Titre : L'Écho des Pyrénées : journal politique paraissant les mardi, jeudi, samedi
Auteur : Appel au peuple (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1878-03-04
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327617786
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 mars 1878 04 mars 1878
Description : 1878/03/04 (A5,N600). 1878/03/04 (A5,N600).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5229447m
Source : Bibliothèque patrimoniale de Pau, Ee 1631
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/03/2020
600,
10 CENTIMES
Tout pour le Peuple.
Lundi 4 Mars 1878.
Tout par le Peuple.
B
Journal Politique, paraissant les LUNDI, MERCREDI & VENDREDI
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Les abonnements datent des 4« et 15 de chaque mois et se paient d’avance.
La Vérité. — Le Droit.
Le « Déchu du 4 septembre » a etc à qua
tre reprises, porté quatre fois par le suffrage
universel à son sommet :
Le 10 décembre 1*48 .... 5.587,759 voix.
Le 21 décembre 1851 . ... 7,4*1,231 —
Le 21 novembre 1852 7,824,189 —
Le 8 mai 1870 7,358,780 —
Injurier, insulter, outrager sou élu, ne pas
faire la juste part du blâme et de l’éloge, des
fautes commises et des actes louables, c’est
avilir la France.
Consciencieusement, logiquement, ce qui est
la mémo chose, — car tout manque de cons
cience est un manque de logique, — le vote
populaire du 22 novembre 1852 n’a pas cessé
de subsister ; le vote du l«f mars 1871 n’a pas
eu le pouvoir de l’effacer.
Le plébiscite du 22 novembre 1852, qui a ra
tifié le sénntus-consuilc du 7 novembre, est res
té debout ; pour qu’il fut renversé il eût fallu
qiCü eût été. remplacé par un autre plébiscite.
Aux termes d(?s articles I e * et 2 e du sénatus-
consulte et du plébiscite de novembre 1852, le
fils de VEmpereur Napoléon III, est de droit
plébiscitaire, sinon de fait, Empereur des Fran
çais.
Emile de Girardin.
La Nation n’a jamais révoqué le grand acte
de sa souveraineté : tout ce qui a été fait sans
elle est illégitime.
NAPOLÉON III.
MESSAGE D U 13 DÉCE MBRE 1877
« La fin de cette crise sera le point
* de départ d’une nouvelle ère de pros-
« périté. »
Le garde des sceaux ,
Dufaure.
Le ministre de VIntérieur,
Marcère.
Nous lisons dans le Progrès de l'Aisne .*
« Eucore un exemple palpitantque le 13 dé
cembre a fait renaître en France la prospérité
et le travail.
« Les ouvriers sans ouvrage sont plus nom
breux qu’ils ne l’ont jamais été. U en vient de
tous cotes et les mairies peuvent à peine suffire
pour les faire loger tous. Beaucoup mendient.
La misère va croissant. Les commerçants font
à peine leurs frais ; les industriels, les fabri
cants, les entrepreneurs sont au repos. On nous
cite tel de ces derniers qui, en temps habituel,
occupait de 15 à 20 ouvriers, et n’en a plus
que deux ! »
*
♦ *
On nous communique une circulaire, adres
sée par une des plus importantes maisons de
tissus et cotons filés de Rouen à scs correspon
dants. Nous en extrayons ce qui suit :
« Un marasme indéfinissable semble peser
constamment sur les transactions, et la con
fiance faisant défaut, on n’opere qu’au jour le
jour. U est facile de concevoir qu’on regrette
des temps plus heureux, quand on voit ce qui
se passe actuellement ; mais il serait difficile
de prévoir quand ils reviendront. Ce qu’il y a
de déplorable, c’est que toutes les branches in
dustrielles denotre contrée se trouvent atteintes;
le filoleur n’est pas mieux partagé que le tis
seur ou le fabricant de rouennerie, qui doit
journellement refuser du travail à ses ou
vriers. Et, chose quont peut difficilement ima
giner, il y a encore des gens qui trouvent que
tout va bien et que la France est prospère ! On
ne peut pas dessiller les jeux de ceux qui ne
veulent pas voir, mais ces aveugles volontaires
font le malheur de notre beau pays, et seront
peut-être cause un jour de la misère et de l’op
probre où ils le laisseront tomber. »
ÉLECTIONS DU 3 MARS
—o—
Voici la situation électorale et les noms des
candidats en présence dans les 17 circonscrip
tions où des élections ont eu lieu hier.
Aud? (Limoux). — Le député invalidé, M. le
baron Détours, ne s’est pas présenté. Candidat
républicain, M. Oscar Rouge, un des 363.
Bouches-du-Rhône ( 2 e circonscription de Mar -
teille )..— M. Clovis Hugues, candidat des co
ûtés républicains, en remplacement de M.
baspaii, décédé.
(Arles). — M. Tardieu, un des 363, candidat
républicain, contre M. de Cadillan, député in
validé.
Cotes-du-Nord (Dinan). — AI. Even, un des
563, candidat républicain, contre M. de Cham-
pngny, député invalidé.
(Loudéac). — M. de Janzé, ancien membre
de l’Assemblée nationale, candidat républicain,
contre M. Veillet, député invalidé.
(Saint-Brieuc). — M. Armez, un des 563,
candidat républicain, contre M. Garnier-Bodé-
!éac, député invalidé.
Doubs ( Baume-les-Dames ). — M. Bernard,
candidat républicain, contre M. Estignard, dé
puté invalidé.
Gard (Alain). — M. Auguste Favand, officier
supérieur en retraite, candidat républicain, en
remplacement de AI. Ducamp, décédé.
Halte-Garonne (Villefranche). — M. Caze,
un des 563, contre M. de Lamothe, député in
validé.
Ille-et-Vilaine (Fougères). — M. Riban,
maire de Fougères, candidat républicain. (M
de in Yillegontier, député invalidé, ne se repré
sentait pas.)
Indre (Châieauroux). — M. Boitard, un des
563, contre AT. Charlemagne, député invalidé.
Manche (Avranches). — M. Riotteau, un des
363, se présentait contre M. de Canisy, M. Le
clère, députe invalidé, ne se représentant pas.
Meurthe-et-Moselle (Lunéville). — M. Cos-
son, un des 565, coutre AI. Michaut, député
invalidé.
Oise (Clermont). — M. Lcvavasseur, un des
565. On assure que M. Labitte, député inva
lidé, ne se représente pas.
Sartiie (Mamers). — M. Lherminier, ancien
membre de l’Assemblée nationale, candidat ré
publicain, coutre Al. de la Rochefoucauld-Bisac-
cia, député invalidé.
