Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1875-02-11
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 février 1875 11 février 1875
Description : 1875/02/11 (Numéro 2310). 1875/02/11 (Numéro 2310).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k521525w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/02/2008
Huitième année. Nuniéro 23J0
Jeudi II Février 1875
1 II"
LE NUMÉRO 1 UCBUftMBS
(Départements et gares 20 c.)
ABONNEMENTS FOUR LES DÉPARTEMENTS
Un an, 64 fi?. Six mois, Z% fr. Trois mois, 1 6 fr«!
-̃̃̃ ANNONCES
MM. Ch. Lagrange, Cerf et t>, 6, PtACE DE LA BOURSB
M à la Rédaction du Journal, 12, rue Grange-Batelibre, v
18
̃ Les manuscrits ne sont pas rendus
ïiB NUUÊEO 1 O OHNTIMBS
i (Déparfements et gare» i 20 c.)
ABONNEMENTS P0U1 PARIS
!li an, 84 fr» Six mois, 27 fr< trois moi», 13 fr. 50
• •̃ • N < ANNONCES ̃'••
I1M. Ch. Lagrange, Cerf et C', 6, PLACE DE LA B0UHS3
Et à la Rédaction du Journal', 12, rue 6fran^e-S iee manuscrits ne sont pas rendus
Rédaction 12, me de la Grange-Batelière.
Edmond TAJRBÉ, directeur-gérant.
Administration 12; rue de la Grange-Batelière.
AVIS ̃ ̃•
A f occasion du procès intenté par M. le
général de Wimpffeh à notre confrère M.
Paul de Cassagnac, devant la Cour d'assises,
te GaùlOis accepte des abonnements d'un
inois, au prix de S fr. 5O, pour Paris et la
province, donnant droit aux suppléments que
pourra exiger la longueur des débats.
BULLETIN PARISIEN
Un cumulant.
Le monde académique a en ce moment
un légitime sujet de préoccupation.
Un des maîtres les plus distingués de
l'Université, professeur au collège Louis-le-
Grand, M. Gaillardin, a publié récemment
un ouvrage sur Louis XIV et son temps.
Cette œuvre, qui contient quatre volumes,
a obtenu un vif succès auprès des lettrés.
Encouragé par cet accueil, l'auteur vient se
mettre sur les rangs pour concourir au
prix Gobert.
-Le prix Gobert, on le sait, est de la valeur
de 10,000 francs par an. Dans les intentions
de son fondateur, U eatdestioi, à dévelop-
per l'étude des sciences historiques en ré-
compensant les historiens consciencieux
qui ne sont pas favorisés de la fortune. Tel
est le cas de M. Gaillardin. On devait donc
s'attendre à ce que le savant historien de
Louis XIV n'aurait pas de compétiteurs. On
se trompait.
Un autre historien vient de .surgir qui
réclame hautement, nous ne dirons pas sa
part de g'àteau, mais le gâteau tout entier.
Cet homme a une situation de fortune très
présentable. Comme membre de l'Institut,
il touche des jetons de présence comme
professeur à la Sorbonne, il reçoit un traite-
ment comme député (car il est député), il
émarge une indemnité. Maintenant, si vous
voulez savoir son nom, je ne vous laisse-
rai, pas longtemps languir il s'appelle M.
Wallon. C'est le père du fameux amende-
ment que vous savez.
Oui, M. Wallon ne se repose pas sur les
lauriers de sa république bâtarde accouplée
à l'orléanisme relaps. Ce député, qui est
en train de nous faire une si triste histoire
contemporaine, a écrit non moins "triste-
ment une histoire de saint Louis, en deux
volumes, qu'il propose pour le prix Gabert.
fflul n'ignore que toute œuvre historique
doit se recommander soit par des qualités
d'érudition, soit par des qualités de style.
En dehors de ces deux mérites, il n'y a
•plus de place que pour des compilations
indigestes dans le genre de celles dé M.
Lanfrey, collègue républicain de M. Wallon.
Or, l'œuvre du député père de la Républi-
que sesauve-t-elle par l'érudition? Nulle-
ment. Tout a été dit sur saint Louis. Un
'historien nommé Le Nain de Tillemont n'a
rien laissé à glaner aux fureteurs de nos
jours. Reste le style. Sur ce point-là, nous
serons bref. L'historien de saint Louis sait
rarement, se borner, mais il ae sait pas da-
vantage écrire. Sa langue est leurde, inco-
lore, souvent incorrecte. D'autres ouvrages
de lui révèlent ua esprit capable d'appli-
cation. Ils contiennent un choix assez judi-
cieux de documents et de pièces. Mais on
nous accordera qu'ils pèchent tous par le
style et qu'à tout prendre, le bagage litté-
raire de M. Wallon se borne à son amende-
ment.
Voilà cependant l'homme qui ne craint
pas d!essayer de ravir à M. Gaillardin le
prix légitime de ses travaux et de ses veilles
studieuses. M. Wallon pense, sans doute,
QUe âoa titre de membre de l'Institut pè-
sera de tout son poids dans la balance des
J'uges, et que ses collègues n'hésiteront pas
i donner le pas à un collègue sur un simple
professeur de l'Université. En cela, heureu-
sement, M. Wallon se trompe mais il fait
plus que se tromper fil témoigne véritable-
fhent d'une audace incroyable en demandant
à l'Académie de se déjuger elle-même et en
méconnaissant la volonté formelle du testa-
teur, qui a tenu expressément à mettre
• rlnstitut hors de Cause.'
Il est de règle, en effet, à l'Académie,
qu'aucun membre de l'Institut ne doit con-
courir pour le prix Gobert. On comprend
les raisons de haute convenance qui ont
nécessité cette interdiction. Le fondateur
du prix a voulu, avant tout, faire surgir des
historiens, diriger vers l'étude de l'histoire
les esprits réfléchis qui auraient peut-être
suivi une autre voie. C'est un encourage-
ment qu'il a prétendu donner aux écrivains
jeunes ou- inconnus, désireux de se faire un
nom. Il n'a jamais songea créer une grasse
prébende au profit des historiens déjà arri-
vés ou pourvus de sinécures.
L'Académie a généralement compris de
cette façon les volontés du testateur. Si
elle y a dérogé récemment à- deux reprises
en faveur de M. Guizôt et de M. Thiers, l'il-
Ittstfatiôh dé tes deux noms est son excuse,
et nous devons ajouter que MM. Thiers et
Guîzot se sont empressés de renoncer à l'ar-
gent et qu'ils avaient fait connaître au
préalable leur détermination à cet égard.
Mais ce n'est pas tout. Il y a quelques an-
nées, FAcadémie n'a pas tenu compte da-
vantage d'une autre clause de l'institution
Gobert, qui interdit de donner le prix aux
lauréats pour une période de plus de deux
années on sait le généreux mobile qui l'a `
guidée. Augustin Thierry était aveugle et
chargé d'ans. Ses ressources personnelles
étaient insuffisantes. Jusqu à la fia de sa
vie, on lui a servi la rente Goberf, et on a
bien fait. Mais sait-on précisément quel a
été le résultat tout net de cette pieuse vio-
lation des statuts ? Celui de fermer à l'im-
mortel auteur des Récits mérovingiens la
porte de l'Institut toute sa vie durant. Si
Augustin Thierry était devenu académi-
cien, il aurait été obligé d'abandonner cette
pension, qui était indispensable à ses be-
soins. N'est-ce pas la preuve évidente que
le titre de membre de l'Institut est consi-
déré par l'Académie comme incompatible
avec l'octroi du prix Gobert?
En osant donc proposer son Saine Louis
tdout tm"prixâmraêlies membres de Tlns-
titut ne doivent pas aspirer, M. Wallon,
membre de l'Institut, fait montre d'un in-
concevable mépris pour les précédents aca-
démiques.
Cette outrecuidante prétention aura sa
récompense. Les jeunes historiens qui tra-
vaillent en vue du prix Gobert ont déjà fait
entendre de justes réclamations. L'Acadé-
mie ne peut 'que leur donner gain de cause
en éconduisant, avec les formules de poli-
tesse habituelles, ce mailre Jacques de 1 his-
toire, de la po Mique et du professorat.
Gaston Joluvbt.
Informations politiques
Service télégraphique Bavas.
TÉLÉGRAMMES DE LA JOURNÉE.
Madrid, 8 février, 4 h. 60 soir. Les car-
listes ont été battus à Huclamo (Nouvelle-Gas-
tille), perdant 460 morts et blessés.
Madrid, 9 février. Le roi, après avoir
visité plusieurs manufactures, est parti hier
matin de Pampelune au]milieu des acclamations
enthousiastes de l'armée. Il est arrivé à Tafalla
& 3 heures du soir: il continue sa route poux
«^rn¥éfHftreSr4Madfiaie 13 février.
Le général Valmaseda est désigné pour com-
mander dans l'ile de Cuba. Le gouvernement
prendra incessamment d'importantes décisions
au sujet de cette colonie.
Tafalla, 8 février, 2 h. Soir. On mande
de Pampelune, 7 février
a Le roi est entré ici au milieu d'un grand
enthousiasme. La ville entière était pavoisée.
« Les officiers de l'état major de l'armée, ainsi
qae Ceux attachés à la maison du roi accompa-
gnaient le roi, qui partira probablement demain
pour Tafalla, et retournera ensuite à Madrid par
Logrono, Burgos et Valladolid.
« Les opérations sont suspendues pour le mo-
ment.
«Les troupes n'attaqjjeront pas immédiate-
ment Santa Barbara. Elles se fortifient sur les
positions qu'elles occupent, s
Tafalla 8 février, 4 h. 40 soir. On
mande de Pampelune, 7 février
« S. M. le roi a fait aujourd'hui fon entrée à
Pampelune, où il a reçu une magnifique ovation.
