Titre : L'Indépendant des Basses-Pyrénées : paraissant les lundi, mercredi et vendredi ["puis" paraissant tous les jours excepté le dimanche "puis" journal républicain quotidien "puis" le mieux informé des journaux de la région]
Éditeur : [s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1898-07-06
Contributeur : Garet, Émile (1829-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34416250c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 juillet 1898 06 juillet 1898
Description : 1898/07/06 (A31,N225). 1898/07/06 (A31,N225).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5227182d
Source : Bibliothèque patrimoniale de Pau, Ee 3218
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/03/2020
Tr«nt«-Unième Année. — N° 225.
Prix \ B Centimes.
Mercredi 6 Juillet 1898.
L’INDEPENDANT
DES BASSES-PYRÉNÉES
JOTJE1TAL POLITIQUE QUOTIDIEN
[texte manquant]
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ABONNEMENT** i 3 MOIS 6 MOIS 1 AN
Pau, départ, et limitrophes 6 fr. » 10 fr. 20 fr.
Autres départements 6 60 12 24
Maires et instituteurs des B.-Pyr.... 8 16
ÉTRANGER PRIX DU DÉPARTEMENT ET PORT EN SUS
RÉDACTION et ADMINISTRATION S 11, rue des Cordeliers, 11 — PAU
Réducteur en Chefs Octave AUItBRT
LA DIRECTION POUTIOUE APPARTIENT AU CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ OE L' « INDÉPENDANT »
Tout cc oui concerne /ce Abonnements et tes Annonces, doit être adressé à Pau,
à M. Georges HAVRBT, administrateur-comptable ; à Paris, aux diverses Agences pour les annonces.
Les Manuscrit» non Insérée ne sont pas rendu».
ANNONCES
Annonces judiciaires 20 c. la ligne.
Annonces Ordinaires 25 —
Réclames 40 —
Chronique locale ou faits divers 60 —
A FORFAIT POUR LES ANNONCES DE DURÉE
MM—M—s—aassaüaü-rrT Ï—T-^TS=I . I.'I—
B O TT RM B DH PAR»
(FAH DÉrÉcaa)
Cours du 5 Juillet
I 14 Perpétuel 102.95
3 0/0 Amortissable 101.30
3 1/* 0/0 1894 106.75
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Communiqués par le CREDIT LYONNAIS
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Brésilien 4 0 0 1889 00 <10
Crédit Foncier 000
Uruguay } 0)00
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Russe 3 0(0 1891 t>0 00
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Italien 5 4/0
Actions nord Espagne 00 00
Extérieure 4 0|0 33 60
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Turc série D 22 80
Rio Tinto 673 ^
Portugais 3 0/0 00 00
•EXTRAIT DE LA COTE OFFICIELLE
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Société Générale 630 00
Orléans 1-890 00
2.200
Ouest 1.225 00
p i M 1.918 00
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3 0/0 Anglais consolidé 111.25
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4 0/0 Amérieain, Or 102.00
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RARCILONI, 4 juillet — Change sur Paris,
92 à 85 00; change sur Londres, 46 25.
LISBONNI, 4 juillet — Change sur Paris,
S67 ; change sur Londres, 29 62 , or, 79 00.
BUINOS-ATRIS, 3 juil. —Prime or 174 20.
RIO-DB-JtwsiRo, 3 juil. — Change sur
Londres. 7 3;8.
VALPAIMISO, 3 juil. — Change sur Lon
dres, 17 00.
TÉLÉGRAMMES
Service spécial de VINDÉPBNDANT
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Paris, 5 juillet, soir.
Au banquet offert par la chambre de
commerce américaine à Paris assistaient de
nombreuses notabilités françaises.
— Un journal assure que la nomination
de M. le sénateur Pauliat au poste de gou-
verneur général de l’Algérie en remplace-
ment de M. Lôpine est décidée.
— Le comte Goluchowki, président du
conseil des ministres d’Autricho-Hongrie
est arrivé hier soir à Paris.
Toulon, 5 juillet.
Une jeune fille nommée Angèle Inaudi,
demeurant avec ses parents rue Saint-Sé-
bastien, â Brignoles, a été assassinée hier
soir, par son frère, âgé de 27 ans, à l’aide
d’un manche à balai à bout pointu. On igno-
re le mobile du crime.
La victime a la figure, la poitrine et le
ventre littéralement criblés de trous. L’as-
sassin s'est fait justice en se faisant écraser
par un train hier soir, vers 8 h. 1(2, non
loin de Uriguolles.
— Les médecins allemands, réunis en
congrès à Wiesbadeu se sont prononcés
contre l’autorisatiou d’accorder aux femmes
te droit de faire des études médicales.
NOTE DE LA RÉDACTION. — Nos lec-
teurs remarqueront que les nouvelles
suivant qu’elles soient de source amé-
ricaine ou de source espagnole, sont
absolument contradictoires.
Selon les Américains, la flotte de
l’amiral Cervera est détruite ; selon
les Espagnols elle a forcé le blocus et
vogue vers un port dans le nord de
Cuba.
LA GUERRE HISPANO-AMÉRICAINE
Washington, 5 juillet.
Une dépêche officielle de l’escadre de
l’amiral Sampson confirme que l’escadre
espagnole est entièrement détruite. 1.300
Espagnols et l’amiral Cervera sont faits
prisonniers. Plusieurs centaines d’Espa-
gnols ont été tués. Les Américains ont
perdu une centaine d’homme*.
Le général Shafter a télégraphié diman-
che des environs de Santiago ;
« J’ai complètement entouré la ville
deouis la baie au nord jusqu’à un point du
sud sur le fleuve San-Juan. L’ennemi occupe
une position s’étendant de la bouche occi-
dentale du fleuve jusqu’au chemin de fer et
à la ville. Le général Pando se trouve à
quelque distance, mais il ne pourra pas
pénétrer dans Santiago. »
Le général Shafter a prévenu M. Alger
que le bombardement de Santiago a été
ajourné jusqu’à aujourd’hui par pitié pour
les souffrances de la ville.
