoiso
Pommes de-terre à l'anglaise
Fi'ct do bœuf à la parisienne
Poularde à la piéniontaiso
Fa'sans bardés sur croustade
Salade
Petits pois à la français
Pudding de b'ioches à la vanille
Glace, parfait au café
'Dessert
Le SOII'
Comédie -Franraisa. Mademoiselle de la
Sei-glicre. Rideau à 8 heures.
LA POLITIQUE
Après s'être congratulés de k grande
victoire remportée" la veille par le gouver-
nement et de ia décision du tribunal des
contlits, les ministres, réunis en conseil
chez M. Grévy, ont écouté hier la lecture
du programme que M. Ferry adressera
aux Chambres.
M. Ferry expose dans ce document que,
le gouvernement ayant exécuté les dé-
crets, étant sur le point de rappeler son
escadre d'Orient, et présentant une loi
sur l'instruction primaire, il n'y a pas de
raison pour que les Chambres refusent
leur confiance au ministère nouveau qui
se présente devant elles.
Demain, nouveau conseil pour approu-
ver le texte définitif de la déclaration
gouvernementale.
La Corse est le seul département fran-
çais qui n'ait pas reçu jusqu'à ce jour la
visite des crocheteurs officiels. 11 y existe
pourtant plusieurs couvents de Capucins,
de Rêdemptoristes, et, entre autres, le.
couvent de Corbara où est interne,
comme on le sait, le P. Didon.
Une difficulté assez sérieuse se présen-
tera, pour le gouvernement, le jour où il
voudra procéder à l'exécution des dé-
crets.
Presque tous les couvents corses sont
habités par des religieux de nationalité
italienne que leur gouvernement entre-
tient dans l'île.
11 faudra donc agir avec la dernière
prudence pour ne pus susciter des em-
barras diplomatiques.
D'ailleurs, la population corse, qui aime
ses couvents, ne se prêtera pas aux ca-
prices de nos gouvernants.
Un haut personnage, très en situation
d'être bien informé, nous affirme que
M. le comte de Mouy, le nouveau ministre
à Athènes, a reçu presque textuelle-
ment les instructions suivantes, qu'il
doit répéter officieusement aux ministres
^recs
° « Le gouvernement français a fait tout
ce qu'il a- pu pour la Grèce et lui conserve c
toute sa sympathie. S'il n'a pas été plus
loin dans cette voie, c'est à cause de sa
politique intérieure. Mais que la Grèce
se rende bien compte que la France a
rayé le carreau avec un diamant. C'est
maintenant au tour de la Grèce à pousser,
et le carreau cédera sans difficulté. »
LE MONDE ET LA VILLE
Une question au général Farre
Est-il vrai que le gouvernement serge
à faire frapper une médaille commémo-
rative de l'effraction des couvents ? Cette
médaille serait distribuée aux commis-
saires de police, agents, pompiers, et à
tous ceux qui ont participé à ce haut fait,
et l'insigne en serait porté comme ies
médailles de Crimée et d'Italie sur la
poitrine.
Voilà un ordre dont MM. Clément, Du-
lac et le serrurier Brochard pourront as-*
sûrement être nommés grand-croix.
Hier, chez M. Emile de Girardin, dé-
jeuner politique assez important, auquel
assistait M. Bradlaugh.
La conversation a naturellement roulé
sur la grande question à l'ordre du jour
l'exécution des décrets, et on a beaucoup
parlé à M. Bradlaugh de la conversation
qu'il avait eu la veille avec un rédacteur
du Gaulois.
Elle est exacte de tout point, a-t-il
dit, c'est presque de la sténographie ré-
sumée, sauf un mot cependant, .le n'ai
pas, en parlant de l'exécution du matin,
dit qu'elle était abominable. Je ms suis
servi du mot ridicule.
Ridicule ou abominable ? Lequel pré-
fère M. Ferry? a
M. Amédée Gayot, sénateur de l'Aube
et président du conseil général, qui
vient de mourir, était âgé de soixante
quinze ans.
Les électeurs de Troyes l'arrachèrent
au barreau pour l'envoyer à la Consti-
tuante, où il siégea dans le parti républi-
cain modéré. Non réélu à la Législative,
il rentra dans la vie privée et ne reparut
qu'en 1871, à l'Assemblée nationale. Mem-
bre du centre gauche, il fit, dès 1873, une
déclaration républicaine, et ses votes
successifs lui valurent d'être porté aux
élections sénatoriales du département il
l'ut nommé avec une forte majorité le
premier des deux élus.
Hier matin ont eu lieu, à l'église Saint-
Sulpice, au milieu d'une foule nombreuse
de parents et d'amis, les obsèques de
M. Atné, lils du directeur général des
douanes.
Le mot de suicide avait été un instant
prononcé. Renseignements pris, M. Aîné
fils a succombé, mercredi dernier, à une
congestion cérébrale, se trouvant en voi-
ture.
Réunion de chasseurs d'élite, avant
hier, chez le comte. Raphaol Cuhen d'An-
vers, aux Bergeries.
Neuf très bons fusils ont pris part au
tir S. À. le prince Murât, MM. le prince
de .Qeauvau, baron Gourgaud, comte de
Oamondo, Henri Chevreau, vicomte de
Janzc, Roussel et Maurice Ephrussi.
Dépêche do Bruxelles
La nomination du nouveau ministre de
la guerre a été arrêtée aujourd'hui en
conseil des ministres. `
Le choix s'est porté sur M. le général
Gratry, âgé de cinquante-huit ans, ancien
directeur du génie, et gouverneur mili-
taire du Brabant.
Les pornographes continuent à abuser
de la loi sur îe colportage.
Des marchands ambulants vendent,
dans les brasseries du quartier Latin, de
petites brochures immondes dont la pu-
deur la plus élémentaire nous interdit de
donner même le litre.
Pas de nom d'auteur, bien entendu, et
l'imprimeur Vvatterpown, qui les édile, a
eu bien soin de ne pas joindre à son nom
son adresse.
Nous savons de source certaine que le
ministre de l'intérieur a autorisé le pré-
fet de police à user en ce qui concerne
les publications pornographiques de
l'article 10 du code d'instruction crimi-
nelle, et à saisir préventivement toutes
ces immondices.
Maintenant que la police n'a plus le
moindre congrégunisle à expulser, espé-
rons qu'elle va songer un peu à sauve-
garder la morale publique.
Le remarquable tableau de M. Roil, la
Fête de Silène, exposé au Salon de 1878,
vient d'être acquis par la ville de Gand,
pour être placé dans une des galeries du
musée, si riche en chefs-d'œuvre des
vieux maîtres flamand».
Messieurs les sculpteurs, dessinateurs
et architectes français, à vos pièces
Le gouvernement italien vient d'insti-
tuer un concours pour élever un monu-
ment à la mémoire de Victor-Emmanuel,
libérateur de la patrie et fondateur de son
unité. »
Tous les artistes italiens et étrangers
peuvent concourir.
Vos devis peuvent s'élever jusqu'à con-
currence de neuf millions de francs.
