Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1874-03-01
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mars 1874 01 mars 1874
Description : 1874/03/01 (Numéro 1966). 1874/03/01 (Numéro 1966).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5211774
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/02/2008
L«~LO!&
Vous êtes le seul moderne qui fasse
assez pour F Opéra.
Seulement.
Ah 1 dame it y avait encore un ~~e-
~Mtf.
Seulement, cinq actes, c'était trop iourd
les combinaisons directoriales demandaient
un ballet en un ou deux actes avec un opéra
court: c'était, le temps où l'on donnait les
deux premiers actes de Z?M:e ou de C~-
~de t'~cï~ <~ J:e.
Il fallut céder aux exigences d'un direc-
teur qui paraissait si bien disposé, et l'on re-
Rt i'~cJ~M en trois actes.
Ci encore un an de travail, encore des
poils b!ancs au visage.
Au bout de ce temps, on précède à l'au-
` dition.
C'est devenu trop court, cela n'a plus le
sens commun; il faut remettre la pièce en
cinq actes, et l'on s'adjoint Jules Barbier
pour ce nouveau labeur.
Barbier trouve de très bonnes choses,
Membree aussi, naturellement encore un
an de travail, et.
Et l'Opéra monte .B<~<~ ~<~MM:w.c.
Du coup, barbe et cheveux, tout était
b!anc.Le~MMcependant l'espoir et le courage. Il se con-
sole dans dans le travail, et écrit, la rage
au cœur, le f~'M et ~o~e MM~c,
opéras en cinq actes. Il en a même écrit
bien d'autres ah dame, il est rudement
trempé L.
Les années s'écoulent. II renonce u l'O-
péra, et porte son œuvre au Théâtre-Lyri-
que, où son amour-propre trouve, non sans
amertume, une nouvelle satisfaction.
Sa pièce est reçue d'emblée, Martinet la
met à l'étude avec amour, les artistes l'ap-
prennent avec passion, les chœurs chantent
la partition dans les rues en sortant du
thc&tre. On va donc enfin toucher le port,
on va être joué.
Patatras. arrivent les événements de 1
1870, la guerre, le Commune; le Lyrique
brute, et avec lui la partition, le travail de
tantd'anaéest.
Il y avait de quoi démonter les plus forts;
mais rien ne peut décourager Membree M a
la foi.
Pendant qae la guerre civile ensanglante
encore les rues de Paris, sous une grêle de
balles et d'obus, il va voir ce théâtre, fu-
mant encore. It lui faut son manuscrit:
songez donc, il n'a pas le moindre brouillon
de ses cinq actes, et refaire de mémoire
tout un opéra c'est trop exiger de la
puissance humaine.
Il demande, il s'informe. Tout est brute
il ne reste que les quatre murs. C'en est
fait t la fatalité, qui s'acharne contre lui
depuis vingt ans, n'a-t-elle pas fait grâce ?
tout ce qui restait de l'B'M~a est-o
irait?.
Lueur d'espoir.
H subsiste dans tos combles une petite
pièce que ie pétrole a épargnée, se hissant
sur des décombres d'escaliers, grimpant à
des échues de débris calcinés, Membrée y
pén~t: c'est le bureau du copiste.
La partition de ~B'e est là, les coins
seulement sont roussis. A cette vue, cet
ilommc de bronze que les malheurs ont
baisse froid et insensible, cet intrépide apô-
tre de la musique manque de s'évanouir, il
dé~iHe; et lui que la douleur n'a pu abattre,
il est vaincu par la joie ~r il pleure.
Nouveaux efforts, nouveiïe audition, nou-
v@&u succès.
Quelques artistes de l'Opéra lui prêtent
leur concours, Halanzier l'écoute, les cho-
ristes l'acclament, Victor Massé lui dit: < A
` la bonne heure 1 voilà de la musique saine
et robuste. »
Membrée attend son tour, it doit passer
âpres ta ~c~~e ~c, de Mcrmet, et.
Et l'Opéra brute!
THais voici qu'il touche au but que tant
d'eucrts lui ont mérité. H fait entendre à la
Société des concerts du Conservatoire, que
dirige Deldevez, des fragments de son opéra;
ia Société lui répond que c'est trop vivant,
trop humaia~ trop scénique pour entrer dans
son artistique musée. C'est fait pour le
théâtre, lui dit-on; il vous faut le théâtre, et
non le concert.
Des amis s'en occupent, la presse en parle;
quelques membres de l'Assemblée, le comte
d'Osmoy en tête, ainsi que Vaucorbeil, ie
commissaire du gouvernement, s'intéressent
au~MK6 compositeur. On repète sur tous
HUiLLtTON DU M ~02~. N' 40 (t)
l'MARSl874.
LA MAISON
D,.
LA RUEZACHARtE
tPremdèr~ p~rMw.
XXIX'
LE SEWET DE MADAME DE CHANTEL\'S
Pendant que se passaient !cs faits que nous
menons de raconter, une scène non moins
saisissante avait iieu chez les Chantelys.
Depuis le jour où le comte Leone s'était
présente chez M. de Chantetys, ce dernier
n'avait pasj~ntendu parier de lui, et it atten-
dait, en proie a une horrible anxiété, l'effet
des menaces qui lui avaient été faites.
C'était affreux.
Dans cette maison naguère si paisible, où
Je bonheur semblait avoir pris élection de
domicile, ou la présence de Blanche, heu-
reuse et en jouée, répandait comme un rayon-
nement de jeunesse et de beauté, tout était
devenu soudain siie ncieux et triste, taci-
turne et sombre.
On n'y parlait plus, pour ainsi dire, qu'à
voix basse.comme dans une demeure où
la mort a passé.
C'était presque sinistre.
Mme de Chante)ys avait à peine vu sa
fii!e. tout au plus avait-eiie échangé quel-
ques paroles avec le comte.
A table même,, à cette heure où d'ordi-
naire l'expansion ta plus douce ne cessait
de régner, la conversation se bornait à quel-
ques phrases banales, et c'est vainement
que Btanche essayait d'égayer le front de la
(!) Reproduction autorisée pour tous lesjour-
Rtux &j'aat un trMte avec la So'}iet6 ttes gens
les tons à M. Halanzier qu'il ne touche pas
un million et demi uniquement pour repren-
dre le ~'oMpe~c; on lui fait comprendre
que le public ne demandera pas à Ventadour
les richesses qu'il voulait rue Le Peictier
on lui prouve que ~c est un opéra
solide d'action et vigoureux de musique, qui
n'exige pas les déploiements de mise en
scène de 7<~Me ou du P~o~<
Et, enfin, nous sommes heureux d'ap-
prendre que ~M~M est ia première nou-
veauté que l'Opéra va mettre à l'étude aus-
sitôt après la reprise d'.a~M~.
H est temps.
Le~'eM~e compositeur Mcmbrce aura donc
attendu viNGT-cfNQ années 1
Et maintenant, jeunes gens qui ambition-
nez la cantate du prix de Rome, lisez, mé-
ditfz et interrogez votre patience et votre
courage avant d'entrer ~dans cette terrihle
carrière.
Y, Z ET C'.
Nouvelles & Renseignements
D'après l'Agence Havas, « on ne considère
pas comme sérieux dans ia monde politique les
bruits qui circulent dans les journaux sur de
prétendus projets de remaniement de la carte
do FOrient par la Russie et l'Autriche. »
L'Agence Havas fera bien de se mettre d'ac-
cord avec )o Courrier de Paris, une autre
agence, qui dit à propos de ces mêmes bruits
si peu ~~s.- « Ce matin, M. le duc Decaxes
était fort entoure par les représentants des puis-
sances étrangères, qui venaient lui demander
un supp!ément d'informations à ieurs renseigne-
ments particuliers. Z'~ttM-C M'M< ~MtC pO:M~
M~ ~OM~, ?t~ Ms /avec des restrictions. ))
On comptait parmi les invités qui assistaient
hier à la réception du maréchal de Mac-Mahon:
MM. Léon Say, Martel, Flotard, Bérenger, Vau-
tnnn, Vacliorot, René Drico, Wo'owski, Cé-
zanne. Toisserenc de Bort, Grivart, de Sogur,
Casimir Périer, etc.; MM. Baragnon, Desjardins,
Lefébure, Vente, sous-secrétaires d'Etat Mmes
Casimir Périor, Léon Say, de Ségur, Lefébure,
Desjardins; l'ambassadeur d'Anglerre, lord
Lytton et sa femme.
Après le diner, M. Vautrain s'est entretenu
avec la marëchaie des secours organisés pour
tes malheureux, et il a proNte do l'occasion
pour lui insinuer d'user de son influença sur le
maréchal pour le convertir à la République con-
servatrice. La maréchale n'a pas paru enthou-
siasmée de la proposition et a changé losujet
do la conversation. 0
Le maréchal s'est longuement entretenu avec
MM. Wolowski et Flotard de la situation indus-
tneUe, des sounrances de la classe ouvrière et
des remèdes à y apporter. Il a beaucoup parlé
du mont-de-piété, des cuotts que l'on fait pour
dégager les objets mobiliers, des ouvriers et a
montre qu'il connaît la question à fond, on ex-
pliquant qu'un ouvrier engage d'abord son ma-
telas, puis ses culottes, ensuite les vêtements
de la pattio supérieure du corps, enfin sa che-
mise, et que ce qu'il dégage avant tout, c'est
le dernier vêtement.
La conversation a roulé ensuite sur l'indus-
trie lyonnaise le maréchal a été enchanté d'ap-
prendre qu'elle reprenait un peu d'activité.
Après la réception, les invités se sont répar-
tis chez MM. Dufaure et Buffet, qui rccevaicn
aussi.
Ainsi que seul nous l'avons annonce, M.
Claude, chef du ~en~M ~e ~Kre~ a la pré-
fecture de po)tce, prend sa retraite. H sora rem-
placé p.ar M. Patinot, qui prend le titre do chef
de la ~~e~M~a~.
L'imprimeria et ia librairie, récemment sé-
parées du ministère de l'intérieur, relèveront di-
rectement du préfet do police.
M. Mon Renault prend !o titre de préfet de
police chargé du service de la sûreté générale,
titre qui a été celui de M. Pictri sous t'Em-
piro.
