Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1874-08-19
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 août 1874 19 août 1874
Description : 1874/08/19 (Numéro 2135). 1874/08/19 (Numéro 2135).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k521350d
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/02/2008
Mercredi 19 Août 1,874.
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(Départements et gares 20 c.) ̃
âBÔNNÈMÈNÏS MUR IES DÊPARfEMENTS
Da an, H Ut -*̃ Si» mois, 32 |r. -r- Trois mois, 1 6 fr.
1 ft-NNONCES ̃̃̃
̃H Ch Lftgrange, Cerf et C«, 6, PLACE DB La. BOURSB
Et à la Rédaotivn du Journal, 12, me Orange-BateHir», <
III
Les manuscrits ne sont pas rendui ̃̃̃
Septième année» Numéro 21 3§
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LH NUMÉRO X O CENTIMHS^
(Départements et gares 20 c) /-
ABONNEMENTS POUR PARIS t
Va «n, 54 fr. Six mois, 27 fr. Trois mois, tsMBtyjW
r ̃ • :'i'"> ̃̃̃ ANNONCES ]
MSI. Ch. Lagrange, Cerf et C*, 6, PLACE DB LA. BOURSB
J« à la Rédaction du Journal, 12, rue Grangt-BateMer*.
Les manuscrits ne sont pas rendu
Edmond TTAJRiBïS, «directeur-gérant.
Administration 12, rue de la Grange-Batelière.
Rédaction 12, rue de la Grange-Batelière.
ÉLECTION DU CALVADOS
feTÉSULTÀT DÉFINITIF
Électeurs inçrits.. 122,735
'Votants 78,340
MM. voix.
Le Provost DE LAUNAY (bonapartiste) 41.710
PAUL Aubert (radical) 27.645
DE Fontette (légitimiste) 8.995
13 11, f"M 'l'
Votes par arrondissements
ARRONDiSSEM9 L DE LAUNAY P. AUBERT DE FONTETTE
CAEN 10,256 6,450 3,314
BAVEUX 6,470 3,683 1,362
FALAISE, 5,339 3,450 836
LISIEUX 7,621 4,241 967
• PONT-L'ÉVÉQUE 4,764 3,919 1,081
VIRE. 6,944 5,529 1,418
TOTAUX. 40,794 27,272 8,978
Sauf dix petites communes.
M. LE PROVOST DE LAUNAY
Candidat bonapartiste
EST ÉLU AVEC UNE MAJORITÉ DE
.1 4, »44 voix
M. Le Provost de Launay est élu.
Après l'élection Sens, l'élection de Bour-
going après l'élection de Bourgoing, l'élec-
tion Le Provost de Launay. Le parti impéria-
liste peut se dire à bon droitlefilsdu suffrage
universel. Il n'est pas renié par son père.
Ce sera l'honneur de ce parti de n'av^"
jamais désespéré de l'heure de la justice.
Même à Bordeaux, alors qu'une poignée de
fidèles, une dizaine à peine, se levaientsilen-
cieusement pour protester contre le vote de
déchéance, la foi dans la souveraineté natio-
nale n'abandonnait pa6 ces quelques élus,
disséminés dans une Chambre hostile.
1. C'est à l'opinion plus éclairée qu'ils de-
mandaient et qu'ils demandent encore de
réformer un jugement trop hâtif et trop pas-
'èionné.-
Leur attente ne sera pas déçue. Cette der-
nière manifestation du suffrage universel
!ëst peut-être encore plus significative que
les précédentes.
M. Le Provost de Launay se présentait aux
électeurs escorté par le souvenir de son ex-
cellente administration, mais il avait un dé-
faut capital aux yeux des Normands on lui
reprochait de n'être pas du pays. De plus, il
n'avait pas de journal à lui. Ses circulaires
constituai nt sa seule arme contre les in-
jures et les calomnies de la presse légiti-
miste et républicaine. Enfin il s'était imposé
une tâche difficile, et qui, à première vue,
semblait impossible celle de sortir le pre-
mier d'une arène électorale où le candidat
impérialiste, il y a deux ans à peine, avait
été classé au dernier rang.
En dépit de ces conditions de lutte iné-
gales, M. Le Provost de Launay est élu. Il
est élu. avec une imposante majorité. Il
triomphe de deux rivaux, nés dans le pays,
soutenus ardemment par leurs organes. 11
triomphe avec ses seules forces, grâce aux
souvenirs personnels qu'il a laissés, mais
grâce surtout au prestige que le nom de
Napoléon éveille encore au sein de ces
campagnes normandes, si laborieuses et si
sensées, de l'aveu même des journaux ré-
publicains.
L'orgueil des radicaux est une fois de
plus humilié. Ce pays, qu'ils ont indigne-
ment abusé, leur échappe au moment
même où leur convoitise croyait le saisir
pour jamais. Quant à la France conserva-
trice, l'heure des hésitations est passée
pour elle. Elle sait où est son drapeau.
Emilb Blavkt.
LES DEUX SCRUTINS OU CALVADOS
(1872-1874.)
Il n'est pas sans intérêt de comparer le
scrutin qui a eu lieu avant-hier, dans le
Calvados, avec celui qui a eu lieu au mois
d'octobre 1872 dans le même département.
Voici comment se répartissaient, il y a
deux ans, les suffrages des électeurs
M. Paris, candidat républicain, obtenait un peu
plus de 28.000voix.
M. le marquis de Fournès, légiti-
miste 17.778
M. Joret-Deselozières, orléaniste 15.060
M. de Colbert-Chabanais, bona-
partiste. 2.043
Ainsi le candidat bonapartiste n'obtenait
à cette époque qu'une minorité dérisoire.
Or, le candidat bonapartiste, M. de Launay,
a été élu, dimanche dernier, par plus de
41,000. suffrages, c'est-à-dire que le parti
qu'il représente a gagné plus de 38,000
voix depuis deux ans. Il a bénéficié des
voix conservatrices qu'avait recueillies à
l'élection précédente le candidat orléanis-
te, M. Joret-Desclosières, et d'une partie de
celles qui s'étaient portées sur le marquis
de Fournès, preuve évidente que, là où
l'on veut que le drapeau conservateur soit
tenu par une main ferme, c'est aujour-
d'hui à un impérialiste qu'on va le confier.
15,000 électeurs qui s'étaient abstenus au
scrutin précédent (le chiffre des abstentions,
qui était de 63,000, il y a deux ans, n'a plus
été avant-hier que de 48,000 environ), ont
complété la majorité obtenue par l'honora-
ble M. Le Provost de Launay. Les républi-
cains sont mal venus désormais à porter
les abstentions à l'actif de leur parti
L'opinion républicaine est demeurée à peu
prèsstationnaire. M. Paul Aubert s'est trouvé
avoir un nombre de suffrages à peu près
identique à celui qu'a obtenu M. Pâris, à
l'élection précédente. Il y a même une lé-
gère décroissance, malgré l'effroyable pro-
pagande à laquelle républicains conserva-
teurs et radicaux, unis aux légitimistes, se
sont livrés pour accabler M. Le Provost de
Launay.
MARC Gérard.
Notre correspondant volontaire, qui nous a si
exactement renseignés sur le steeple-chase élec-
toral du Calvados, et dont les pronostics vien-
nent de recevoir la sanction la plus flatteuse, nous
envoie cette dernière lettre, comme épilogue à
son énergique campagne
• Caen, 17 août 1874.
Monsieur le rédacteur en chef,
Les circulaires de la fin ont tenu tout ce
qu'on devait en attendre. La circulaire de
M. de Fontette est puérile. Il demande aux
électeurs, après avoir énuméré les services
rendus par a ses pères », « si les fils sont
a tellement dégéa&cés qu'ils ne puissent of-,
« frir de garanties suffisantes ». Voulant
rester poli, on ne peut que répondre à M.
le baron que les enfants sont vieux et dé-
modés, et qu'il est temps de passer à une
autre génération Quant à la gloire que tire
M. de Fontette, en voyant une place de la
ville de Caen porter le nom d'un de ses
aïeux, il ne faut pas tant s'en vanter. N'y
a-t-il pas à Paris la rue du Quatre-Septem-
bre ? A côté de cette circulaire embarrassée
et sénile, le journal V Ordre et la Liberté
réédite son article Bazaine EN liberté. Je
vous ai dit mon opinion sur de pareilles in-
famies, je n'insiste plus. Le Journal de
Caen (numéro du 16 août) contient aussi un
dernier a Appel aux électeurs ». Dans YEvé~
nemenl, M. Emile Villemot apprécie ainsi
cette proclamation Le Comité républi-
« cain de Caen vient de publier son der-
« nier manifeste. C'est un document net,
a énergique et concis. » Je regrette de n'être
pas de l'avis d'un écrivain qu'on prétend
homme d'esprit et de jugement; pour moi,
ce factum est brutal, calomnieux et grossier.
Une phrase vous montrera si cette appré-
ciation est exagérée
a VoterpourM.LeProvostdeLaunay, c'est
a. voter pour Bazaine, qui ramènerait l'Em-
« pire; pour le traître qui a livré à la Prusse
a nos enfants, nos drapeaux, nos mil-
« de Bazaine. qui vient de s'évader pour
a recommencer k trahir.
