Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-03-29
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Description : 29 mars 1937 29 mars 1937
Description : 1937/03/29 (Numéro 87). 1937/03/29 (Numéro 87).
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/03/2008
£49e ANNEE. W «Z
40 centimes le ISTuméro V DANS TOUTE tA FftANOfi •*• X«o Numéro 4O «Sentîmes
N* 87, 1498 ANNEE
° LUNDI @
29 MARS 1937
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France et Colonies 33 tr. 65fr- 120$.
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LUNDI
29 MARS 1937
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JOURNAL DES DÉBATS
POLmOllES ET LITTERAIRES
~u 2~ ~Ar~ £ "d A
Au jour le jour. La mission française Ca-
frelier de- La Salle et Marquette est arrivée aux
ÏStats-Unis. Gaétan Sanvoisin,
Les échos de partout.
Histoire du temps passé. Damians d'Archim-
baud.
EN 3« PAGE
La suppression de la taxe de 10- sur les
tentes.
Les conflits du travail.
Revue de la presse.
La semaine dramatique. André BeQessorf,
PARIS, LE 28 MARS
La Ndtioii ot le Parlement
Les parlementaires en yacances vont
pouvoir entendre leurs électeurs. Ils
rvont aussi pouvoir les renseigner.
iParmi ces électeurs, les uns, qui com-
prennent les événements, sont- inquiets;
les autres, qui ne sont pas informés de
ce qui se passe, sont satisfaits ouiné-
.contents, selon leur tempérament ou
selon l'état de leurs affaires. Tous ont
le sentiment que le Parlement joue un
rôle effacé et qu'un changement anor-
mal s'est produit*
C'est là, en effet, un des aspects
de la crise générale ouverte ou en
tout cas aggravée par les incohéren-
ces du Cabinet Blum. La nation avait
l'habitude de considérer le Parlement
non seulement comme une institution
de contrôle, mais comme an pouvoir
représentant le peuple souverain,
avertissant et au besoin dominant les
^gouvernements, défaisant et refaisant
-les ministères.
Or, depuis six mois, en particulier,
ce pouvoir parlementaire s'est montré
impuissant. Il est notoire que le Sénat
éprouve les plus grandes défiances, et
d'ailleurs les plus justifiées, à l'égard
du Cabinet Bîum mais il le laisse
(poursuivre ses ravages. Il est notoire
aussi que, dans la majorité même de
la Chambre, nombre de radicaux et
quelques socialistes aussi ne voient pas
sans appréhension la ëoûnïissïon. dtf
Cabinet aux communistes mais ils.
^votent pour lui.
Le malaise indéniable du monde po-
Jitique tient à ce que le Calbinet Blum,
-depuis son avènement, a bouleversé
3'équilibre habituel des institutions.
*Au pouvoir légal du Parlement, il a
«substitué le pouvoir illégal des masses
représentées par la C. G. T. Il garde
'les formes extérieures de la vie par-
lementaire il parle devant les Cham-
brés; il sollicite des votes. Mais tout
*cela n'est plus que le fantôme de l'ins-
titution parlementaire, et les Cham-
bres ne sont plus que des organismes
'd'enregistrement. Le pouvoir, qui com-
mande, qui ordonne, qui impose, c'est
fïe syndicalisme révolutionnaire. "II
Théoriquement, on peut très bien
imaginer un Etat de telle sorte que
3e Parlement y joue un rôle secon-
daire et que l'autorité appartienne à
un gouvernement s'appuyant sur des
associations ou des syndicats. On dis-
cerne même qu'en Italie et en Alle-
magne le pouvoir parlementaire n'est
pas précisément au premier pîari. Et,
jbien qu'il soit paradoxal de voir le
.Cabinet Blum obliger à ces analogies,
c'est bien vers un Etat «totalitaire »
,que va le Cabinet Blum, et c'est à une
forme de dictature qu'il accoutume les
«sprits.
Ce sera pour les historiens futurs
un sujet d'étonnement que de consta-
ter l'éclipsé brusque du Parlement
français, qui n'avait aucune tendance
à être réservé, et qui, au contraire,
avait une tendance d'ailleurs fâcheuse
à dominer les autres pouvoirs. Ce sera
,*am' sujet d'étonnement plus grand en-
core que de constater que ce transfert
d'autorité, jadis condamné par les co-
mités politiques et la maçonnerie, s'ac-
complit avec la complicité du Parle-
ment lui-même, qui en est la victime.
Au cours de la dernière séance d'ex-
plications sur l'affaire de Clichy, séance
si pitoyable, le mérite de l'opposition
a été d'intervenir vigoureusement et
de faire entendre des vérités néces-
saires. Les orateurs qui ont parlé pour
elle ont signalé fortement les capitu-
lations du: Cabinet Blum devant la
C. G. T., qui représente des luttes de
classes, des tentatives révolutionnaires
et non l'intérêt général. Ils ont •mar-
"qué le véritable caractère du Cabinet
Blum, en signalant ses faiblesses de-
vant les masses et l'abandon qu'il fait
;*avéc inconscience des libertés démo-
cratiques.
C'est là qu'est le véritable problème,
le grave problème que pose la politi-
̃que:du Cabinet Blum. Il arrive gar-
dois qu'avec quelques paroles plus me-
surées ou plus prudentes que d'habi-
tttde ce Cabinet fasse illusion aux
opportunistes. En réalité, il a déter-
miné un mouvement dont il n'est plus
maître. Il a donné cette idée fausse aux
groupements ouvriers que, parce qu'il
était au pouvoir, tout était devenu
possible. Il n'y a ni budget d'Etat, ni
entreprises privées, ni économies, ni
trésorerie, ni finances qui puissent
tenir devant ce débordement dérai-
sonnable.
Dans un article de la Nation, où il
raconte ses' impressions de séance,
M. Louis Marin écrit que le règne du
Cabinet Blum est « le plus calami-
teux » qu'ait connu la France et que
le dernier discours ministériel est « le
plus insensé » qu'ait prononcé un chef
de gouvernement de notre pays. Si
l'avenir ne justifie pas ces apprécia-
tions, ce sera fort heureux, certes.
Mais le présent fait craindre qu'elles
ne soient que trop exactes. Le Parle-
ment s'en aperçoit-il ? ¡
Les Jeunes Gardes et les ministres
Les Jeunesses socialistes tiennent depuis hier
leur congrès à Creil. Cette organisation joue
danp le parti S. F. I. 0. un rôle Remarquable.
Elle ne bénéficie d'aucune autonomie et elle dé-
pend des dirigeants habituels du socialisme, en
particulier de M. Blum. Mais elle est plus ouver-
tement révolutionnaire et elle se préoccupe moins
des nuances de la tactique. Les communistes y
entretiennent des agents dévoués. On connaît
même les noms de certains bolchevistes qui ont
abandonné officiellement la ni" Internationale et
qui se sont affiliés aux Jeunesses socialistes pour
y poursuivre une propagande profitable. Sous'
leur impulsion, ces groupes se sont constitués en
formations de combat et ont élaboré des milices
ouvrières. Us préparent ouvertement la guerre
civile et les solutions violentes de la révolution.
Ces préparatifs ne sont .^as, secrets et cette or-
,ganisation de structure ^litaire,^ est naturelle-
ment bien connue des ministres qui sont chargés
de l'ordre puisque quelques-uns d-entre eux font
partie du comité d'honneur des Jeunesses socia-
listes. Hier, M. Paul Faure, ,,minjistre d'Etat, est
venu haranguer ces jeunes '.gens qui méditent
d'abattre le régime. Cet après-midi, trois minis-
tres assisteront au défilé de six mille jeunes gar-
des qui, vêtus de leurs uniformes, en formation
disciplinée, attesteront le caractère de leur en-
traînement. Ces Jeunesses socialistes recevront
donc l'investiture officielle. Elles apparaîtront
comme une organisation favorisée et patronnée
par le gouvernement. Au moment où M. Blum
déclaré que le Parti social français, parti légale-
ment constitué, semblable tous les grands par-
tis, est un parti de factieux, il permet à ses mi-
nistres de passer en revue de véritables milices
révolutionnaires.
Tout cela est logique. Tout cela est conforme
aux règles du Front populaire. Liberté, légalité,
justice, sont des étiquettes orgueilleuses dont on
se sert pour habituer les radicaux anachroniques
à la tyrannie, à l'arbitraire, â'-la révolution. Pour
eux, la satisfaction de forme. Pour les agents de
la m* Internationale, toutes les facilités du cham-
bardement. Pour les radicaux, on sdislt le jour-
ual « La Jeune Garde • «t on fait semblant de
'l'interdire. Mais on envoie des représentants mi-
nistériels présider un défilé militaire organisé
par cette même « Jeune Garde ». Tout le para-
doxe du gouvernement Blum, toute sa duplicité
fondamentale est dans ce spectacle.