Hier, M. Léon Renault a reçu officioUcmont t
tous les commissaires do poiice de Paris, qui
venaient féliciter leur chef da nouveau titre qui
vient de lui être ~onno.
On prétend que M. Oxonnu, secrétaire gé-
néral du ministère du commerce, en présence
des attaques dirigées contre lui par M. Pouyer-
Quertior, a envoyé sa démission, qui aurait été
refusée en vertu d'une délibération du conseil
des ministres.
Une réunion importante a eu lieu hier soir
chez M. Thiers, dont le mécontentement au
sujet de la candidature de M. Lodnt-Roliin a
été, comme on sait, très vif; cependant il a
été décidé que l'opposition devait rester unie,
et que la présence do M. Lsdru-RoHin dans
l'Assemblée ne devait pas empêcher toutes Jcs
fractions do la gauche de marcher d'accord
vers ce but l'appel au pays, soit au moyen
comtesse eu d'amener un sourire sur tes
lèvres de son père.
La pauvre enfant ne savait que penser, et,
prise elle-même d'une sorte de terreur ins-
tinctive, elle n'osait pas interroger les seules
personnes qui eussent pu la rassurer.
Vaguement elle pressentait un maiheur
mais quel étaît-il?
Cette situation ne pouvait cependant se
prolonger longtemps, et il était évident
qu'une explication était nécessaire.
Mme de Chantelys le comprenait; le'comte
en reconnaissait le besoin. et tous les deux
semblaient éloigner l'heure où ils allaient
se retrouver en présence. et se demander
à quelles résolutions il fallait s'arrêter.
Un matin, après le déjeuner, comme Mme
de Chantelys se levait de table pour se re-
tirer dans son appartement, le comte se
leva en même temps qu'elle et la rejoignit
au moment où elle allait franchir le seuil de
la porte.
Christiane, lui dit-ii d'une voix émue,
ne voulez-vous pas que nous causions quel-
ques instants aujourd'hui? q
Mme de Chantelys tressaillit et se re-
tourna,
Si vous le désirez, mon ami, répondit-
e!Ic, je me rendrai chez vous à l'heure que
vous m'aurez indiquée.
Chaque jour de retard est un danger
de plus, poursuivit le comte.
Vous avez raison.
–Et peut-être qu'en envisageant froide-
ment à nous deux la situation qui nous est
faite, nous trouverons un moyen.
Mme de Ghantelys leva les yeux au ciel.
Je serai chez vous dans une heure,
monsieur le comte, répondit-elle.
Elle allait sortir, quand Blanche courut
sur ses pas et vint présenter son front a ses
lèvres.
–Eh bien 1 eh bien 1 mcre. dit-elle avec
une petite moue boudeuse, tu t'en vas sans
m'embrasser t
Mme de Chantelys prit son enfant dans
ses bras, la serra un moment sur sa poi-
trine et la baisa longuement au front.
Blanche se dégagea tout effarée
Une larme 8'ecria-t e!Ic. sur mon
front t. –Aht c'est la première fois.
Mon Dieu f que se pusse-t-il?. tu as donc
du chagrin?.
La pauvre mère ne put en entendre da-
yau'agc elle s'empresM de s'éloigner.
d'u'.eOions, soit, à la rigaeur, au moyen du
plébiscite.
M. !o préM do Vauctuse n'a point laissé
ignorer au gouvernement que, dans un très
grand nombre de communes, les maires et ad-
joints se montrent favorables ta candidature
ijodru-Hottin.
Eh bien, et la loi des maires?
On parla toujours d9 M. de Gontaut-Biron
comme du successeur probable de M. le général
LeFiôaSaintPëtersbourg.
M. do Saint-VaUier serait envoyé à Berlin,
en romptaccmcnt de M. de Gontaut-Riron.
On nous apprend que dans une entrevue da
M. le maréchal de Mac-Mahon avec M. Buffet,
ce dernief a témoigné )a ferme résoin tion do se
retircr~Jautouii présidentiel delà Chambre,-
s'ii nëTëceva't pas une pleine satisfaction au.
sujet de son conflit avec M. Baxe. Cette entre-
vue a tu lieu avant-hier à l'issue do la séance.
Le P~ .7oKHt<~ du 28 février publie une
circulaire qu'i) attribue au ministère de la
guerre. Ce document est apocryphe.
Nous ajouterons à cette note officielle que
cette circutairo est relative aux officiers qui au-
raient ou l'intention do faire, le 1G mars, le
voyage de Chislehurst.
itARC GËPAM).
U~ écrivain, que dis-je? un prophète, a
répandu les bruits les pius sinistres sur l'a-
venir réservé à la cavalerie française.
La Providence, ou plutôt la commission
de réorganisation de l'armée, n'a point, pa-
rait-il, tenu à justifier les lamentations de
ce prophète de malheur. Elle proposera à la
Chambre de compléter les quatorze régi-
ments provisoires à cinq escadrons et de
composer l'ctat-major des soixante-dix ré-
giments de France de un colonel, un lieu-
tenant-colonel et deux chefs d'escadrons,
dont un faisant fonctions de major. La ca-
valerie aura donc quatre officiers supérieurs
powr onze capitaines, y compris l'instruc-
teur.
L'infanterie aura six officiers supérieurs
pour vingt-huit capitaines. Il .ost juste d'a-
jouter que les troupes à cheval seraient.
moins bien partagées sous le rappott'dëS
lieutenants.
En résumé, la cavalerie aura quatre o'fi-
ciers sup&icur~ pour trente et un officiers
l'infanterie, six officiers supérieurs pour
cinquante-six officiers, Je ne parle pas des
officiers comptables, dont le sort est entre
les mains de la commission des services ad-
ministratifs, présidée par M. le duc d'Audif-
fret-Pasquier.
J'ai tenu à donner cette nouvcHc relative-
ment bonne aux officiers de cavalerie, qui
s'attendaient à ctrc plus maltraités qu'ils ne
le seront. Et, sans les alarmes répandues à
tort par des personnes mal informées, j'au-
rais continué à garder le silence sur les tra-
vaux d'une commission qui, en définitive,
s'est chargée d'une tâche que le ministère
de la guerre et le gouvernement ont refusé
d'assumer. A. W.
LE DENT!STE-MARTYR 1
1
Une chose à remarquer, c'est que lorsque
les nations ont besoin, soit d'un président
de la i~pubtique, soit d'un ministre, soit,
même d'un préfet, enfin de n'importe quel,
fonctionnaire administratif, les nations né
se sont jamais adressées à un dentiste. On a
pris des avocats souvent, des médecins quel-
quefois des dentistes jamais t Je dirai pius
personne n'en a jamais eu la plus petite
idée. La France eite-même, notre belle
France, cette nation si généreuse, qui, tous
les vingt ans, entre deux gouvernements sé-
rieux, fait des positions politiques à une
ïbuto de gens qui n'en auraient jamais eu
sansce]a,!a France n'a jamais rien fait pour
les dentistes,
Cependant, dans l'ombre, les victimes de
cette injuste exclusion sounfont et se taisent
sans murmurer, comme le grenadier de M.
Scribe. Douloureusement atteints dans leur
amour-propre, ils refoulent au plus profond
de leur cœur l'injustice qu'on leur fait. Et
ils n'en continuent paâ moins à être tou-
jours dévoues à !a République, en attendant
que tour ingrate patrie ouvre enun ics yeux
à l'évidence.
ît
Voici M. TaiUebois. U est dentiste a Li-
moges, et il avait obtenu la clientèle du
mais pas assez vite cependant poM que
Blanche ne surprit, le bruit douloureux
d'un sanglot.
Elle se retourna muette et comme frap~-
péeaucœur.
Le comte était devant c)lo. pale, !a poi-
trine émue. te regard profondément triste.
Il avait mis un doigt sur ses lèvres.
Et toi aussi fit Blanche presque ef-
frayée. et personne ne veut rien me dire t.
et l'on se cache de moi Mais je ne suis
donc plus votre enfant vous ne m'aimez
donc plus (
A son tour, M. de Chantclys prit sa tête
dans ses mains ejt. baisa ses cheveux avec
un transport fou.
Tais-toi t tais-toi balbutia-t-il à voix
basse. Tu vois que ta chère mère est.souf-
frante et si eiie pleure ainsi, si elle te ca-
che ses larmes, c'est qu'eue t'aime en ce
moment plus peut-être qu'elle ne t'a jamais
aimée.
Mais pourquoi ce chagrin ?
Nous te !e dirons.
H est donc arrivé quelque chose?
–Oui.
Un malheur? 9
Mêlas 1
Et vous ne voulez pas que je prenne
ma part de votre dou)eur?.
Le comte oublia une seconde son regard
sur le visage de la douée enfant.
Dieu a fait jusqu'ici, dit-il, ta vicheu-
reuse et calme, et le cic! m'est témoin que
nous eussions voulu éloigner de toi à ja-
mais ios misères et les chagrins de ce
monde. Mais nul n'est maître de la des-
tinée. et au moins aurons-nous fait tout
ce qu'il nous aura été possible pour t'épar-
gner ces rudes épreuves. Reprends donc
ta joie et ta sérénité, mon enfant. C'est un
nuage qui passe dans notre ciel si pur.
Demain peut-ctre toutes nos appréhensions
auront disparu, et le sourire reviendra sur
toutes les lèvres.
–Dis-tu vrai?. F
–Tu en doutes?
Non, puisque tu me l'assures. mais
cette larme m'a brûlée. et je la sans tou-
jours.
Enfant 1 qui s'effraye d'une iarme 1
C'cstqu'aus~.c'pstiapremiérequejc
vois verser à ma mère.
Le con'te eut un amer sourire.
