Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-11-02
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Type : texte texte
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Description : 02 novembre 1908 02 novembre 1908
Description : 1908/11/02 (Numéro 305). 1908/11/02 (Numéro 305).
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Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/11/2007
K3 oent~Lo~s
B3 ~E
~20' ANNÉE 305
1
t20' ANN&S SOS
~0 <3enttm~ë
LUND! 2 NOVEMBRE
i908
DIRECTION ET ADMINISTRATION
Rue des Pretrcs-Sain:-Germa:n-Auxcrro!S, jH
PARtS–ï"
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1. U~!))2 MOVEM8RE
1908
PRIS DE; L'ABONNEMENT
THOtSMOts stxMOia M
frimce. Colonies et Alsace- mois
Lorraine. lOfr. 30fr. 40fr.
Etr&Dgor.t. 16 ff. 3Zfr. 64fr.
OU S'ABONNE: )En fMvittco et yEtrange~
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tNS J~BQNKEMË! LES ANNONCES SOti~T REÇUES
Chez MM. Lagrange. Cerî et 8. Place de h Bourse
PCLMMiES ET UTTERMRES
B, \&<
VB~E 0EmStÈB6E tBESUN&E
SOMMAIRE
NON-UEU. ?
POUR LES RECTEURS. H. C.
AU JOUR LE JOUR. < Ct6~ T'OMIS. S.
LA DÉMISSION DU PRINCE DE BÛLOW.
t,A. CRISE ORIENTALE.
NOUVELLES DU JOUR..
LES FoNLLES DU TuRKESTAN Gaston Migaon.
LA SEMAINE DRAMATIQUE. H6ari da Rég-nier.
I,'Ec:!EVEAU EMBROUILLÉ. [1] Baroness Orczy.
MARCHÉ FINANCIER.
REVUE COMMERCIALE.
M <3 FSS L.B SE U
L'instruction ouverte a Corbeil a la suite des.
troubles de Dravei! et deVUleneuve-Saiot-
Greorges se termine par un non-lieu en faveur
d'un certain nombre d'inculpés. Ce résultat n'ap-
pellerait aucun commentai i'o si une campagne
de presse menée depuis plusieurs jours avec
une violence extraordinaire n'était de nature &
tromper le public sur sa véritable signincation.
Il est naturel que ceux des inculpés contre les-
quels aucune charge n'a été retenue soient re-
mis en liberté. Pareil fait se produit chaque
jour sans que personne s'en émeuve. Mais la
tactique des révolutionnaires a pour but
de transformer en un triomphe pour la
Confédération générale du Travail le non-Heu
dont bénéficient plusieurs meneurs desonCo-!
mité. On aûecte de croire et de dire, dans les
journaux socialisées ou comhistes, que le gou-
vernement seul a dirigé toute l'instruction et
que lui seul est l'auteurde la décision prise par
]te Parquet. On cherche à répandre l'impression
que les dirigeants do la Confédération sont re-
taxés, non pas parce qu'aucun acte criminel n'a
âtô établi en ce qui les concerne, mais parce
~ue la Confédération doit' être considérée
comme intangible après le discours de M.Viviani
Btle vote de conGance qui a clos l'interpellation
de vendredi dernier. Il y a là une équivoque qui
ae repose sur rien, mai.s qui n'est cependant
pas de celiosque le simple bon sens populaire
suffit a dissiper.
En réaHM ni le gouvernement, ni la Chambre
ni même M. Viviani n'ont entendu donner à la
Confédération un g~YMXpourle passé ou un
blanc-seing pour l'avenir. Tout en ne croyant
pas devoir recourir à une dissolution en règle
de cette Association, illégale pour le moins
dans son action sinon dans ses statuts, le gou-
vernement, s'est déclaré résolu à en poursuivre
mdividuellement les membres, chaquequ'ils se rendraient coupables d'un acte délic-
tueux. On peut trouver insufusante cette tac-
tique, on peut regretter que la défense de
? société ne soit pas garantie par des
moyens plus efficaces mais il serait néanmoins
injuste de voir là une abdication pure et simple
du ministère et du Parlement en face des mê-
lées révolutionnaires. A. plus forte raison se-
rait-il excessif de regarder le non-lieu d'aujour-
d'hui comme la conséquence directe de la der-
rière interpellation. L'JTMwaK~et la Fo&c~M
Pe!~e auront beau enner le ton et chanter vic-
toire, elles n'arriveront pas à transformer la
mise en liberté d'une partie des inculpés de
VjIIeneuve-Saint-Georges en une approbation
da l'émeute réprimée ce jour-là. On voit trop
clairement L'intérêt qui les fait parler. La rai-
tion d'Etat n'est pas toujours étrangôre & la
marche de la justice, et c'est une des faiblesses
du régime actuel, mais il y a quelque contradic-
tion à la rendre à la fois responsable do toutes
les arrestations comme de tous les non-lieux
qui viennent à se produire.
Cela dit, il n'en est pas moins regrettable que
la clôture de l'instruction se trouve coïncider
avec le paroxysme de la campagne d'intimida-
tion a laquelle nous avons assisté. Encore, dans
son dernier numéro, la Voix dM FeM~e, organe
officiel de la C. G. T, profère les pires injures
& l'adresse du parquet et les pires menaces à
l'adresse du gouvernement. Sans aucune pré-
caution, oratoire, elle provoque la classe ou-
vrière a « se dresser toute entière pour em-
pêcher le crime judiciaire perpétré contre
les siens Demain, elle ne manquera pas de
dire que le gouvernement a eu peur d'an'ronter
ia colère du prolétariat, et elle trouvera des
prolétaires pour le croire. Ainsi se pervertit,
de jour en jour, l'esprit public dans ce qu'on
appelle de plus en plus improprement « le
monde du travail Le gouvernement et la ma-
jorité de la Chambre semblent s'en rendre
compte par instants, mais ils paralysent à plai-
sir l'en'et de leurs velléités de résistance par
des défaillances de volonté qui sont aussitôt
mises a profit par les adversaires de la société.
Si la séance du 23 octobre avait montré un gou-
FËUtLLETON DU JOURNAL DES DEBATS
J
LA
SEMAINE DRAMATIQUE
fhe&tro de l'Athénée ~fsëMe J~tM, pièce en trois
actes et quatre tableaux, de MM. Francis de Crois-
set et Maurice Leblanc: Théâtre des Arts
Lr'jEc~! dM FftM~Htps. trois actes et quinze ta-
Ncaux, de M. Frank Wedekmd, version française
de M. Robert d'Humiûres. ~onst~Mf M~MtM, co-
médie en un acte de M.Pierre Veber.
C'est uns nouvelle et peut-être pas une~der-
m&re incarnation d'Arsène Lupin(souhaitOBS-
tè p~op ie plaisirnée, l'autro soir, MM. Francis de Croisset et
Maurice Leblanc. Comme leur illustre aïeul, le
Vautrin de Balzac, les personnages du genre de
celui qu'ont mis en scène les auteurs de la ré-
cente pièce do l'Athénée sont singulièrement
-vivaces et aptes aux transformations, et c'est un
de leurs moindres tours que dé passer du ro-
man au théâtre. C'est ce quiest arrivé à l'Ar-
sène Lupin do M. Maurice Leblanc. Le voici,
grâce à M. Francis du Groisset, venu du
livre aux planches et il s'y comporte avec ai-
sance, désinvolture et naturel.AimaMe et sym-
pathique/Arsène Lupin est"un artiste en sa
~ep~'athtcttOM tn
vernement plus i~rme dans ses résolutions et
une Chambre plus sûre des siennes, les ordon--
nances de non-lieu d'aujourd'hui ne risque-
raient pas d'être interprétées comme une vic-
toire du gouvernement de la rue Grange-aux-
BeUes sur celui de la place Beauvau.
'as"
t~a prote~tton e< Fasststaace Benières séances du Sénat, de la protection et de l'as-
sistance des femmes en couches et de leurs nourris-
sons. M. Paul Strauss a, pour cette fin, déposé une
proposition, dont il est le rapporteur, et qu'il a sou-
tenue avec beaucoup d'énergie. La première disposi-
tion reclamée est celle ayant trait à l'interdiction
légale du travail pendant le mois qui suit l'accouche-
ment. Pour ce qui est de la période précédant immé-
diatement l'accouchement, il ne saurait en être ques-
tion aujourd'hui. Il est, en effet, fort difucile d'établir,
a cet égard, une réglementation, en raison do l'incer-
titude de la date de l'accouchement. L'expérience de
!a Stusa'0 est concluante. Le~ i.uspccf.enrs fémoraux,
chargés d'appliquer la loi de 1877, proscrivant un re-
pos de huit semaines avant la délivrance des femmes
cneËintes'employél'impossibilité de faire respecter, cette pr~cription.
Elle a été écartée de la proposition do loi en discus-
sion au Sénat. La réglementation ne porte donc que
sur !a période qui suit l'accouchement. L'article i",
do cette .proposition porte exclusivement sur la rup-
ture du contrat, de travail la femme enceinte pourra
quitter le travail sans avoir à payer une indemnité
de rupture. Cet article s'applique à l'universalité des
femmes, aussi Mon à celles employées dans l'agri-
culture .que dans :Io commerce et l'industrie. Cette
mesure nous parait .très acceptable, surtout au mo-
ment où l'on constate une diminution de plus en plus
inquiétante de la population française. C'est un
moyen propre à diminuer la mortalité infantile.
Mais ce n'est pas tout. M. Paul Strauss voudrait de
plus faire introduire, dans cette loi, l'obligation d'as-
sister les mères dans le besoin pendant le temps
qu'elles n'iraient point à l'atelier après leur accouche-
ment. Cette assistance ne s'adresserait qu'aux fem-
mes employées dans les établissements~ industriels.