Mort de M. René Cagnat
M. René Cagnat, secrétaire perpétuel
de V Académie des inscriptions et -belles-
lettres, dont l'état de santé inspirait de-
puis quelques jours les plus vives in-
quiétudes, a succombé hier soir, à son
domicile de l'Institut, 3, rue Mazarine,
après une longue maladie.
René-Louis-Victo-r Cagnat était né à
Paris en 1852. Elèye de l'Ecole normale
supérieure, agrégé de grammaire, docteur
es lettres, il fut nommé en 1887 profes-
seur d'épigraphie et d'antiquités romai-
nes au Collège de France, après avoir
dirigé de nombreuses campagnes de fouil-
les dans l'Afrique du Nord. Ayant parti-
culièrement consacré ses travaux à l'épi-
graphie, il savait rendre cette science ai-
mable et vivante par la chaleur de son
enseignement et par tous les. renseigne-
ments qu'il en a tirés pour la connais-
sance de l'antiquité romaine.
Il était le doyen de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, ayant été
élu en 1895 à la place vacante de Daren-
bourg. En 1916, il succéda à Maspéro
comme secrétaire perpétuel de cette com-
pagnie.
Depuis 1888, il faisait paraître, avec
Bemier, l'Armée épigmiphiq^t,
Parmi ses nombreux et «importants
travaux, citons Etude historique sur les
impôts indirects chez lès Romains (1882)
Explorations épigraphiqilds* et archéologi-
ques en Tunisie (lSSS-lSâB1) Cours élé-
mentaire d'épigraphie (1886) Les Fouil-
les de Timgad (1891) L'armée romaine
d'Afrique (1892) Voyage en Tunisie
(avec Gauckler, 1898) Carhage, Tim-
gad, Tébessa (1909) A travers le monde
romain (1912), etc.
M. René Cagnat était commandeur de
la, Légion-d'Honneur.
LE RECRUTEMENT
DE L'ARMEE ANGLAISE
Tandis que, pour l'aviation anglaise, le re-
crutement des officiers et des soldats continue
de s'effectuer dans les meilleures conditions et
permet de trier sur le volet ^es candidats à
l'engagement volontaire, l'armée régulière
manque toujours d'officiers. 980 postes sont ac-
tuellement à pourvoir dans le£ régiments de
cette armée et une côrnmissibn .'spéciale va
être instituée afin d'étudjér les mesures pro-
pres à remédier à cet état de choses.
L'aviation est en partie responsable de ce
manque d'officiers dans les autres armes, un
grand nombre de jeunes gens intelligents et
aventureux préférant s'engager dans l'armée
de l'air.
C'est ainsi qu'au cours des deux dernières
années, 14.000 candidats pilotes se sont pré-
sentés pour 2.140 postes à pourvoir sur un
total.de 65.000 candidate. V
L Autriche inquiété
M. Hodza, premier ministre tchécoslo-
vaque, vient de rendre visite au chan-
celier d'Autriche, M. Schuschnigg. Ce-
lui-ci ira voir M. Mussolini à la fin de la
semaine. Ces deux rencontres s'appa-
rentent aux efforts déployés depuis quel-
que temps en Europe centrale pour
établir, entre le « bloc s> italo-austro-
hongrois'et la Petite Entente, un con-
tact ou une. charnière ».
A dire vrai, ce contact existe, depuis
avant-hier, du fait du pacte italo-you-
goslavé. Mais ce sont les intérêts adria-
tiques et non les intérêts danubiens de
l'Italie que le comte Ciano est allé dé-
fendre à Belgrade. Et c'est un peu ce
qui inquiète M. Schuschnigg.
Aussi bien l'inquiétude est-elle le trait
dominant de la politique autrichienne
depuis qu'elle est à cheval sur l'axe
Rome-Berlin. H lui faut surveiller jalou-
sement-toutes les modifications d'équili-
bre et; ïleur,: trouver- sur-le-champ un
correctif ou une compensation. Ce n'est
pas toujours chose aisée.
Le chancelier fédéral a résisté coura-
geusement aux injonctions de M. Hitler.
Il a refusé à M. de Neurath le rapa-
triement de la légion autrichienne, dont
une bonne partie, d'ailleurs, a été en-
voyée se battre en Espagne. Il a riposté
avec dignité à la protestation allemande
au sujet des informations de la presse
viennoise. Enfin, il s'est séparé d'un des
deux ministres qui représentent, au sein"
de son Cabinet, le nazisme camouflé,
M. Neustaedter-Çturmer.
Dans le système où gravite l'Autri-
che, cette action aurait dû avoir pour
contre-partie un resserrement des liens
entre Rome et Vienne. Or, M. Musso-
lini. semble aujourd'hui plus préoccupé
des affaires d'Espagne et du statu quo
méditerranéen que de l'évolution en
Europe centrale. Et il entraîne à sa suite
la Hongrie qui, de bon pu de mauvais
gré, ne saurait mener vis-à-vis de la
Yougoslavie, par exemple, une politique
très différente de celle du Duce, son
chef de groupe. Bref, le gouvernement
autrichien a le sentiment qu'au moment
même où |1; t^iid ges énergies pour con-
tenir là pousséede l'Italie se disperse et, s'éloigne de lui.
Se juge-t-il plus rassuré du côté du
Vatican ? L'encyclique du Souverain
Pontife, qui condamne le national-socia-
lisme, peut assurément être grosse de
conséquences pour l'Autriche catholique,
qu'elle sépare davantage de l'Allemagne
sans la rapprocher de Wtalie. On sait,
au surplus, que certains prélats autri-
chiens, à commencer par l'archevêque
de Vienne, passent pour n'être pas tout
à fait dans la « ligne » du chancelier.
M. Schuschnigg sondera les intentions
du Saint-Père, lors de son voyage à
Rome, sur ces questions et sur bien
d'autres.
Or, il en' est une plus particulièrement
scabreuse celle des Habsbourg. Le
chancelier considère la consolidation de
son œuvré comme liée à l'avenir de la
restauration monarchique. Il s'efforce
de populariser la cause1 de l'archiduc
Otto et présente celui-ci comme un « roi
social7'» qui, dans une « démocratie
couronnée j>- à la mode de Grèce, pour-
rait même se contenter d'un simple
titre de Landesfûrst. Il lui faut, en
outre, montrer que la monarchie serait
peu coûtétïse, beaucoup d'Autrichiens
s'inquiêtarit des charges que pourrait
faire peser sur un budget modique le
retour d'une famille princière dont les
membres sont fort nombreux.
Mais, dans l'exacte mesure où il ap-
puie à' l'intérieur la campagne légiti-
miste, les' obstacles et les risques de
complications se multiplient autour de
l'Autriche. Les Habsbourg ont aujour-
d'hui contre eux M. Hitler; la Petite
Entente et M. Mussolini. Et le Vatican,
peu soucieux de prendre dans cette
question une position isolée, se défend
de s'intéresser à leur cause.
Le chancelier a-t-il les mains plus
libres dans sa politique de collaboration
avec les Etats danubiens ? Il se rend
compte, certes, que l'intégrité de la
Tchécoslovaquie conditionne l'indépen-
dance dé l'Autriche, et c'est un point
capital. Il peut, sur le plan économique,
s'attacher aux suggestions mises en
avant par M. Hodza. Au delà de cette
limite, il risque d'alarmer ses ombra-
geux protecteurs et de payer de nou-
velles difficultés un geste tant soit peu
hardi. La Petite Entente elle-même
cherche à collaborer avec les signatai-
res des protocoles de Rome, et non à
entamer leur cohésion. Aucun « ré-
groupement » n'est à envisager, ni pour
aujourd'hui ni pour demain.
Et ceci revient à dire qu'il n'est pas
d'Etat qui offre un cas d'interdépen-
dance plus marque que l'Autriche. Par
là s'explique le mal qu'ont les Autri- 1-
chiens à se donner à eux-mêmes une
notion concrète de leur mission euro-
péenne. Lés nationalités de l'Europe
orientale se sont constituées au dix-
neuvième siècle dans un cadre ethno-
linguistiquë. Leur individualité de lan-
gue et dé race leur assure, depuis
qu'elles se sont émancipées, une im-
Pèrméabilité relative. L'Autriche n'ap-
partient pas à cette catégorie jellè
constitue à la fois une partie de la
« fâcé ̃» germanique et! un peuple réu-
nissant les éléments d'une existence
indépendante.' Il y a là un problème
d'exégèse historique on discute encore
la question de savoir si Frédéric Bar-
berousse a été bien ou mal inspiré en
séparant l'Autriche de la Bavière. En
fait, l'Autriche est un Etat dont la vie
internationale évolue dans un tout autre
complexe que celle de l'Allemagne. Elle
s'intéresse beaucoup plus à l'Italie, à la
Pologne, à la Hongrie qu'à la Rhénanie.