C'eat qu'une ne t'a jamais rpgard~a
coiiége. Cette qualité de dentiste du coHége,
c'est-à-dire d'un ctab'issement ptacé direc-
tement sous l'autorité du gouvernement,
n'empêcha pas M. Taitiebois de conserver
sa manière de voir en politique. Un autre
dentiste peut-être, un de ces dentistes qui
ne sont que dentistes, qui sont incapabtes
d'aspirer un jour au gouvernement de leur
pays, se fût tenu ce tangage vit
Je suis dentiste d'un coOcgc les be-
nêftcfs que me rapporte c(ttc situation me
sont payés sur l'argent du gouvernement je
n'ai pas le droit d'attaquer c* gouverne-
ment, à moins de donner ma démission,
M. Taiitebois, fui, n'avait pas de ces rai-J
sonnements indignes d'un vrai citoyen, tt
y avait deux hommes en iui le dentiste, i
arrachant les dents sans dou!eurauxjcunc3
ctcvcs !c citoyen protestant contre ta chute
de M. Thiers. Le 24 mai au soir, ce brave
patriote était occupé a donner ses soins à
une molaire rebcite, quand il apprit q'jc M.
Thiers venait de succomber sous iesenbrts
des conservateurs. Le dentiste du collége
n'hésita pas.
Tout est perdu s'écria-t-i). Mais je 1
ferai mon devoir.
Et sans vouloir entendre les cris de !a
jeune victime qu'il venait de eoman~ec~ io
dentiste du coUége s'étança au dehors, cou-
rut chez lui et rédigea une adresse à M.
Thiers. Il est à croire que l'excellent M.
Barthélémy Saint-iiitaire s'empressa de lui
répondre une de ces lettres charmantes
dont il a le secret, et que depuis ce jour M.
Thiers a donne sa pratique a M. TaiHebois
(traitement par correspondance). Sans cela,
ii faudrait rayer le mot reconnaissance du
dictionnaire.
Malheureusement on no peut pas tout
avoir, et le collége de Limoges vientde don-
ner ses huit jour.! au dentiste politique, tou-
jours sous ce misérable prétexte indique ci-
dessus, que, quand on ne veut pas d'un gou-
vernement, ii ne faut rien accepter de )ui.
Mais M. TaiHcbois n'est pas à plaindre:
grâce à cet incident, le voi'a cefèbre, et I
bientôt, s'ii sait mener sa barque, nous ver- t
rons entin un dentiste recommandé aux
suffrages des électeurs. Quant à la perte de
sa situation, tout porte à croire que !e den-
tiste du collége de Limoges vient d'être
soutagé d'un grand poids car ii ne doit pas
y avoir de supplice plus épouvantable que
de recevoir de l'argent d'un gouvernement
qu~on ne psut pas souffrir.
LÉON DurnAT.
MormatioDs génMes
Privas, 27 février. C'e~t aujourd'hui von-
droch que commencent devant ietribunat cor-
rectionnel de Tournon (Ardéche) tes débats de
l'affairo dite ie complot d'Annonay.
Arras, 2~ février. Darniérement est mort
à Cambrai, à i'agc de 77 ans, et pour ainsi dire
de faim, un homme d'une avarico éprouvés. M.
DswaiUy (c'est ainsi que s'appelait te défunt)
était cé!ibataire, mais ii avait par testament ins-
titué tous les membres do sa famiHe, jusqu'au
sixième degré de parenté, ses héritiers par por-
tions égales. Le jour de la levée des scellés,
environ soixante cousines et cousins se trou-'
vaient réunis à la maison mortuaire. Quel ne
fut pas tour désappointement lorsque l'on re-
connut que l'héritage se composait d'un bois de
lit, d'une table et d une chaise le tout pouvant
tàtoir une soixantaine de francs I
La consternation était générale quand l'un
des héritiers se rappela soudain quelques re-
commandations faites autrefois par le dffuc.t.
Celui-ci, on l'avait remarqué, surveiimt tou-
jours avec une inquiète sotiicitudo l'opération
du nettoyage du pavé de sa maison « No fai-
tes pas aller d'eau sous les coures w, répétait-il
toujours, et il veillait à co que cette recom-
mandation no fût pas veine.
Des fouilles furent décidées et eHes amenè-
rent )a découverte d'une dizaine de petits pots
contenant en tout 80,000 francs.
MarseUIe, 28 février. On a saisi hier
dans notre ~i[!o un grand nombre de photo-
graphies du Prince Impérial. Le Prince, sur ces
photographies, est représenté tenant un dra-
peau semé d'abeilles d'or.
Tonlousa, 26 février. M. Charles de
Saint- Gresse, suspendu il y a six mois do ses
fonctions de premier président à la cour de
Toulouse, par arrêt do la cour de cassation, a
repris lundi son siège à la première chambre.
Montpellier, 27 février. On annonce
l'ouverture prochaine d'un grand concours sé-
rieicote qui doit se tenir ici.
Ce concours comprendra tout ce qui se ratta-
qu'en souriant, répondit-il. Mais voyons,
ma pauvre Blanche, ne parlons plus de cela
tes Meurs te réclament. et moi. il faut que
je m'occupe des graves intérêts de nos co-
mices agricoles. ,1
EtcommeM.deChantelys prononça ces
derniers mots sur un ton de bonne humeur
qui ne semblait pas feinte, Blanche leva
vers lui son front rasséréné. I
A la btnne heure 1 dit-elle, vous voilà
comme je vous aime! 1 I
Et elle sortit, en courant vers le jardin.
Le comte demeura un moment indécis et
trouble. puis, poussant un profond soupir,
IL quitta la salle et gagna son apparte-
ment.
Une heure se passa alors, pendant la'
quelle il ne cessa de se promener à travers
la chambre, tantôt les bras croises sur la
poitrine, tantôt les mains comme attachées
a son front. le front courbé, sombre, i'œil
hagard et plein de lueurs fauves.
De temps à autre encore, il allait à la fe-
nêtre, dont il soulevait le rideau, et, plongeant
son ragard dans le jardin, il suivait B!anche
qui allait et venait, oublieuse déjà des dou-
loureuses impressions qu'elle avait ressen-
ties.
A un moment il frissonna et se retourna
brusquement vers la porte, qui venait de
s'ouvrir.
Mme de Chantetys avait fait quelques pas
l'attitude accablée, et le comte s'empressa
d'aller à elle.
Le moment était venu: c'était l'heure so-
lennelle des résolutions suprêmes. M. de
~hantelys ne put se défendre d'un profond
.sentiment de pitié, et, attirant la pauvre
mère contre sa poitrine
Christiane, dit-il d'un ton brisé. i
Christiane, relevez le front et reprenez cou-
rage. je vous en supplie. Ce n'est pas
l'attitude courbée des coupables qui nous
convient. et si nous subissons la plus i
cruelle d's fatalités, nous pouvons sans 1
crainte appeler Dieu à notre aide, car il sait
que nos cœurs sont purs et que notre cons-
cience n'a ~ien à nous reprocher. Ayons
donc confianc3 en lui: il nous voit il juge
nos ennemis, et sa bonté ne nous laissera
pas'succomber dans cette redoutable épreuve.
Mme de Chantetysleva un regard recon.
naissant sur son époux.
–Merci,monneurlecomte,répondit-die. 1
Vos paroles me font du bien €t me rassuren '1
chc a ta production de! graines et 6 i'éiovage
des vers à soie, ainsi qu'à ta recette dos cocons
et autissagede l'étoffé..
Cest décidément la cour de MontpoHior
qui a été désignée par ta cour suprême pour
tranciterta question do savoir si c'c~t MarsciNe.
seulement ou le département des [~uches-do-
Rhône tout entier qui est placé sous to r~gima
de t'état de siège. M. Thoure), ancien procu-
reur généra), ptaidcra de nouveau la question
dovanteettecour.
Sa.int-P<6tersbonï'e', 2!) février. –M.d"
(iontautBiron a été reçu par tes deux empc-
rfur, qui lui ont tait t'accueit te pins cordial et
l'ont assuré do leurs sentiments d'a'nitiépour
la France et son gouvernement.
Berlin, 27 février. D'après un bruit .ac-
crédité iji, M. le comtt d'Arnim serait sur le
point d'ôtro appelé en quatHâ d'ambassadeur à
Constantinopte, dont le rang vient d'ôtM éfevé
du rang de légation au ran~ d'ambassado.
Comme successeur éventuel du comte d'Ar-
nim à Paris, on désigne )o prince de Itohen-
lœhodeRatibor.
VieBnp, 27 Mvrier. L'empereur est arrivé
aujourd'hui, & cinq heures et demie du mattn,
en très bonne santé, Il a été re~u à la gare par
le prince impérial et tous tes ministres.
Londres, 27 février. On annonce qu'à
l'arrivée a Windsor du duo d'Edimbourg et de
son impériale épouse, un grand banquet aura
lieu dans la saite Saint-Georges, et qu'au jour
qui sera indiqué, la reine, avec Leurs~Aitesses
royales, fora son entrée à Londres pour pré-
senter au peuple sa nouvoi!c fHie.
H est probable que la duchesse de Wei-
tington deviendra la nouvetie maltresse de la
garde-robe.
Aucune proposition faite à la reine, rotativa-
ment aux marques de distinction & l'occasion
du mariage, ne sera ac~uei iie avec. plus de si-
tisfaction par Sa Majesté que celle d'accorder
a l'ambassadeur anglais à Beriin; lord Odo
nusse'i, le cordon de l'ordre du Bain, distinc-'
tion qui cfnfero au titulaire t'entrée à tous tes
honneurs.
Un dernier mot a< !a. C~~c
La Cmordre. Pour eilc, malgré nos arguments
-d'hier, la situation du prince Louis Bona-
parte en, 1848 et celte de M. Ledru-Rotiia
en 1874 < sont absolument identiques".
EUe use d'aUleurs, dans sa polémique, d'un
procède qui n'est pas nouveau elle débute
en affirmant un t'ait erroné, puis sur cette
base fragiic édifie tout un article de deux
colonnes.
Le G~MM~ prétendait, dit la GLedru Rotiio. ayant cté eoK~MM~d ~~Mor~eMf aMno devait pas avoir le droit de se présenter au
suffrage des électeurs de Vauc)use.
Nous avons constaté que le prince Louis-Na-
potéon, dont ie CeMJo~dëfend avec tant d'ardeur
tes doctrines et la politique, se trouvait, en
18-~8, dans une situatton analogue à cotte de M.
Led)'u-Ho))in.
Notre but, en adressant cotte observation au
Lodru-RoHin, comme bien on pense, mais de
faire toucher du doigt aux bonapartistes !o dan-
aer de ce principe do la souveraindu suifrage universel sur )equoi Us s'appuient
à l'heure actue'.ie.