M. Touron a fait remarquer, non sans raison, que si
l'on admet le droit à l'indemnité demandée, il est
juste de raccorder aussi aux femmes qui ne sont pas
employées dans les établissements .industriels. Qui
payerait ces indemnités! l'Etat, les départements et
les communes. Là-dessus M. Caillaux est intervenu
pour repousser cette nouvelle source de dépenses. Si
l'on considère le premier cas, celui où seules les
femmes travaillant .dans les établissements indus-
triels seraient secourues, on constate que d'après des
approximations statistiques, leur nombre serait de
plus de 118,000, ce qui ferait, à 1 franc par jour pour
la période légale de repos, 6,372,000 fr.; en supposant
l'indemnité do 1 fr.50 au lieu d'un franc.on arriverait à
près de 9 millions 1/2. La partdel'Etatseraitalors.dans
le premier cas, de 1,085,000 fr. par an, dans le second
de 1,027,000 fr. Dans ce second cas, les communes
auraient à payer plus de 5 millions. Enfin si l'on
étendait à toutes les femmes employées dans l'agri-
culture et le commerce les dispositions de la loi, la
charge du budget monterait, de ce chef, à 20 ou
25 millions. On comprend que M. Caillaux n'ait pas
accepté d'insérer cette assistance dans la loi. Lès
abus qu'à entraînes, après elle/la loi du i4 juillet
i905 sur l'assistance aux vieillards, innrmes et in-
curables, sont bien do nature àfaire rénéehir. Il
nous semble d'ailleurs que l'on a accordé trop peu
d'importance aux Société.s de secours mutuels, et à
l'action bienfaisante qu'èUespoapraient avoir en cette
circonstance. C'est la mutualité, qui, seule, peut ré-
soudre efncacement cotte question d'assistance, sans
qu'il en coûte à l'Etat et aux communes autre chose
que des subventions.limitées et peu onéreuses. Pour
cela, il serait nécessaire que les sénateurs et députés
qui désirent mener à bien cette œuvre, du reste
excellente, prissent ta peine de faire une campagne
de conférences, pour aider, dans ce sens, au mouve-
ment mutualiste qm est un instrument sur, tout cpeê.
admirablement adapté à l'objet'quefon se propose.
-j 'a~
~'arine vient de frapper de peines disciplinaires le com-
mandant do la Nive et les deux enseignes incriminés
aveclui dans cette aSau'o. Tant que les juridictions
de droit ne s'étaient pas prononcées, nous nous
sommes abstenus de donner un ~vis qui ne pouvait
s'appuyer sur la connaissance du dossier ofneiel.
L'initiative du ministre, dont nous ne saurions da-
vantage être juge, procède évidemment du désir do
ne pas laisser disparaître les responsabilités d'un ac-
cident dont le hasard n'est pas la seule cause. Puis-
que le commandant est frappé, c'est qu'on l'a trouvé
coupable de trop de eonnaneo. Quelles que soient les
fautes de ses subordonnés, un chef n'a rempli tout
son devoir que s'il a fait le possible pour juger les
hommes et parer d'avance aux conséquences de leurs
erreurs. On a donc apprécié que ce possible n'avait
pas été tenté. Les enseignes, de leur côté, n'ont pas
été tenus pour excusés par leur inexpérience. Il ne
faut pas trop rapporter à ces explications commodes.
U ne faudrait pas surtout qu'on prit texte du cas pré-
sent pour refuser de confier le service de quart aux
jeunes enseignes. Le mal vient plutôt de l'excës con-
traire. C'est faute d'avoir été assez entraînés à des
responsabilités plus légères mais effectives que les
enseignes manquent parfois do décision ou de pré-
voyance. Mieux formes dès l'école à l'action sous
toutes ses formes, rompus depuis longtemps aux ma-
nœuvres des embarcations, puis des torpilleurs, pré-
parés au commandement dès le début de leur car-
rière, les ofaoiers seraient largement à même de rem-
plir, en accédant au grade d'enseigne, les fonctions
partia et c'est avec un intérêt que lui mérite
une remarquable ingéniosité que nous assis-
tons à ses « nouvelles créations
Le mot d'ingéniosité vient do lui-même à
l'esprit pour caractériser la principale qualité
d'intelligence dont font preuve un Arsène Lupin
et ses congénères, qu'ils sortent d'un roman
deConan Doyie ou de Balzac, d'Eugène Sue, de
Gaboriau, de Capendu ou de Victor Hugo, ou
qu'ils aient porté les noms authentiques de
Mandrin ou de Cartouche. Ce qui nous plaît le
mieux dans leurs personnages réels ou imagi-
naires, c'est moins la position qu'ils ont prise
en face de la société et la manière dont ils ont
envisagé larvie.que la façon dont, une fois adop-
tée la carrière où ils se sont rendus fameux, ils
ont résolu, pendant plus ou moins longtemps,
les difncultés qu'elle leur suscitait. Ce qui nous
frappe en eux, c'est la merveilleuse ingéniosité
qu'il déploient pour arriver à leurs 6ns,qui ne
sont autres que de s'approprier le bien d'autrui,
mais sur lesquelles les moyens qu'ils inventent
pouryparvenirnoms font passer jusque uti cer-
iain.point. Cela estai vrai que nous en arrivons
presque à ne plus nous apercevoir que le vol
est en lui-même un acte répréhënsiblë et que
nous en venons presque à oublier que le voleur
est un voleur pour ne voir en lui qu'une sorte
de prestidigitateur et d'acrobate et un virtuose,
dévoyé certes, mais bien séduisant de l'ingénio-
sité humaine.
Ce sentiment d'indulgence et de curiosité que
nousressentons malgré nous pour un Arsène,
Lupin (prenons cet exemple puisque la pièce de
MM. de Croisset et Leblanc nous le fournit)n'est
pas entièrement dû aux mérites particuliers et
personnels de cet ingénieuxj~raticieil; U a une
origine plus générale et plus ancienne. Il est
L même, si }e puis dire~ de tradi~pt~u remonte
qui leur sont dévolues. On se plaint aycc raison qu'ils
commandent trop tard; il y a des qualités qu'il faut.
prendre tôt, comme un p!i de jeunesse que l'âge eon-
nrme mais ne saurait créer. Il serait regrettable d'en
retarder'encôre la formation.
POUR LES RECTEURS
L'honorable .dôputé de Nontron, M. Sireyjo!, n'aime
pas les recteurs et voudrait les supprimer. Cette ini-
mitié n'est point partagée par ceux qui se rendent un-
compte plus exact de la vie intérieure, des besoins et
des aspirations de l'Université. Bans les trois ordres
d'enseignement, le supérieur, le secondaire et le pri-
maire, les bons recteurs, et il y en a d'excellents,
sont appelés à rendre les plus grands services. Le
recteur est le chef naturel et nécessaire d'une Acadé-
mie. En ce qui regarde les Facultés, il n'est :pas sans
doute et ne veut pas être un.directeur du travail, un v
distributeur des tâches. Les membres du corps en-
seignant ne voudraient pas et ne doivent pas être)
gouvernes de sipres. Maiaen sa qualité de président t
du Conseil de l'Université dont il a la charge, H.est un
régulateur 'éclaire, impartial et vigfiant du bon
fonctionnement, & tous les degrës, do ce foyer de
science et d'activité'intelloctuotle il en a l'adminis-
tration, souvent complexe ou délicate, et il en sur-
veille l'entretien il peut être charge d'initiatives ou
de négociations budgétaires intéressantes entre les
villes les départements, l'Etat et son Université.
Un Comité .des doyens, avec un président d'âge
ou un président électif n'offrirait pas les mêmes
garanties et pourrait avoir bien des inconve
hients. Pour ce qui est de l'enseignement secon-
daire des lycées et des collèges, le recteur est une
sorte d'inspecteur général sur place, qui, pour peu qu'il 1
reste en fonctions quelques années, qu'il soit un
chef et un bon chef, éprouve et connnait assez vite
tout son personnel, le voit et le juge à l'œuvro,.le di-
rige, l'encourage et à l'occasion le défend. De ce côte-
là encore la suppression des recteurs aurait des con-
séquences fâcheuses dont la bonne tenue, le bon es-
prit, les études, la discipline, bref, la situation dos
maisons universitaires souffriraient bientôt. La
preuve est facile a faire. 11 n'y a qu'à comparer une
Académie où le recteur fait son devoir, tout son de-
voir à une autre, où des choix moins heureux ont
créé un otat de choses moins sastisfaisant. –Et enûn
c'est au point de vue de l'enseignement primaire quo
la présence et l'action du recteur ont le plus besoin
d'être senties. Elles ne le sont pas encore assez, à
notre avis. Si l'on ne veut pas que la politique des
politiciens gâte et empoisonne l'école, qu'elle y
entre par la porte ou par la fenêtre, qu'elle s'y
introduise par toutes tes uasuK's que peuvent
ouvrir l'intérêt, !a complaisance' et l'arbitraire,
il faut soustraire de plus en plus l'instituteur
à toutes les pressions et a toutes les tyrannies lo-
cales le rendre à ses chefs naturels, à ses supérieurs
hiérarchiques et autorises, inspecteurs primaires,
inspecteurs d'Académie, inspecteurs généraux, rec-
teurs, qui sont ou qui devraient être les vrais juges
de sa carrière, de son enseignement, de ses mérites,
les seuls distributeurs des récompenses et de l'avan-
cement auxquels les bons services donnent droit. On
éviterait ainsi bien des passe-droits et quelques scan-
dales qu'il vaut mieux provenir et empêcher que
chercha" àctounerou à pallier quand ils se pro-
duis~It.'Tous les agites pour qui la politique est
plutôt un métier qu.'uno fonction, qui s'évertuent
indiscrètement à étendre leur inHuenca et leur clien-
tèle, ne sont que trop disposés à mettre la main sur
l'instituteur, a faire de lui un agent et un courtier
électoral, à lui demander et à lui imposer des scrvi-
vices dont ils lui promettent la rétribution. Ils fer-
ment les yeux assez volontiers sur ses mérites pro-
fessionnels ou lui en demandent d'une autre nature,
qu'il n'est pas-tenu d'à voir, mais dont il lui devient
difncite de se passer. Le recteur, chef de l'Académie,
envisage les hommes et les choses à un point de vue
très différent. Il n'est pas un homme de parti
it est place trop haut et trop loin pour ne pas se
désintéresser 'absolument des querelles et des ma-
Rœuvrea locales, des oomp~titions, des oandMatures
poétiques. Ce qui-lui emporte surtout c'est que l'in-
stituteur soit un bon ouvrier do l'éducation popu-
laire, au lieu d'être la créature et le protège de tel
gros bonnet do sa région. Les bons instituteurs eux-
mêmes sont les premiers à souhaiter que la tutelle
légitime et bienfaisante des recteurs succède pour
eux à l'action Souvent néfaste des préfets brutaux,
qui ont plus de poigne que do doigte, ou des politi-
ciens exigeants, qui ont moins de scrupules que d'ap-
petits. –H.Ç.
AU JOUR LE JOUI~ `>
«CIEU ROUGE D
C!'e/ roM~e, le dernier roman de Mme Claude
Ferval tout le monde sait quelle est la femme
de talent délicat et vigoureux qui se cache sous ce
pseudonyme se ramène à la question suivante
(rL'amour maternel peut-il étouffer ~chez une
femme sa rancune et sa haine contre un mari
qu'elle n'aimait pas et qu'elle déteste depuis qu'il
a tué en duel l'homme qu'elle aimait? Mme
Claude Ferval répond oui, hardiment, et je crois
qu'elle a raison t~amour maternel et paternel
est le plus vivace et le plus puissant de tous les,
amours.