Quand François II a troqué le titre
d'empereur d'Allemagne contre celui
d'empereur d'Autriche, en- 1806, il a
donné à ce dernier une signification
universelle qui dépassait le cadre natio-
nal. Ce rappel du passé est moins spé-
culatif qu'il ne le paraît; car il illustre
la fatalité géographique d'un Etat-car-
refour. Le jour où Dollfuss a. voulu dé-
finir le rôle de la nouvelle. Autriche,
il s'est réclamé, du « germanisme euro-
péen », universalité, chrétien, héritage
spirituel de Charlemagne, des Hohen-
staufen et des Habsbourg.
Si la conception du Reich pèche par
abus de dynamisme, celle-ci pèche par
excès de plasticité voilà pourquoi l'Au-
triche est condamnée à une politique
de rajustement perpétuel, resserrant et
relâchant tour à tour ses liens avec des
voisins, dont les uns sont trop puissants
pour n'être pas tentés de la mettre en
tutelle, les autres pas assez jgpur la ga-
rantir contre cette tentation. "~r ̃'
̃' ̃̃ .̃ Albert MOTJSSET.
La Hongrie
et les accords de jRome
On télégraphie de Budapest
Interviewé par un rédacteur du journal
Esti Ujsag, au sujet de la visite du chance-
lier Schuschnigg et du voyage du comte Ciano
à Belgrade, le ministre-président Daranyi a
déclaré:
« Les délibérations poursuivies avec le
chancelier Schuschnigg lors de sa récente vi-
site à Budapest, ont permis de constater l'iden-
tité complète des vues de la Hongrie et de
l'Autriche en ce qui concerne la situation
politique internationale et ont eu pour résul-
tat qu'une attitude entièrement analogue eera
observée dans toutes' les questions actuelles
touchant les deux pats, qui sont unis par
une collaboration amicale dans l'esprit des
protocoles de Rome.. '̃'̃
» La force constructive éprouvée, qui est
inhérente à la solidarité des signataires de
ces protocoles prouve, de l'avis commun, que
nous constituons, nous Etats autrichiens et
hongrois, la: meilleure garantie d'un dévelop-
pement pacifique dans toute l'Europe et le
moyen le plus efficace contre toute tentative
éventuelle de troubler la paix »
Le ministre s'est félicité également des ré-
sultats du voyage du comté Ciano .à Belgrade.
« La note de la semaine »
PAR M. ANDRE "TAR0IEU
Sous ce titre, M. André Tardieu vient
de réunir en volume les articles, toujours
si passionnément commentés, qu'il a pu-
bliés dans Gringoire au couira de ces
douze derniers mois. Son nouveau livre
pourrait porter en sous-titre « Le procès
d'un régime »., “•i .̃ .•̃
C'est d'abord la-vie^polîtîquë dé là
France, telle qu'il l'a connue et vécue,
que l'auteua- nous montre. Mœurs parle-
mentaires, éloquence parlementaire, enfin,
si l'on peut dire, mentalité parlementaire.
Derrière les. mots l'auteur cherche les
idées, au delà des programmes les actes,
après les promesses les réalisations. Et
ce qu'il découvre, résidu et sous-produit
d'une long-ue expérience parlementaire,
n'est que mystification, duperie, roensonge,
incohérence, appétits individuels, vora^
cité de groupes, abaissement -moral,: pau-
vreté et misère de l'esprit, l: .<̃
Puis voici dirigeants, grands premiers
rôles et vibrions d'ailleurs interchan-
geables qui s'emploient à mener à bien
et à terme l'œuvre eux nous assistons à ce que l'on pourrait
appeler « la montée des -périls: ». Le plus
grave est sans doute celui, si souvent dé-
noncé iciTmême par -ik Albert-Petit, et
qui menace la jeunesse, c'est-à-dire la
France de demain. Le" chapitre qui traite
du Drame des Iitstitutetirs est, certes,
l'un des plus angoissants de cet angois-
sant film documentaire. La dernière par-
tie du livre précise les.contre-coups à
l'étranger, les dangers qu'attirent et
amoncellent sur la France, lés faiblesses
les ignorances, les erreurs, les compro-
missions, pour ne rien: dire de pire, de
nos gouvernants. ̃̃• ̃̃.
Plus implacable réquisitoire, plus con-
vaincant aussi, contre un gouvernement
au pouvoir et, par extension, contre le
régime responsable dé ce gouvernement,
il serait, certes, difficile de dresser. Ici,
en effet, la conviction se fonde sur les
faits, les documents, les chiffres, les da-
tes. Le commentaire, sobre, récapitule seu-
lement les résultats acquis, précise les
conclusions, A peine se marquent, ici et
là, les deux traits de caractère que l'au-
teur partage avec certains grands politi-
ques et dont Bismarck a montré qu'ils
pouvaient, à l'occasion, devenir de puis-
sants moyens de gouvernement le mé-
pris égal et absolu de ceux qui, en poli-
tique, attaquent et de ceux qui font
profession de défendre l'ironie supé-
rieure qui accable impartialement les uns
et les autres. L'auteur ici 'veut convaincre,
ne cherche qu'à convaincre. La certitude
qu'il impose constamment au lecteur est
celle de la chose- vue, du fait, de l'action
que l'on ne peut récuser parce que l'on y
assiste, parce que lîon en est le témoin.
Il est rare qu'un livre d'opinions et
d'idées donne, aussi forte,, l'impression de
l'écrasement de l'erreur par ^expérience.'
Georges LECKARTTER.
r LA GUERRE CIVILE EN ESPAGNE
Londres affirme son accord avec Paris
dans la question des volontaires
On mande de Londres à l'agence Havas
que, à la suite des diverses interprétations
données hier matin par certains organes
de presse anglaise à la récente conversa-
tion entre M. Delbos et Sir George Glerk,
les milieux diplomatiques anglais tiennent
à préciser un certain nombre de points- en
ce qui concerne l'attitude de la Grande-
Bretagne et de la France à l'égard de la
question des volontaires en Espagne.
Ils soulignent, en premier lieu, que,,
contrairement à certaines indications pa-
rues dans la presse, il n'existe entre la
France et la Grande-Bretagne aucune di-
vergence dé. vues sur la manière dont ce
problème doit être traité. Rien, rappel-
lent-ils, ne fait prévoir jusqu'à présent de
nouvelles violations de l'accord de la part
du gouvernement italien. Dans ces condi-,
tions, on doit faire l'épreuve du système
de contrôle actuellement en cours de pré-
paration, tel qu'il sera appliqué par le Co-
mité et l'Office de contrôle.
A ce sujet, on assure que, contrairement
à l'information publiée dans un organe de
presse anglais, la France n'a proposé au-
cun plan de nature à modifier le systèïue.;
Dans le cas où des contraventions à l'ac-
cord seraient constatées, le gouvernement
britannique attacherait à la situation
ainsi créée une extrême gravité et-il serait
alors temps pour la France et pour l'An-
gleterre d'envisager les mesures qu'il
conviendrait d'adopter.
Cependant, indique-t-on, les échanges
de vues se poursuivent par la voie diplo-
matique entre Paris et Londres et le dé-
veloppement de la situation- est suivi- de
part et d'autre avec une extrême- atten-
tion.
LA CRISE CATALANE
On mande de Barcelone que le président1
Companys a commencé hier ses consulta-,
tions en vue de résoudre la crise gouver-
nementale. Il a reçu notamment la visite
du président du Parlement catalan, M.
Serra-Hunter, et celle du président de
l'Union des métayers, M. Calvet, ancien
conseiller à l'Agriculture, A l'issue de son
entretien avec le président Companys,
M. Calvet a communiqué à la presse une
note dans laquelle il fait pleine confiance
au président Companys pour la constitu-
tion d'un gouvernement investi de' toute
autorité afin de donner une solution aux
quatre problèmes suivants. ordre .public,
armée populaire, redressement financier,
rétablissement de la confiance au sein des
campagnes* •
Pour ces raisons, M. Calvet a recom-
mandé à M. Companys de constituer un
Cabinet ressemblant le plus possible au
précédent.
L'après-midi, le président Companys a
remis une note aux journalistes dans la-
quelle il explique que la crise actuelle
s'est déclenchée anrès l'accomplissement
d'une œuvre législative énorme, approu-
vée à l'unanimité par les conseillers et
discutée le plus souvent en Conseil, mais
qui trop souvent n'a pas été mise en pra-
tique et parfois a été exagérée ou déna-
turée.
Nouvelles de L'Étranger
EMPIRE BRITANNIQUE
Appel pour la constitution
d'un front uni des travaillistes
et des communistes
M. James Maxton a prononcé hier à la con-
férence annuelle du parti travailliste indépen-
dant, qui s'est ouverte à Glasgow, un disç^up
constituant un nouvel appel pressant:,aux .mi-
litants du Labour Party en- faveur de la' for-
mation d'un front uni des forces de gauche-
Après avoir déclaré que l'exclusion récente
de Sir Stafford Cripps et des membres de la
Ligue socialiste montrait suffisamment les -in-
tentions des dirigeants du Labour Barty, St.
Maxton a affirmé qu'à ces dirigeants devraient
tôt ou tard succéder des hommes capables dé
réunir dans un même front politique M. Ernest
Bevin et Sir Walter Citrine, leaders trader
unionistes, Sir Stafford Cripps et M. Harry
Pollitt, chef du parti communiste britannique.
Mrs Simpson n'ira pas en Italie
M. Hermîn Rogers a démenti hier au cours
d'une conversation téléphonique avec un ré-
dacteur diplomatique de l'Evening News, les
informations de presse selon lesquelles Mrs
Simpson aurait loué une villa en Italie. '̃̃̃"
« H est inexact que Mrs Simpson ait loué
une villa en Italie ou ait l'intention de quitter
le château de Cande pour le moment », a
ajouté M. Rogers. ̃ ̃ • -̃̃•. ̃ ̃
ALLEMAGNE
· La délégation allemande
aux fêtes du couronnement britannique
On mande de Berlin à l'agence Reuter
L'Allemagne enverra probablement en An-
gleterre le cuirassé de poche Graf Spee pour
•la revue du couronnement.
Il est probable que le maréchal de Blom-
berg fera partie de la délégation du Reich,
dont la composition sera prochainement ajv-
noncée.
ITALIE
Le retour du comte Ciano
On télégraphie de Rome
L'avion trimoteur à bord duquel le comte
Galeazzo Ciano est rentré de Belgrade, a
atterri à l'aéroport du Licteur, hier, à
15 h. 45.
Le ministre des affaires étrangères a été
salué à sa descente d'avion par le sous-se-
crétaire à son département, le ministre de
la presse et propagande et le conseiller de la
légation de Yougoslavie.
Dès son arrivée à Rome, le comte Ciano
s'est rendu chez le Duce.
Une délégation économique
autrichienne se rendra à Rome
Vers le milieu du mois d'avril, une délé-
gation économique autrichienne se rendra à
Rome sous la conduite de M. Schuller et en-
tamera des négociations qui devront la re-
tenir assez longtemps.
L'accord avec la Yougoslavie
Un article de la Tribuna justifie' toute îa;
politique extérieiure de l'Italie par le désiï
M. Companys souligne que tout le
monde' est convaincu de l'importance de)
l'heure présente, non seulement en Gata->
logne et en Espagne, mais aussi dans tel
mondé entier. 11 remarque que cette ccm»
viction impose à tous l'obligation de rie
pas s'arrêter à des intérêts .de groupes,'
mais de n'avoir en vue que des aspirations'
idéologiques qui doivent réunir tous les» a
éléments antifascistes, avec comme objec-
tif principal gagner la guerre. Cette
conviction nous impose aussi, dit le pré-
sident Companys, l'obligation de ne pas
transiger mais de combattre énergique-
ment toutes manifestations ou symptômes
qui entravent ou retardent la tâche dq,
gouvernement.
Le président réclame pour les membre»'
du Cabinet le maximum d'autorité afin de'
pouvoir prendre et mener à bien leurs
initiatives, car,' sans autorité, il ne leur,
est pas possible de remplir la tâche dont
ils- sont chargés.
En terminant, le président Companyg
déclare ̃
« Lé nouveau gouvernement devra êtW|.
revêtu de la confiance entière des organi-
sations et des partis afin de pouvoir agiç
dès sa formation. C'est la condition préa*
lable indispensable pour qu'il puisse sflf.
constituer sous ma présidence. »
LES OPERATIONS MILITAIRES
La trêve tacite des Jours Saints est, eiï
général, observée sur les divers thêâtreg
de la guerre civile. Tout s'est borné hiei;
à quelques duels d'artillerie et à des re*
connaissances aériennes. Toutefois, 1«
ministre de la Marine et de l'Air. à Va-
lence, communiquait hier soir
L'escadre républicaine a bombarda
vivement vendredi les villes de Malagsf*
Melilla et Motril. De retour à leur basé!
de Carthagène, nos bateaux ont été atta«
:qués par un avion rebelle qui a lancé trous
bombes, lesquelles sont tombées à la mer.
Devant la présence de plusieurs appareils
gouvernementaux, l'aviation ennemie S
pria.la fuite. >
Bruits de troubles dans la Mancha .)
On mande d'Avila (camp nationaliste!)!
que, selon des déclarations dé déserteurs
gouvernementaux passés dans les lignes
nationalistes du secteur de Talavera, deS
troublés' se seraient produits à Ciudad"
Real par suite de l'enrôlement forcé d^
j«unés Paysans.
-La ville de Ciudad-Real aurait été 4é*
bap.t$séepar les autorités et serait deve^
ïiVtë Cilidad-de^la-Manciia.
Le bateau français arraisonné V
L-es vingt-cinq volontaires trouvés îî
bord du bateau de pêche français arrai-1
sonné par le garde-cotes Cerbère et amena
à Port-Vendi^es, ont été conduits à lai
prison de Perpignan, où ils demeureront
jusqu'à mercredi. A l'information qu«(
nous avons publiée hier, en Dernière
Heure, sur -cette affaire, ajoutons encore
que toutes les personnes arrêtées sont
munies de passeports américains, viséfl
par le consul de France à New-York.
d'assurer la paix en Europe souvent au priai
de véritables, sacrifices. Pour se, mettre d'ac-*
cord avec la Yougoslavie, l'Italie a dû re«'
nonçer à certaines préteations, « bien qu0
du point de' vue strictement national, il' lui
en coûtât ». Mais « elle voulait défendre
un principe universel, c'est-à-dire la paix efj
la défense de la civilisation européenne com«
mune »..
ta presse grecque enregistre avec satisfacx
tion l'accord, italo-yougoslave qu'elle consii
dère comme une nouvelle garantie précieuse
pour le maintien de la paix en Europe sud-
orientale. Elle souligne que le nouvel accord!
doit être accueilli avec d'autant plus de sa-«
tisf action- par l'opinion hellénique que î«
Grèce est liée par un pacte d'amitié avec' l'Ita-<
lié et un traité d'alliance avec la Yougoslavie.
Le Sunday Times voit dans le pacte itaîp-
yougoslave une contribution à un apaisement
européen. « L'Italie et la Yougoslavie sont
voisines, écrit l'hebdomadaire conservateur, et
si elles en sont venues à comprendre que,
pour cette raison, leur avenir est dans la
coopération et non dans la rivalité, tant
mieux. Du côté économique notamment, cet
accord semble destiné à diminuer dans les
deux •. pays- les causes d'agitation. »
? TCHECOSLOVAQUIE f
Le discours de M. Krofta à Libérée!'
Le "discours prononcé à Libérée par M*
.Krofta, ministre tchécoslovaque des Affaire»
étrangères, est très mal accueilli en Allemagne,
Le Vœlkischer Beobachter parle d'un novw
veau discours offensif contre les Allemands
des Sudètes et qualifie de sensationnelles les
déclarations du ministre.
L'organe officiel du parti national-socialiste
écrit
« Ces déclarations créent une base nouvelle
dans: la discussion entre les Tchèques et les
Allemands des Sudètes. Une entente sur la
base indiquée par M. Krofta ne sera jamais
possible car, si la thèse du ministre tchèque
était admise par les Allemands des Sudètes,
elle permettrait toujours de mettre en doute
la loyauté des Allemands des Sudètes. En fait,
les Sudètes seraient livrés à l'expansionnisme
des Tchèques. »
On. se rappelle que, dans ce discours consacré
au problème des relations des Tchèques avec
les Allemands des Sudètes, M. Krofta avait
rappelé que l'Etat tchécoslovaque a été créé
par les Tchèques et les Slovaques et pour eux
et que les nationalités minoritaires du pays
possèdent ailleurs leurs Etats nationaux où
elles peuvent se développer à leur gré.
H avait d'ailleurs insisté sur ce point que ce
fait impose aux Tchécoslovaques des devoirs
particuliers et une grande responsabilité..
̃̃ En ce qui concerne les minorités tchèques
vivant dans les régions frontières, en majorité
allemandes, le ministre des affaires étrangères
avait reconnu que le renforcement de l'élément
tchèque dans ces régions est dû en partie à à
diverses mesures rendues nécessaires par l'in-
térêt" de l'Etat. Mais, il -n'a pas dit, -comme le
prétend le yoelkixher Beobachter, que'.c le*
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~u 2~ ~Ar~ £ "d A
Au jour le jour. La mission française Ca-
frelier de- La Salle et Marquette est arrivée aux
ÏStats-Unis. Gaétan Sanvoisin,
Les échos de partout.
Histoire du temps passé. Damians d'Archim-
baud.
EN 3« PAGE
La suppression de la taxe de 10- sur les
tentes.
Les conflits du travail.
Revue de la presse.
La semaine dramatique. André BeQessorf,
PARIS, LE 28 MARS
La Ndtioii ot le Parlement
Les parlementaires en yacances vont
pouvoir entendre leurs électeurs. Ils
rvont aussi pouvoir les renseigner.
iParmi ces électeurs, les uns, qui com-
prennent les événements, sont- inquiets;
les autres, qui ne sont pas informés de
ce qui se passe, sont satisfaits ouiné-
.contents, selon leur tempérament ou
selon l'état de leurs affaires. Tous ont
le sentiment que le Parlement joue un
rôle effacé et qu'un changement anor-
mal s'est produit*
C'est là, en effet, un des aspects
de la crise générale ouverte ou en
tout cas aggravée par les incohéren-
ces du Cabinet Blum. La nation avait
l'habitude de considérer le Parlement
non seulement comme une institution
de contrôle, mais comme an pouvoir
représentant le peuple souverain,
avertissant et au besoin dominant les
^gouvernements, défaisant et refaisant
-les ministères.
Or, depuis six mois, en particulier,
ce pouvoir parlementaire s'est montré
impuissant. Il est notoire que le Sénat
éprouve les plus grandes défiances, et
d'ailleurs les plus justifiées, à l'égard
du Cabinet Bîum mais il le laisse
(poursuivre ses ravages. Il est notoire
aussi que, dans la majorité même de
la Chambre, nombre de radicaux et
quelques socialistes aussi ne voient pas
sans appréhension la ëoûnïissïon. dtf
Cabinet aux communistes mais ils.
^votent pour lui.
Le malaise indéniable du monde po-
Jitique tient à ce que le Calbinet Blum,
-depuis son avènement, a bouleversé
3'équilibre habituel des institutions.
*Au pouvoir légal du Parlement, il a
«substitué le pouvoir illégal des masses
représentées par la C. G. T. Il garde
'les formes extérieures de la vie par-
lementaire il parle devant les Cham-
brés; il sollicite des votes. Mais tout
*cela n'est plus que le fantôme de l'ins-
titution parlementaire, et les Cham-
bres ne sont plus que des organismes
'd'enregistrement. Le pouvoir, qui com-
mande, qui ordonne, qui impose, c'est
fïe syndicalisme révolutionnaire. "II
Théoriquement, on peut très bien
imaginer un Etat de telle sorte que
3e Parlement y joue un rôle secon-
daire et que l'autorité appartienne à
un gouvernement s'appuyant sur des
associations ou des syndicats. On dis-
cerne même qu'en Italie et en Alle-
magne le pouvoir parlementaire n'est
pas précisément au premier pîari. Et,
jbien qu'il soit paradoxal de voir le
.Cabinet Blum obliger à ces analogies,
c'est bien vers un Etat «totalitaire »
,que va le Cabinet Blum, et c'est à une
forme de dictature qu'il accoutume les
«sprits.
Ce sera pour les historiens futurs
un sujet d'étonnement que de consta-
ter l'éclipsé brusque du Parlement
français, qui n'avait aucune tendance
à être réservé, et qui, au contraire,
avait une tendance d'ailleurs fâcheuse
à dominer les autres pouvoirs. Ce sera
,*am' sujet d'étonnement plus grand en-
core que de constater que ce transfert
d'autorité, jadis condamné par les co-
mités politiques et la maçonnerie, s'ac-
complit avec la complicité du Parle-
ment lui-même, qui en est la victime.
Au cours de la dernière séance d'ex-
plications sur l'affaire de Clichy, séance
si pitoyable, le mérite de l'opposition
a été d'intervenir vigoureusement et
de faire entendre des vérités néces-
saires. Les orateurs qui ont parlé pour
elle ont signalé fortement les capitu-
lations du: Cabinet Blum devant la
C. G. T., qui représente des luttes de
classes, des tentatives révolutionnaires
et non l'intérêt général. Ils ont •mar-
"qué le véritable caractère du Cabinet
Blum, en signalant ses faiblesses de-
vant les masses et l'abandon qu'il fait
;*avéc inconscience des libertés démo-
cratiques.
C'est là qu'est le véritable problème,
le grave problème que pose la politi-
̃que:du Cabinet Blum. Il arrive gar-
dois qu'avec quelques paroles plus me-
surées ou plus prudentes que d'habi-
tttde ce Cabinet fasse illusion aux
opportunistes. En réalité, il a déter-
miné un mouvement dont il n'est plus
maître. Il a donné cette idée fausse aux
groupements ouvriers que, parce qu'il
était au pouvoir, tout était devenu
possible. Il n'y a ni budget d'Etat, ni
entreprises privées, ni économies, ni
trésorerie, ni finances qui puissent
tenir devant ce débordement dérai-
sonnable.
Dans un article de la Nation, où il
raconte ses' impressions de séance,
M. Louis Marin écrit que le règne du
Cabinet Blum est « le plus calami-
teux » qu'ait connu la France et que
le dernier discours ministériel est « le
plus insensé » qu'ait prononcé un chef
de gouvernement de notre pays. Si
l'avenir ne justifie pas ces apprécia-
tions, ce sera fort heureux, certes.
Mais le présent fait craindre qu'elles
ne soient que trop exactes. Le Parle-
ment s'en aperçoit-il ? ¡
Les Jeunes Gardes et les ministres
Les Jeunesses socialistes tiennent depuis hier
leur congrès à Creil. Cette organisation joue
danp le parti S. F. I. 0. un rôle Remarquable.
Elle ne bénéficie d'aucune autonomie et elle dé-
pend des dirigeants habituels du socialisme, en
particulier de M. Blum. Mais elle est plus ouver-
tement révolutionnaire et elle se préoccupe moins
des nuances de la tactique. Les communistes y
entretiennent des agents dévoués. On connaît
même les noms de certains bolchevistes qui ont
abandonné officiellement la ni" Internationale et
qui se sont affiliés aux Jeunesses socialistes pour
y poursuivre une propagande profitable. Sous'
leur impulsion, ces groupes se sont constitués en
formations de combat et ont élaboré des milices
ouvrières. Us préparent ouvertement la guerre
civile et les solutions violentes de la révolution.
Ces préparatifs ne sont .^as, secrets et cette or-
,ganisation de structure ^litaire,^ est naturelle-
ment bien connue des ministres qui sont chargés
de l'ordre puisque quelques-uns d-entre eux font
partie du comité d'honneur des Jeunesses socia-
listes. Hier, M. Paul Faure, ,,minjistre d'Etat, est
venu haranguer ces jeunes '.gens qui méditent
d'abattre le régime. Cet après-midi, trois minis-
tres assisteront au défilé de six mille jeunes gar-
des qui, vêtus de leurs uniformes, en formation
disciplinée, attesteront le caractère de leur en-
traînement. Ces Jeunesses socialistes recevront
donc l'investiture officielle. Elles apparaîtront
comme une organisation favorisée et patronnée
par le gouvernement. Au moment où M. Blum
déclaré que le Parti social français, parti légale-
ment constitué, semblable tous les grands par-
tis, est un parti de factieux, il permet à ses mi-
nistres de passer en revue de véritables milices
révolutionnaires.
Tout cela est logique. Tout cela est conforme
aux règles du Front populaire. Liberté, légalité,
justice, sont des étiquettes orgueilleuses dont on
se sert pour habituer les radicaux anachroniques
à la tyrannie, à l'arbitraire, â'-la révolution. Pour
eux, la satisfaction de forme. Pour les agents de
la m* Internationale, toutes les facilités du cham-
bardement. Pour les radicaux, on sdislt le jour-
ual « La Jeune Garde • «t on fait semblant de
'l'interdire. Mais on envoie des représentants mi-
nistériels présider un défilé militaire organisé
par cette même « Jeune Garde ». Tout le para-
doxe du gouvernement Blum, toute sa duplicité
fondamentale est dans ce spectacle.
Mort de M. René Cagnat
M. René Cagnat, secrétaire perpétuel
de V Académie des inscriptions et -belles-
lettres, dont l'état de santé inspirait de-
puis quelques jours les plus vives in-
quiétudes, a succombé hier soir, à son
domicile de l'Institut, 3, rue Mazarine,
après une longue maladie.
René-Louis-Victo-r Cagnat était né à
Paris en 1852. Elèye de l'Ecole normale
supérieure, agrégé de grammaire, docteur
es lettres, il fut nommé en 1887 profes-
seur d'épigraphie et d'antiquités romai-
nes au Collège de France, après avoir
dirigé de nombreuses campagnes de fouil-
les dans l'Afrique du Nord. Ayant parti-
culièrement consacré ses travaux à l'épi-
graphie, il savait rendre cette science ai-
mable et vivante par la chaleur de son
enseignement et par tous les. renseigne-
ments qu'il en a tirés pour la connais-
sance de l'antiquité romaine.
Il était le doyen de l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, ayant été
élu en 1895 à la place vacante de Daren-
bourg. En 1916, il succéda à Maspéro
comme secrétaire perpétuel de cette com-
pagnie.
Depuis 1888, il faisait paraître, avec
Bemier, l'Armée épigmiphiq^t,
Parmi ses nombreux et «importants
travaux, citons Etude historique sur les
impôts indirects chez lès Romains (1882)
Explorations épigraphiqilds* et archéologi-
ques en Tunisie (lSSS-lSâB1) Cours élé-
mentaire d'épigraphie (1886) Les Fouil-
les de Timgad (1891) L'armée romaine
d'Afrique (1892) Voyage en Tunisie
(avec Gauckler, 1898) Carhage, Tim-
gad, Tébessa (1909) A travers le monde
romain (1912), etc.
M. René Cagnat était commandeur de
la, Légion-d'Honneur.
LE RECRUTEMENT
DE L'ARMEE ANGLAISE
Tandis que, pour l'aviation anglaise, le re-
crutement des officiers et des soldats continue
de s'effectuer dans les meilleures conditions et
permet de trier sur le volet ^es candidats à
l'engagement volontaire, l'armée régulière
manque toujours d'officiers. 980 postes sont ac-
tuellement à pourvoir dans le£ régiments de
cette armée et une côrnmissibn .'spéciale va
être instituée afin d'étudjér les mesures pro-
pres à remédier à cet état de choses.
L'aviation est en partie responsable de ce
manque d'officiers dans les autres armes, un
grand nombre de jeunes gens intelligents et
aventureux préférant s'engager dans l'armée
de l'air.
C'est ainsi qu'au cours des deux dernières
années, 14.000 candidats pilotes se sont pré-
sentés pour 2.140 postes à pourvoir sur un
total.de 65.000 candidate. V
L Autriche inquiété
M. Hodza, premier ministre tchécoslo-
vaque, vient de rendre visite au chan-
celier d'Autriche, M. Schuschnigg. Ce-
lui-ci ira voir M. Mussolini à la fin de la
semaine. Ces deux rencontres s'appa-
rentent aux efforts déployés depuis quel-
que temps en Europe centrale pour
établir, entre le « bloc s> italo-austro-
hongrois'et la Petite Entente, un con-
tact ou une. charnière ».
A dire vrai, ce contact existe, depuis
avant-hier, du fait du pacte italo-you-
goslavé. Mais ce sont les intérêts adria-
tiques et non les intérêts danubiens de
l'Italie que le comte Ciano est allé dé-
fendre à Belgrade. Et c'est un peu ce
qui inquiète M. Schuschnigg.
Aussi bien l'inquiétude est-elle le trait
dominant de la politique autrichienne
depuis qu'elle est à cheval sur l'axe
Rome-Berlin. H lui faut surveiller jalou-
sement-toutes les modifications d'équili-
bre et; ïleur,: trouver- sur-le-champ un
correctif ou une compensation. Ce n'est
pas toujours chose aisée.
Le chancelier fédéral a résisté coura-
geusement aux injonctions de M. Hitler.
Il a refusé à M. de Neurath le rapa-
triement de la légion autrichienne, dont
une bonne partie, d'ailleurs, a été en-
voyée se battre en Espagne. Il a riposté
avec dignité à la protestation allemande
au sujet des informations de la presse
viennoise. Enfin, il s'est séparé d'un des
deux ministres qui représentent, au sein"
de son Cabinet, le nazisme camouflé,
M. Neustaedter-Çturmer.
Dans le système où gravite l'Autri-
che, cette action aurait dû avoir pour
contre-partie un resserrement des liens
entre Rome et Vienne. Or, M. Musso-
lini. semble aujourd'hui plus préoccupé
des affaires d'Espagne et du statu quo
méditerranéen que de l'évolution en
Europe centrale. Et il entraîne à sa suite
la Hongrie qui, de bon pu de mauvais
gré, ne saurait mener vis-à-vis de la
Yougoslavie, par exemple, une politique
très différente de celle du Duce, son
chef de groupe. Bref, le gouvernement
autrichien a le sentiment qu'au moment
même où |1; t^iid ges énergies pour con-
tenir là poussée
Se juge-t-il plus rassuré du côté du
Vatican ? L'encyclique du Souverain
Pontife, qui condamne le national-socia-
lisme, peut assurément être grosse de
conséquences pour l'Autriche catholique,
qu'elle sépare davantage de l'Allemagne
sans la rapprocher de Wtalie. On sait,
au surplus, que certains prélats autri-
chiens, à commencer par l'archevêque
de Vienne, passent pour n'être pas tout
à fait dans la « ligne » du chancelier.
M. Schuschnigg sondera les intentions
du Saint-Père, lors de son voyage à
Rome, sur ces questions et sur bien
d'autres.
Or, il en' est une plus particulièrement
scabreuse celle des Habsbourg. Le
chancelier considère la consolidation de
son œuvré comme liée à l'avenir de la
restauration monarchique. Il s'efforce
de populariser la cause1 de l'archiduc
Otto et présente celui-ci comme un « roi
social7'» qui, dans une « démocratie
couronnée j>- à la mode de Grèce, pour-
rait même se contenter d'un simple
titre de Landesfûrst. Il lui faut, en
outre, montrer que la monarchie serait
peu coûtétïse, beaucoup d'Autrichiens
s'inquiêtarit des charges que pourrait
faire peser sur un budget modique le
retour d'une famille princière dont les
membres sont fort nombreux.
Mais, dans l'exacte mesure où il ap-
puie à' l'intérieur la campagne légiti-
miste, les' obstacles et les risques de
complications se multiplient autour de
l'Autriche. Les Habsbourg ont aujour-
d'hui contre eux M. Hitler; la Petite
Entente et M. Mussolini. Et le Vatican,
peu soucieux de prendre dans cette
question une position isolée, se défend
de s'intéresser à leur cause.
Le chancelier a-t-il les mains plus
libres dans sa politique de collaboration
avec les Etats danubiens ? Il se rend
compte, certes, que l'intégrité de la
Tchécoslovaquie conditionne l'indépen-
dance dé l'Autriche, et c'est un point
capital. Il peut, sur le plan économique,
s'attacher aux suggestions mises en
avant par M. Hodza. Au delà de cette
limite, il risque d'alarmer ses ombra-
geux protecteurs et de payer de nou-
velles difficultés un geste tant soit peu
hardi. La Petite Entente elle-même
cherche à collaborer avec les signatai-
res des protocoles de Rome, et non à
entamer leur cohésion. Aucun « ré-
groupement » n'est à envisager, ni pour
aujourd'hui ni pour demain.
Et ceci revient à dire qu'il n'est pas
d'Etat qui offre un cas d'interdépen-
dance plus marque que l'Autriche. Par
là s'explique le mal qu'ont les Autri- 1-
chiens à se donner à eux-mêmes une
notion concrète de leur mission euro-
péenne. Lés nationalités de l'Europe
orientale se sont constituées au dix-
neuvième siècle dans un cadre ethno-
linguistiquë. Leur individualité de lan-
gue et dé race leur assure, depuis
qu'elles se sont émancipées, une im-
Pèrméabilité relative. L'Autriche n'ap-
partient pas à cette catégorie jellè
constitue à la fois une partie de la
« fâcé ̃» germanique et! un peuple réu-
nissant les éléments d'une existence
indépendante.' Il y a là un problème
d'exégèse historique on discute encore
la question de savoir si Frédéric Bar-
berousse a été bien ou mal inspiré en
séparant l'Autriche de la Bavière. En
fait, l'Autriche est un Etat dont la vie
internationale évolue dans un tout autre
complexe que celle de l'Allemagne. Elle
s'intéresse beaucoup plus à l'Italie, à la
Pologne, à la Hongrie qu'à la Rhénanie.
Quand François II a troqué le titre
d'empereur d'Allemagne contre celui
d'empereur d'Autriche, en- 1806, il a
donné à ce dernier une signification
universelle qui dépassait le cadre natio-
nal. Ce rappel du passé est moins spé-
culatif qu'il ne le paraît; car il illustre
la fatalité géographique d'un Etat-car-
refour. Le jour où Dollfuss a. voulu dé-
finir le rôle de la nouvelle. Autriche,
il s'est réclamé, du « germanisme euro-
péen », universalité, chrétien, héritage
spirituel de Charlemagne, des Hohen-
staufen et des Habsbourg.
Si la conception du Reich pèche par
abus de dynamisme, celle-ci pèche par
excès de plasticité voilà pourquoi l'Au-
triche est condamnée à une politique
de rajustement perpétuel, resserrant et
relâchant tour à tour ses liens avec des
voisins, dont les uns sont trop puissants
pour n'être pas tentés de la mettre en
tutelle, les autres pas assez jgpur la ga-
rantir contre cette tentation. "~r ̃'
̃' ̃̃ .̃ Albert MOTJSSET.
La Hongrie
et les accords de jRome
On télégraphie de Budapest
Interviewé par un rédacteur du journal
Esti Ujsag, au sujet de la visite du chance-
lier Schuschnigg et du voyage du comte Ciano
à Belgrade, le ministre-président Daranyi a
déclaré:
« Les délibérations poursuivies avec le
chancelier Schuschnigg lors de sa récente vi-
site à Budapest, ont permis de constater l'iden-
tité complète des vues de la Hongrie et de
l'Autriche en ce qui concerne la situation
politique internationale et ont eu pour résul-
tat qu'une attitude entièrement analogue eera
observée dans toutes' les questions actuelles
touchant les deux pats, qui sont unis par
une collaboration amicale dans l'esprit des
protocoles de Rome.. '̃'̃
» La force constructive éprouvée, qui est
inhérente à la solidarité des signataires de
ces protocoles prouve, de l'avis commun, que
nous constituons, nous Etats autrichiens et
hongrois, la: meilleure garantie d'un dévelop-
pement pacifique dans toute l'Europe et le
moyen le plus efficace contre toute tentative
éventuelle de troubler la paix »
Le ministre s'est félicité également des ré-
sultats du voyage du comté Ciano .à Belgrade.
« La note de la semaine »
PAR M. ANDRE "TAR0IEU
Sous ce titre, M. André Tardieu vient
de réunir en volume les articles, toujours
si passionnément commentés, qu'il a pu-
bliés dans Gringoire au couira de ces
douze derniers mois. Son nouveau livre
pourrait porter en sous-titre « Le procès
d'un régime »., “•
C'est d'abord la-vie^polîtîquë dé là
France, telle qu'il l'a connue et vécue,
que l'auteua- nous montre. Mœurs parle-
mentaires, éloquence parlementaire, enfin,
si l'on peut dire, mentalité parlementaire.
Derrière les. mots l'auteur cherche les
idées, au delà des programmes les actes,
après les promesses les réalisations. Et
ce qu'il découvre, résidu et sous-produit
d'une long-ue expérience parlementaire,
n'est que mystification, duperie, roensonge,
incohérence, appétits individuels, vora^
cité de groupes, abaissement -moral,: pau-
vreté et misère de l'esprit, l: .<̃
Puis voici dirigeants, grands premiers
rôles et vibrions d'ailleurs interchan-
geables qui s'emploient à mener à bien
et à terme l'œuvre
appeler « la montée des -périls: ». Le plus
grave est sans doute celui, si souvent dé-
noncé iciTmême par -ik Albert-Petit, et
qui menace la jeunesse, c'est-à-dire la
France de demain. Le" chapitre qui traite
du Drame des Iitstitutetirs est, certes,
l'un des plus angoissants de cet angois-
sant film documentaire. La dernière par-
tie du livre précise les.contre-coups à
l'étranger, les dangers qu'attirent et
amoncellent sur la France, lés faiblesses
les ignorances, les erreurs, les compro-
missions, pour ne rien: dire de pire, de
nos gouvernants. ̃̃• ̃̃.
Plus implacable réquisitoire, plus con-
vaincant aussi, contre un gouvernement
au pouvoir et, par extension, contre le
régime responsable dé ce gouvernement,
il serait, certes, difficile de dresser. Ici,
en effet, la conviction se fonde sur les
faits, les documents, les chiffres, les da-
tes. Le commentaire, sobre, récapitule seu-
lement les résultats acquis, précise les
conclusions, A peine se marquent, ici et
là, les deux traits de caractère que l'au-
teur partage avec certains grands politi-
ques et dont Bismarck a montré qu'ils
pouvaient, à l'occasion, devenir de puis-
sants moyens de gouvernement le mé-
pris égal et absolu de ceux qui, en poli-
tique, attaquent et de ceux qui font
profession de défendre l'ironie supé-
rieure qui accable impartialement les uns
et les autres. L'auteur ici 'veut convaincre,
ne cherche qu'à convaincre. La certitude
qu'il impose constamment au lecteur est
celle de la chose- vue, du fait, de l'action
que l'on ne peut récuser parce que l'on y
assiste, parce que lîon en est le témoin.
Il est rare qu'un livre d'opinions et
d'idées donne, aussi forte,, l'impression de
l'écrasement de l'erreur par ^expérience.'
Georges LECKARTTER.
r LA GUERRE CIVILE EN ESPAGNE
Londres affirme son accord avec Paris
dans la question des volontaires
On mande de Londres à l'agence Havas
que, à la suite des diverses interprétations
données hier matin par certains organes
de presse anglaise à la récente conversa-
tion entre M. Delbos et Sir George Glerk,
les milieux diplomatiques anglais tiennent
à préciser un certain nombre de points- en
ce qui concerne l'attitude de la Grande-
Bretagne et de la France à l'égard de la
question des volontaires en Espagne.
Ils soulignent, en premier lieu, que,,
contrairement à certaines indications pa-
rues dans la presse, il n'existe entre la
France et la Grande-Bretagne aucune di-
vergence dé. vues sur la manière dont ce
problème doit être traité. Rien, rappel-
lent-ils, ne fait prévoir jusqu'à présent de
nouvelles violations de l'accord de la part
du gouvernement italien. Dans ces condi-,
tions, on doit faire l'épreuve du système
de contrôle actuellement en cours de pré-
paration, tel qu'il sera appliqué par le Co-
mité et l'Office de contrôle.
A ce sujet, on assure que, contrairement
à l'information publiée dans un organe de
presse anglais, la France n'a proposé au-
cun plan de nature à modifier le systèïue.;
Dans le cas où des contraventions à l'ac-
cord seraient constatées, le gouvernement
britannique attacherait à la situation
ainsi créée une extrême gravité et-il serait
alors temps pour la France et pour l'An-
gleterre d'envisager les mesures qu'il
conviendrait d'adopter.
Cependant, indique-t-on, les échanges
de vues se poursuivent par la voie diplo-
matique entre Paris et Londres et le dé-
veloppement de la situation- est suivi- de
part et d'autre avec une extrême- atten-
tion.
LA CRISE CATALANE
On mande de Barcelone que le président1
Companys a commencé hier ses consulta-,
tions en vue de résoudre la crise gouver-
nementale. Il a reçu notamment la visite
du président du Parlement catalan, M.
Serra-Hunter, et celle du président de
l'Union des métayers, M. Calvet, ancien
conseiller à l'Agriculture, A l'issue de son
entretien avec le président Companys,
M. Calvet a communiqué à la presse une
note dans laquelle il fait pleine confiance
au président Companys pour la constitu-
tion d'un gouvernement investi de' toute
autorité afin de donner une solution aux
quatre problèmes suivants. ordre .public,
armée populaire, redressement financier,
rétablissement de la confiance au sein des
campagnes* •
Pour ces raisons, M. Calvet a recom-
mandé à M. Companys de constituer un
Cabinet ressemblant le plus possible au
précédent.
L'après-midi, le président Companys a
remis une note aux journalistes dans la-
quelle il explique que la crise actuelle
s'est déclenchée anrès l'accomplissement
d'une œuvre législative énorme, approu-
vée à l'unanimité par les conseillers et
discutée le plus souvent en Conseil, mais
qui trop souvent n'a pas été mise en pra-
tique et parfois a été exagérée ou déna-
turée.
Nouvelles de L'Étranger
EMPIRE BRITANNIQUE
Appel pour la constitution
d'un front uni des travaillistes
et des communistes
M. James Maxton a prononcé hier à la con-
férence annuelle du parti travailliste indépen-
dant, qui s'est ouverte à Glasgow, un disç^up
constituant un nouvel appel pressant:,aux .mi-
litants du Labour Party en- faveur de la' for-
mation d'un front uni des forces de gauche-
Après avoir déclaré que l'exclusion récente
de Sir Stafford Cripps et des membres de la
Ligue socialiste montrait suffisamment les -in-
tentions des dirigeants du Labour Barty, St.
Maxton a affirmé qu'à ces dirigeants devraient
tôt ou tard succéder des hommes capables dé
réunir dans un même front politique M. Ernest
Bevin et Sir Walter Citrine, leaders trader
unionistes, Sir Stafford Cripps et M. Harry
Pollitt, chef du parti communiste britannique.
Mrs Simpson n'ira pas en Italie
M. Hermîn Rogers a démenti hier au cours
d'une conversation téléphonique avec un ré-
dacteur diplomatique de l'Evening News, les
informations de presse selon lesquelles Mrs
Simpson aurait loué une villa en Italie. '̃̃̃"
« H est inexact que Mrs Simpson ait loué
une villa en Italie ou ait l'intention de quitter
le château de Cande pour le moment », a
ajouté M. Rogers. ̃ ̃ • -̃̃•. ̃ ̃
ALLEMAGNE
· La délégation allemande
aux fêtes du couronnement britannique
On mande de Berlin à l'agence Reuter
L'Allemagne enverra probablement en An-
gleterre le cuirassé de poche Graf Spee pour
•la revue du couronnement.
Il est probable que le maréchal de Blom-
berg fera partie de la délégation du Reich,
dont la composition sera prochainement ajv-
noncée.
ITALIE
Le retour du comte Ciano
On télégraphie de Rome
L'avion trimoteur à bord duquel le comte
Galeazzo Ciano est rentré de Belgrade, a
atterri à l'aéroport du Licteur, hier, à
15 h. 45.
Le ministre des affaires étrangères a été
salué à sa descente d'avion par le sous-se-
crétaire à son département, le ministre de
la presse et propagande et le conseiller de la
légation de Yougoslavie.
Dès son arrivée à Rome, le comte Ciano
s'est rendu chez le Duce.
Une délégation économique
autrichienne se rendra à Rome
Vers le milieu du mois d'avril, une délé-
gation économique autrichienne se rendra à
Rome sous la conduite de M. Schuller et en-
tamera des négociations qui devront la re-
tenir assez longtemps.
L'accord avec la Yougoslavie
Un article de la Tribuna justifie' toute îa;
politique extérieiure de l'Italie par le désiï
M. Companys souligne que tout le
monde' est convaincu de l'importance de)
l'heure présente, non seulement en Gata->
logne et en Espagne, mais aussi dans tel
mondé entier. 11 remarque que cette ccm»
viction impose à tous l'obligation de rie
pas s'arrêter à des intérêts .de groupes,'
mais de n'avoir en vue que des aspirations'
idéologiques qui doivent réunir tous les» a
éléments antifascistes, avec comme objec-
tif principal gagner la guerre. Cette
conviction nous impose aussi, dit le pré-
sident Companys, l'obligation de ne pas
transiger mais de combattre énergique-
ment toutes manifestations ou symptômes
qui entravent ou retardent la tâche dq,
gouvernement.
Le président réclame pour les membre»'
du Cabinet le maximum d'autorité afin de'
pouvoir prendre et mener à bien leurs
initiatives, car,' sans autorité, il ne leur,
est pas possible de remplir la tâche dont
ils- sont chargés.
En terminant, le président Companyg
déclare ̃
« Lé nouveau gouvernement devra êtW|.
revêtu de la confiance entière des organi-
sations et des partis afin de pouvoir agiç
dès sa formation. C'est la condition préa*
lable indispensable pour qu'il puisse sflf.
constituer sous ma présidence. »
LES OPERATIONS MILITAIRES
La trêve tacite des Jours Saints est, eiï
général, observée sur les divers thêâtreg
de la guerre civile. Tout s'est borné hiei;
à quelques duels d'artillerie et à des re*
connaissances aériennes. Toutefois, 1«
ministre de la Marine et de l'Air. à Va-
lence, communiquait hier soir
L'escadre républicaine a bombarda
vivement vendredi les villes de Malagsf*
Melilla et Motril. De retour à leur basé!
de Carthagène, nos bateaux ont été atta«
:qués par un avion rebelle qui a lancé trous
bombes, lesquelles sont tombées à la mer.
Devant la présence de plusieurs appareils
gouvernementaux, l'aviation ennemie S
pria.la fuite. >
Bruits de troubles dans la Mancha .)
On mande d'Avila (camp nationaliste!)!
que, selon des déclarations dé déserteurs
gouvernementaux passés dans les lignes
nationalistes du secteur de Talavera, deS
troublés' se seraient produits à Ciudad"
Real par suite de l'enrôlement forcé d^
j«unés Paysans.
-La ville de Ciudad-Real aurait été 4é*
bap.t$séepar les autorités et serait deve^
ïiVtë Cilidad-de^la-Manciia.
Le bateau français arraisonné V
L-es vingt-cinq volontaires trouvés îî
bord du bateau de pêche français arrai-1
sonné par le garde-cotes Cerbère et amena
à Port-Vendi^es, ont été conduits à lai
prison de Perpignan, où ils demeureront
jusqu'à mercredi. A l'information qu«(
nous avons publiée hier, en Dernière
Heure, sur -cette affaire, ajoutons encore
que toutes les personnes arrêtées sont
munies de passeports américains, viséfl
par le consul de France à New-York.
d'assurer la paix en Europe souvent au priai
de véritables, sacrifices. Pour se, mettre d'ac-*
cord avec la Yougoslavie, l'Italie a dû re«'
nonçer à certaines préteations, « bien qu0
du point de' vue strictement national, il' lui
en coûtât ». Mais « elle voulait défendre
un principe universel, c'est-à-dire la paix efj
la défense de la civilisation européenne com«
mune »..
ta presse grecque enregistre avec satisfacx
tion l'accord, italo-yougoslave qu'elle consii
dère comme une nouvelle garantie précieuse
pour le maintien de la paix en Europe sud-
orientale. Elle souligne que le nouvel accord!
doit être accueilli avec d'autant plus de sa-«
tisf action- par l'opinion hellénique que î«
Grèce est liée par un pacte d'amitié avec' l'Ita-<
lié et un traité d'alliance avec la Yougoslavie.
Le Sunday Times voit dans le pacte itaîp-
yougoslave une contribution à un apaisement
européen. « L'Italie et la Yougoslavie sont
voisines, écrit l'hebdomadaire conservateur, et
si elles en sont venues à comprendre que,
pour cette raison, leur avenir est dans la
coopération et non dans la rivalité, tant
mieux. Du côté économique notamment, cet
accord semble destiné à diminuer dans les
deux •. pays- les causes d'agitation. »
? TCHECOSLOVAQUIE f
Le discours de M. Krofta à Libérée!'
Le "discours prononcé à Libérée par M*
.Krofta, ministre tchécoslovaque des Affaire»
étrangères, est très mal accueilli en Allemagne,
Le Vœlkischer Beobachter parle d'un novw
veau discours offensif contre les Allemands
des Sudètes et qualifie de sensationnelles les
déclarations du ministre.
L'organe officiel du parti national-socialiste
écrit
« Ces déclarations créent une base nouvelle
dans: la discussion entre les Tchèques et les
Allemands des Sudètes. Une entente sur la
base indiquée par M. Krofta ne sera jamais
possible car, si la thèse du ministre tchèque
était admise par les Allemands des Sudètes,
elle permettrait toujours de mettre en doute
la loyauté des Allemands des Sudètes. En fait,
les Sudètes seraient livrés à l'expansionnisme
des Tchèques. »
On. se rappelle que, dans ce discours consacré
au problème des relations des Tchèques avec
les Allemands des Sudètes, M. Krofta avait
rappelé que l'Etat tchécoslovaque a été créé
par les Tchèques et les Slovaques et pour eux
et que les nationalités minoritaires du pays
possèdent ailleurs leurs Etats nationaux où
elles peuvent se développer à leur gré.
H avait d'ailleurs insisté sur ce point que ce
fait impose aux Tchécoslovaques des devoirs
particuliers et une grande responsabilité..
̃̃ En ce qui concerne les minorités tchèques
vivant dans les régions frontières, en majorité
allemandes, le ministre des affaires étrangères
avait reconnu que le renforcement de l'élément
tchèque dans ces régions est dû en partie à à
diverses mesures rendues nécessaires par l'in-
térêt" de l'Etat. Mais, il -n'a pas dit, -comme le
prétend le yoelkixher Beobachter, que'.c le*
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