Le roi s'est rendu à la cathédrale, accompagné
par la députation, par les membres de l'ayuata-
miento (conseil municipal), par les membres du
tribunal, par les autres corps d'Etat et par les
autorités civiles et militaires.
« Après la célébration d'un Te Deum solennel,
le rof est descendu au palais de la Députation
provinciale, où des apprêts spkndides avaient
.été faits en son honneur.
« Dans l'après-midi, Sa Majesté a visité la cita-
delle.
< Le roi partira demain pour Logrono. »
Tafalla, 8 février, 4 h. 45 soir. Le roi a
visité hier tous les établissements publics de
Pampelune. Il est parti à neuf heures du matin,
et, après avpir traversé le Carrascal, il est arrivé
à 4 heures à Tafalla, accompagné du général
Moriones. 1
Demain, le roi part pour Logrono, où il ren-
dra visite au maréchal Espartero.
Tafalla, 8 février, soir. On assure que
Moriones est nommé général en chef de l'armée
dulNord. *'1
Le roi compte être de retour à Madrid samedi
ou dimanche.
TÉLÉGRAMMES DE U NUIT.
Strasbourg, 9 février. Le mandement de
carême de l'évéque de Strashourg a été saisi au-
jourd'hui à la poste par la police prussienne.
Madrid, 9 février, matin. La Gazette an-
nonce que le roi se rend, aujourd'hui à Legrono.
Le maréchal Eipartero'à dit au marquis de Mo-
lins « Veuillez informer le roi que je régrette
infiniment de n'avoir pas pu aller le recevoir à
là gare, mais qu'il aura en moi un sujet loyal et
décidé. Je suis sûr qu'il sera un grand roi cons-
titutionnel. Je sais déjà qu'il est brave, s
La Gazelle officielle publie ensuite les nouvel-
les suivantes °
a 3,000 carlistes ont surpris 200 soldats de la
garnison de Daroca. Celle-ci s'est défendue éner-
giquement, a tué 17 carlistes et en a blessé 14.
« Le général Loma annonce que le brigadier
Oviedo s'est emparé du village d'Usurbil (Gui-
puzcoa). »
L'Itriparçial dit que M. Benavises, représentant
de l'Espagne près du Vatican, est parti pour aller
occuper son poste. Le général Valmaseda s'em-
barquera le 15 février pour Cuba.
Informations du «érafett.
Pas plus aujourd'hui qu'hier ni que les jours
précédents, MM. Dufaure, d'Audiffret-Pasquier,
Wallon, Buffet, n'ont été mandés à la Présidence
pour conférer de la formation du futur cabinet.
La réserve du maréchal sur ce point est toujours
extrême, et les amis de la Présidence ignorent
aussi complètement que le commun des mortels
les intentions du duc de Magenta.
«« En fait de modifications ministérielles,
l'opinion des bufeàux à l'Intérieur, à la Vice-
Présidence, aux Affaires étrangères, aux Finan-
ces, est sue MM. de Cissey, Decazes, Mathieu
Bodet et Cailiaux resteront aux affaires.
-w. Nous pouvons certifier que les gauches
sont absolument opposées au projet de la com-
mission relatif à l'institution du bénat. Il faudra
que la commission remanie ce ••projet si elle ne
veut voir surgir un amendeqient Wallon quel-
conque sur lequel la majorité du 30 janvier
compte, peut-être encore se rallier. MM. Thiers,
Casimir Pcrier et Jules Simon travaillent à la ré-
daction du contre-projet de conciliation. Nous
savons que M. Jules Simon est décidé à adopter
les bases transactionnelles les plus étonnantes,
suivant son mot; mais nous ne croyons pas que
les Intentions de l'ancien ministre de M. Thiers
puissent pousser les concessions au point de ris-
quer de se voir abandonné par l'extrême gauche,
dont l'appoint est aujourd'hui essentiel à la ma-
jorité bigarrée du 30 janvier et jours suivants.
L'unique préoccupation des personnages que
nous venons de citer, ainsi que de MM. Dufaure,
Léon Say, etc., etc., est la solution de ce pro-
blème.
w On remarque la réserve extrême observée
depuis six ou sept jours par M. d'Audiffret-Pas- 1
fiiier, JLg jhef décentra droit seralt-il iaquiet
éjà de ses alliés de la veille? 9
C'est possible.
vww Ainsi que nous avions l'occasion de la
constater hier, les vacances des jours gras ne'
signifient pas jours de repos, pour les députés.
Les conciliabules sent fort nombreux entre ho-
norables de même opinion.
Les députés de l'extrême gauche se montrent
surtout fort actifs. MM. Simiot, Marcou, de
Mahy, Ordinaire, Barodet, etc., etc., désireux
d'asseoir définitivement la République, sont dis-
posés à faire momentanément à M. Thiers de
nouveaux sacrifices mais un d'eux aurait rap-
pelé ces paroles dites par St. Duportal en 1871
a Nous irons de la République modérée à la Ré-
publique conservatrice de Ja conservatrice à la
pure de la pure à l'une et indivisible de l'une
et indivisible à la démocratique et sociale, qui
est la nôtre » M. Thiers est aujourd'hui, comme
en 1873, le marchepied sur lequel ils comptent
pour atteindre à l'objet de leur rêve la Répu-
blique radicale.
Que M. Thiers ne se fasse aucune illusion sur
le concours de l'extrême gauche, qui ne vote
pour lui et avec lui que parce que l'ancien pré-
aident « fait leurs affaires pour l'instant s. Mais,
persuade de son infaillibilité, M. Thiers ne veut
pas écouter les rares amis qui lui tiennent ce
langage.
«« Au milieu des dépêches contradictoires qui
arrivent d'Espagne, les lecteurs ont bien de la
peine à retrouver la vérité. Voici, en peu de
mots, le résultat vrai des événements qui vien-
nent de se passer en Navarre.
ioTsqtte les earllsles*ont compris que le plan'
de l'armée de Laserna était de les déborder sur
leur droite et de les prendre entre le i« corps
de Moriones et le 2» corps de Primo de Rivera,
ils ont resserré leurs lignes au lieu de les éten-
dre, laissant passer Moriones presque sans ré-
sistance et évacuant le Carrascal pour se con-
centrer à Estella. ·
Pampelune, au blocus de laquelle ils ont re-
noneé, a pu être ravitaillée, et le premier objet
de la campagne a pu être ainsi rempli. Mais on
comprend aisément quelles difficultés a dû ren-
contrer Primo de Rivera et le 2» corps, trouvant
en face d'eux toutes les forces "carlistes réunies
sur des points admirablement fortifiés par l'art
et la nature..
Aujourd'hui, Moriones et Rivera, opérant de
concert, l'un sur les mêmes points, l'autre entre
Estella et Pampelune, vont de nouveau tenter
d'envelopper l'armée de don Carlos ou tout au
moins de la rejeter vers la vallée d« BaztauS, sa
ligne de retraite vers la France.
Quant Loma et au 3» corps, il ne paraît pas
jusqu'ici qu'ils aient pu dépasser les premières
sierras qui les arrêtent sur la route de Tolosa.
^w> II est question depuis Hier, parmi les dé-
putés de la jçauche! d'un manifeste qui serait
adressé à la France par les députés qui repré-
sente exclusivement à la Chambre l'idée répu-
blicaine. M. Naquet aurait été le promoteur de
cette idée, qui sera soumise aux délibérations de
l'extrême gauche et de la gauche républicaine
jeudi matin.
Éclios de Paris
Avant de quitter Paris, le maréchal et la
maréchale de Mac-Mahon sont allés hier
faire une visite à la reine Isabelle, 1 ,->~
Du temps où il y avait des boeufs gras et
des défilés de masques, les Parisiens ont
pris l'habitude d'aller, le mardi gras, sur
les boulevards pour voir le carnaval ambu-
lant.
Maintenant il n'y a plus rien ni char
de blanchisseuses, ni amours, ni sauvages,
ni chi'cards, ni voitures-réclames. il n'y a:
plus que la force de l'habitude qui ramène
tout Paris sur le trottoir des boulevards.
De la Bastille à la Madeleine, la cohue se
pousse, se presse et s'écrase pour voir.
qu'il n'y à rien avoir.
Bien du plaisir!' 1~
•' '̃'̃̃̃ •'̃•̃ ;i •
Les nombreux Parisiens qui circulaient
sur les boulevards 'hier tint cependant pu
voir quelques voitures de noces.
La crainte de passer pour la mariée du
mardi gras n'a pas été suffisante pour en-
gager les fiancées à retarder leur union de f
quelques jours. >
En revanche, beaucoup de soupirants
avaient profité de ce prétexte pour avancer
leur mariage. Samedi dernier toutes les
églises et toutes les mairies regorgeaient de
monde. Pour ne citer qu'un chiffre, on a
célébré quarante-cinq mariages dans la
seule mairie de Montmartre.
Avant-hier soir sont arrivés à Paris le
prince-Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha, la
princesse Clémentine d Orléans, sa femme,
et leurs deux plus jeunes enfants la prin-
cesse Amélie et le prince Ferdinand.
Hier, mardi gras, un dtner de famille a
été donné en leur honneur par le comte de
Paris, dans l'hôtel du faubourg Saint-Ho-
noré. Il y avait là tous les princes d'Or-
léans présents à Paris le duc d'Aumale,
le duc de Nemours, le duc de Chartres, le
duc de Montpensier, le prince de Join-
ville.
Bien que descendus à l'hôtel comme de
simples particuliers, les princes et prin-,
cesses de Saxe-Cobourg-Gotha comptent sé-
journer dans la capitale jusqu'à l'arrivée du
prince Philippe et de sa jeune épouse, la
princesse Marie-Louise de Belgique.