Un mariage mal assorti, sans amour 'et sans
douceur, puis une amitié charmante et ensan-
glantée;– la jalousie sans raison sinon sans
prétexte du mari, un capitaine de dragons, qui'
provoque et tue en duel l'ami de sa femme, Da-
au prestige qu'a toujours exercé sur ses sem-
blables surtout quand ils ne lui ressemblent
pas l'homme industrieux. Aussi bien qu'il y a
des hommes a bonnes fortunes, il y a des
hommes à stratagèmes et ils ont toujours joui
d'une considération spéciale. Nous n'admirons
pas seulement les héros nés. sous le signe de
Mars ou de 'Vénus/mais! aussi ceux que domine
celui de Mercure. Le courage ou la grâce nous
semblent des dons merveilleux, mais la rus~,
l'astuce et l'adresse ne nous eu paraissent pa~
de méprisables. A côté d'Achille, il y a Ulysse.
Il est le patron des héros subtils, ingénieux, dé-
trousseurs et débrouillards, dont l'odyssée fer-
tile en stratagèmes, en roueries~,en bons tours
et en mauvaises actions n'a pas cessé de nous
divertir de siècle en siècle et aboutit, selon les
époques, à Ithaque ou à la maison centrale.
C'est donc,sil'on veut,un personnage detradi-
tion homérique que nous représentent.RM. de
Croissetet Leblanc. Des vieux âges, il est venu
jusqu'à 'neTM'en passant par le rqm.an picaresque
espagnol et par la comMié italienne. Il est ap-
parenté a'toute une famille théâtrale et roma-
nesque. Il a tout un cousinage dont il n'est
certes pas indigne. Les valets fripons et retors
qui, dans Molière, se nomment Mascarillë,
Sbrigani ou Scapin sont ses consanguins. Ils
sont comme lui maîtres en fourberies, habiles
à se tirer des mauvais pas.experts éprendre au
piège les naïfs, à combiner un bon coup et a
faire des dup~g. Fils de PathoHn et.de Panurge,
ils ont pour descendant Figaro, qui, s'il a re-
noncé & certaines de leurs pratiques a du moins
conservé quelque chose de leur tour d'esprit et
de leur tour .de mafn.
Mais ce n'est pas seulement dans !a littéra-
ture classique qu'un Arsène Lupin a des. ascen-
dants. Lé t e u'il incàrue fut 8~a_lo.~Qnt ehe~
.dants. Le type qu'il incarne fut également ch&r
vid Hériel, un poète; la révolte et la fuite de
Mme de Kermor après ce meurtre, qui l'a exas-
pérée la vengeance farouche du mari qui lui
enlève son enfant, sa petite Odette; l'exil, le
chagrin et la maladie d'Odette dans le triste
château de Kermor, en Bretagne, près de sa
grand'mére; enfin le retour au foyer conjugal
de la mère, qui essayera d'oublier, pour sauver
et pour garder son enfant, la chair de sa chair,
que son absence consumait, et qu'elle tuerait en
la quittant, Voilà, en peu de mots, "d'une ma-
nière sèche et froide, le sujet, l'intrigue, la mar-
che et le dénouement de ce livre où l'intérêt et le
talent ne manquent pas. C'est ce talent môme
que je voudrais reconnaître et analyser briève-
ment..
L'invention est peu de chose dans un roman
ou, du moinjs, elle nesufnt pas à en faire un bon.
« Tout est dit, ou presque tout, eti'on vient trop
tard il n'y a plus guère, ni au théâtre, ni dans
Ieroman;'de.s~-tuation vraiment neuve et iné-
dite. Celle de i~oM~c ne l'est pas, puisqu'elle
cstdéja dans l'ro~~Me:de Racme.. Andro-
maque, la'veuve d'Hector, se résigne à épouser
Pyrrhus, le fils de l'homme qui a tué son
mari, pour sauver le fils d'Hector, son cher
Astyanax, beau comme une étoile elle
asservit, elle aussi, son ressentiment à son
amour'maternel. Ce qu'il y a de plus essentiel
que l'invention du sujet c'est le don, assez rare,
de créer des personnages qui ne soient pas des
êtres de roman et de fiction, mais des personnes
vivantes. Mme Claude Ferval a cette qualité,
qui n'est pas celle de toutes nos-romancières,.
ni même de tous nos romanciers. Des cinq per-
sonnages principaux qui occupent notre atten-
tion dans son livre pathétique et dont l'intérêt
ne faiblit pas, trois au moins, Mme de Kermor,
son mari, le capitaine, et la chère petite Odette
sont bien des créatures de chair et de sang
qu'on ne sent pas Imaginées à plaisir pour les
besoins d'une thèse ou d'un drame, mais qui ont
dû vivre ou qui ont pu vivre en réalité.
L'auteur; a peut-être poussé un peu au noircie
caractère du mari, M. de Kermor, mais l'anti-
pathie très déclarée et, en somme, très méritée
dont elle le poursuit lui rend en relief et en vi-
gueur tout ce :q.u'eIIe lui enlève en agrément.
J'aime mieux, dire vrai, dans Laurence de
K'eH'n.o~qai me'trouver-d~aHIèurs très disposé a.
toutes les indulgences, sa passion maternelle,
exaltée peu à peu jusqu'au sacrifice, pour sa
chère petite Odette~que son idylle sentimentale,
romanesque et poétique,, avec l'ami de son cœur
et de son rêve, David Hériel, qu'elle a rencontré
sur son chemin. Leurs amours innocentes et
mélancoliques, si cruellement brisées, ont du
reste inspiré à Mme Claude Ferval de très jo-
lies pages, qu'il m'en coûterait.de supprimer et
même de réduire. Je vous recommande, en
particulier, celle où l'auteur parle du charme
suprême, et surnaturel que la mort confère à
ceux que nous aimions et qu'elle nous prend
quand elle les transfigure, les idéalise et trans~
forme ainsi-&n un fantôme sacré et inaltérable
l'être humain qui aurait peut-être subi, avec le
temps,:Ies déchéances de notre désillusion; –le
songe interrompu de ces deux amants, si dignes
l'un de l'autre, qui se sont tendu un moment la
coupe vide de leurs cœurs, sans oser yverssr et
y.boire le philtre éternel qui enivre subitement,
a enchanté mon idéalisme mais ne sommes-
nous pas loin de terre en nous envolant si au-
dessus de~a vie commune Quant à la chère pe-
tite Odette, 'je ne connais guère dans la l.ittéra-
ture contemporaine, romantique ou dramatique,
de rôle d'enfant mieux venu, plus naturel, plus
pbsBTvé.pIus attachant et plus émouvant que cer
lui-tâ': c'est le rayon blanc et pur duciel rouge,
taché de sang.
La sensibilité de Mme Claude Ferval, je veux
dire sa manière de sentir et d'exprimer ses sen-
timents, est aussi d'une qualité très distinguée.
C'est par là, en effet, qu'elle se distingue, qu'elle
tranche, par un.air de race, sur le commun, en
y.mettant et en y prouvant toute la noblesse,
toute la fierté d'une âme qui se révèle à nous
très frémissante à la fois et très réservée.Autant
que je me connais à ces choses,: la sensibilité de
la plupart des femmes de celles qui écrivent
-est débordante et loquace.Faute d'une analyse
assez exacte, d'une psychologie assez nette ou
d'un vocabulaire assez précis, elles se jettent
volontiers dans les enusions elles s'attendris-
sent éperdument, se noient et ne demandent
qu'a nous noyer dans les larmes. D'autres dé-
clament, montent sur des grands chevaux de
bois partent en guerre contre les hom-
mes, contre la Société, contre la Providence, et
c'est encore plus insupportable. Ici, heureuse-
ment, rien de pareil. Une connaissance de la
vie, de notre pauvre vie humaine, très sûre, très
discrète, et, ce qui est une grâce de plus en ce
temps d'effronterie et de crudité, très pudique i
une analyse d~nos instinctsyde nos désirs, de
nos passions, qui n'a rien à voir avec la des-
.criptivité psychologique, mais qui vient d'une
au Romantisme. Arec les romantiques, nous le
retrouvons dans le drame et le roman. Il est
bien le môme, encore qu'il ait pris la couleur
de l'époque. Certes, il a gardé ses qualités d'au-
dace et de dextérité. Il est toujours l'homme
< fertile en ruses du temps d'Homère, mais il
n~exerce plus son ingéniosité avec la même
naïveté et la même bonne humeur que jadis. Il
s'est assombri. Il est devenu plus emphatique
et plus raisonneur. Il n'a plus la simplicité de
la belle période. Il y a loin d'un Lazarillo de
Termes à un Vautrin. Un chourineur d'Eugène
Sue ne ressemble guère à un fripon de Molière.
Du reste, les -conditions de ses exploits ont
changé, car Mêle a son goût pour l'antithèse, le
Romantisme lui a opposé un rival redoutable.
En face de Vautrin se dresse Corentin. A côté
de Jean Valjean paraît Javert. Vis-â-vis du Vo-
leur se dresse le Policier.
Dans toute la vieille littérature patibulaire, la
police, c'est à remarquer, joue un rôle fort
efTacé. C'est le fripon qui occupe la scène.
L'exempt, la maréchaussée, _le gujet,sont dans
Tta coulisse. S'ds ont, au dénouement, le dernier
mot, c'est qu'il faut bien que la morale triom-
phe, mais que les agents du prince aient été
bernés,nargués, bâtonnés, cela importe peu.
Si le coupable échappe à leurs grines, on rit.
S'ils parviennent & lui mettre la main au collet,
on ne leur tient nul compte des difficultés
qu'ils ont eu à surmonter. On oublie qu'ils y ont
tout de même un certain mérite et que la tâche
n'était pas aisée. Il a fallu du temps pour qu'on
reconnût que le métier de commissaire demande
des qualités particulières.
Ce furent, je crois bien, les écrivains romanti-
ques qui ont constitué le type du policier et qui
lui ont attiré la sympathie ~t l'intérêt. Certes,
étant donné.Ie ~rçstîge sôculaire_dont.iomt ce-
connaissance et d'une habitude du monde très
avertie et très exercée; des émotions vraies, qui
sortent naturellement du fond de l'âme, et qui
s'expriment tantôt avec des nuances très fines et
très justes, tantôt en cris brusques et déchi-
rants bref, l'horreur et Féloignement de la lit-
térature subtile ou violente, à l'usage des éner-
vés.des deux sexes, du banal, du commun, du
grossier ou du grossi (c'est presque la même
chose) et du délayage, qui nous changent, avec
quel plaisir de tout ce qui nous tombe et nous
passe sous les yeux.
