Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1874-04-14
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 avril 1874 14 avril 1874
Description : 1874/04/14 (Numéro 2009). 1874/04/14 (Numéro 2009).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5212202
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/02/2008
LE GAULOIS
rement fantaisiste, mais qui n'a rien perdu
de son actualité
Vous vous étonnez, disait l'auteur des Reîse-
bîlder, de la forme da l'organe nasal qui dis
tinguo toute la famille dos Bourbons 1. Moi,
je m'étonne, au contraire, que le nez de ces
gens-là soit si eourtl. Depuis qu'ils attendent
laur rappel sur le trône de France, leur nez,
en effet, a eu terriblement le temps de s'allon-
ger.
Il s'allonge encore. a
r-
Cham est très brillant cette semaine
La scène représente un compteir de café. Un
jeune gommeux est venu s'asseoir à côté de la
dame sa surprise est extrême,
Mais, monsieur!
Les dames n'ont plus lo droit d'être seules
au café.
Une jolie petile femme est dans son lit; elle
sonne sa bonne ..̃•̃"•̃̃̃
Marguerite, apportez mon café.
Alors je vais aller chercher un monsieur.
Hein?.
J'ai vu. sur le journal que les dames, ne
pouvaient plus être seules au café.
Exposition de 1874. La revanche de Jeanne
d'Arc. é. i
dette fois c'est le cheval qui est le petit.
Mais les cheveux sont luxuriants, la poitrine
est luxuriante, et quand à co qui. pose sur le
cheval, c'est. à ravir Lepetit. •
Un bon bourgeois compte ses couverts d'ar-
gent
Il nous manque une fourchette 1
Elles s'avalent aujourd'hui, dit sa femme.
Faisons ouvrir la bonno, répond le léroce
homme.
Georges Mayrant.
CHRONIQUE DU SPORT
Courtes au bute de Boulogne
Deuxième journée. Dimanche 12 avril 487 i.
Sans élever bien haut le niveau de la produc-
tion de trois ans, les courses de dimanche der
nier démontrent cependant que l'on s'était un
peu hâté de la juger aussi mauvaise. Les résul-
tats de la première journée se sont, au reste,
trouvés confirmés, en ce sens que Premier-Mai
est bien jusqu'ici le meilleur poulain de trois
ans connu. Il a fait une magnifique course
contre Franc- Tireur, et celui-ci n'a gagné que
très difficilement d'une tôle sur le poteau.
Co n'est pas que la performance du jeune
cheval soit très belle, en raison du poids énorme
que le, vainqueur lui rendait. Mais dans lo prix
d« Luièceet dans Ips mêmes conditions Franc-
Tireur avait battu Perla, le meilleur dos pro-
duitsdo trois uns connus au potitgalop. t>tto|lois,
non-soulemoiit il lui a fallu s'etandro, mais en-
core, il a été mis sévèrement à l'ouvrage. Ou
peut inêiiio dire, ù l'avantage du t'iviuicr-Mai,
que, lu course ayant eu lieu sur nna dislaïk-.e de
2,400 mètres, c'est-à-dire liMiiûrne quexollo du-
Derby, il n'y a pas a douter do sa qualité, re-,
lalivo.
L'antagonisme do Boiard et $e Flageolet s'est
ïenouvelé dans le prix Hainbow. Celte fois Fia-
geolet avait appelé Moissonneur à son aide;
inais cet auxiliaire lui a été d'autant moins utile
que la course nous a semblé menéa un train
assez lent. Pendant toute sa durée Boiartl tirait
tiôs fort, et sur la fin du parcours il a' gagné
comme il a voulu. C'est eu vérité pitié de voir
un aussi bon cheval que Flageolet s'épuiser
inutilement contre un adversaire d'une supé-
riorité écrasante; il mériterait d'être davaniag©
niéuagé. Quant a Boiard, c'est décidément un
animal hors ligne et comme nous n'en avons
pas vu depuis Gladiateur. Il n'existe pus dans le
monde .entier un cheval capable aujourd'hui do
Je battre à poid-s égal.̃•-̃̃
.[.'écurie de M. Lefebvre s'est montrée dans
uns forme redoutable en gagnant les trois au^-
tres courses de la journée. Néanmoins, dans le
prix de Longehumps, l'écurie Voulait évidem-
ment gagner avec Vexatioa; mais il lui a fallu
appeler Succès a la rescousse, et il n'était que
temps Cantine, à M. Delamarre, a failli de bien
lieu faire échouer la combinaison.
Cette supériorité de l'écurie de M. Lefabyre
s'iioceniuo d'une manière assez inquiaanto
pour ses côneurrenta. Il sera bien difficile, a
mo. us de la révélation de quelque champion in-
to >nu, de 1 empocher dû gagner lo Derby fran
cuis. Oïl parlait beaucoup d uii essai qui aurait
été l'ait dernièrement entre Novateur, Ihoit et
Coinbat. Le jeune cheval aurait gagné ù une
différence de poids, qui permet de supposer
qu'il suffira à la tariio et quo l'on n'aurait pas
ieaoiu de faire venir le meilleur de l'écurie, ,i
Fou-d' Autour, qui serait réservé pour, l'Angle-
lerro.
ffciilLLKTON DU GA ULOiS N» 23 (1)
14 AVRir, 1874.
k ~s~: LA MAISON 't'
̃̃LA MAISON /̃̃'̃.̃
̃ •!& "̃̃ ̃̃̃•
U RUE ZACHARIË
__<'
x. w
Deuxième parti*
• -ÏTO
A ~r~^ § i'. ~t
LE SECRET DE CUAUVEAU
Comme si le hasard lui-mêmo eût voulu
se mettre du côté de Gibory, une circons-
tance fortuite avait d'ailleurs .singulière-
ment facilité au bohème l'accès de kv mai-
son mystériètisè. "'̃
Au moment en effeît où, après avoir fait
résonner sur la porte le lourd marteau de
tVr rouillé, il se demandait s'il n'allait pas
être réduit, pour entrer, de tenter de nou-
veaux tours de force ou d'agilité, il sentit
un« main se poser sur son épaule.
il si retourna et reconnut la servante de
CUauveau.
Une expression d'étonnement joyeux se
iissit sur le visage de l'affreuse mégère.
Gibory, qui était quelque peu physiono-
miste, ne s'y trompa point. Il prit son air
le plus aimable, an serrant la main de la
vieille aveo vigueur. `
Conune ça se trouve s'écria-t-il c'est
justement vous que je cherchais.
Vous êtes doue revenu à Paris ? fit la
vieilla en dévorant le bohème du regard.
Depuis ce matin et vous voyez, ma
greertiière visite est pour \ous.
Gbiory, juSijti'à un certain point, disait
la vérité: car sa visite ûBalizellr, vu le suc-
cès «ju'il en avait obtenu, ne valait plus
nièmC ia peine de compter.
aîîJ murmura la mégère en minau?
dant d'un /»ir qui denna à Gibory la chair
de poule. n
Elle n'en dît pas davantage mais elle
sourit. C'était horrible l
(i) RepïoànclluH autorisée pour tous leajour-
eiux ayanî m U4të j»*«c la Société des «ta»*
f% UUros.- ̃̃̃̃-•̃̃
Prix de Boulogne. 3,000 fr. pour che-
vaux de 3 ans et au-dessus. Dislanco 3,000
mètres.
Clairvoyant, pn b., 3 ans, par Montagnard et
Gastorine, 47 k., à M. J. Lofèvre (Kelly). 4
Wild-Monarch, pn b., 3 ans, 47 k., à M. Mau-
rice W. (Ghilds) 2
Monopole, pn b. b.^ 3 ans, 47 k., à M. H. Jen-
nings (Gowey) 3
Non placés Marron, Elan, Fashionablo,
Bravo et Tarbes.
Gagné iacilemont de deux longueurs; une
longueur du second au troisième.
11 chevaux engagés; 8 ont couru. •
Prix de Longchamps. Poule des pro-
duits, 4,000 fr., pour pouliches nées en 1871.
Distance 2,800 mètres.
Succès, pn al., 3 ans, par Gladiateur et Sunrise,
54 k., à M. J. Leiebre (Jennings) 1
Cantine, pche b., 3 ans, 52 k., à M. H. Dela-
marre (Carver) 2
Vexation, pche b., 3 ans, 52 k. 1/2, à M. J. Le-
fèvre (Hudsoo) 3
Peut Etre, pn al., 3 ans, 64 k:, à M. P. Au-
mont (P. Jennings) 4
Non placés Abigaïl, Joconde, Kopeck, Re-
gret, Mascara, lrèue et Prophétie.
Gagné d'une encolure; une demi-longueur
du second au troisième, une longueur du troi-
sième au quatrième.
44 chevaux engagés; 11 ont couru.
Prix de la Seine.– 10,000 f. pour chevaux
de 3 ans et uu-dessus.– Distance 2,400 met.
Franc-Tireur, pn b., 4 ans, par Tournament et
Fleur-des-Bois, 64 k., à M. lu major Frido-
lin (Ch. Prati) 1
Premier- Mai, pn b., 3 ans, 50 k.,à M. II. Jen-
nings.((Vrutt). 2
Figaro II, pnb., 3' ans, 50 "k., à M. P. Aumont
(A. Watkiiiï) r 3
Non placés Eros, Faublus, Christiania et
Perçante.
Gagné assez facilement d'une tête; trois lon-
gueurs du .second au, troisième.
12 chevaux engagés 7 ont couru.
Prix Halmbow. 15,000 fr. pour chevaux
de 4 ans et au-dessus. Distance B.COO mot.
Boïard, pn b., 4 ans, par Yeraiont et la Bos-
sue, 57 k., à M. H. Delamarra (Carver). 1
Flageolet, pn al., 4 ans, 57 k., à M. J; Lefcvre
(Jonnings) .m. 2
Moissonneur, pn al., 4 ans, 57 k., a ii. i. Le-
fèvre(Hudsonj.i. 3 3
Gagné facilement d'une longueur; trois lon-
gueurs du second au troisième.
7 chevaux engagés 3 ont couru.
Prix Vanteau. 4,000 fr. pour pouli-
ches de 3 ans. Distance 2,000 mètres.
Poudrière, pche b. 3 ans, par Monarque et.
Duchess-of Newcaslle, 56 k., à M. J.;Letôvre,
(Jeunuings). 1
Atropos, pulie h. b., 3 ans, 56 k., à M. Fould,
(Uuuter).. 2
Destinée, pehv' 0. 3 uns, 50 k., a &1. P. Au-
munt (Carrait) 3
Aui'wro, piihe b., ii ans, a Ûl, te .^uc d« Fezen-,
gac (Moyers) 4
Non placés Nixette, Négora, Virevolte,
Hall'-Crow.