M. Alger confère actuellement avec le
président Mac-Kinley. Le général Shafter a
télégraphié à 4 h. 1[4 que les Espagnols
refusent de capituler. Il leur a donné jus-
2u’à aujourd’hui midi pour le faire ; faute
e quoi il reprendra le bombardement.
Les Espagnols, d’après une autre dépê-
che, auraient demandé vingt-quatre heures,
qui leur ont été accordées à condition qu’au-
cune opération militaire ne soit entreprise
dans rintervalle. Les délais expirent ce
! matin à 10 heures.
Londres, 5 juillet.
On mande de Manille 27 juin t
Los employés anglais du chemin de fer,
ôtant de retour à Dagupan, ont trouvé la
ville en possession des Espagnols et tout le
pays alentour occupé par les rebelles. On
croit que ceux-ci disposent de la plus gran-
de partie des voies ferrées. Un détache-
ment espagnol, qui occupe Malate, a tenté
de prendre en flanc les troupes d’Aguinal-
do par une marche le long de la côte. A la
suite d’une méprise, les espagnols ont lué
douze de leurs propres soldais. Eu voulant,
d’autre part, atteindre un avant-poste des
rebelles, ils ont bombardé l’église de Santa-
Anna.
Les espagnols occupent une ligne en
zig-zag le long de l’aqueduc à huit milles
de l’est. Ues attaques continuelles ont lieu
de part et d’autre sur cette ligne. Les sinuo-
sités du fleuve compliquent encore la situa-
tion.
Marseille, 5 juillet.
Le paquebot Loos, courrier d’Extrême-
Orient, est arrivé hier à 3 heures. En quit-
tant Port-Saïd, le navire a passé devant
l’escadre de l’amiral Camara retenue à l’en-
trée du canal de Suez par suite du manque
de charbon. De nombreux cris ont été pous-
sés par les marins français et espagnols.
Washington, 5 juillet.
Une dépêche officielle de l’amiral Sampson
datée de Siboney, 3, dit :
La flotte que je commande offre à la
nation un cadeau de la fête du 4 juillet : la
destruction de loule la flotte de l’amiral
Cervera ; aucun vaisseau n’a échappé. Elle
a essayé do s'échapper à fl h. Ij2 du mutin,
et à 2 h. 1|2 après-midi le dernier vaisseau
le Christobal-Colon s’était échoué à 70
milles à l’ouest de Santiago, où il a abais é
son drapeau. L'Infante Marie-Therese,
le Vfacaya et VOquendo ont été forcés
d’échouer. Ils ont été brûlés et ont sauté à
moins de 20 milles de Santiago. Le Furor
et le Pluton ont été détruits à environ 4
milles du port. Nos pertes ont été d’un
homme tué et de deux Dlessés.
Les pertes de l’ennemi s'élèvent proba-
blement à plusieurs centaines d’hommes
qui ont été pris par le feu, par les explo-
sions ou dans la mer. Nous avons fait envi-
ron 1,300 prisonniers, y compris l’amiral
Cervera.
L’Agence Havas nous communique la nota
et la dépêche suivantes :
Malgré les détails pourtant précis que nous
avons reçus de New-York et de Washing-
ton et que nous avons publiés, nous croyons
devoir donner la dépêche suivante qui nous
est adressée de Madrid.
Madrid, 5 juillet.
L»s avis du sémaphore, près du fort Morro
de Santiago, disent que llescadre espagnole,
après la canonnade des Américains, n’a
fait aucun signal indiquant qu’elle ait reçu
des avaries. Les nouvelles des Américains
sur la déroute de l’escadre, seraient donc
dénuées de fondement. L’escadre de l’ami-
ral Cervera est plus rapide, en outre, que
celle de l’amiral Sampson.
Madrid, 4 juillet, 3 h. 30, soir.
Lo général Escario, avant d’arriver à
Santiago, a eu à soutenir un combat près
Raima. Il a eu vingt morts et soixante-dix
blessés
Une dépêche du maréchal Blanco dit que
les troupes espagnoles de Santiago se sont
battues dans la proportion de un contre
cinq. Les détails manquent sur la bataille
navale, cependant on assure que l’amiral
Cervera a réussi à arriver dans un port de
la côte méridionale de Cuba.
Manille, 5 juillet.
Le drapeau|américain a été arboré sur les
ruines du fort Santa Luiza. Le débarque-
ment des troupes américaines à Cavité a
commencé le l«r juillet. Les troupes s’éta-
blissent dans un camp sur l’isthme. Les
insurgés entourent Manille, prêts à agir de
concert avec les Américains.
Shanghaï, 5juillet.
De source ànglaise :
Le bruit court ici que l’Allemagne a pris
avant la guerre des arrangements en vue
d’obtenir une concession d’un port aux
Philippines.
L’escadre de l’amiral Cervera
Paris, 5 juillet.
On sait que quelques jours après la dé-
claration de guerre, le 23 avril dernier,
l’Espagne forma une escadre volante au
cap Vert. Cette escadre, dont on ne connut
pas la destination,fut placée sous les ordres
de don Pasquale-y-Cervera-y-Topète.
Au commencement du mois de mai, ou
apprit que celte force navale avait quitté
le Cap-Vert avec des ordres cachetés.
Pendant quelques jours, on ne sut ce
qu’elle était devenue. Les uns prétendaient
qu’elle se dirigeait sur les Philippines par
la voie du cap de Bonne-Espérance, d’au-
tres croyaient qu’elle avait pour mission
de se rendre sur les côtes américaines de
l’Atlantique pour bombarder les ports amé-
ricains. D’autres enfin, mieux renseignés,
affirmaient que l’objectif de l’amiral Cor-
vera était un port de l’ile de Cuba.
Le 19 mai, en effet, après une croisière |
qui fit l’admiration de tous les hommes de
mer, la flotte espagnole entrait sans coup
férir dans la baie de Santiago de Cuba.