Un des bals les plus brillants de la sai-
son a été celui de la comtesse Uribarren,
dans sa luxueuse résidence du boulevard
Haussmann. Veuve d'un riche Espagnol,
cette grande dame fait le plus noble emploi
de sa fortune.
Le bal a commencé à onze heures et
s'est prolongé jusqu'au matin. Les salons
avaient été convertis en de véritables par-
terres de fleurs. Partout des camélias et
des lilas blancs sur les cheminées des
bouquets de toute grosseur et de toute
forme. On dansait dans tous les salons, et
les invités, étaient si nombreux qu'on avait
de la peine à se faire une place pour passer
d'un salon à l'autre.
Nous avons rarement vu une réunion
aussi nombreuse de jeunes et jolies fem-
mes, presques toutes étrangères c'étaient
*aës Espagnoles, de» flkvMaîses; d«Hlexi-
caines, des Péruviennes, des Chiliennes,
des Américaines du Nord. Celles-là seules
qui comptaient à peine de 18 à 22 prin-
temps auraient suffi à peupler trois fêtes à
la fois.
La baronne d'Erlanger, Mme Deiffrul,
Mme Surveryiel et la marquise de Castel-
Florite rivalisaient entr'elles de beauté et
de luxe. On évaluait à plus de trois' mil-
lions les bijoux, rivières et diamants dont
elles étaient couvertes. Mme Léopold Gold-
schmidt avait à son cou une grosse perle
d'un prix inestimable, et, à ses côtés, une
autre perle de dix-sept ans, qu'on appelle
chez elle lé bijou de la maison.
Nous' citerons encore les charmantes
Mmes Cuadra, Salamanca, Bischoffsheim,
Barredar, Cunisse, Carrie, Candamo, Mora
et les jolies demoiselles Qverbeeck (de Guaya-
quil), Chaves, Mantilla, Banuelos (Espa-
gnoles), Milnen-Gibson (Anglaise), Jorrin
(Havanaise), les marquis de Sopuyà et Ta-
misier, HM. Çaro Hernandez, chargé d'af-
faires d'Espagne; comte de Sanafé, M.
Mérry, etc.
Un souper splendide et un très joli cotil-
lon, qui a fini à quatre heures, ont clos
cette brillante soirée, dont les honneurs ont
été faits avec la plus grande affabilité par
la comtesse Uribarrèn, son frère et son
fils.
•^«'dêfnréT lUfiaî de M.~ét Mmë; Alfred
Stïvens a été des plus brillants. L'artiste
inaugurait un petit salon chinois qui sem-
ble être une gracieuse dépendance du pa-
lais d'Eté. Il y a là des tapisseries, des bi-
belots, des magots, à rendre jaloux un
mandarin. On a entendu plusieurs fois,
dans le cours de la soirée, ce virtuose
étrange qui nous arrive du fond de la
Hongrie et dont l'instrument a déjà char-
mé les plus élégants salons parisiens. Re-
menyi est au violon ce que Listz est au
piano il a l'inspiration, il a la vibration et
une fougue entraînante. Les honneurs de
la soirée ont été pour ce violon et pour
le petit salon chinois.
Le 14 février, on pendra la crémaillière
chez Mme Léopold Goldschmïdt, pour l'i-
nauguration de son bel hôtel de la rue
Rembrand, près du parc Monceau. Des in-
citations nombreuses ont été lancées dans
la haute société israélite et financière.
J. B. y
M". Emile de Girardin, M. et Mme Alexan-
dre de Girardin recavront le mardi 16 fé-
vrier, dans leur hôtel de la rue Dumoat-
d'UrviUe.
II parait décidé aujourd'hui que l'impé-
ratrice de Russie ne retournera pas à Saint-
Pétersbourg avant l'été. Au commencement
d'avril, elle ira directement de San Remo
en Crimée pour y passer le printemps.
M. le prince Camille de Rohan, chef de
la maison de Rohaii-Guéménée déclare,
dans la Bohemia, de Prague, que la nou-
velle, propagée par certains journaux, qu'il
aurait intenté à ses anciens compatriotes
de Saintes (Charente) un procès en restitu-
tion des biens confisqués à l'époque de la
première Révolution, est entièrement con-
trouvée.
Le chiffre officiel attribué aux pauvres
sur la recette du bal de bienfaisance quia a
eu lieu dimanche dernier à l'Opéra est de
157,301 francs 7 centimes.
Plusieurs personnes qui n'avaient pu as-
sister au bal ont envoyé leur souscription.
Allons, il ne faut pas trop regretter de
s'être ennuyé, puisque c'est de cet ennui
qu'est faite la joie de tant de gens
L'état du « père Corot » empire chaqqe
jour. Nous sommes allé hier prendre des
nouvelles du vieillard auprès de Mlle Adèle
elle-même. Sa douleur est trop grande pour
qu'elle se trompe sur la nature du mal, et
nous craignons que la fin ne soit proche.
Mlle Adèle est la providence de Corot,
sous les" traits d'une vénérable célibataire
de soixante-douze ans.- Depuis trente-sept
ans à son service, Mlle Adèle soigne le
vieillard comme une sueur, et certainement
le maître lui en a toujours été reconnais-
sant: Corot est garçon à son âge, ce n'est
plus pardonnable, ajoute-t-il en souriant
il a toujours été seul, sans famille empres-
sée autour de son chevet. Mlle Adèle lui
tient lieu de famille, et c'est elle qui reçoit
aujourd'hui les nombreux visiteurs. C'est
elle qui interdit à Corot de se lever, de
marcher dans la chambre, même quand il
croit en avoir la force. C'est elle qui a con-
damné la porte de la chambre devant 1 af-
fluence des amis qui veulent voir le vieil-
lard et lui serrer la main. Le brave homme
s'en était effrayé. Avant-hier, des peintres
étaient encore venus le voir.
Ah ça, demanda-t-il en regardant
anxieusement Mlle Adèle, je vais donosnou-
rir, puisqu'on vient me voir si souvent ? y
Sans s'en douter, le père Corot faisait de
la philosophie. Il faut espérer qu'il n'a pas
à se préoccuper si tôt de la mort.
L'hydropisie ne fait pas de progrès, mais
la faiblesse générale est extrême. >:
Les amateurs de plaisirs délicats, assai-
sonnés de grâce, de bel esprit et de beau
langage, étaient dans la désolation.
Un bruit sinistre courait dans Paris: on
disait qu'Arsène Houssaye, boudant la jeune
République, n'ouvrirait pas, cet hiver, ses
admirables salons de l'avenue Friedland.
Mais Arsène Houssaye est trop ferré sur
le dix-huitième siècle, dont il a poétisé l'his-
toire avec sa plume d'or, pour ne pas s'être
souvenu que la vieille République de 93 fut
précisément l'époque des raffinés, et ce roi
des raffinés contemporains ne veut pas que
la cadette le cède sur ce point à son aînés.
Aussi pouvons-nous chanter, comme dans
l'Ile de fulipatan
Sur ma parole,
G?est un canard,
7 0a: bruit qui vole,
Un traquenard
Le phïs parisien des Athéniens d#f*aris*«
restera chez lui le vendredi soir 19 février,
si j'en crois le délicieux carton rosé que
j'ai reçu tout à l'heure.
Voilà des contre-marques qui vont faire
prime plus encore que celles du bal mas-
qué de l'Opéra.
Par malheur, on n'en a pas pour de l'ar-
gent .•'̃̃̃
Le lieutenant Zubowicz est dépassé,
surpassé, réduit à néant.
Des officiers russes viennent de faire, à
Saint Pétersbourg, un pari colossal contre
un de leurs camarades.
Ce dernier prétend aller à cheval, en vingt-
un jours, de Saint-Pétersbourg à Vienne.
Or, M. Zubowicz, dans le même temps, a
parcouru une distance trois fois moindre.
Ce fait a été considéré comme un tour de
force.
Comment qualifiera-t-on le voyage de
l'officier russe s'il arrive dans le délai fixé?
Nous tiendrons nos lecteurs au courant de
cette excentricité nouvelle.
Hier, à onze heures, ont eu lieu, dans
l'église Sainfc-Denis-du-Saint-Sacrement, les
"obsèques de M. Jacques-Vincent Daudet, le
père de nos sympathiques confrères Ernest
et Alphonse Daudet.
Les amis intimes de la famille, avaient
seuls été convbquêi.'tJitoris pàrmf eux MM.
Hébrard, rédacteur en chef du Temps,
Dentu, charpentier, Bergerat, Wittersheim,
Armand Silvestre, Adolphe Belot, Paul et
Jules Arène, Alma Rouch, Ferdinand Fabre,
Cornély, Dupuy, René Delorme, Gaston Mit-
chell, G. Chandèze, L. Cladel, Célestin Al-
lard, etc., etc.
Le corps a été conduit au Père-Lachaise.
Mânes de Jules Gérard, frémissez 1
Et toi, Bonbonnel, pends-toi, on a vaincu
et tu n'étais pas là
Un Français, habitant l'Algérie, M.
Bétoulle, vient de tuer, dans l'Oued-el-Aneb,
près de Bone, un magnifique lion qui ne
pèse pas moins de 240 kilogrammes.
C'est son douzième, et ce qui rend peut-
être plus piquante encore cette chasse ex-
eeptionnelle, c'est que M. Bétoulle est, de
son état, un honnête et placide géomètre.
C'est peut-être cela quil doit, lorsqu'il
visait ses douze lions, d'avoir le sentiment
de la ligne droite.
Il paraît que le métier d'insulteur com-
mence à rapporter moins d'argent que par
le passé.