Gtigné très facilement do qtialre longueurs ;j
une longueur du second ati troisième. ;1
10 chevaux engagés; 8 oui conrii.
Dtuiaucli«-!+pri>ctitttav;?tJ"0!S'*tne journée à»
Longchanijjs.
f.lt Ïiïi.,l^-L4,i ^j. AlIGBR.
N <
CHRONIQUE DES TRIBUNAUX
f $ ̃<
LE HELDEB A. LA 8° CUiMBRE. UN DOC-
TEUR VOLEUR DELIVRES.
Jamais les abords delà 8" chambra n'a-
vaient eu une physionomie aussi gaie c'é-
tait à se croire au restaurant du Helder en-
tre une heure et deux heures du matin.
Personne n'y manquait. Petits fers, gan-
dins, gommeux, uoùodès, s'y étaient donné
rendez-vous. Il ne s'agissait de rien moins
que d'assister au combat judiciaire de trois
petites dames dont j'ignore les noms, mais
dont les sobriquets sont restés dans ma
mémoire. L'une d'elles, Mlle Pot- à-Tabac,
s'était permise de traiter Mlle Boule-dc-
Saif de fille de guillotine », ci Mlle Graine
de je ne sais quoi avait approuvé de la voix
et du geàte 1 épilhète maisounome. Inde
ira de Mlle Boule-de-îkiif, et la plainte qui
amenait hier ses deux rivales devant la po-
lice correctionnelle.
Seulement, au dernier moment et lorsque
les amis de ces intéressâmes personnes
se préparaient à les suivre devant le tribu
uni, Mc Allard, l'avooat de l'une d'elles, eut
l'excelloniB pensée de proposer ime concilia-
tion M6 Doumerc, le défenseur des prévenus,
Nous avons dit que Glbory était venu rue
Zàcharië avec la résolution bien arrôtéo de
ne reculer devant rien. Ainsi disposé, il
comprit tout le parti qu'il pouvait Hier des
bonnes dispositions du la servante de Ghau-
veau, et il se jura in petto de faire au
triomphe du réâultat qu'il poursuivait le
sacrifice de ses élus légitimes répugnances.
Déjà la mégère avait introduit la clef
dans la serrure, et l'épaisse porte de la
maison sinistre grinçait sur ses gonds,
montrant le couloir sombre.
Je passe devant pour vous montrer le
chemin, dit la vieille avec un mouvement
qu'elle crut gracieux et qui atteignait les
dernières limites du grotesque.
(iibory entra; et, au moment de refermer la
pot te derrière lui, il s'apeiçutque la vieille,
nar une distraction inexplicable, consé-
ùueu'*® sans doute de l'émotion qui l'sgi-
tait, avaiî publié de retirer la clef de la
semue. ̃ •̃̃•"̃̃
Une idée subite traversa iVst«rit de Gi-
bory avec une prestesse inouïe, il en'eva
cette clef, la mit dans eu poche et referma
la porte avec bruit. Ce mouvement s'était
accompli avec une telle rapidité, qiWTà"str.
vante M Chauveau a'en eut aucun soup-
çon.
SacieJié I dit-il en s'empressant de
rejoindre son Ariane, ça manque QSjLçnliel-
Iciueutde gaz dans cette maison- cil l
Nous sommes arrivés, répondit la
vieille avec émotion. Si vous n'y voyez
pas, prenez ma main. je vous dirige-
rai. `..
E(, dans i'obscurllé, Gibory sentit la main
sèche de la mégère qui cherchait Ja
sienne. Il la prit courageusement et crut
8'apercevoir qu'elle tremblait. Un instant
après, un mince liletde lumière filtrait par
la porte dû l'appartement du Chauveau.
Gibory eut ua éclair d'épouvanté.
Est-ce qu'il y a du monde chez vous ? R
murmura-t il à voix basse.
L'Ariane se retourna, et, lui pressant la
main
Méfiant I dit-elle d'un tonde reproche.
Comment pouvez- vous eraire,?
Mais celte lumière?
C'est moi qui l'ai laissée en sortant
pour aller chercht F mon dîuer.
Vous u'aye?. ûvna pas dîné?
Pas encore.
Eh bien, moi non plus.
Vrai ? s'écria-t-elle avec un accent de
joje. n "}
Parole d'honneur! j'ai été tellement
absorbé j>ar çueiimes ajjfaires un drame
ne s'y opposa pas, et ces demoiselles tom-
bèrent immédiatement d'accord et dans les
bras les unes des autres, en attendant que
l'heure fût venue de signer la réconciliation
sur le champ de bataille même.
Et veilà comment les honorables magis-
trats de la 8e chambre n'ont aperçu qu'à
travers la porte entr'ouverte les toilettes
abracadabrantes de Mlles Pot-à-Tabac
Boule-de-Suif et Graine de je ne sais quoi.
̃ ̃
La même huitième chambre a jugé un
médecin accusé d'avoir fait des visites trop
gratuites aux étalages de certaines librai-
ries. Si encore il leur avait pris des livres de
médecine, ce serait là une circonstance at-
téauante mais le docteur Bonnefoy préfé-
rait les Jeunes Francs -Tireurs, Béranger
et le Règne de Henri III.
C'est le libraire auquel il a soustrait ce
dernier ouvrage qui l'a fait arrêter, et M.
Bonnefoy s'est défendu devant le commis-
saire de police en racontant que sa femme
le rendait si malheureux, qu'il en perdait
parfois la raison.
A n'en juger que par ses lettres à sa fem-
me, on serait tenté de croire aux infortunes
conjugales du docteur, car voici un échan-
tillon de sa correspondance avec Mme Bon-
nefoy
Ah jo t'y prends, car sache bien que j'ai
des moyons infailmblbs do m'en apercevoir
(tu no connais pas tout ot jo suis pins fort que
toi), et tu veux que je ne t'aprello pas b. de
canaille, voleuse et mtnteuse. Canaille, tu
fouilles dans mos affaires; voleuse, tu m'as
̃coléio reçu do 2,000 francs, mais on na mo
prend pas sans vert, moi j'en ai un duplicata
visé et paraphé, et on lieu sûr, où tu ne four-
reras jamais ton nez, et plus de 400 francs en
billets. Menteuse, avec quel aplomb tu niais
cela le 21 mars dernier Eh bien, ma tille, tu
es b. laide au moral; ton oncle tea déjà dit:
c'est un honnête homme, lui ah tu croîs que
tu vas continuer uvec moi lo même système
qa'avec ton père ? Délrompe-toi, ma chère ils
sont passés ces jours de lèle, où jo te donnais
2,000 francs comme cela; j'ai les yeux ou-
vei\s étais je bête, mou Dieu? Mais je te le
répote c'est fini et bien fini. Tu croyais avoir
affaire à un vieux, un usé Aii ah 1. J'en li- ·
rai lougteuips, et tu crèveras à la peine; oui 1
tu crèveras c'est moi, médecin, qui to le dis,
Te n'as pas besoin de savoir pourquoi, et tout
ce que tu pourrais faire n'y pourra rien, et tu
débarrasseras moi et la société do ta laide per-
sonne.
Cet excellent mari et ce bibliomane en-
ragé n'était guère fait pour provoquer l'iu-
dulgence du tribunal. Aussi, sur les réqui-
sitions de M. Lefebvre do Viei'yille, a-t-il été
condamné à deux mois de prison.
René DE PONT-JEST.
–L__ -mr– i ̃-
Ce qui se passe
M. le maréchal de Mac-Mahon, président
do la République, doit commencer aujour-
d'hui la tournée dans laquelle il doit visiter
l'emplacement des nouveaux forts qui vont
être élevés pour la défense de Paris.
M. le duc d'Aumale est arrivé à Paris
hier matin.
Nous apprenons la mort de M. J.-B. Vays-
sard. conservateur honoraire de la Jbiblio-
thèqùe de l'Arsenal.
Un. artiste qui eut ses jours de gloire et
de célébrité, et qui fut un excellent hommr,
le paysagiste Louis-Auguste Lapito, est
mort la semaine dernière à Boulogne-sur-
Seine.
Lapito fut un des meilleurs élèves de Wa-
ttlet, qui le premier rompit le joug des
traditions de l'école et tenta de substituer
l'étude naïve de la nature aux conventions
académiques. Cette école mixte, qui se dis-
tinguait parfois par des qualités de cou-
leur et de dessin, a certainement contribué
auxprogrès des paysagistes français; mais
elle devait fatalement s'éclipser devant 'l'é-
nergie, le feu et l'originalité d'artistes tels
que Théodore Rousseau, Diaz, Paul Iluet,
Ùupré, Corot et autres. Lapito se préoccu-
pait beaucoup de la composition de ses ta-
bleaux, et, môme devant la nature, il lais-
sait percer son amour du style, ce qui don-
en cinq actes que j'ai lu tantôt à la Comé-
die-Française, une féerie chez Hostein, ma
revue aux Variétés. enfin, ja n'ai pas eu
une seule minute et, ai vous vouliez, nous
erious une vraie noce ici.
Ah l minauda la servante, si j'avais pu
prévoir 1 c'eut que j'ai si peu de chose 1
Bah 1 bah 1 à la guerre comme à la
guerre, répliqua Gibory en examinant les
maigres empW-ttes que la vieil'e venait de
déposer sur la tab'e. Da jambon l d'York,
encore I Vous vous mettez bu ni et des ra-
dis, et eu fromage 1. Mais c'est un vrai
menu de cabinet particulier I Voyons 1
voyons Il n'y a pas de danger que Chau-
veau nous tombe sur le dos, n Vst-ce pas?
Pour ça, je vous en réponds I
Eh bien, nous allons faire un petit re-
pas en tôte-a-tête. Je ne \ous dis que çu
Attendez pourvoir.
Et, en parlant de la sorte, Gibory tira -de
sa poche un louis, qs'il tendit à la vieille
fateinée.
Toucz I fit il comme le jambon donne
soif, vous allez me faire le plaisir d'aller
chercher avec ça quatre bonnes bouteilles
de bourgogne. Uu'est-ce que vous en dites ?
La mégère prit le louis avec un empres-
sement qui n'échappa pas à Gibory.
Boni pensa- 1 -il, gourmande et vi-
veuse on pourra causer.
G 'pendant, corame retenue par une pen-
sée sectète, la servante, roulant le louis en-
tre ses doigts, demeurait îuimobile.
Le bohème eut une inspiration do génie
Seulement, »jouta-t-il, tâchez de re-
venir ie plus tôt possible. car, je ne sais
pourquoi, je n'aime pas être seul dans cette
maison-ci.