C’était exactement deux jours après le
bombardement de Porto-Rico par l’amiral
Sampson. L’amiral Cervera, sachant que
l’amiral américain venait d’user ses muni-
tions en canonnant San-Juan quitta rapi-
dement Curaçao et gagna les eaux cubaines.
Avant de pénétrer dans la baie de San-
tiago, il avait détaché un de ses destroyers
et l’avait envoyé à San-Juan de Porto-Rico.
La flotte de l’amiral Cervera était com-
posée des unités suivantes :
Croiseurs cuirassés : A Imirante-Oquen-
I do, Viscaya, Infante Maria-Thereza,
Cristobal-Colon, déplaçaient tous les qua-
tre 7,000 tonnes. Ils ont le même armement,
trente canons chacun dont deux de plus de
vingt centimètres, huit tubes lance torpil-
les ; leur vitesse est à peu près la même,
20 à 21 noeuds.
Destpoyers : Pluton, Puror. ues navi-
res déplacent de 380 à 400 tonneaux. Ils
sont armés chacun de quatre canons et
de deux tubes lance-torpille. Leur vitesse
varie de 28 à 30 noeuds.
Torpilleurs : Ariette, Azor et Rayo,
qui déplacent de 28 à 30 tonneaux, munis
chacun de deux ou trois canons et d’un
tube lance-torpille. Leur vitesse varie entre
19 et 20 noeuds.
La flotte espagnole était accompagnée de
deux croiseurs auxiliaires ; Ville de Cadix
et San-Francisco.
Quant à la flotte américaine, elle était
beaucoup plus puissante que l’escadre es-
pagnole. Au début du siège, elle se compo-
sait des cuirassés Iovaa et Indiana, du
garde-côte Puritan, du croiseur cuirassé
Amiral-New-York, des croiseurs Detrilo
et Cincinnati. Elle fut bientôt renforcée
par une partie de l’escadre du commodore ]
Schley. L’escadre américaine avait donc
une supériorité marquée sur l’escadre es-
pagnole tant au point de vue du nombre,
de ses unités, du tonnage et de l’artillerie.
Paris, 5 juillet.
L’agence Havas nous communique à mi-
nuit 15, la dépêche suivante :
Madrid, 5 juillet.
Suivant des dépêches de bonne source,
l’escadre de l’amiral Cervera, après une
très vive canonnade avec l’escadre améri-
caine, aurait réussi à prendre la direction
de la côte nord de Cuba. On croit qu’elle se
I dirige vers la Havane. La situation de San-
tiago s’est améliorée après l’arrivée des
renforts. Le siège pourra se prolonger long-
temps, quoique après le départ de l’escadre
de l’amiral Cervera les américains aient
perdu leur principal objectif.
L’Agence nationale publie la dépêche sui-
vante :
New-York, 5 juillet.
Le Viscaya, pris par le New-York et le
Brooklyn, n’a subi que très peu de dégâts.
L’amiral Cervera est actuellement prison-
nier à bord du New■ York. Treize cents of-
ficiers et marins sont également prison-
niers. La flotte américaine u’a eu qu’un tué
et deux blessés. Aussitôt que l’escadre es-
pagnole a quitté le port, deux torpilleurs
espagnols oui tenté d’attaquer l’escadre
américaine, profitant de l’épaisse fumée
occasionnée par le tir des pièces,
New-York, 4 juillet
La prise du Viscaya r>ar lo New-York
et le Brooklin, est continuée. Il n’a subi
que très peu de dégâts.
L’amiral Cervera est actuellement pri-
sonnier à bord du New-York.
Le croiseur auxiliaire Corsaire se porta
au devant de ces torpilleurs. Après une ca-
nonnade d’un quart d’heure, les deux tor-
pileurs, hors de combat tentèrent de rega-
gner le port de Santiago, poursuivis par
le Corsaire qui a continué a tirer sur eux
jusqu’à ce qu’ils eussent pris feu tous les
deux.
La Situation en Espagne
Madrid, 5 juillet.
En raison des nouvelles de Santiago la
presse redouble d’attaques contre le gou-
rer uement.
Le Héraldo le tient responsable de l’in-
suffisance des ressources mises à la dispo-
sition des généraux et des amiraux.
Le Liberal dit que le cabinet actuel no
servant ni pour ni contre la guerre, ni pour
faire la paix doit se retirer afin que d’au-
tres cherchent, si toutefois c’est possible,
une solution de la crise dans laquelle se
jouent le présent et l’avenir de l’Espagne.
L'Imparcial réclame des hommes nou-
veaux capables d’inspirer confiance à la
nation et à l’armée qui rivalisent de patrio-
tisme héroïque.
Les organes républicains et carlistes sont
encore plus vifs dans leurs critiques, tandis
que les feuilles conservatrices sont visible-
ment partagées entre le désir de mettre sur
le dos du parti libéral les responsabilités
des revers coloniaux et les craintes de pré-
parer ainsi l’avènement de MM. Silvela et
Campos dans des conditions défavorables.
La presse est unanime à considérer les
événements de Santiago comme une aggra-
vation de la situation sans pourtant justi-
| fier la paix.
DÉPÊCHES DU MATIN
Paris, 5 juillet, 8 h. m.
Les nouveaux essais du Charlemagne, à Brest,
ont été des plus satisfaisants. Une vitesse de
seize noeuds a été développée avec 9,300 chevaux
de puissance,
I — Aujourd'hui sont convoqués à Tours les
territoriaux du 70* régiment d'infanterie. Deux
bataillons seront dirigés sur Paris, le 11, pour
figurer à la revue du 14 juillet. Ils rentreront à
Tours le 16 pour être licencié le 17.
— Une dépêche d'hier matin, 11 heures et 1f2,
du général Shafter dit que les Espagnols ont re-
fusé de capituler. Le général leur adonné jusqu'à
aujourd'hui midi, délai après lequel il reprendra
le bombardement.
gs Paris, 5 juillet, 10 h. m.