Des prix de 50,000, 30,000 et 20,000
francs seront décernés aux auteurs des
trois meilleurs projets.
Le concours sera clos, à cinq heures de
l'après-midi, le 23 septembre 1881.
Messieurs les sculpteurs, dessinateurs
et architectes français, à vos pièces
Il vient de paraître un roman de Char-
les Mérouvcl, la Maîtresse de monsieur
le ministre. Ce titre a donné lieu h des
interprétations tout aussi erronées les
unes que les autres.
Si l'auteur a prétendu désigner quel-
qu'un, ce n'est pas, comme on le dit, un
ministre d'avant-hier, mais bien un mi-
nistre d'hier.
Le 26 avril 1848, à Bourges, dans une
réunion politique ayant pour objet 1 élec-
tion de F. Pyat, on adressa cette inter-
pellation au "futur rédacteur de la Com-
mune
Citoyen, nu bruit malveillant court
dans la ville et dans nos campagnes on
dit je sais le contraire que vous êtes
communiste,
Citoyen, je ne suis pas commu-
niste, parce que je suis républicain le
communisme est tout l'opposé du répu-
blicanisme.
Comme on change, cependant
NOUVELLES A LA MAIN
La tante Ursule à son neveu Gaston
Eh bien mauvais sujet, es-tu tou-
jours aussi coureur, aussi libertin ?
Rassurez-vous, ma tante; je me
suis rangé. j'ai une maîtresse
GuyBollard, qui adore les voyages, s'ef-
force de convertir à sa passion un de ses
amis, homme des plus sédentaires.
Enfin, s'écrie Guy Bollard comme
argument suprême, quand on voyage, il
y a-deux jours d'une douceur ineffaçable:
le jour où l'on part, et le jour où l'on re-
vient
Sur les boulevards extérieurs.
Un monsieur et une dame passent, de-
vant le bal de la Reine-Blanche, à côté
d'un Alphonse.
Tout à coup, le monsieur s'exclame
Vous avez craché sur la dame que
j'avais h mon bras L
Tiens, fait l'autre, j'ai cru que c'était
ma sœur.
C'est différent. Voici mon adresse.
Nous nous mettons à table à six heures.
Votre couvert sera- toujours mis.
UN DOMiNQ.
lVlCON 0 Â M N É; J
PAR LE TRIBUNAL DES CONFLITS
Voilà! On ne prend jamais assez de
précautions.
On soustrait à leurs juges naturels les
citoyens qu'on persécute.
On suspend en France la liberté et les
lois. On suspend le cours de la justice.
On se conduit comme de petits Domi-
tiens et on s'imagine que, parce qu'on a
organisé une vaste machine avec des ser-
ruriers, des pompiers et des agents de
police pour base et le tribunal des con-
flits pour couronnement de l'édifice, on
est bien en sûreté.
On met à son garde des sceaux un habit
noir et une cravate blanche, et on l'en-
voie présider le tribunal des conflits, et,
comme on est sûr que ce tribunal est
partagé en deux moitiés, l'une qui rend
des arrêts, l'autre oui rend des services,
l'une qui vote avec le gouvernement,
l'autre qui vote avec l'équité et la jus-
tice, on se dit que la voix de l'illustre
Gazot sera prépondérante.
On se dit qu'en fait cet ancien répé-
titeur de droit jugera TOUT SEUL, con-
tre la magistrature française tout entière,
contre vingt tribunaux, contre deux
mille avocats, contre la plus grande il-
lustration du droit moderne, contre De-
molombe, dont ledit Cazot a passé sa
carrière à faire répéter les leçons, et on
est bien tranquille.
En effet, tant de précautions liberlici-
des produisent leurs résultats naturels
le tribunal des conflits donne raison au
gouvernement.
En d'autres termes
CAZOT JUGEANT CAZOT DOINÏN'E RAI-
SON A CAZOT. y
Et au moment où on va faire avalera ce
bon pays ce magnifique tour de passe-
passe, patatras! tout croule.
Le tribunal des conflits lui-même se
désagrège. Les mains de ses juges infli-
gent un colossal soufflet au. gouverne-
ment, en train d'essuyer sur sa joue la
trace des soufflets antérieurs.
MM. Tardif et de Lavenay viennent de
donner leur démission, pour les motifs
que M. Tardif expose dans la lettre sui-
vante, adressée au garde des sceaux
Monsieur le garde des sceaux,
Ne voulant pas que mon nom soit attaché à
des décisions qui blessent ma conscience de
magistrat, en consacrant des mesures que je
considère comme illégales, et que ma signa-
ture se trouve au bas de celles qui .seraient t
rendues à mon rapport, j'ai l'honneur, de
vous adresser ma démission de membre du
tribunal des conflits je fais remettre au se-
crétariat du tribunal le dossier des affaires
dont j'étais rapporteur.
Je suis, monsieur le garde des sceaux, votre
très humble serviteur.
C. Tardif.
6 novembre 1S80.
Or savez-vous ce que c'est que M. Tar-
dif et M. de Lavenay?
M. Tardif est un ancien conseiller à ia
cour de cassation
M. de Lavenay est un ancien président
de section au conseil d'Etat.
MM. Tardif et de Lavenay avaient été
choisis par le tribunal des conflits lui-
même, qui les considérait par conséquent
comme la plus haute personnification de
la justice française.
Et M. Germe!?
M. Gomel, choisi par le gouvernement
lui-même comme commissaire,- venant j ¡
dire comme il l'a dit hier
Dieu veuille que ces deerels ne soient
pas une œuvre impolitique
Est-ce assez complet ? r
Ce gouvernement de crocheteurs qui a
la puissance et les fusils, a-t-il assez
perdu la considération publique et 1 au-
torité morale ? r
Est-il assez condamné par le droit, par
l'équité, par la conscience humaine?
Y eut-il jamais triomphe plus pitoya-
ble, victoire plus, honteuse, gouverne-
ment plus décrié ? cosri~e~.
J. CORNÉLY.
CHRONIQUE DE SPORT
Chargé par !a Direction d'écrire tous les
jours, à partir d'aujourd'hui une « Chro-
nique de Sport » au Gaulois, je viens, non
pas faire à mes lecteurs do pompeuses pro-
messes, mais leur exposer tout simplement
mes modestes projets.
Jusqu'ici, la direction n'avait pu consacrer ia
cette rubrique autant de place qu'elle le dési-
rait dorénavant, une plus grande extension
lui sera donnée, et toutes les branches de
sport actuellement en honneur auront suc-
cessivement leur tour, les courses aussi bien
que le Roving, le Yachting, la chasse, le tir
aux pigeons, etc. Inutile de dire que je ferai
do mon mieux pour renseigner eu toutes
choses nies lecteurs le mieux et le plus
promptement possible.
Enfin, puisqu'il est do mode aujourd'hui de
faire des « pronostics » pour les courses, il
me faudra bien en faire aussi. Mais je tiens
beaucoup à ne pas ma poser en prophète. Je
serai évidemment oblige, après avoir exa-
miné plus ou moins longuement les chances
do chacun, d'en arriver à une conclusion;
mais j'entourerai cette appréciation de toutes
les réserves imaginables, en me gardant soi-
gneusemeut de ce que les grands tipsters dc-
bitent à leur clientèle ordinaire sous l'appel-
lation étrange de quasi-certitudes.