La vieille haussa les épaules, et, envoyant
à Gibory un dernier sourire tout chargé
d'eifluves, elle disparut rapide tt empres-
sée.
Le bohème écouta le brait de s? s pas
dapjj l'escalier; puis, dès qu'il futsuul, il
entra dans le cabinet ûe Ciiàuyeau et se mit
à l'explorer.
L'aspect n'en avait pas chscgé c'était
toujours la pièce glaciale, aux murs nus,
au «arrelage disjoint, que Baradhm avait
4éjà vi3ité sans y ripn découvrir. Dans un
cojn, le vieux carton vert défoncé montrait
toujours le bout de paperasses jaunies et.
papa yajeur. Gjbory se mit alors abonder les
mura, qui ro»dimu partQiU uu cfiii B?.|isiQi-
sant. Au fond du cubinct était une poite
condamnée. Il essaya de ia pousser ia
pork; était solide et évidemment Ici niée de-
j)uij de longues années. Le bohème revint
nait à son œuvre quelque sécheresse. A
Eotre avis, l'un de ses meilleurs tableaux
est la vue prise dans la forêt de Fontaine-
bleau, au site des Quatre-Fiis-Aymon, qui
figure au Luxembourg.
L'artiste avait beaucoup voyagé ea
Suisse, en Italie et dans le midi de la
France, et les toiles qu'il rapportait de ces
excursions étaient fort prisées des ama-
teurs.
Il exposa pour la première fois en 4827
il obtint la médaille de 2" elasse en 1833,
celle de lr# classe en 1835, et il fut fait
chevalier de la Légion d'honneur en 1836.
pour une vue des Andelys. A l'Exposition
universelle de 1855, on remarqua beau-
coup le Golfe de Rapallo.
Au Salon êe 1870, il exposait encore deux
tableaux une vue de la Suisse italienne et
un site delà forêt de Fontainebleau.
Né en 1805, à Saint-Maur, près Paris,
Auguste Lapito avait soixante-neuf ans.
L'Académie des sciences morales et po-
litiques, dans sa séance de samedi 11
avril, a nommé correspondant auprès de ia
section de morale, en remplacement de
MM. Lieber fttDeMctz, décédés, M. Aubertin,
recteur de l'académie do Clermont, et M.
Salmon, promier président de la cour de
Douai.
Nous avons dit que le préfet de la Seine
et le général de Ladmirault étaient sur le
point de s'eatendre pour l'installation du
cercle militaire à l'hôiel de la place Ven-
dôme, propriété de la Ville.
Mais crac au moment de conclure, voilà
que M. le commandant Nigra propose d'a-
cheter l'immeuble il en offre comptant un
million.
La proposition est tentante, et nous ne
voudrions pas parier aujourd'hui pour le
général de Ladmirault.
Pauvre cercle militaire que de vicissi-
tudes môme avant de naître 1
La distribution des prix extraordinaires
du concours hippique a eu lieu hier
Le diplôme de 3,000 francs a été obtenu
par les deux grands carrossiers bais de M.
Maurice Waller
La diplôme de 1,800 francs, par les deux
juments bretonnes déjà primée* au concours
de Nantes et appartenant à M. Martial.
Dans les chevaux attelés seuls de la grande
taille, Black-Bess, à M. Revel, a reçu le prix
de 1,500 francs.
Le diplôme de 1,200 francs destiné aux
chevaux seuls de la'petite taille a égale-
ment été gagné par M. Revel avec le cheval
Roqaelaure.
Enfin, dans les chevaux de selle, la ju-
ment Brunette, appartenant au marquis de
Castelbajac, a remporté le diplôme de
1,000 francs. Elle a du reste été admirable-
ment montée par M. Mackensie-Grieves.
La réunion était aussi complète que jolie:
M. le maréchal de Mac-Mahon, M. le général
de Ladmirault, Mgr le comte de Paris, Mme
la comtesse de Paris, Leurs Altesses le
comte et la comtesse d'Eu, le duc et la
duchesse d'Alençon, le duc de Nemours, le
duc de Montpensier, le duc et ia duchesse
de Bisaccia, et une si grande quantité de jo
lias femmes qu'il est matériellement impos-
sible d'en désigner une seule.
La dernière soirée donnée par le docteur
Mandl a dignement cîos la série des fêtes
données cet hiver dans cette amusante
maison.
Comme chaque année, on a joué une re-
vue, due celte fois à la plume spirituelle de
MM. Abraham Dreyfus et îassin.
Ça été une série d'amusantes parodies
théâtrales, jouées par Mlles Hortense et
Elise Damain et MmeRichauld, MM. Saint-
Germain, Plet, Fusier, Ben, etc.
Marius Boullard, chef d'orchestre des Va-
riétés, tenait le piano.
Le succès de la soirée a été le buste du
docteur exécuté par Saint-Germain, qui
s'est fait la tête frappante de M. Mandl.
Pendant la soirée, on a entendu MM.
Payons, J. Lefort, Hess, Dtlsarte et Mlle
Heilbron, retour de Londres, qui a chanté
comme un ange italien.
Décoration de la cour iiaïéri^ara
do l'hôtal Carnavalet.
M. Roguet, architecte de la Ville, vient de
présenter un projet des plus anisiiquis
dans la première pièce et essaya de s'orien-
ter en vassemblant les souvenirs de sa pre-
mière excursion. I! lui fut impossible de
retrouver ia direction de la pièce mysté-
rieuse où il avait vu ie spectacle étrange
qui l'avait si profondément frappé le jour
de son entrée aventureuse par l'imposte de
la rue de la Iluchette. Il chercha longtemps,
toujours en vain.
Allons 1 niurmura-4-il, il faudra em-
ployer les grands moyens. Soit 1
Presque, au même instant la porte s'ou-
vrit et la mégèra reparut. Gibory poussa
une exclamation
Pe&te 1 s'écria-t-il, quelle tenue l
En effet, l'horrible créature avait profité
de sa courte absence pour faire une toilette
inattendue. Elle avait revelu une vieille robe
de soie marron et un tounet à fleurs fané
et sali, qui lui donnait l'aspect d'une de ces
sordides marchandes à la toilette dont on
retrouve encore çà et là quelques types dans
les quartiers voisins de la rue des Martyrs.
Au compliment intéressé de Gibory, la
vieille baissa modestement les yeux.
On murimira-t-dlJe flatteti, c'était
bien le moins de faire un bout de toilette.
Et, co disant, elle mit « ie couvert », c'est-
à-dire qu'elle étala sur la labié les provi-
sions et les bouteilles
Diable 1 lit le bohème, votre argenterie
n'est pas brillante, la mère 1
Que voulez-vous? nous ne sommes pas
riches, lit la servante avec un soupir.
Allons I à table I s'écria joyeusement
Gibory, qui se mit à attaquer le repas avec
un appétit résolu, A votre santé, ia mère 1
equtinua-t-U en remplissant jusqu'au bord
la verre de la mégère, qui l'avala d'un
trait.
Dites donc I fit-elle en posant son ver-
re vide sur la table, si l'on savait qua Doua
sommes là ensemble, à souper en tête-à-
tête. que je reçois des 1ig amies chez
moi, q"4'est-oe qu'on dirait, mon Dieu ?
lié hé répliqua Gibory en clignant
de l'œil, on n'aarail peut-être pas ioct de
dire. Savez-vous que vous êtes encore
très bkn, la petite mère?
Flatteur!
Hon, vrai! 'continua Gibory, vous avez
positivement un caractère à vous qui m'a
frappé tout d'abord. Es paiâ vous ûi'aveg
toujours accueilli avec uye bienveillance
dont j'ai été pénétré. Ce soir encore vous
me abnnez à dîner, vous rae traitez comme
un coq en pâte.
Aul Ut la mégère en fhant sur le bo-
hème un long regard, c'est que je vous
· Y,~t~ y~
pour la décoration de cette partie, du palais,
complètement négligée jusqu'à ce jour.
Il consiste à élever, de trois côtés de la
cour, d'élégantes colonnades qui supporte-
raient des morceaux d'architecture prove-
nant des monuments détruits par suite des
embellissements de la capitale.
Les trois plus curieux spécimens seraient.:
1° l'arc de Nazareth, œuvre du' seizième
siècle, qui existait autrefois à l'catrée de la
rue de ce nom, près l'ancienne préfecture
de police; 2° la façade de l'antique hôtel des
Drapiers, élevé au dix-septième siècle, rue
des Lavandières-Sainte-Opportune. Ce mo-
nument disparut lors des travaux entrepris
pour le dégagement des Halles centrales
3° enfin la colonnade gracieuse de l'hôtel de
Choiseul, monument du dix-huitième siè-
cle, qui fut démoli pour le percement de la
rue du 4 Septembre.
Ce projet, on le voit, est comme une se-
conde édition de ce qui a été fait dans la
cour d'hoeneur de l'Ecole des beaux-arts.
L'idée n'en est pas moins heureuse, et il
y a tout lieu de croire qu'elle sera adoptée
par no3 édiles.
Incroyable le commerce parisien 1
L'évasion de Rochefort produit déjà son
effet l'industrie s'en empare et l'exploite
à sa manière.
On fabrique depuis deux jours des boucles
d'oreilles eu ivoire, affectant la forme d'une
lanterne, avec enjolivements de couleur
rouge. Manière ingénieuse de fêter le retour
de l'évadé de Nouméa 1 ̃ ».
Le drame de la nuit dernière.
La Seine a été la nuit dernière le théâ-
tre d'un drame qui a failli se terminer par
la mort du principal acteur de cette scène
sinistre.
Vers deux heures et demie du matin, les
gardiens de la paixj Duchatelle et Saget,
arrivant au quai par la rue d'Iéna, enten-
dirent des cris de détresse qui semblaient
partir du côté du quai de la Conférence.
Ils se dirigèrent aussitôt dans cette direc-
tion.
Au secours 1 à moi, mes amis je me
noie 1 je me meurs sauvez-moi exclamait
une voix qui, à tout instant, allait en s'af-
faiblissant.
En arrivant au bord du fleuve, les agents
aperçurent un malheureux individu qui se
débattait contre le courant, suspendu par
les mains à un bateau de pêcheur amarré
au deuxième ponton des bateaux-omnibus
établi en aval du pont de la Concorde.
Le bateau auquel le noyé s'était accro-
ché se trouvant à deux mètres plus loin que
le ponton, il fallut que le gardien Jaquet,
pour y arriver, se laissât glisser le long
d'une corde d'amarre. Après de nombreux
efforts, il finit par attirer à lui le noyé, qui
avait déjà perdu connaissance; mais il se
tenait encore au bateau par ses deux mains
crispées sur le bordage dans une dernière
convulsion.