Les dépêches de Madrid continuent è raconter
que l'escadre de l'amiral Cervera sortit de la
baie de Santiago, rencontra l'escadre américaine,
soutint le beu une heure durant et disparut vers
FEUILLETON DE L’INDÉPENDANT 11 |
CHARLES I>E VITIH
LE ROMAN DE L’OUVRIÈRE
PREMIÈRE PARTIE
LA DENTELLIÈRE
Et lisant un consentement dans les yeux de
Germaine :
— Voilà qui est entendu, dit-il ; dès demain,
j’irai parler à mon frèro et à Mme la supé-
rieure.
V
UNI GRANDE RÉSOLUTION
La petite chambre que la supérieure 'des
Ursulines mit à la disposition de sou ancienne
élève fut pour celle ei un lieu d’asile béni,
après les jours d’angoisse qu’elle venait de
traverser. Sa vie y était calme et solitaire,à
peine égayée par quelques visites qui, bientôt,
se firent rares, puis cessèrent tout à fait. A
l’expiration de son congé, M. de Maisey avait
regagné Tours, où sa femme l’avait suivi.
Irrité d’un passe-droit du ministère, le colo-
nel venait de se retirer à la campagne d’où il
sollicitait sa mise à la retraite. Seul l’abbé
Martinot, aussi souvent que ses occupations
le lui permettaient, descendait des hauteurs
de Saint-Pierre de Montmartre, sa nouvelle
paroisse, à Auteuil, pour voir la jeune fille et
s’occuper avec elle ae ses projets d’avenir.
Celui de Germaine ne se présentait pas
brillant. Le notaire qui réglait ses affaires
n’avait point caché à rabbê que les ressources
I dont Mlle d’Orchamps pourrait disposer se
raient trop minces pour suffira aux besoins de
son existence et qu'il lui faudrait trouver un
moyen de gagner sa vie.
I Gagner sa vie, la gagner tout de suite, de
I quelle manière la gagner * Telles étaient les
I questions que l’abbé agitait avec Germaino
I toutes les fois qu’il venait la voir ; questions
I complexes et grosses d’incertitude quand il
1 s’agit d’une femme !
Tout d’abord, Germaine avait écarté la pos-
I glbilitô d’une position qui la mettrait en contact
I avee son ancien monde ; dame de compagnie,
I gouvernante accompagnant des jeunes hiles au
I cours, secrétaire d’une présidente d’oeuvres.
1 etc. D’autre part, son instruction, pureraen ;
I mondaine, dont nul brevet n’avait affirmé la
I valeur, la repoussait de la «arriéré, si difficile
à aborder, si ingrate à parcourir, de l’ensei-
gnement.
Restaient les places données, après examen,
par le gouvernement : poste, timbre, télépho-
ne, qua Tes amis de Germaine lui eussent faci-
lement fait obtenir.
— Mais là, faisait observer l’abbé, les fem-
mes n’obtiennent que des places secondaires
et mal rétribuées, les meilleures sont données
aux hommes.
« ...Il y a dix-huit sièclos, disait il encore,
en se promenant dans la petite chambre de |
Germaine, qu’il parcourait en trois enjambées,
il y a dix-huit siècles que lo christianisme a
proclamé 1’égalifé do l'homme et de la femme
et cependant presque partout les lois consa-
crent leur inégalité. » (1).
Partout pour un travail égal et môme supé-
rieur, en chambre ou en atelier, dans un em-
ploi public et dans une famille, les femmes
sont moins rétribuées que les hommes. Et que
de carrières leur sont fermées ! Vit on jamais
une femme gardienne d’un musée ou d’une
bibliothèque ? La police parisienne permet-
trait-elle à une fille du peuple d’exercer la
profession do dôcrotteur au coin des rues,
quand même elle aurait des bras robustes et
des enfants à nourrir 1
— Cependant, monsieur l’aumônier, dans les
arts...
(I) U Ftmme Pauvre su XIX' Siéole (UuubU).
— 11 ne s’agit pas d’art, ici, mon enfant ; jo I
ne parle que de métiers.
Si l’art est réservé à une élite, il existe ce-
pendant des métiers lucratifs, de ceux où ga- I
gne dix et même douze francs par jour. Le
métier de graveur, de décorateur à la manu- I
facture de Sèvres, de dessinateur sur châles,
par exemple... Eh bien, tous ces métiers qui
sembleraiest s’accommoder si bien du goût, I
de la patience, de la délicatesse de votre sexe
vous sont interdits à vous autres femmes,
parce que vous en ignorez les procédés. Jamais
vous n’avez pu les étudier dans ces écoles pro- I
fessionnelles où se forment les ouvriers qui se
destinent à ces métiers confinant à l’art.
— Les jeunes filles en sont-elles donc ex- I
clues 1 demanda timidement Germaine.
— Je ne sais s’il y a à ce sujet une défense
formelle. Ce que je sais, c’est quo l’immoralité
française rend presquo impossible aux jeunes
filles sérieuses la fréquentation d'écoles mix-
tes. On parle de réformes futures; mais jus- 1
qu’à présent, je crois qu’il y a, au fond do la
pensée de tout administrateur, une crainte
vague do donner aux femmes les moyens de
se rendra, par un travail suffisamment rétri-
bué, tout à fait indépendantes de l'homme.
Précaution impie, mesura désastreuse qui don-
ne à l’homme sur la femme des avantages dont
il abuse pour satisfaire plus facilement ses
•vices ! '■
Oui. oontiuuu l'abbé, répond»1'1*;* préoc-
cupation» et oubliant Germaine, l’égalité des
sexes n’a été réellement proclamée que par un
apôtre, saint Paul, qui a dit que la femme
avait la même dignité morale que l’homme.
Pardonnez-moi, mon enfant, dit le bon
abbé, se rappelant soudain la présence de Ger-
maine, je me suis un peu écarté du sujet de
nos préoccupations. Qua disions nous »
— Vous parliez d’écoles professionnelles,
monsieur l’aumônier, et j|allais vous répondre
que, mixtes ou non, jamais mes parents n’eus-
sent songé à m’y mettre. Ne regrettons dono
de leur constitution, du moins à mon endroit.
Vous avez raison, mon enfant, il faut
accepter la position telle qu’elle est et tâcher
d’en tirer le parti le meilleur possible. Remet-
tons tout entre les mains de la divine Provi-
dence et attendons le règlement définitif do
vos affaires avant de rien décider.
Cependant le notaire s’occupait avec ac.tivité
de réaliser les fonds qu’il espérait recueillir
pour Germaine de la succession très obérée da
ses parents.
11 obtint du propriétaire, moyennant un sa-
crifice d’argent, ta dénonciation d’un bail oné-
reux ; il vendit, comme il le put, les titres rui-
neux achetés par le commandant ; constata en
soupirant l’absence des valeurs de tout repos
qui avaient constitué la dot de Mme d’Or-
champs et dont elle avait imprudemment signé
l’abandon, paya toutes les dettes, les droits
d’enregistrement, les frais divers de la auocee-
sion, et une fois la balance établie, avoua à
son frère qu’il n’aurait à remettre à Mlle d’Or*
Prix \ B Centimes.
Mercredi 6 Juillet 1898.
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Portugais 3 0/0 00 00
•EXTRAIT DE LA COTE OFFICIELLE
Cours du 4 juillet
Banque de France 8.560
Société Générale 630 00
Orléans 1-890 00
2.200
Ouest 1.225 00
p i M 1.918 00
Est. i.°* «#
Compagnie du Gaz 1-132
Canal ae Suez 3.740 00
3 1/2 00 Russe 1891 102.00
3 0/0 Anglais consolidé 111.25
4 0 0 Autrichien, Or 102.95
4 0/0 Amérieain, Or 102.00
5 0/0 Argentin 451.00
RARCILONI, 4 juillet — Change sur Paris,
92 à 85 00; change sur Londres, 46 25.
LISBONNI, 4 juillet — Change sur Paris,
S67 ; change sur Londres, 29 62 , or, 79 00.
BUINOS-ATRIS, 3 juil. —Prime or 174 20.
RIO-DB-JtwsiRo, 3 juil. — Change sur
Londres. 7 3;8.
VALPAIMISO, 3 juil. — Change sur Lon
dres, 17 00.
TÉLÉGRAMMES
Service spécial de VINDÉPBNDANT
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Paris, 5 juillet, soir.
Au banquet offert par la chambre de
commerce américaine à Paris assistaient de
nombreuses notabilités françaises.
— Un journal assure que la nomination
de M. le sénateur Pauliat au poste de gou-
verneur général de l’Algérie en remplace-
ment de M. Lôpine est décidée.
— Le comte Goluchowki, président du
conseil des ministres d’Autricho-Hongrie
est arrivé hier soir à Paris.
Toulon, 5 juillet.
Une jeune fille nommée Angèle Inaudi,
demeurant avec ses parents rue Saint-Sé-
bastien, â Brignoles, a été assassinée hier
soir, par son frère, âgé de 27 ans, à l’aide
d’un manche à balai à bout pointu. On igno-
re le mobile du crime.
La victime a la figure, la poitrine et le
ventre littéralement criblés de trous. L’as-
sassin s'est fait justice en se faisant écraser
par un train hier soir, vers 8 h. 1(2, non
loin de Uriguolles.
— Les médecins allemands, réunis en
congrès à Wiesbadeu se sont prononcés
contre l’autorisatiou d’accorder aux femmes
te droit de faire des études médicales.
NOTE DE LA RÉDACTION. — Nos lec-
teurs remarqueront que les nouvelles
suivant qu’elles soient de source amé-
ricaine ou de source espagnole, sont
absolument contradictoires.
Selon les Américains, la flotte de
l’amiral Cervera est détruite ; selon
les Espagnols elle a forcé le blocus et
vogue vers un port dans le nord de
Cuba.
LA GUERRE HISPANO-AMÉRICAINE
Washington, 5 juillet.
Une dépêche officielle de l’escadre de
l’amiral Sampson confirme que l’escadre
espagnole est entièrement détruite. 1.300
Espagnols et l’amiral Cervera sont faits
prisonniers. Plusieurs centaines d’Espa-
gnols ont été tués. Les Américains ont
perdu une centaine d’homme*.
Le général Shafter a télégraphié diman-
che des environs de Santiago ;
« J’ai complètement entouré la ville
deouis la baie au nord jusqu’à un point du
sud sur le fleuve San-Juan. L’ennemi occupe
une position s’étendant de la bouche occi-
dentale du fleuve jusqu’au chemin de fer et
à la ville. Le général Pando se trouve à
quelque distance, mais il ne pourra pas
pénétrer dans Santiago. »
Le général Shafter a prévenu M. Alger
que le bombardement de Santiago a été
ajourné jusqu’à aujourd’hui par pitié pour
les souffrances de la ville.
M. Alger confère actuellement avec le
président Mac-Kinley. Le général Shafter a
télégraphié à 4 h. 1[4 que les Espagnols
refusent de capituler. Il leur a donné jus-
2u’à aujourd’hui midi pour le faire ; faute
e quoi il reprendra le bombardement.
Les Espagnols, d’après une autre dépê-
che, auraient demandé vingt-quatre heures,
qui leur ont été accordées à condition qu’au-
cune opération militaire ne soit entreprise
dans rintervalle. Les délais expirent ce
! matin à 10 heures.
Londres, 5 juillet.
On mande de Manille 27 juin t
Los employés anglais du chemin de fer,
ôtant de retour à Dagupan, ont trouvé la
ville en possession des Espagnols et tout le
pays alentour occupé par les rebelles. On
croit que ceux-ci disposent de la plus gran-
de partie des voies ferrées. Un détache-
ment espagnol, qui occupe Malate, a tenté
de prendre en flanc les troupes d’Aguinal-
do par une marche le long de la côte. A la
suite d’une méprise, les espagnols ont lué
douze de leurs propres soldais. Eu voulant,
d’autre part, atteindre un avant-poste des
rebelles, ils ont bombardé l’église de Santa-
Anna.