Un plus long préambule mosembleraithors
de propos jo préfère que l'on me juge à
l'œuvre.
RICHARD LUMLEY
̃
Ul LETTRE DE M. FÉLIX PYAT
A John Brassjiekl esquire.
Londres.
Cher Brassfield,
Vous me demandez ce que je deviens.
Hélas je me fane, je m'étiole, je meurs.
L'amnistie a brisé ma vie; la faiblesse du
gouvernement découronne ma carrière.
La nature, vous le savez, m'a créé pour
la fuite. Bière généreuse, elle m'a prodi-
gué ses dons à cette fin spéciale. Mes
jambes, longues et grêles, font du che-
min en peu de minutes; mon pas est élas-
tique et silencieux mon dos se plie, se
courbe à volonté; personne, en Europe, ne
rase les murailles comme moi, et j'excelle
à modifier ma physionomie selon le temps,
le lieu et les circonstances. Je ne dors
que d'un œil, et, dans les cas périlleux,
mon instinct me pousse inévitablement à'
prendre la large.
Aussi mes "contemporains m'ont -ils
surnommé « le lièvre de la démocratie ».
Les grandes dates de ma vie rappellent
d'héroïques fuites. Eh qui pourrait
m'en blâmer? Les socialistes me pre-
naient pour chef et pour drapeau. Le de-
voir d'un chef n'est-il pas toujours et
quand même do sauver le drapeau
Aujourd'hui, mon ami, mes facultés
maîtresses restent sans emploi. J'attaque
à tort et à travers, j'insulte, je menace
je compte qu'un homme de cœur indigné
me viendra couper les oreilles, et alors
(mon cœur bondit de joie à cette espé-
rance) quelle fuite, Brassfield, quelle
fuite épique
Biais non, l'opportunisme abaisse tous
les caractères; les Français n'ont plus de
sang dans les veines.
Le gouvernement lui-même m'assigne,
me traîne en justice, me fait condamner
mais nul gendarme ne m'appréhende, et
je dois convenir qu'aucun péril sérieux
ne me menace. Aussi, cher ami, j'ai pris
un parti que peut-être vous n'approuve-
rez point, mais je ne puis trouver mieux.
Je me fais supplier par mes abonnés de
prendre la fuite. La Marseillaise de ce
matin publie un certain nombre de lettres
signées par de parfaits socialistes, et tou-
tes m'.adjurent de sauver ma personne,
de la protéger en fuyant les menaces d'un
pouvoir oppresseur.
Fuir! à ce mot, mon vieux sang s'al-
lume, comme celui d'un soldat au
souvenir d'une bataille! Toute ma vie
passée, toute ma jeunesse se déroule à
mes yeux ravis. Je suis heureux!
Votre affectionné.
FÉLIX PYAT.
P. -.S". Grand Dieu! on m'apprend
que lé gouvernement se prépare à me
gracier. Il me faut le prévenir, déjouer
ses projets. Je fuis ce soir même, demain
peut-être il serait trop tard.
LA JOURNEE PARISIENNE
Âlatiaiue la co»i.'csse de la Vcrdttrettc,
château de la Verdiiretlc
par Ffè-lc-Chàlel
(Sarlhe).
6 novembre.
Je vous plains, chérie, de toutes la force de
mon âme, et je conviens que la mort du pau-
vre Bazile a dû beaucoup vous affliger. Un si
fidèle serviteur! et si vieux! C'est navrant.
On finit par s'attacher à ces dévoués, et, quand
ils disparaissent, il semble que c'est quelqu'un
de la famille qui s'en va, Pauvre Bazile, je
vois encore sa grande carcasse maigre, son
pantalon de cuir fauve, formant guêtre, et sa
moustache épaisse et rude couvrant sa lèvre!
Quand il m'accompagnait à la chasse, on tût
dit que c'était la Vierge qu'il suivait. Avec
quel respect, à chaque faisan manqué, il me
disait, en remettant des cartouches dans mon
fusil « Madame la. comtesse n'épaule pas as-
sez: si madame la comtesse daignait épauler
un peu plus, madame la comtesse ne man-
querait pas un epup.» Pauvre Bazile
Si vous êtes triste à la Verdurette, chère
mignonne, croyez que nous ne sommes pas
gais à Paris. Moi, si peu soucieuse de la poli-
tique, je ne vois plus que cela autour de moi,
je n'entends plus parler que de cela, bour-
donner autour de moi. Vraiment, je com-
mence à avoir peur, je me dis qu'après les
Caoucins ce .sera peut-être notre tour, et que
nous verrons passer dans les rues les char-
rettes sanglantes, et se dresser sur nos places
le profil effrayant de la guillotine. Vous n'a-
vez pas idée, ma chère amie, de ce gui se
passe ici. Cela n'a pas de nom, c'est mons-
Paris f 1» ttiitiîïiss. Dêiàrîemënts et Gares ^*t> centimes.
Douzième année. Deuxième Série. Numéro 42Î
ARTH-UR MEYER
D i r c«e t e a f
1, J. COKNÉLY
Secrétaire de la Rédaation
ABONNEMENTS
P,ar,~s Trois mois. q3 fr.'S0
DÉPARTEMENTS: Trois mois 3G ir· »
ARTHUR R&EYE8
Directeur r
J. COKNÉLY
Secrétaire de la Rédaction
ANNONCES -̃ ..̃̃ ,>.
JIM, Ch. Lagrange, CerT et "C'««"' V
S, place; de LA bourse, 6 ^xrr– ï**»-^
Et à l'Administration du. Journal i;Ç)VjJ t^
^ADMINISTRATION /> y-, 1
16, rùè cîe§j» Grange-Batelière, à l'entarëipl "s i H i
VDE DIX HEURES A Ci.NQ HEURES
Abonnements: les 1" et 18 de chaque mois ,V7
X •' '̃̃>*̃>
RÉDACTION
16, rue de la Grange-Bateiière, à l'entresol
DE DEUX HEURES A MINUIT r
Les manuscrits ne sont pas rendus
f~ TJTT~ f~~T~T T IP
CHRONIQUE
UN MIRACLE
Depuis quelques jours, je. suis littéra-
lement obsédé par une' hallucination
bizarre! Il me semble voirBl. Jules
Ferry avec salace de marron sculpté,
son nez composite et ses illustres favoris
de garçon de restaurant à trente-deux
sous enlevé vers TEmpyréo dans une
Gloire, la tête entourée d'une auréole
éclatante, et escorté d'un chœur d'ar-
changes chantant ses louanges sur la
harpe et le psaltcrion.