Après avoir coupé l'amarre du bateau
avec son sabre-baïonnette, le gardien de la
paix parvint à gagner la rive, et, avec l'aide
de son camarade et de trois cantonniers,
transporta celui qu'il venait d'arracher à la
mort au poste du palais de l'Industrie.
Vers trois heures, à force de soins, l'indi-
vidu revenait à lui mais il n'avait pas en-
core suffisamment recouvré l'usage de ses
sens pour faire connaître son identité.
Ce n'est qu'à six heures du matin que,
tout à fait remis, il a déclaré se nommer Jo-
seph Louis, âgé de vingt-deux ans, mar-
chand colporteur.
Ce pauvre diable rentrait ivre à sou do-
micile, et c'est accidentellement qu'il était
tombé dans la Seine.
Il s'est patsé la nuit dernière chez Bré-
bant un t'ait fort divertissant
Une demoiselle du huitième de monde
avait soupe, en cabinet particulier, avec un
seigneur, comme dit Fer vasques.
Le Uoméo de cette JulioUe, un Nnglais,
se mita pousser des hurlements quand, en
vérifiant l'addition, il y vit porto l'article
suivant
Glace 100 fr.
Mais nous n'avons pss mangé de
gîace! s'écria-t-il. Je étais volé 1
Vous n'avez pas mangé de glace, ré-
pondit le garçon, non mais madame a rayé
avec le diamant de sa bague celle du cabi-
net dans lequel voae avez soupe.
connais depuis longtemps, voyez-vous vous
ne vous souvenez pas de moi, mais je me
souviens de vous. Je vous ai vu du temps
où Chauveau vous rencontrait si souvent,
du temps.
Où il s'appeiaii. M. de Brives, hein?
Précisément.
Il y a si longtemps que tu es chez
Chauveau ? s'écria. Gibory, qui buvait aveu
réserve, mais qui crut le moment venu de
faire semblant de devenir familier.
Oui, reprit la vieille, sans s'offenser
du tutoiement.
Et pourquoi n'ns-tu pas lâché cet ani-
mai-la ? un pingre 1 un fesse-Mathieu au-
quel ou ne peut pas tirer un ra'iis.
Heu vous savez l'habitude 1
Il n'y a pas d'habitude 1 et vois-tu, si
tu voulais I.
La vieille regarda Gibory avec, une ex-
pression indéiinissable de curiosité cynique^
Moi, reprit le bohème, j'ai toujours
rêvé une gouvernante comm^ tOi une
femme qui s'occuperait de nv^ affaires, qui
tiendrait ma maison en ordre. Un vaude-
villiste, ça n'a pas le temps de songer à ces
détails, et alors tout va à la six-quatre
Par exemple, il y a ces gueuses de blan-
chisseuses Avec elles, pas moyen de con-
server un bouton à une chemise. Alors,
qu'est-ce qui arrive ? On a un rendez-vous
avec un directeur. Oh va pour s'habil-
ler 1 Crae pas de boutons! Et personne
sous la main pour en remettre. Alors on
manque de tenue, les diïecteurs vous font
la mine, et l'on est toisé 1 Tandis qu'une
femme comme toi I e"est ça qui îerait mon
affaire 1 Une fortune l un trésor 1
Ohl. sans doute, je pourrais bien
vous rendre quelques petits services I. lit
la mégère, que les compliments de Gibory
mivraieut peu à pea autant que le reste.
Mais je ue suis pas libre.
Gibiry se pencha vers die, et, corame s'il
suivait ie fil de ses propres pensées
-Et puis, continuât il, à ta place,
moi je n'aimerais pas habiter une maison
coasse celle- ci, avec un gars comme ce
Chauveau.
La vieille eut un tressaillement et ouvrit
la buuuhe pour parler. Gibory ne lui en lais-
sa pas le temps.
•– j. ai comme ça des idées, des pressen-
timents à «soi, poursuivU-il. Eh bien, il
doit y avoir ici, quelque part, des choses.
tt si la police y mettait jamais le nez. ça
ne serait pasdiôle.
Que voulez- vous dire ? balbutia la ser-
vanie. »,
~rf~
Juliette a dû convenir qu'en effet elle
avait écrit son nom sur la glace, et Roméo
a payé en maugréant, en présence de deux
gardiens de la paix qui, avaient été requis,
pour trancher ce différend.
· ̃ >.
Le suicide est en voie de recrudescenee;
Voidi le bilan d'hier, très ehargé
A neuf heures du matin, 'le nommé Casi-
mir Morier, ébéniste, rue de Belleville, 210,
a été trouvé asphyxié par le charbon dans
sa chambre à coucher.
Vers dix heures, un employé dé l'octroi"
en vigie sur le port d'Austerlitz a aperçu
un individu qui se précipitait dans la Seine.
Bien vite il a prévenu des gardiens de la
paix, qui se sont portés au secours du mal-
heureux. ̃•̃•
Ce garçon, qui venait d'attenter à ses
jours, était tombé heureusement daiis un
endroit peu profond et n'avait de l'eau que
jusqu'aux épaules.
Il est revenu vers la rive et a reconnu
qu il avait eu l'intention foimelle de se don-
ner la mort, à la suite d'une querelle qu'il
venait d avoir avec son beau-père
Il se, nomme Auguste-Louis Seret cor-
royeur, âgé de dix-huit ans.
Notons enfin une dernière teni^ttive de
suicide
A neuf heures et demie du soir, M.Louis-
Georges D. employé au ministère de la
guerre, demeurant rue de la Vieille-Eatra-
Piide, 15, s est tiré deux coups de revolver
dans la région du cœur. Les balles ont
heureusement dévié et se sont logées dans
le bras gauche et au défaut de l'épaule. Les
blessures sont sans gravité. P
M. Georges D. aurait attenté à ses jours
a-la suite de querelles de ménage.
,¡ HlPPOLYTB NABBT.
BRUITS DE COULISSES
Aujourd'hui, à l'Opâra, Maulet, pour l'avant-
dernière représeutation de Mlle ~`idès Devriès.
C'est également dans le rôle d'Ophélie que
cette cantatrice fera après-:demain. ~te~erodi
ses adieux au
Ces deux représentations sont l'événement da
jour, surtout depuis que la jeune artiste a dé-
claré son irrévocable résolution de quitter le
théâtro sans retour.
h Q.Us M^ei?ple-3- fa,meux prouveraient cepen-
dant à Mlle Devriès l'inconséquence de pareil-
les déclarations En voici un entre mille •
Mlle Sontag, devenue comtesse Rossi, renonça,
e le aussi, au théâtre à la fleur de son talent5!'
c était en 1830 la célèbre artisto avait alors
vingt cinq ans et devenait ambassadrice pour de
vrai. Elle m savoir à toutes les légations des
deux mondes qu'elle renonçait à la scène se
réservant exclusivement les concerts
Donc, le 28 janvier 1830, elle faisait ses
adieux définitifs et sans retour au public oari-
sien, dans Tancrède. v
Cinq mois après, cédant aux instances de ses
deBedii"1'8' °'le reparaissait aurla scè"o royal*
de Berlin~
Plus tard, des revers de fortuno' ramonèrent
Mme Sontag à Pans, et sa seconde jeune-se se
passa au théâtre, en dépit des serments de la
promfère heure du mariage. Taut ,i~Q$t,y~pï
ïuTMWd.»6 Tm- >l;e8t^i
On a repris à la Comédie-Française la VrrAs
farce de Maître Patelin et le plus brillant S
cueil a été tau a l'œuvre ot à ses intemr^*
Got, Barré et Mlle Jouassain. mtuPWtes,
Le Cid, qui reparaissait aussi après une in-
terrupUon do quelques mois, a valu les plus
siWWe1 KHî.à MM' ^4*r
Sully et Mlle ltousseil.
~M~
Le spirituel créateur des Pupazzi. M. Lemer-
cier do Nouville, a lu "ier devant îe comité du
meatie- français unecoméaie en un acte et en
vers le x>ou Moyen.
La pièce a été reçue à correction. 181 no fau-
drait pas croire que cette formule banale a été
employée pour déguisorim refus: cm- M IV r
nn a pris soin de déclarer à 1 autour que la
plus grande partie de son œuvre avait trouvé
grâce devant messieurs les comédiens ordinai-
res de. la rue do Richelieu. "«undi
M. Lemercier a été invité seulement à re-
toucher le dénouaient il vase mettre à la be-
sogne. Après la seconde lecture, qui doit lui
être prochainement accordée, ilestprobable que
le comité voudra bien prononcer le fameux
Gibory passa sa robuste main autour de
la taille de l'horrible créature, et, la regar-.
dant avec un sourire
Allons 1 allons 1 dit-il avec bonhomie
ce n'est pas de mol que tu as peur, n'est-ce
pas 1 II n'y a donc pas à t'inquiéter. Cû
que je sais, il n'y a que moi qui le sais.
et,
Que faites-vous ? soyez sage mur-
murmura la mégère en essayant molle-
ment de se dégager.
Est-ce que tu y tiens beaucoup ? répli-
qua Gibory.
Elle rougit.
faib7eLaiSSeZ~mOi l#>* rélJéta-t-elle d'u»e voix
faible.
Gibory fit uu mouvement brusque et jeta
autour de lç chambre un regard effaré.
Gtut! fit -il en même temps, un doiei
§u:Ses lèvres.
Quoi?. balbutia la vieille.<>'
As-tu entendu ?.
Non. .̃̃ :•̃. l
Je suis cependant bien sûr de ne pas
m'être trompé. Le bruit vient de par iàl 1.
ajouta le bohème en désignant la porte con-
damnée, tout en suivant du coin de l'œil
les mouvements de la vieille.
Au geste indicateur de Gibory, celle-ci
s'était levée à son tour en trébuchant et pâ-
lissant, malgré son ivresse.
C'est impossible tu dois të iron~-
per c'est le vent!
N'importe i. Il faut aller voir.
Y pensez-voua?. s'écria l'horrible •
créature avec une explosion d'effroi sin-
cère. 1-
Si j'y pence? je crois bien 1 dit Gibory
en saisissant le chandelier qui éclairait
celte scène.
Et, enlaçant de nouveau la servante àhin ̃̃>
brasfésolu:
Viens. murmura- il tu n'a3 pas peur .`
avec moi, j'espère. viens 1.
Et d'une voix plus basse, en se penchant °
à son oreille
Et au retour, nous causerons! ajouta-
t-il. Ouvre l allons, ouvre vite 1
Comme domptée par l'accent d'autorité de
Gibory, la vieille obéit.
La porte s'ouvrit alors. Une bouffée d'air
humide, d'une senteur étraago, s'engouffra
dans la chambre.