« lentes, pour le désordre, pour l'anar-
« chie. y>
Ce manifeste est signé par le secrétaire
du comité, Victor Knell (le marchand de
vin que vous savez). Le président, M. Le-
blond, avocat, s'est abstenu de paraître; il
a craint, sans doute, que le conseil de
l'Ordre lui demandât compte de ces im-
putations diffamatoires, et il a préféré lais-
ser son nom dans l'encrier.
A la fin de son numéro du 16, l'Ordre et
la Liberté énumère « les importants per-
sonnages » qui se a prononcent pour la
candidature de M. le baron de Fontette
MM. Guizot, Bocher, Cornélis de Witt,
d'Harcourt, députés; MM. Le Fèvre (??),
Hettier (??'?), de Larturière (????), conseil-
lers généraux. Ce sont là des généraux
sans troupes dont l'intervention n'a eu au-
cune influence sur le résultat de l'élection.
M. Cornélis de Witt doit regretter amère-
ment d'avoir ainsi laissé galvauder son nom
dans Y Ordre et la Liberté; c'est un mau-
vais début pour ce sous-secrétaire d'Etat.
Puis ce patronage public, accordé à la can-
didature de M. de Fontette, ne rappelle-t-il
pas les plus mauvais agissements de la
candidature officielle, contre laquelle j'ai
entendu M. de Witt tonner jadis avec une
vertueuse indignation ? Comédie d'austé-
rité, beaux principes théoriques, qu'on
s'empresse de violer lorsqu'on y trouve
profit. Et M. Guizot, cet «̃ autre illustre
vieillard », en quelle aventure on l'a four-
voyé
Quoi qu'il en soit, à l'heure où je vous
écris, le succès de M. Le Provost de Lau-
nay est complet. Les légitimistes et les ré-
publicains, M. le baron de Fontette, candi-
dat inventé par le préfet, M. Ferrand, et
M. Paul Aubert, candidat subi à défaut
d'une personnalité plus éclatante, en sont
pour leurs frais d'injures, de calomnies et
de mensonges! Ils ne se relèveront pas de
cet échec. Les légitimistes sont finis comme
parti politique ils doivent se contenter
maintenant des plaisirs du sport et des
honneurs réserves aux lieutenants de lou-
veterie. Quant aux républicains, le Calva-
dos vient de leur rappeler qu'ils sont un
objet d'inquiétude et de répulsion qu'ils
se le tiennent pour dit. Par suite de la dé-
plorable organisation du service, on n'a
connu à la préfecture les résultats de l'é-
lection qu'après quatre heures du matin.
Jadis, sous l'Empire, à une heure tout était
connu et fini, et l'on pouvait se reposer en
paix dfs émotions de la journée. Donc, vers
quatre heures, après avoir passé par des
alternatives cruelles d'espérance et de
doute, les légitimistes et les radicaux ont
appris que M. Le Provost de Launay obte-
nait 40,794 voix, M. Paul Aubert 27,272 et
M. le baron de Fontette 8,978, c'est-à-dire
que le candidat bonapartiste avait obtenu une
majorité de 13,522 voix sur le républi-
cain et de 31,816 sur le légitimiste. Nos
adversaires, depuis le début de la campa-
gne électorale, avaient déclaré que l'élec-
tion du Calvados avait « une importance ex-
ceptionnelle », qu'elle serait «̃ une sorte de
plébiscite » a que voter pour 31. deLaunay,
ce serait voter pour l'Empire » Le scrutin a
parlé les républico-légitimistes doivent
maintenant savoir à quoi s'en tenir sur les
sentiments bonapartistes du Calvados. Le
succès que nous venons d'obtenir a stupé-
fié nos adversaires l'administration pré-
fectorale elle-même a partagé ce sentiment.
Toujours exactement renseignée sur les
changements que subit l'opinion publique,
elle a cru à un scrutin de ballottage jus-
qu'à une heure du matin. C'était, du reste,
chez elle une vieille prévision qui l'avait dé-
cidée détail piquant avancer de quinze
jours l'ouverture de la chasse, primitive-
ment fixée au 30 août, afin de laisser ce di-
manche-là les électeurs tout entiers à leurs
devoirs électoraux.
La lutte est finie le parti bonapartiste
n'a à rétracter ni un acte, ni une parole.
Attaqué par tous, défendu par personne, il
a répondu par le silence et le dédain aux
attaques les plus passionnées et les plus ca-
lomnieuses. M. Le Provost de Launay sort:
de cette épreuve pur de toute violence il a
été calme, parce qu'il se savait fort. Il
avait pour le soutenir et assurer son triom-
phe cette puissance qui, déjà, à trois repri-
ses, nous a donné l'Empire et nous le ren-
dra encore le peuple!
Cette lettre sera la dernière, monsieur le
rédacteur permettez-moi, en prenant congé
de vous et de vos lecteurs nos amis poli-
tiques de Vj)us remercier de la gracieuse
hospitalité que vous avez bien voulu don-;
ner à mes communications, et de vous re-
nouveler l'assurance de mes sentiments de
haute estime. '•'
haute V..̃̃ .x.
<
LES MANŒUVRES ÉLECTORALES
On vient de voir, dans la correspondance
ci-dessus, à quelles basses manœuvres de la
dernière heure la presse du Calvados s'était
livrée pour faire échouer la candidature du
candidat bonapartiste.
Elle n'a fait que suivre en cela l'exemple
que lui offrait la presse radicale parisienne,
toujours ardente à donner le la de l'injure,
de la diffamation et de la calomnie. L'axiome
favori de cette sorte de presse, c'est le mot
de Basile, son patron « Calomniez, ca-
lomniez, il en reste toujours quelque chose !»
Mais, cette fois, il n'en est rien resté, que la
courte honte pour ceux qui ont eu une foi
trop aveugle dans ce cliché ranci.
Il nous a paru instructif de faire une pe-
tite cueillette dans le lot d'arguments dirigés
par ces messieurs contre l'élection de M.
Le Provost de Launay. Nous n'avons pris
que le dessus du panier. Lisez, c'est édi-
fiant
M. Le Provost de Launay, c'est le Mexique,
c'est le plébiscite, c'est l'invasion, c'est le dé-
membrement, c'est la honte dans le passé dans
l'avenir, c'est la révolution et la guerre civile.
(Le Siècle.)
C'est le candidat de la guerre, de l'invasion,
du démembrement et de l'indemnité prussienne
qu'on leur donne comme ami du maréchal et
comme le représentant des conservateurs libé-
raux.
(Le Temps.)
Les agents de la faction sont chargés de dire
aux électeurs « Prenez bien garde à vous, nous
reviendrons Nous serons implacables. A
Cayenne et à Nouméa ceux qui ne voteront point
pour Le Provost » Voilà où nous en sommes,
juste quatre ans après Reichshoffen, forbach et
Sedan.
(Le XIX* Siècle.)
Voter pour M. de Launay, c'est voter pour le
2 Décembre, c'est voter pour Sedan!
(Le Rappel.)
0 chers concitoyens! l'Empire, c'est la ruine
et c'est la honte. Ne nommez point celui qui le
représente. (ideni.)
M. Le Provost de Launay était un de ces pré-
fets à poigne dont l'Empire s'est toujours glo-
rifié.
(L'Opinion nationale.)
Conservateurs, si vous voulez l'Empire, si
vous voulez une dictature impériale qui rappel-
lera les temps de la décadence romaine, si vous
voulez la domination mystique d'une Impéra-
trice-mère, si vous voulez qu'un débile enfant,
filleul du Pape, soit maître des destinées de la
France, volez pour M. de Launay. (Idem.)
On sait comment le suffrage universel
vient de répondre, dans le Calvados, à ces
sinistres adjurations.
Il va falloir changer de guitare.
M. G.
L'EVASION
DU
MARÉCHAL BAZAINE
Où est le maréchal?
Une dépêche de l'Agence Havas annonce
que le maréchal Bazaine va se fixer provi-
soirement à Cologne. L'Agence Havas a été
induite en erreur. Notre correspondant de
Spa, qui est dans une situation excellente
pour nous donner des nouvelles authenti-
ques, nous a adressé hier soir la dépêche
suivante
Spa, août, 7 heures du soir.
Monsieur le directeur du Gaulois,
J'ai déjeuné ce matin avec l'ingé-
nieur Bazaine et la maréchale. L'in-
génieur est parti à onze heures et de-
mie pour Cologne, où il va chercher
son frère, qui attendait dans cette ville
un avis sur le plus ou moins de sécu-
rité qu'il y aurait pour lui à venir à
Spa. L'avis favorable avait été télé-
graphié la veille. Mais le maréchal
n'étant pas arrivé par le train de ce
matin; l'ingénieur, impatient de l'em-
brasser, est allé au-devant de lui. On
les attend tous les deux d'un instant
à l'autre. Vous aurez demain une très
longue et très intéressante correspon-
dance. G.
Nous recevons d'un autre correspondant la dé-
pêche suivante:
« Milan, 17 août 1874.'