Quelques esprits superficiels vont peut-
être inférer de cet aveu que je marche à
grand pas dans cette voie, hélas trop fré-
quentée, qui a conduit le pauvre Gil-
Pérès jusqu'aux sombres régions de la t
démence. Ce serait un jugement témé-
raire. La vision saugrenue dont je viens
de parler n'est que la résultante d'une
série de déductions assez logiques et
vous serez de mon avis pour peu que
vous preniez la peine de suivre mon rai-
sonnement
̃ ;;f,
Un des dictons favoris de nos pères en
habit bleu-barbeau à boutons d'or, fut as-
surément celui-ci
Le voltairianisme a jeté de telles ra-
cines dans le cœur de la France, qu'il ne
pourrait être détruit même par un homme
qui aurait autant d'esprit què Voltaire.
Tel habit bleu-barbeau soupirait mélan-
coliquement cet aphorisme; tel autre le
sonnait comme une fanfare; mais tous
les habits bleu-barbeau étaient d'accord
sur le fond, et jusqu'en 1880 oii a pu
constater qu'ils étaient dans le vrai.
Entendons-nous, d'ailleurs, sur ce qu'est
est le voltairianisme
Le yoltairiauisme-n'est pas l'incroyance;
Vol! aire serait une espèce de cagot au-
près des modernes pitékanthropes. et, bien
qu'on l'ait souvent appelé « singe.de gé-
nie », il ne fut pas leur ancêtre. Comme
historien et comme philosophe, il-, n'a
exercé aucune durable influence, et ceux
qui, à l'heure actuelle, affectentd'ètre ses
fanatiques seraient les premiers à refuser
de prendre au sérieux son déisme vague
et contradictoire et ses appréciations his-
toriques absolument fantaisistes; comme
styliste, il ne fait malheureusement plus
école, et il y a loin de sa phrase étince-
lante, pimpante et cavalière, aux empâte-
ments, aux pesanteurs, aux truculences
de la littérature que le public actuel ad-
mire. en bâillant! Quant aux grâces
mondaines du chambellan de Frédéric,
elles sont aujourd'hui bien fanées et ch-3-
vi'otantes Essayez d'envoyer un madri-
gal dans le genre de Voltaire à quelque
jolie comtesse de la rue de Varenne ou à
quelque belle-petite du boulevard M'a-,
lesherbes l'une sourira en levant dou-
cement ses blanches épaules l'autre
vous répondra par un Oh\ la lai des
mieux sentis.
Qu'est-ce donc que le voltairianisme?
C'est tout simplement la manie défiante
et railleuse contre tout ce qui se rattache
au prêtre et surtout au moine.
C'est le sentiment, poussé au gâtisme,
qui porte les habitués du Rat-Mort ou
du Crapaud- Volant à s'esclaffer de rire
en présence de dénominations comme le
Sacré-Cœur,\es Oblats ou les Pères du
Sain t-Saereinent
Qui inspire aux ehie-cn-lit, ornés aux
fêtes nationales d'un bonnet phrygien en
papier, de mordantes plaisanteries sur
« la calotte »;
Qui induit tant de vieux poussons et
tant de jeunes Alphonses de barrière à
s'élever vertueusement contre la morale
relâchée du Père Suarès
Enfin, qui décide le citoyen Camille Pel-
letan, athée fanfaron et tapageur, à s'ap-
puyer sur le fanatique et ascétique Biaise
Pascal pour contaminer les doctrines des
disciples de Loyola.
Et n'oublions pas que cette espèce d'é-
pizootie voîtairienne ne sévissait pas uni-
quement dans les régions particulières
où fleurissent les bousingots ellcne se
limitait pas même à ce milieu bourgeois
et ventru dont, le Homais de Gustave
Flaubert est le type parfaitement réussi.
Il n'est pas de lèvres habituées aux pate-
nôtres qui, a un moment donné, n'aient
été quelque peu plissëes par le sourire
voltairien. L'épithcte de « sacristain » et
la qualification de « jésuite» sonnaient L
mal parmi les cléricaux eux-mêmes, et,
lorsque ce gros bouledogue de Crétineau-
Joly entreprit son apologie de la compa-
gnie fondée pat- Ignace de Loyola, le ba-
ron Dudon, catholique très accentué, lui
écrivait
« Vous vous lancez dans une terrible
afhire, mon bon ami. Passe pour être
royaliste. mais ami des Jésuites! Y
songez-vous?. Il vous faudra renoncer
aux boulevards que vous aimez tant, et
aux coulisses de l'Opéra que vous ne dé-
testez guère »
,ç,~
Il est bien certain que, depuis la fin du
dix-huitième siècle, la défense, l'apolo-
gie, le respect affichés des moines en gé-
tiéral et des Jésuites en particulier étaient
incompatibles avec toute espèce de suc-
cès mondain, toute sorte d'attitude pa-
risienne, tout genre de fréquentations à a
la mode. La réaction catholique de 18 i8
n'y avait point fait grand' chose. On étu-
diait dans les collèges de Jésuites, mais,
tout en profitant de leur instruction in-
génieuse et solide, on les tenait à quel-
que distance, à moins, d'entrer complète-
ment et sans restriction dans la quintes-
cence du monde dévot.
Quel royaliste ultra, lecteur du Dra-
peau blanc et terreur des officiers en de-
mi-solde, eût osé protester, dans la rue,
sous la Restauration, contre l'expulsion
des Jésuites obtenue par les libéraux en
dépit de Charles X?.
Et, lorsqu'on annonça que les décrets
du 29 mars allaient être exécutés, les /icw-
nestes gens que l'opportunisme écœure et
indigne prévoyaient-ils guère autre chose
que la timide et platonique protestation
de quelques bonnes âmes protestation
dont on parlait avec de mélancoliques
sourires?.
**# ̃
Et. cependant, sans rappeler les magni-
fiques et formidables manifestations de
l'Ouest et du Midi, sans insister au sujet
des démissions en masse de grands et
petits fonctionnaires dont quelques-
uns bravent la faim et la misère immé- i
diates,, n'avons-nous pas vu, tout à
̃ coup-, du jour au lendemain, tout ce qu'il
y a de vivant, de fringant, d'élégant, de
parisien dans Paris protester, par les cris
ou par la plume, par le rire et par l'ob-
jurgation, par le mot ou par la canne,
contre ce crochetage officiel dont le nom,
désormais impérissable, imprime au front
de l'opportunisme un indélébile cachet
d'odieux et de ridicule?
Ce n'est plus seulement dans le monde
dévot que les Jésuites
trouvé des amis et des défenseurs. C'est
dans les salons et dans les ateliers, dans
les cafés et dans les coulisses. Ils ont
'Paris pour eux, et on n'a pu leur trouver
des insulteurs même parmi leurs ennemis
des faubourgs. Pour les faire outrager
dans la rue, leurs persécuteurs officiels
ont dû payer trente sous par tête quel-
̃ ques vagabonds et quelques pierreuses!
Ce terrible rire lrançaù qui d'ail-
leurs fut parfois si niais, s'est lassé
de s'attaquer à la calotte et à la cagoule.
Le vaudeville se tourne contre les anciens
malins, et les mots de « serrurier.» ou de
erochèteur » lancés au théâtre excite
des bravos qui tombent sur les épaules
du gouvernement républicain comme
une incomparable volée de bois vert.