Et Gibory, traînant la vieille, disparut avec `
elle dans la chambra mystérieuse.
hisaFS Zâccows ei A&otps» IUcoî^
i fik suite à dsmmn.\
rement fantaisiste, mais qui n'a rien perdu
de son actualité
Vous vous étonnez, disait l'auteur des Reîse-
bîlder, de la forme da l'organe nasal qui dis
tinguo toute la famille dos Bourbons 1. Moi,
je m'étonne, au contraire, que le nez de ces
gens-là soit si eourtl. Depuis qu'ils attendent
laur rappel sur le trône de France, leur nez,
en effet, a eu terriblement le temps de s'allon-
ger.
Il s'allonge encore. a
r-
Cham est très brillant cette semaine
La scène représente un compteir de café. Un
jeune gommeux est venu s'asseoir à côté de la
dame sa surprise est extrême,
Mais, monsieur!
Les dames n'ont plus lo droit d'être seules
au café.
Une jolie petile femme est dans son lit; elle
sonne sa bonne ..̃•̃"•̃̃̃
Marguerite, apportez mon café.
Alors je vais aller chercher un monsieur.
Hein?.
J'ai vu. sur le journal que les dames, ne
pouvaient plus être seules au café.
Exposition de 1874. La revanche de Jeanne
d'Arc. é. i
dette fois c'est le cheval qui est le petit.
Mais les cheveux sont luxuriants, la poitrine
est luxuriante, et quand à co qui. pose sur le
cheval, c'est. à ravir Lepetit. •
Un bon bourgeois compte ses couverts d'ar-
gent
Il nous manque une fourchette 1
Elles s'avalent aujourd'hui, dit sa femme.
Faisons ouvrir la bonno, répond le léroce
homme.
Georges Mayrant.
CHRONIQUE DU SPORT
Courtes au bute de Boulogne
Deuxième journée. Dimanche 12 avril 487 i.
Sans élever bien haut le niveau de la produc-
tion de trois ans, les courses de dimanche der
nier démontrent cependant que l'on s'était un
peu hâté de la juger aussi mauvaise. Les résul-
tats de la première journée se sont, au reste,
trouvés confirmés, en ce sens que Premier-Mai
est bien jusqu'ici le meilleur poulain de trois
ans connu. Il a fait une magnifique course
contre Franc- Tireur, et celui-ci n'a gagné que
très difficilement d'une tôle sur le poteau.
Co n'est pas que la performance du jeune
cheval soit très belle, en raison du poids énorme
que le, vainqueur lui rendait. Mais dans lo prix
d« Luièceet dans Ips mêmes conditions Franc-
Tireur avait battu Perla, le meilleur dos pro-
duitsdo trois uns connus au potitgalop. t>tto|lois,
non-soulemoiit il lui a fallu s'etandro, mais en-
core, il a été mis sévèrement à l'ouvrage. Ou
peut inêiiio dire, ù l'avantage du t'iviuicr-Mai,
que, lu course ayant eu lieu sur nna dislaïk-.e de
2,400 mètres, c'est-à-dire liMiiûrne quexollo du-
Derby, il n'y a pas a douter do sa qualité, re-,
lalivo.
L'antagonisme do Boiard et $e Flageolet s'est
ïenouvelé dans le prix Hainbow. Celte fois Fia-
geolet avait appelé Moissonneur à son aide;
inais cet auxiliaire lui a été d'autant moins utile
que la course nous a semblé menéa un train
assez lent. Pendant toute sa durée Boiartl tirait
tiôs fort, et sur la fin du parcours il a' gagné
comme il a voulu. C'est eu vérité pitié de voir
un aussi bon cheval que Flageolet s'épuiser
inutilement contre un adversaire d'une supé-
riorité écrasante; il mériterait d'être davaniag©
niéuagé. Quant a Boiard, c'est décidément un
animal hors ligne et comme nous n'en avons
pas vu depuis Gladiateur. Il n'existe pus dans le
monde .entier un cheval capable aujourd'hui do
Je battre à poid-s égal.̃•-̃̃
.[.'écurie de M. Lefebvre s'est montrée dans
uns forme redoutable en gagnant les trois au^-
tres courses de la journée. Néanmoins, dans le
prix de Longehumps, l'écurie Voulait évidem-
ment gagner avec Vexatioa; mais il lui a fallu
appeler Succès a la rescousse, et il n'était que
temps Cantine, à M. Delamarre, a failli de bien
lieu faire échouer la combinaison.
Cette supériorité de l'écurie de M. Lefabyre
s'iioceniuo d'une manière assez inquiaanto
pour ses côneurrenta. Il sera bien difficile, a
mo. us de la révélation de quelque champion in-
to >nu, de 1 empocher dû gagner lo Derby fran
cuis. Oïl parlait beaucoup d uii essai qui aurait
été l'ait dernièrement entre Novateur, Ihoit et
Coinbat. Le jeune cheval aurait gagné ù une
différence de poids, qui permet de supposer
qu'il suffira à la tariio et quo l'on n'aurait pas
ieaoiu de faire venir le meilleur de l'écurie, ,i
Fou-d' Autour, qui serait réservé pour, l'Angle-
lerro.
ffciilLLKTON DU GA ULOiS N» 23 (1)
14 AVRir, 1874.
k ~s~: LA MAISON 't'
̃̃LA MAISON /̃̃'̃.̃
̃ •!& "̃̃ ̃̃̃•
U RUE ZACHARIË
__<'
x. w
Deuxième parti*
• -ÏTO
A ~r~^ § i'. ~t
LE SECRET DE CUAUVEAU
Comme si le hasard lui-mêmo eût voulu
se mettre du côté de Gibory, une circons-
tance fortuite avait d'ailleurs .singulière-
ment facilité au bohème l'accès de kv mai-
son mystériètisè. "'̃
Au moment en effeît où, après avoir fait
résonner sur la porte le lourd marteau de
tVr rouillé, il se demandait s'il n'allait pas
être réduit, pour entrer, de tenter de nou-
veaux tours de force ou d'agilité, il sentit
un« main se poser sur son épaule.
il si retourna et reconnut la servante de
CUauveau.
Une expression d'étonnement joyeux se
iissit sur le visage de l'affreuse mégère.
Gibory, qui était quelque peu physiono-
miste, ne s'y trompa point. Il prit son air
le plus aimable, an serrant la main de la
vieille aveo vigueur. `
Conune ça se trouve s'écria-t-il c'est
justement vous que je cherchais.
Vous êtes doue revenu à Paris ? fit la
vieilla en dévorant le bohème du regard.
Depuis ce matin et vous voyez, ma
greertiière visite est pour \ous.
Gbiory, juSijti'à un certain point, disait
la vérité: car sa visite ûBalizellr, vu le suc-
cès «ju'il en avait obtenu, ne valait plus
nièmC ia peine de compter.
aîîJ murmura la mégère en minau?
dant d'un /»ir qui denna à Gibory la chair
de poule. n
Elle n'en dît pas davantage mais elle
sourit. C'était horrible l
(i) RepïoànclluH autorisée pour tous leajour-
eiux ayanî m U4të j»*«c la Société des «ta»*
f% UUros.- ̃̃̃̃-•̃̃
Prix de Boulogne. 3,000 fr. pour che-
vaux de 3 ans et au-dessus. Dislanco 3,000
mètres.
Clairvoyant, pn b., 3 ans, par Montagnard et
Gastorine, 47 k., à M. J. Lofèvre (Kelly). 4
Wild-Monarch, pn b., 3 ans, 47 k., à M. Mau-
rice W. (Ghilds) 2
Monopole, pn b. b.^ 3 ans, 47 k., à M. H. Jen-
nings (Gowey) 3
Non placés Marron, Elan, Fashionablo,
Bravo et Tarbes.
Gagné iacilemont de deux longueurs; une
longueur du second au troisième.
11 chevaux engagés; 8 ont couru. •
Prix de Longchamps. Poule des pro-
duits, 4,000 fr., pour pouliches nées en 1871.
Distance 2,800 mètres.
Succès, pn al., 3 ans, par Gladiateur et Sunrise,
54 k., à M. J. Leiebre (Jennings) 1
Cantine, pche b., 3 ans, 52 k., à M. H. Dela-
marre (Carver) 2
Vexation, pche b., 3 ans, 52 k. 1/2, à M. J. Le-
fèvre (Hudsoo) 3
Peut Etre, pn al., 3 ans, 64 k:, à M. P. Au-
mont (P. Jennings) 4
Non placés Abigaïl, Joconde, Kopeck, Re-
gret, Mascara, lrèue et Prophétie.
Gagné d'une encolure; une demi-longueur
du second au troisième, une longueur du troi-
sième au quatrième.
44 chevaux engagés; 11 ont couru.
Prix de la Seine.– 10,000 f. pour chevaux
de 3 ans et uu-dessus.– Distance 2,400 met.
Franc-Tireur, pn b., 4 ans, par Tournament et
Fleur-des-Bois, 64 k., à M. lu major Frido-
lin (Ch. Prati) 1
Premier- Mai, pn b., 3 ans, 50 k.,à M. II. Jen-
nings.((Vrutt). 2
Figaro II, pnb., 3' ans, 50 "k., à M. P. Aumont
(A. Watkiiiï) r 3
Non placés Eros, Faublus, Christiania et
Perçante.
Gagné assez facilement d'une tête; trois lon-
gueurs du .second au, troisième.
12 chevaux engagés 7 ont couru.
Prix Halmbow. 15,000 fr. pour chevaux
de 4 ans et au-dessus. Distance B.COO mot.
Boïard, pn b., 4 ans, par Yeraiont et la Bos-
sue, 57 k., à M. H. Delamarra (Carver). 1
Flageolet, pn al., 4 ans, 57 k., à M. J; Lefcvre
(Jonnings) .m. 2
Moissonneur, pn al., 4 ans, 57 k., a ii. i. Le-
fèvre(Hudsonj.i. 3 3
Gagné facilement d'une longueur; trois lon-
gueurs du second au troisième.
7 chevaux engagés 3 ont couru.
Prix Vanteau. 4,000 fr. pour pouli-
ches de 3 ans. Distance 2,000 mètres.
Poudrière, pche b. 3 ans, par Monarque et.
Duchess-of Newcaslle, 56 k., à M. J.;Letôvre,
(Jeunuings). 1
Atropos, pulie h. b., 3 ans, 56 k., à M. Fould,
(Uuuter).. 2
Destinée, pehv' 0. 3 uns, 50 k., a &1. P. Au-
munt (Carrait) 3
Aui'wro, piihe b., ii ans, a Ûl, te .^uc d« Fezen-,
gac (Moyers) 4
Non placés Nixette, Négora, Virevolte,
Hall'-Crow.