« pour s'excuser d'avoir traversé son district
«c militaire sans aller lui présenter ses hom-
mages. L'impatience de revoir ses enfants
(Idem.)
« ne le lui a pas permis, à son grand re-
« gret. F.» »
Une Lettre de Bazaine.
Certains journaux persistent, avec une
mauvaise foi inqualifiable, à soutenir que
le maréchal Bazaine avait donné sa parole
d'honneur de ne pas s'évader. Voici sur ce
point, la déclaration du maréchal lui-même.
Elle est extraite d'une lettre autographe
qu'on veut bien nous communiquer.
ACTIEN-GESELLSCH AFT • ;>i" j
HÔTEL DU NORD ̃ ,•-̃̃-
Coln.
Coin. Cologne, .16 août.
Mon cher Monsieur, • v.
La maréchale me charge de vous
envoyer copie dé la lettre qu'elle a
écrite au ministre de l'intérieur. C'est
son style, quoique cette copie soit de
mamain. Mais je n'avais rien ày chan-
ger et je ne devais rien y changer.
Des journaux disent que j'avais donné
ma parole de ne pas m'évader. C'est
faux! On ne me l'a jamais
demandée et je ne l'aurais
pas donnée.
Mille amitiés,
M1 BAZAINE.
Nous donnerons demain le fac simile de cette
lettre importante.
La lettre de la Maréehale.
Plusieurs journaux du soir ont traduit, et
tous les journaux du matin vont traduire la
lettre adressée par la maréchale au minis-
tre de l'intérieur. Mais cette traduction dif-
fère ABSOLUMENT du texte véritable. Ce qu'on
va lire est le texte exact, dont la copie,
que nous avons sous les yeux, est annon-
cée dans le fragment de lettre ci-dessus
Voici donc le document authentique
Spa, le 16 août 1874.
Monsieur le ministre,
A mon arrivée ici, je lis dans les journaux
que plusieurs arrestations ont été faites par
suite de l'évasion du maréchal il était dans mes
intentions de vous écrire à cet égard, mais aujour-
d'hui c'est un devoir.
Ne cherchez pas des complices, parce qu'il n'y
en pas. C'est mon neveu M. Alvarez deRul et moi
qui avons tout fait. Voyant que les conditions de la
captivité du maréchal ne se modifiaient pas et
que je voyais qu'elles abrégeaient son existence,
je me suis décidée à le faire évader. J'ai prié mon
neveu, dont la position indépendante lui per-
mettait de le faire, de me venir en aide, nous
promettant tous deux de faire tout par nous-
mêmes, afin de ne compromettre personne. Voici
les détails précis de ce qui s'est passé, espérant
éclairer la justice et éviter ainsi que des inno-
cents gémissent plus longtemps en prison.
J'ai quitté Spa le 29 juillet, accompagnée de
mon neveu, dont le dévouement a été à toute
épreuve; nous nous sommes rendus à Gènes et y
sommes arrivés le 3 août; le 6 nous avons loué
à la Compagnie Peirano-Dauovaro un bateau à
vapeur de plaisance, disant que c'était pour
faire un tour dans la Méditerranée, sous la con-
dition que le bateau serait complètement à notre
disposition. Nous avons quitté le port de Gênes à
cinq heures du matin, le samedi 8 août, et nous
sommes arrivés à Port-Maurice dans la matinée,
où le mauvais temps nous a forcés d'y passer la
nuit. Le lendemain 9, nous sommes partis àhuit
heures du matin pour Saint-Remo, où nous avons
passé la journée; à trois heures nous avons
donné l'ordre au capitaine de partir pour le golfe
Juan, en lui disant que nous allions prendre un
domestique dans une villa située sur la côte, car
le capitaine ne savait rien de notre projet. Le
maréchal avait été prévenu, au moyen de mots
écrits dans mes lettres avec de l'encre sympa-
thique, que dès l'arrivée au golfe Juan d'un va-
peur il prenne ses dispositions pour descendre
clans la nuit. Le capitaine, au moment d'aller
faire viser sa patente au golfe Juan, nous a de-
mandé où voulions-nous aller et à quelle heure
nous lui avons répondu « Nous allons dans une
villa tout près d ici ramener un domestique, et
peut-être une femme de* chambre, et repartirons
la nuit pour Nice, vers minuit, » comptant revenir
le lundi, si le maréchal n'avait pu descendre le
dimanche.
A sept heures et demie nous avons quitté le
bateau dans un canot du bord, et nous nous
sommes fait débarquer près de la Croisette,
afin de ne pas même compromettre les matelots
du bord. Là, nous avons loué une barque pour
faire une promenade. La mer étant très mau-
vaise, et sachant à peine l'un et l'autre ramer,
nous ne sommes arrivés aux pieds du fort (face
Saint-Juan) qu'entre neuf heures et demie et dix
heures; là, nous avons vu descendre le maré-
chal par la corde, et, pour lui indiquer où était
la barque, nous avons frotté une allumette le
maréchal a immédiatement répondu par une al-
lumette aussi pour nous indiquer à quel point il
en était de sa descente, et peu après il s'est jeté
à la mer pour gagner la barque, dans laquelle
mon neveu l'a fait monter, le maréchal étant
contusionné, et ses forces étant à bout. Nous
avons été ensuite tous les trois à la recherche
du canot du bord, qui devait nous attendre à
l'endroit où nous l'avions laissé: après l'avoir
retrouvé en surmontant de grandes difficultés,
nous avons changé de canot, faisant remettre
l'autre sur la côte par un des matelots. Une fois
arrivés à bord, nous avons, mon neveu et moi,
donné l'ordre au capitaine, qu'il fallut réveiller,
parce qu'il était une heure du matin, de faire
route immédiatement pour Gênes, où nous som-
mes débarqués le 10 août à onze heures du matin.
Voici la vérité, monsieur le ministre.
Je vous salue,
Maréchale Bazaine.
La Gazette de Cologne fait suivre cette
lettre de détails précis sur les circonstan-
ces qui ont accompagné l'évasion. D'après
ce journal,' il est bien vrai que le fugitif
s'est dissimulé sur la pente de gauche qui
menait à son jardin; qu'il avait découvert à
l'extrémité de ce jardin un dalot par où
s'écoulaient les eaux de pluie. Il cultivait le
jardin de ses propres mains et avait à sa
disposition tous les instruments nécessai-
res. Il en profita pour élargir peu à peu le
dalot, et, lorsqu'il quittait le jardin, il avait
toujours la précaution de cacher avec de la
terre et des plantes sarclées le trou qui s'a-
grandissait chaque jour. Deux monceaux de
fer furent solidement attachés derrière les
pierres qui formaient le dalot, en deçà des
murs du jardin. Plus tard, le maréchal y
joignit un anneau assez fort pour tenir une
corde capable de supporter un homme très
lourd.
Lorsqu'il fut parvenu, de la manièreque
nous avons racontée hier, à se soustraire
a la surveillance du gardien, il se rendit
dans le jardin et commença sa descente-.
Mais, craignant de manquer de forces pen-
dant cette opération périlleuse, il s'était
muni d'une large ceinture de pompier, afin
de glisser sans danger le long de la corde
s'il lui arrivait un accident.
On voit que la lettre de la maréchale et
la relation de la feuille allemande confir-
ment de point en point toutes les informa-
tions de notre correspondant particulier.
Paul Roche.
-v
Nos Correspondances.
Voici maintenant la dernière lettre de
notre correspondant de Cannes, qui contient
sur l'évasion de nouveaux et très curieux
renseignements
Cannes, le 15 août 1874.
On n'^a- finirait pas s'il fallait relever
toutes les inexactitudes publiées sur l'évasion
du maréchal Bazaine, par les journaux de Pa-
ris et de la province. Au reste, cela se com-
prend. Ils n'avaient pas de correspondants,
a Cannes, qui aient procédé, comme je l'ai
fait, à une enquête aussi minutieuse que
celle à laquelle je me suis livré. J'ai pour
ainsi dire suivi, pas à pas, l'instruction de
l'autorité judiciaire. Non-seulement je me
suis mis en rapport avec la magistrature de
l'endroit, mais j'ai encore interrogé tous
ceux qui, par leur position, me semblaient
susceptibles de me fournir quelques ren-
seignements. Je puis donc avoir la préten-
tion d'affirmer, sans crainte d'être démenti,
que, cette fois encore, le Gaulois a fourni
à ses lecteurs, sur l'évasion du maréchal,
les renseignements les plus précis.
Ceci dit, passons.
̃̃ • -̃'
Le grand point sur lequel insistent cer-
tains journaux est celui-ci ils prétendent
qu'il était de toute impossibilité au prison-
nier de s'évader en se laissant glisser le
long de la muraille, haute d'une vingtaine
de mètres, et dont le pied est baigné par la
mer.
J'ai déjà dit quelle avait été l'expérience
faite par un lieutenant du 111° de ligne. A
cette preuve, j'ajouterai la déclaration de
l'un des bateliers qui me transportèrent,
mercredi dernier, aux îles Sainte-Margue-
rite. Je venais de visiter l'intérieur du fort,
et, remonté en bateau, j'avais donné ordre
aux bateliers de me diriger juste en face de
l'endroit où était descendu le maréchal.