Malgré les facilités que la Lanterne du
citoyen-comte de Rochefort-Luçay trouve
pour entrer en France (un de nos amis en
a vu emballer l'autre jour à Genève 2,000,
à destination de Bordeaux), malgré l'in-
ventaire de fin d'année, qui s'est traduit par
soixante-un mille francs^ de bénéfice, on
nous dit que cette. chose serait sur le
point de cesser sa publication.
Il est vrai que les bénéfices de l'entre-
prise ont dû être singulièrement amoindris
par deux causes la première l'attrait par-
tièulier du Casino de Saxon la seconde
la large saignée faite à la caisse par les
frères et amis de Londres, qui ont négligé
de rendre leurs comptes à l'administration
de Genève et ont empoché une vingtaine
de mille francs sans crier gare 1
UN DOMINO.
M. WALLON & M. JOURNAULT
Il faut s'incliner devant M. Wallon
mais il ne faut point méconnaître les mé-
rites de M. Journault. Ce sont deux âmes
d'élite, remplies deB mêmes haines, éprises
du même idéal; elles aspirent l'une et l'au-
tre régénérer la France. Cependant l'â-
me -de M. Wallon n'entend pas cette régé-
nération comme l'entend l'âme de M. Léon
Journault.;
M. Wallon croit que, pour clianger la face
du pays et faire disparaître jusqu'aux der-
nières traces du régime précédent, il suffit
d'un petit amendement adopté par une
seule voix de majorité. C'est avoir beaucoup
de confiance dans un amendement et dans
une voix. Etant donnée, eette vérité que, la
première chose à faire pour assurer le sa-
lut de la France, c'est de lui ôter l'envie et
le moyen de revenir à l'Empire, M. Wallon
n'aurait pas dû peut-être s'en tenir à un
simple amendement. Ne sait-il pas ce que
vaut un amendement, à quoi tient son suc-
cès, combien sa, durée est éphémère ? Ne
sait-il pas aussi que, si la nation conserve
ses illusions sur l'Empire, elle retournera
d'elle-même, en passant par-dessus tous
les votes et toutes les décisions parlemen-
taires, à cette forme de gouvernement? M.
Wallon est une manière de philosophe rêveur;
il croit à des formules. C'est le propre de?
professeurs, et des lettrés de manquer de
sens pratique.
M. Léon Journault n'est ni professeur ni
lettré il est plutôt madré. C'est un homme
de Seine-et-Oise qui connaît bien l'esprit
de son époque. Non moins convaincu que
M. Wallon di' danger qu'il y aurait pour les
fortunes, pour les mœurs et pour les ca-
ractères, à laisser la France retomber dans
le césarisme, il a pensé que, pour être bien
mené, le sauvetage de sa patrie devait -re-
chercher les faits et ne point trop s'attacher
aux mots.
M. Léon Journault a donc écrit une pe-
tite brochure sans laquelle le célèbre amen-
dement de M. Wallon n'aurait point d'effi-
cacité. Là, M. Journault démontre jusqu'à
l'évidence que, sous l'Empire, si l'impul-
sion n'était venue des deux années de ré-
publique qui ont précédé le coup d'.Etat
de 1851 si, à cette époque, le mouvement
industriel n'avait été secondé par la créa-
tion du second réseau des chemins de fer,
les affaires n'auraient point marché. M.
Journault établit aussi avec beaucoup de
clarté que le régime impérial n'avait aucun
mérite à développer la prospérité publique
il n'y mettait tous ses soins que pour créer
un dérivatif à la tyrannie. Cet homme d'un `
positivisme merveilleux apprend à ses con-
citoyens que, durant la période funeste dont
la guerre nous a délivres, tout n'a pas. été
bénéfice, qu'il y a eu aussi des pertes ce
qui n'arrivera jamais dans la république.
M. Journault est cultivateur; il confiait la
terre il assure qu'elle est indifférente à la
forme du gouvernement ce n'est donc pas"
àl'Empire, maisà la terre même qui a bien*
voulu, malgré les hontes du despotisme,
ne point déroger à ses habitudes, c'est à
cette mère intrépide que les campagnards
doivent attribuer les beaux bénéfices qu'ils
ont acquis.
L'Empire! si on ne l'eût point empêché,
il aurait accaparé le bien de tout le monde.
Quelle ne sera point la surprise du paysan
lorsque, lisant la brochure de M. Jour-
nault, il apprendra que l'on avait donné à
l'Empereur trois palais à Paris, dix châteaux
en province, des bois, des forêts, que cer-
tainement il eût emportés avec lui si la ré-
publique n'y eût mis bon ordre. Ce qui
donnera le. coup de grâce à la légende na-
poléonienne, ce sera surtout la révélation
de ce qui se passait aux fêtes de Compiè*
gne, lorsqu'on y faisait la curée des dames.
Oh! cette curée! Dans une corbeille on.
mettait des bracelets, des boucles d'oreilles,
des colliers ruisselants de diamants; les
dames allaient à genoux et même, assure
M. Journault, à quatre pattes, jusqu'à la
corbeille, dont elles se disputaient le con-
tenu. Qui payait cette dépense? et les agré-
ments qu'elle procurait aux hôtes du châ-
teau, qui les payait? Le contribuable.
A la bonne neure voilà des arguments
décisifs. C'est ainsi que le peuple, mieux:
éclairé par M. Journault que par M. Wal-
lon, confirmera dans les élections, les me-;
sures prises dans la Chambre à la majorité
d'une voix. C'est avec le suffrage universel
et avec lui seul qu'il faut compter M. Wal-
lon n'y songe guère M. Journault y songe
sérieusement il comprend la Jnécessité de
reprendre au régime déchu les sept mil-
lions de suffrages sur lesquels il s'étayait.
Voilà. pourquoi le député de Seine-et-Oise
se met en frais de belles et patriotiques
calomnies voilà pourquoi il débite aux po-
pulations des contes bleus qui semblent
imités de Perrault. Il fait la besogne qu'il
sait faire, et prouve du'moins qu'il com-
prend mieux que M. Wallon et les autres
doctrinaires les devoirs que vingt années
de corruption imposent aux vrais républi-
cains. M. Léon Journault est un vrai répu-
blicain, fort décidé à tout sacrifier à ses
opinions, sans en excepter sa fortune et la
tranquillité de sa vie.
LioNCE Dupont.
LES BALS DU MARDI GRAS
Avouons-le, le mardi gras a été piteux.
Rome, Barcelone et même Dunkerque doi-
vent regarder, Paris avec un sourire de pi-
tié, et, franchement, Paris le mérite bien.
Pas de confetti, pas de cuadrillasi pas de
Gayantl. Paris est devenu bourgeois en
diable, et sa soif de joyeusetés se tient
pour satisfaite des voitures-réclames des
bals de second ordre.
Rien Pas le plus petit bœuf gras à sa
mettre sous la dent pas même un veau
Nous nous serions contenté d'un simple
veau gras pour la journée; vain espoir l
Alors nous ayons espéré que les bals du
soir réserveraient à la gaieté française quel-
que petite compensation, et, courageuse-
ment, avec la ferme volonté d'un touriste
anglais qui veut tout voir et que nulle fati-
gue ne saurait rebuter, nous avons com-
mencé une tournée « dans ces temples de,
Vénus, Bacchus et Terpsychore », comme
dirait le barde rubicond de Lorgeril, en un
vers de douze pieds. au moins.
A l'Opéra-Comique l'honneur de com-
mencer.
> Métra, la tête haute, les cheveux en ar-
rière, bat la mesure d'un bruyant quadrille.
Faut-il tout dire ? Il nous semble qu'il lui
manque le grain de folie qu'ont eu Strauss
et Musard; il nous semble qu'il se préoc-
cupe un peu trop de la musique et pas assez
de la danse son bâton de maestro est ré-
gulier, méthodique et consciencieux mais
il n'est pas aussi toqué qu'il le faudrait peut-
être pour diriger les bals de l'Op'éra. N
Après tout, Métra est devenu philosophe,
et je donnerais quelque chose pour lire
dans son cerveau lorsque du haut de son
pupitre il conduit les couples affolés à cinq
francs la nuit. Use souvient sans doute du
temps passé, de la jeunesse, de la bohème,
de l'âge où les cheveux n'avaient pas en-
core blanchi et où l'on bâclait une valse
sur un coin de table; il regarde les autres
qui font ohé sans chaleur et sans con-
viction et, qui sait ? la tristesse de son âme
s'accroche peut-être à son bâton de chef
d'orchestre et l'alourdit, ce qui explique-
rait le phénomène dont je parle plus haut
et qui, bien entendu, ne touche en rien à
son talent de compositeur.
Cependant, les clodoches de l'adminis-
tration s'évertuent à qui mieux mieux à di-
vertir le public payant et gagnent bien leur
argent. J'ai surtout remarqué un certain
écossais, dégingandé et disloqué, qui épatait
littéralement le bébé il y a donc encore
des bébés! qui se faisait l'honneur
de danser avec lui.
Il fallait entendre cet ange du chahut
répondre fièrement aux invitations des trou-
badours vulgaires et des pêcheurs napoli-
tains quelconques
J gambille pas avec toi, c'est moi qu'a
l'écossais, ainsi! ¡
Ce que la pïume ne peut pas rendre,
c'est l'orgueil de ce mot « ainsi » qui ap-
puyait et terminait si bien la phrase.
Par exemple, on est obligé de reconnaî-
tre que la scission est complète entre la
démocratie et, l'aristocratie de ce bal la
première est costumée, danse et boit la
seconde est en habit, regarde danser et
paye à boire. C'est à peine si quelques
membres femelles de la première famille
daignent parfois se mêler à ceux de la se-
conde appartenant au sexe opposé. Vite
ces dames retournent au vin sucré de leurs
camarades, qu'elles prélèrent à la tisane la
plus mousseuse.