Si un vote a pu amnistier te prince Louis Bo-
naparte, disions-nous, pourquoi no pourrait-ii
amnistier M. Ledru-RoUin ?
Nous en demandons pardon & notre hono-
rable contradicteur, jamais le C<:M~?M n'a
prétendu que M. Ledru-RoUin avait été con-
damne à la peine de mort po!M' <~e~<~ ?
la ~6 ~B' M. Lfdru-Roilin a été
cité devant la cour d'assises comme préve-
nu de complicité d'assassinat, c'est à~dirc
d'un crime ~'o:7 MMMMM. li n'a pas
comparu et il a été condamné par contu-
mace, non comme adversaire politique du
gouvernement, mais comme.maifaiteur ayant
eu l'adresse de se dérober aux recherches
de la justice.
Quant à Napoléon HI, ii a été condamné,
en 1840~ pour s'être rendu coupable d'un
attentat dont le but était de détruire le
gouvernement, de changer l'ordre de sue-
csssibiiitë au trône et d'exaiter la guerre
civi!e en armant et en portant les citoyens
et habitants à s'armer les uns contre tes
autres. C jugement. It a été condamné pour simple
attentat politique en vertu des articles 87,
88 et 91 du Code pénal, qui ont maintes fois
frappé des pubticistes ou des hommes d'E.at
un peu. ma'gré l'épouvantable torture que
j'éprouve. Je trouverai, jei'espèrc, dans mon
Mtour de mère, dans ma conscience, te cou-
rage qui m'est nécessaire, et, appuyée sur
vous, j'oserai affronter le danger qui nous
menace.
Et comme le comte lui indiquait un siége
et s'asseyait à ses côt~s
Toutefois, ajouta-t-elle, vous l'avfx
dit vous même, il faut que toute hésitation
disparaisse dès à présent une revendica-
tion imprévue se produit et qui peut nous
frapper d'infamie, ou détruire à jamais le
bonheur que nous avions rcvë pour noire
enfant.H n'y a plus de réticences ni de
réserve possible, et je ferai tout ce que
vous m'ordonnerez de faire, convaincue d'a-
vance nue vous ne me demanderez rien que
d'honnète et de juste.
Le comte approuva du geste.
–Vous vous ptaccz, dit-i), sur le seul
terrain où nous puissions nous entendre et
trouver une issue à l'impasse où l'on nous
rejette. Ecoutez-moi donc, Chhstianet 1
répondez dans la plénitude de votre liberté,
et n'hésitez pas à tout me dire de ce qui doit
nous éclairer et nous guider à travers ces
ténèbres.
Il y eut alors un silence. Puis le comte
reprit
Ainsi que vous l'avez compris, dit i),
il ne s'agit point de savoir comment nous
ferons face au danger, mais de chercher s'il
n'est pas un moyen de le conjurfr, ou, je
dirai volontiers, de le tourner. H y a là,
devant nous, un homme qu'il soit ou non
l'enfant adoptif qui nous a été enlevé un
homme résolu qui vient nous dire Je suis
votre (Hs ). j'ai en main toutes les preuves
qui établissent mon identité et demain je
puis proclamer votre honte, si vous n'ac-
ceptez pas i'odieux compromis que je vous
propose! Dans cette situation, ma pre-
mière pensée a été de vous demander si cet
enfant avait une famitte si, au moment où
vous l'avez recueifi, vous connaissiez sa
mère. si enfin vous ne pensiez pas qu'il
y eût à faire intervenir cette famille ou cette
mère. et à cette heure. permettez-moi,
Christiane, d'insister encore. et dites-moi
qucUes résolutions vous Mnt venues à ce
sujet depuis notre dernière entrevue,
Mm" de Chanteiy~ s'attendait vraisemb!a-<
biement à ~a ques'ion car un pàie.sourire
sans (jo'cn'ait jamais pensé a les confondre
avec les assassins ou ies incendiaires. H a
été condamne par un tribuna) essentie)!e-
ment politique et non par la Gcur d'assises,
par la Chambre des paiM du ro! Louis Phi-
lippe qui avait usurpé le trône.
Qu'on nous permette de rappeler, ce
propos, ta péroraison du magnifique discours
qu'it a prononcé devant ses juges
Un dernier mot, messieurs, a-t-il dit: je re-
présente devant vous KM ~MC)~<, MMe MW.
uno d6iaite io princip' c'est ta souveraine)"
du peuple, la cause est ceUe de l'Empire, et la
défaite c'est cette do Waterfoo. ~~MN~'MMe caM~e ~o~:comme jug une juridiction politique. Vos formes n'abusent
personne Z~ ~Mt <'oMore. m'~ ?
CK'M~ ca~~MfM?* e< ?? t'~Mca'. Si vous ètas ies
hommes du vanqueur, je n'ai pas de justice a
attendre do vous, et je no veux pas de votre
générosité 1
M. Lcdru-Hotiin, complice d'une tenta--
tive d'assassinat contre un souverain, poa-
vait-il dirc~ comme Louis Bonaparte, qu'~
représentait un principe" Les démago-
gues peuvent considérer l'assassinat des
rois eomme le plus saint des droits et )&
pius sacre des devoirs mais nous ferions
injure à la 0'~e~c en supposant qu'eiie
puisse a!ter jusqu'à cette doctrine hideuse
pour détendre un parallèle dans lequel cUc
b'est trop légèrement compromise.
La 6' aux védtab)es traditions du parti qu'elle dé-
tend:
M. Bcrryer, qui défendait le prince, mSnfint;
dit Vapereau, la cause & la hauteur d'unf
grande tutte peiitique, et trouva comme ora-
teur ses plus sublimes mouvements.
Ka routant pas attacher au nom da!rpur, ainsi que. M. Berryer l'avait DËFtH de
faire, une peine infamante, la Cour des paires
condamna )e prince à la peine M~fa ~l'emprisonnement perpétuel.
M. Benyer aurait certainement in avec
regret tes deux articles de !aG<~c~<. Peut-
être même aurait-it exptiquc, avec toute
l'autorité de son génie at de sa science, que
cette peine M~<ï-~(~ et non infamante
n'était qu'une précaution prise contre les
tentatives futures du priHCf Louis-Bonaparte,
qu'elle ne diminuait en rien sa peMonnatite
politique et lui laissait Untégraiité de sea
droits de citoyen français. Ce n'est pas 'iui
qui, pour les ûesoina d'une discussion ta-
quine et profitable aux seuis ennemis de
i'srdre, aurait fatsiné les gran'is principes
de la ici et du droit sans iesqueis ies socié-
tés dégénèrent et périssent, ii aurait une
seconde fois plaidé la cause du prince Louis
Napoiéon,si inoppottun~ment attaqué, et
n'aurait pas permis qu'on assimii&t la vieti-
me politique de l'usurpateur Louis-PhUipp~
à un homme condamné pour tentative de
meurtre.
Nous espérons que ia Cpect pour ce grand esprit, se rendra san~
faux respect humain a jTéyidence, et qu'eiie
rcconMttra loyalement que, si ia condamna-
lion ~oM~KC du prince Lo~is tombait ~c
/<:e~ avec le gouvernement q~i l'avait fait
prononcer, le jugement qui condamne M.
Lcdru. Hoiiin pour crime de <subsiste, au contraire, jusqu'à ce ~us hi
contumace ait été purgée.. i
Il restera entre ia Gdivergences de doctrine sur la question da
suffrage universe!. Quand ta Gazette nous
aura fait « toucha du doigt)* autrement
que par son parailéie ~aiheureux ie dan-
ger de nos principes sur c<) ooint, n~us ver-
rons à lui répondre.
Pour aujourd'hui l'incident est ctos~
Un mot encore pourtant..
Bi n iavotontairement, nous avons, em~
p'oyé une expression dont, paraît it, nche
honorable confrère s'est ému. < M. Bonbé~
avons-nous dit, a tort de fournir des ar-
« mes & M. LedruRoHin. A ce jeu-ia, if
court le risque de devenir un jour otage.
M. Boubée voit dans cette phrase une <' me~
nace' elle ne contenait qu'un avis. Tou~
nous pouvons avoir l'honneur d'être quel-
que jour otage c'est un motif qui devrait
engager tous ics conservateurs a rester
unis. Teiie était notre pensée et notre con-
seit, conseil excellent, et que nous rcnou-
vêtons: car il nous déplairait beaucoup d&
devenir le compagnon de chaîne de M. Si-
mon Boubée, juste entre deux articles de
polémique.
C'est pourtant ce qui pourrait arriver St
nous perdions notre temps à fei'raitter f~m.
cffteura ses lèvres, et elle remua tristement v e
la tête. 't~~
Cette pensée, dit-ette, a erre depuis.
trois jours en mon esprit. Quand on se croit.
perdue, on accueille facilement toutes te%
issues qui semblent oifrir quelque chance
de salut 1. Mais que vous dirai-je, monsieur
comte? j'avais beau invoquer tous tes droits
que me donnent mes titres sacres d'épouser
et de mère, quand je remontais du tond de
mes r~MexioBS, je sentais qu'il y avait en:
moi un malaise bizarre, qui ressemblait
presque à un remords.
–Que voulez vous dire? q
Ah 1 je n'explique pas. je raconte.
Cependant vous connaissez la mèra
de cet aventurier? ï
–Oui, monsieur ie comte. °
–Etie existe? ?
–Sans doute.
Et vous ne pensez pas pouvoir me `
faire connaître son nom?
Mme de Chantetys releva le front avec un y
geste de soumission et de dignité indicible~
–Monsieur!e comte, repondit-c!ie,j'aiap-
pris depuis longtemps & vous; connaître et à
vous estimer, et jo sais que vous êtes le p)us
Joya! et te plus honnête des KRntUshommes.
Vous n'avez donc qu'un mot à dire, et, si
vous t'ordonnez, je vous livrerai le secret
que j'ai juré de garder.
Christiane! baibutia M. de Chantées.
Au surplus, continua la pauvre m~M,
vousavtz peut-être raison, et je me senti-
rai moi-même moins aceab'ée quand je par-
tagerai avec vous le fardeau de ce secret.