Quand nous fûmes là, à quelques mètres
seulement du pied de la muraille, agrémen-
tée de rochers en saillie jusqu'aux trois
quarts de sa hauteur, le batelier en ques-
tion me dit textuellement ceci
J'étais soldat en 1871. Pendant plu-
sieurs mois j'ai tenu garnison dans ce fort.
Or, il m'est souvent arrivé, désireux d'aller
à Cannes ou à Antibes et n'ayant pu obtenir
de permission à cet effet, de descendre à ce
même endroit, seul et sans corde. Je n'avais
plus qu'à faire signe à un bateau qui venait
me chercher.
Alors, lui dis-je, votre opinion est que
le maréchal a parfaitement pu passer par là?
Oh! très-bien. Grâce aux expériences
que j'ai tentées, je garantis que la chose
n'a rien d'impossible.
Libre maintenant aux journaux de per-
sister dans leur première affirmation. Ils
en seront pour leurs frais.
A ̃
Il est un autre point sur lequel personne
n'est d'accord. Il importe de savoir com-
ment le prisonnier a pu sortir de son ap-
partement et arriver sur la terrasse ou plate-
forme, sans être aperçu. De l'avis de plu-
sieurs magistrats (et je crois qu'ils sont dans
le vrai) le maréchal est d'autant plus facile-
ment sorti de chez lui qu'il n'y était pas
entré. Mais ceci demande quelques lignes
d'explication, sur lesquelles j'appelle toute
l'attention des lecteurs du Gaulois.
J'ai dit, dans un précédent article, qu'on
arrivait chez le maréchal, une fois au haut
de l'escalier ou sur la terrasse, par un cou-
loir long de trois mètres environ. J'ai ou-
blié d'ajouter qu'une tente recouvrait pres-
que continuellement ce couloir, laquelle
tente venait rejoindre perpendiculairement
le mur du couloir situé du côté des gar-
diens.
De cette façon, il était impossible à quel-
qu'un se trouvant sur les dernières marches
de l'escalier ou dans la cour des gardiens
de dire si le maréchal était ou n'était pas
dans le couloir, bien que les murs de ce
dernier, à partir du plain-pied, arrivassent
seulement jusqu'à la ceinture. La toile,'aussi
impénétrable que la muraille, surtout la
nuit, empêchait de rien voir.
S' A présent, il est parfaitement exact que
le maréchal, le colonel Villette et le direc-
teur de la prison se séparèrent un peu après
neuf heures, à l'entrée du corridor en ques-
tion. Le premier se dirigeant vers la porte
de son appartement; les deux autres des-
cendant l'escalier.
Eh bien, tout fait présumer que c'est à
ce moment que le maréchal s'est enfui. Au
lieu de rentrer chez lui, il aurait enjambé,
caché par la toile de la tente, le mur de
gauche du couloir dont la partie supérieure
n'est pas à plus d'un mètre du sol de la
terrasse. Une fois sur celle-ci, il n'avait
plus qu'à rejoindre le point du mur d'en-
ceinte choisi pour l'évasion, chose excessi-
vement facile puisqu'il n'y avait pas encore
de factionnaire, ce dernier, je le rappelle,
étant seulement placé de dix heures du soir
à cinq heures du matin.
Bien que je n'affirme rien, il y a gros à
parier que cette supposition est la vraie.
Plusieurs journaux ont annoncé que le
lundi matin |les gardiens de la prison
avaient été trouvés dans un état com-
plet d'ivresse. Je n'ai qu'un mot à ré-
pondre, à cette assertion c'est âBs'olumerit
faux. 11 est également inexact qu'on ait ar-
rêté d'autres personnes que celles dont je
vous ai donné les noms.
Je vous ai informé, par dépêche, du
transférement des prisonniers de Cannes à
Grasse. Leur instruction est terminée. 11 ne
reste plus à entendre que le colonel Vil-
lette, qui a dû arriver hier soir ou ce matin
à Cannes.
Les mandats d'amener concernant les
demoiselles Dickingson n'auront pas de mise
à exécution, La police a reçu contre-ordre
à ce sujet.
Un photographe de Nice, envoyé par le
préfet, est en train de prendre les vues in-
térieures et extérieures du fort. v
Six épreuves seulement lui ont été de-
mandées.
711J7; r x t
Où est, à l'heure qu'il est, le maréchal
Bazaine? Je l'ignore. Ce que je sais, c'est
que M. et Mme Bazaine et leur. cousin ont
débarqué à Gênes, du Barone-Ricasoli, lun-
di matin, à midi moins un quart.
Mme Bazaine et son neveu étaient por-
teurs d'un passeport portant les noms de
M. le marquis et Mme la marquise de Los
Castellos, accompagnés d'une personne de
leur suite.
Cette personne n'était autre que le maré-
chal qui, par mesure de précaution, por-
tait les couvertures et suivait les prétendus
marquis et marquise comme un serviteur
de bonne maison.
Deux: souvenirs pour finir
• C'était à l'époque de l'internement du
maréchal au fort Sainte-Marguerite, c'est-à-
dire en décembre 1873.
Afin de déjouer la curiosité de la popula-
tion cannoise, le ministre de l'intérieur
avait ordonné qu'il fût conduit jusqu'à An-
tibes, où le prendrait le vapeur chargé de le
transporter aux îles. A cet effet, le minis-
tère avait invité M. Benoit, commissaire
spécial des chemins de fer à Nice,' a atten-
dre le prisonnier à Antibes et à l'accompa-
gner jusqu'au lieu de sa détention'.
De son côté, M. Benoit fit prévenir M.
Romieux, commissaire de police à Cannes,
qu'il avait à le rejoindre à Antibes tel jour
à telle heure.
Au jour et à l'heure fixés, M. Romieux
partit pour Antibes, où deux agents de cette
localité l'attendaient à la gare. Or, il faut
dire que M. Romieux a beaucoup de ressem-
blance avec le maréchal.
Il est maintenant facile de deviner ce qui i
arriva. M. Romieux, sortant de la gare entre
les deux agents, fut pris pour le maréchal.
Et la nouvelle s'étant aussitôt répandue que
M. Bazaine venait de descendre du train, la
foule se groupa aussitôt, nombreuse, sur le
passage du commissaire et des deux agents
qui, d'ailleurs, riaient sous cape de l'aven-
ture.
Mais, arrivés au pont-levis, par lequel on
entre dans Antibes, M. Romieux se retourna
vers la foule, qui grossissait toujours, et lui
dit en provençal
Je vous remercie de m'avoii'.aççQinpa-
gné mais si vous m'avez pris pour le ma-
réchal Bazaine, vous vous êtes singulière-
ment trompés.
Et il ajouta en riant de plus belle
Je suis le commissaire de police de
Cannes.
Ce sont les curieux qui firent un nez.
-À ̃; /̃̃̃;̃•.̃̃̃•
Voici à présent qui concerne Mme Ba-
zaine ».
La maréchale venait d'être autorisée par
le gouvernement à habiter avec son mari.
M. Benoit, toujours désigné par le ministre
de l'intérieur, vint attendre a Cannes Mme
Bazaine et se mit gracieusement à sa dispo-
sition.
Afin de la soustraire aux regards indis-
crets, M. Benoit emmena Mme Bazaine à la
Croisette, qu'il avait choisie pour lieu d'em-
barquement. Deux femmes de chambre ac-
compagnaient la maréchale, et chacune
d'elles portait un des enfants du prison-
nier. Il était aeuf heures du soir. La nuit
était noire et la mer excessivement mau-
vaise. Les vagues déferlaient avec furie, et
le bateau qui devait transporter les passa-
gers était violemment ballotté par les va-
gues.
L'embarcation ne pouvant aborder près
de la plage, on dut organiser à la hâte un
pont de planches allant de la plage au ba-
teau et mesurant sept ou huit mètres de
longueur, sur cinquante ou sokante centi-
mètres de largeur.
Ce plancher, comme on le pense, oscil-
lait singulièrement. Comprenant la diffi-
culté qu'on aurait à le passer, le batelier
dit en se tournant vers la maréchale
Je serai obligé, madame, de vous pas-
ser sur mes épaules; autrement vous n'arri-
veriez jamais jusqu'au bateau.
Mme Bazaine ne répondit rien. Seule-
ment, elle prit sur chaque bras l'un de ses
enfants et franchit le pont improvisé avec
une sûreté et un sang-froid qui firent dire
à M. Benoit
Ou je me trompe fort, ou voilà une
femme dont la volonté ne doit pas connaî-
tre d'obstacles.
Il était réservé à l'avenir de confirmer ce
pressentiment.
CH. L.
Echos de Paris
Napoléon III, à Chislehurst, répétait, cha-
que fois qu'il était question devant lui des
calomnies dirigées contre sa conduite à
Sedan
Il ne faut pas s'en émouvoir. La droi-
ture et le bon sens du peuple français ne
tarderont pas à faire justice de ces calom-
nies. C'est le suffrage universel qui vengera
ma mémoire de toutes ces inventions outra-
geantes.