Gtigné très facilement do qtialre longueurs ;j
une longueur du second ati troisième. ;1
10 chevaux engagés; 8 oui conrii.
Dtuiaucli«-!+pri>ctitttav;?tJ"0!S'*tne journée à»
Longchanijjs.
f.lt Ïiïi.,l^-L4,i ^j. AlIGBR.
N <
CHRONIQUE DES TRIBUNAUX
f $ ̃<
LE HELDEB A. LA 8° CUiMBRE. UN DOC-
TEUR VOLEUR DELIVRES.
Jamais les abords delà 8" chambra n'a-
vaient eu une physionomie aussi gaie c'é-
tait à se croire au restaurant du Helder en-
tre une heure et deux heures du matin.
Personne n'y manquait. Petits fers, gan-
dins, gommeux, uoùodès, s'y étaient donné
rendez-vous. Il ne s'agissait de rien moins
que d'assister au combat judiciaire de trois
petites dames dont j'ignore les noms, mais
dont les sobriquets sont restés dans ma
mémoire. L'une d'elles, Mlle Pot- à-Tabac,
s'était permise de traiter Mlle Boule-dc-
Saif de fille de guillotine », ci Mlle Graine
de je ne sais quoi avait approuvé de la voix
et du geàte 1 épilhète maisounome. Inde
ira de Mlle Boule-de-îkiif, et la plainte qui
amenait hier ses deux rivales devant la po-
lice correctionnelle.
Seulement, au dernier moment et lorsque
les amis de ces intéressâmes personnes
se préparaient à les suivre devant le tribu
uni, Mc Allard, l'avooat de l'une d'elles, eut
l'excelloniB pensée de proposer ime concilia-
tion M6 Doumerc, le défenseur des prévenus,
Nous avons dit que Glbory était venu rue
Zàcharië avec la résolution bien arrôtéo de
ne reculer devant rien. Ainsi disposé, il
comprit tout le parti qu'il pouvait Hier des
bonnes dispositions du la servante de Ghau-
veau, et il se jura in petto de faire au
triomphe du réâultat qu'il poursuivait le
sacrifice de ses élus légitimes répugnances.
Déjà la mégère avait introduit la clef
dans la serrure, et l'épaisse porte de la
maison sinistre grinçait sur ses gonds,
montrant le couloir sombre.
Je passe devant pour vous montrer le
chemin, dit la vieille avec un mouvement
qu'elle crut gracieux et qui atteignait les
dernières limites du grotesque.
(iibory entra; et, au moment de refermer la
pot te derrière lui, il s'apeiçutque la vieille,
nar une distraction inexplicable, consé-
ùueu'*® sans doute de l'émotion qui l'sgi-
tait, avaiî publié de retirer la clef de la
semue. ̃ •̃̃•"̃̃
Une idée subite traversa iVst«rit de Gi-
bory avec une prestesse inouïe, il en'eva
cette clef, la mit dans eu poche et referma
la porte avec bruit. Ce mouvement s'était
accompli avec une telle rapidité, qiWTà"str.
vante M Chauveau a'en eut aucun soup-
çon.
SacieJié I dit-il en s'empressant de
rejoindre son Ariane, ça manque QSjLçnliel-
Iciueutde gaz dans cette maison- cil l
Nous sommes arrivés, répondit la
vieille avec émotion. Si vous n'y voyez
pas, prenez ma main. je vous dirige-
rai. `..
E(, dans i'obscurllé, Gibory sentit la main
sèche de la mégère qui cherchait Ja
sienne. Il la prit courageusement et crut
8'apercevoir qu'elle tremblait. Un instant
après, un mince liletde lumière filtrait par
la porte dû l'appartement du Chauveau.
Gibory eut ua éclair d'épouvanté.
Est-ce qu'il y a du monde chez vous ? R
murmura-t il à voix basse.
L'Ariane se retourna, et, lui pressant la
main
Méfiant I dit-elle d'un tonde reproche.
Comment pouvez- vous eraire,?
Mais celte lumière?
C'est moi qui l'ai laissée en sortant
pour aller chercht F mon dîuer.
Vous u'aye?. ûvna pas dîné?
Pas encore.
Eh bien, moi non plus.
Vrai ? s'écria-t-elle avec un accent de
joje. n "}
Parole d'honneur! j'ai été tellement
absorbé j>ar çueiimes ajjfaires un drame
ne s'y opposa pas, et ces demoiselles tom-
bèrent immédiatement d'accord et dans les
bras les unes des autres, en attendant que
l'heure fût venue de signer la réconciliation
sur le champ de bataille même.
Et veilà comment les honorables magis-
trats de la 8e chambre n'ont aperçu qu'à
travers la porte entr'ouverte les toilettes
abracadabrantes de Mlles Pot-à-Tabac
Boule-de-Suif et Graine de je ne sais quoi.
̃ ̃
La même huitième chambre a jugé un
médecin accusé d'avoir fait des visites trop
gratuites aux étalages de certaines librai-
ries. Si encore il leur avait pris des livres de
médecine, ce serait là une circonstance at-
téauante mais le docteur Bonnefoy préfé-
rait les Jeunes Francs -Tireurs, Béranger
et le Règne de Henri III.
C'est le libraire auquel il a soustrait ce
dernier ouvrage qui l'a fait arrêter, et M.
Bonnefoy s'est défendu devant le commis-
saire de police en racontant que sa femme
le rendait si malheureux, qu'il en perdait
parfois la raison.
A n'en juger que par ses lettres à sa fem-
me, on serait tenté de croire aux infortunes
conjugales du docteur, car voici un échan-
tillon de sa correspondance avec Mme Bon-
nefoy
Ah jo t'y prends, car sache bien que j'ai
des moyons infailmblbs do m'en apercevoir
(tu no connais pas tout ot jo suis pins fort que
toi), et tu veux que je ne t'aprello pas b. de
canaille, voleuse et mtnteuse. Canaille, tu
fouilles dans mos affaires; voleuse, tu m'as
̃coléio reçu do 2,000 francs, mais on na mo
prend pas sans vert, moi j'en ai un duplicata
visé et paraphé, et on lieu sûr, où tu ne four-
reras jamais ton nez, et plus de 400 francs en
billets. Menteuse, avec quel aplomb tu niais
cela le 21 mars dernier Eh bien, ma tille, tu
es b. laide au moral; ton oncle tea déjà dit:
c'est un honnête homme, lui ah tu croîs que
tu vas continuer uvec moi lo même système
qa'avec ton père ? Délrompe-toi, ma chère ils
sont passés ces jours de lèle, où jo te donnais
2,000 francs comme cela; j'ai les yeux ou-
vei\s étais je bête, mou Dieu? Mais je te le
répote c'est fini et bien fini. Tu croyais avoir
affaire à un vieux, un usé Aii ah 1. J'en li- ·
rai lougteuips, et tu crèveras à la peine; oui 1
tu crèveras c'est moi, médecin, qui to le dis,
Te n'as pas besoin de savoir pourquoi, et tout
ce que tu pourrais faire n'y pourra rien, et tu
débarrasseras moi et la société do ta laide per-
sonne.
Cet excellent mari et ce bibliomane en-
ragé n'était guère fait pour provoquer l'iu-
dulgence du tribunal. Aussi, sur les réqui-
sitions de M. Lefebvre do Viei'yille, a-t-il été
condamné à deux mois de prison.
René DE PONT-JEST.
–L__ -mr– i ̃-
Ce qui se passe
M. le maréchal de Mac-Mahon, président
do la République, doit commencer aujour-
d'hui la tournée dans laquelle il doit visiter
l'emplacement des nouveaux forts qui vont
être élevés pour la défense de Paris.
M. le duc d'Aumale est arrivé à Paris
hier matin.
Nous apprenons la mort de M. J.-B. Vays-
sard. conservateur honoraire de la Jbiblio-
thèqùe de l'Arsenal.
Un. artiste qui eut ses jours de gloire et
de célébrité, et qui fut un excellent hommr,
le paysagiste Louis-Auguste Lapito, est
mort la semaine dernière à Boulogne-sur-
Seine.
Lapito fut un des meilleurs élèves de Wa-
ttlet, qui le premier rompit le joug des
traditions de l'école et tenta de substituer
l'étude naïve de la nature aux conventions
académiques. Cette école mixte, qui se dis-
tinguait parfois par des qualités de cou-
leur et de dessin, a certainement contribué
auxprogrès des paysagistes français; mais
elle devait fatalement s'éclipser devant 'l'é-
nergie, le feu et l'originalité d'artistes tels
que Théodore Rousseau, Diaz, Paul Iluet,
Ùupré, Corot et autres. Lapito se préoccu-
pait beaucoup de la composition de ses ta-
bleaux, et, môme devant la nature, il lais-
sait percer son amour du style, ce qui don-
en cinq actes que j'ai lu tantôt à la Comé-
die-Française, une féerie chez Hostein, ma
revue aux Variétés. enfin, ja n'ai pas eu
une seule minute et, ai vous vouliez, nous
erious une vraie noce ici.
Ah l minauda la servante, si j'avais pu
prévoir 1 c'eut que j'ai si peu de chose 1
Bah 1 bah 1 à la guerre comme à la
guerre, répliqua Gibory en examinant les
maigres empW-ttes que la vieil'e venait de
déposer sur la tab'e. Da jambon l d'York,
encore I Vous vous mettez bu ni et des ra-
dis, et eu fromage 1. Mais c'est un vrai
menu de cabinet particulier I Voyons 1
voyons Il n'y a pas de danger que Chau-
veau nous tombe sur le dos, n Vst-ce pas?
Pour ça, je vous en réponds I
Eh bien, nous allons faire un petit re-
pas en tôte-a-tête. Je ne \ous dis que çu
Attendez pourvoir.
Et, en parlant de la sorte, Gibory tira -de
sa poche un louis, qs'il tendit à la vieille
fateinée.
Toucz I fit il comme le jambon donne
soif, vous allez me faire le plaisir d'aller
chercher avec ça quatre bonnes bouteilles
de bourgogne. Uu'est-ce que vous en dites ?
La mégère prit le louis avec un empres-
sement qui n'échappa pas à Gibory.
Boni pensa- 1 -il, gourmande et vi-
veuse on pourra causer.
G 'pendant, corame retenue par une pen-
sée sectète, la servante, roulant le louis en-
tre ses doigts, demeurait îuimobile.
Le bohème eut une inspiration do génie
Seulement, »jouta-t-il, tâchez de re-
venir ie plus tôt possible. car, je ne sais
pourquoi, je n'aime pas être seul dans cette
maison-ci.
La vieille haussa les épaules, et, envoyant
à Gibory un dernier sourire tout chargé
d'eifluves, elle disparut rapide tt empres-
sée.