Somme (Abbeville). — M. de Douville-Maille-
feu, un des 363, contre M. de Rainvillers, dé
puté invalidé.
Tarn (Castres). — M. Charles Simon, contre
M. Combes, député invalidé.
ÉLECTION D’ORTHEZ
Discussion des conclusions du Rapport du
8 e Bureau sur l’élection de M . PLANTÉ ,
à Orthez.
(Suite.)
M. Ninard, rapporteur. Je dois vous dire,
messieurs, très-rapidement, les raisons qui ont
détermine votre 8 e bureau à vous proposer l’in
validation de Al. Planté dans la circonscription
d’Orthez.
Le système de discussion que vous avez en
tendu tout à l’heure avait principalement pour
objet de défendre la personnalité même de M.
Planté. Je dois vous le dire, rien dans le rap
port n’est de nature à porter atteinte à l’hono
rabilité de notre collègue, et sa personne doit
rester complètement en dehors de ce débat. J’a
joute qu i dans la sous-commission aussi bien
que dans le bureau, pas une voix ne s’est éle
vée pour protester contre la loyauté de son ca
ractère et la sincérité de sa parole.
Mais la Chambre me permettra de dire que
la parole seule de Af. Planté ne pouvait exer
cer aucune influence sur le bureau chargé de
l’examen de son élection, parce que les faits re
levés contre elle résultaient d’une première
protestation assortie de vingt-deux signatures,
d’une seconde assortie de trente-deux signatu
res, U)utes émanant de personnes éminemment
honorables : de médecins, d’avocats, de pro
priétaires, dont les noms fort connus dans le
pays devaient inspirer toute confiance à la sous-
coinmission et au bureau.
La personnalité de Al. Planté, je le répète,
n’est pas en jeu. Plaçons-nous donc en face des
actes de radministration, qui seuls ont déter
miné les conclusions dont j’ai l’honneur de vous
proposer l’adoption.
Eh bien, il faut le reconnaître, l'interven
tion administrative a été ardente, arbitraire,
illégale. Les faits relevés par les protestataires
et assortis, dans le dossier, de justifications
nombreuses, ne permettent pas d’en douter.
Aussi le bureau a-t-il acquis cette conviction
profonde, que, dans rarrondissement d'Orthez,
la liberté électorale a été méconnue, que la
conscience des électeurs n’a pas été respectée,
et, qu’en définitive, la vérité n’est pas sortie
du scrutia. Le bureau pense, et je pense avec
lui, que les conclusions qu’iLa prises sont d’ac
cord avec l’importance et la gravité des faits,
qu’il y a dans celte élection des éléments indé
niables qui ne permettent pas douter qu’elle a
été le produit de suffrages non librement ex
primés, arrachés, au contraire par la violence
et l’iiUinaidation.
il est bon, tout d'abord, de vous signaler,
messieurs, une situation qui, si je ne me trom
B U K JE AUX
PLAGE DES ÉCOLES
(Au coin des Roes Armand Laity et des Cultivateurs)
PAU
pe, doit servir de base à votre décision. L’ar
rondissement d’Orthez, ainsi que le faisai^b-
server M. Planté, se compose de 435 coiflBu-
nes. La majorité obtenue par M. Planté s’eTeve
à un chiffre de 895 voix. En sorte qu’un dé
placement de 447 voix suffit à modifier du tout
au tout le résultat électoral. (Bruit à droite.)
Cette observation n’a pas simplement pour
objet de constater ce que d’ailleurs l’honorable
M. Planté constatait lui-méuie tout à l’heure ;
elle a pour objet surtout de demander à la
Chambre — et c’est immédiatement la question
que je lui pose, — si cette majorité, ou plutôt
le déplacement de 447 ! voix, c’est-à-dire de 3
ou 4 voix pour chacune des 435 communes,
n’est pas le résultat certain de l’action adminis
trative. (Rumeurs à droite.)
M. Granier de Cassagnac père. Mais, à ce
compte, si vous déplacez les portefeuilles, c’est
nous qui seront les ministres. (Rires et bruit.)
M. le Rapporteur. Si vous voulez prendre la
peine de m’écouter, c’est à vos appréciations
mêmes que je soumettrai la solution qui, pour
moi, se dégage des faits qu’il m’appartient
maintenant de vous faire connaître tels qu’ils
son établis par les documents du dossier.
Je ne suis pas personnellement responsable,
vous disait tout à l’heure M. Planté ; je n’ai
commis aucun des actes que signale le rapport :
ils appartiennent à un ministère qui est tombé
et que je regrette de ne pas voir ici pour me
défendre.
J’abandonne ces regrets à M. Planté ; mais
j’aimerais mieux l’entendre regretter des actes
dont il a tiré le profit et qui. par malheur, vi
cient son élection.
En dehors de la candidature officielle, de la
pression administrative, qui en a été la consé
quence; sans elle, il est incontestable que l’élec
tion n’aurait pas été ce qu’elle a été, c’cst-à-
dire que lo résultat électoral eût été complète
ment différent. (Très-bien ! très-bien ! à gau
che.)
La candidature officielle, elle n’est pas dou
teuse, M. Planté la revendique, d’ailleurs. L’af
fiche blanche, elle est dans le dossier ; le Bul
letin des Commîmes a été répandu dans l’arron
dissement d’Orthez comme dans tous les arron
dissements de France. L’administration s’est
jetée à corps perdu, permettez-rnoi l’expres
sion, dans l’arène électorale, au profit du can
didat que patronnait le Gouvernement. Qu’a fait
le sous-préfet d’Orthez ? IL s’est transporté dans
chacune de ses cent trente-cinq communes, en
costume officiel ; et il a réuni partout les fonc
tionnaires de tout ordre.
M. Planté. C’est une erreur!
M. le Rapporteur. Permettez! ne me dites
pas que c’est là une erreur. Je prie la Cham
bre de vouloir bien croire que pas un mot ne
m’échappera qui ne soit l’expresssion d’une vé
rité constatée dans le dossier.
M. Planté. Vous avez dit que le sous-préfet
s’était rendu dans les cent trente-cinq commu
nes; il n’a été que dans les sept chefs-lieux de
canton !
Al. le Rapporteur. Dans les 435 communes!
M. Planté. C'est une erreur !
M. le Rapporteur. Je regrette beaucoup que
vous m’interrompiez, monsieur Planté, et je
vais immédiatement vous en donner la raison.