La Gironde, la Nièvre et le Calvados, trois s
départements, dans l'espace de quelques
mois, ont déjà vengé la mémoire de l'Empe-
reur. Le suffrage universel, expression de la
droiture et du bon sens du peuple français,
V% NUMÉRO l£> CHNTIllM v`
(Départements et gares 20 c.) ̃
âBÔNNÈMÈNÏS MUR IES DÊPARfEMENTS
Da an, H Ut -*̃ Si» mois, 32 |r. -r- Trois mois, 1 6 fr.
1 ft-NNONCES ̃̃̃
̃H Ch Lftgrange, Cerf et C«, 6, PLACE DB La. BOURSB
Et à la Rédaotivn du Journal, 12, me Orange-BateHir», <
III
Les manuscrits ne sont pas rendui ̃̃̃
Septième année» Numéro 21 3§
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LH NUMÉRO X O CENTIMHS^
(Départements et gares 20 c) /-
ABONNEMENTS POUR PARIS t
Va «n, 54 fr. Six mois, 27 fr. Trois mois, tsMBtyjW
r ̃ • :'i'"> ̃̃̃ ANNONCES ]
MSI. Ch. Lagrange, Cerf et C*, 6, PLACE DB LA. BOURSB
J« à la Rédaction du Journal, 12, rue Grangt-BateMer*.
Les manuscrits ne sont pas rendu
Edmond TTAJRiBïS, «directeur-gérant.
Administration 12, rue de la Grange-Batelière.
Rédaction 12, rue de la Grange-Batelière.
ÉLECTION DU CALVADOS
feTÉSULTÀT DÉFINITIF
Électeurs inçrits.. 122,735
'Votants 78,340
MM. voix.
Le Provost DE LAUNAY (bonapartiste) 41.710
PAUL Aubert (radical) 27.645
DE Fontette (légitimiste) 8.995
13 11, f"M 'l'
Votes par arrondissements
ARRONDiSSEM9 L DE LAUNAY P. AUBERT DE FONTETTE
CAEN 10,256 6,450 3,314
BAVEUX 6,470 3,683 1,362
FALAISE, 5,339 3,450 836
LISIEUX 7,621 4,241 967
• PONT-L'ÉVÉQUE 4,764 3,919 1,081
VIRE. 6,944 5,529 1,418
TOTAUX. 40,794 27,272 8,978
Sauf dix petites communes.
M. LE PROVOST DE LAUNAY
Candidat bonapartiste
EST ÉLU AVEC UNE MAJORITÉ DE
.1 4, »44 voix
M. Le Provost de Launay est élu.
Après l'élection Sens, l'élection de Bour-
going après l'élection de Bourgoing, l'élec-
tion Le Provost de Launay. Le parti impéria-
liste peut se dire à bon droitlefilsdu suffrage
universel. Il n'est pas renié par son père.
Ce sera l'honneur de ce parti de n'av^"
jamais désespéré de l'heure de la justice.
Même à Bordeaux, alors qu'une poignée de
fidèles, une dizaine à peine, se levaientsilen-
cieusement pour protester contre le vote de
déchéance, la foi dans la souveraineté natio-
nale n'abandonnait pa6 ces quelques élus,
disséminés dans une Chambre hostile.
1. C'est à l'opinion plus éclairée qu'ils de-
mandaient et qu'ils demandent encore de
réformer un jugement trop hâtif et trop pas-
'èionné.-
Leur attente ne sera pas déçue. Cette der-
nière manifestation du suffrage universel
!ëst peut-être encore plus significative que
les précédentes.
M. Le Provost de Launay se présentait aux
électeurs escorté par le souvenir de son ex-
cellente administration, mais il avait un dé-
faut capital aux yeux des Normands on lui
reprochait de n'être pas du pays. De plus, il
n'avait pas de journal à lui. Ses circulaires
constituai nt sa seule arme contre les in-
jures et les calomnies de la presse légiti-
miste et républicaine. Enfin il s'était imposé
une tâche difficile, et qui, à première vue,
semblait impossible celle de sortir le pre-
mier d'une arène électorale où le candidat
impérialiste, il y a deux ans à peine, avait
été classé au dernier rang.
En dépit de ces conditions de lutte iné-
gales, M. Le Provost de Launay est élu. Il
est élu. avec une imposante majorité. Il
triomphe de deux rivaux, nés dans le pays,
soutenus ardemment par leurs organes. 11
triomphe avec ses seules forces, grâce aux
souvenirs personnels qu'il a laissés, mais
grâce surtout au prestige que le nom de
Napoléon éveille encore au sein de ces
campagnes normandes, si laborieuses et si
sensées, de l'aveu même des journaux ré-
publicains.
L'orgueil des radicaux est une fois de
plus humilié. Ce pays, qu'ils ont indigne-
ment abusé, leur échappe au moment
même où leur convoitise croyait le saisir
pour jamais. Quant à la France conserva-
trice, l'heure des hésitations est passée
pour elle. Elle sait où est son drapeau.
Emilb Blavkt.
LES DEUX SCRUTINS OU CALVADOS
(1872-1874.)
Il n'est pas sans intérêt de comparer le
scrutin qui a eu lieu avant-hier, dans le
Calvados, avec celui qui a eu lieu au mois
d'octobre 1872 dans le même département.
Voici comment se répartissaient, il y a
deux ans, les suffrages des électeurs
M. Paris, candidat républicain, obtenait un peu
plus de 28.000voix.
M. le marquis de Fournès, légiti-
miste 17.778
M. Joret-Deselozières, orléaniste 15.060
M. de Colbert-Chabanais, bona-
partiste. 2.043
Ainsi le candidat bonapartiste n'obtenait
à cette époque qu'une minorité dérisoire.
Or, le candidat bonapartiste, M. de Launay,
a été élu, dimanche dernier, par plus de
41,000. suffrages, c'est-à-dire que le parti
qu'il représente a gagné plus de 38,000
voix depuis deux ans. Il a bénéficié des
voix conservatrices qu'avait recueillies à
l'élection précédente le candidat orléanis-
te, M. Joret-Desclosières, et d'une partie de
celles qui s'étaient portées sur le marquis
de Fournès, preuve évidente que, là où
l'on veut que le drapeau conservateur soit
tenu par une main ferme, c'est aujour-
d'hui à un impérialiste qu'on va le confier.
15,000 électeurs qui s'étaient abstenus au
scrutin précédent (le chiffre des abstentions,
qui était de 63,000, il y a deux ans, n'a plus
été avant-hier que de 48,000 environ), ont
complété la majorité obtenue par l'honora-
ble M. Le Provost de Launay. Les républi-
cains sont mal venus désormais à porter
les abstentions à l'actif de leur parti
L'opinion républicaine est demeurée à peu
prèsstationnaire. M. Paul Aubert s'est trouvé
avoir un nombre de suffrages à peu près
identique à celui qu'a obtenu M. Pâris, à
l'élection précédente. Il y a même une lé-
gère décroissance, malgré l'effroyable pro-
pagande à laquelle républicains conserva-
teurs et radicaux, unis aux légitimistes, se
sont livrés pour accabler M. Le Provost de
Launay.
MARC Gérard.
Notre correspondant volontaire, qui nous a si
exactement renseignés sur le steeple-chase élec-
toral du Calvados, et dont les pronostics vien-
nent de recevoir la sanction la plus flatteuse, nous
envoie cette dernière lettre, comme épilogue à
son énergique campagne
• Caen, 17 août 1874.
Monsieur le rédacteur en chef,
Les circulaires de la fin ont tenu tout ce
qu'on devait en attendre. La circulaire de
M. de Fontette est puérile. Il demande aux
électeurs, après avoir énuméré les services
rendus par a ses pères », « si les fils sont
a tellement dégéa&cés qu'ils ne puissent of-,
« frir de garanties suffisantes ». Voulant
rester poli, on ne peut que répondre à M.
le baron que les enfants sont vieux et dé-
modés, et qu'il est temps de passer à une
autre génération Quant à la gloire que tire
M. de Fontette, en voyant une place de la
ville de Caen porter le nom d'un de ses
aïeux, il ne faut pas tant s'en vanter. N'y
a-t-il pas à Paris la rue du Quatre-Septem-
bre ? A côté de cette circulaire embarrassée
et sénile, le journal V Ordre et la Liberté
réédite son article Bazaine EN liberté. Je
vous ai dit mon opinion sur de pareilles in-
famies, je n'insiste plus. Le Journal de
Caen (numéro du 16 août) contient aussi un
dernier a Appel aux électeurs ». Dans YEvé~
nemenl, M. Emile Villemot apprécie ainsi
cette proclamation Le Comité républi-
« cain de Caen vient de publier son der-
« nier manifeste. C'est un document net,
a énergique et concis. » Je regrette de n'être
pas de l'avis d'un écrivain qu'on prétend
homme d'esprit et de jugement; pour moi,
ce factum est brutal, calomnieux et grossier.
Une phrase vous montrera si cette appré-
ciation est exagérée
a VoterpourM.LeProvostdeLaunay, c'est
a. voter pour Bazaine, qui ramènerait l'Em-
« pire; pour le traître qui a livré à la Prusse
a nos enfants, nos drapeaux, nos mil-
a recommencer k trahir.