/_=.. #*#̃ iit- ̃•
La crise est caractéristique et semble
définitive. Désormais les vieilles rengai-
nes contre les moines seront accueillies
comme des propos de vieillard en enfance.
Le voltairianisme ou pour mieuxdire,
la seule maladie que nous eût décidément
laissée Voltaire, va rejoindre les vieilles
lunes et les neiges d'autan. C'est une vé-
ritable transformation de l'esprit fran-
çais, et en particulier del'csprit parsisien.
La libre-pensée elle-même protège les
« hommes noirs », et bientôt peut-être
cette défiance idiote du Jésuite que nos
pères croyaient inarrachable du cœur de
a France ne sera plus que le triste apa-
nage de ce pauvre M. Deschanel.
Que s'est-il donc passé ? Aurait-il surgi
un homme qui ait plus d'esprit que Vol-
taire'? Nous craignons bien que non.
mais il a surgi un pauvre d'esprit.
Ce pauvre d'esprit, c'est M. Jules
Ferry!
Ce que n'avaient pu détruire ni le génie
de Chateaubriand, ni ia logique de de Mais-
tre, ni l'éloquence de ̃ Lucordaire, ni la
verve de Louis Veuillot, l'éminenlc sottise
de M. Jules Ferry l'a dispersé à tous les
vlhts du ciel ou plutôt à tous les souffles
du sifflet. 0 insondables décrets des des-
tinées- Nos pères auraient-ils prévu
cela?. Ils défiaient le génie de faire taire
le ricanement du vieil Àrouet, et ils
avaient raison. Le génie restait impuis-
sant. Mais ils ne comptaient pas sur la
force de la sottise, et surtout ils n'imagi-
naient pas qu'il put se produire un sot
aussi sot que M. Jules Ferry
**#
Le jour où cet homme prodigieux s'est
présente à la France attentive et a dit
« Le voltairianisme, c'est moi C'est
moi qui vais donner une solution prati-
que et définitive à la haine du prêtre et
du moine. » le ricanement voltairien
s'est changé en rire gaulois, et la France
s'ost Écri^
Mais alors, le voltairianisme est
odieux et idiot; mais alors la haine du
prêtre et du moine est une ineptie sau-
nage et grotesque!
La France avait du. elle ne pouvait
plus douter! La figure de M. Jules
Ferry était une démonstration vengeresse
et ses procédés d'inéluctables arguments.
Cet homme est venu à l'heure juste et a
agi comme il le fallait.
L'élan de la sottise était donné; ses
auxiliaires ont procédé au .croclieiage
avec un luxe inouï d'ignominie et de ri-
dicule..11 fallait que ce fût uh Ferry
qùieùt créé la note initiale de ces sinis-
tres calinotades! ̃.<
Les assassins de la Commune n'avaient
guère plus de scélératesse, et le drame les
sauvait du rire. Ces processions de pré-
fets et de serruriers; ces garnisons mises
sur pied pour arrêter quatre vieillards;
cette « foule sympathique » triée parmi
les casquettes à trois ponts, et ces parti-
sans des lois existantes, souteneurs de
filles et de gouvernements démocratiques,
tout cela est d'un ridicule inénarrable et,
pour ainsi dire, surhumain.
Eh bien je reviens à mon point de dé-
part.
Il me semble impossible que l'homme
qui a fait ce miracle de détourner contre
le voltairianisme même le rire français,
le rire parisien, ne soit pas un jour ré-
compensé de ce prodigieux travail, au-
près duquel les. douze. ou treize tra-
vaux d'Hercule ne sont que des jeux d'en-
fants!
On sait bien que « Celui qui règne dans
les cieux et de qui relèvent tous les em-
pires », comme dit Bossuet, emploie sou-
vent au bien les instruments les plus
vils.
Mais dans ce cas particulier1, l'instru-
ment a été d'un emploi merveilleux et -a
droit à une transformation.
Pieuses gens, qui apprécierez un jour
le bien que M. Jules Ferry a fait au. sens
moralcie la France, priez" pour ce pauvre
persécuteur!
Priez pour qu'il mesure l'étendue de sa
sottise et de sa plate méchanceté. A fran-
chement parier, amis chaleureux ou même
tièdes, du culte catholique, vous lui de-
vez bien cela! 1
Il y a des moments où nous serions
tenté de désirer la canonisation de cet
homme après sa conversion, bien en-
tendu
Et c'est à force de songer à ces- choses
que l'image de Ferry, montant vers l'Em-
pyrée, nous poursuit et nous obsède.
*Et c'est pour cela que, tout en sifflant
de toutes nos forces de cuistre béni, ce
précieux goujat, ce bienfaisant malan-
drin, nous nous surprenons à rêver son
apothéose avec accompagnement de
harpes et de psaltérions
Quant à son exécuteur des hautes-œu-
vres, le citoyen Constans, il n'a pas en
cette occurehee la gloire de l'initiative.
Sans les bêtises de M: Jules Ferry, ce
prudent enfant de la Garonne ne se serait
probablement pas mis dans un pareil
guêpier. Il n'a donc droit à aucune ré-
compense. Qu'il reste dans son infamie.
et qu'il reto.urne à Barcelone. C'est dans
cette ville seulement qu'il fut à sa place.
Il peut, d'ailleurs, emporter avec lui le
bonnet pliygien qu'il a voulu opposer à
la « calotte ». Aucun pavillon n'est plus
digne de couvrir sa marchandise
SIMON BOUBÉE
»–
Echos de Paris
AUJOURD'HUI
A une heure et demie, rue Raynouard, io,
bénédiction solennelle des Ecoles chrétiennes
de la paroisse, par Mgr Richard.
A une heure et demie, salle Graflard, con-
férence du citoyen Ilumbcrt.
i Esplanade des Invalides, grand concours
d'aérostation avec régates aériennes.
A deux heures, au cirque Fernando, grande
réunion privée organisée par la Lanterne^
Le citoyen Yves Guyot, conseiller munici-
pal, traitera la question Suppression du
budget des cultes, séparation de l'Eglise et de
l'Etat.
Paraît chez Charpentier, les Horizons bleus,
poésies de Georges Nardin.
PETITE GAZETTE DES ÉTRANGERS
A deux heures, courses à Autouil.
Des matinées auront lieu
A la Comédic-Fran<;aisc, le Ltd, le MeHecit
meelorê lui.
A l'Opéra-Comiqiic. Le Postillon de Lonju-
meau, le Déserteur.
A rodéon.– Charlotte. Cordai/.
Au Gvmnase, la Papillonna;
A la R naissance, Belle-Lurette;
Au Vaudeville, les Grands^ Enfants;
Aux Variétés, la l'emme à papa;
Au Palais-Hoyal, les Diables rotes;
A la Porte-Saiat-Martin, Arbre de Noël;
A l'Ambigu, Diana
Aux Nations, les Nuits du ùp'Uevard;
\ux Nouveautés, la Cantinière.
Aux Bouffes-Parisiens, les Mov.sqtieiffli.ras au
BOlLOC7Li
Aux Folies-Dramatiques, le Beau Nicolas;
A^Déjazet, la Tarentule;
Au Cirque-d'Hiver, concert populaire.