Je n'ai pas tout dit et ce n'est pas pour allon-
ger un compliment, mais pour achever de défi-
nir une impression, que je continue. Sans ap-
plication morale ou moralisante, sans aucun
souci fastidieux de nous prêcher la vertu, le
courage et le sacrifice, le livre de Mme Claude
Ferval est un livre généreux. J'appelle livre gé-
néreux iout livre qui nous rend meilleurs, sans
s'y évertuer, quand nous l'avons lu. Je n'ignore
pas combien mon point de vuë'est étroit et Su-
ranné ornais je le 'tiens pour salutaire, 'pour né-
cessaire, et je m'obstine à le conserver. Mme
Claude Ferval a écrit quelque part, dans son
livre,, (p. 91) que « la critique est avare d'éloges,
quand il s'agit de confirmer une réputation a.
Non, la critique .n'en est pas avare; si elle est
sobre~ c'est qu'elle les sent inutiles et qu'elle
craindrait de sembler indiscrète, maladroite ou
intéressée en les prodiguant. S.
BcBi!ssioH da priace de B!i!ow J
La .realité dépasse tout ce qu'on avait sup-
posé à propos de l'interview du Ds~ re~~p~.
Loin d'être une indiscrétion, cette publication a'
été méditée, concertée, étudiée, grand soin )>. C'est la Ca~eMe ~e ~d~M~M
~M ~Vo~ elle-même qui nous l'apprend aujour-
d'hui. Dans la note officielle qu'on lira plus loin,
le journal de la chancellerie expose en détail la
genèse de l'article désormais fameux du Da~
ye~e~'a' Guillaume II a reçu le manuscrit de
l'auteur; il l'a communiqué au chancelier le
chancelier l'a transmis & l'OfSce impérial des
affaires étrangères ~l'Office des affaires étran-
gères :l'a retourné au.chancalier avec u~r.ap-
pGr~.fayorabl& s en.8.n., apr.ès,~Qute,Si.ces ~orma-,
lités, lechancelier a autorisé la publication.
Dans ces conditions, on ne peut plus parler de
la responsabilité de l'empereur. C'est celle du
prince de Bülow qui est directement en jeu. Le
chancelier l'a compris et a présenté aussitôt sa
démission. D'après les dernières dépêches,
cette démission n'aurait pas été acceptée. A la
suite d'une longue conversation avec le prince~
Guillaume IIlui aurait maintenu toute sa con-
fiance.
Voilà les nouvelles de source officielle. Les
informations privées sont plus explicites, mais
plus étranges. Il en résulterait que le chance-
lier n'aurait pas lu lui-même le manuscrit com-
muniqué par son souverain. Il n'y aurait pas
attaché d'importance, particulière. Il aurait
transmis tel quel le papier aux affaires étran-
gères et l'aurait ensuite .apostille sans autre
examen. Certaines personnes voient dans cotte
négligence une justification. D'autres seront
plutôt portés à y reconnaître une aggra-
vation de responsabilité. Que penser du
directeur responsable de la politique de
l'empire s'il ne lit même pas les documents
signalés par l'empereur a son "attention! 8
Quelle confiance son maître peut-Il avoir en
lui? On a dit peuvent que Guillaume -II éta~
mal informé, que son entourage ne le rensei-
gnait pas, que ses conseillers naturels le lais-
saient volontairement dans l'ignorance de faits
ou de paroles propres & influer sur ses déci-
sions. Le bien fondé de cette supposition semble
très vraisemblablo.quand on passe en revue les
événements lesplus considérables, d'ordre pu-
blic ou privé, qui se sont. déroulés on Alle-
magne pendant ces dernières années. Nous
avons eu souvent l'impression que l'empereur,
mieux informé, aurait donné une autre allure
à sa politique. Si laborieux, si actif, si
avide de savoir qu'il soit, il lui est maté-
riellement impossible de tout voir par lui-
même. Si les personnages officiellement char-
gés de l'éclairer ne s'acquittent pas en con-
science de leur mission, soitpar négligence, soit
avec préméditation, il peut être amené à pren-
dre, avec une entière bonne foi, les résolutions
les plus inopportunes. En ce qui concerne, la
Fraace, par exemple, nous ne croyons pas nous
tromper on afurmant qu'il s'en fait une idée in-
complète et pou exacte. S'il voyait notre pays
autrement qu'avec les yeux des hommes qu'on
appelle à Berlin <: les derniers survivants de la
grande école du prince de Bismarcks, il aurait
depuis longtemps renoncé au système périlleux
dont nous voyons encore, dans la crise actuelle,
une application brutale. Mais, nous le constà-
lui que nous appellerons poliment < l'homme &
expédients s, il n'était pas facile de détourner
la sorte d'admiration dont il bénéûcio pour la
reporter justement sur l'adversaire qui doit
mettre en défaut son prestige et sa virtuosité.
Aussi le seul moyen de parvenir à opérer ce re-
virement était-il de.mettre en vue chez le po-
licier les mêmes qualités d'audace, de perspica-
cité et d'invention que nous constatons avec
tant d'intérêt chez la voleur, de telle façon que
ce fût par comparaison que le premier obtînt do
nous'le genre de considération que nous accor-
dons au dernier et que ce fût à peu près le spec-
tacle des mêmes facultés qui nous divertît chez
l'un comme chez l'autre. Grâce a ce subterfuge,
le Policier a pu prendre dansre roman et le
drame judiciaires la place que nous lui voyons
tenir aujourd'hui et qu'il a dans la nouvelle
pièce de MM. de Croisset et Leblanc.
C'est donc & la lutte entra Arsène Lupin,
cambrioleur de profession.etGuerchard, inspec-
teur de police, que nous font assister MM. de
Croisset et JL~blanc.. La duel est d'ailleurs fort
habilement réglé et les reprisés en sont. bril-
lamment menëes,,de telle sorte que jusqu'à la
dernière minute nous ne savons guère quel sera
le vainqueur de la rencontre, caries adversaires
sont dignes, l'un de l'autre. Supposons en oit'et
un instant les rôles intervertis et il sera évi-
dent qu'il n'est pas un des stratagèmes d'Arsène
Lupin que n'emploierait Guerchard, s'il avait à
dévaliser l'hôtel de M. Gournay-Martin et que,
réciproquement, si Arsène Lupin,policier, avait
à déjouer les ruses de Guerchard, voleur,
il userait des mômes moyens dont se sert
Guerchard pour démêler les agissements d'Ar-
sène Lupin. Tous deux mettent donc en jeu à
peu près les mêmes aptitudes pour un but dif-
férent. L'un ej; l'autre sont doues de cette même
1
tons avec regret, chaque fois gué des personnes
mieux inspirées ont réussi à se faire écouter du
souverain, les adorateurs de la vieille idole
n'ont reculé devant aucun moyen pour les dé-
considérer et les rejeter hors de leur che-
min.
Dans le cas actuel, il est si certain que les
conseillers de Guillaume II croyaient à l'efaca-
cité du coup du .Da: 2'e~T'a~ que, le lende-.
main de la publication, les officieux en faisaient
un éloge sans réserves. La écrivait « Lorsque l'empereur, indigné des ju-
gements inexacts et haineux portes sur la poli-
tique allemande, ouvre son cœur en toute loyauté
& l'un de ses amis d'Angleterre, il no mérite, à'
notre avis, aucun blâme, mais il doit bien plutôt.
s'attendre & voir le peuple allemand se ranger
à son côté comme un seul homme. Malheu-
reusement pour les auteurs de la combinaison,
une fois déplus ils se sont trompés sur les sen-
timents du peuple allemand et sur ceux"des
peuples voisins. La nation germanique ne s'est
pas rangée comme un seul homme autour du
drapeau déployé par le journal anglais. La na-
tion britannique n'a pas goûté les compliments
envoyés à son adresse. La France et la Russie
ont fait leur prout de la façon dont leurs inten-
tions étaient travesties. Alors.àlaWitheIm-
strasse, chacun* a rejeté la faute sur le cama-
rade. Si le coup avait réussi, chacun en.
aurait revendiqué la gloire. Guillaume II
ne comprendra-t-il pas un jour que ces
procédés jettent un trouble profond en Eu-
rope et que l'heure est passée où l'Alfemagne
peut en bénéficier?
C'est rausure de l'Allemagne de régler elle-
même, en famille, l'incident du .DC'est la nôtre de nous tenir en garde. Tant que
la manière bismarckienna sera en honneur à la
Wilhelmstrasse,ce sera notre droit et notre de-
voir de nous prémunir contre les accidents.
Tant que nous nous sentirons exposés à cer-
taines manoBUvres, nous nous refuserons à ro-
connaitre le parallélisme d'intérêts découvert ré-
cemment par d'ingénieux explorateurs diploma-
tiques. Or, ceux-ci, loin d'être découragés, vien-
nent de faire une nouvelle découverte colle du
parallélisme des intérêts français et autrichiens
en Orient. Etils citent un bon témoinal'appuide
leurs dires. D'après le correspondant viennois
de ;Ïa ~a~e~e ~e Koss, ce paraUélis me ;,«tdevnait
être attribué en grande partie a la diplomatie de
l'ambassadeur d.e France & Vienne, aux yeux
duquel l'alliance germano-autrichienne et l'im-
possibilité qui en découle d'isoler l'Allemagne
constitueraient une garantie pour la paix de lEu-
ropo La (?fusion elle a pris M. Crozier pour M. Jaurès.
Voici le texte de la note officielle publiée hier par
la Ga%e
.Une grande partie do la presse étrangère et aiïe-
mando s'est livrée à des retlexions'critiques contfe la
personne de l'empereur, à propos de l'entretien pu-
blie par. le Dct!y rc~rap/i,. Ces journaux considé-
raient comme un fait acquis, en. se livrant à ces re-
ilexions, que l'empereur avait provoque cette publi-
cation, sans que les personnalités responsables de la
politique de fempire en eussent été averties au préa-
lable mais, c'est précisément là une erreur.
L'empereur avait reçu d'un particuUer anglais,
avec la prière do vouloir bien en autoriser la publi-
cation, le manuscrit d'un article, résumant une série
de conversations que Sa Majesté avait eues, à de?
époques diB'ërcntos, avec diverges personnalités-an-
glaises. La prière exprimée s'inspirait du désir de
faire connaître au plus grand nombre possible do lec-
teurs anglais les propos tenus par Sa Majesté, et de
contribuer ain~i à développer do bonnes reiàtidîH
entre l'Angleterre et l'Allemagne. L'empereur ut par-
venir au chancelier de l'empire ce projet d'article
celui-ci le conûa à l'Office impérial des auait'cs etran.
gères, en lui demandant de l'étudier avec le plus
grandsoin.Dans le rapport qu'il remit à ce sujet.
l'Office des aiïaires étrangères no souleva aucum
objection contre la publication de ce texte, publica-
tion qui eut alors lieu.