« chie. y>
Ce manifeste est signé par le secrétaire
du comité, Victor Knell (le marchand de
vin que vous savez). Le président, M. Le-
blond, avocat, s'est abstenu de paraître; il
a craint, sans doute, que le conseil de
l'Ordre lui demandât compte de ces im-
putations diffamatoires, et il a préféré lais-
ser son nom dans l'encrier.
A la fin de son numéro du 16, l'Ordre et
la Liberté énumère « les importants per-
sonnages » qui se a prononcent pour la
candidature de M. le baron de Fontette
MM. Guizot, Bocher, Cornélis de Witt,
d'Harcourt, députés; MM. Le Fèvre (??),
Hettier (??'?), de Larturière (????), conseil-
lers généraux. Ce sont là des généraux
sans troupes dont l'intervention n'a eu au-
cune influence sur le résultat de l'élection.
M. Cornélis de Witt doit regretter amère-
ment d'avoir ainsi laissé galvauder son nom
dans Y Ordre et la Liberté; c'est un mau-
vais début pour ce sous-secrétaire d'Etat.
Puis ce patronage public, accordé à la can-
didature de M. de Fontette, ne rappelle-t-il
pas les plus mauvais agissements de la
candidature officielle, contre laquelle j'ai
entendu M. de Witt tonner jadis avec une
vertueuse indignation ? Comédie d'austé-
rité, beaux principes théoriques, qu'on
s'empresse de violer lorsqu'on y trouve
profit. Et M. Guizot, cet «̃ autre illustre
vieillard », en quelle aventure on l'a four-
voyé
Quoi qu'il en soit, à l'heure où je vous
écris, le succès de M. Le Provost de Lau-
nay est complet. Les légitimistes et les ré-
publicains, M. le baron de Fontette, candi-
dat inventé par le préfet, M. Ferrand, et
M. Paul Aubert, candidat subi à défaut
d'une personnalité plus éclatante, en sont
pour leurs frais d'injures, de calomnies et
de mensonges! Ils ne se relèveront pas de
cet échec. Les légitimistes sont finis comme
parti politique ils doivent se contenter
maintenant des plaisirs du sport et des
honneurs réserves aux lieutenants de lou-
veterie. Quant aux républicains, le Calva-
dos vient de leur rappeler qu'ils sont un
objet d'inquiétude et de répulsion qu'ils
se le tiennent pour dit. Par suite de la dé-
plorable organisation du service, on n'a
connu à la préfecture les résultats de l'é-
lection qu'après quatre heures du matin.
Jadis, sous l'Empire, à une heure tout était
connu et fini, et l'on pouvait se reposer en
paix dfs émotions de la journée. Donc, vers
quatre heures, après avoir passé par des
alternatives cruelles d'espérance et de
doute, les légitimistes et les radicaux ont
appris que M. Le Provost de Launay obte-
nait 40,794 voix, M. Paul Aubert 27,272 et
M. le baron de Fontette 8,978, c'est-à-dire
que le candidat bonapartiste avait obtenu une
majorité de 13,522 voix sur le républi-
cain et de 31,816 sur le légitimiste. Nos
adversaires, depuis le début de la campa-
gne électorale, avaient déclaré que l'élec-
tion du Calvados avait « une importance ex-
ceptionnelle », qu'elle serait «̃ une sorte de
plébiscite » a que voter pour 31. deLaunay,
ce serait voter pour l'Empire » Le scrutin a
parlé les républico-légitimistes doivent
maintenant savoir à quoi s'en tenir sur les
sentiments bonapartistes du Calvados. Le
succès que nous venons d'obtenir a stupé-
fié nos adversaires l'administration pré-
fectorale elle-même a partagé ce sentiment.
Toujours exactement renseignée sur les
changements que subit l'opinion publique,
elle a cru à un scrutin de ballottage jus-
qu'à une heure du matin. C'était, du reste,
chez elle une vieille prévision qui l'avait dé-
cidée détail piquant avancer de quinze
jours l'ouverture de la chasse, primitive-
ment fixée au 30 août, afin de laisser ce di-
manche-là les électeurs tout entiers à leurs
devoirs électoraux.
La lutte est finie le parti bonapartiste
n'a à rétracter ni un acte, ni une parole.
Attaqué par tous, défendu par personne, il
a répondu par le silence et le dédain aux
attaques les plus passionnées et les plus ca-
lomnieuses. M. Le Provost de Launay sort:
de cette épreuve pur de toute violence il a
été calme, parce qu'il se savait fort. Il
avait pour le soutenir et assurer son triom-
phe cette puissance qui, déjà, à trois repri-
ses, nous a donné l'Empire et nous le ren-
dra encore le peuple!
Cette lettre sera la dernière, monsieur le
rédacteur permettez-moi, en prenant congé
de vous et de vos lecteurs nos amis poli-
tiques de Vj)us remercier de la gracieuse
hospitalité que vous avez bien voulu don-;
ner à mes communications, et de vous re-
nouveler l'assurance de mes sentiments de
haute estime. '•'
haute V..̃̃ .x.
<
LES MANŒUVRES ÉLECTORALES
On vient de voir, dans la correspondance
ci-dessus, à quelles basses manœuvres de la
dernière heure la presse du Calvados s'était
livrée pour faire échouer la candidature du
candidat bonapartiste.
Elle n'a fait que suivre en cela l'exemple
que lui offrait la presse radicale parisienne,
toujours ardente à donner le la de l'injure,
de la diffamation et de la calomnie. L'axiome
favori de cette sorte de presse, c'est le mot
de Basile, son patron « Calomniez, ca-
lomniez, il en reste toujours quelque chose !»
Mais, cette fois, il n'en est rien resté, que la
courte honte pour ceux qui ont eu une foi
trop aveugle dans ce cliché ranci.
Il nous a paru instructif de faire une pe-
tite cueillette dans le lot d'arguments dirigés
par ces messieurs contre l'élection de M.
Le Provost de Launay. Nous n'avons pris
que le dessus du panier. Lisez, c'est édi-
fiant
M. Le Provost de Launay, c'est le Mexique,
c'est le plébiscite, c'est l'invasion, c'est le dé-
membrement, c'est la honte dans le passé dans
l'avenir, c'est la révolution et la guerre civile.
(Le Siècle.)
C'est le candidat de la guerre, de l'invasion,
du démembrement et de l'indemnité prussienne
qu'on leur donne comme ami du maréchal et
comme le représentant des conservateurs libé-
raux.
(Le Temps.)
Les agents de la faction sont chargés de dire
aux électeurs « Prenez bien garde à vous, nous
reviendrons Nous serons implacables. A
Cayenne et à Nouméa ceux qui ne voteront point
pour Le Provost » Voilà où nous en sommes,
juste quatre ans après Reichshoffen, forbach et
Sedan.
(Le XIX* Siècle.)
Voter pour M. de Launay, c'est voter pour le
2 Décembre, c'est voter pour Sedan!
(Le Rappel.)
0 chers concitoyens! l'Empire, c'est la ruine
et c'est la honte. Ne nommez point celui qui le
représente. (ideni.)
M. Le Provost de Launay était un de ces pré-
fets à poigne dont l'Empire s'est toujours glo-
rifié.
(L'Opinion nationale.)
Conservateurs, si vous voulez l'Empire, si
vous voulez une dictature impériale qui rappel-
lera les temps de la décadence romaine, si vous
voulez la domination mystique d'une Impéra-
trice-mère, si vous voulez qu'un débile enfant,
filleul du Pape, soit maître des destinées de la
France, volez pour M. de Launay. (Idem.)
On sait comment le suffrage universel
vient de répondre, dans le Calvados, à ces
sinistres adjurations.
Il va falloir changer de guitare.
M. G.
L'EVASION
DU
MARÉCHAL BAZAINE
Où est le maréchal?
Une dépêche de l'Agence Havas annonce
que le maréchal Bazaine va se fixer provi-
soirement à Cologne. L'Agence Havas a été
induite en erreur. Notre correspondant de
Spa, qui est dans une situation excellente
pour nous donner des nouvelles authenti-
ques, nous a adressé hier soir la dépêche
suivante
Spa, août, 7 heures du soir.
Monsieur le directeur du Gaulois,
J'ai déjeuné ce matin avec l'ingé-
nieur Bazaine et la maréchale. L'in-
génieur est parti à onze heures et de-
mie pour Cologne, où il va chercher
son frère, qui attendait dans cette ville
un avis sur le plus ou moins de sécu-
rité qu'il y aurait pour lui à venir à
Spa. L'avis favorable avait été télé-
graphié la veille. Mais le maréchal
n'étant pas arrivé par le train de ce
matin; l'ingénieur, impatient de l'em-
brasser, est allé au-devant de lui. On
les attend tous les deux d'un instant
à l'autre. Vous aurez demain une très
longue et très intéressante correspon-
dance. G.
Nous recevons d'un autre correspondant la dé-
pêche suivante:
« Milan, 17 août 1874.'
« pour s'excuser d'avoir traversé son district
«c militaire sans aller lui présenter ses hom-
mages. L'impatience de revoir ses enfants
(Idem.)