De là à Bullier, il n'y a pas de transi-
tion aussi je n'en cherche pas.g
Jeudi II Février 1875
1 II"
LE NUMÉRO 1 UCBUftMBS
(Départements et gares 20 c.)
ABONNEMENTS FOUR LES DÉPARTEMENTS
Un an, 64 fi?. Six mois, Z% fr. Trois mois, 1 6 fr«!
-̃̃̃ ANNONCES
MM. Ch. Lagrange, Cerf et t>, 6, PtACE DE LA BOURSB
M à la Rédaction du Journal, 12, rue Grange-Batelibre, v
18
̃ Les manuscrits ne sont pas rendus
ïiB NUUÊEO 1 O OHNTIMBS
i (Déparfements et gare» i 20 c.)
ABONNEMENTS P0U1 PARIS
!li an, 84 fr» Six mois, 27 fr< trois moi», 13 fr. 50
• •̃ • N < ANNONCES ̃'••
I1M. Ch. Lagrange, Cerf et C', 6, PLACE DE LA B0UHS3
Et à la Rédaction du Journal', 12, rue 6fran^e-S
Rédaction 12, me de la Grange-Batelière.
Edmond TAJRBÉ, directeur-gérant.
Administration 12; rue de la Grange-Batelière.
AVIS ̃ ̃•
A f occasion du procès intenté par M. le
général de Wimpffeh à notre confrère M.
Paul de Cassagnac, devant la Cour d'assises,
te GaùlOis accepte des abonnements d'un
inois, au prix de S fr. 5O, pour Paris et la
province, donnant droit aux suppléments que
pourra exiger la longueur des débats.
BULLETIN PARISIEN
Un cumulant.
Le monde académique a en ce moment
un légitime sujet de préoccupation.
Un des maîtres les plus distingués de
l'Université, professeur au collège Louis-le-
Grand, M. Gaillardin, a publié récemment
un ouvrage sur Louis XIV et son temps.
Cette œuvre, qui contient quatre volumes,
a obtenu un vif succès auprès des lettrés.
Encouragé par cet accueil, l'auteur vient se
mettre sur les rangs pour concourir au
prix Gobert.
-Le prix Gobert, on le sait, est de la valeur
de 10,000 francs par an. Dans les intentions
de son fondateur, U eatdestioi, à dévelop-
per l'étude des sciences historiques en ré-
compensant les historiens consciencieux
qui ne sont pas favorisés de la fortune. Tel
est le cas de M. Gaillardin. On devait donc
s'attendre à ce que le savant historien de
Louis XIV n'aurait pas de compétiteurs. On
se trompait.
Un autre historien vient de .surgir qui
réclame hautement, nous ne dirons pas sa
part de g'àteau, mais le gâteau tout entier.
Cet homme a une situation de fortune très
présentable. Comme membre de l'Institut,
il touche des jetons de présence comme
professeur à la Sorbonne, il reçoit un traite-
ment comme député (car il est député), il
émarge une indemnité. Maintenant, si vous
voulez savoir son nom, je ne vous laisse-
rai, pas longtemps languir il s'appelle M.
Wallon. C'est le père du fameux amende-
ment que vous savez.
Oui, M. Wallon ne se repose pas sur les
lauriers de sa république bâtarde accouplée
à l'orléanisme relaps. Ce député, qui est
en train de nous faire une si triste histoire
contemporaine, a écrit non moins "triste-
ment une histoire de saint Louis, en deux
volumes, qu'il propose pour le prix Gabert.
fflul n'ignore que toute œuvre historique
doit se recommander soit par des qualités
d'érudition, soit par des qualités de style.
En dehors de ces deux mérites, il n'y a
•plus de place que pour des compilations
indigestes dans le genre de celles dé M.
Lanfrey, collègue républicain de M. Wallon.
Or, l'œuvre du député père de la Républi-
que sesauve-t-elle par l'érudition? Nulle-
ment. Tout a été dit sur saint Louis. Un
'historien nommé Le Nain de Tillemont n'a
rien laissé à glaner aux fureteurs de nos
jours. Reste le style. Sur ce point-là, nous
serons bref. L'historien de saint Louis sait
rarement, se borner, mais il ae sait pas da-
vantage écrire. Sa langue est leurde, inco-
lore, souvent incorrecte. D'autres ouvrages
de lui révèlent ua esprit capable d'appli-
cation. Ils contiennent un choix assez judi-
cieux de documents et de pièces. Mais on
nous accordera qu'ils pèchent tous par le
style et qu'à tout prendre, le bagage litté-
raire de M. Wallon se borne à son amende-
ment.
Voilà cependant l'homme qui ne craint
pas d!essayer de ravir à M. Gaillardin le
prix légitime de ses travaux et de ses veilles
studieuses. M. Wallon pense, sans doute,
QUe âoa titre de membre de l'Institut pè-
sera de tout son poids dans la balance des
J'uges, et que ses collègues n'hésiteront pas
i donner le pas à un collègue sur un simple
professeur de l'Université. En cela, heureu-
sement, M. Wallon se trompe mais il fait
plus que se tromper fil témoigne véritable-
fhent d'une audace incroyable en demandant
à l'Académie de se déjuger elle-même et en
méconnaissant la volonté formelle du testa-
teur, qui a tenu expressément à mettre
• rlnstitut hors de Cause.'
Il est de règle, en effet, à l'Académie,
qu'aucun membre de l'Institut ne doit con-
courir pour le prix Gobert. On comprend
les raisons de haute convenance qui ont
nécessité cette interdiction. Le fondateur
du prix a voulu, avant tout, faire surgir des
historiens, diriger vers l'étude de l'histoire
les esprits réfléchis qui auraient peut-être
suivi une autre voie. C'est un encourage-
ment qu'il a prétendu donner aux écrivains
jeunes ou- inconnus, désireux de se faire un
nom. Il n'a jamais songea créer une grasse
prébende au profit des historiens déjà arri-
vés ou pourvus de sinécures.
L'Académie a généralement compris de
cette façon les volontés du testateur. Si
elle y a dérogé récemment à- deux reprises
en faveur de M. Guizôt et de M. Thiers, l'il-
Ittstfatiôh dé tes deux noms est son excuse,
et nous devons ajouter que MM. Thiers et
Guîzot se sont empressés de renoncer à l'ar-
gent et qu'ils avaient fait connaître au
préalable leur détermination à cet égard.
Mais ce n'est pas tout. Il y a quelques an-
nées, FAcadémie n'a pas tenu compte da-
vantage d'une autre clause de l'institution
Gobert, qui interdit de donner le prix aux
lauréats pour une période de plus de deux
années on sait le généreux mobile qui l'a `
guidée. Augustin Thierry était aveugle et
chargé d'ans. Ses ressources personnelles
étaient insuffisantes. Jusqu à la fia de sa
vie, on lui a servi la rente Goberf, et on a
bien fait. Mais sait-on précisément quel a
été le résultat tout net de cette pieuse vio-
lation des statuts ? Celui de fermer à l'im-
mortel auteur des Récits mérovingiens la
porte de l'Institut toute sa vie durant. Si
Augustin Thierry était devenu académi-
cien, il aurait été obligé d'abandonner cette
pension, qui était indispensable à ses be-
soins. N'est-ce pas la preuve évidente que
le titre de membre de l'Institut est consi-
déré par l'Académie comme incompatible
avec l'octroi du prix Gobert?
En osant donc proposer son Saine Louis
tdout tm"prixâmraêlies membres de Tlns-
titut ne doivent pas aspirer, M. Wallon,
membre de l'Institut, fait montre d'un in-
concevable mépris pour les précédents aca-
démiques.
Cette outrecuidante prétention aura sa
récompense. Les jeunes historiens qui tra-
vaillent en vue du prix Gobert ont déjà fait
entendre de justes réclamations. L'Acadé-
mie ne peut 'que leur donner gain de cause
en éconduisant, avec les formules de poli-
tesse habituelles, ce mailre Jacques de 1 his-
toire, de la po Mique et du professorat.
Gaston Joluvbt.
Informations politiques
Service télégraphique Bavas.
TÉLÉGRAMMES DE LA JOURNÉE.
Madrid, 8 février, 4 h. 60 soir. Les car-
listes ont été battus à Huclamo (Nouvelle-Gas-
tille), perdant 460 morts et blessés.
Madrid, 9 février. Le roi, après avoir
visité plusieurs manufactures, est parti hier
matin de Pampelune au]milieu des acclamations
enthousiastes de l'armée. Il est arrivé à Tafalla
& 3 heures du soir: il continue sa route poux
«^rn¥éfHftreSr4Madfiaie 13 février.
Le général Valmaseda est désigné pour com-
mander dans l'ile de Cuba. Le gouvernement
prendra incessamment d'importantes décisions
au sujet de cette colonie.
Tafalla, 8 février, 2 h. Soir. On mande
de Pampelune, 7 février
a Le roi est entré ici au milieu d'un grand
enthousiasme. La ville entière était pavoisée.
« Les officiers de l'état major de l'armée, ainsi
qae Ceux attachés à la maison du roi accompa-
gnaient le roi, qui partira probablement demain
pour Tafalla, et retournera ensuite à Madrid par
Logrono, Burgos et Valladolid.
« Les opérations sont suspendues pour le mo-
ment.
«Les troupes n'attaqjjeront pas immédiate-
ment Santa Barbara. Elles se fortifient sur les
positions qu'elles occupent, s
Tafalla 8 février, 4 h. 40 soir. On
mande de Pampelune, 7 février
« S. M. le roi a fait aujourd'hui fon entrée à
Pampelune, où il a reçu une magnifique ovation.