Je viens de dire que pas un mot ne s’échap
perait de mes lèvres qui ne soit l’expression
d’une vérité constatée par les documents du
dossier. Remarquez qu’icije n’affirme rien per
sonnellement; je ne suis que l’organe des pro
testations... (Bruyantes exclamations à droite.)
et je prends les affirmations qu’elles contien
nent pour en tirer les conséquences que je suis
en droit de tirer.
M. Planté. Je demande la parole.
AI. le Rapporteur. Lors doue que des protes
tations constatent les faits dont j’entretiens en
ce moment la Chambre, lorsque ces protesta
tions viennent déclarer que le sous-prefet s’est
transporté dans les 455 communes, je dois te
nir comme vrai ce langage. (Interruptions à
droite.)
Permettez, messieurs!
M. le Président. Faites silence, messieurs !
M. Planté répondra.
M. le Rapporteur. Soyez-en sûrs, messieurs,
les inspirations auxquelles j’obéissont purement
et simplement des inspirationsde justice. Et Dieu
me garde de mettre en avant des faits qui ne
ressortiraient point des justifications qu’ont ap
portées les protestataires !
Qu’il v ait quelque exagération dans leur lan
gage...(Ah! ah ! à droite), je n’en sais rien :
je ne suis que l’écho de leur affirmation. (Ex
clamations à droits.)
Vos interruptions ont lieu de m’étonner, je
vous demande pardon d’insister sur ce point.
Je vous ai dit tout d’abord que mes affirma
tions n’étaient que la reproduction de celles du
dossier.
Lesprotestationsconstatent des fails;eliessont
signées de noms éminemment honorables. J’ai
dû croire à la vérité des faits qu’elles portent à
la connaissance de la Chambre. Et j’ajoute que,
soumises à M. Planté devant la commission et
devant le bureau, elles n’ont été de sa part
l’objet d’aucun démenti.
Mais à quoi bon cet incident? et quel est son
intérêt dans la discussion?
Je concède volontiers à M. Planté que le
sons-préfet d’Orthez n’a visité que les sept can
tons de son arrondissement; mais il l’a fait en
ANNONCES
Judiciaires 20cent. Réclames(4*page). 50cent. | Faits divers. . . . 50cent
Ordinaires 25 — Réclames (3» page). 40 — | Chronique locale. . 75 —
Les Annonces sont reçues à Pau, chez M. Menetîère, à VImprimerie Nouvelle
et h Pans, chez MM. Havas, Lafitte-Bullier et Ci®, 8, Place de la Bourse. — Audboubg,
‘ 40, Place de la Bourse, et Dongrel et Bullier, 55, rue Vivienne.
costume officiel, après avoir adressé des convo
cations à l'avance à tous les fonctionnaires du
canton qu’il a reçus à l'hôtel de la mairie. Les
maires, ies instituteurs, les juges de paix, les
employés de toutes les administrations se sont
rendus à son appel, et le langage qu’il pariait
séparément à chacun d’eux variait suivant le
degré de confiance politique qu’éveillaient en
lui les opinions connues ou étudiées à l’avance
de ces différents fonctionnaires comparaissant
devant lui. Aux uns i! prodiguait les encoura
gements et les promesses, aux autres les injonc
tions et les menaces.
Vous pouvez juger, messieurs, de la violence
de langage du magistral administratif d’Orthez
et du caractère de son intervention par 1a dé
claration du maire d’Albos-Aspis, dont la sin
cérité ne saurait être douteuse et que d’ailleurs
confirment dans tout son contexte les trente si
gnataires de l’une des protestions dont vous
êtes saisis.
Ce magistrat municipal comparaît devant M.
le sous-préfet. H est interrogé comme tous les
autres, et c’est lui qui relate les termes dans
lesquels s’est produit l’entretien.
* Je soussigné Bavant (Pierre), maire d’A-
thos-Asnis (Basses-Pyrénées), certifie que, dans
une entrevue avec M. le baron René de Mathan,
sous-préfet d’Orthez, celui-ci m’a dit que je
devais f.iire mon possible pour obtenir lo majo
rité des suffrages pour M. Planté, candidat du
Gouvernement;
« 2* Que m’ayant demandé le résultat du
dernier vote et lui ayant répondu qu'il était en
grande majorité pour le candidat républicain, il
me dit d'un ton imposant : Il faut que ça chan
ge; il faut que cette fois-ci Af. Planté ail la ma
jorité ; vous devez tout votre concours au can
didat du Gouvernement. J’espère, ajouta-t-
il, que vous ne serez pas du nombre des
récalcitrants, pour lesquels nous serons impi-
toyables.
« Vous comprenez, répéta-t-il, nous serons
impitoyables pour tous les fonctionnaires qui
porteront leur concours à l’autre candidat, M.
Vignancour. » (Exclamations à gauche.)
11 le répète une seconde fois < impitoyable
pour les fonctionnaires ! »
A gauche. C’est entendu ! — Aux voix ! aux
voix !
M. le Rapporteur. Permettez, messieurs! ce
n’e>t pas fini ; il est bon, dans l’intérêt de la
moralité électorale que vous entendiez ce qui
me reste à vous dire. (Parlez ! parlez !)
Je continue la lecture.
«... Que. plus tard, mandé de nouveau de
vant lui, il m’a dit, entre autres, que le Gou
vernement refuserait son secours à la commune
d’Alhos-Aspis, si elle votait, en majorité pour
Al. Vignancour, tandis que, si elle votait pour
AI. Planté, elle bénéficierait du secours du
Gouvernement.
« Cei tifié sincère et véritable.
« Àthos-Aspis, le 46 octobre 4877.
« Signé : Davaud, maire. >
Voilà donc le langage tenu par le sous-pré
fet, et lorsque tout à l'heure, je me posais la
question de savoir si l'influence de ces maires,
encouragés ou menacés suivant l’opinion à la
quelle ils appartenaient, ne s’était pus exercée
dans des conditions désastreuses pour la sincé
rité du résultat électoral, si cette influence n’a
vait pas été de natureù déplacer trois ou quatre
voix par commune, n’avais-je pas raison d’a
jouter: Le doute n’est permis pour personne?
Qui ne sait combien tous les maires tiennent
à leur écharpe, combien peu résistent aux me
naces, combien peu refusent le concours solli
cité de l’autorité qui commande!
M. Larochb-Joubert. Il n’y a pas un maire
qui ne soit prêt à jeter son écharpe à la tète
d’un préfet qui aurait des exigences inaccepta
bles.
. M. le Rapporteur. Que vous dirai-je de ces
secours conditionnels promis aux commuues ?
N’est-ce pas l’atteinte la plus grave à l’indépen
dance électorale ? Ainsi les secours ne sont plus
distribués suivant les besoins et les droits. Ils
ne sont autre chose que la récompense de ser
vices électoraux, et l’esprit des populations
se démoralise à cet appel constant à la cu
pidité.
Voilà, messieurs, quels ont été l’attitude et
le langage du sous-préfet d’Orthez. (Applau
dissements au centre et à gauche. — Interrup
tions à droite.)
Ce n’est pas tout encore. Des convocations
nouvelles sout adressées non plus au chef-lieu
de canton, mais au chef-lieu d’arrondissement,
à ceux des fonctionnaires suspects encore d’in
dépendance. Les injonctions, les menaces de
viennent plus pressantes à la veille du scrutin,
et le préfet lui-même renouvelle toutes les ins
tructions sous-préfectorales. Et que M. Planté
ne nous dise pas, comme il le faisait tout à
l’heure, que le nombre des maires révoqués est
insignifiant, que celui des instituteurs suspen
dus doit à peine compter. Pourquoi d’ailleurs
ces révocations ou suspensions n’ont-elles pas
été plus importantes? Chez beaucoup de fonc
tionnaires, l’administration a rencontré la sou
mission et l’obéissance immédiate et en quel
que sorte passive. (Rumeurs à droite.)
Quant à ceux qui se sont révoltés contre les
exigences administratives, qui, fiers de leur in
dépendance, ont voulu la garder, et qui, dans
son intérêt, ont protesté, ils ont été frappés, sa
crifiés sans exception.
Dans ia commune de Salies, maire et adjoint
sont révoqués; le conseil municipal est dissous
et remplacé par une commission municipale.
Les maires et adjoints d’Arzrcq sont révo
qués; ceux de Louvigny, de Pomps, Saint-Gi
rons,Os-Marcilon sont suspendus. Ici, M. Planté
m’arrête et me dit que quelques-uns de ces
maires sont suspendus pour des causes dont il
veut garder le secret, mais complètement en de
hors de la politique. Je n’eu sais rien et ne
veux pas le rechercher. Mais ce que je sais, et
cela me suffit, c’est que la résistance aux pro
messes comme aux menaces n’a pas trouvé
grâce devant l’administration, et que des me
sures de rigueur ont accueilli toutes les mani
festations d'indépendance électorale.
Qu’importe maintenant le nombre des maires
révoqués ou suspendus?
Après les maires, les instituteurs. Dix d’en
tre eux sont transportés d’une résidence dans
une autre.
C’est de l’avancement pour les uns, dit M.
Planté; c’est l’application pour les autres des
modifications réglementaires apportées chaque
aunes au mois de septembre dans le personnel
de ces fonctionnaires.
Je n’en crois rien, messieurs ; toutes ces me
sures se conciliaient trop bien avec l’intérêt
électoral pour qu’il soit permis d’y voir autre
chose que la mise à exécution des menaces for
mulées et les précautions prises par l’adminis
tration en vue d’assurer le succès du candidat
de son choix.
Un ingénieur des ponts et chaussées, M. For-
cade, le directeur du télégraphe d’Orthez, M.
Serres, sont éloignés en disgrâce. On scrute la
conscience de ces deux fonctionnaires, on fait
des investigations d.*ns ce domaine qui devait
rester sacré ; on découvre que les inspirations
politiques auxquelles ils obéissent l’un et l’au
tre sont des inspirations en désaccord avec les
désirs de l’administration, et l’administration,
indifférente à leurs conditions de famille et de
fortune, les trappe sans pitié tous les deux.
Le directeur du télégraphe, M. Serres, a con
signé dans une lettre au chef de son adminis
tration les motifs de sa disgrâce. Celle lettre,
dont le caractère est à In fois noble et touchant,
doit être connue de la Chambre. Elle est conçue
dans les termes suivants :
« Afonsieur le directeur de l’administration
des lignes télégraphiques,
« Par décision de je ne sais quelle date, vous
m’appelez au bureau de Toulouse, supprimant
ainsi l’emploi de M me Serres, qu’elle occupe de
puis huit ans, et m’imposant un changementde
résidence et de position très-onéreux.
« Votre détermination no m’a point surpris ;
car, vers le 45 juillet dernier, Af. l’inspecteur
de Pau, avait bien voulu me prévenir que j’a
vais été signalé à M. le préfet comme me livrant
à une propagande électorale très-active.
« Demander une enquête serait évidemment
peine perdue ; mais je porte à mon dénonciateur
le défi le plus absolu de relever, à ma charge,
le plus petit agissement politique pendant les
deux ans de mon séjour à Orthez.
« Soit au point de vue professionnel, soit au
sujet de ma conduiLe privée l’administration ne
pouvant rien me reprocher, — car je n’ai ja
mais reçu de mes chefs immédiats que des té
moignages de satisfaction,—je-ne puis attri
buer ma disgrâce qu’à mes opinions politiques.
« Déjà, il y a environ deux ans, à la veil'e
comine aujourd’hui des élections générales et à
l’instigation de M. Pascal, alors préfet de la Gi
ronde, vous m’avez envoyé d’Arcachon à Orthez,
en m’enlevant ainsi les moyens de remplir mes
devoirs d’électeur.
« Mes modiques appointements et ma fortune
ne me permettent pas de subir, à î’instar des
hauts fonctionnaires administratifs, toutes les
fluctuations politiques. D’ailleurs, à Toulouse,
je ne pourrais être que ceque je suis, ce que j’ai
toujours été: uq républicain aussi inébranlable
que modéré.
« En conséquence, faisant le sacrifice de seize
années de bons et loyaux services dans l’admi
nistration des lignes télégraphiques, j’ai l’hon
neur de vous remettre ma démission d’employé
de 2* classe. 4^
« Signé : F. Serres.
« Chargé du service, à Orthez. »
(Très-bien ! très-bien ! — Applaudissements
à gauche et au centre.)
Voilà, messieurs, la lettre qui était écrite...
Plusieurs membres à gauche. — Le nom ! le
nom ! Répétez le nom !
M. le Rapporteur. Je viens de le lire : c’est
M. Serres.
Vous permettez ici, messieurs, de pincer une
réflexion. Vraiment la conscience s'afflige lors
qu'on se trouve en présence de pareilles mesu
res. Comment ! l’avancement, les honneurs, qui
devaient être le prix du travail, de l’intelligen
ce, du zèle et de la moral i lé avec lequel les
fonctions sont exercées, ne sont fuis que pour
récompenser l’abdication de toute indépendan
ce et la soumission 3ervile aux exigences d’une
autorité supérieure. N’est-ce pas là. messieurs,
la corruption des services publics ? N’est-ce pas
en même temps le découragement jeté p-mui
les fonctionnaires qui ne veuteut obéir à d’au
tre voix qu’à celle dudevoir?
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tre reprises, porté quatre fois par le suffrage
universel à son sommet :
Le 10 décembre 1*48 .... 5.587,759 voix.
Le 21 décembre 1851 . ... 7,4*1,231 —
Le 21 novembre 1852 7,824,189 —
Le 8 mai 1870 7,358,780 —
Injurier, insulter, outrager sou élu, ne pas
faire la juste part du blâme et de l’éloge, des
fautes commises et des actes louables, c’est
avilir la France.
Consciencieusement, logiquement, ce qui est
la mémo chose, — car tout manque de cons
cience est un manque de logique, — le vote
populaire du 22 novembre 1852 n’a pas cessé
de subsister ; le vote du l«f mars 1871 n’a pas
eu le pouvoir de l’effacer.
Le plébiscite du 22 novembre 1852, qui a ra
tifié le sénntus-consuilc du 7 novembre, est res
té debout ; pour qu’il fut renversé il eût fallu
qiCü eût été. remplacé par un autre plébiscite.
Aux termes d(?s articles I e * et 2 e du sénatus-
consulte et du plébiscite de novembre 1852, le
fils de VEmpereur Napoléon III, est de droit
plébiscitaire, sinon de fait, Empereur des Fran
çais.
Emile de Girardin.
La Nation n’a jamais révoqué le grand acte
de sa souveraineté : tout ce qui a été fait sans
elle est illégitime.
NAPOLÉON III.
MESSAGE D U 13 DÉCE MBRE 1877
« La fin de cette crise sera le point
* de départ d’une nouvelle ère de pros-
« périté. »
Le garde des sceaux ,
Dufaure.
Le ministre de VIntérieur,
Marcère.
Nous lisons dans le Progrès de l'Aisne .*
« Eucore un exemple palpitantque le 13 dé
cembre a fait renaître en France la prospérité
et le travail.
« Les ouvriers sans ouvrage sont plus nom
breux qu’ils ne l’ont jamais été. U en vient de
tous cotes et les mairies peuvent à peine suffire
pour les faire loger tous. Beaucoup mendient.
La misère va croissant. Les commerçants font
à peine leurs frais ; les industriels, les fabri
cants, les entrepreneurs sont au repos. On nous
cite tel de ces derniers qui, en temps habituel,
occupait de 15 à 20 ouvriers, et n’en a plus
que deux ! »
*
♦ *
On nous communique une circulaire, adres
sée par une des plus importantes maisons de
tissus et cotons filés de Rouen à scs correspon
dants. Nous en extrayons ce qui suit :
« Un marasme indéfinissable semble peser
constamment sur les transactions, et la con
fiance faisant défaut, on n’opere qu’au jour le
jour. U est facile de concevoir qu’on regrette
des temps plus heureux, quand on voit ce qui
se passe actuellement ; mais il serait difficile
de prévoir quand ils reviendront. Ce qu’il y a
de déplorable, c’est que toutes les branches in
dustrielles denotre contrée se trouvent atteintes;
le filoleur n’est pas mieux partagé que le tis
seur ou le fabricant de rouennerie, qui doit
journellement refuser du travail à ses ou
vriers. Et, chose quont peut difficilement ima
giner, il y a encore des gens qui trouvent que
tout va bien et que la France est prospère ! On
ne peut pas dessiller les jeux de ceux qui ne
veulent pas voir, mais ces aveugles volontaires
font le malheur de notre beau pays, et seront
peut-être cause un jour de la misère et de l’op
probre où ils le laisseront tomber. »
ÉLECTIONS DU 3 MARS
—o—
Voici la situation électorale et les noms des
candidats en présence dans les 17 circonscrip
tions où des élections ont eu lieu hier.
Aud? (Limoux). — Le député invalidé, M. le
baron Détours, ne s’est pas présenté. Candidat
républicain, M. Oscar Rouge, un des 363.
Bouches-du-Rhône ( 2 e circonscription de Mar -
teille )..— M. Clovis Hugues, candidat des co
ûtés républicains, en remplacement de M.
baspaii, décédé.
(Arles). — M. Tardieu, un des 363, candidat
républicain, contre M. de Cadillan, député in
validé.
Cotes-du-Nord (Dinan). — AI. Even, un des
563, candidat républicain, contre M. de Cham-
pngny, député invalidé.
(Loudéac). — M. de Janzé, ancien membre
de l’Assemblée nationale, candidat républicain,
contre M. Veillet, député invalidé.
(Saint-Brieuc). — M. Armez, un des 563,
candidat républicain, contre M. Garnier-Bodé-
!éac, député invalidé.
Doubs ( Baume-les-Dames ). — M. Bernard,
candidat républicain, contre M. Estignard, dé
puté invalidé.
Gard (Alain). — M. Auguste Favand, officier
supérieur en retraite, candidat républicain, en
remplacement de AI. Ducamp, décédé.
Halte-Garonne (Villefranche). — M. Caze,
un des 563, contre M. de Lamothe, député in
validé.
Ille-et-Vilaine (Fougères). — M. Riban,
maire de Fougères, candidat républicain. (M
de in Yillegontier, député invalidé, ne se repré
sentait pas.)
Indre (Châieauroux). — M. Boitard, un des
563, contre AT. Charlemagne, député invalidé.
Manche (Avranches). — M. Riotteau, un des
363, se présentait contre M. de Canisy, M. Le
clère, députe invalidé, ne se représentant pas.
Meurthe-et-Moselle (Lunéville). — M. Cos-
son, un des 565, coutre AI. Michaut, député
invalidé.
Oise (Clermont). — M. Lcvavasseur, un des
565. On assure que M. Labitte, député inva
lidé, ne se représente pas.
Sartiie (Mamers). — M. Lherminier, ancien
membre de l’Assemblée nationale, candidat ré
publicain, coutre Al. de la Rochefoucauld-Bisac-
cia, député invalidé.
Somme (Abbeville). — M. de Douville-Maille-
feu, un des 363, contre M. de Rainvillers, dé
puté invalidé.
Tarn (Castres). — M. Charles Simon, contre
M. Combes, député invalidé.
ÉLECTION D’ORTHEZ
Discussion des conclusions du Rapport du
8 e Bureau sur l’élection de M . PLANTÉ ,
à Orthez.
(Suite.)
M. Ninard, rapporteur. Je dois vous dire,
messieurs, très-rapidement, les raisons qui ont
détermine votre 8 e bureau à vous proposer l’in
validation de Al. Planté dans la circonscription
d’Orthez.
Le système de discussion que vous avez en
tendu tout à l’heure avait principalement pour
objet de défendre la personnalité même de M.
Planté. Je dois vous le dire, rien dans le rap
port n’est de nature à porter atteinte à l’hono
rabilité de notre collègue, et sa personne doit
rester complètement en dehors de ce débat. J’a
joute qu i dans la sous-commission aussi bien
que dans le bureau, pas une voix ne s’est éle
vée pour protester contre la loyauté de son ca
ractère et la sincérité de sa parole.
Mais la Chambre me permettra de dire que
la parole seule de Af. Planté ne pouvait exer
cer aucune influence sur le bureau chargé de
l’examen de son élection, parce que les faits re
levés contre elle résultaient d’une première
protestation assortie de vingt-deux signatures,
d’une seconde assortie de trente-deux signatu
res, U)utes émanant de personnes éminemment
honorables : de médecins, d’avocats, de pro
priétaires, dont les noms fort connus dans le
pays devaient inspirer toute confiance à la sous-
coinmission et au bureau.
La personnalité de Al. Planté, je le répète,
n’est pas en jeu. Plaçons-nous donc en face des
actes de radministration, qui seuls ont déter
miné les conclusions dont j’ai l’honneur de vous
proposer l’adoption.
Eh bien, il faut le reconnaître, l'interven
tion administrative a été ardente, arbitraire,
illégale. Les faits relevés par les protestataires
et assortis, dans le dossier, de justifications
nombreuses, ne permettent pas d’en douter.
Aussi le bureau a-t-il acquis cette conviction
profonde, que, dans rarrondissement d'Orthez,
la liberté électorale a été méconnue, que la
conscience des électeurs n’a pas été respectée,
et, qu’en définitive, la vérité n’est pas sortie
du scrutia. Le bureau pense, et je pense avec
lui, que les conclusions qu’iLa prises sont d’ac
cord avec l’importance et la gravité des faits,
qu’il y a dans celte élection des éléments indé
niables qui ne permettent pas douter qu’elle a
été le produit de suffrages non librement ex
primés, arrachés, au contraire par la violence
et l’iiUinaidation.
il est bon, tout d'abord, de vous signaler,
messieurs, une situation qui, si je ne me trom
B U K JE AUX
PLAGE DES ÉCOLES
(Au coin des Roes Armand Laity et des Cultivateurs)
PAU
pe, doit servir de base à votre décision. L’ar
rondissement d’Orthez, ainsi que le faisai^b-
server M. Planté, se compose de 435 coiflBu-
nes. La majorité obtenue par M. Planté s’eTeve
à un chiffre de 895 voix. En sorte qu’un dé
placement de 447 voix suffit à modifier du tout
au tout le résultat électoral. (Bruit à droite.)
Cette observation n’a pas simplement pour
objet de constater ce que d’ailleurs l’honorable
M. Planté constatait lui-méuie tout à l’heure ;
elle a pour objet surtout de demander à la
Chambre — et c’est immédiatement la question
que je lui pose, — si cette majorité, ou plutôt
le déplacement de 447 ! voix, c’est-à-dire de 3
ou 4 voix pour chacune des 435 communes,
n’est pas le résultat certain de l’action adminis
trative. (Rumeurs à droite.)
M. Granier de Cassagnac père. Mais, à ce
compte, si vous déplacez les portefeuilles, c’est
nous qui seront les ministres. (Rires et bruit.)
M. le Rapporteur. Si vous voulez prendre la
peine de m’écouter, c’est à vos appréciations
mêmes que je soumettrai la solution qui, pour
moi, se dégage des faits qu’il m’appartient
maintenant de vous faire connaître tels qu’ils
son établis par les documents du dossier.
Je ne suis pas personnellement responsable,
vous disait tout à l’heure M. Planté ; je n’ai
commis aucun des actes que signale le rapport :
ils appartiennent à un ministère qui est tombé
et que je regrette de ne pas voir ici pour me
défendre.
J’abandonne ces regrets à M. Planté ; mais
j’aimerais mieux l’entendre regretter des actes
dont il a tiré le profit et qui. par malheur, vi
cient son élection.
En dehors de la candidature officielle, de la
pression administrative, qui en a été la consé
quence; sans elle, il est incontestable que l’élec
tion n’aurait pas été ce qu’elle a été, c’cst-à-
dire que lo résultat électoral eût été complète
ment différent. (Très-bien ! très-bien ! à gau
che.)
La candidature officielle, elle n’est pas dou
teuse, M. Planté la revendique, d’ailleurs. L’af
fiche blanche, elle est dans le dossier ; le Bul
letin des Commîmes a été répandu dans l’arron
dissement d’Orthez comme dans tous les arron
dissements de France. L’administration s’est
jetée à corps perdu, permettez-rnoi l’expres
sion, dans l’arène électorale, au profit du can
didat que patronnait le Gouvernement. Qu’a fait
le sous-préfet d’Orthez ? IL s’est transporté dans
chacune de ses cent trente-cinq communes, en
costume officiel ; et il a réuni partout les fonc
tionnaires de tout ordre.
M. Planté. C’est une erreur!
M. le Rapporteur. Permettez! ne me dites
pas que c’est là une erreur. Je prie la Cham
bre de vouloir bien croire que pas un mot ne
m’échappera qui ne soit l’expresssion d’une vé
rité constatée dans le dossier.
M. Planté. Vous avez dit que le sous-préfet
s’était rendu dans les cent trente-cinq commu
nes; il n’a été que dans les sept chefs-lieux de
canton !
Al. le Rapporteur. Dans les 435 communes!
M. Planté. C'est une erreur !
M. le Rapporteur. Je regrette beaucoup que
vous m’interrompiez, monsieur Planté, et je
vais immédiatement vous en donner la raison.
Je viens de dire que pas un mot ne s’échap
perait de mes lèvres qui ne soit l’expression
d’une vérité constatée par les documents du
dossier. Remarquez qu’icije n’affirme rien per
sonnellement; je ne suis que l’organe des pro
testations... (Bruyantes exclamations à droite.)
et je prends les affirmations qu’elles contien
nent pour en tirer les conséquences que je suis
en droit de tirer.
M. Planté. Je demande la parole.
AI. le Rapporteur. Lors doue que des protes
tations constatent les faits dont j’entretiens en
ce moment la Chambre, lorsque ces protesta
tions viennent déclarer que le sous-prefet s’est
transporté dans les 455 communes, je dois te
nir comme vrai ce langage. (Interruptions à
droite.)
Permettez, messieurs!
M. le Président. Faites silence, messieurs !
M. Planté répondra.
M. le Rapporteur. Soyez-en sûrs, messieurs,
les inspirations auxquelles j’obéissont purement
et simplement des inspirationsde justice. Et Dieu
me garde de mettre en avant des faits qui ne
ressortiraient point des justifications qu’ont ap
portées les protestataires !
Qu’il v ait quelque exagération dans leur lan
gage...(Ah! ah ! à droite), je n’en sais rien :
je ne suis que l’écho de leur affirmation. (Ex
clamations à droits.)
Vos interruptions ont lieu de m’étonner, je
vous demande pardon d’insister sur ce point.
Je vous ai dit tout d’abord que mes affirma
tions n’étaient que la reproduction de celles du
dossier.
Lesprotestationsconstatent des fails;eliessont
signées de noms éminemment honorables. J’ai
dû croire à la vérité des faits qu’elles portent à
la connaissance de la Chambre. Et j’ajoute que,
soumises à M. Planté devant la commission et
devant le bureau, elles n’ont été de sa part
l’objet d’aucun démenti.
Mais à quoi bon cet incident? et quel est son
intérêt dans la discussion?
Je concède volontiers à M. Planté que le
sons-préfet d’Orthez n’a visité que les sept can
tons de son arrondissement; mais il l’a fait en
ANNONCES
Judiciaires 20cent. Réclames(4*page). 50cent. | Faits divers. . . . 50cent
Ordinaires 25 — Réclames (3» page). 40 — | Chronique locale. . 75 —
Les Annonces sont reçues à Pau, chez M. Menetîère, à VImprimerie Nouvelle
et h Pans, chez MM. Havas, Lafitte-Bullier et Ci®, 8, Place de la Bourse. — Audboubg,
‘ 40, Place de la Bourse, et Dongrel et Bullier, 55, rue Vivienne.
costume officiel, après avoir adressé des convo
cations à l'avance à tous les fonctionnaires du
canton qu’il a reçus à l'hôtel de la mairie. Les
maires, ies instituteurs, les juges de paix, les
employés de toutes les administrations se sont
rendus à son appel, et le langage qu’il pariait
séparément à chacun d’eux variait suivant le
degré de confiance politique qu’éveillaient en
lui les opinions connues ou étudiées à l’avance
de ces différents fonctionnaires comparaissant
devant lui. Aux uns i! prodiguait les encoura
gements et les promesses, aux autres les injonc
tions et les menaces.
Vous pouvez juger, messieurs, de la violence
de langage du magistral administratif d’Orthez
et du caractère de son intervention par 1a dé
claration du maire d’Albos-Aspis, dont la sin
cérité ne saurait être douteuse et que d’ailleurs
confirment dans tout son contexte les trente si
gnataires de l’une des protestions dont vous
êtes saisis.
Ce magistrat municipal comparaît devant M.
le sous-préfet. H est interrogé comme tous les
autres, et c’est lui qui relate les termes dans
lesquels s’est produit l’entretien.
* Je soussigné Bavant (Pierre), maire d’A-
thos-Asnis (Basses-Pyrénées), certifie que, dans
une entrevue avec M. le baron René de Mathan,
sous-préfet d’Orthez, celui-ci m’a dit que je
devais f.iire mon possible pour obtenir lo majo
rité des suffrages pour M. Planté, candidat du
Gouvernement;
« 2* Que m’ayant demandé le résultat du
dernier vote et lui ayant répondu qu'il était en
grande majorité pour le candidat républicain, il
me dit d'un ton imposant : Il faut que ça chan
ge; il faut que cette fois-ci Af. Planté ail la ma
jorité ; vous devez tout votre concours au can
didat du Gouvernement. J’espère, ajouta-t-
il, que vous ne serez pas du nombre des
récalcitrants, pour lesquels nous serons impi-
toyables.
« Vous comprenez, répéta-t-il, nous serons
impitoyables pour tous les fonctionnaires qui
porteront leur concours à l’autre candidat, M.
Vignancour. » (Exclamations à gauche.)
11 le répète une seconde fois < impitoyable
pour les fonctionnaires ! »
A gauche. C’est entendu ! — Aux voix ! aux
voix !
M. le Rapporteur. Permettez, messieurs! ce
n’e>t pas fini ; il est bon, dans l’intérêt de la
moralité électorale que vous entendiez ce qui
me reste à vous dire. (Parlez ! parlez !)
Je continue la lecture.
«... Que. plus tard, mandé de nouveau de
vant lui, il m’a dit, entre autres, que le Gou
vernement refuserait son secours à la commune
d’Alhos-Aspis, si elle votait, en majorité pour
Al. Vignancour, tandis que, si elle votait pour
AI. Planté, elle bénéficierait du secours du
Gouvernement.
« Cei tifié sincère et véritable.
« Àthos-Aspis, le 46 octobre 4877.
« Signé : Davaud, maire. >
Voilà donc le langage tenu par le sous-pré
fet, et lorsque tout à l'heure, je me posais la
question de savoir si l'influence de ces maires,
encouragés ou menacés suivant l’opinion à la
quelle ils appartenaient, ne s’était pus exercée
dans des conditions désastreuses pour la sincé
rité du résultat électoral, si cette influence n’a
vait pas été de natureù déplacer trois ou quatre
voix par commune, n’avais-je pas raison d’a
jouter: Le doute n’est permis pour personne?
Qui ne sait combien tous les maires tiennent
à leur écharpe, combien peu résistent aux me
naces, combien peu refusent le concours solli
cité de l’autorité qui commande!
M. Larochb-Joubert. Il n’y a pas un maire
qui ne soit prêt à jeter son écharpe à la tète
d’un préfet qui aurait des exigences inaccepta
bles.
. M. le Rapporteur. Que vous dirai-je de ces
secours conditionnels promis aux commuues ?
N’est-ce pas l’atteinte la plus grave à l’indépen
dance électorale ? Ainsi les secours ne sont plus
distribués suivant les besoins et les droits. Ils
ne sont autre chose que la récompense de ser
vices électoraux, et l’esprit des populations
se démoralise à cet appel constant à la cu
pidité.