Le bohème écouta le brait de s? s pas
dapjj l'escalier; puis, dès qu'il futsuul, il
entra dans le cabinet ûe Ciiàuyeau et se mit
à l'explorer.
L'aspect n'en avait pas chscgé c'était
toujours la pièce glaciale, aux murs nus,
au «arrelage disjoint, que Baradhm avait
4éjà vi3ité sans y ripn découvrir. Dans un
cojn, le vieux carton vert défoncé montrait
toujours le bout de paperasses jaunies et.
papa yajeur. Gjbory se mit alors abonder les
mura, qui ro»dimu partQiU uu cfiii B?.|isiQi-
sant. Au fond du cubinct était une poite
condamnée. Il essaya de ia pousser ia
pork; était solide et évidemment Ici niée de-
j)uij de longues années. Le bohème revint
nait à son œuvre quelque sécheresse. A
Eotre avis, l'un de ses meilleurs tableaux
est la vue prise dans la forêt de Fontaine-
bleau, au site des Quatre-Fiis-Aymon, qui
figure au Luxembourg.
L'artiste avait beaucoup voyagé ea
Suisse, en Italie et dans le midi de la
France, et les toiles qu'il rapportait de ces
excursions étaient fort prisées des ama-
teurs.
Il exposa pour la première fois en 4827
il obtint la médaille de 2" elasse en 1833,
celle de lr# classe en 1835, et il fut fait
chevalier de la Légion d'honneur en 1836.
pour une vue des Andelys. A l'Exposition
universelle de 1855, on remarqua beau-
coup le Golfe de Rapallo.
Au Salon êe 1870, il exposait encore deux
tableaux une vue de la Suisse italienne et
un site delà forêt de Fontainebleau.
Né en 1805, à Saint-Maur, près Paris,
Auguste Lapito avait soixante-neuf ans.
L'Académie des sciences morales et po-
litiques, dans sa séance de samedi 11
avril, a nommé correspondant auprès de ia
section de morale, en remplacement de
MM. Lieber fttDeMctz, décédés, M. Aubertin,
recteur de l'académie do Clermont, et M.
Salmon, promier président de la cour de
Douai.
Nous avons dit que le préfet de la Seine
et le général de Ladmirault étaient sur le
point de s'eatendre pour l'installation du
cercle militaire à l'hôiel de la place Ven-
dôme, propriété de la Ville.
Mais crac au moment de conclure, voilà
que M. le commandant Nigra propose d'a-
cheter l'immeuble il en offre comptant un
million.
La proposition est tentante, et nous ne
voudrions pas parier aujourd'hui pour le
général de Ladmirault.
Pauvre cercle militaire que de vicissi-
tudes môme avant de naître 1
La distribution des prix extraordinaires
du concours hippique a eu lieu hier
Le diplôme de 3,000 francs a été obtenu
par les deux grands carrossiers bais de M.
Maurice Waller
La diplôme de 1,800 francs, par les deux
juments bretonnes déjà primée* au concours
de Nantes et appartenant à M. Martial.
Dans les chevaux attelés seuls de la grande
taille, Black-Bess, à M. Revel, a reçu le prix
de 1,500 francs.
Le diplôme de 1,200 francs destiné aux
chevaux seuls de la'petite taille a égale-
ment été gagné par M. Revel avec le cheval
Roqaelaure.
Enfin, dans les chevaux de selle, la ju-
ment Brunette, appartenant au marquis de
Castelbajac, a remporté le diplôme de
1,000 francs. Elle a du reste été admirable-
ment montée par M. Mackensie-Grieves.
La réunion était aussi complète que jolie:
M. le maréchal de Mac-Mahon, M. le général
de Ladmirault, Mgr le comte de Paris, Mme
la comtesse de Paris, Leurs Altesses le
comte et la comtesse d'Eu, le duc et la
duchesse d'Alençon, le duc de Nemours, le
duc de Montpensier, le duc et ia duchesse
de Bisaccia, et une si grande quantité de jo
lias femmes qu'il est matériellement impos-
sible d'en désigner une seule.
La dernière soirée donnée par le docteur
Mandl a dignement cîos la série des fêtes
données cet hiver dans cette amusante
maison.
Comme chaque année, on a joué une re-
vue, due celte fois à la plume spirituelle de
MM. Abraham Dreyfus et îassin.
Ça été une série d'amusantes parodies
théâtrales, jouées par Mlles Hortense et
Elise Damain et MmeRichauld, MM. Saint-
Germain, Plet, Fusier, Ben, etc.
Marius Boullard, chef d'orchestre des Va-
riétés, tenait le piano.
Le succès de la soirée a été le buste du
docteur exécuté par Saint-Germain, qui
s'est fait la tête frappante de M. Mandl.
Pendant la soirée, on a entendu MM.
Payons, J. Lefort, Hess, Dtlsarte et Mlle
Heilbron, retour de Londres, qui a chanté
comme un ange italien.
Décoration de la cour iiaïéri^ara
do l'hôtal Carnavalet.
M. Roguet, architecte de la Ville, vient de
présenter un projet des plus anisiiquis
dans la première pièce et essaya de s'orien-
ter en vassemblant les souvenirs de sa pre-
mière excursion. I! lui fut impossible de
retrouver ia direction de la pièce mysté-
rieuse où il avait vu ie spectacle étrange
qui l'avait si profondément frappé le jour
de son entrée aventureuse par l'imposte de
la rue de la Iluchette. Il chercha longtemps,
toujours en vain.
Allons 1 niurmura-4-il, il faudra em-
ployer les grands moyens. Soit 1
Presque, au même instant la porte s'ou-
vrit et la mégèra reparut. Gibory poussa
une exclamation
Pe&te 1 s'écria-t-il, quelle tenue l
En effet, l'horrible créature avait profité
de sa courte absence pour faire une toilette
inattendue. Elle avait revelu une vieille robe
de soie marron et un tounet à fleurs fané
et sali, qui lui donnait l'aspect d'une de ces
sordides marchandes à la toilette dont on
retrouve encore çà et là quelques types dans
les quartiers voisins de la rue des Martyrs.
Au compliment intéressé de Gibory, la
vieille baissa modestement les yeux.
On murimira-t-dlJe flatteti, c'était
bien le moins de faire un bout de toilette.
Et, co disant, elle mit « ie couvert », c'est-
à-dire qu'elle étala sur la labié les provi-
sions et les bouteilles
Diable 1 lit le bohème, votre argenterie
n'est pas brillante, la mère 1
Que voulez-vous? nous ne sommes pas
riches, lit la servante avec un soupir.
Allons I à table I s'écria joyeusement
Gibory, qui se mit à attaquer le repas avec
un appétit résolu, A votre santé, ia mère 1
equtinua-t-U en remplissant jusqu'au bord
la verre de la mégère, qui l'avala d'un
trait.
Dites donc I fit-elle en posant son ver-
re vide sur la table, si l'on savait qua Doua
sommes là ensemble, à souper en tête-à-
tête. que je reçois des 1ig amies chez
moi, q"4'est-oe qu'on dirait, mon Dieu ?
lié hé répliqua Gibory en clignant
de l'œil, on n'aarail peut-être pas ioct de
dire. Savez-vous que vous êtes encore
très bkn, la petite mère?
Flatteur!
Hon, vrai! 'continua Gibory, vous avez
positivement un caractère à vous qui m'a
frappé tout d'abord. Es paiâ vous ûi'aveg
toujours accueilli avec uye bienveillance
dont j'ai été pénétré. Ce soir encore vous
me abnnez à dîner, vous rae traitez comme
un coq en pâte.
Aul Ut la mégère en fhant sur le bo-
hème un long regard, c'est que je vous
· Y,~t~ y~
pour la décoration de cette partie, du palais,
complètement négligée jusqu'à ce jour.
Il consiste à élever, de trois côtés de la
cour, d'élégantes colonnades qui supporte-
raient des morceaux d'architecture prove-
nant des monuments détruits par suite des
embellissements de la capitale.
Les trois plus curieux spécimens seraient.:
1° l'arc de Nazareth, œuvre du' seizième
siècle, qui existait autrefois à l'catrée de la
rue de ce nom, près l'ancienne préfecture
de police; 2° la façade de l'antique hôtel des
Drapiers, élevé au dix-septième siècle, rue
des Lavandières-Sainte-Opportune. Ce mo-
nument disparut lors des travaux entrepris
pour le dégagement des Halles centrales
3° enfin la colonnade gracieuse de l'hôtel de
Choiseul, monument du dix-huitième siè-
cle, qui fut démoli pour le percement de la
rue du 4 Septembre.
Ce projet, on le voit, est comme une se-
conde édition de ce qui a été fait dans la
cour d'hoeneur de l'Ecole des beaux-arts.
L'idée n'en est pas moins heureuse, et il
y a tout lieu de croire qu'elle sera adoptée
par no3 édiles.
Incroyable le commerce parisien 1
L'évasion de Rochefort produit déjà son
effet l'industrie s'en empare et l'exploite
à sa manière.
On fabrique depuis deux jours des boucles
d'oreilles eu ivoire, affectant la forme d'une
lanterne, avec enjolivements de couleur
rouge. Manière ingénieuse de fêter le retour
de l'évadé de Nouméa 1 ̃ ».
Le drame de la nuit dernière.
La Seine a été la nuit dernière le théâ-
tre d'un drame qui a failli se terminer par
la mort du principal acteur de cette scène
sinistre.
Vers deux heures et demie du matin, les
gardiens de la paixj Duchatelle et Saget,
arrivant au quai par la rue d'Iéna, enten-
dirent des cris de détresse qui semblaient
partir du côté du quai de la Conférence.
Ils se dirigèrent aussitôt dans cette direc-
tion.
Au secours 1 à moi, mes amis je me
noie 1 je me meurs sauvez-moi exclamait
une voix qui, à tout instant, allait en s'af-
faiblissant.
En arrivant au bord du fleuve, les agents
aperçurent un malheureux individu qui se
débattait contre le courant, suspendu par
les mains à un bateau de pêcheur amarré
au deuxième ponton des bateaux-omnibus
établi en aval du pont de la Concorde.
Le bateau auquel le noyé s'était accro-
ché se trouvant à deux mètres plus loin que
le ponton, il fallut que le gardien Jaquet,
pour y arriver, se laissât glisser le long
d'une corde d'amarre. Après de nombreux
efforts, il finit par attirer à lui le noyé, qui
avait déjà perdu connaissance; mais il se
tenait encore au bateau par ses deux mains
crispées sur le bordage dans une dernière
convulsion.