Lorsque le chancelier de l'empire eut connaissanct
du contenu de l'article par la publication qu'en tit 1<
.Dat/y re~i/rap/t, it déclara à l'empereur qu'il n'avait
pas lu lui-même le .projet d'article, car, sans cela, i)
aurait soulevé des objections et deconseiHc la publi-
cation, mais qu'il se considérait comme Itoul respon-
sable de ce qui était arrive et couvrait les fonction-
naires placés sous ses ordres. Eu même temps, le
chancelier priait l'empereur do vouloir bien accepter
sa démission, mais l'empereur n'a donne aucune
suite à cette demande. Toutefois, sur la demande du.
chancelier, il consentit à ce que celui-ci, en publiant
le récit que l'on vient de lire, fût mis en mesure de
priver de tout fondement les attaques auxquelles on
s'était prématurément livré contre l'empereur.
Voici, d'autre part, la version particulière du Bcr-
HMer 2'a~eM<ï«, dont ce journal déclare accepter l'en-
tière responsabilité:
Le ministre baron von Joenitz, qui accompagne
l'empereur dans ses déplacements, fut charge d'assu-
rer :le service du courrjer entre l'empereur et le
prince de Bülow pendant le séjour do l'empercur.à
Norderney.
Le baron von Joenitz porta donc au prince de Bû!ow
rintcrvic'w imperiaie. Lo manuscrit était
.gu'e d'une Isttroparlant d'un article et non djune tn-
tërview. '{
Le manuscrit, assez volumineux, était en anglais,
d'une écriture difficile à lire, sur papier pelure. H fut
ingéniosité si nécessaire a !eur état. Tous deux
fontpreuvederemarquables qualités d'attention,
de prudence, de hardiesse et d'invention. Ce son'
des joueurs entre qui la partie est égale, seule-
ment les.cartes de Lupin sont de contrebande,
taudis que celles de Guerchard sont estampillées
par là Régie.
.Cette similitude d'intelligence entre Guer-
chard et Lupin n'empêche pourtant pas cho~
eux certaines divergences de caractères. Cer-
tes Guerchard n'a rien d'un policier romantique
à laJavert.quialerespect et le fanatisme de
sa fonction. Je ne serais môme pas surpris que
Guerchard soit quelque peu sceptique. Il se mon-
tre assez gouailleur envers les hypothèses du
juge d'instruction et envers les pistes illusoires
que uaire ce digne magistrat. Par là, il se rap-
procherait assez de l'ironique M. Dupin d'Edgar
Poe. En realité, il a moins à cœur de servir la
cause de la justice que do se prouver lui-
même son habileté. Guerchard est une manière
do dilettante, mais il ne l'est pas au point de
nepasse piquer au jeu. H est rageur .II est
aussi, je dois le dire, sarcastique. Il plaisante
volontiers et non sans quelque causticité. Est-i!
tout à fait content de son métier ? Parfois on s~
le demande. N'aimerait-il pas autant, après tout,
être voleur que policier, et n'est-il pas un gar.
çon qui a manqué sa vocation ? 1
N'ayant pu être Arsène Lupin, i! se contenu
d'être Guerchard.
Arsène Lupin, lui, n'a pas de ces incertitu-
des. Sa vocation est. ferme, absolue. Il aime le
vol pour le vol. Il toujours volé etil volera tou-
jours. C'est en vain qu'au dénouement, nous le
voyons assez disposé à changer de vie. Il est
vrai qu'à ce moment il est amoureux de Sonia
Kritchnoiï'.Gariladu cœur, Lupin! D'ailleurs.
ii n'est pas méchant homme. Certes, il portt
B3 ~E
~20' ANNÉE 305
1
t20' ANN&S SOS
~0 <3enttm~ë
LUND! 2 NOVEMBRE
i908
DIRECTION ET ADMINISTRATION
Rue des Pretrcs-Sain:-Germa:n-Auxcrro!S, jH
PARtS–ï"
ADHESSE T&LÉ6BAPHIQUE BËBATS-PARÏS
TftTtpMKi!: (Administration 103,00
T~np~E. ~dactioa. 103.01
TOUTES LES LETTRES NT COMMUNICATION?
doivent ôtre adressëes
i7, fno des Pf6tfes.Satmt-Gcrm&în.l'Anxer~ots, CT)
1. U~!))2 MOVEM8RE
1908
PRIS DE; L'ABONNEMENT
THOtSMOts stxMOia M
frimce. Colonies et Alsace- mois
Lorraine. lOfr. 30fr. 40fr.
Etr&Dgor.t. 16 ff. 3Zfr. 64fr.
OU S'ABONNE: )En fMvittco et yEtrange~
daustoKStesBinfeaaxdciPoste
tNS J~BQNKEMË!
Chez MM. Lagrange. Cerî et 8. Place de h Bourse
PCLMMiES ET UTTERMRES
B, \&<
V
SOMMAIRE
NON-UEU. ?
POUR LES RECTEURS. H. C.
AU JOUR LE JOUR. < Ct6~ T'OMIS. S.
LA DÉMISSION DU PRINCE DE BÛLOW.
t,A. CRISE ORIENTALE.
NOUVELLES DU JOUR..
LES FoNLLES DU TuRKESTAN Gaston Migaon.
LA SEMAINE DRAMATIQUE. H6ari da Rég-nier.
I,'Ec:!EVEAU EMBROUILLÉ. [1] Baroness Orczy.
MARCHÉ FINANCIER.
REVUE COMMERCIALE.
M <3 FSS L.B SE U
L'instruction ouverte a Corbeil a la suite des.
troubles de Dravei! et deVUleneuve-Saiot-
Greorges se termine par un non-lieu en faveur
d'un certain nombre d'inculpés. Ce résultat n'ap-
pellerait aucun commentai i'o si une campagne
de presse menée depuis plusieurs jours avec
une violence extraordinaire n'était de nature &
tromper le public sur sa véritable signincation.
Il est naturel que ceux des inculpés contre les-
quels aucune charge n'a été retenue soient re-
mis en liberté. Pareil fait se produit chaque
jour sans que personne s'en émeuve. Mais la
tactique des révolutionnaires a pour but
de transformer en un triomphe pour la
Confédération générale du Travail le non-Heu
dont bénéficient plusieurs meneurs desonCo-!
mité. On aûecte de croire et de dire, dans les
journaux socialisées ou comhistes, que le gou-
vernement seul a dirigé toute l'instruction et
que lui seul est l'auteurde la décision prise par
]te Parquet. On cherche à répandre l'impression
que les dirigeants do la Confédération sont re-
taxés, non pas parce qu'aucun acte criminel n'a
âtô établi en ce qui les concerne, mais parce
~ue la Confédération doit' être considérée
comme intangible après le discours de M.Viviani
Btle vote de conGance qui a clos l'interpellation
de vendredi dernier. Il y a là une équivoque qui
ae repose sur rien, mai.s qui n'est cependant
pas de celiosque le simple bon sens populaire
suffit a dissiper.
En réaHM ni le gouvernement, ni la Chambre
ni même M. Viviani n'ont entendu donner à la
Confédération un g~YMXpourle passé ou un
blanc-seing pour l'avenir. Tout en ne croyant
pas devoir recourir à une dissolution en règle
de cette Association, illégale pour le moins
dans son action sinon dans ses statuts, le gou-
vernement, s'est déclaré résolu à en poursuivre
mdividuellement les membres, chaque
tueux. On peut trouver insufusante cette tac-
tique, on peut regretter que la défense de
? société ne soit pas garantie par des
moyens plus efficaces mais il serait néanmoins
injuste de voir là une abdication pure et simple
du ministère et du Parlement en face des mê-
lées révolutionnaires. A. plus forte raison se-
rait-il excessif de regarder le non-lieu d'aujour-
d'hui comme la conséquence directe de la der-
rière interpellation. L'JTMwaK~et la Fo&c~M
Pe!~e auront beau enner le ton et chanter vic-
toire, elles n'arriveront pas à transformer la
mise en liberté d'une partie des inculpés de
VjIIeneuve-Saint-Georges en une approbation
da l'émeute réprimée ce jour-là. On voit trop
clairement L'intérêt qui les fait parler. La rai-
tion d'Etat n'est pas toujours étrangôre & la
marche de la justice, et c'est une des faiblesses
du régime actuel, mais il y a quelque contradic-
tion à la rendre à la fois responsable do toutes
les arrestations comme de tous les non-lieux
qui viennent à se produire.
Cela dit, il n'en est pas moins regrettable que
la clôture de l'instruction se trouve coïncider
avec le paroxysme de la campagne d'intimida-
tion a laquelle nous avons assisté. Encore, dans
son dernier numéro, la Voix dM FeM~e, organe
officiel de la C. G. T, profère les pires injures
& l'adresse du parquet et les pires menaces à
l'adresse du gouvernement. Sans aucune pré-
caution, oratoire, elle provoque la classe ou-
vrière a « se dresser toute entière pour em-
pêcher le crime judiciaire perpétré contre
les siens Demain, elle ne manquera pas de
dire que le gouvernement a eu peur d'an'ronter
ia colère du prolétariat, et elle trouvera des
prolétaires pour le croire. Ainsi se pervertit,
de jour en jour, l'esprit public dans ce qu'on
appelle de plus en plus improprement « le
monde du travail Le gouvernement et la ma-
jorité de la Chambre semblent s'en rendre
compte par instants, mais ils paralysent à plai-
sir l'en'et de leurs velléités de résistance par
des défaillances de volonté qui sont aussitôt
mises a profit par les adversaires de la société.
Si la séance du 23 octobre avait montré un gou-
FËUtLLETON DU JOURNAL DES DEBATS
J
LA
SEMAINE DRAMATIQUE
fhe&tro de l'Athénée ~fsëMe J~tM, pièce en trois
actes et quatre tableaux, de MM. Francis de Crois-
set et Maurice Leblanc: Théâtre des Arts
Lr'jEc~! dM FftM~Htps. trois actes et quinze ta-
Ncaux, de M. Frank Wedekmd, version française
de M. Robert d'Humiûres. ~onst~Mf M~MtM, co-
médie en un acte de M.Pierre Veber.