« ne le lui a pas permis, à son grand re-
« gret. F.» »
Une Lettre de Bazaine.
Certains journaux persistent, avec une
mauvaise foi inqualifiable, à soutenir que
le maréchal Bazaine avait donné sa parole
d'honneur de ne pas s'évader. Voici sur ce
point, la déclaration du maréchal lui-même.
Elle est extraite d'une lettre autographe
qu'on veut bien nous communiquer.
ACTIEN-GESELLSCH AFT • ;>i" j
HÔTEL DU NORD ̃ ,•-̃̃-
Coln.
Coin. Cologne, .16 août.
Mon cher Monsieur, • v.
La maréchale me charge de vous
envoyer copie dé la lettre qu'elle a
écrite au ministre de l'intérieur. C'est
son style, quoique cette copie soit de
mamain. Mais je n'avais rien ày chan-
ger et je ne devais rien y changer.
Des journaux disent que j'avais donné
ma parole de ne pas m'évader. C'est
faux! On ne me l'a jamais
demandée et je ne l'aurais
pas donnée.
Mille amitiés,
M1 BAZAINE.
Nous donnerons demain le fac simile de cette
lettre importante.
La lettre de la Maréehale.
Plusieurs journaux du soir ont traduit, et
tous les journaux du matin vont traduire la
lettre adressée par la maréchale au minis-
tre de l'intérieur. Mais cette traduction dif-
fère ABSOLUMENT du texte véritable. Ce qu'on
va lire est le texte exact, dont la copie,
que nous avons sous les yeux, est annon-
cée dans le fragment de lettre ci-dessus
Voici donc le document authentique
Spa, le 16 août 1874.
Monsieur le ministre,
A mon arrivée ici, je lis dans les journaux
que plusieurs arrestations ont été faites par
suite de l'évasion du maréchal il était dans mes
intentions de vous écrire à cet égard, mais aujour-
d'hui c'est un devoir.
Ne cherchez pas des complices, parce qu'il n'y
en pas. C'est mon neveu M. Alvarez deRul et moi
qui avons tout fait. Voyant que les conditions de la
captivité du maréchal ne se modifiaient pas et
que je voyais qu'elles abrégeaient son existence,
je me suis décidée à le faire évader. J'ai prié mon
neveu, dont la position indépendante lui per-
mettait de le faire, de me venir en aide, nous
promettant tous deux de faire tout par nous-
mêmes, afin de ne compromettre personne. Voici
les détails précis de ce qui s'est passé, espérant
éclairer la justice et éviter ainsi que des inno-
cents gémissent plus longtemps en prison.
J'ai quitté Spa le 29 juillet, accompagnée de
mon neveu, dont le dévouement a été à toute
épreuve; nous nous sommes rendus à Gènes et y
sommes arrivés le 3 août; le 6 nous avons loué
à la Compagnie Peirano-Dauovaro un bateau à
vapeur de plaisance, disant que c'était pour
faire un tour dans la Méditerranée, sous la con-
dition que le bateau serait complètement à notre
disposition. Nous avons quitté le port de Gênes à
cinq heures du matin, le samedi 8 août, et nous
sommes arrivés à Port-Maurice dans la matinée,
où le mauvais temps nous a forcés d'y passer la
nuit. Le lendemain 9, nous sommes partis àhuit
heures du matin pour Saint-Remo, où nous avons
passé la journée; à trois heures nous avons
donné l'ordre au capitaine de partir pour le golfe
Juan, en lui disant que nous allions prendre un
domestique dans une villa située sur la côte, car
le capitaine ne savait rien de notre projet. Le
maréchal avait été prévenu, au moyen de mots
écrits dans mes lettres avec de l'encre sympa-
thique, que dès l'arrivée au golfe Juan d'un va-
peur il prenne ses dispositions pour descendre
clans la nuit. Le capitaine, au moment d'aller
faire viser sa patente au golfe Juan, nous a de-
mandé où voulions-nous aller et à quelle heure
nous lui avons répondu « Nous allons dans une
villa tout près d ici ramener un domestique, et
peut-être une femme de* chambre, et repartirons
la nuit pour Nice, vers minuit, » comptant revenir
le lundi, si le maréchal n'avait pu descendre le
dimanche.
A sept heures et demie nous avons quitté le
bateau dans un canot du bord, et nous nous
sommes fait débarquer près de la Croisette,
afin de ne pas même compromettre les matelots
du bord. Là, nous avons loué une barque pour
faire une promenade. La mer étant très mau-
vaise, et sachant à peine l'un et l'autre ramer,
nous ne sommes arrivés aux pieds du fort (face
Saint-Juan) qu'entre neuf heures et demie et dix
heures; là, nous avons vu descendre le maré-
chal par la corde, et, pour lui indiquer où était
la barque, nous avons frotté une allumette le
maréchal a immédiatement répondu par une al-
lumette aussi pour nous indiquer à quel point il
en était de sa descente, et peu après il s'est jeté
à la mer pour gagner la barque, dans laquelle
mon neveu l'a fait monter, le maréchal étant
contusionné, et ses forces étant à bout. Nous
avons été ensuite tous les trois à la recherche
du canot du bord, qui devait nous attendre à
l'endroit où nous l'avions laissé: après l'avoir
retrouvé en surmontant de grandes difficultés,
nous avons changé de canot, faisant remettre
l'autre sur la côte par un des matelots. Une fois
arrivés à bord, nous avons, mon neveu et moi,
donné l'ordre au capitaine, qu'il fallut réveiller,
parce qu'il était une heure du matin, de faire
route immédiatement pour Gênes, où nous som-
mes débarqués le 10 août à onze heures du matin.
Voici la vérité, monsieur le ministre.
Je vous salue,
Maréchale Bazaine.
La Gazette de Cologne fait suivre cette
lettre de détails précis sur les circonstan-
ces qui ont accompagné l'évasion. D'après
ce journal,' il est bien vrai que le fugitif
s'est dissimulé sur la pente de gauche qui
menait à son jardin; qu'il avait découvert à
l'extrémité de ce jardin un dalot par où
s'écoulaient les eaux de pluie. Il cultivait le
jardin de ses propres mains et avait à sa
disposition tous les instruments nécessai-
res. Il en profita pour élargir peu à peu le
dalot, et, lorsqu'il quittait le jardin, il avait
toujours la précaution de cacher avec de la
terre et des plantes sarclées le trou qui s'a-
grandissait chaque jour. Deux monceaux de
fer furent solidement attachés derrière les
pierres qui formaient le dalot, en deçà des
murs du jardin. Plus tard, le maréchal y
joignit un anneau assez fort pour tenir une
corde capable de supporter un homme très
lourd.
Lorsqu'il fut parvenu, de la manièreque
nous avons racontée hier, à se soustraire
a la surveillance du gardien, il se rendit
dans le jardin et commença sa descente-.
Mais, craignant de manquer de forces pen-
dant cette opération périlleuse, il s'était
muni d'une large ceinture de pompier, afin
de glisser sans danger le long de la corde
s'il lui arrivait un accident.
On voit que la lettre de la maréchale et
la relation de la feuille allemande confir-
ment de point en point toutes les informa-
tions de notre correspondant particulier.
Paul Roche.
-v
Nos Correspondances.
Voici maintenant la dernière lettre de
notre correspondant de Cannes, qui contient
sur l'évasion de nouveaux et très curieux
renseignements
Cannes, le 15 août 1874.
On n'^a- finirait pas s'il fallait relever
toutes les inexactitudes publiées sur l'évasion
du maréchal Bazaine, par les journaux de Pa-
ris et de la province. Au reste, cela se com-
prend. Ils n'avaient pas de correspondants,
a Cannes, qui aient procédé, comme je l'ai
fait, à une enquête aussi minutieuse que
celle à laquelle je me suis livré. J'ai pour
ainsi dire suivi, pas à pas, l'instruction de
l'autorité judiciaire. Non-seulement je me
suis mis en rapport avec la magistrature de
l'endroit, mais j'ai encore interrogé tous
ceux qui, par leur position, me semblaient
susceptibles de me fournir quelques ren-
seignements. Je puis donc avoir la préten-
tion d'affirmer, sans crainte d'être démenti,
que, cette fois encore, le Gaulois a fourni
à ses lecteurs, sur l'évasion du maréchal,
les renseignements les plus précis.
Ceci dit, passons.
̃̃ • -̃'
Le grand point sur lequel insistent cer-
tains journaux est celui-ci ils prétendent
qu'il était de toute impossibilité au prison-
nier de s'évader en se laissant glisser le
long de la muraille, haute d'une vingtaine
de mètres, et dont le pied est baigné par la
mer.
J'ai déjà dit quelle avait été l'expérience
faite par un lieutenant du 111° de ligne. A
cette preuve, j'ajouterai la déclaration de
l'un des bateliers qui me transportèrent,
mercredi dernier, aux îles Sainte-Margue-
rite. Je venais de visiter l'intérieur du fort,
et, remonté en bateau, j'avais donné ordre
aux bateliers de me diriger juste en face de
l'endroit où était descendu le maréchal.