Ecoutez moi donc, monsieur le comte et,
quand je vous aurai dit tes circonstance!
exceptionnelles dans tesqueitcs j'ai recueilli
cet enfant, qui peut demain devenir notre
honte ou notre malheur, vous déciderez
vous-même si je dois vous livrer le nom de
sa mère.
Le comte no répondit pas mats it Ht un
geste de curiosité, et se rapprocha "vivement
intéressé.
Madame de Chante! y< poursuivie
PtEMB ZACCONE Ct ADOLMB RACOT/
~t
Vous êtes le seul moderne qui fasse
assez pour F Opéra.
Seulement.
Ah 1 dame it y avait encore un ~~e-
~Mtf.
Seulement, cinq actes, c'était trop iourd
les combinaisons directoriales demandaient
un ballet en un ou deux actes avec un opéra
court: c'était, le temps où l'on donnait les
deux premiers actes de Z?M:e ou de C~-
~
Il fallut céder aux exigences d'un direc-
teur qui paraissait si bien disposé, et l'on re-
Rt i'~cJ~M en trois actes.
Ci encore un an de travail, encore des
poils b!ancs au visage.
Au bout de ce temps, on précède à l'au-
` dition.
C'est devenu trop court, cela n'a plus le
sens commun; il faut remettre la pièce en
cinq actes, et l'on s'adjoint Jules Barbier
pour ce nouveau labeur.
Barbier trouve de très bonnes choses,
Membree aussi, naturellement encore un
an de travail, et.
Et l'Opéra monte .B<~<~ ~<~MM:w.c.
Du coup, barbe et cheveux, tout était
b!anc.Le~MMcependant l'espoir et le courage. Il se con-
sole dans dans le travail, et écrit, la rage
au cœur, le f~'M et ~o~e MM~c,
opéras en cinq actes. Il en a même écrit
bien d'autres ah dame, il est rudement
trempé L.
Les années s'écoulent. II renonce u l'O-
péra, et porte son œuvre au Théâtre-Lyri-
que, où son amour-propre trouve, non sans
amertume, une nouvelle satisfaction.
Sa pièce est reçue d'emblée, Martinet la
met à l'étude avec amour, les artistes l'ap-
prennent avec passion, les chœurs chantent
la partition dans les rues en sortant du
thc&tre. On va donc enfin toucher le port,
on va être joué.
Patatras. arrivent les événements de 1
1870, la guerre, le Commune; le Lyrique
brute, et avec lui la partition, le travail de
tantd'anaéest.
Il y avait de quoi démonter les plus forts;
mais rien ne peut décourager Membree M a
la foi.
Pendant qae la guerre civile ensanglante
encore les rues de Paris, sous une grêle de
balles et d'obus, il va voir ce théâtre, fu-
mant encore. It lui faut son manuscrit:
songez donc, il n'a pas le moindre brouillon
de ses cinq actes, et refaire de mémoire
tout un opéra c'est trop exiger de la
puissance humaine.
Il demande, il s'informe. Tout est brute
il ne reste que les quatre murs. C'en est
fait t la fatalité, qui s'acharne contre lui
depuis vingt ans, n'a-t-elle pas fait grâce ?
tout ce qui restait de l'B'M~a est-o
irait?.
Lueur d'espoir.
H subsiste dans tos combles une petite
pièce que ie pétrole a épargnée, se hissant
sur des décombres d'escaliers, grimpant à
des échues de débris calcinés, Membrée y
pén~t: c'est le bureau du copiste.
La partition de ~B'e est là, les coins
seulement sont roussis. A cette vue, cet
ilommc de bronze que les malheurs ont
baisse froid et insensible, cet intrépide apô-
tre de la musique manque de s'évanouir, il
dé~iHe; et lui que la douleur n'a pu abattre,
il est vaincu par la joie ~r il pleure.
Nouveaux efforts, nouveiïe audition, nou-
v@&u succès.
Quelques artistes de l'Opéra lui prêtent
leur concours, Halanzier l'écoute, les cho-
ristes l'acclament, Victor Massé lui dit: < A
` la bonne heure 1 voilà de la musique saine
et robuste. »
Membrée attend son tour, it doit passer
âpres ta ~c~~e ~c, de Mcrmet, et.
Et l'Opéra brute!
THais voici qu'il touche au but que tant
d'eucrts lui ont mérité. H fait entendre à la
Société des concerts du Conservatoire, que
dirige Deldevez, des fragments de son opéra;
ia Société lui répond que c'est trop vivant,
trop humaia~ trop scénique pour entrer dans
son artistique musée. C'est fait pour le
théâtre, lui dit-on; il vous faut le théâtre, et
non le concert.
Des amis s'en occupent, la presse en parle;
quelques membres de l'Assemblée, le comte
d'Osmoy en tête, ainsi que Vaucorbeil, ie
commissaire du gouvernement, s'intéressent
au~MK6 compositeur. On repète sur tous
HUiLLtTON DU M ~02~. N' 40 (t)
l'MARSl874.
LA MAISON
D,.
LA RUEZACHARtE
tPremdèr~ p~rMw.
XXIX'
LE SEWET DE MADAME DE CHANTEL\'S
Pendant que se passaient !cs faits que nous
menons de raconter, une scène non moins
saisissante avait iieu chez les Chantelys.
Depuis le jour où le comte Leone s'était
présente chez M. de Chantetys, ce dernier
n'avait pasj~ntendu parier de lui, et it atten-
dait, en proie a une horrible anxiété, l'effet
des menaces qui lui avaient été faites.
C'était affreux.
Dans cette maison naguère si paisible, où
Je bonheur semblait avoir pris élection de
domicile, ou la présence de Blanche, heu-
reuse et en jouée, répandait comme un rayon-
nement de jeunesse et de beauté, tout était
devenu soudain siie ncieux et triste, taci-
turne et sombre.
On n'y parlait plus, pour ainsi dire, qu'à
voix basse.comme dans une demeure où
la mort a passé.
C'était presque sinistre.
Mme de Chante)ys avait à peine vu sa
fii!e. tout au plus avait-eiie échangé quel-
ques paroles avec le comte.
A table même,, à cette heure où d'ordi-
naire l'expansion ta plus douce ne cessait
de régner, la conversation se bornait à quel-
ques phrases banales, et c'est vainement
que Btanche essayait d'égayer le front de la
(!) Reproduction autorisée pour tous lesjour-
Rtux &j'aat un trMte avec la So'}iet6 ttes gens
les tons à M. Halanzier qu'il ne touche pas
un million et demi uniquement pour repren-
dre le ~'oMpe~c; on lui fait comprendre
que le public ne demandera pas à Ventadour
les richesses qu'il voulait rue Le Peictier
on lui prouve que ~c est un opéra
solide d'action et vigoureux de musique, qui
n'exige pas les déploiements de mise en
scène de 7<~Me ou du P~o~<
Et, enfin, nous sommes heureux d'ap-
prendre que ~M~M est ia première nou-
veauté que l'Opéra va mettre à l'étude aus-
sitôt après la reprise d'.a~M~.
H est temps.
Le~'eM~e compositeur Mcmbrce aura donc
attendu viNGT-cfNQ années 1
Et maintenant, jeunes gens qui ambition-
nez la cantate du prix de Rome, lisez, mé-
ditfz et interrogez votre patience et votre
courage avant d'entrer ~dans cette terrihle
carrière.
Y, Z ET C'.
Nouvelles & Renseignements
D'après l'Agence Havas, « on ne considère
pas comme sérieux dans ia monde politique les
bruits qui circulent dans les journaux sur de
prétendus projets de remaniement de la carte
do FOrient par la Russie et l'Autriche. »
L'Agence Havas fera bien de se mettre d'ac-
cord avec )o Courrier de Paris, une autre
agence, qui dit à propos de ces mêmes bruits
si peu ~~s.- « Ce matin, M. le duc Decaxes
était fort entoure par les représentants des puis-
sances étrangères, qui venaient lui demander
un supp!ément d'informations à ieurs renseigne-
ments particuliers. Z'~ttM-C M'M< ~MtC pO:M~
M~ ~OM~, ?t~ Ms /avec des restrictions. ))
On comptait parmi les invités qui assistaient
hier à la réception du maréchal de Mac-Mahon:
MM. Léon Say, Martel, Flotard, Bérenger, Vau-
tnnn, Vacliorot, René Drico, Wo'owski, Cé-
zanne. Toisserenc de Bort, Grivart, de Sogur,
Casimir Périer, etc.; MM. Baragnon, Desjardins,
Lefébure, Vente, sous-secrétaires d'Etat Mmes
Casimir Périor, Léon Say, de Ségur, Lefébure,
Desjardins; l'ambassadeur d'Anglerre, lord
Lytton et sa femme.
Après le diner, M. Vautrain s'est entretenu
avec la marëchaie des secours organisés pour
tes malheureux, et il a proNte do l'occasion
pour lui insinuer d'user de son influença sur le
maréchal pour le convertir à la République con-
servatrice. La maréchale n'a pas paru enthou-
siasmée de la proposition et a changé losujet
do la conversation. 0
Le maréchal s'est longuement entretenu avec
MM. Wolowski et Flotard de la situation indus-
tneUe, des sounrances de la classe ouvrière et
des remèdes à y apporter. Il a beaucoup parlé
du mont-de-piété, des cuotts que l'on fait pour
dégager les objets mobiliers, des ouvriers et a
montre qu'il connaît la question à fond, on ex-
pliquant qu'un ouvrier engage d'abord son ma-
telas, puis ses culottes, ensuite les vêtements
de la pattio supérieure du corps, enfin sa che-
mise, et que ce qu'il dégage avant tout, c'est
le dernier vêtement.
La conversation a roulé ensuite sur l'indus-
trie lyonnaise le maréchal a été enchanté d'ap-
prendre qu'elle reprenait un peu d'activité.
Après la réception, les invités se sont répar-
tis chez MM. Dufaure et Buffet, qui rccevaicn
aussi.
Ainsi que seul nous l'avons annonce, M.
Claude, chef du ~en~M ~e ~Kre~ a la pré-
fecture de po)tce, prend sa retraite. H sora rem-
placé p.ar M. Patinot, qui prend le titre do chef
de la ~~e~M~a~.
L'imprimeria et ia librairie, récemment sé-
parées du ministère de l'intérieur, relèveront di-
rectement du préfet do police.