Au Chàtelet, concert do l'Association arusu-
que. '1.
^Kobcrt-HoucVn.– Prestidigitations variées.
A l'Hippodrome, inauguration des conosi'ls et
promenades (saison d'hiver) à une heure et do-
tnia.
A six heures, dîner au Grand-Hôtel.
MENU
Potage tnpioca au consommé
Hors-d'œuvro
Truite saumonée du lac do Génère, sauce
pjnevoiso
Pommes de-terre à l'anglaise
Fi'ct do bœuf à la parisienne
Poularde à la piéniontaiso
Fa'sans bardés sur croustade
Salade
Petits pois à la français
Pudding de b'ioches à la vanille
Glace, parfait au café
'Dessert
Le SOII'
Comédie -Franraisa. Mademoiselle de la
Sei-glicre. Rideau à 8 heures.
LA POLITIQUE
Après s'être congratulés de k grande
victoire remportée" la veille par le gouver-
nement et de ia décision du tribunal des
contlits, les ministres, réunis en conseil
chez M. Grévy, ont écouté hier la lecture
du programme que M. Ferry adressera
aux Chambres.
M. Ferry expose dans ce document que,
le gouvernement ayant exécuté les dé-
crets, étant sur le point de rappeler son
escadre d'Orient, et présentant une loi
sur l'instruction primaire, il n'y a pas de
raison pour que les Chambres refusent
leur confiance au ministère nouveau qui
se présente devant elles.
Demain, nouveau conseil pour approu-
ver le texte définitif de la déclaration
gouvernementale.
La Corse est le seul département fran-
çais qui n'ait pas reçu jusqu'à ce jour la
visite des crocheteurs officiels. 11 y existe
pourtant plusieurs couvents de Capucins,
de Rêdemptoristes, et, entre autres, le.
couvent de Corbara où est interne,
comme on le sait, le P. Didon.
Une difficulté assez sérieuse se présen-
tera, pour le gouvernement, le jour où il
voudra procéder à l'exécution des dé-
crets.
Presque tous les couvents corses sont
habités par des religieux de nationalité
italienne que leur gouvernement entre-
tient dans l'île.
11 faudra donc agir avec la dernière
prudence pour ne pus susciter des em-
barras diplomatiques.
D'ailleurs, la population corse, qui aime
ses couvents, ne se prêtera pas aux ca-
prices de nos gouvernants.
Un haut personnage, très en situation
d'être bien informé, nous affirme que
M. le comte de Mouy, le nouveau ministre
à Athènes, a reçu presque textuelle-
ment les instructions suivantes, qu'il
doit répéter officieusement aux ministres
^recs
° « Le gouvernement français a fait tout
ce qu'il a- pu pour la Grèce et lui conserve c
toute sa sympathie. S'il n'a pas été plus
loin dans cette voie, c'est à cause de sa
politique intérieure. Mais que la Grèce
se rende bien compte que la France a
rayé le carreau avec un diamant. C'est
maintenant au tour de la Grèce à pousser,
et le carreau cédera sans difficulté. »
LE MONDE ET LA VILLE
Une question au général Farre
Est-il vrai que le gouvernement serge
à faire frapper une médaille commémo-
rative de l'effraction des couvents ? Cette
médaille serait distribuée aux commis-
saires de police, agents, pompiers, et à
tous ceux qui ont participé à ce haut fait,
et l'insigne en serait porté comme ies
médailles de Crimée et d'Italie sur la
poitrine.
Voilà un ordre dont MM. Clément, Du-
lac et le serrurier Brochard pourront as-*
sûrement être nommés grand-croix.
Hier, chez M. Emile de Girardin, dé-
jeuner politique assez important, auquel
assistait M. Bradlaugh.
La conversation a naturellement roulé
sur la grande question à l'ordre du jour
l'exécution des décrets, et on a beaucoup
parlé à M. Bradlaugh de la conversation
qu'il avait eu la veille avec un rédacteur
du Gaulois.
Elle est exacte de tout point, a-t-il
dit, c'est presque de la sténographie ré-
sumée, sauf un mot cependant, .le n'ai
pas, en parlant de l'exécution du matin,
dit qu'elle était abominable. Je ms suis
servi du mot ridicule.
Ridicule ou abominable ? Lequel pré-
fère M. Ferry? a
M. Amédée Gayot, sénateur de l'Aube
et président du conseil général, qui
vient de mourir, était âgé de soixante
quinze ans.
Les électeurs de Troyes l'arrachèrent
au barreau pour l'envoyer à la Consti-
tuante, où il siégea dans le parti républi-
cain modéré. Non réélu à la Législative,
il rentra dans la vie privée et ne reparut
qu'en 1871, à l'Assemblée nationale. Mem-
bre du centre gauche, il fit, dès 1873, une
déclaration républicaine, et ses votes
successifs lui valurent d'être porté aux
élections sénatoriales du département il
l'ut nommé avec une forte majorité le
premier des deux élus.
Hier matin ont eu lieu, à l'église Saint-
Sulpice, au milieu d'une foule nombreuse
de parents et d'amis, les obsèques de
M. Atné, lils du directeur général des
douanes.
Le mot de suicide avait été un instant
prononcé. Renseignements pris, M. Aîné
fils a succombé, mercredi dernier, à une
congestion cérébrale, se trouvant en voi-
ture.
Réunion de chasseurs d'élite, avant
hier, chez le comte. Raphaol Cuhen d'An-
vers, aux Bergeries.
Neuf très bons fusils ont pris part au
tir S. À. le prince Murât, MM. le prince
de .Qeauvau, baron Gourgaud, comte de
Oamondo, Henri Chevreau, vicomte de
Janzc, Roussel et Maurice Ephrussi.
Dépêche do Bruxelles
La nomination du nouveau ministre de
la guerre a été arrêtée aujourd'hui en
conseil des ministres. `
Le choix s'est porté sur M. le général
Gratry, âgé de cinquante-huit ans, ancien
directeur du génie, et gouverneur mili-
taire du Brabant.
Les pornographes continuent à abuser
de la loi sur îe colportage.
Des marchands ambulants vendent,
dans les brasseries du quartier Latin, de
petites brochures immondes dont la pu-
deur la plus élémentaire nous interdit de
donner même le litre.
Pas de nom d'auteur, bien entendu, et
l'imprimeur Vvatterpown, qui les édile, a
eu bien soin de ne pas joindre à son nom
son adresse.
Nous savons de source certaine que le
ministre de l'intérieur a autorisé le pré-
fet de police à user en ce qui concerne
les publications pornographiques de
l'article 10 du code d'instruction crimi-
nelle, et à saisir préventivement toutes
ces immondices.
Maintenant que la police n'a plus le
moindre congrégunisle à expulser, espé-
rons qu'elle va songer un peu à sauve-
garder la morale publique.
Le remarquable tableau de M. Roil, la
Fête de Silène, exposé au Salon de 1878,
vient d'être acquis par la ville de Gand,
pour être placé dans une des galeries du
musée, si riche en chefs-d'œuvre des
vieux maîtres flamand».