Les espagnols occupent une ligne en
zig-zag le long de l’aqueduc à huit milles
de l’est. Ues attaques continuelles ont lieu
de part et d’autre sur cette ligne. Les sinuo-
sités du fleuve compliquent encore la situa-
tion.
Marseille, 5 juillet.
Le paquebot Loos, courrier d’Extrême-
Orient, est arrivé hier à 3 heures. En quit-
tant Port-Saïd, le navire a passé devant
l’escadre de l’amiral Camara retenue à l’en-
trée du canal de Suez par suite du manque
de charbon. De nombreux cris ont été pous-
sés par les marins français et espagnols.
Washington, 5 juillet.
Une dépêche officielle de l’amiral Sampson
datée de Siboney, 3, dit :
La flotte que je commande offre à la
nation un cadeau de la fête du 4 juillet : la
destruction de loule la flotte de l’amiral
Cervera ; aucun vaisseau n’a échappé. Elle
a essayé do s'échapper à fl h. Ij2 du mutin,
et à 2 h. 1|2 après-midi le dernier vaisseau
le Christobal-Colon s’était échoué à 70
milles à l’ouest de Santiago, où il a abais é
son drapeau. L'Infante Marie-Therese,
le Vfacaya et VOquendo ont été forcés
d’échouer. Ils ont été brûlés et ont sauté à
moins de 20 milles de Santiago. Le Furor
et le Pluton ont été détruits à environ 4
milles du port. Nos pertes ont été d’un
homme tué et de deux Dlessés.
Les pertes de l’ennemi s'élèvent proba-
blement à plusieurs centaines d’hommes
qui ont été pris par le feu, par les explo-
sions ou dans la mer. Nous avons fait envi-
ron 1,300 prisonniers, y compris l’amiral
Cervera.
L’Agence Havas nous communique la nota
et la dépêche suivantes :
Malgré les détails pourtant précis que nous
avons reçus de New-York et de Washing-
ton et que nous avons publiés, nous croyons
devoir donner la dépêche suivante qui nous
est adressée de Madrid.
Madrid, 5 juillet.
L»s avis du sémaphore, près du fort Morro
de Santiago, disent que llescadre espagnole,
après la canonnade des Américains, n’a
fait aucun signal indiquant qu’elle ait reçu
des avaries. Les nouvelles des Américains
sur la déroute de l’escadre, seraient donc
dénuées de fondement. L’escadre de l’ami-
ral Cervera est plus rapide, en outre, que
celle de l’amiral Sampson.
Madrid, 4 juillet, 3 h. 30, soir.
Lo général Escario, avant d’arriver à
Santiago, a eu à soutenir un combat près
Raima. Il a eu vingt morts et soixante-dix
blessés
Une dépêche du maréchal Blanco dit que
les troupes espagnoles de Santiago se sont
battues dans la proportion de un contre
cinq. Les détails manquent sur la bataille
navale, cependant on assure que l’amiral
Cervera a réussi à arriver dans un port de
la côte méridionale de Cuba.
Manille, 5 juillet.
Le drapeau|américain a été arboré sur les
ruines du fort Santa Luiza. Le débarque-
ment des troupes américaines à Cavité a
commencé le l«r juillet. Les troupes s’éta-
blissent dans un camp sur l’isthme. Les
insurgés entourent Manille, prêts à agir de
concert avec les Américains.
Shanghaï, 5juillet.
De source ànglaise :
Le bruit court ici que l’Allemagne a pris
avant la guerre des arrangements en vue
d’obtenir une concession d’un port aux
Philippines.
L’escadre de l’amiral Cervera
Paris, 5 juillet.
On sait que quelques jours après la dé-
claration de guerre, le 23 avril dernier,
l’Espagne forma une escadre volante au
cap Vert. Cette escadre, dont on ne connut
pas la destination,fut placée sous les ordres
de don Pasquale-y-Cervera-y-Topète.
Au commencement du mois de mai, ou
apprit que celte force navale avait quitté
le Cap-Vert avec des ordres cachetés.
Pendant quelques jours, on ne sut ce
qu’elle était devenue. Les uns prétendaient
qu’elle se dirigeait sur les Philippines par
la voie du cap de Bonne-Espérance, d’au-
tres croyaient qu’elle avait pour mission
de se rendre sur les côtes américaines de
l’Atlantique pour bombarder les ports amé-
ricains. D’autres enfin, mieux renseignés,
affirmaient que l’objectif de l’amiral Cor-
vera était un port de l’ile de Cuba.
Le 19 mai, en effet, après une croisière |
qui fit l’admiration de tous les hommes de
mer, la flotte espagnole entrait sans coup
férir dans la baie de Santiago de Cuba.
C’était exactement deux jours après le
bombardement de Porto-Rico par l’amiral
Sampson. L’amiral Cervera, sachant que
l’amiral américain venait d’user ses muni-
tions en canonnant San-Juan quitta rapi-
dement Curaçao et gagna les eaux cubaines.
Avant de pénétrer dans la baie de San-
tiago, il avait détaché un de ses destroyers
et l’avait envoyé à San-Juan de Porto-Rico.
La flotte de l’amiral Cervera était com-
posée des unités suivantes :
Croiseurs cuirassés : A Imirante-Oquen-
I do, Viscaya, Infante Maria-Thereza,
Cristobal-Colon, déplaçaient tous les qua-
tre 7,000 tonnes. Ils ont le même armement,
trente canons chacun dont deux de plus de
vingt centimètres, huit tubes lance torpil-
les ; leur vitesse est à peu près la même,
20 à 21 noeuds.
Destpoyers : Pluton, Puror. ues navi-
res déplacent de 380 à 400 tonneaux. Ils
sont armés chacun de quatre canons et
de deux tubes lance-torpille. Leur vitesse
varie de 28 à 30 noeuds.