C'est uns nouvelle et peut-être pas une~der-
m&re incarnation d'Arsène Lupin(souhaitOBS-
tè p~op ie plaisir
Maurice Leblanc. Comme leur illustre aïeul, le
Vautrin de Balzac, les personnages du genre de
celui qu'ont mis en scène les auteurs de la ré-
cente pièce do l'Athénée sont singulièrement
-vivaces et aptes aux transformations, et c'est un
de leurs moindres tours que dé passer du ro-
man au théâtre. C'est ce quiest arrivé à l'Ar-
sène Lupin do M. Maurice Leblanc. Le voici,
grâce à M. Francis du Groisset, venu du
livre aux planches et il s'y comporte avec ai-
sance, désinvolture et naturel.AimaMe et sym-
pathique/Arsène Lupin est"un artiste en sa
~ep~'athtcttOM tn
vernement plus i~rme dans ses résolutions et
une Chambre plus sûre des siennes, les ordon--
nances de non-lieu d'aujourd'hui ne risque-
raient pas d'être interprétées comme une vic-
toire du gouvernement de la rue Grange-aux-
BeUes sur celui de la place Beauvau.
'as"
t~a prote~tton e< Fasststaace Be
sistance des femmes en couches et de leurs nourris-
sons. M. Paul Strauss a, pour cette fin, déposé une
proposition, dont il est le rapporteur, et qu'il a sou-
tenue avec beaucoup d'énergie. La première disposi-
tion reclamée est celle ayant trait à l'interdiction
légale du travail pendant le mois qui suit l'accouche-
ment. Pour ce qui est de la période précédant immé-
diatement l'accouchement, il ne saurait en être ques-
tion aujourd'hui. Il est, en effet, fort difucile d'établir,
a cet égard, une réglementation, en raison do l'incer-
titude de la date de l'accouchement. L'expérience de
!a Stusa'0 est concluante. Le~ i.uspccf.enrs fémoraux,
chargés d'appliquer la loi de 1877, proscrivant un re-
pos de huit semaines avant la délivrance des femmes
cneËintes'employé
Elle a été écartée de la proposition do loi en discus-
sion au Sénat. La réglementation ne porte donc que
sur !a période qui suit l'accouchement. L'article i",
do cette .proposition porte exclusivement sur la rup-
ture du contrat, de travail la femme enceinte pourra
quitter le travail sans avoir à payer une indemnité
de rupture. Cet article s'applique à l'universalité des
femmes, aussi Mon à celles employées dans l'agri-
culture .que dans :Io commerce et l'industrie. Cette
mesure nous parait .très acceptable, surtout au mo-
ment où l'on constate une diminution de plus en plus
inquiétante de la population française. C'est un
moyen propre à diminuer la mortalité infantile.
Mais ce n'est pas tout. M. Paul Strauss voudrait de
plus faire introduire, dans cette loi, l'obligation d'as-
sister les mères dans le besoin pendant le temps
qu'elles n'iraient point à l'atelier après leur accouche-
ment. Cette assistance ne s'adresserait qu'aux fem-
mes employées dans les établissements~ industriels.
M. Touron a fait remarquer, non sans raison, que si
l'on admet le droit à l'indemnité demandée, il est
juste de raccorder aussi aux femmes qui ne sont pas
employées dans les établissements .industriels. Qui
payerait ces indemnités! l'Etat, les départements et
les communes. Là-dessus M. Caillaux est intervenu
pour repousser cette nouvelle source de dépenses. Si
l'on considère le premier cas, celui où seules les
femmes travaillant .dans les établissements indus-
triels seraient secourues, on constate que d'après des
approximations statistiques, leur nombre serait de
plus de 118,000, ce qui ferait, à 1 franc par jour pour
la période légale de repos, 6,372,000 fr.; en supposant
l'indemnité do 1 fr.50 au lieu d'un franc.on arriverait à
près de 9 millions 1/2. La partdel'Etatseraitalors.dans
le premier cas, de 1,085,000 fr. par an, dans le second
de 1,027,000 fr. Dans ce second cas, les communes
auraient à payer plus de 5 millions. Enfin si l'on
étendait à toutes les femmes employées dans l'agri-
culture et le commerce les dispositions de la loi, la
charge du budget monterait, de ce chef, à 20 ou
25 millions. On comprend que M. Caillaux n'ait pas
accepté d'insérer cette assistance dans la loi. Lès
abus qu'à entraînes, après elle/la loi du i4 juillet
i905 sur l'assistance aux vieillards, innrmes et in-
curables, sont bien do nature àfaire rénéehir. Il
nous semble d'ailleurs que l'on a accordé trop peu
d'importance aux Société.s de secours mutuels, et à
l'action bienfaisante qu'èUespoapraient avoir en cette
circonstance. C'est la mutualité, qui, seule, peut ré-
soudre efncacement cotte question d'assistance, sans
qu'il en coûte à l'Etat et aux communes autre chose
que des subventions.limitées et peu onéreuses. Pour
cela, il serait nécessaire que les sénateurs et députés
qui désirent mener à bien cette œuvre, du reste
excellente, prissent ta peine de faire une campagne
de conférences, pour aider, dans ce sens, au mouve-
ment mutualiste qm est un instrument sur, tout cpeê.
admirablement adapté à l'objet'quefon se propose.
-j 'a~
~'a
mandant do la Nive et les deux enseignes incriminés
aveclui dans cette aSau'o. Tant que les juridictions
de droit ne s'étaient pas prononcées, nous nous
sommes abstenus de donner un ~vis qui ne pouvait
s'appuyer sur la connaissance du dossier ofneiel.
L'initiative du ministre, dont nous ne saurions da-
vantage être juge, procède évidemment du désir do
ne pas laisser disparaître les responsabilités d'un ac-
cident dont le hasard n'est pas la seule cause. Puis-
que le commandant est frappé, c'est qu'on l'a trouvé
coupable de trop de eonnaneo. Quelles que soient les
fautes de ses subordonnés, un chef n'a rempli tout
son devoir que s'il a fait le possible pour juger les
hommes et parer d'avance aux conséquences de leurs
erreurs. On a donc apprécié que ce possible n'avait
pas été tenté. Les enseignes, de leur côté, n'ont pas
été tenus pour excusés par leur inexpérience. Il ne
faut pas trop rapporter à ces explications commodes.
U ne faudrait pas surtout qu'on prit texte du cas pré-
sent pour refuser de confier le service de quart aux
jeunes enseignes. Le mal vient plutôt de l'excës con-
traire. C'est faute d'avoir été assez entraînés à des
responsabilités plus légères mais effectives que les
enseignes manquent parfois do décision ou de pré-
voyance. Mieux formes dès l'école à l'action sous
toutes ses formes, rompus depuis longtemps aux ma-
nœuvres des embarcations, puis des torpilleurs, pré-
parés au commandement dès le début de leur car-
rière, les ofaoiers seraient largement à même de rem-
plir, en accédant au grade d'enseigne, les fonctions
partia et c'est avec un intérêt que lui mérite
une remarquable ingéniosité que nous assis-
tons à ses « nouvelles créations
Le mot d'ingéniosité vient do lui-même à
l'esprit pour caractériser la principale qualité
d'intelligence dont font preuve un Arsène Lupin
et ses congénères, qu'ils sortent d'un roman
deConan Doyie ou de Balzac, d'Eugène Sue, de
Gaboriau, de Capendu ou de Victor Hugo, ou
qu'ils aient porté les noms authentiques de
Mandrin ou de Cartouche. Ce qui nous plaît le
mieux dans leurs personnages réels ou imagi-
naires, c'est moins la position qu'ils ont prise
en face de la société et la manière dont ils ont
envisagé larvie.que la façon dont, une fois adop-
tée la carrière où ils se sont rendus fameux, ils
ont résolu, pendant plus ou moins longtemps,
les difncultés qu'elle leur suscitait. Ce qui nous
frappe en eux, c'est la merveilleuse ingéniosité
qu'il déploient pour arriver à leurs 6ns,qui ne
sont autres que de s'approprier le bien d'autrui,
mais sur lesquelles les moyens qu'ils inventent
pouryparvenirnoms font passer jusque uti cer-
iain.point. Cela estai vrai que nous en arrivons
presque à ne plus nous apercevoir que le vol
est en lui-même un acte répréhënsiblë et que
nous en venons presque à oublier que le voleur
est un voleur pour ne voir en lui qu'une sorte
de prestidigitateur et d'acrobate et un virtuose,
dévoyé certes, mais bien séduisant de l'ingénio-
sité humaine.
Ce sentiment d'indulgence et de curiosité que
nousressentons malgré nous pour un Arsène,
Lupin (prenons cet exemple puisque la pièce de
MM. de Croisset et Leblanc nous le fournit)n'est
pas entièrement dû aux mérites particuliers et
personnels de cet ingénieuxj~raticieil; U a une
origine plus générale et plus ancienne. Il est
L même, si }e puis dire~ de tradi~pt~u remonte
qui leur sont dévolues. On se plaint aycc raison qu'ils
commandent trop tard; il y a des qualités qu'il faut.
prendre tôt, comme un p!i de jeunesse que l'âge eon-
nrme mais ne saurait créer. Il serait regrettable d'en
retarder'encôre la formation.
POUR LES RECTEURS
L'honorable .dôputé de Nontron, M. Sireyjo!, n'aime
pas les recteurs et voudrait les supprimer. Cette ini-
mitié n'est point partagée par ceux qui se rendent un-
compte plus exact de la vie intérieure, des besoins et
des aspirations de l'Université. Bans les trois ordres
d'enseignement, le supérieur, le secondaire et le pri-
maire, les bons recteurs, et il y en a d'excellents,
sont appelés à rendre les plus grands services. Le
recteur est le chef naturel et nécessaire d'une Acadé-
mie. En ce qui regarde les Facultés, il n'est :pas sans
doute et ne veut pas être un.directeur du travail, un v
distributeur des tâches. Les membres du corps en-
seignant ne voudraient pas et ne doivent pas être)
gouvernes de sipres. Maiaen sa qualité de président t
du Conseil de l'Université dont il a la charge, H.est un
régulateur 'éclaire, impartial et vigfiant du bon
fonctionnement, & tous les degrës, do ce foyer de
science et d'activité'intelloctuotle il en a l'adminis-
tration, souvent complexe ou délicate, et il en sur-
veille l'entretien il peut être charge d'initiatives ou
de négociations budgétaires intéressantes entre les
villes les départements, l'Etat et son Université.
Un Comité .des doyens, avec un président d'âge
ou un président électif n'offrirait pas les mêmes
garanties et pourrait avoir bien des inconve
hients. Pour ce qui est de l'enseignement secon-
daire des lycées et des collèges, le recteur est une
sorte d'inspecteur général sur place, qui, pour peu qu'il 1
reste en fonctions quelques années, qu'il soit un
chef et un bon chef, éprouve et connnait assez vite
tout son personnel, le voit et le juge à l'œuvro,.le di-
rige, l'encourage et à l'occasion le défend. De ce côte-
là encore la suppression des recteurs aurait des con-
séquences fâcheuses dont la bonne tenue, le bon es-
prit, les études, la discipline, bref, la situation dos
maisons universitaires souffriraient bientôt. La
preuve est facile a faire. 11 n'y a qu'à comparer une
Académie où le recteur fait son devoir, tout son de-
voir à une autre, où des choix moins heureux ont
créé un otat de choses moins sastisfaisant. –Et enûn
c'est au point de vue de l'enseignement primaire quo
la présence et l'action du recteur ont le plus besoin
d'être senties. Elles ne le sont pas encore assez, à
notre avis. Si l'on ne veut pas que la politique des
politiciens gâte et empoisonne l'école, qu'elle y
entre par la porte ou par la fenêtre, qu'elle s'y
introduise par toutes tes uasuK's que peuvent
ouvrir l'intérêt, !a complaisance' et l'arbitraire,
il faut soustraire de plus en plus l'instituteur
à toutes les pressions et a toutes les tyrannies lo-
cales le rendre à ses chefs naturels, à ses supérieurs
hiérarchiques et autorises, inspecteurs primaires,
inspecteurs d'Académie, inspecteurs généraux, rec-
teurs, qui sont ou qui devraient être les vrais juges
de sa carrière, de son enseignement, de ses mérites,
les seuls distributeurs des récompenses et de l'avan-
cement auxquels les bons services donnent droit. On
éviterait ainsi bien des passe-droits et quelques scan-
dales qu'il vaut mieux provenir et empêcher que
chercha" àctounerou à pallier quand ils se pro-
duis~It.'Tous les agites pour qui la politique est
plutôt un métier qu.'uno fonction, qui s'évertuent
indiscrètement à étendre leur inHuenca et leur clien-
tèle, ne sont que trop disposés à mettre la main sur
l'instituteur, a faire de lui un agent et un courtier
électoral, à lui demander et à lui imposer des scrvi-
vices dont ils lui promettent la rétribution. Ils fer-
ment les yeux assez volontiers sur ses mérites pro-
fessionnels ou lui en demandent d'une autre nature,
qu'il n'est pas-tenu d'à voir, mais dont il lui devient
difncite de se passer. Le recteur, chef de l'Académie,
envisage les hommes et les choses à un point de vue
très différent. Il n'est pas un homme de parti
it est place trop haut et trop loin pour ne pas se
désintéresser 'absolument des querelles et des ma-
Rœuvrea locales, des oomp~titions, des oandMatures
poétiques. Ce qui-lui emporte surtout c'est que l'in-
stituteur soit un bon ouvrier do l'éducation popu-
laire, au lieu d'être la créature et le protège de tel
gros bonnet do sa région. Les bons instituteurs eux-
mêmes sont les premiers à souhaiter que la tutelle
légitime et bienfaisante des recteurs succède pour
eux à l'action Souvent néfaste des préfets brutaux,
qui ont plus de poigne que do doigte, ou des politi-
ciens exigeants, qui ont moins de scrupules que d'ap-
petits. –H.Ç.
AU JOUR LE JOUI~ `>
«CIEU ROUGE D
C!'e/ roM~e, le dernier roman de Mme Claude
Ferval tout le monde sait quelle est la femme
de talent délicat et vigoureux qui se cache sous ce
pseudonyme se ramène à la question suivante
(rL'amour maternel peut-il étouffer ~chez une
femme sa rancune et sa haine contre un mari
qu'elle n'aimait pas et qu'elle déteste depuis qu'il
a tué en duel l'homme qu'elle aimait? Mme
Claude Ferval répond oui, hardiment, et je crois
qu'elle a raison t~amour maternel et paternel
est le plus vivace et le plus puissant de tous les,
amours.
Un mariage mal assorti, sans amour 'et sans
douceur, puis une amitié charmante et ensan-
glantée;– la jalousie sans raison sinon sans
prétexte du mari, un capitaine de dragons, qui'
provoque et tue en duel l'ami de sa femme, Da-
au prestige qu'a toujours exercé sur ses sem-
blables surtout quand ils ne lui ressemblent
pas l'homme industrieux. Aussi bien qu'il y a
des hommes a bonnes fortunes, il y a des
hommes à stratagèmes et ils ont toujours joui
d'une considération spéciale. Nous n'admirons
pas seulement les héros nés. sous le signe de
Mars ou de 'Vénus/mais! aussi ceux que domine
celui de Mercure. Le courage ou la grâce nous
semblent des dons merveilleux, mais la rus~,
l'astuce et l'adresse ne nous eu paraissent pa~
de méprisables. A côté d'Achille, il y a Ulysse.
Il est le patron des héros subtils, ingénieux, dé-
trousseurs et débrouillards, dont l'odyssée fer-
tile en stratagèmes, en roueries~,en bons tours
et en mauvaises actions n'a pas cessé de nous
divertir de siècle en siècle et aboutit, selon les
époques, à Ithaque ou à la maison centrale.
C'est donc,sil'on veut,un personnage detradi-
tion homérique que nous représentent.RM. de
Croissetet Leblanc. Des vieux âges, il est venu
jusqu'à 'neTM'en passant par le rqm.an picaresque
espagnol et par la comMié italienne. Il est ap-
parenté a'toute une famille théâtrale et roma-
nesque. Il a tout un cousinage dont il n'est
certes pas indigne. Les valets fripons et retors
qui, dans Molière, se nomment Mascarillë,
Sbrigani ou Scapin sont ses consanguins. Ils
sont comme lui maîtres en fourberies, habiles
à se tirer des mauvais pas.experts éprendre au
piège les naïfs, à combiner un bon coup et a
faire des dup~g. Fils de PathoHn et.de Panurge,
ils ont pour descendant Figaro, qui, s'il a re-
noncé & certaines de leurs pratiques a du moins
conservé quelque chose de leur tour d'esprit et
de leur tour .de mafn.
Mais ce n'est pas seulement dans !a littéra-
ture classique qu'un Arsène Lupin a des. ascen-
dants. Lé t e u'il incàrue fut 8~a_lo.~Qnt ehe~
.dants. Le type qu'il incarne fut également ch&r
vid Hériel, un poète; la révolte et la fuite de
Mme de Kermor après ce meurtre, qui l'a exas-
pérée la vengeance farouche du mari qui lui
enlève son enfant, sa petite Odette; l'exil, le
chagrin et la maladie d'Odette dans le triste
château de Kermor, en Bretagne, près de sa
grand'mére; enfin le retour au foyer conjugal
de la mère, qui essayera d'oublier, pour sauver
et pour garder son enfant, la chair de sa chair,
que son absence consumait, et qu'elle tuerait en
la quittant, Voilà, en peu de mots, "d'une ma-
nière sèche et froide, le sujet, l'intrigue, la mar-
che et le dénouement de ce livre où l'intérêt et le
talent ne manquent pas. C'est ce talent môme
que je voudrais reconnaître et analyser briève-
ment..
L'invention est peu de chose dans un roman
ou, du moinjs, elle nesufnt pas à en faire un bon.
« Tout est dit, ou presque tout, eti'on vient trop
tard il n'y a plus guère, ni au théâtre, ni dans
Ieroman;'de.s~-tuation vraiment neuve et iné-
dite. Celle de i~oM~c ne l'est pas, puisqu'elle
cstdéja dans l'ro~~Me:de Racme.. Andro-
maque, la'veuve d'Hector, se résigne à épouser
Pyrrhus, le fils de l'homme qui a tué son
mari, pour sauver le fils d'Hector, son cher
Astyanax, beau comme une étoile elle
asservit, elle aussi, son ressentiment à son
amour'maternel. Ce qu'il y a de plus essentiel
que l'invention du sujet c'est le don, assez rare,
de créer des personnages qui ne soient pas des
êtres de roman et de fiction, mais des personnes
vivantes. Mme Claude Ferval a cette qualité,
qui n'est pas celle de toutes nos-romancières,.
ni même de tous nos romanciers. Des cinq per-
sonnages principaux qui occupent notre atten-
tion dans son livre pathétique et dont l'intérêt
ne faiblit pas, trois au moins, Mme de Kermor,
son mari, le capitaine, et la chère petite Odette
sont bien des créatures de chair et de sang
qu'on ne sent pas Imaginées à plaisir pour les
besoins d'une thèse ou d'un drame, mais qui ont
dû vivre ou qui ont pu vivre en réalité.
L'auteur; a peut-être poussé un peu au noircie
caractère du mari, M. de Kermor, mais l'anti-
pathie très déclarée et, en somme, très méritée
dont elle le poursuit lui rend en relief et en vi-
gueur tout ce :q.u'eIIe lui enlève en agrément.
J'aime mieux, dire vrai, dans Laurence de
K'eH'n.o~qai me'trouver-d~aHIèurs très disposé a.
toutes les indulgences, sa passion maternelle,
exaltée peu à peu jusqu'au sacrifice, pour sa
chère petite Odette~que son idylle sentimentale,
romanesque et poétique,, avec l'ami de son cœur
et de son rêve, David Hériel, qu'elle a rencontré
sur son chemin. Leurs amours innocentes et
mélancoliques, si cruellement brisées, ont du
reste inspiré à Mme Claude Ferval de très jo-
lies pages, qu'il m'en coûterait.de supprimer et
même de réduire. Je vous recommande, en
particulier, celle où l'auteur parle du charme
suprême, et surnaturel que la mort confère à
ceux que nous aimions et qu'elle nous prend
quand elle les transfigure, les idéalise et trans~
forme ainsi-&n un fantôme sacré et inaltérable
l'être humain qui aurait peut-être subi, avec le
temps,:Ies déchéances de notre désillusion; –le
songe interrompu de ces deux amants, si dignes
l'un de l'autre, qui se sont tendu un moment la
coupe vide de leurs cœurs, sans oser yverssr et
y.boire le philtre éternel qui enivre subitement,
a enchanté mon idéalisme mais ne sommes-
nous pas loin de terre en nous envolant si au-
dessus de~a vie commune Quant à la chère pe-
tite Odette, 'je ne connais guère dans la l.ittéra-
ture contemporaine, romantique ou dramatique,
de rôle d'enfant mieux venu, plus naturel, plus
pbsBTvé.pIus attachant et plus émouvant que cer
lui-tâ': c'est le rayon blanc et pur duciel rouge,
taché de sang.
La sensibilité de Mme Claude Ferval, je veux
dire sa manière de sentir et d'exprimer ses sen-
timents, est aussi d'une qualité très distinguée.