Après avoir coupé l'amarre du bateau
avec son sabre-baïonnette, le gardien de la
paix parvint à gagner la rive, et, avec l'aide
de son camarade et de trois cantonniers,
transporta celui qu'il venait d'arracher à la
mort au poste du palais de l'Industrie.
Vers trois heures, à force de soins, l'indi-
vidu revenait à lui mais il n'avait pas en-
core suffisamment recouvré l'usage de ses
sens pour faire connaître son identité.
Ce n'est qu'à six heures du matin que,
tout à fait remis, il a déclaré se nommer Jo-
seph Louis, âgé de vingt-deux ans, mar-
chand colporteur.
Ce pauvre diable rentrait ivre à sou do-
micile, et c'est accidentellement qu'il était
tombé dans la Seine.
Il s'est patsé la nuit dernière chez Bré-
bant un t'ait fort divertissant
Une demoiselle du huitième de monde
avait soupe, en cabinet particulier, avec un
seigneur, comme dit Fer vasques.
Le Uoméo de cette JulioUe, un Nnglais,
se mita pousser des hurlements quand, en
vérifiant l'addition, il y vit porto l'article
suivant
Glace 100 fr.
Mais nous n'avons pss mangé de
gîace! s'écria-t-il. Je étais volé 1
Vous n'avez pas mangé de glace, ré-
pondit le garçon, non mais madame a rayé
avec le diamant de sa bague celle du cabi-
net dans lequel voae avez soupe.
connais depuis longtemps, voyez-vous vous
ne vous souvenez pas de moi, mais je me
souviens de vous. Je vous ai vu du temps
où Chauveau vous rencontrait si souvent,
du temps.
Où il s'appeiaii. M. de Brives, hein?
Précisément.
Il y a si longtemps que tu es chez
Chauveau ? s'écria. Gibory, qui buvait aveu
réserve, mais qui crut le moment venu de
faire semblant de devenir familier.
Oui, reprit la vieille, sans s'offenser
du tutoiement.
Et pourquoi n'ns-tu pas lâché cet ani-
mai-la ? un pingre 1 un fesse-Mathieu au-
quel ou ne peut pas tirer un ra'iis.
Heu vous savez l'habitude 1
Il n'y a pas d'habitude 1 et vois-tu, si
tu voulais I.
La vieille regarda Gibory avec, une ex-
pression indéiinissable de curiosité cynique^
Moi, reprit le bohème, j'ai toujours
rêvé une gouvernante comm^ tOi une
femme qui s'occuperait de nv^ affaires, qui
tiendrait ma maison en ordre. Un vaude-
villiste, ça n'a pas le temps de songer à ces
détails, et alors tout va à la six-quatre
Par exemple, il y a ces gueuses de blan-
chisseuses Avec elles, pas moyen de con-
server un bouton à une chemise. Alors,
qu'est-ce qui arrive ? On a un rendez-vous
avec un directeur. Oh va pour s'habil-
ler 1 Crae pas de boutons! Et personne
sous la main pour en remettre. Alors on
manque de tenue, les diïecteurs vous font
la mine, et l'on est toisé 1 Tandis qu'une
femme comme toi I e"est ça qui îerait mon
affaire 1 Une fortune l un trésor 1
Ohl. sans doute, je pourrais bien
vous rendre quelques petits services I. lit
la mégère, que les compliments de Gibory
mivraieut peu à pea autant que le reste.
Mais je ue suis pas libre.
Gibiry se pencha vers die, et, corame s'il
suivait ie fil de ses propres pensées
-Et puis, continuât il, à ta place,
moi je n'aimerais pas habiter une maison
coasse celle- ci, avec un gars comme ce
Chauveau.
La vieille eut un tressaillement et ouvrit
la buuuhe pour parler. Gibory ne lui en lais-
sa pas le temps.
•– j. ai comme ça des idées, des pressen-
timents à «soi, poursuivU-il. Eh bien, il
doit y avoir ici, quelque part, des choses.
tt si la police y mettait jamais le nez. ça
ne serait pasdiôle.
Que voulez- vous dire ? balbutia la ser-
vanie. »,
~rf~
Juliette a dû convenir qu'en effet elle
avait écrit son nom sur la glace, et Roméo
a payé en maugréant, en présence de deux
gardiens de la paix qui, avaient été requis,
pour trancher ce différend.
· ̃ >.
Le suicide est en voie de recrudescenee;
Voidi le bilan d'hier, très ehargé
A neuf heures du matin, 'le nommé Casi-
mir Morier, ébéniste, rue de Belleville, 210,
a été trouvé asphyxié par le charbon dans
sa chambre à coucher.
Vers dix heures, un employé dé l'octroi"
en vigie sur le port d'Austerlitz a aperçu
un individu qui se précipitait dans la Seine.
Bien vite il a prévenu des gardiens de la
paix, qui se sont portés au secours du mal-
heureux. ̃•̃•
Ce garçon, qui venait d'attenter à ses
jours, était tombé heureusement daiis un
endroit peu profond et n'avait de l'eau que
jusqu'aux épaules.
Il est revenu vers la rive et a reconnu
qu il avait eu l'intention foimelle de se don-
ner la mort, à la suite d'une querelle qu'il
venait d avoir avec son beau-père
Il se, nomme Auguste-Louis Seret cor-
royeur, âgé de dix-huit ans.
Notons enfin une dernière teni^ttive de
suicide
A neuf heures et demie du soir, M.Louis-
Georges D. employé au ministère de la
guerre, demeurant rue de la Vieille-Eatra-
Piide, 15, s est tiré deux coups de revolver
dans la région du cœur. Les balles ont
heureusement dévié et se sont logées dans
le bras gauche et au défaut de l'épaule. Les
blessures sont sans gravité. P
M. Georges D. aurait attenté à ses jours
a-la suite de querelles de ménage.
,¡ HlPPOLYTB NABBT.
BRUITS DE COULISSES
Aujourd'hui, à l'Opâra, Maulet, pour l'avant-
dernière représeutation de Mlle ~`idès Devriès.
C'est également dans le rôle d'Ophélie que
cette cantatrice fera après-:demain. ~te~erodi
ses adieux au
Ces deux représentations sont l'événement da
jour, surtout depuis que la jeune artiste a dé-
claré son irrévocable résolution de quitter le
théâtro sans retour.
h Q.Us M^ei?ple-3- fa,meux prouveraient cepen-
dant à Mlle Devriès l'inconséquence de pareil-
les déclarations En voici un entre mille •
Mlle Sontag, devenue comtesse Rossi, renonça,
e le aussi, au théâtre à la fleur de son talent5!'
c était en 1830 la célèbre artisto avait alors
vingt cinq ans et devenait ambassadrice pour de
vrai. Elle m savoir à toutes les légations des
deux mondes qu'elle renonçait à la scène se
réservant exclusivement les concerts
Donc, le 28 janvier 1830, elle faisait ses
adieux définitifs et sans retour au public oari-
sien, dans Tancrède. v
Cinq mois après, cédant aux instances de ses
deBedii"1'8' °'le reparaissait aurla scè"o royal*
de Berlin~
Plus tard, des revers de fortuno' ramonèrent
Mme Sontag à Pans, et sa seconde jeune-se se
passa au théâtre, en dépit des serments de la
promfère heure du mariage. Taut ,i~Q$t,y~pï
ïuTMWd.»6 Tm- >l;e8t^i
On a repris à la Comédie-Française la VrrAs
farce de Maître Patelin et le plus brillant S
cueil a été tau a l'œuvre ot à ses intemr^*
Got, Barré et Mlle Jouassain. mtuPWtes,
Le Cid, qui reparaissait aussi après une in-
terrupUon do quelques mois, a valu les plus
siWWe1 KHî.à MM' ^4*r
Sully et Mlle ltousseil.
~M~
Le spirituel créateur des Pupazzi. M. Lemer-
cier do Nouville, a lu "ier devant îe comité du
meatie- français unecoméaie en un acte et en
vers le x>ou Moyen.
La pièce a été reçue à correction. 181 no fau-
drait pas croire que cette formule banale a été
employée pour déguisorim refus: cm- M IV r
nn a pris soin de déclarer à 1 autour que la
plus grande partie de son œuvre avait trouvé
grâce devant messieurs les comédiens ordinai-
res de. la rue do Richelieu. "«undi
M. Lemercier a été invité seulement à re-
toucher le dénouaient il vase mettre à la be-
sogne. Après la seconde lecture, qui doit lui
être prochainement accordée, ilestprobable que
le comité voudra bien prononcer le fameux
Gibory passa sa robuste main autour de
la taille de l'horrible créature, et, la regar-.
dant avec un sourire
Allons 1 allons 1 dit-il avec bonhomie
ce n'est pas de mol que tu as peur, n'est-ce
pas 1 II n'y a donc pas à t'inquiéter. Cû
que je sais, il n'y a que moi qui le sais.
et,
Que faites-vous ? soyez sage mur-
murmura la mégère en essayant molle-
ment de se dégager.
Est-ce que tu y tiens beaucoup ? répli-
qua Gibory.
Elle rougit.
faib7eLaiSSeZ~mOi l#>* rélJéta-t-elle d'u»e voix
faible.
Gibory fit uu mouvement brusque et jeta
autour de lç chambre un regard effaré.
Gtut! fit -il en même temps, un doiei
§u:Ses lèvres.
Quoi?. balbutia la vieille.<>'
As-tu entendu ?.
Non. .̃̃ :•̃. l
Je suis cependant bien sûr de ne pas
m'être trompé. Le bruit vient de par iàl 1.
ajouta le bohème en désignant la porte con-
damnée, tout en suivant du coin de l'œil
les mouvements de la vieille.
Au geste indicateur de Gibory, celle-ci
s'était levée à son tour en trébuchant et pâ-
lissant, malgré son ivresse.
C'est impossible tu dois të iron~-
per c'est le vent!
N'importe i. Il faut aller voir.
Y pensez-voua?. s'écria l'horrible •
créature avec une explosion d'effroi sin-
cère. 1-
Si j'y pence? je crois bien 1 dit Gibory
en saisissant le chandelier qui éclairait
celte scène.
Et, enlaçant de nouveau la servante àhin ̃̃>
brasfésolu:
Viens. murmura- il tu n'a3 pas peur .`
avec moi, j'espère. viens 1.
Et d'une voix plus basse, en se penchant °
à son oreille
Et au retour, nous causerons! ajouta-
t-il. Ouvre l allons, ouvre vite 1
Comme domptée par l'accent d'autorité de
Gibory, la vieille obéit.
La porte s'ouvrit alors. Une bouffée d'air
humide, d'une senteur étraago, s'engouffra
dans la chambre.
Et Gibory, traînant la vieille, disparut avec `
elle dans la chambra mystérieuse.
hisaFS Zâccows ei A&otps» IUcoî^
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