Messieurs les sculpteurs, dessinateurs
et architectes français, à vos pièces
Le gouvernement italien vient d'insti-
tuer un concours pour élever un monu-
ment à la mémoire de Victor-Emmanuel,
libérateur de la patrie et fondateur de son
unité. »
Tous les artistes italiens et étrangers
peuvent concourir.
Vos devis peuvent s'élever jusqu'à con-
currence de neuf millions de francs.
Des prix de 50,000, 30,000 et 20,000
francs seront décernés aux auteurs des
trois meilleurs projets.
Le concours sera clos, à cinq heures de
l'après-midi, le 23 septembre 1881.
Messieurs les sculpteurs, dessinateurs
et architectes français, à vos pièces
Il vient de paraître un roman de Char-
les Mérouvcl, la Maîtresse de monsieur
le ministre. Ce titre a donné lieu h des
interprétations tout aussi erronées les
unes que les autres.
Si l'auteur a prétendu désigner quel-
qu'un, ce n'est pas, comme on le dit, un
ministre d'avant-hier, mais bien un mi-
nistre d'hier.
Le 26 avril 1848, à Bourges, dans une
réunion politique ayant pour objet 1 élec-
tion de F. Pyat, on adressa cette inter-
pellation au "futur rédacteur de la Com-
mune
Citoyen, nu bruit malveillant court
dans la ville et dans nos campagnes on
dit je sais le contraire que vous êtes
communiste,
Citoyen, je ne suis pas commu-
niste, parce que je suis républicain le
communisme est tout l'opposé du répu-
blicanisme.
Comme on change, cependant
NOUVELLES A LA MAIN
La tante Ursule à son neveu Gaston
Eh bien mauvais sujet, es-tu tou-
jours aussi coureur, aussi libertin ?
Rassurez-vous, ma tante; je me
suis rangé. j'ai une maîtresse
GuyBollard, qui adore les voyages, s'ef-
force de convertir à sa passion un de ses
amis, homme des plus sédentaires.
Enfin, s'écrie Guy Bollard comme
argument suprême, quand on voyage, il
y a-deux jours d'une douceur ineffaçable:
le jour où l'on part, et le jour où l'on re-
vient
Sur les boulevards extérieurs.
Un monsieur et une dame passent, de-
vant le bal de la Reine-Blanche, à côté
d'un Alphonse.
Tout à coup, le monsieur s'exclame
Vous avez craché sur la dame que
j'avais h mon bras L
Tiens, fait l'autre, j'ai cru que c'était
ma sœur.
C'est différent. Voici mon adresse.
Nous nous mettons à table à six heures.
Votre couvert sera- toujours mis.
UN DOMiNQ.
lVlCON 0 Â M N É; J
PAR LE TRIBUNAL DES CONFLITS
Voilà! On ne prend jamais assez de
précautions.
On soustrait à leurs juges naturels les
citoyens qu'on persécute.
On suspend en France la liberté et les
lois. On suspend le cours de la justice.
On se conduit comme de petits Domi-
tiens et on s'imagine que, parce qu'on a
organisé une vaste machine avec des ser-
ruriers, des pompiers et des agents de
police pour base et le tribunal des con-
flits pour couronnement de l'édifice, on
est bien en sûreté.
On met à son garde des sceaux un habit
noir et une cravate blanche, et on l'en-
voie présider le tribunal des conflits, et,
comme on est sûr que ce tribunal est
partagé en deux moitiés, l'une qui rend
des arrêts, l'autre oui rend des services,
l'une qui vote avec le gouvernement,
l'autre qui vote avec l'équité et la jus-
tice, on se dit que la voix de l'illustre
Gazot sera prépondérante.
On se dit qu'en fait cet ancien répé-
titeur de droit jugera TOUT SEUL, con-
tre la magistrature française tout entière,
contre vingt tribunaux, contre deux
mille avocats, contre la plus grande il-
lustration du droit moderne, contre De-
molombe, dont ledit Cazot a passé sa
carrière à faire répéter les leçons, et on
est bien tranquille.
En effet, tant de précautions liberlici-
des produisent leurs résultats naturels
le tribunal des conflits donne raison au
gouvernement.
En d'autres termes
CAZOT JUGEANT CAZOT DOINÏN'E RAI-
SON A CAZOT. y
Et au moment où on va faire avalera ce
bon pays ce magnifique tour de passe-
passe, patatras! tout croule.
Le tribunal des conflits lui-même se
désagrège. Les mains de ses juges infli-
gent un colossal soufflet au. gouverne-
ment, en train d'essuyer sur sa joue la
trace des soufflets antérieurs.
MM. Tardif et de Lavenay viennent de
donner leur démission, pour les motifs
que M. Tardif expose dans la lettre sui-
vante, adressée au garde des sceaux
Monsieur le garde des sceaux,
Ne voulant pas que mon nom soit attaché à
des décisions qui blessent ma conscience de
magistrat, en consacrant des mesures que je
considère comme illégales, et que ma signa-
ture se trouve au bas de celles qui .seraient t
rendues à mon rapport, j'ai l'honneur, de
vous adresser ma démission de membre du
tribunal des conflits je fais remettre au se-
crétariat du tribunal le dossier des affaires
dont j'étais rapporteur.
Je suis, monsieur le garde des sceaux, votre
très humble serviteur.
C. Tardif.
6 novembre 1S80.
Or savez-vous ce que c'est que M. Tar-
dif et M. de Lavenay?
M. Tardif est un ancien conseiller à ia
cour de cassation
M. de Lavenay est un ancien président
de section au conseil d'Etat.
MM. Tardif et de Lavenay avaient été
choisis par le tribunal des conflits lui-
même, qui les considérait par conséquent
comme la plus haute personnification de
la justice française.
Et M. Germe!?
M. Gomel, choisi par le gouvernement
lui-même comme commissaire,- venant j ¡
dire comme il l'a dit hier
Dieu veuille que ces deerels ne soient
pas une œuvre impolitique
Est-ce assez complet ? r
Ce gouvernement de crocheteurs qui a
la puissance et les fusils, a-t-il assez
perdu la considération publique et 1 au-
torité morale ? r
Est-il assez condamné par le droit, par
l'équité, par la conscience humaine?
Y eut-il jamais triomphe plus pitoya-
ble, victoire plus, honteuse, gouverne-
ment plus décrié ? cosri~e~.
J. CORNÉLY.
CHRONIQUE DE SPORT
Chargé par !a Direction d'écrire tous les
jours, à partir d'aujourd'hui une « Chro-
nique de Sport » au Gaulois, je viens, non
pas faire à mes lecteurs do pompeuses pro-
messes, mais leur exposer tout simplement
mes modestes projets.
Jusqu'ici, la direction n'avait pu consacrer ia
cette rubrique autant de place qu'elle le dési-
rait dorénavant, une plus grande extension
lui sera donnée, et toutes les branches de
sport actuellement en honneur auront suc-
cessivement leur tour, les courses aussi bien
que le Roving, le Yachting, la chasse, le tir
aux pigeons, etc. Inutile de dire que je ferai
do mon mieux pour renseigner eu toutes
choses nies lecteurs le mieux et le plus
promptement possible.