Voilà, messieurs, quels ont été l’attitude et
le langage du sous-préfet d’Orthez. (Applau
dissements au centre et à gauche. — Interrup
tions à droite.)
Ce n’est pas tout encore. Des convocations
nouvelles sout adressées non plus au chef-lieu
de canton, mais au chef-lieu d’arrondissement,
à ceux des fonctionnaires suspects encore d’in
dépendance. Les injonctions, les menaces de
viennent plus pressantes à la veille du scrutin,
et le préfet lui-même renouvelle toutes les ins
tructions sous-préfectorales. Et que M. Planté
ne nous dise pas, comme il le faisait tout à
l’heure, que le nombre des maires révoqués est
insignifiant, que celui des instituteurs suspen
dus doit à peine compter. Pourquoi d’ailleurs
ces révocations ou suspensions n’ont-elles pas
été plus importantes? Chez beaucoup de fonc
tionnaires, l’administration a rencontré la sou
mission et l’obéissance immédiate et en quel
que sorte passive. (Rumeurs à droite.)
Quant à ceux qui se sont révoltés contre les
exigences administratives, qui, fiers de leur in
dépendance, ont voulu la garder, et qui, dans
son intérêt, ont protesté, ils ont été frappés, sa
crifiés sans exception.
Dans ia commune de Salies, maire et adjoint
sont révoqués; le conseil municipal est dissous
et remplacé par une commission municipale.
Les maires et adjoints d’Arzrcq sont révo
qués; ceux de Louvigny, de Pomps, Saint-Gi
rons,Os-Marcilon sont suspendus. Ici, M. Planté
m’arrête et me dit que quelques-uns de ces
maires sont suspendus pour des causes dont il
veut garder le secret, mais complètement en de
hors de la politique. Je n’eu sais rien et ne
veux pas le rechercher. Mais ce que je sais, et
cela me suffit, c’est que la résistance aux pro
messes comme aux menaces n’a pas trouvé
grâce devant l’administration, et que des me
sures de rigueur ont accueilli toutes les mani
festations d'indépendance électorale.
Qu’importe maintenant le nombre des maires
révoqués ou suspendus?
Après les maires, les instituteurs. Dix d’en
tre eux sont transportés d’une résidence dans
une autre.
C’est de l’avancement pour les uns, dit M.
Planté; c’est l’application pour les autres des
modifications réglementaires apportées chaque
aunes au mois de septembre dans le personnel
de ces fonctionnaires.
Je n’en crois rien, messieurs ; toutes ces me
sures se conciliaient trop bien avec l’intérêt
électoral pour qu’il soit permis d’y voir autre
chose que la mise à exécution des menaces for
mulées et les précautions prises par l’adminis
tration en vue d’assurer le succès du candidat
de son choix.
Un ingénieur des ponts et chaussées, M. For-
cade, le directeur du télégraphe d’Orthez, M.
Serres, sont éloignés en disgrâce. On scrute la
conscience de ces deux fonctionnaires, on fait
des investigations d.*ns ce domaine qui devait
rester sacré ; on découvre que les inspirations
politiques auxquelles ils obéissent l’un et l’au
tre sont des inspirations en désaccord avec les
désirs de l’administration, et l’administration,
indifférente à leurs conditions de famille et de
fortune, les trappe sans pitié tous les deux.
Le directeur du télégraphe, M. Serres, a con
signé dans une lettre au chef de son adminis
tration les motifs de sa disgrâce. Celle lettre,
dont le caractère est à In fois noble et touchant,
doit être connue de la Chambre. Elle est conçue
dans les termes suivants :
« Afonsieur le directeur de l’administration
des lignes télégraphiques,
« Par décision de je ne sais quelle date, vous
m’appelez au bureau de Toulouse, supprimant
ainsi l’emploi de M me Serres, qu’elle occupe de
puis huit ans, et m’imposant un changementde
résidence et de position très-onéreux.
« Votre détermination no m’a point surpris ;
car, vers le 45 juillet dernier, Af. l’inspecteur
de Pau, avait bien voulu me prévenir que j’a
vais été signalé à M. le préfet comme me livrant
à une propagande électorale très-active.
« Demander une enquête serait évidemment
peine perdue ; mais je porte à mon dénonciateur
le défi le plus absolu de relever, à ma charge,
le plus petit agissement politique pendant les
deux ans de mon séjour à Orthez.
« Soit au point de vue professionnel, soit au
sujet de ma conduiLe privée l’administration ne
pouvant rien me reprocher, — car je n’ai ja
mais reçu de mes chefs immédiats que des té
moignages de satisfaction,—je-ne puis attri
buer ma disgrâce qu’à mes opinions politiques.
« Déjà, il y a environ deux ans, à la veil'e
comine aujourd’hui des élections générales et à
l’instigation de M. Pascal, alors préfet de la Gi
ronde, vous m’avez envoyé d’Arcachon à Orthez,
en m’enlevant ainsi les moyens de remplir mes
devoirs d’électeur.
« Mes modiques appointements et ma fortune
ne me permettent pas de subir, à î’instar des
hauts fonctionnaires administratifs, toutes les
fluctuations politiques. D’ailleurs, à Toulouse,
je ne pourrais être que ceque je suis, ce que j’ai
toujours été: uq républicain aussi inébranlable
que modéré.
« En conséquence, faisant le sacrifice de seize
années de bons et loyaux services dans l’admi
nistration des lignes télégraphiques, j’ai l’hon
neur de vous remettre ma démission d’employé
de 2* classe. 4^
« Signé : F. Serres.
« Chargé du service, à Orthez. »
(Très-bien ! très-bien ! — Applaudissements
à gauche et au centre.)
Voilà, messieurs, la lettre qui était écrite...
Plusieurs membres à gauche. — Le nom ! le
nom ! Répétez le nom !
M. le Rapporteur. Je viens de le lire : c’est
M. Serres.
Vous permettez ici, messieurs, de pincer une
réflexion. Vraiment la conscience s'afflige lors
qu'on se trouve en présence de pareilles mesu
res. Comment ! l’avancement, les honneurs, qui
devaient être le prix du travail, de l’intelligen
ce, du zèle et de la moral i lé avec lequel les
fonctions sont exercées, ne sont fuis que pour
récompenser l’abdication de toute indépendan
ce et la soumission 3ervile aux exigences d’une
autorité supérieure. N’est-ce pas là. messieurs,
la corruption des services publics ? N’est-ce pas
en même temps le découragement jeté p-mui
les fonctionnaires qui ne veuteut obéir à d’au
tre voix qu’à celle dudevoir?
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