Quand nous fûmes là, à quelques mètres
seulement du pied de la muraille, agrémen-
tée de rochers en saillie jusqu'aux trois
quarts de sa hauteur, le batelier en ques-
tion me dit textuellement ceci
J'étais soldat en 1871. Pendant plu-
sieurs mois j'ai tenu garnison dans ce fort.
Or, il m'est souvent arrivé, désireux d'aller
à Cannes ou à Antibes et n'ayant pu obtenir
de permission à cet effet, de descendre à ce
même endroit, seul et sans corde. Je n'avais
plus qu'à faire signe à un bateau qui venait
me chercher.
Alors, lui dis-je, votre opinion est que
le maréchal a parfaitement pu passer par là?
Oh! très-bien. Grâce aux expériences
que j'ai tentées, je garantis que la chose
n'a rien d'impossible.
Libre maintenant aux journaux de per-
sister dans leur première affirmation. Ils
en seront pour leurs frais.
A ̃
Il est un autre point sur lequel personne
n'est d'accord. Il importe de savoir com-
ment le prisonnier a pu sortir de son ap-
partement et arriver sur la terrasse ou plate-
forme, sans être aperçu. De l'avis de plu-
sieurs magistrats (et je crois qu'ils sont dans
le vrai) le maréchal est d'autant plus facile-
ment sorti de chez lui qu'il n'y était pas
entré. Mais ceci demande quelques lignes
d'explication, sur lesquelles j'appelle toute
l'attention des lecteurs du Gaulois.
J'ai dit, dans un précédent article, qu'on
arrivait chez le maréchal, une fois au haut
de l'escalier ou sur la terrasse, par un cou-
loir long de trois mètres environ. J'ai ou-
blié d'ajouter qu'une tente recouvrait pres-
que continuellement ce couloir, laquelle
tente venait rejoindre perpendiculairement
le mur du couloir situé du côté des gar-
diens.
De cette façon, il était impossible à quel-
qu'un se trouvant sur les dernières marches
de l'escalier ou dans la cour des gardiens
de dire si le maréchal était ou n'était pas
dans le couloir, bien que les murs de ce
dernier, à partir du plain-pied, arrivassent
seulement jusqu'à la ceinture. La toile,'aussi
impénétrable que la muraille, surtout la
nuit, empêchait de rien voir.
S' A présent, il est parfaitement exact que
le maréchal, le colonel Villette et le direc-
teur de la prison se séparèrent un peu après
neuf heures, à l'entrée du corridor en ques-
tion. Le premier se dirigeant vers la porte
de son appartement; les deux autres des-
cendant l'escalier.
Eh bien, tout fait présumer que c'est à
ce moment que le maréchal s'est enfui. Au
lieu de rentrer chez lui, il aurait enjambé,
caché par la toile de la tente, le mur de
gauche du couloir dont la partie supérieure
n'est pas à plus d'un mètre du sol de la
terrasse. Une fois sur celle-ci, il n'avait
plus qu'à rejoindre le point du mur d'en-
ceinte choisi pour l'évasion, chose excessi-
vement facile puisqu'il n'y avait pas encore
de factionnaire, ce dernier, je le rappelle,
étant seulement placé de dix heures du soir
à cinq heures du matin.
Bien que je n'affirme rien, il y a gros à
parier que cette supposition est la vraie.
Plusieurs journaux ont annoncé que le
lundi matin |les gardiens de la prison
avaient été trouvés dans un état com-
plet d'ivresse. Je n'ai qu'un mot à ré-
pondre, à cette assertion c'est âBs'olumerit
faux. 11 est également inexact qu'on ait ar-
rêté d'autres personnes que celles dont je
vous ai donné les noms.
Je vous ai informé, par dépêche, du
transférement des prisonniers de Cannes à
Grasse. Leur instruction est terminée. 11 ne
reste plus à entendre que le colonel Vil-
lette, qui a dû arriver hier soir ou ce matin
à Cannes.
Les mandats d'amener concernant les
demoiselles Dickingson n'auront pas de mise
à exécution, La police a reçu contre-ordre
à ce sujet.
Un photographe de Nice, envoyé par le
préfet, est en train de prendre les vues in-
térieures et extérieures du fort. v
Six épreuves seulement lui ont été de-
mandées.
711J7; r x t
Où est, à l'heure qu'il est, le maréchal
Bazaine? Je l'ignore. Ce que je sais, c'est
que M. et Mme Bazaine et leur. cousin ont
débarqué à Gênes, du Barone-Ricasoli, lun-
di matin, à midi moins un quart.
Mme Bazaine et son neveu étaient por-
teurs d'un passeport portant les noms de
M. le marquis et Mme la marquise de Los
Castellos, accompagnés d'une personne de
leur suite.
Cette personne n'était autre que le maré-
chal qui, par mesure de précaution, por-
tait les couvertures et suivait les prétendus
marquis et marquise comme un serviteur
de bonne maison.
Deux: souvenirs pour finir
• C'était à l'époque de l'internement du
maréchal au fort Sainte-Marguerite, c'est-à-
dire en décembre 1873.
Afin de déjouer la curiosité de la popula-
tion cannoise, le ministre de l'intérieur
avait ordonné qu'il fût conduit jusqu'à An-
tibes, où le prendrait le vapeur chargé de le
transporter aux îles. A cet effet, le minis-
tère avait invité M. Benoit, commissaire
spécial des chemins de fer à Nice,' a atten-
dre le prisonnier à Antibes et à l'accompa-
gner jusqu'au lieu de sa détention'.
De son côté, M. Benoit fit prévenir M.
Romieux, commissaire de police à Cannes,
qu'il avait à le rejoindre à Antibes tel jour
à telle heure.
Au jour et à l'heure fixés, M. Romieux
partit pour Antibes, où deux agents de cette
localité l'attendaient à la gare. Or, il faut
dire que M. Romieux a beaucoup de ressem-
blance avec le maréchal.
Il est maintenant facile de deviner ce qui i
arriva. M. Romieux, sortant de la gare entre
les deux agents, fut pris pour le maréchal.
Et la nouvelle s'étant aussitôt répandue que
M. Bazaine venait de descendre du train, la
foule se groupa aussitôt, nombreuse, sur le
passage du commissaire et des deux agents
qui, d'ailleurs, riaient sous cape de l'aven-
ture.
Mais, arrivés au pont-levis, par lequel on
entre dans Antibes, M. Romieux se retourna
vers la foule, qui grossissait toujours, et lui
dit en provençal
Je vous remercie de m'avoii'.aççQinpa-
gné mais si vous m'avez pris pour le ma-
réchal Bazaine, vous vous êtes singulière-
ment trompés.
Et il ajouta en riant de plus belle
Je suis le commissaire de police de
Cannes.
Ce sont les curieux qui firent un nez.
-À ̃; /̃̃̃;̃•.̃̃̃•
Voici à présent qui concerne Mme Ba-
zaine ».
La maréchale venait d'être autorisée par
le gouvernement à habiter avec son mari.
M. Benoit, toujours désigné par le ministre
de l'intérieur, vint attendre a Cannes Mme
Bazaine et se mit gracieusement à sa dispo-
sition.
Afin de la soustraire aux regards indis-
crets, M. Benoit emmena Mme Bazaine à la
Croisette, qu'il avait choisie pour lieu d'em-
barquement. Deux femmes de chambre ac-
compagnaient la maréchale, et chacune
d'elles portait un des enfants du prison-
nier. Il était aeuf heures du soir. La nuit
était noire et la mer excessivement mau-
vaise. Les vagues déferlaient avec furie, et
le bateau qui devait transporter les passa-
gers était violemment ballotté par les va-
gues.
L'embarcation ne pouvant aborder près
de la plage, on dut organiser à la hâte un
pont de planches allant de la plage au ba-
teau et mesurant sept ou huit mètres de
longueur, sur cinquante ou sokante centi-
mètres de largeur.
Ce plancher, comme on le pense, oscil-
lait singulièrement. Comprenant la diffi-
culté qu'on aurait à le passer, le batelier
dit en se tournant vers la maréchale
Je serai obligé, madame, de vous pas-
ser sur mes épaules; autrement vous n'arri-
veriez jamais jusqu'au bateau.
Mme Bazaine ne répondit rien. Seule-
ment, elle prit sur chaque bras l'un de ses
enfants et franchit le pont improvisé avec
une sûreté et un sang-froid qui firent dire
à M. Benoit
Ou je me trompe fort, ou voilà une
femme dont la volonté ne doit pas connaî-
tre d'obstacles.
Il était réservé à l'avenir de confirmer ce
pressentiment.
CH. L.
Echos de Paris
Napoléon III, à Chislehurst, répétait, cha-
que fois qu'il était question devant lui des
calomnies dirigées contre sa conduite à
Sedan
Il ne faut pas s'en émouvoir. La droi-
ture et le bon sens du peuple français ne
tarderont pas à faire justice de ces calom-
nies. C'est le suffrage universel qui vengera
ma mémoire de toutes ces inventions outra-
geantes.
La Gironde, la Nièvre et le Calvados, trois s
départements, dans l'espace de quelques
mois, ont déjà vengé la mémoire de l'Empe-
reur. Le suffrage universel, expression de la
droiture et du bon sens du peuple français,
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