M. Mon Renault prend !o titre de préfet de
police chargé du service de la sûreté générale,
titre qui a été celui de M. Pictri sous t'Em-
piro.
Hier, M. Léon Renault a reçu officioUcmont t
tous les commissaires do poiice de Paris, qui
venaient féliciter leur chef da nouveau titre qui
vient de lui être ~onno.
On prétend que M. Oxonnu, secrétaire gé-
néral du ministère du commerce, en présence
des attaques dirigées contre lui par M. Pouyer-
Quertior, a envoyé sa démission, qui aurait été
refusée en vertu d'une délibération du conseil
des ministres.
Une réunion importante a eu lieu hier soir
chez M. Thiers, dont le mécontentement au
sujet de la candidature de M. Lodnt-Roliin a
été, comme on sait, très vif; cependant il a
été décidé que l'opposition devait rester unie,
et que la présence do M. Lsdru-RoHin dans
l'Assemblée ne devait pas empêcher toutes Jcs
fractions do la gauche de marcher d'accord
vers ce but l'appel au pays, soit au moyen
comtesse eu d'amener un sourire sur tes
lèvres de son père.
La pauvre enfant ne savait que penser, et,
prise elle-même d'une sorte de terreur ins-
tinctive, elle n'osait pas interroger les seules
personnes qui eussent pu la rassurer.
Vaguement elle pressentait un maiheur
mais quel étaît-il?
Cette situation ne pouvait cependant se
prolonger longtemps, et il était évident
qu'une explication était nécessaire.
Mme de Chantelys le comprenait; le'comte
en reconnaissait le besoin. et tous les deux
semblaient éloigner l'heure où ils allaient
se retrouver en présence. et se demander
à quelles résolutions il fallait s'arrêter.
Un matin, après le déjeuner, comme Mme
de Chantelys se levait de table pour se re-
tirer dans son appartement, le comte se
leva en même temps qu'elle et la rejoignit
au moment où elle allait franchir le seuil de
la porte.
Christiane, lui dit-ii d'une voix émue,
ne voulez-vous pas que nous causions quel-
ques instants aujourd'hui? q
Mme de Chantelys tressaillit et se re-
tourna,
Si vous le désirez, mon ami, répondit-
e!Ic, je me rendrai chez vous à l'heure que
vous m'aurez indiquée.
Chaque jour de retard est un danger
de plus, poursuivit le comte.
Vous avez raison.
–Et peut-être qu'en envisageant froide-
ment à nous deux la situation qui nous est
faite, nous trouverons un moyen.
Mme de Ghantelys leva les yeux au ciel.
Je serai chez vous dans une heure,
monsieur le comte, répondit-elle.
Elle allait sortir, quand Blanche courut
sur ses pas et vint présenter son front a ses
lèvres.
–Eh bien 1 eh bien 1 mcre. dit-elle avec
une petite moue boudeuse, tu t'en vas sans
m'embrasser t
Mme de Chantelys prit son enfant dans
ses bras, la serra un moment sur sa poi-
trine et la baisa longuement au front.
Blanche se dégagea tout effarée
Une larme 8'ecria-t e!Ic. sur mon
front t. –Aht c'est la première fois.
Mon Dieu f que se pusse-t-il?. tu as donc
du chagrin?.
La pauvre mère ne put en entendre da-
yau'agc elle s'empresM de s'éloigner.
d'u'.eOions, soit, à la rigaeur, au moyen du
plébiscite.
M. !o préM do Vauctuse n'a point laissé
ignorer au gouvernement que, dans un très
grand nombre de communes, les maires et ad-
joints se montrent favorables ta candidature
ijodru-Hottin.
Eh bien, et la loi des maires?
On parla toujours d9 M. de Gontaut-Biron
comme du successeur probable de M. le général
LeFiôaSaintPëtersbourg.
M. do Saint-VaUier serait envoyé à Berlin,
en romptaccmcnt de M. de Gontaut-Riron.
On nous apprend que dans une entrevue da
M. le maréchal de Mac-Mahon avec M. Buffet,
ce dernief a témoigné )a ferme résoin tion do se
retircr~Jautouii présidentiel delà Chambre,-
s'ii nëTëceva't pas une pleine satisfaction au.
sujet de son conflit avec M. Baxe. Cette entre-
vue a tu lieu avant-hier à l'issue do la séance.
Le P~ .7oKHt<~ du 28 février publie une
circulaire qu'i) attribue au ministère de la
guerre. Ce document est apocryphe.
Nous ajouterons à cette note officielle que
cette circutairo est relative aux officiers qui au-
raient ou l'intention do faire, le 1G mars, le
voyage de Chislehurst.
itARC GËPAM).
U~ écrivain, que dis-je? un prophète, a
répandu les bruits les pius sinistres sur l'a-
venir réservé à la cavalerie française.
La Providence, ou plutôt la commission
de réorganisation de l'armée, n'a point, pa-
rait-il, tenu à justifier les lamentations de
ce prophète de malheur. Elle proposera à la
Chambre de compléter les quatorze régi-
ments provisoires à cinq escadrons et de
composer l'ctat-major des soixante-dix ré-
giments de France de un colonel, un lieu-
tenant-colonel et deux chefs d'escadrons,
dont un faisant fonctions de major. La ca-
valerie aura donc quatre officiers supérieurs
powr onze capitaines, y compris l'instruc-
teur.
L'infanterie aura six officiers supérieurs
pour vingt-huit capitaines. Il .ost juste d'a-
jouter que les troupes à cheval seraient.
moins bien partagées sous le rappott'dëS
lieutenants.
En résumé, la cavalerie aura quatre o'fi-
ciers sup&icur~ pour trente et un officiers
l'infanterie, six officiers supérieurs pour
cinquante-six officiers, Je ne parle pas des
officiers comptables, dont le sort est entre
les mains de la commission des services ad-
ministratifs, présidée par M. le duc d'Audif-
fret-Pasquier.
J'ai tenu à donner cette nouvcHc relative-
ment bonne aux officiers de cavalerie, qui
s'attendaient à ctrc plus maltraités qu'ils ne
le seront. Et, sans les alarmes répandues à
tort par des personnes mal informées, j'au-
rais continué à garder le silence sur les tra-
vaux d'une commission qui, en définitive,
s'est chargée d'une tâche que le ministère
de la guerre et le gouvernement ont refusé
d'assumer. A. W.
LE DENT!STE-MARTYR 1
1
Une chose à remarquer, c'est que lorsque
les nations ont besoin, soit d'un président
de la i~pubtique, soit d'un ministre, soit,
même d'un préfet, enfin de n'importe quel,
fonctionnaire administratif, les nations né
se sont jamais adressées à un dentiste. On a
pris des avocats souvent, des médecins quel-
quefois des dentistes jamais t Je dirai pius
personne n'en a jamais eu la plus petite
idée. La France eite-même, notre belle
France, cette nation si généreuse, qui, tous
les vingt ans, entre deux gouvernements sé-
rieux, fait des positions politiques à une
ïbuto de gens qui n'en auraient jamais eu
sansce]a,!a France n'a jamais rien fait pour
les dentistes,
Cependant, dans l'ombre, les victimes de
cette injuste exclusion sounfont et se taisent
sans murmurer, comme le grenadier de M.
Scribe. Douloureusement atteints dans leur
amour-propre, ils refoulent au plus profond
de leur cœur l'injustice qu'on leur fait. Et
ils n'en continuent paâ moins à être tou-
jours dévoues à !a République, en attendant
que tour ingrate patrie ouvre enun ics yeux
à l'évidence.
ît
Voici M. TaiUebois. U est dentiste a Li-
moges, et il avait obtenu la clientèle du
mais pas assez vite cependant poM que
Blanche ne surprit, le bruit douloureux
d'un sanglot.
Elle se retourna muette et comme frap~-
péeaucœur.
Le comte était devant c)lo. pale, !a poi-
trine émue. te regard profondément triste.
Il avait mis un doigt sur ses lèvres.
Et toi aussi fit Blanche presque ef-
frayée. et personne ne veut rien me dire t.
et l'on se cache de moi Mais je ne suis
donc plus votre enfant vous ne m'aimez
donc plus (
A son tour, M. de Chantclys prit sa tête
dans ses mains ejt. baisa ses cheveux avec
un transport fou.
Tais-toi t tais-toi balbutia-t-il à voix
basse. Tu vois que ta chère mère est.souf-
frante et si eiie pleure ainsi, si elle te ca-
che ses larmes, c'est qu'eue t'aime en ce
moment plus peut-être qu'elle ne t'a jamais
aimée.
Mais pourquoi ce chagrin ?
Nous te !e dirons.
H est donc arrivé quelque chose?
–Oui.
Un malheur? 9
Mêlas 1
Et vous ne voulez pas que je prenne
ma part de votre dou)eur?.
Le comte oublia une seconde son regard
sur le visage de la douée enfant.
Dieu a fait jusqu'ici, dit-il, ta vicheu-
reuse et calme, et le cic! m'est témoin que
nous eussions voulu éloigner de toi à ja-
mais ios misères et les chagrins de ce
monde. Mais nul n'est maître de la des-
tinée. et au moins aurons-nous fait tout
ce qu'il nous aura été possible pour t'épar-
gner ces rudes épreuves. Reprends donc
ta joie et ta sérénité, mon enfant. C'est un
nuage qui passe dans notre ciel si pur.
Demain peut-ctre toutes nos appréhensions
auront disparu, et le sourire reviendra sur
toutes les lèvres.
–Dis-tu vrai?. F
–Tu en doutes?
Non, puisque tu me l'assures. mais
cette larme m'a brûlée. et je la sans tou-
jours.
Enfant 1 qui s'effraye d'une iarme 1
C'cstqu'aus~.c'pstiapremiérequejc
vois verser à ma mère.
Le con'te eut un amer sourire.