Le roi s'est rendu à la cathédrale, accompagné
par la députation, par les membres de l'ayuata-
miento (conseil municipal), par les membres du
tribunal, par les autres corps d'Etat et par les
autorités civiles et militaires.
« Après la célébration d'un Te Deum solennel,
le rof est descendu au palais de la Députation
provinciale, où des apprêts spkndides avaient
.été faits en son honneur.
« Dans l'après-midi, Sa Majesté a visité la cita-
delle.
< Le roi partira demain pour Logrono. »
Tafalla, 8 février, 4 h. 45 soir. Le roi a
visité hier tous les établissements publics de
Pampelune. Il est parti à neuf heures du matin,
et, après avpir traversé le Carrascal, il est arrivé
à 4 heures à Tafalla, accompagné du général
Moriones. 1
Demain, le roi part pour Logrono, où il ren-
dra visite au maréchal Espartero.
Tafalla, 8 février, soir. On assure que
Moriones est nommé général en chef de l'armée
dulNord. *'1
Le roi compte être de retour à Madrid samedi
ou dimanche.
TÉLÉGRAMMES DE U NUIT.
Strasbourg, 9 février. Le mandement de
carême de l'évéque de Strashourg a été saisi au-
jourd'hui à la poste par la police prussienne.
Madrid, 9 février, matin. La Gazette an-
nonce que le roi se rend, aujourd'hui à Legrono.
Le maréchal Eipartero'à dit au marquis de Mo-
lins « Veuillez informer le roi que je régrette
infiniment de n'avoir pas pu aller le recevoir à
là gare, mais qu'il aura en moi un sujet loyal et
décidé. Je suis sûr qu'il sera un grand roi cons-
titutionnel. Je sais déjà qu'il est brave, s
La Gazelle officielle publie ensuite les nouvel-
les suivantes °
a 3,000 carlistes ont surpris 200 soldats de la
garnison de Daroca. Celle-ci s'est défendue éner-
giquement, a tué 17 carlistes et en a blessé 14.
« Le général Loma annonce que le brigadier
Oviedo s'est emparé du village d'Usurbil (Gui-
puzcoa). »
L'Itriparçial dit que M. Benavises, représentant
de l'Espagne près du Vatican, est parti pour aller
occuper son poste. Le général Valmaseda s'em-
barquera le 15 février pour Cuba.
Informations du «érafett.
Pas plus aujourd'hui qu'hier ni que les jours
précédents, MM. Dufaure, d'Audiffret-Pasquier,
Wallon, Buffet, n'ont été mandés à la Présidence
pour conférer de la formation du futur cabinet.
La réserve du maréchal sur ce point est toujours
extrême, et les amis de la Présidence ignorent
aussi complètement que le commun des mortels
les intentions du duc de Magenta.
«« En fait de modifications ministérielles,
l'opinion des bufeàux à l'Intérieur, à la Vice-
Présidence, aux Affaires étrangères, aux Finan-
ces, est sue MM. de Cissey, Decazes, Mathieu
Bodet et Cailiaux resteront aux affaires.
-w. Nous pouvons certifier que les gauches
sont absolument opposées au projet de la com-
mission relatif à l'institution du bénat. Il faudra
que la commission remanie ce ••projet si elle ne
veut voir surgir un amendeqient Wallon quel-
conque sur lequel la majorité du 30 janvier
compte, peut-être encore se rallier. MM. Thiers,
Casimir Pcrier et Jules Simon travaillent à la ré-
daction du contre-projet de conciliation. Nous
savons que M. Jules Simon est décidé à adopter
les bases transactionnelles les plus étonnantes,
suivant son mot; mais nous ne croyons pas que
les Intentions de l'ancien ministre de M. Thiers
puissent pousser les concessions au point de ris-
quer de se voir abandonné par l'extrême gauche,
dont l'appoint est aujourd'hui essentiel à la ma-
jorité bigarrée du 30 janvier et jours suivants.
L'unique préoccupation des personnages que
nous venons de citer, ainsi que de MM. Dufaure,
Léon Say, etc., etc., est la solution de ce pro-
blème.
w On remarque la réserve extrême observée
depuis six ou sept jours par M. d'Audiffret-Pas- 1
fiiier, JLg jhef décentra droit seralt-il iaquiet
éjà de ses alliés de la veille? 9
C'est possible.
vww Ainsi que nous avions l'occasion de la
constater hier, les vacances des jours gras ne'
signifient pas jours de repos, pour les députés.
Les conciliabules sent fort nombreux entre ho-
norables de même opinion.
Les députés de l'extrême gauche se montrent
surtout fort actifs. MM. Simiot, Marcou, de
Mahy, Ordinaire, Barodet, etc., etc., désireux
d'asseoir définitivement la République, sont dis-
posés à faire momentanément à M. Thiers de
nouveaux sacrifices mais un d'eux aurait rap-
pelé ces paroles dites par St. Duportal en 1871
a Nous irons de la République modérée à la Ré-
publique conservatrice de Ja conservatrice à la
pure de la pure à l'une et indivisible de l'une
et indivisible à la démocratique et sociale, qui
est la nôtre » M. Thiers est aujourd'hui, comme
en 1873, le marchepied sur lequel ils comptent
pour atteindre à l'objet de leur rêve la Répu-
blique radicale.
Que M. Thiers ne se fasse aucune illusion sur
le concours de l'extrême gauche, qui ne vote
pour lui et avec lui que parce que l'ancien pré-
aident « fait leurs affaires pour l'instant s. Mais,
persuade de son infaillibilité, M. Thiers ne veut
pas écouter les rares amis qui lui tiennent ce
langage.
«« Au milieu des dépêches contradictoires qui
arrivent d'Espagne, les lecteurs ont bien de la
peine à retrouver la vérité. Voici, en peu de
mots, le résultat vrai des événements qui vien-
nent de se passer en Navarre.
ioTsqtte les earllsles*ont compris que le plan'
de l'armée de Laserna était de les déborder sur
leur droite et de les prendre entre le i« corps
de Moriones et le 2» corps de Primo de Rivera,
ils ont resserré leurs lignes au lieu de les éten-
dre, laissant passer Moriones presque sans ré-
sistance et évacuant le Carrascal pour se con-
centrer à Estella. ·
Pampelune, au blocus de laquelle ils ont re-
noneé, a pu être ravitaillée, et le premier objet
de la campagne a pu être ainsi rempli. Mais on
comprend aisément quelles difficultés a dû ren-
contrer Primo de Rivera et le 2» corps, trouvant
en face d'eux toutes les forces "carlistes réunies
sur des points admirablement fortifiés par l'art
et la nature..
Aujourd'hui, Moriones et Rivera, opérant de
concert, l'un sur les mêmes points, l'autre entre
Estella et Pampelune, vont de nouveau tenter
d'envelopper l'armée de don Carlos ou tout au
moins de la rejeter vers la vallée d« BaztauS, sa
ligne de retraite vers la France.
Quant Loma et au 3» corps, il ne paraît pas
jusqu'ici qu'ils aient pu dépasser les premières
sierras qui les arrêtent sur la route de Tolosa.
^w> II est question depuis Hier, parmi les dé-
putés de la jçauche! d'un manifeste qui serait
adressé à la France par les députés qui repré-
sente exclusivement à la Chambre l'idée répu-
blicaine. M. Naquet aurait été le promoteur de
cette idée, qui sera soumise aux délibérations de
l'extrême gauche et de la gauche républicaine
jeudi matin.
Éclios de Paris
Avant de quitter Paris, le maréchal et la
maréchale de Mac-Mahon sont allés hier
faire une visite à la reine Isabelle, 1 ,->~
Du temps où il y avait des boeufs gras et
des défilés de masques, les Parisiens ont
pris l'habitude d'aller, le mardi gras, sur
les boulevards pour voir le carnaval ambu-
lant.
Maintenant il n'y a plus rien ni char
de blanchisseuses, ni amours, ni sauvages,
ni chi'cards, ni voitures-réclames. il n'y a:
plus que la force de l'habitude qui ramène
tout Paris sur le trottoir des boulevards.
De la Bastille à la Madeleine, la cohue se
pousse, se presse et s'écrase pour voir.
qu'il n'y à rien avoir.
Bien du plaisir!' 1~
•' '̃'̃̃̃ •'̃•̃ ;i •
Les nombreux Parisiens qui circulaient
sur les boulevards 'hier tint cependant pu
voir quelques voitures de noces.
La crainte de passer pour la mariée du
mardi gras n'a pas été suffisante pour en-
gager les fiancées à retarder leur union de f
quelques jours. >
En revanche, beaucoup de soupirants
avaient profité de ce prétexte pour avancer
leur mariage. Samedi dernier toutes les
églises et toutes les mairies regorgeaient de
monde. Pour ne citer qu'un chiffre, on a
célébré quarante-cinq mariages dans la
seule mairie de Montmartre.
Avant-hier soir sont arrivés à Paris le
prince-Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha, la
princesse Clémentine d Orléans, sa femme,
et leurs deux plus jeunes enfants la prin-
cesse Amélie et le prince Ferdinand.
Hier, mardi gras, un dtner de famille a
été donné en leur honneur par le comte de
Paris, dans l'hôtel du faubourg Saint-Ho-
noré. Il y avait là tous les princes d'Or-
léans présents à Paris le duc d'Aumale,
le duc de Nemours, le duc de Chartres, le
duc de Montpensier, le prince de Join-
ville.
Bien que descendus à l'hôtel comme de
simples particuliers, les princes et prin-,
cesses de Saxe-Cobourg-Gotha comptent sé-
journer dans la capitale jusqu'à l'arrivée du
prince Philippe et de sa jeune épouse, la
princesse Marie-Louise de Belgique.
Un des bals les plus brillants de la sai-
son a été celui de la comtesse Uribarren,
dans sa luxueuse résidence du boulevard
Haussmann. Veuve d'un riche Espagnol,
cette grande dame fait le plus noble emploi
de sa fortune.
Le bal a commencé à onze heures et
s'est prolongé jusqu'au matin. Les salons
avaient été convertis en de véritables par-
terres de fleurs. Partout des camélias et
des lilas blancs sur les cheminées des
bouquets de toute grosseur et de toute
forme. On dansait dans tous les salons, et
les invités, étaient si nombreux qu'on avait
de la peine à se faire une place pour passer
d'un salon à l'autre.
Nous avons rarement vu une réunion
aussi nombreuse de jeunes et jolies fem-
mes, presques toutes étrangères c'étaient
*aës Espagnoles, de» flkvMaîses; d«Hlexi-
caines, des Péruviennes, des Chiliennes,
des Américaines du Nord. Celles-là seules
qui comptaient à peine de 18 à 22 prin-
temps auraient suffi à peupler trois fêtes à
la fois.
La baronne d'Erlanger, Mme Deiffrul,
Mme Surveryiel et la marquise de Castel-
Florite rivalisaient entr'elles de beauté et
de luxe. On évaluait à plus de trois' mil-
lions les bijoux, rivières et diamants dont
elles étaient couvertes. Mme Léopold Gold-
schmidt avait à son cou une grosse perle
d'un prix inestimable, et, à ses côtés, une
autre perle de dix-sept ans, qu'on appelle
chez elle lé bijou de la maison.
Nous' citerons encore les charmantes
Mmes Cuadra, Salamanca, Bischoffsheim,
Barredar, Cunisse, Carrie, Candamo, Mora
et les jolies demoiselles Qverbeeck (de Guaya-
quil), Chaves, Mantilla, Banuelos (Espa-
gnoles), Milnen-Gibson (Anglaise), Jorrin
(Havanaise), les marquis de Sopuyà et Ta-
misier, HM. Çaro Hernandez, chargé d'af-
faires d'Espagne; comte de Sanafé, M.
Mérry, etc.
Un souper splendide et un très joli cotil-
lon, qui a fini à quatre heures, ont clos
cette brillante soirée, dont les honneurs ont
été faits avec la plus grande affabilité par
la comtesse Uribarrèn, son frère et son
fils.
•^«'dêfnréT lUfiaî de M.~ét Mmë; Alfred
Stïvens a été des plus brillants. L'artiste
inaugurait un petit salon chinois qui sem-
ble être une gracieuse dépendance du pa-
lais d'Eté. Il y a là des tapisseries, des bi-
belots, des magots, à rendre jaloux un
mandarin. On a entendu plusieurs fois,
dans le cours de la soirée, ce virtuose
étrange qui nous arrive du fond de la
Hongrie et dont l'instrument a déjà char-
mé les plus élégants salons parisiens. Re-
menyi est au violon ce que Listz est au
piano il a l'inspiration, il a la vibration et
une fougue entraînante. Les honneurs de
la soirée ont été pour ce violon et pour
le petit salon chinois.
Le 14 février, on pendra la crémaillière
chez Mme Léopold Goldschmïdt, pour l'i-
nauguration de son bel hôtel de la rue
Rembrand, près du parc Monceau. Des in-
citations nombreuses ont été lancées dans
la haute société israélite et financière.
J. B. y
M". Emile de Girardin, M. et Mme Alexan-
dre de Girardin recavront le mardi 16 fé-
vrier, dans leur hôtel de la rue Dumoat-
d'UrviUe.
II parait décidé aujourd'hui que l'impé-
ratrice de Russie ne retournera pas à Saint-
Pétersbourg avant l'été. Au commencement
d'avril, elle ira directement de San Remo
en Crimée pour y passer le printemps.
M. le prince Camille de Rohan, chef de
la maison de Rohaii-Guéménée déclare,
dans la Bohemia, de Prague, que la nou-
velle, propagée par certains journaux, qu'il
aurait intenté à ses anciens compatriotes
de Saintes (Charente) un procès en restitu-
tion des biens confisqués à l'époque de la
première Révolution, est entièrement con-
trouvée.
Le chiffre officiel attribué aux pauvres
sur la recette du bal de bienfaisance quia a
eu lieu dimanche dernier à l'Opéra est de
157,301 francs 7 centimes.
Plusieurs personnes qui n'avaient pu as-
sister au bal ont envoyé leur souscription.
Allons, il ne faut pas trop regretter de
s'être ennuyé, puisque c'est de cet ennui
qu'est faite la joie de tant de gens
L'état du « père Corot » empire chaqqe
jour. Nous sommes allé hier prendre des
nouvelles du vieillard auprès de Mlle Adèle
elle-même. Sa douleur est trop grande pour
qu'elle se trompe sur la nature du mal, et
nous craignons que la fin ne soit proche.
Mlle Adèle est la providence de Corot,
sous les" traits d'une vénérable célibataire
de soixante-douze ans.- Depuis trente-sept
ans à son service, Mlle Adèle soigne le
vieillard comme une sueur, et certainement
le maître lui en a toujours été reconnais-
sant: Corot est garçon à son âge, ce n'est
plus pardonnable, ajoute-t-il en souriant
il a toujours été seul, sans famille empres-
sée autour de son chevet. Mlle Adèle lui
tient lieu de famille, et c'est elle qui reçoit
aujourd'hui les nombreux visiteurs. C'est
elle qui interdit à Corot de se lever, de
marcher dans la chambre, même quand il
croit en avoir la force. C'est elle qui a con-
damné la porte de la chambre devant 1 af-
fluence des amis qui veulent voir le vieil-
lard et lui serrer la main. Le brave homme
s'en était effrayé. Avant-hier, des peintres
étaient encore venus le voir.
Ah ça, demanda-t-il en regardant
anxieusement Mlle Adèle, je vais donosnou-
rir, puisqu'on vient me voir si souvent ? y
Sans s'en douter, le père Corot faisait de
la philosophie. Il faut espérer qu'il n'a pas
à se préoccuper si tôt de la mort.
L'hydropisie ne fait pas de progrès, mais
la faiblesse générale est extrême. >:
Les amateurs de plaisirs délicats, assai-
sonnés de grâce, de bel esprit et de beau
langage, étaient dans la désolation.
Un bruit sinistre courait dans Paris: on
disait qu'Arsène Houssaye, boudant la jeune
République, n'ouvrirait pas, cet hiver, ses
admirables salons de l'avenue Friedland.
Mais Arsène Houssaye est trop ferré sur
le dix-huitième siècle, dont il a poétisé l'his-
toire avec sa plume d'or, pour ne pas s'être
souvenu que la vieille République de 93 fut
précisément l'époque des raffinés, et ce roi
des raffinés contemporains ne veut pas que
la cadette le cède sur ce point à son aînés.
Aussi pouvons-nous chanter, comme dans
l'Ile de fulipatan
Sur ma parole,
G?est un canard,
7 0a: bruit qui vole,
Un traquenard
Le phïs parisien des Athéniens d#f*aris*«
restera chez lui le vendredi soir 19 février,
si j'en crois le délicieux carton rosé que
j'ai reçu tout à l'heure.
Voilà des contre-marques qui vont faire
prime plus encore que celles du bal mas-
qué de l'Opéra.
Par malheur, on n'en a pas pour de l'ar-
gent .•'̃̃̃
Le lieutenant Zubowicz est dépassé,
surpassé, réduit à néant.
Des officiers russes viennent de faire, à
Saint Pétersbourg, un pari colossal contre
un de leurs camarades.
Ce dernier prétend aller à cheval, en vingt-
un jours, de Saint-Pétersbourg à Vienne.
Or, M. Zubowicz, dans le même temps, a
parcouru une distance trois fois moindre.
Ce fait a été considéré comme un tour de
force.
Comment qualifiera-t-on le voyage de
l'officier russe s'il arrive dans le délai fixé?
Nous tiendrons nos lecteurs au courant de
cette excentricité nouvelle.
Hier, à onze heures, ont eu lieu, dans
l'église Sainfc-Denis-du-Saint-Sacrement, les
"obsèques de M. Jacques-Vincent Daudet, le
père de nos sympathiques confrères Ernest
et Alphonse Daudet.
Les amis intimes de la famille, avaient
seuls été convbquêi.'tJitoris pàrmf eux MM.
Hébrard, rédacteur en chef du Temps,
Dentu, charpentier, Bergerat, Wittersheim,
Armand Silvestre, Adolphe Belot, Paul et
Jules Arène, Alma Rouch, Ferdinand Fabre,
Cornély, Dupuy, René Delorme, Gaston Mit-
chell, G. Chandèze, L. Cladel, Célestin Al-
lard, etc., etc.
Le corps a été conduit au Père-Lachaise.
Mânes de Jules Gérard, frémissez 1
Et toi, Bonbonnel, pends-toi, on a vaincu
et tu n'étais pas là
Un Français, habitant l'Algérie, M.
Bétoulle, vient de tuer, dans l'Oued-el-Aneb,
près de Bone, un magnifique lion qui ne
pèse pas moins de 240 kilogrammes.
C'est son douzième, et ce qui rend peut-
être plus piquante encore cette chasse ex-
eeptionnelle, c'est que M. Bétoulle est, de
son état, un honnête et placide géomètre.
C'est peut-être cela quil doit, lorsqu'il
visait ses douze lions, d'avoir le sentiment
de la ligne droite.
Il paraît que le métier d'insulteur com-
mence à rapporter moins d'argent que par
le passé.
Malgré les facilités que la Lanterne du
citoyen-comte de Rochefort-Luçay trouve
pour entrer en France (un de nos amis en
a vu emballer l'autre jour à Genève 2,000,
à destination de Bordeaux), malgré l'in-
ventaire de fin d'année, qui s'est traduit par
soixante-un mille francs^ de bénéfice, on
nous dit que cette. chose serait sur le
point de cesser sa publication.