Enfin, puisqu'il est do mode aujourd'hui de
faire des « pronostics » pour les courses, il
me faudra bien en faire aussi. Mais je tiens
beaucoup à ne pas ma poser en prophète. Je
serai évidemment oblige, après avoir exa-
miné plus ou moins longuement les chances
do chacun, d'en arriver à une conclusion;
mais j'entourerai cette appréciation de toutes
les réserves imaginables, en me gardant soi-
gneusemeut de ce que les grands tipsters dc-
bitent à leur clientèle ordinaire sous l'appel-
lation étrange de quasi-certitudes.
Un plus long préambule mosembleraithors
de propos jo préfère que l'on me juge à
l'œuvre.
RICHARD LUMLEY
̃
Ul LETTRE DE M. FÉLIX PYAT
A John Brassjiekl esquire.
Londres.
Cher Brassfield,
Vous me demandez ce que je deviens.
Hélas je me fane, je m'étiole, je meurs.
L'amnistie a brisé ma vie; la faiblesse du
gouvernement découronne ma carrière.
La nature, vous le savez, m'a créé pour
la fuite. Bière généreuse, elle m'a prodi-
gué ses dons à cette fin spéciale. Mes
jambes, longues et grêles, font du che-
min en peu de minutes; mon pas est élas-
tique et silencieux mon dos se plie, se
courbe à volonté; personne, en Europe, ne
rase les murailles comme moi, et j'excelle
à modifier ma physionomie selon le temps,
le lieu et les circonstances. Je ne dors
que d'un œil, et, dans les cas périlleux,
mon instinct me pousse inévitablement à'
prendre la large.
Aussi mes "contemporains m'ont -ils
surnommé « le lièvre de la démocratie ».
Les grandes dates de ma vie rappellent
d'héroïques fuites. Eh qui pourrait
m'en blâmer? Les socialistes me pre-
naient pour chef et pour drapeau. Le de-
voir d'un chef n'est-il pas toujours et
quand même do sauver le drapeau
Aujourd'hui, mon ami, mes facultés
maîtresses restent sans emploi. J'attaque
à tort et à travers, j'insulte, je menace
je compte qu'un homme de cœur indigné
me viendra couper les oreilles, et alors
(mon cœur bondit de joie à cette espé-
rance) quelle fuite, Brassfield, quelle
fuite épique
Biais non, l'opportunisme abaisse tous
les caractères; les Français n'ont plus de
sang dans les veines.
Le gouvernement lui-même m'assigne,
me traîne en justice, me fait condamner
mais nul gendarme ne m'appréhende, et
je dois convenir qu'aucun péril sérieux
ne me menace. Aussi, cher ami, j'ai pris
un parti que peut-être vous n'approuve-
rez point, mais je ne puis trouver mieux.
Je me fais supplier par mes abonnés de
prendre la fuite. La Marseillaise de ce
matin publie un certain nombre de lettres
signées par de parfaits socialistes, et tou-
tes m'.adjurent de sauver ma personne,
de la protéger en fuyant les menaces d'un
pouvoir oppresseur.
Fuir! à ce mot, mon vieux sang s'al-
lume, comme celui d'un soldat au
souvenir d'une bataille! Toute ma vie
passée, toute ma jeunesse se déroule à
mes yeux ravis. Je suis heureux!
Votre affectionné.
FÉLIX PYAT.
P. -.S". Grand Dieu! on m'apprend
que lé gouvernement se prépare à me
gracier. Il me faut le prévenir, déjouer
ses projets. Je fuis ce soir même, demain
peut-être il serait trop tard.
LA JOURNEE PARISIENNE
Âlatiaiue la co»i.'csse de la Vcrdttrettc,
château de la Verdiiretlc
par Ffè-lc-Chàlel
(Sarlhe).
6 novembre.
Je vous plains, chérie, de toutes la force de
mon âme, et je conviens que la mort du pau-
vre Bazile a dû beaucoup vous affliger. Un si
fidèle serviteur! et si vieux! C'est navrant.
On finit par s'attacher à ces dévoués, et, quand
ils disparaissent, il semble que c'est quelqu'un
de la famille qui s'en va, Pauvre Bazile, je
vois encore sa grande carcasse maigre, son
pantalon de cuir fauve, formant guêtre, et sa
moustache épaisse et rude couvrant sa lèvre!
Quand il m'accompagnait à la chasse, on tût
dit que c'était la Vierge qu'il suivait. Avec
quel respect, à chaque faisan manqué, il me
disait, en remettant des cartouches dans mon
fusil « Madame la. comtesse n'épaule pas as-
sez: si madame la comtesse daignait épauler
un peu plus, madame la comtesse ne man-
querait pas un epup.» Pauvre Bazile
Si vous êtes triste à la Verdurette, chère
mignonne, croyez que nous ne sommes pas
gais à Paris. Moi, si peu soucieuse de la poli-
tique, je ne vois plus que cela autour de moi,
je n'entends plus parler que de cela, bour-
donner autour de moi. Vraiment, je com-
mence à avoir peur, je me dis qu'après les
Caoucins ce .sera peut-être notre tour, et que
nous verrons passer dans les rues les char-
rettes sanglantes, et se dresser sur nos places
le profil effrayant de la guillotine. Vous n'a-
vez pas idée, ma chère amie, de ce gui se
passe ici. Cela n'a pas de nom, c'est mons-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 61.74%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 61.74%.
- Collections numériques similaires Sainte Marthe Charles de Sainte Marthe Charles de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Sainte Marthe Charles de" or dc.contributor adj "Sainte Marthe Charles de")In obitum incomparabilis Margaritae, illustrissimae Navarrorum reginae, oratio funebris , per Carolum Sanctomarthanum,... Accessere eruditorum aliquot virorum, ejusdem reginae epitaphia /ark:/12148/bpt6k8705304j.highres Oraison funèbre de l'incomparable Marguerite, royne de Navarre, duchesse d'Alençon . Composée en latin, par Charles de Saincte Marthe : & traduicte par luy, en langue françoise. Plus, épithaphes de ladicte dame : par aulcuns poetes françois /ark:/12148/bpt6k8705305z.highres
- Auteurs similaires Sainte Marthe Charles de Sainte Marthe Charles de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Sainte Marthe Charles de" or dc.contributor adj "Sainte Marthe Charles de")In obitum incomparabilis Margaritae, illustrissimae Navarrorum reginae, oratio funebris , per Carolum Sanctomarthanum,... Accessere eruditorum aliquot virorum, ejusdem reginae epitaphia /ark:/12148/bpt6k8705304j.highres Oraison funèbre de l'incomparable Marguerite, royne de Navarre, duchesse d'Alençon . Composée en latin, par Charles de Saincte Marthe : & traduicte par luy, en langue françoise. Plus, épithaphes de ladicte dame : par aulcuns poetes françois /ark:/12148/bpt6k8705305z.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5236306/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5236306/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5236306/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5236306/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5236306
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5236306
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5236306/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest