Titre : Les Nouvelles : journal quotidien du soir
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1911-05-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328263310
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 mai 1911 11 mai 1911
Description : 1911/05/11 (A12,N3982,SER3). 1911/05/11 (A12,N3982,SER3).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k50277857
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87092
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/05/2019
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JEUDI H MAT 1MI
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NOUVELLES
REDACTION & ADMINISTRATION:
1, Avenue Pasteur, 1
JOURNAL QUOTIDIEN DU SOIR
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41, Rue Mogador, 41
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ALGÉRIE :t an 1»lr. ; 6 mois. » fr. ; 3 mois. A,50. - ÉTRANGER : 6 mois, 15 fr. ; 3 mois, 7,50
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INSERTION DES «"NONCES LÉGALES, JUDICIAIRES ET AUTRES
IMPOSANTE MANIFESTATION REPUBLICAINE
ACCLAME
le Sénateur d’Alger
Ce fut. hier soir, une grandiose et récon
fortante fête républicaine.
Sue l'initiative tirs Comités républicains
radicrtn.r et radicaux-socialistes d'Alger,
ayant à leur tête M. Legendre, ancien pre
mier adjoint an maire il'Algcr. un punch
lirait été organisé en l’honneur de M. le
docteur Paul Gt rente, sénateur.
Dons la salle spacieuse et gaie du Théâ
tre de l'Olympia, ornée de drapeaux, de
pointes et de fleurs électriques, avaient été
dressées de longues et nombreuses tables,
riste, omit fait courir de délicieux che
mins île roses, d’o'illets et d’héliotropes.
Pès huit heures, toutes les places, autour
tirs tables, sont occupées. Jusqu’à neuf
heures, cependant, les adhérents au punch
arrivent. Ils se rasent comme ils peuvent:
sur In scène, où des tables de fortune sont
prestement installées : debout dans la
grande salle: aux fauteuils tic balcon; dans
la brasserie du premier étage: aux deuxiè
mes galeries: dans le vestibule d’entrée.
Personne, d'ailleurs ne se plaindra, car
malgré le très grand nombre d'assistants
qui s'entassent partout — tnt millier au
minimum — les directeurs de l’Olympia
assureront un service impeccable.
Quanti, dans la cohue, rejoignent leurs
pinces, nos amis Lefebvre, rire-président
du Conseil général. délégué financier,
membre th: Conseil supérieur: .Vivat, vi
re- président (ht Conseil général; Saliège.
rnnseiUer général et Béraud , ils sont sa
lués par de vigoureux applaudissements.
Et lorsqu'à neuf heures, un son de la
Marseillaise, exécutée pur un orchestre.
M. h: docteur Paul (lérente. sénateur, fuit
snn entrée, les tr'elamations s’étirent
nourries et prolongées.
La salle entière, debout, vibrante, fait
à M. Gèrente une ovation qui s'arrêtera
seulement quand le Président prendra la
parole...
L’ASSISTANCE
Essayer de citer, ne fût-ce qu'une parti •
îles personnes présentes, serait certes
peine perdue.
Pour aeoir une idée de lo composition
de la salle, il suffira de savoir que tous
les élus républicains radicaux et radiruux-
sorialistes d'Alger; que tous les conseillers
généraux de. In majorité étaient là, sauf
M. Broussais, député, président du Con
seil général, retenu loin d'Alger par des
engagements inéluctables : M. Colomiès.
l'inseUler général, délégué financier, et
MM. Casimir Martin et LeboiUy, conseil
lers généraux, empêchés et gui se sont
fait excuser.
ta table d'honneur avait été réservée
aux bureaux des Comités radieaur-soeia-
listes d’Alger.
V sont assis: les présidents, vice-prési
dents, trésoriers et secrétaires de La Fé
dération départementale radicale-socia
liste. de i’Unton démocratique de Bab-el-
Oued. de ("Union déinoerat iqde de Bel-
eourt. du Comité d’action républicaine et
sociale du Plateau-Saulièrc, du 'Comité
Jsly-Bugeaud, île ta Solidarité républicai
ne.' des Tournants fiovigo, du Comité de la
Préfecture et de la Marine, d'Alger-Centre,
du Comité de la troisième circonscription,
de la Jeunesse républicaine, de. Muslaplia-
Cenlre.
Les membres de ers différents groupe
ments, h's personnalités du parti radical
et radical-socialiste, des maires et con
seillers municipaux de l'intérieur , les mili
tants de notre parti et aussi plusieurs ré
publicains, gui. par surprise, s’étalent un
instant égarés dans les rangs de nos ad
versaires. se placent, ou hasard, rom me
jl sied èt une assemblée démocratique.
' M. Legendre prend la parole pour lire
les lettres d'excuses, parmi lesquelles In
sniraéde. île notre ami Broussais, député
de la deuxième circonscription:
v s Alger, le S mai 1011.
Mon cher Legendre,
Au moment ml jMf reçu votre aimable lettre,
contenant l’invitation pour I" punch offert au
«nateur d’Alger, j’é'ais ‘Uji> engagé par un
rende*-vous d'affairer en Kabjrlio. fixé an b et
lo mai courant.
Avant de vers répondre, j'ai Cjpu.vé rtc nie dé
ranger. ainsi que je le craignais, "je n’nl pu j
réussir.
.Te vous prie don ", en agréant mes vifs r-'g fet '•
de les transmettre à tous nos amis radicaux et
radicaux-socialistes.
Dites-Ieur bien qu'ils peuvent compter tpie je
continuerai, au I’arlemrnt, à soutenir avec éner
gie et dévouement. In politique du grand Parti qui
gouverne actuellement la I-'rauce républicaine.
Veuilles croire, mon cher Legendre, h mes
«cutimeuts bien cordiaux
M. Brocs* us.
' Député tf Alger.
Après an morceau (l orchestre, M. Le
gendre. qui préside la fête, prêtai la pa
role :
Discours de M. Legendre
Citoyens!
■Lorsqu’il y a quelques jours à peine,
les Comités républicains radicaux et radi
caux-socialistes d’Alger conçurent le pro
jet d’organiser une réunion amicale et in
time, it l’intention de noire cher sénateur,
le docteur Paul Gérente. ils ne pré
voyaient pas que l'enthousiasme généra*
donnerait à cette réunion les proportions
de la belle manifestaiton dont nous avons,
ce soir, le réconlc-rtant spectacle.
En répondant, à notre appel avec un em
pressement qui précise le caractère de no
tre démonstration, vous avez secondé, dans
une large, mesure, le discret c-t’fort des Co
mités républicains radicaux et radicaux-
socialistes d’Alger.
En leur nom. je vous en remercie, avec
la profonde sincérité qu’on apporte à re
mercier des amis avec lesquels ou se sent
en parfaite harmonie île sentiments et d’i
dées.
En leur nom éalement, ,jo salue notre
cher ami Broussais retenu loin d’Alger, à
son grand regret, par des engagements an
térieurs.
La première et la deuxième circonscrip
tions d’Alger sont séparées par des lignes
fictives que commandent des nécessités
géographiques et économiques; tilles res
tent néanmoins étroitement unies par
leurs aspirations sociales, par leurs con
victions politiques.
Cps! avec plaisir que nous avons ré
servé à la labié des républicains le la pre
mière circonscription une place au député
qui a fait triompher. aux dernières élec
tions législatives, le drapeau radical-so
cialiste dans la deuxième circonscription
d’Alger, comme aussi aux conseillers gé
néraux de la majorité radicale-socialiste
que leur éloignement d’Alger tient à l’é
cart de nos Comités locaux.
Dirai-je à notre ami le sénateur Gérente
combien nous lui savons gré d’avoir, pour
une fois, rompu avec ses habitudes bien
connues, en adhérant à une fête organisée
eu son honneur ?
M’est-il utile de répéter, ici, le bien que
nous pensons, tous, de l'homme politique
auquel nous olïrons, ce soir, un nouveau
témoignage de notre inébranlable sympa
thie et d-‘ notre constant dévouement ?
.! ■ ne le pense pas.
D’abord parce que je connais suffisam
ment les idées de M. Gèrent 1 , pour être
convaincu que notre sénateur serait beau
coup plus gêné par nos compliments et par
nos éloges que par les attaques dont il est
l’objet; ensuite, parce qu’il me paraît que
le moyen le meilleur d ■ rendre hommage à
sa personne, c’est de retracer avec vous
'brièvement, rassurez-vous . en remontant,
à quelques anm' s. l’évolution à Alger do
parti radical-socialiste, à la tête duquel
notre sénateur est placé et, à la lèlc du
quel nous avons la conviction de le voir
longtemps encore...
A l’époque où les nécessités impérieuses
du moment dictaient à tous les honnêtes
citoyens d’opposer leurs idées, et quelque
fois leurs personnes, au torrent qui, dans
une heure de folie, s’était déchaîné sur
noire pauvre cité, le parti radical et radi
cal-socialiste d’Alger dut s’unir à tout ce
qii n’était pas réaction violente et inso
lente.
1.alliance contractée dans des conditions
et un 1 mi f déterminés permit aux républi
cains d’Alger de chasser du pouvoir les
fauteurs de Iroubles qui avait n! conduit
notre belle cl chère cité à deux pas de sa
Pu in ■.
La collaboration des radicaux-socialistes
et des modérés cul pour effet Je déblaver
le terrain politique.
Mais bientôt, le danger étant conjuré, le
besoin de prendre position s’affirma dans
l’esprit de chacun dos partis alliés contre
l’ennemi commun.
Il est juste d’ajouter, pour rester dans la
m’r- exacte, que les radicaux-socialistes
lurent, tout, d'abord, les moins enthou
siastes h su détacher du bloc qui avait
barré' lu roule 5 l'impétueuse avalanche
ant i juive. Par seul désir de conciliation,
y ou s leiitAiivs, vainement d’ailleurs, de
froiîH'r un motlvs vivendi qui nous pont; 1
*■■ poursuivre, quelques années encore, h
politique d'union à laquelle nous avions
apporté notre concours, franchement.
le* élections municipal»* de 1008, après
les élections législatives de 1906. marquè
rent . déduitivinenl la rupture entre les
radiraux-socialisieu et les modérés.
Les événements de tûQH sont encor >
trop présents à votre mémoire, pour qu’il
me soit nécessaire de les préciser.
Laissez-nioi, cependant, les rappeler en
quelques mots:
Les pourparlers ayant été rompus entre
les radicaux-socialistes et les modérés, par
l’intransigeance des modérés — ces der
niers, ainsi dénommés sans doute parce
que, étant les moins forts, ils affichent, en
toutes occasions des prétentions immodé
rées — le parti radical et radical socia
liste décida d’aller à la bataille, bannière
déployée.
(Vifs applaudissements.)
La situation était grave. Nous nous trou
vions, à Alger, connue dans toute la Fran
ce, en présence d’adversaires, complices
avérés ou tacites des entreprises nationa
listes el des conspirai ions cléricales, qui,
sous prétexte d'apaisement, révaiont d'ar
river. par surprise, à la mairie.
Le comité exécutif du parti radical et
radical-socialiste dénonça le péril dans ta
métropole, et en Algérie. Il mit les répi -
blicains de gauche eu garde contre — ce
sont ses expressions mêmes — « les candi-
dals qui. ne pouvant plus affronter le com
bat qu’avec notre étiquette et notre dra
peau, tentaient do se glisser dans la Répu
blique. pour enrayer son élan, étouffer scs
énergies, exiger ses faveurs. »
A l’agglomérai disparate des partis mo
dérés et rétrogrades; à la coalition avérée
ou sournoise des modérés et des antisémi
tes. les radicaux-socialistes d’Alger oppo
sèrent. sans restriction, leur programme
économique et politique.
La bataille se livra, violente, injurieuse
dans les rangs de. nos adversaires; câline,
correcte dans nos rangs.
Liiez les premiers, les appétits mal dissi
mulés réduisirent la consultation électorale
à de mesquines questions de personnes;
chez les seconds, seuls, furent discutés des
idées, des principes, des programmes.
D’un côté, tou' es les formes masquées
ou avouées de la réaction sous tous ses as
pects; de l’autre, les radicaux-socialistes
groupées en un bloc compact, homogène.
Tandis que les premiers, uniquement
soucieux de gagnes F Hôtel do Ville, se li
vraient à Umfes lés roRîMnawons dégra
dâtes pour ceux qui les provoquent com
me pour ceux qui les acceptent : tan
dis que les premiers élaboraient un
vague programme politique de nature
à donner satisfaction à toutes les frac
tions hétéroclites qu’ils abritaient, les
seconds, au mépris du résultat de leur
attitude loyale et catégorique, affichè
rent une profession de foi, à laquelle pou
vaient adhérer seulement les radicaux et
les radicaux-socialistes.
— Nous proclamons très haut nos idées,
disaient et écrivaient les candidats de notre
parti, pour que la lutte soit nette et fran
che, pour chasser toute équivoque et dis
siper tonte obscurité. »
La scission salutaire des radicaux-so-
cialistes et des modérés nous assura une
victoire éclatante.
Le dépouillement du premier tour ayant
donné une forte majorité à la liste radi
cale-socialiste. lo souci élémentaire de
I bonnelel.e politique commandait aux mo
dérés de venir à nous.
Ils n’en firent rien.
Au second tour de scrutin, nous assistâ
mes à ce spectacle affligeant de candidats
qui se plaçaient sous les plis du drapeau
républicain, et qui s'unissaient ouverte
ment. aux réactionnaires, aux antisémites.
<’.e luxe d'incohérence succomba.
\ ingt-deux radicaux-socialistes furent
envoyés à la mairie par près de six nulle
suffrages dénués de toute compromission.
Ainsi s'établissait, mathématiquement,
le puissance du parti radical-socialiste
d Uger ; ainsi s’effondrait la prétention
d' modérés, pétris d’autocratie bour
geoise et alliés à la grande majorité des
ant i.sémites.
Ainsi lit parti radical et radical-socia
liste venait d’afiirm.-i son existence à Al-
gi t, d'une manière é. lr.lanle et vivace.
Applaudissements prolongés .i
(telle sévère et Méritée leçon ne profite.
fjü.i aux modérés.
Comme ib, entendaient, malgré (oui
avoir le dessus, ils décidèrent do rennii-
velei leur lactique électorale aux élec
tions législatives d«i 1910.
t!s le l’.cenl, dans, les conditions inouïes
qui ont trop profondément choqué vos
consciences poui ou cous ne les ayez pas
encore présentes à la mémoire.
L accord, I alliant! ', le pacte avec les
pires réactionnaires et les plus violent
antisémites, furent j publiquement procla
més.
Les élections municipales de 1908
avaient donné à M Colin la conviction
logiouo mie. livré à ses seuls moyens po
litiques. il u'eciiit aucune chance de con
server son écharpe; il lui restait la res
source d’accentuer 8 m évolution à droite.
II l'accentua dans un ■ proportion telle qu»
d’ancien candidat du bloc de gauche il vint, candidat du bb ■ de droite.
(A ombreuses mari ttes d'approbation.)
Autour de sou nCm s'étala une macé
doine de nuances Politiques, depuis le*
républicains modéré* jusqu'aux antijuifs
de la rue, en passant par les réaction
naires distingués e les antisémites de
raison.
Une pompe d’éloquence et un éclat de
style remarqués jm'inirent «q candidat
réaction, en réunions publiques et eu con
ciliabules secrets, des gages tels que les
partis do droite décidèrent officiellement
de n’opposer aucune candidature à M, Co
lin ; bien mieux, de soutenir ardemment
ce dernier.
Il paraît superflu de répéter que I s
partisans de M. Colin avaient, à ce mo
ment, des raisons de croire que le député
d’Alger représentait leurs idées, à tous à
la fois.
Une simple et courte citation suffira à
indiquer pourquoi tous pouvaient se dé
clarer satisfaits.
Permettez que je la glisse rapidement:
Comme, au Tournants Rovigo, un nnli-
juif intransigeant demandait h M. Colin
si, qui ou non, il était antisémite, le dé
puté d’Alger lui répondit :
« Votre question ne n’embarrasse point.
Si vous pensez que je suis venu iei pour
vous dire que je suis ou ne suis pas anti-
juif, détrompez-vous »
Cette phrase marque admirablement le
araclère de la candidature que les IP pu-
blieains de Gauche eurent à combattre.
Ce que fut la bataille livrée, vous le
avez.
V la coalition des modérés et dé la
Droite, le parti radical-socialiste opposa
une discipline rassurante.
Déployant largement les couleurs radi
cales-socialistes que le congrès lui couda,
notre vaillant aini Béraud (on fait une
ovation à M. Bérautl) rallia sur son nom
près de 7.50(1 suffrages.
Si le programme, si les idées de notre
parti ne l’emportèrent pas sur les éphé
mères combinaisons électorales de nos
adversaires, du moins nous eûmes la sa
tisfaction d’avoir provoque dans nos rmgs
nne magnifique et. décisive manifestation
de nos forces.
Modérés, républicains soi-disant démo
crates à tendance cléricale, nationalistes
notoires, antisémites éprouvés et monar
chistes impénitents, l’emportèrent numé
riquement sur nous. Mais avant, pendant
et après la bataille que nous eûmes à sou
tenir contre des troupes bigarrées, nous
vîmes avec orgueil flotter haut et fc.nie
notre drapeau inaccessible aux compro
missions. ,
(La salle applaudit vigoureusement).
Vous parlerai-je, maintenant, des évé
nements qui provoquèrent des élections
municipales complémentaires ?
A quoi bon? Qu'il me suffise de redire,
ici, que les chiffres ayant démontré aux
antisémites, mis en appétit par les conces
sions et les encouragements des modérés,
qu’ils pouvaient espérer encore un retour
aux mauvais jours d’antan, les anciens
lieuteuanls ou partisans de Max Régis se
présentèrent aux élections municipales
complémentaires.
La Fédération radicale-socialiste ayant,
par voit 1 d'affiches et de cemmunio lés.
prêché l’abstention : les modérés avant
été réduits à leur simple expression, les
anti-sémites entrèrent au Conseil muni
cipal.
Vous savez comment et avec qui ils
marchent.
Pourquoi, objectera-t-on, n’avons-nous
pas soutenu alors une lutte active contre
le réveil de l'antisémitisme à Alger, ré
veil provoqué par les appétits des'mo
dérés ?
Parce que. avouons-le. les moins éner
giques d’entre nous ont été frappés, de
stupeur el d’épouvante par les attaques
violentes dont était l'objet l'élat-major du
part i : parce qu’une presse furieuse' gron
dait. Inyap'L sans respect pour les per
sonnes, 5P>>s considération pour leur si
tuai ion: parce que, je n’éprouve aucune
gène à le dire, les avalanches d’ordures
qui s’abattaient sur nos tôles eurent poui
effet de semer dans nos rangs une hési
tation. un commencement de panique donl
nos adversaires espéraient tirer une vic
toire duc à l’intimidation.
On avait compté sans notre force, .-ans
notre énergie, sans notre volonté fonte lie
de tenir tête à l’orage.
Le temps nous a permis de nous n»-ai
sé'. de nous reprendre, de nous rassurer.
Rien de durable ne se fonde sur la hai
ne, sur le mensonge, sur la violence. Les
gueules de bronze, à force de hurler, sont
obligées de se taire.
La verilc. servie par des défenseurs
corrects et convaincus, finit toujours par
remporter.
Au malaisé subi pendant quelques mois
succède un sentiment de confiance que
fortifient, les récents événements politi
ques survenus dans la métropole et ici
même.
(('ris de: « Vive Munis! vive Lut au d I »
,L'est dans le calme, c'est dans l’ordre,
•'est dans la paix, que, disciplinés, nous
.'.ions poursuivre notre œuvre d’union et
de progrès social.
(•elle œuvre, je n’ais pas à vous la rai pe-
ier ici, 1 ou s la connaissez tous, parce
!■" tous tient à c: >ur et parce que vous
travaillez a son triomphe, courageusement.
Dans l'ordre politique, administrai i! et
.judiciaire; en matière du religion, d’en*ci-
gnement. de maintien intégral des lois da
licite: dans l’ordre fiscal, budgétaire, éco
nomique * 1, social: en matière de politique
extérieure rl de défense nationale, nos i,|é,
restent telles que les a acclamées It (Jon
gros de Nancy, en 1907,
“‘0*11’ «I » LL’ C LA l l V M IIIIIY’J ~~ n
c’est sous leur égiti'e que nous triomphe
rons.
Gui, que nous triompherons, parce qu
nous sommes le nombre, parce, qu -, san
sectarisme comme sans faiblesse, nou
poursuivrons honnêtement un but d'inté
rêt général.
Tous les jours, nos rangs s'épaississent
tous les jour:*, les égarés, les désabusés re
viennent à nous; tous les jours, des adver
saires dThiergâdiTiés sur les intentions di
ceux qui lésinaient attirés à eux, recon
naissent leur erreur et se rapprochent d-
nous.
Accueillons les sans arrière-pensée; mai
n’oubions pas que si .le danger réactionnai
re obscurci! à nouveau notre horizon poli
tique, c’est à leurs anciens chefs si égoïs
tes que nous le devons.
Notre étendard est assez large pour cou
vrir tous les soldats qui, sincèrement, mo
destement, viennent s abriter sous ses plis
mai* il ne souffrira jamais que soient com
mis à sa garde ceux-là mêmes qui. peur sa
tisfaire leur appétit personnel, ont. Lente
de briser sa hampe et de-salir scs couleurs
u(Longuc ovation.)
Nous n’avons, d’ailleurs, à ce sujet, au
cune inquiétude.
C’est dans d-s mains sûres, dans de
mains éprouvées, dans vos mains, chez M.
Gérente, que le parti radical-socialiste a
mis, en toute confiance, son drapeau...
Ne vous inquiétez pas, cher monsieur
Gérente, je ne dirai fias iei pourquoi celte
confiance du Parti ne pouvait être mieux
placée.
Je me garderai bien, pour ne pa* troubler
la paisible digestion du modeste verre de
pundli qu - nous vous avons offert ce soir,
de tout cœur et en toute amitié, je me gar
derai bien de parler dans ce milieu sympa
thique qui vous connaît, de toutes vos qua
lités de cœur, de votre courage civique, de
votre mépris des injures et des calomnie»,
de vos convictions profondes et de votre
haute -probité devant laquelle sont obligés
d*- s’incliner vos plus violents adversaires
eux-mêmes.
(O n applaudit ii tout rompre.)
Qui ne sait, ici. toul ce que vous avez
fait pour notre parti? Qui n'a pas la con
viction que vous ferez encore beaucoup
pour lui.
En formulant, au nom de tous les radi
caux et radicaux-socialistes d’Alger, lo
souhait de vous conserver longtemps, très
longtemps comme chef, c’est notre propre
cause que nous plaidons.
Votre présence à la tête de la politique»
du département d’Alger est une gène poul
ies jouisseurs qui veulent tirer de fout*-*
les situations, privées ou publiques des
profits personnels ; elle est, pour notre
parti, une garantie de probité et de lova-
I isme...
(Applaudissements prolongés.)
Ami.*, je vous convie a lever vos verres
on ! honneur de notre cher sénateur, aux
cris de : « Vive la République démocrati
que! »
(Une ovation est faite « M. Legendre.)
Discours de M. Montés
-V. Montés, vice-président de la Fédé
ration départementale radicale cl. radica
le-socialiste parle ensuite :
Citoyens!
Je n aurais, certes, pas pris ici la pari
notre président ne m’y avait invité,
vous a-t-w pas dit. excellemment oe n
nous pensons tous? A quoi h m -disroi
nombreux alors que nous sommes réui
— comme en une fête de famille - po
affirmer, lino fois de plus, cette syint
Mne profonde qui nous unit au sénatr
Gercnte, -à celui que nous considérons tu
comme le chef nulorisé et respecté du P-
ti radical-socialiste?
Mais, citoyens, Ligendre a-pensé que n
chacun par les nécessités du labeur cj'uo
dien, nous n avrons pas assez d'occasions
nous entretenir de la vie, du dévelopr
ment de nos organisations, et Ju „ IKltls t
viens profiter Je cette magnifique réuni
pour vous dire ce qui a été fait, dans ;
Comités d abord, au Bureau provisoire
la Fédération ensuite; il m'a confié l'ho
neur (D vous exposer les statuts de la F
de rat ion reonga-nisée; j'ai accepté cette t
rhe car elle me procurait le plaisir (h> r
mercier publiquement les Comités d- qua
lier, et notamment relui de Bab-el-Ou.
f nirni ° U ^ (I ^ besogne qu’ils o
A/ifs applaudissements.)
. Je vais vous dire, brièvement, nuoH
idées ont inspiré nos décisions.