Torpilleurs : Ariette, Azor et Rayo,
qui déplacent de 28 à 30 tonneaux, munis
chacun de deux ou trois canons et d’un
tube lance-torpille. Leur vitesse varie entre
19 et 20 noeuds.
La flotte espagnole était accompagnée de
deux croiseurs auxiliaires ; Ville de Cadix
et San-Francisco.
Quant à la flotte américaine, elle était
beaucoup plus puissante que l’escadre es-
pagnole. Au début du siège, elle se compo-
sait des cuirassés Iovaa et Indiana, du
garde-côte Puritan, du croiseur cuirassé
Amiral-New-York, des croiseurs Detrilo
et Cincinnati. Elle fut bientôt renforcée
par une partie de l’escadre du commodore ]
Schley. L’escadre américaine avait donc
une supériorité marquée sur l’escadre es-
pagnole tant au point de vue du nombre,
de ses unités, du tonnage et de l’artillerie.
Paris, 5 juillet.
L’agence Havas nous communique à mi-
nuit 15, la dépêche suivante :
Madrid, 5 juillet.
Suivant des dépêches de bonne source,
l’escadre de l’amiral Cervera, après une
très vive canonnade avec l’escadre améri-
caine, aurait réussi à prendre la direction
de la côte nord de Cuba. On croit qu’elle se
I dirige vers la Havane. La situation de San-
tiago s’est améliorée après l’arrivée des
renforts. Le siège pourra se prolonger long-
temps, quoique après le départ de l’escadre
de l’amiral Cervera les américains aient
perdu leur principal objectif.
L’Agence nationale publie la dépêche sui-
vante :
New-York, 5 juillet.
Le Viscaya, pris par le New-York et le
Brooklyn, n’a subi que très peu de dégâts.
L’amiral Cervera est actuellement prison-
nier à bord du New■ York. Treize cents of-
ficiers et marins sont également prison-
niers. La flotte américaine u’a eu qu’un tué
et deux blessés. Aussitôt que l’escadre es-
pagnole a quitté le port, deux torpilleurs
espagnols oui tenté d’attaquer l’escadre
américaine, profitant de l’épaisse fumée
occasionnée par le tir des pièces,
New-York, 4 juillet
La prise du Viscaya r>ar lo New-York
et le Brooklin, est continuée. Il n’a subi
que très peu de dégâts.
L’amiral Cervera est actuellement pri-
sonnier à bord du New-York.
Le croiseur auxiliaire Corsaire se porta
au devant de ces torpilleurs. Après une ca-
nonnade d’un quart d’heure, les deux tor-
pileurs, hors de combat tentèrent de rega-
gner le port de Santiago, poursuivis par
le Corsaire qui a continué a tirer sur eux
jusqu’à ce qu’ils eussent pris feu tous les
deux.
La Situation en Espagne
Madrid, 5 juillet.
En raison des nouvelles de Santiago la
presse redouble d’attaques contre le gou-
rer uement.
Le Héraldo le tient responsable de l’in-
suffisance des ressources mises à la dispo-
sition des généraux et des amiraux.
Le Liberal dit que le cabinet actuel no
servant ni pour ni contre la guerre, ni pour
faire la paix doit se retirer afin que d’au-
tres cherchent, si toutefois c’est possible,
une solution de la crise dans laquelle se
jouent le présent et l’avenir de l’Espagne.
L'Imparcial réclame des hommes nou-
veaux capables d’inspirer confiance à la
nation et à l’armée qui rivalisent de patrio-
tisme héroïque.
Les organes républicains et carlistes sont
encore plus vifs dans leurs critiques, tandis
que les feuilles conservatrices sont visible-
ment partagées entre le désir de mettre sur
le dos du parti libéral les responsabilités
des revers coloniaux et les craintes de pré-
parer ainsi l’avènement de MM. Silvela et
Campos dans des conditions défavorables.
La presse est unanime à considérer les
événements de Santiago comme une aggra-
vation de la situation sans pourtant justi-
| fier la paix.
DÉPÊCHES DU MATIN
Paris, 5 juillet, 8 h. m.
Les nouveaux essais du Charlemagne, à Brest,
ont été des plus satisfaisants. Une vitesse de
seize noeuds a été développée avec 9,300 chevaux
de puissance,
I — Aujourd'hui sont convoqués à Tours les
territoriaux du 70* régiment d'infanterie. Deux
bataillons seront dirigés sur Paris, le 11, pour
figurer à la revue du 14 juillet. Ils rentreront à
Tours le 16 pour être licencié le 17.
— Une dépêche d'hier matin, 11 heures et 1f2,
du général Shafter dit que les Espagnols ont re-
fusé de capituler. Le général leur adonné jusqu'à
aujourd'hui midi, délai après lequel il reprendra
le bombardement.
gs Paris, 5 juillet, 10 h. m.
Les dépêches de Madrid continuent è raconter
que l'escadre de l'amiral Cervera sortit de la
baie de Santiago, rencontra l'escadre américaine,
soutint le beu une heure durant et disparut vers
FEUILLETON DE L’INDÉPENDANT 11 |
CHARLES I>E VITIH
LE ROMAN DE L’OUVRIÈRE
PREMIÈRE PARTIE
LA DENTELLIÈRE
Et lisant un consentement dans les yeux de
Germaine :
— Voilà qui est entendu, dit-il ; dès demain,
j’irai parler à mon frèro et à Mme la supé-
rieure.
V
UNI GRANDE RÉSOLUTION
La petite chambre que la supérieure 'des
Ursulines mit à la disposition de sou ancienne
élève fut pour celle ei un lieu d’asile béni,
après les jours d’angoisse qu’elle venait de
traverser. Sa vie y était calme et solitaire,à
peine égayée par quelques visites qui, bientôt,
se firent rares, puis cessèrent tout à fait. A
l’expiration de son congé, M. de Maisey avait
regagné Tours, où sa femme l’avait suivi.