C'eat qu'une ne t'a jamais rpgard~a
coiiége. Cette qualité de dentiste du coHége,
c'est-à-dire d'un ctab'issement ptacé direc-
tement sous l'autorité du gouvernement,
n'empêcha pas M. Taitiebois de conserver
sa manière de voir en politique. Un autre
dentiste peut-être, un de ces dentistes qui
ne sont que dentistes, qui sont incapabtes
d'aspirer un jour au gouvernement de leur
pays, se fût tenu ce tangage vit
Je suis dentiste d'un coOcgc les be-
nêftcfs que me rapporte c(ttc situation me
sont payés sur l'argent du gouvernement je
n'ai pas le droit d'attaquer c* gouverne-
ment, à moins de donner ma démission,
M. Taiitebois, fui, n'avait pas de ces rai-J
sonnements indignes d'un vrai citoyen, tt
y avait deux hommes en iui le dentiste, i
arrachant les dents sans dou!eurauxjcunc3
ctcvcs !c citoyen protestant contre ta chute
de M. Thiers. Le 24 mai au soir, ce brave
patriote était occupé a donner ses soins à
une molaire rebcite, quand il apprit q'jc M.
Thiers venait de succomber sous iesenbrts
des conservateurs. Le dentiste du collége
n'hésita pas.
Tout est perdu s'écria-t-i). Mais je 1
ferai mon devoir.
Et sans vouloir entendre les cris de !a
jeune victime qu'il venait de eoman~ec~ io
dentiste du coUége s'étança au dehors, cou-
rut chez lui et rédigea une adresse à M.
Thiers. Il est à croire que l'excellent M.
Barthélémy Saint-iiitaire s'empressa de lui
répondre une de ces lettres charmantes
dont il a le secret, et que depuis ce jour M.
Thiers a donne sa pratique a M. TaiHebois
(traitement par correspondance). Sans cela,
ii faudrait rayer le mot reconnaissance du
dictionnaire.
Malheureusement on no peut pas tout
avoir, et le collége de Limoges vientde don-
ner ses huit jour.! au dentiste politique, tou-
jours sous ce misérable prétexte indique ci-
dessus, que, quand on ne veut pas d'un gou-
vernement, ii ne faut rien accepter de )ui.
Mais M. TaiHcbois n'est pas à plaindre:
grâce à cet incident, le voi'a cefèbre, et I
bientôt, s'ii sait mener sa barque, nous ver- t
rons entin un dentiste recommandé aux
suffrages des électeurs. Quant à la perte de
sa situation, tout porte à croire que !e den-
tiste du collége de Limoges vient d'être
soutagé d'un grand poids car ii ne doit pas
y avoir de supplice plus épouvantable que
de recevoir de l'argent d'un gouvernement
qu~on ne psut pas souffrir.
LÉON DurnAT.
MormatioDs génMes
Privas, 27 février. C'e~t aujourd'hui von-
droch que commencent devant ietribunat cor-
rectionnel de Tournon (Ardéche) tes débats de
l'affairo dite ie complot d'Annonay.
Arras, 2~ février. Darniérement est mort
à Cambrai, à i'agc de 77 ans, et pour ainsi dire
de faim, un homme d'une avarico éprouvés. M.
DswaiUy (c'est ainsi que s'appelait te défunt)
était cé!ibataire, mais ii avait par testament ins-
titué tous les membres do sa famiHe, jusqu'au
sixième degré de parenté, ses héritiers par por-
tions égales. Le jour de la levée des scellés,
environ soixante cousines et cousins se trou-'
vaient réunis à la maison mortuaire. Quel ne
fut pas tour désappointement lorsque l'on re-
connut que l'héritage se composait d'un bois de
lit, d'une table et d une chaise le tout pouvant
tàtoir une soixantaine de francs I
La consternation était générale quand l'un
des héritiers se rappela soudain quelques re-
commandations faites autrefois par le dffuc.t.
Celui-ci, on l'avait remarqué, surveiimt tou-
jours avec une inquiète sotiicitudo l'opération
du nettoyage du pavé de sa maison « No fai-
tes pas aller d'eau sous les coures w, répétait-il
toujours, et il veillait à co que cette recom-
mandation no fût pas veine.
Des fouilles furent décidées et eHes amenè-
rent )a découverte d'une dizaine de petits pots
contenant en tout 80,000 francs.
MarseUIe, 28 février. On a saisi hier
dans notre ~i[!o un grand nombre de photo-
graphies du Prince Impérial. Le Prince, sur ces
photographies, est représenté tenant un dra-
peau semé d'abeilles d'or.
Tonlousa, 26 février. M. Charles de
Saint- Gresse, suspendu il y a six mois do ses
fonctions de premier président à la cour de
Toulouse, par arrêt do la cour de cassation, a
repris lundi son siège à la première chambre.
Montpellier, 27 février. On annonce
l'ouverture prochaine d'un grand concours sé-
rieicote qui doit se tenir ici.
Ce concours comprendra tout ce qui se ratta-
qu'en souriant, répondit-il. Mais voyons,
ma pauvre Blanche, ne parlons plus de cela
tes Meurs te réclament. et moi. il faut que
je m'occupe des graves intérêts de nos co-
mices agricoles. ,1
EtcommeM.deChantelys prononça ces
derniers mots sur un ton de bonne humeur
qui ne semblait pas feinte, Blanche leva
vers lui son front rasséréné. I
A la btnne heure 1 dit-elle, vous voilà
comme je vous aime! 1 I
Et elle sortit, en courant vers le jardin.
Le comte demeura un moment indécis et
trouble. puis, poussant un profond soupir,
IL quitta la salle et gagna son apparte-
ment.
Une heure se passa alors, pendant la'
quelle il ne cessa de se promener à travers
la chambre, tantôt les bras croises sur la
poitrine, tantôt les mains comme attachées
a son front. le front courbé, sombre, i'œil
hagard et plein de lueurs fauves.
De temps à autre encore, il allait à la fe-
nêtre, dont il soulevait le rideau, et, plongeant
son ragard dans le jardin, il suivait B!anche
qui allait et venait, oublieuse déjà des dou-
loureuses impressions qu'elle avait ressen-
ties.
A un moment il frissonna et se retourna
brusquement vers la porte, qui venait de
s'ouvrir.
Mme de Chantetys avait fait quelques pas
l'attitude accablée, et le comte s'empressa
d'aller à elle.
Le moment était venu: c'était l'heure so-
lennelle des résolutions suprêmes. M. de
~hantelys ne put se défendre d'un profond
.sentiment de pitié, et, attirant la pauvre
mère contre sa poitrine
Christiane, dit-il d'un ton brisé. i
Christiane, relevez le front et reprenez cou-
rage. je vous en supplie. Ce n'est pas
l'attitude courbée des coupables qui nous
convient. et si nous subissons la plus i
cruelle d's fatalités, nous pouvons sans 1
crainte appeler Dieu à notre aide, car il sait
que nos cœurs sont purs et que notre cons-
cience n'a ~ien à nous reprocher. Ayons
donc confianc3 en lui: il nous voit il juge
nos ennemis, et sa bonté ne nous laissera
pas'succomber dans cette redoutable épreuve.
Mme de Chantetysleva un regard recon.
naissant sur son époux.
–Merci,monneurlecomte,répondit-die. 1
Vos paroles me font du bien €t me rassuren '1
chc a ta production de! graines et 6 i'éiovage
des vers à soie, ainsi qu'à ta recette dos cocons
et autissagede l'étoffé..
Cest décidément la cour de MontpoHior
qui a été désignée par ta cour suprême pour
tranciterta question do savoir si c'c~t MarsciNe.
seulement ou le département des [~uches-do-
Rhône tout entier qui est placé sous to r~gima
de t'état de siège. M. Thoure), ancien procu-
reur généra), ptaidcra de nouveau la question
dovanteettecour.
Sa.int-P<6tersbonï'e', 2!) février. –M.d"
(iontautBiron a été reçu par tes deux empc-
rfur, qui lui ont tait t'accueit te pins cordial et
l'ont assuré do leurs sentiments d'a'nitiépour
la France et son gouvernement.
Berlin, 27 février. D'après un bruit .ac-
crédité iji, M. le comtt d'Arnim serait sur le
point d'ôtro appelé en quatHâ d'ambassadeur à
Constantinopte, dont le rang vient d'ôtM éfevé
du rang de légation au ran~ d'ambassado.
Comme successeur éventuel du comte d'Ar-
nim à Paris, on désigne )o prince de Itohen-
lœhodeRatibor.
VieBnp, 27 Mvrier. L'empereur est arrivé
aujourd'hui, & cinq heures et demie du mattn,
en très bonne santé, Il a été re~u à la gare par
le prince impérial et tous tes ministres.
Londres, 27 février. On annonce qu'à
l'arrivée a Windsor du duo d'Edimbourg et de
son impériale épouse, un grand banquet aura
lieu dans la saite Saint-Georges, et qu'au jour
qui sera indiqué, la reine, avec Leurs~Aitesses
royales, fora son entrée à Londres pour pré-
senter au peuple sa nouvoi!c fHie.
H est probable que la duchesse de Wei-
tington deviendra la nouvetie maltresse de la
garde-robe.
Aucune proposition faite à la reine, rotativa-
ment aux marques de distinction & l'occasion
du mariage, ne sera ac~uei iie avec. plus de si-
tisfaction par Sa Majesté que celle d'accorder
a l'ambassadeur anglais à Beriin; lord Odo
nusse'i, le cordon de l'ordre du Bain, distinc-'
tion qui cfnfero au titulaire t'entrée à tous tes
honneurs.
Un dernier mot a< !a. C~~c
La C
-d'hier, la situation du prince Louis Bona-
parte en, 1848 et celte de M. Ledru-Rotiia
en 1874 < sont absolument identiques".
EUe use d'aUleurs, dans sa polémique, d'un
procède qui n'est pas nouveau elle débute
en affirmant un t'ait erroné, puis sur cette
base fragiic édifie tout un article de deux
colonnes.
Le G~MM~ prétendait, dit la G
suffrage des électeurs de Vauc)use.
Nous avons constaté que le prince Louis-Na-
potéon, dont ie CeMJo~dëfend avec tant d'ardeur
tes doctrines et la politique, se trouvait, en
18-~8, dans une situatton analogue à cotte de M.
Led)'u-Ho))in.
Notre but, en adressant cotte observation au
Lodru-RoHin, comme bien on pense, mais de
faire toucher du doigt aux bonapartistes !o dan-
aer de ce principe do la souverain
à l'heure actue'.ie.
Si un vote a pu amnistier te prince Louis Bo-
naparte, disions-nous, pourquoi no pourrait-ii
amnistier M. Ledru-RoUin ?
Nous en demandons pardon & notre hono-
rable contradicteur, jamais le C<:M~?M n'a
prétendu que M. Ledru-RoUin avait été con-
damne à la peine de mort po!M' <~e~<~ ?
la ~6 ~B' M. Lfdru-Roilin a été
cité devant la cour d'assises comme préve-
nu de complicité d'assassinat, c'est à~dirc
d'un crime ~'o:7 MMMMM. li n'a pas
comparu et il a été condamné par contu-
mace, non comme adversaire politique du
gouvernement, mais comme.maifaiteur ayant
eu l'adresse de se dérober aux recherches
de la justice.
Quant à Napoléon HI, ii a été condamné,
en 1840~ pour s'être rendu coupable d'un
attentat dont le but était de détruire le
gouvernement, de changer l'ordre de sue-
csssibiiitë au trône et d'exaiter la guerre
civi!e en armant et en portant les citoyens
et habitants à s'armer les uns contre tes
autres. C
attentat politique en vertu des articles 87,
88 et 91 du Code pénal, qui ont maintes fois
frappé des pubticistes ou des hommes d'E.at
un peu. ma'gré l'épouvantable torture que
j'éprouve. Je trouverai, jei'espèrc, dans mon
Mtour de mère, dans ma conscience, te cou-
rage qui m'est nécessaire, et, appuyée sur
vous, j'oserai affronter le danger qui nous
menace.
Et comme le comte lui indiquait un siége
et s'asseyait à ses côt~s
Toutefois, ajouta-t-elle, vous l'avfx
dit vous même, il faut que toute hésitation
disparaisse dès à présent une revendica-
tion imprévue se produit et qui peut nous
frapper d'infamie, ou détruire à jamais le
bonheur que nous avions rcvë pour noire
enfant.H n'y a plus de réticences ni de
réserve possible, et je ferai tout ce que
vous m'ordonnerez de faire, convaincue d'a-
vance nue vous ne me demanderez rien que
d'honnète et de juste.
Le comte approuva du geste.
–Vous vous ptaccz, dit-i), sur le seul
terrain où nous puissions nous entendre et
trouver une issue à l'impasse où l'on nous
rejette. Ecoutez-moi donc, Chhstianet 1
répondez dans la plénitude de votre liberté,
et n'hésitez pas à tout me dire de ce qui doit
nous éclairer et nous guider à travers ces
ténèbres.
Il y eut alors un silence. Puis le comte
reprit
Ainsi que vous l'avez compris, dit i),
il ne s'agit point de savoir comment nous
ferons face au danger, mais de chercher s'il
n'est pas un moyen de le conjurfr, ou, je
dirai volontiers, de le tourner. H y a là,
devant nous, un homme qu'il soit ou non
l'enfant adoptif qui nous a été enlevé un
homme résolu qui vient nous dire Je suis
votre (Hs ). j'ai en main toutes les preuves
qui établissent mon identité et demain je
puis proclamer votre honte, si vous n'ac-
ceptez pas i'odieux compromis que je vous
propose! Dans cette situation, ma pre-
mière pensée a été de vous demander si cet
enfant avait une famitte si, au moment où
vous l'avez recueifi, vous connaissiez sa
mère. si enfin vous ne pensiez pas qu'il
y eût à faire intervenir cette famille ou cette
mère. et à cette heure. permettez-moi,
Christiane, d'insister encore. et dites-moi
qucUes résolutions vous Mnt venues à ce
sujet depuis notre dernière entrevue,
Mm" de Chanteiy~ s'attendait vraisemb!a-<
biement à ~a ques'ion car un pàie.sourire
sans (jo'cn'ait jamais pensé a les confondre
avec les assassins ou ies incendiaires. H a
été condamne par un tribuna) essentie)!e-
ment politique et non par la Gcur d'assises,
par la Chambre des paiM du ro! Louis Phi-
lippe qui avait usurpé le trône.
Qu'on nous permette de rappeler, ce
propos, ta péroraison du magnifique discours
qu'it a prononcé devant ses juges
Un dernier mot, messieurs, a-t-il dit: je re-
présente devant vous KM ~MC)~<, MMe MW.
uno d6iaite io princip' c'est ta souveraine)"
du peuple, la cause est ceUe de l'Empire, et la
défaite c'est cette do Waterfoo. ~~MN~'MMe caM~e ~o~:
personne Z~ ~Mt <'oMore. m'~ ?
CK'M~ ca~~MfM?* e< ?? t'~Mca'. Si vous ètas ies
hommes du vanqueur, je n'ai pas de justice a
attendre do vous, et je no veux pas de votre
générosité 1
M. Lcdru-Hotiin, complice d'une tenta--
tive d'assassinat contre un souverain, poa-
vait-il dirc~ comme Louis Bonaparte, qu'~
représentait un principe" Les démago-
gues peuvent considérer l'assassinat des
rois eomme le plus saint des droits et )&
pius sacre des devoirs mais nous ferions
injure à la 0'~e~c en supposant qu'eiie
puisse a!ter jusqu'à cette doctrine hideuse
pour détendre un parallèle dans lequel cUc
b'est trop légèrement compromise.
La 6'
tend:
M. Bcrryer, qui défendait le prince, mSnfint;
dit Vapereau, la cause & la hauteur d'unf
grande tutte peiitique, et trouva comme ora-
teur ses plus sublimes mouvements.
Ka routant pas attacher au nom da!
faire, une peine infamante, la Cour des paires
condamna )e prince à la peine M~fa ~
M. Benyer aurait certainement in avec
regret tes deux articles de !aG<~c~<. Peut-
être même aurait-it exptiquc, avec toute
l'autorité de son génie at de sa science, que
cette peine M~<ï-~(~ et non infamante
n'était qu'une précaution prise contre les
tentatives futures du priHCf Louis-Bonaparte,
qu'elle ne diminuait en rien sa peMonnatite
politique et lui laissait Untégraiité de sea
droits de citoyen français. Ce n'est pas 'iui
qui, pour les ûesoina d'une discussion ta-
quine et profitable aux seuis ennemis de
i'srdre, aurait fatsiné les gran'is principes
de la ici et du droit sans iesqueis ies socié-
tés dégénèrent et périssent, ii aurait une
seconde fois plaidé la cause du prince Louis
Napoiéon,si inoppottun~ment attaqué, et
n'aurait pas permis qu'on assimii&t la vieti-
me politique de l'usurpateur Louis-PhUipp~
à un homme condamné pour tentative de
meurtre.
Nous espérons que ia C
faux respect humain a jTéyidence, et qu'eiie
rcconMttra loyalement que, si ia condamna-
lion ~oM~KC du prince Lo~is tombait ~c
/<:e~ avec le gouvernement q~i l'avait fait
prononcer, le jugement qui condamne M.
Lcdru. Hoiiin pour crime de <
contumace ait été purgée.. i
Il restera entre ia G
suffrage universe!. Quand ta Gazette nous
aura fait « toucha du doigt)* autrement
que par son parailéie ~aiheureux ie dan-
ger de nos principes sur c<) ooint, n~us ver-
rons à lui répondre.
Pour aujourd'hui l'incident est ctos~
Un mot encore pourtant..
Bi n iavotontairement, nous avons, em~
p'oyé une expression dont, paraît it, nche
honorable confrère s'est ému. < M. Bonbé~
avons-nous dit, a tort de fournir des ar-
« mes & M. LedruRoHin. A ce jeu-ia, if
court le risque de devenir un jour otage.
M. Boubée voit dans cette phrase une <' me~
nace' elle ne contenait qu'un avis. Tou~
nous pouvons avoir l'honneur d'être quel-
que jour otage c'est un motif qui devrait
engager tous ics conservateurs a rester
unis. Teiie était notre pensée et notre con-
seit, conseil excellent, et que nous rcnou-
vêtons: car il nous déplairait beaucoup d&
devenir le compagnon de chaîne de M. Si-
mon Boubée, juste entre deux articles de
polémique.
C'est pourtant ce qui pourrait arriver St
nous perdions notre temps à fei'raitter f~m.
cffteura ses lèvres, et elle remua tristement v e
la tête. 't~~
Cette pensée, dit-ette, a erre depuis.
trois jours en mon esprit. Quand on se croit.
perdue, on accueille facilement toutes te%
issues qui semblent oifrir quelque chance
de salut 1. Mais que vous dirai-je, monsieur
comte? j'avais beau invoquer tous tes droits
que me donnent mes titres sacres d'épouser
et de mère, quand je remontais du tond de
mes r~MexioBS, je sentais qu'il y avait en:
moi un malaise bizarre, qui ressemblait
presque à un remords.
–Que voulez vous dire? q
Ah 1 je n'explique pas. je raconte.
Cependant vous connaissez la mèra
de cet aventurier? ï
–Oui, monsieur ie comte. °
–Etie existe? ?
–Sans doute.
Et vous ne pensez pas pouvoir me `
faire connaître son nom?
Mme de Chantetys releva le front avec un y
geste de soumission et de dignité indicible~
–Monsieur!e comte, repondit-c!ie,j'aiap-
pris depuis longtemps & vous; connaître et à
vous estimer, et jo sais que vous êtes le p)us
Joya! et te plus honnête des KRntUshommes.
Vous n'avez donc qu'un mot à dire, et, si
vous t'ordonnez, je vous livrerai le secret
que j'ai juré de garder.
Christiane! baibutia M. de Chantées.
Au surplus, continua la pauvre m~M,
vousavtz peut-être raison, et je me senti-
rai moi-même moins aceab'ée quand je par-
tagerai avec vous le fardeau de ce secret.
Ecoutez moi donc, monsieur le comte et,
quand je vous aurai dit tes circonstance!
exceptionnelles dans tesqueitcs j'ai recueilli
cet enfant, qui peut demain devenir notre
honte ou notre malheur, vous déciderez
vous-même si je dois vous livrer le nom de
sa mère.
Le comte no répondit pas mats it Ht un
geste de curiosité, et se rapprocha "vivement
intéressé.
Madame de Chante! y< poursuivie
PtEMB ZACCONE Ct ADOLMB RACOT/
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