Il est vrai que les bénéfices de l'entre-
prise ont dû être singulièrement amoindris
par deux causes la première l'attrait par-
tièulier du Casino de Saxon la seconde
la large saignée faite à la caisse par les
frères et amis de Londres, qui ont négligé
de rendre leurs comptes à l'administration
de Genève et ont empoché une vingtaine
de mille francs sans crier gare 1
UN DOMINO.
M. WALLON & M. JOURNAULT
Il faut s'incliner devant M. Wallon
mais il ne faut point méconnaître les mé-
rites de M. Journault. Ce sont deux âmes
d'élite, remplies deB mêmes haines, éprises
du même idéal; elles aspirent l'une et l'au-
tre régénérer la France. Cependant l'â-
me -de M. Wallon n'entend pas cette régé-
nération comme l'entend l'âme de M. Léon
Journault.;
M. Wallon croit que, pour clianger la face
du pays et faire disparaître jusqu'aux der-
nières traces du régime précédent, il suffit
d'un petit amendement adopté par une
seule voix de majorité. C'est avoir beaucoup
de confiance dans un amendement et dans
une voix. Etant donnée, eette vérité que, la
première chose à faire pour assurer le sa-
lut de la France, c'est de lui ôter l'envie et
le moyen de revenir à l'Empire, M. Wallon
n'aurait pas dû peut-être s'en tenir à un
simple amendement. Ne sait-il pas ce que
vaut un amendement, à quoi tient son suc-
cès, combien sa, durée est éphémère ? Ne
sait-il pas aussi que, si la nation conserve
ses illusions sur l'Empire, elle retournera
d'elle-même, en passant par-dessus tous
les votes et toutes les décisions parlemen-
taires, à cette forme de gouvernement? M.
Wallon est une manière de philosophe rêveur;
il croit à des formules. C'est le propre de?
professeurs, et des lettrés de manquer de
sens pratique.
M. Léon Journault n'est ni professeur ni
lettré il est plutôt madré. C'est un homme
de Seine-et-Oise qui connaît bien l'esprit
de son époque. Non moins convaincu que
M. Wallon di' danger qu'il y aurait pour les
fortunes, pour les mœurs et pour les ca-
ractères, à laisser la France retomber dans
le césarisme, il a pensé que, pour être bien
mené, le sauvetage de sa patrie devait -re-
chercher les faits et ne point trop s'attacher
aux mots.
M. Léon Journault a donc écrit une pe-
tite brochure sans laquelle le célèbre amen-
dement de M. Wallon n'aurait point d'effi-
cacité. Là, M. Journault démontre jusqu'à
l'évidence que, sous l'Empire, si l'impul-
sion n'était venue des deux années de ré-
publique qui ont précédé le coup d'.Etat
de 1851 si, à cette époque, le mouvement
industriel n'avait été secondé par la créa-
tion du second réseau des chemins de fer,
les affaires n'auraient point marché. M.
Journault établit aussi avec beaucoup de
clarté que le régime impérial n'avait aucun
mérite à développer la prospérité publique
il n'y mettait tous ses soins que pour créer
un dérivatif à la tyrannie. Cet homme d'un `
positivisme merveilleux apprend à ses con-
citoyens que, durant la période funeste dont
la guerre nous a délivres, tout n'a pas. été
bénéfice, qu'il y a eu aussi des pertes ce
qui n'arrivera jamais dans la république.
M. Journault est cultivateur; il confiait la
terre il assure qu'elle est indifférente à la
forme du gouvernement ce n'est donc pas"
àl'Empire, maisà la terre même qui a bien*
voulu, malgré les hontes du despotisme,
ne point déroger à ses habitudes, c'est à
cette mère intrépide que les campagnards
doivent attribuer les beaux bénéfices qu'ils
ont acquis.
L'Empire! si on ne l'eût point empêché,
il aurait accaparé le bien de tout le monde.
Quelle ne sera point la surprise du paysan
lorsque, lisant la brochure de M. Jour-
nault, il apprendra que l'on avait donné à
l'Empereur trois palais à Paris, dix châteaux
en province, des bois, des forêts, que cer-
tainement il eût emportés avec lui si la ré-
publique n'y eût mis bon ordre. Ce qui
donnera le. coup de grâce à la légende na-
poléonienne, ce sera surtout la révélation
de ce qui se passait aux fêtes de Compiè*
gne, lorsqu'on y faisait la curée des dames.
Oh! cette curée! Dans une corbeille on.
mettait des bracelets, des boucles d'oreilles,
des colliers ruisselants de diamants; les
dames allaient à genoux et même, assure
M. Journault, à quatre pattes, jusqu'à la
corbeille, dont elles se disputaient le con-
tenu. Qui payait cette dépense? et les agré-
ments qu'elle procurait aux hôtes du châ-
teau, qui les payait? Le contribuable.
A la bonne neure voilà des arguments
décisifs. C'est ainsi que le peuple, mieux:
éclairé par M. Journault que par M. Wal-
lon, confirmera dans les élections, les me-;
sures prises dans la Chambre à la majorité
d'une voix. C'est avec le suffrage universel
et avec lui seul qu'il faut compter M. Wal-
lon n'y songe guère M. Journault y songe
sérieusement il comprend la Jnécessité de
reprendre au régime déchu les sept mil-
lions de suffrages sur lesquels il s'étayait.
Voilà. pourquoi le député de Seine-et-Oise
se met en frais de belles et patriotiques
calomnies voilà pourquoi il débite aux po-
pulations des contes bleus qui semblent
imités de Perrault. Il fait la besogne qu'il
sait faire, et prouve du'moins qu'il com-
prend mieux que M. Wallon et les autres
doctrinaires les devoirs que vingt années
de corruption imposent aux vrais républi-
cains. M. Léon Journault est un vrai répu-
blicain, fort décidé à tout sacrifier à ses
opinions, sans en excepter sa fortune et la
tranquillité de sa vie.
LioNCE Dupont.
LES BALS DU MARDI GRAS
Avouons-le, le mardi gras a été piteux.
Rome, Barcelone et même Dunkerque doi-
vent regarder, Paris avec un sourire de pi-
tié, et, franchement, Paris le mérite bien.
Pas de confetti, pas de cuadrillasi pas de
Gayantl. Paris est devenu bourgeois en
diable, et sa soif de joyeusetés se tient
pour satisfaite des voitures-réclames des
bals de second ordre.
Rien Pas le plus petit bœuf gras à sa
mettre sous la dent pas même un veau
Nous nous serions contenté d'un simple
veau gras pour la journée; vain espoir l
Alors nous ayons espéré que les bals du
soir réserveraient à la gaieté française quel-
que petite compensation, et, courageuse-
ment, avec la ferme volonté d'un touriste
anglais qui veut tout voir et que nulle fati-
gue ne saurait rebuter, nous avons com-
mencé une tournée « dans ces temples de,
Vénus, Bacchus et Terpsychore », comme
dirait le barde rubicond de Lorgeril, en un
vers de douze pieds. au moins.
A l'Opéra-Comique l'honneur de com-
mencer.
> Métra, la tête haute, les cheveux en ar-
rière, bat la mesure d'un bruyant quadrille.
Faut-il tout dire ? Il nous semble qu'il lui
manque le grain de folie qu'ont eu Strauss
et Musard; il nous semble qu'il se préoc-
cupe un peu trop de la musique et pas assez
de la danse son bâton de maestro est ré-
gulier, méthodique et consciencieux mais
il n'est pas aussi toqué qu'il le faudrait peut-
être pour diriger les bals de l'Op'éra. N
Après tout, Métra est devenu philosophe,
et je donnerais quelque chose pour lire
dans son cerveau lorsque du haut de son
pupitre il conduit les couples affolés à cinq
francs la nuit. Use souvient sans doute du
temps passé, de la jeunesse, de la bohème,
de l'âge où les cheveux n'avaient pas en-
core blanchi et où l'on bâclait une valse
sur un coin de table; il regarde les autres
qui font ohé sans chaleur et sans con-
viction et, qui sait ? la tristesse de son âme
s'accroche peut-être à son bâton de chef
d'orchestre et l'alourdit, ce qui explique-
rait le phénomène dont je parle plus haut
et qui, bien entendu, ne touche en rien à
son talent de compositeur.
Cependant, les clodoches de l'adminis-
tration s'évertuent à qui mieux mieux à di-
vertir le public payant et gagnent bien leur
argent. J'ai surtout remarqué un certain
écossais, dégingandé et disloqué, qui épatait
littéralement le bébé il y a donc encore
des bébés! qui se faisait l'honneur
de danser avec lui.
Il fallait entendre cet ange du chahut
répondre fièrement aux invitations des trou-
badours vulgaires et des pêcheurs napoli-
tains quelconques
J gambille pas avec toi, c'est moi qu'a
l'écossais, ainsi! ¡
Ce que la pïume ne peut pas rendre,
c'est l'orgueil de ce mot « ainsi » qui ap-
puyait et terminait si bien la phrase.
Par exemple, on est obligé de reconnaî-
tre que la scission est complète entre la
démocratie et, l'aristocratie de ce bal la
première est costumée, danse et boit la
seconde est en habit, regarde danser et
paye à boire. C'est à peine si quelques
membres femelles de la première famille
daignent parfois se mêler à ceux de la se-
conde appartenant au sexe opposé. Vite
ces dames retournent au vin sucré de leurs
camarades, qu'elles prélèrent à la tisane la
plus mousseuse.
De là à Bullier, il n'y a pas de transi-
tion aussi je n'en cherche pas.g
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