Un parti politique sans programme, fo
m sur 1 intrigue ou sur les ambitions pc
s on ne 11 es, servi par lo concours nu ne
voir et la puissance de l’argent, n’a m h
soin d organisation; bien plus H no ne
£ l!n «'i', Y-ut donner l’illush
d une -existence certaine. Lorsqu’il «’aait
rounr à l’assaut, re parti f ?i i appel if to
■les appétits; es promesses; quelques p f ,
gnee* dur habilement distribuées force
le* convictions de» indécis, forment eell
des inconscients; mais une fois dans
place, le» soldats de celte armée dispara
■ i0 battent pour accaparer chacun la pi,
grosso part, sinon # iQhüté d’ua but
)
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INSERTION DES «"NONCES LÉGALES, JUDICIAIRES ET AUTRES
IMPOSANTE MANIFESTATION REPUBLICAINE
ACCLAME
le Sénateur d’Alger
Ce fut. hier soir, une grandiose et récon
fortante fête républicaine.
Sue l'initiative tirs Comités républicains
radicrtn.r et radicaux-socialistes d'Alger,
ayant à leur tête M. Legendre, ancien pre
mier adjoint an maire il'Algcr. un punch
lirait été organisé en l’honneur de M. le
docteur Paul Gt rente, sénateur.
Dons la salle spacieuse et gaie du Théâ
tre de l'Olympia, ornée de drapeaux, de
pointes et de fleurs électriques, avaient été
dressées de longues et nombreuses tables,
mins île roses, d’o'illets et d’héliotropes.
Pès huit heures, toutes les places, autour
tirs tables, sont occupées. Jusqu’à neuf
heures, cependant, les adhérents au punch
arrivent. Ils se rasent comme ils peuvent:
sur In scène, où des tables de fortune sont
prestement installées : debout dans la
grande salle: aux fauteuils tic balcon; dans
la brasserie du premier étage: aux deuxiè
mes galeries: dans le vestibule d’entrée.
Personne, d'ailleurs ne se plaindra, car
malgré le très grand nombre d'assistants
qui s'entassent partout — tnt millier au
minimum — les directeurs de l’Olympia
assureront un service impeccable.
Quanti, dans la cohue, rejoignent leurs
pinces, nos amis Lefebvre, rire-président
du Conseil général. délégué financier,
membre th: Conseil supérieur: .Vivat, vi
re- président (ht Conseil général; Saliège.
rnnseiUer général et Béraud , ils sont sa
lués par de vigoureux applaudissements.
Et lorsqu'à neuf heures, un son de la
Marseillaise, exécutée pur un orchestre.
M. h: docteur Paul (lérente. sénateur, fuit
snn entrée, les tr'elamations s’étirent
nourries et prolongées.
La salle entière, debout, vibrante, fait
à M. Gèrente une ovation qui s'arrêtera
seulement quand le Président prendra la
parole...
L’ASSISTANCE
Essayer de citer, ne fût-ce qu'une parti •
îles personnes présentes, serait certes
peine perdue.
Pour aeoir une idée de lo composition
de la salle, il suffira de savoir que tous
les élus républicains radicaux et radiruux-
sorialistes d'Alger; que tous les conseillers
généraux de. In majorité étaient là, sauf
M. Broussais, député, président du Con
seil général, retenu loin d'Alger par des
engagements inéluctables : M. Colomiès.
l'inseUler général, délégué financier, et
MM. Casimir Martin et LeboiUy, conseil
lers généraux, empêchés et gui se sont
fait excuser.
ta table d'honneur avait été réservée
aux bureaux des Comités radieaur-soeia-
listes d’Alger.
V sont assis: les présidents, vice-prési
dents, trésoriers et secrétaires de La Fé
dération départementale radicale-socia
liste. de i’Unton démocratique de Bab-el-
Oued. de ("Union déinoerat iqde de Bel-
eourt. du Comité d’action républicaine et
sociale du Plateau-Saulièrc, du 'Comité
Jsly-Bugeaud, île ta Solidarité républicai
ne.' des Tournants fiovigo, du Comité de la
Préfecture et de la Marine, d'Alger-Centre,
du Comité de la troisième circonscription,
de la Jeunesse républicaine, de. Muslaplia-
Cenlre.
Les membres de ers différents groupe
ments, h's personnalités du parti radical
et radical-socialiste, des maires et con
seillers municipaux de l'intérieur , les mili
tants de notre parti et aussi plusieurs ré
publicains, gui. par surprise, s’étalent un
instant égarés dans les rangs de nos ad
versaires. se placent, ou hasard, rom me
jl sied èt une assemblée démocratique.
' M. Legendre prend la parole pour lire
les lettres d'excuses, parmi lesquelles In
sniraéde. île notre ami Broussais, député
de la deuxième circonscription:
v s Alger, le S mai 1011.
Mon cher Legendre,
Au moment ml jMf reçu votre aimable lettre,
contenant l’invitation pour I" punch offert au
«nateur d’Alger, j’é'ais ‘Uji> engagé par un
rende*-vous d'affairer en Kabjrlio. fixé an b et
lo mai courant.
Avant de vers répondre, j'ai Cjpu.vé rtc nie dé
ranger. ainsi que je le craignais, "je n’nl pu j
réussir.
.Te vous prie don ", en agréant mes vifs r-'g fet '•
de les transmettre à tous nos amis radicaux et
radicaux-socialistes.
Dites-Ieur bien qu'ils peuvent compter tpie je
continuerai, au I’arlemrnt, à soutenir avec éner
gie et dévouement. In politique du grand Parti qui
gouverne actuellement la I-'rauce républicaine.
Veuilles croire, mon cher Legendre, h mes
«cutimeuts bien cordiaux
M. Brocs* us.
' Député tf Alger.
Après an morceau (l orchestre, M. Le
gendre. qui préside la fête, prêtai la pa
role :
Discours de M. Legendre
Citoyens!
■Lorsqu’il y a quelques jours à peine,
les Comités républicains radicaux et radi
caux-socialistes d’Alger conçurent le pro
jet d’organiser une réunion amicale et in
time, it l’intention de noire cher sénateur,
le docteur Paul Gérente. ils ne pré
voyaient pas que l'enthousiasme généra*
donnerait à cette réunion les proportions
de la belle manifestaiton dont nous avons,
ce soir, le réconlc-rtant spectacle.
En répondant, à notre appel avec un em
pressement qui précise le caractère de no
tre démonstration, vous avez secondé, dans
une large, mesure, le discret c-t’fort des Co
mités républicains radicaux et radicaux-
socialistes d’Alger.
En leur nom. je vous en remercie, avec
la profonde sincérité qu’on apporte à re
mercier des amis avec lesquels ou se sent
en parfaite harmonie île sentiments et d’i
dées.
En leur nom éalement, ,jo salue notre
cher ami Broussais retenu loin d’Alger, à
son grand regret, par des engagements an
térieurs.
La première et la deuxième circonscrip
tions d’Alger sont séparées par des lignes
fictives que commandent des nécessités
géographiques et économiques; tilles res
tent néanmoins étroitement unies par
leurs aspirations sociales, par leurs con
victions politiques.
Cps! avec plaisir que nous avons ré
servé à la labié des républicains le la pre
mière circonscription une place au député
qui a fait triompher. aux dernières élec
tions législatives, le drapeau radical-so
cialiste dans la deuxième circonscription
d’Alger, comme aussi aux conseillers gé
néraux de la majorité radicale-socialiste
que leur éloignement d’Alger tient à l’é
cart de nos Comités locaux.
Dirai-je à notre ami le sénateur Gérente
combien nous lui savons gré d’avoir, pour
une fois, rompu avec ses habitudes bien
connues, en adhérant à une fête organisée
eu son honneur ?
M’est-il utile de répéter, ici, le bien que
nous pensons, tous, de l'homme politique
auquel nous olïrons, ce soir, un nouveau
témoignage de notre inébranlable sympa
thie et d-‘ notre constant dévouement ?
.! ■ ne le pense pas.
D’abord parce que je connais suffisam
ment les idées de M. Gèrent 1 , pour être
convaincu que notre sénateur serait beau
coup plus gêné par nos compliments et par
nos éloges que par les attaques dont il est
l’objet; ensuite, parce qu’il me paraît que
le moyen le meilleur d ■ rendre hommage à
sa personne, c’est de retracer avec vous
'brièvement, rassurez-vous . en remontant,
à quelques anm' s. l’évolution à Alger do
parti radical-socialiste, à la tête duquel
notre sénateur est placé et, à la lèlc du
quel nous avons la conviction de le voir
longtemps encore...
A l’époque où les nécessités impérieuses
du moment dictaient à tous les honnêtes
citoyens d’opposer leurs idées, et quelque
fois leurs personnes, au torrent qui, dans
une heure de folie, s’était déchaîné sur
noire pauvre cité, le parti radical et radi
cal-socialiste d’Alger dut s’unir à tout ce
qii n’était pas réaction violente et inso
lente.
1.alliance contractée dans des conditions
et un 1 mi f déterminés permit aux républi
cains d’Alger de chasser du pouvoir les
fauteurs de Iroubles qui avait n! conduit
notre belle cl chère cité à deux pas de sa
Pu in ■.
La collaboration des radicaux-socialistes
et des modérés cul pour effet Je déblaver
le terrain politique.
Mais bientôt, le danger étant conjuré, le
besoin de prendre position s’affirma dans
l’esprit de chacun dos partis alliés contre
l’ennemi commun.
Il est juste d’ajouter, pour rester dans la
m’r- exacte, que les radicaux-socialistes
lurent, tout, d'abord, les moins enthou
siastes h su détacher du bloc qui avait
barré' lu roule 5 l'impétueuse avalanche
ant i juive. Par seul désir de conciliation,
y ou s leiitAiivs, vainement d’ailleurs, de
froiîH'r un motlvs vivendi qui nous pont; 1
*■■ poursuivre, quelques années encore, h
politique d'union à laquelle nous avions
apporté notre concours, franchement.
le* élections municipal»* de 1008, après
les élections législatives de 1906. marquè
rent . déduitivinenl la rupture entre les
radiraux-socialisieu et les modérés.
Les événements de tûQH sont encor >
trop présents à votre mémoire, pour qu’il
me soit nécessaire de les préciser.
Laissez-nioi, cependant, les rappeler en
quelques mots:
Les pourparlers ayant été rompus entre
les radicaux-socialistes et les modérés, par
l’intransigeance des modérés — ces der
niers, ainsi dénommés sans doute parce
que, étant les moins forts, ils affichent, en
toutes occasions des prétentions immodé
rées — le parti radical et radical socia
liste décida d’aller à la bataille, bannière
déployée.
(Vifs applaudissements.)
La situation était grave. Nous nous trou
vions, à Alger, connue dans toute la Fran
ce, en présence d’adversaires, complices
avérés ou tacites des entreprises nationa
listes el des conspirai ions cléricales, qui,
sous prétexte d'apaisement, révaiont d'ar
river. par surprise, à la mairie.
Le comité exécutif du parti radical et
radical-socialiste dénonça le péril dans ta
métropole, et en Algérie. Il mit les répi -
blicains de gauche eu garde contre — ce
sont ses expressions mêmes — « les candi-
dals qui. ne pouvant plus affronter le com
bat qu’avec notre étiquette et notre dra
peau, tentaient do se glisser dans la Répu
blique. pour enrayer son élan, étouffer scs
énergies, exiger ses faveurs. »
A l’agglomérai disparate des partis mo
dérés et rétrogrades; à la coalition avérée
ou sournoise des modérés et des antisémi
tes. les radicaux-socialistes d’Alger oppo
sèrent. sans restriction, leur programme
économique et politique.
La bataille se livra, violente, injurieuse
dans les rangs de. nos adversaires; câline,
correcte dans nos rangs.
Liiez les premiers, les appétits mal dissi
mulés réduisirent la consultation électorale
à de mesquines questions de personnes;
chez les seconds, seuls, furent discutés des
idées, des principes, des programmes.
D’un côté, tou' es les formes masquées
ou avouées de la réaction sous tous ses as
pects; de l’autre, les radicaux-socialistes
groupées en un bloc compact, homogène.
Tandis que les premiers, uniquement
soucieux de gagnes F Hôtel do Ville, se li
vraient à Umfes lés roRîMnawons dégra
dâtes pour ceux qui les provoquent com
me pour ceux qui les acceptent : tan
dis que les premiers élaboraient un
vague programme politique de nature
à donner satisfaction à toutes les frac
tions hétéroclites qu’ils abritaient, les
seconds, au mépris du résultat de leur
attitude loyale et catégorique, affichè
rent une profession de foi, à laquelle pou
vaient adhérer seulement les radicaux et
les radicaux-socialistes.
— Nous proclamons très haut nos idées,
disaient et écrivaient les candidats de notre
parti, pour que la lutte soit nette et fran
che, pour chasser toute équivoque et dis
siper tonte obscurité. »
La scission salutaire des radicaux-so-
cialistes et des modérés nous assura une
victoire éclatante.
Le dépouillement du premier tour ayant
donné une forte majorité à la liste radi
cale-socialiste. lo souci élémentaire de
I bonnelel.e politique commandait aux mo
dérés de venir à nous.
Ils n’en firent rien.
Au second tour de scrutin, nous assistâ
mes à ce spectacle affligeant de candidats
qui se plaçaient sous les plis du drapeau
républicain, et qui s'unissaient ouverte
ment. aux réactionnaires, aux antisémites.
<’.e luxe d'incohérence succomba.
\ ingt-deux radicaux-socialistes furent
envoyés à la mairie par près de six nulle
suffrages dénués de toute compromission.
Ainsi s'établissait, mathématiquement,
le puissance du parti radical-socialiste
d Uger ; ainsi s’effondrait la prétention
d' modérés, pétris d’autocratie bour
geoise et alliés à la grande majorité des
ant i.sémites.
Ainsi lit parti radical et radical-socia
liste venait d’afiirm.-i son existence à Al-
gi t, d'une manière é. lr.lanle et vivace.
Applaudissements prolongés .i
(telle sévère et Méritée leçon ne profite.
fjü.i aux modérés.
Comme ib, entendaient, malgré (oui
avoir le dessus, ils décidèrent do rennii-
velei leur lactique électorale aux élec
tions législatives d«i 1910.
t!s le l’.cenl, dans, les conditions inouïes
qui ont trop profondément choqué vos
consciences poui ou cous ne les ayez pas
encore présentes à la mémoire.
L accord, I alliant! ', le pacte avec les
pires réactionnaires et les plus violent
antisémites, furent j publiquement procla
més.
Les élections municipales de 1908
avaient donné à M Colin la conviction
logiouo mie. livré à ses seuls moyens po
litiques. il u'eciiit aucune chance de con
server son écharpe; il lui restait la res
source d’accentuer 8 m évolution à droite.
II l'accentua dans un ■ proportion telle qu»
d’ancien candidat du bloc de gauche il vint, candidat du bb ■ de droite.
(A ombreuses mari ttes d'approbation.)
Autour de sou nCm s'étala une macé
doine de nuances Politiques, depuis le*
républicains modéré* jusqu'aux antijuifs
de la rue, en passant par les réaction
naires distingués e les antisémites de
raison.
Une pompe d’éloquence et un éclat de
style remarqués jm'inirent «q candidat
réaction, en réunions publiques et eu con
ciliabules secrets, des gages tels que les
partis do droite décidèrent officiellement
de n’opposer aucune candidature à M, Co
lin ; bien mieux, de soutenir ardemment
ce dernier.
Il paraît superflu de répéter que I s
partisans de M. Colin avaient, à ce mo
ment, des raisons de croire que le député
d’Alger représentait leurs idées, à tous à
la fois.
Une simple et courte citation suffira à
indiquer pourquoi tous pouvaient se dé
clarer satisfaits.
Permettez que je la glisse rapidement:
Comme, au Tournants Rovigo, un nnli-
juif intransigeant demandait h M. Colin
si, qui ou non, il était antisémite, le dé
puté d’Alger lui répondit :
« Votre question ne n’embarrasse point.
Si vous pensez que je suis venu iei pour
vous dire que je suis ou ne suis pas anti-
juif, détrompez-vous »
Cette phrase marque admirablement le
araclère de la candidature que les IP pu-
blieains de Gauche eurent à combattre.
Ce que fut la bataille livrée, vous le
avez.
V la coalition des modérés et dé la
Droite, le parti radical-socialiste opposa
une discipline rassurante.
Déployant largement les couleurs radi
cales-socialistes que le congrès lui couda,
notre vaillant aini Béraud (on fait une
ovation à M. Bérautl) rallia sur son nom
près de 7.50(1 suffrages.
Si le programme, si les idées de notre
parti ne l’emportèrent pas sur les éphé
mères combinaisons électorales de nos
adversaires, du moins nous eûmes la sa
tisfaction d’avoir provoque dans nos rmgs
nne magnifique et. décisive manifestation
de nos forces.
Modérés, républicains soi-disant démo
crates à tendance cléricale, nationalistes
notoires, antisémites éprouvés et monar
chistes impénitents, l’emportèrent numé
riquement sur nous. Mais avant, pendant
et après la bataille que nous eûmes à sou
tenir contre des troupes bigarrées, nous
vîmes avec orgueil flotter haut et fc.nie
notre drapeau inaccessible aux compro
missions. ,
(La salle applaudit vigoureusement).
Vous parlerai-je, maintenant, des évé
nements qui provoquèrent des élections
municipales complémentaires ?
A quoi bon? Qu'il me suffise de redire,
ici, que les chiffres ayant démontré aux
antisémites, mis en appétit par les conces
sions et les encouragements des modérés,
qu’ils pouvaient espérer encore un retour
aux mauvais jours d’antan, les anciens
lieuteuanls ou partisans de Max Régis se
présentèrent aux élections municipales
complémentaires.
La Fédération radicale-socialiste ayant,
par voit 1 d'affiches et de cemmunio lés.
prêché l’abstention : les modérés avant
été réduits à leur simple expression, les
anti-sémites entrèrent au Conseil muni
cipal.
Vous savez comment et avec qui ils
marchent.
Pourquoi, objectera-t-on, n’avons-nous
pas soutenu alors une lutte active contre
le réveil de l'antisémitisme à Alger, ré
veil provoqué par les appétits des'mo
dérés ?
Parce que. avouons-le. les moins éner
giques d’entre nous ont été frappés, de
stupeur el d’épouvante par les attaques
violentes dont était l'objet l'élat-major du
part i : parce qu’une presse furieuse' gron
dait. Inyap'L sans respect pour les per
sonnes, 5P>>s considération pour leur si
tuai ion: parce que, je n’éprouve aucune
gène à le dire, les avalanches d’ordures
qui s’abattaient sur nos tôles eurent poui
effet de semer dans nos rangs une hési
tation. un commencement de panique donl
nos adversaires espéraient tirer une vic
toire duc à l’intimidation.
On avait compté sans notre force, .-ans
notre énergie, sans notre volonté fonte lie
de tenir tête à l’orage.
Le temps nous a permis de nous n»-ai
sé'. de nous reprendre, de nous rassurer.
Rien de durable ne se fonde sur la hai
ne, sur le mensonge, sur la violence. Les
gueules de bronze, à force de hurler, sont
obligées de se taire.
La verilc. servie par des défenseurs
corrects et convaincus, finit toujours par
remporter.
Au malaisé subi pendant quelques mois
succède un sentiment de confiance que
fortifient, les récents événements politi
ques survenus dans la métropole et ici
même.
(('ris de: « Vive Munis! vive Lut au d I »
,L'est dans le calme, c'est dans l’ordre,
•'est dans la paix, que, disciplinés, nous
.'.ions poursuivre notre œuvre d’union et
de progrès social.
(•elle œuvre, je n’ais pas à vous la rai pe-
ier ici, 1 ou s la connaissez tous, parce
!■" tous tient à c: >ur et parce que vous
travaillez a son triomphe, courageusement.
Dans l'ordre politique, administrai i! et
.judiciaire; en matière du religion, d’en*ci-
gnement. de maintien intégral des lois da
licite: dans l’ordre fiscal, budgétaire, éco
nomique * 1, social: en matière de politique
extérieure rl de défense nationale, nos i,|é,
restent telles que les a acclamées It (Jon
gros de Nancy, en 1907,
“‘0*11’ «I » LL’ C LA l l V M IIIIIY’J ~~ n
c’est sous leur égiti'e que nous triomphe
rons.
Gui, que nous triompherons, parce qu
nous sommes le nombre, parce, qu -, san
sectarisme comme sans faiblesse, nou
poursuivrons honnêtement un but d'inté
rêt général.
Tous les jours, nos rangs s'épaississent
tous les jour:*, les égarés, les désabusés re
viennent à nous; tous les jours, des adver
saires dThiergâdiTiés sur les intentions di
ceux qui lésinaient attirés à eux, recon
naissent leur erreur et se rapprochent d-
nous.
Accueillons les sans arrière-pensée; mai
n’oubions pas que si .le danger réactionnai
re obscurci! à nouveau notre horizon poli
tique, c’est à leurs anciens chefs si égoïs
tes que nous le devons.
Notre étendard est assez large pour cou
vrir tous les soldats qui, sincèrement, mo
destement, viennent s abriter sous ses plis
mai* il ne souffrira jamais que soient com
mis à sa garde ceux-là mêmes qui. peur sa
tisfaire leur appétit personnel, ont. Lente
de briser sa hampe et de-salir scs couleurs
u(Longuc ovation.)
Nous n’avons, d’ailleurs, à ce sujet, au
cune inquiétude.
C’est dans d-s mains sûres, dans de
mains éprouvées, dans vos mains, chez M.
Gérente, que le parti radical-socialiste a
mis, en toute confiance, son drapeau...
Ne vous inquiétez pas, cher monsieur
Gérente, je ne dirai fias iei pourquoi celte
confiance du Parti ne pouvait être mieux
placée.
Je me garderai bien, pour ne pa* troubler
la paisible digestion du modeste verre de
pundli qu - nous vous avons offert ce soir,
de tout cœur et en toute amitié, je me gar
derai bien de parler dans ce milieu sympa
thique qui vous connaît, de toutes vos qua
lités de cœur, de votre courage civique, de
votre mépris des injures et des calomnie»,
de vos convictions profondes et de votre
haute -probité devant laquelle sont obligés
d*- s’incliner vos plus violents adversaires
eux-mêmes.
(O n applaudit ii tout rompre.)
Qui ne sait, ici. toul ce que vous avez
fait pour notre parti? Qui n'a pas la con
viction que vous ferez encore beaucoup
pour lui.
En formulant, au nom de tous les radi
caux et radicaux-socialistes d’Alger, lo
souhait de vous conserver longtemps, très
longtemps comme chef, c’est notre propre
cause que nous plaidons.
Votre présence à la tête de la politique»
du département d’Alger est une gène poul
ies jouisseurs qui veulent tirer de fout*-*
les situations, privées ou publiques des
profits personnels ; elle est, pour notre
parti, une garantie de probité et de lova-
I isme...
(Applaudissements prolongés.)
Ami.*, je vous convie a lever vos verres
on ! honneur de notre cher sénateur, aux
cris de : « Vive la République démocrati
que! »
(Une ovation est faite « M. Legendre.)
Discours de M. Montés
-V. Montés, vice-président de la Fédé
ration départementale radicale cl. radica
le-socialiste parle ensuite :
Citoyens!
Je n aurais, certes, pas pris ici la pari
notre président ne m’y avait invité,
vous a-t-w pas dit. excellemment oe n
nous pensons tous? A quoi h m -disroi
nombreux alors que nous sommes réui
— comme en une fête de famille - po
affirmer, lino fois de plus, cette syint
Mne profonde qui nous unit au sénatr
Gercnte, -à celui que nous considérons tu
comme le chef nulorisé et respecté du P-
ti radical-socialiste?
Mais, citoyens, Ligendre a-pensé que n
chacun par les nécessités du labeur cj'uo
dien, nous n avrons pas assez d'occasions
nous entretenir de la vie, du dévelopr
ment de nos organisations, et Ju „ IKltls t
viens profiter Je cette magnifique réuni
pour vous dire ce qui a été fait, dans ;
Comités d abord, au Bureau provisoire
la Fédération ensuite; il m'a confié l'ho
neur (D vous exposer les statuts de la F
de rat ion reonga-nisée; j'ai accepté cette t
rhe car elle me procurait le plaisir (h> r
mercier publiquement les Comités d- qua
lier, et notamment relui de Bab-el-Ou.
f nirni ° U ^ (I ^ besogne qu’ils o
A/ifs applaudissements.)
. Je vais vous dire, brièvement, nuoH
idées ont inspiré nos décisions.
Un parti politique sans programme, fo
m sur 1 intrigue ou sur les ambitions pc
s on ne 11 es, servi par lo concours nu ne
voir et la puissance de l’argent, n’a m h
soin d organisation; bien plus H no ne
£ l!n «'i', Y-ut donner l’illush
d une -existence certaine. Lorsqu’il «’aait
rounr à l’assaut, re parti f ?i i appel if to
■les appétits; es promesses; quelques p f ,
gnee* dur habilement distribuées force
le* convictions de» indécis, forment eell
des inconscients; mais une fois dans
place, le» soldats de celte armée dispara
■ i0 battent pour accaparer chacun la pi,
grosso part, sinon # iQhüté d’ua but
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