Irrité d’un passe-droit du ministère, le colo-
nel venait de se retirer à la campagne d’où il
sollicitait sa mise à la retraite. Seul l’abbé
Martinot, aussi souvent que ses occupations
le lui permettaient, descendait des hauteurs
de Saint-Pierre de Montmartre, sa nouvelle
paroisse, à Auteuil, pour voir la jeune fille et
s’occuper avec elle ae ses projets d’avenir.
Celui de Germaine ne se présentait pas
brillant. Le notaire qui réglait ses affaires
n’avait point caché à rabbê que les ressources
I dont Mlle d’Orchamps pourrait disposer se
raient trop minces pour suffira aux besoins de
son existence et qu'il lui faudrait trouver un
moyen de gagner sa vie.
I Gagner sa vie, la gagner tout de suite, de
I quelle manière la gagner * Telles étaient les
I questions que l’abbé agitait avec Germaino
I toutes les fois qu’il venait la voir ; questions
I complexes et grosses d’incertitude quand il
1 s’agit d’une femme !
Tout d’abord, Germaine avait écarté la pos-
I glbilitô d’une position qui la mettrait en contact
I avee son ancien monde ; dame de compagnie,
I gouvernante accompagnant des jeunes hiles au
I cours, secrétaire d’une présidente d’oeuvres.
1 etc. D’autre part, son instruction, pureraen ;
I mondaine, dont nul brevet n’avait affirmé la
I valeur, la repoussait de la «arriéré, si difficile
à aborder, si ingrate à parcourir, de l’ensei-
gnement.
Restaient les places données, après examen,
par le gouvernement : poste, timbre, télépho-
ne, qua Tes amis de Germaine lui eussent faci-
lement fait obtenir.
— Mais là, faisait observer l’abbé, les fem-
mes n’obtiennent que des places secondaires
et mal rétribuées, les meilleures sont données
aux hommes.
« ...Il y a dix-huit sièclos, disait il encore,
en se promenant dans la petite chambre de |
Germaine, qu’il parcourait en trois enjambées,
il y a dix-huit siècles que lo christianisme a
proclamé 1’égalifé do l'homme et de la femme
et cependant presque partout les lois consa-
crent leur inégalité. » (1).
Partout pour un travail égal et môme supé-
rieur, en chambre ou en atelier, dans un em-
ploi public et dans une famille, les femmes
sont moins rétribuées que les hommes. Et que
de carrières leur sont fermées ! Vit on jamais
une femme gardienne d’un musée ou d’une
bibliothèque ? La police parisienne permet-
trait-elle à une fille du peuple d’exercer la
profession do dôcrotteur au coin des rues,
quand même elle aurait des bras robustes et
des enfants à nourrir 1
— Cependant, monsieur l’aumônier, dans les
arts...
(I) U Ftmme Pauvre su XIX' Siéole (UuubU).
— 11 ne s’agit pas d’art, ici, mon enfant ; jo I
ne parle que de métiers.
Si l’art est réservé à une élite, il existe ce-
pendant des métiers lucratifs, de ceux où ga- I
gne dix et même douze francs par jour. Le
métier de graveur, de décorateur à la manu- I
facture de Sèvres, de dessinateur sur châles,
par exemple... Eh bien, tous ces métiers qui
sembleraiest s’accommoder si bien du goût, I
de la patience, de la délicatesse de votre sexe
vous sont interdits à vous autres femmes,
parce que vous en ignorez les procédés. Jamais
vous n’avez pu les étudier dans ces écoles pro- I
fessionnelles où se forment les ouvriers qui se
destinent à ces métiers confinant à l’art.
— Les jeunes filles en sont-elles donc ex- I
clues 1 demanda timidement Germaine.
— Je ne sais s’il y a à ce sujet une défense
formelle. Ce que je sais, c’est quo l’immoralité
française rend presquo impossible aux jeunes
filles sérieuses la fréquentation d'écoles mix-
tes. On parle de réformes futures; mais jus- 1
qu’à présent, je crois qu’il y a, au fond do la
pensée de tout administrateur, une crainte
vague do donner aux femmes les moyens de
se rendra, par un travail suffisamment rétri-
bué, tout à fait indépendantes de l'homme.
Précaution impie, mesura désastreuse qui don-
ne à l’homme sur la femme des avantages dont
il abuse pour satisfaire plus facilement ses
•vices ! '■
Oui. oontiuuu l'abbé, répond»1'1*;* préoc-
cupation» et oubliant Germaine, l’égalité des
sexes n’a été réellement proclamée que par un
apôtre, saint Paul, qui a dit que la femme
avait la même dignité morale que l’homme.
Pardonnez-moi, mon enfant, dit le bon
abbé, se rappelant soudain la présence de Ger-
maine, je me suis un peu écarté du sujet de
nos préoccupations. Qua disions nous »
— Vous parliez d’écoles professionnelles,
monsieur l’aumônier, et j|allais vous répondre
que, mixtes ou non, jamais mes parents n’eus-
sent songé à m’y mettre. Ne regrettons dono
de leur constitution, du moins à mon endroit.
Vous avez raison, mon enfant, il faut
accepter la position telle qu’elle est et tâcher
d’en tirer le parti le meilleur possible. Remet-
tons tout entre les mains de la divine Provi-
dence et attendons le règlement définitif do
vos affaires avant de rien décider.
Cependant le notaire s’occupait avec ac.tivité
de réaliser les fonds qu’il espérait recueillir
pour Germaine de la succession très obérée da
ses parents.
11 obtint du propriétaire, moyennant un sa-
crifice d’argent, ta dénonciation d’un bail oné-
reux ; il vendit, comme il le put, les titres rui-
neux achetés par le commandant ; constata en
soupirant l’absence des valeurs de tout repos
qui avaient constitué la dot de Mme d’Or-
champs et dont elle avait imprudemment signé
l’abandon, paya toutes les dettes, les droits
d’enregistrement, les frais divers de la auocee-
sion, et une fois la balance établie, avoua à
son frère qu’il n’aurait à remettre à Mlle d’Or*
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