C'est par là, en effet, qu'elle se distingue, qu'elle
tranche, par un.air de race, sur le commun, en
y.mettant et en y prouvant toute la noblesse,
toute la fierté d'une âme qui se révèle à nous
très frémissante à la fois et très réservée.Autant
que je me connais à ces choses,: la sensibilité de
la plupart des femmes de celles qui écrivent
-est débordante et loquace.Faute d'une analyse
assez exacte, d'une psychologie assez nette ou
d'un vocabulaire assez précis, elles se jettent
volontiers dans les enusions elles s'attendris-
sent éperdument, se noient et ne demandent
qu'a nous noyer dans les larmes. D'autres dé-
clament, montent sur des grands chevaux de
bois partent en guerre contre les hom-
mes, contre la Société, contre la Providence, et
c'est encore plus insupportable. Ici, heureuse-
ment, rien de pareil. Une connaissance de la
vie, de notre pauvre vie humaine, très sûre, très
discrète, et, ce qui est une grâce de plus en ce
temps d'effronterie et de crudité, très pudique i
une analyse d~nos instinctsyde nos désirs, de
nos passions, qui n'a rien à voir avec la des-
.criptivité psychologique, mais qui vient d'une
au Romantisme. Arec les romantiques, nous le
retrouvons dans le drame et le roman. Il est
bien le môme, encore qu'il ait pris la couleur
de l'époque. Certes, il a gardé ses qualités d'au-
dace et de dextérité. Il est toujours l'homme
< fertile en ruses du temps d'Homère, mais il
n~exerce plus son ingéniosité avec la même
naïveté et la même bonne humeur que jadis. Il
s'est assombri. Il est devenu plus emphatique
et plus raisonneur. Il n'a plus la simplicité de
la belle période. Il y a loin d'un Lazarillo de
Termes à un Vautrin. Un chourineur d'Eugène
Sue ne ressemble guère à un fripon de Molière.
Du reste, les -conditions de ses exploits ont
changé, car Mêle a son goût pour l'antithèse, le
Romantisme lui a opposé un rival redoutable.
En face de Vautrin se dresse Corentin. A côté
de Jean Valjean paraît Javert. Vis-â-vis du Vo-
leur se dresse le Policier.
Dans toute la vieille littérature patibulaire, la
police, c'est à remarquer, joue un rôle fort
efTacé. C'est le fripon qui occupe la scène.
L'exempt, la maréchaussée, _le gujet,sont dans
Tta coulisse. S'ds ont, au dénouement, le dernier
mot, c'est qu'il faut bien que la morale triom-
phe, mais que les agents du prince aient été
bernés,nargués, bâtonnés, cela importe peu.
Si le coupable échappe à leurs grines, on rit.
S'ils parviennent & lui mettre la main au collet,
on ne leur tient nul compte des difficultés
qu'ils ont eu à surmonter. On oublie qu'ils y ont
tout de même un certain mérite et que la tâche
n'était pas aisée. Il a fallu du temps pour qu'on
reconnût que le métier de commissaire demande
des qualités particulières.
Ce furent, je crois bien, les écrivains romanti-
ques qui ont constitué le type du policier et qui
lui ont attiré la sympathie ~t l'intérêt. Certes,
étant donné.Ie ~rçstîge sôculaire_dont.iomt ce-
connaissance et d'une habitude du monde très
avertie et très exercée; des émotions vraies, qui
sortent naturellement du fond de l'âme, et qui
s'expriment tantôt avec des nuances très fines et
très justes, tantôt en cris brusques et déchi-
rants bref, l'horreur et Féloignement de la lit-
térature subtile ou violente, à l'usage des éner-
vés.des deux sexes, du banal, du commun, du
grossier ou du grossi (c'est presque la même
chose) et du délayage, qui nous changent, avec
quel plaisir de tout ce qui nous tombe et nous
passe sous les yeux.
Je n'ai pas tout dit et ce n'est pas pour allon-
ger un compliment, mais pour achever de défi-
nir une impression, que je continue. Sans ap-
plication morale ou moralisante, sans aucun
souci fastidieux de nous prêcher la vertu, le
courage et le sacrifice, le livre de Mme Claude
Ferval est un livre généreux. J'appelle livre gé-
néreux iout livre qui nous rend meilleurs, sans
s'y évertuer, quand nous l'avons lu. Je n'ignore
pas combien mon point de vuë'est étroit et Su-
ranné ornais je le 'tiens pour salutaire, 'pour né-
cessaire, et je m'obstine à le conserver. Mme
Claude Ferval a écrit quelque part, dans son
livre,, (p. 91) que « la critique est avare d'éloges,
quand il s'agit de confirmer une réputation a.
Non, la critique .n'en est pas avare; si elle est
sobre~ c'est qu'elle les sent inutiles et qu'elle
craindrait de sembler indiscrète, maladroite ou
intéressée en les prodiguant. S.
BcBi!ssioH da priace de B!i!ow J
La .realité dépasse tout ce qu'on avait sup-
posé à propos de l'interview du Ds~ re~~p~.
Loin d'être une indiscrétion, cette publication a'
été méditée, concertée, étudiée,
~M ~Vo~ elle-même qui nous l'apprend aujour-
d'hui. Dans la note officielle qu'on lira plus loin,
le journal de la chancellerie expose en détail la
genèse de l'article désormais fameux du Da~
ye~e~'a' Guillaume II a reçu le manuscrit de
l'auteur; il l'a communiqué au chancelier le
chancelier l'a transmis & l'OfSce impérial des
affaires étrangères ~l'Office des affaires étran-
gères :l'a retourné au.chancalier avec u~r.ap-
pGr~.fayorabl& s en.8.n., apr.ès,~Qute,Si.ces ~orma-,
lités, lechancelier a autorisé la publication.
Dans ces conditions, on ne peut plus parler de
la responsabilité de l'empereur. C'est celle du
prince de Bülow qui est directement en jeu. Le
chancelier l'a compris et a présenté aussitôt sa
démission. D'après les dernières dépêches,
cette démission n'aurait pas été acceptée. A la
suite d'une longue conversation avec le prince~
Guillaume IIlui aurait maintenu toute sa con-
fiance.
Voilà les nouvelles de source officielle. Les
informations privées sont plus explicites, mais
plus étranges. Il en résulterait que le chance-
lier n'aurait pas lu lui-même le manuscrit com-
muniqué par son souverain. Il n'y aurait pas
attaché d'importance, particulière. Il aurait
transmis tel quel le papier aux affaires étran-
gères et l'aurait ensuite .apostille sans autre
examen. Certaines personnes voient dans cotte
négligence une justification. D'autres seront
plutôt portés à y reconnaître une aggra-
vation de responsabilité. Que penser du
directeur responsable de la politique de
l'empire s'il ne lit même pas les documents
signalés par l'empereur a son "attention! 8
Quelle confiance son maître peut-Il avoir en
lui? On a dit peuvent que Guillaume -II éta~
mal informé, que son entourage ne le rensei-
gnait pas, que ses conseillers naturels le lais-
saient volontairement dans l'ignorance de faits
ou de paroles propres & influer sur ses déci-
sions. Le bien fondé de cette supposition semble
très vraisemblablo.quand on passe en revue les
événements lesplus considérables, d'ordre pu-
blic ou privé, qui se sont. déroulés on Alle-
magne pendant ces dernières années. Nous
avons eu souvent l'impression que l'empereur,
mieux informé, aurait donné une autre allure
à sa politique. Si laborieux, si actif, si
avide de savoir qu'il soit, il lui est maté-
riellement impossible de tout voir par lui-
même. Si les personnages officiellement char-
gés de l'éclairer ne s'acquittent pas en con-
science de leur mission, soitpar négligence, soit
avec préméditation, il peut être amené à pren-
dre, avec une entière bonne foi, les résolutions
les plus inopportunes. En ce qui concerne, la
Fraace, par exemple, nous ne croyons pas nous
tromper on afurmant qu'il s'en fait une idée in-
complète et pou exacte. S'il voyait notre pays
autrement qu'avec les yeux des hommes qu'on
appelle à Berlin <: les derniers survivants de la
grande école du prince de Bismarcks, il aurait
depuis longtemps renoncé au système périlleux
dont nous voyons encore, dans la crise actuelle,
une application brutale. Mais, nous le constà-
lui que nous appellerons poliment < l'homme &
expédients s, il n'était pas facile de détourner
la sorte d'admiration dont il bénéûcio pour la
reporter justement sur l'adversaire qui doit
mettre en défaut son prestige et sa virtuosité.
Aussi le seul moyen de parvenir à opérer ce re-
virement était-il de.mettre en vue chez le po-
licier les mêmes qualités d'audace, de perspica-
cité et d'invention que nous constatons avec
tant d'intérêt chez la voleur, de telle façon que
ce fût par comparaison que le premier obtînt do
nous'le genre de considération que nous accor-
dons au dernier et que ce fût à peu près le spec-
tacle des mêmes facultés qui nous divertît chez
l'un comme chez l'autre. Grâce a ce subterfuge,
le Policier a pu prendre dansre roman et le
drame judiciaires la place que nous lui voyons
tenir aujourd'hui et qu'il a dans la nouvelle
pièce de MM. de Croisset et Leblanc.
C'est donc & la lutte entra Arsène Lupin,
cambrioleur de profession.etGuerchard, inspec-
teur de police, que nous font assister MM. de
Croisset et JL~blanc.. La duel est d'ailleurs fort
habilement réglé et les reprisés en sont. bril-
lamment menëes,,de telle sorte que jusqu'à la
dernière minute nous ne savons guère quel sera
le vainqueur de la rencontre, caries adversaires
sont dignes, l'un de l'autre. Supposons en oit'et
un instant les rôles intervertis et il sera évi-
dent qu'il n'est pas un des stratagèmes d'Arsène
Lupin que n'emploierait Guerchard, s'il avait à
dévaliser l'hôtel de M. Gournay-Martin et que,
réciproquement, si Arsène Lupin,policier, avait
à déjouer les ruses de Guerchard, voleur,
il userait des mômes moyens dont se sert
Guerchard pour démêler les agissements d'Ar-
sène Lupin. Tous deux mettent donc en jeu à
peu près les mêmes aptitudes pour un but dif-
férent. L'un ej; l'autre sont doues de cette même
1
tons avec regret, chaque fois gué des personnes
mieux inspirées ont réussi à se faire écouter du
souverain, les adorateurs de la vieille idole
n'ont reculé devant aucun moyen pour les dé-
considérer et les rejeter hors de leur che-
min.
Dans le cas actuel, il est si certain que les
conseillers de Guillaume II croyaient à l'efaca-
cité du coup du .Da: 2'e~T'a~ que, le lende-.
main de la publication, les officieux en faisaient
un éloge sans réserves. La écrivait « Lorsque l'empereur, indigné des ju-
gements inexacts et haineux portes sur la poli-
tique allemande, ouvre son cœur en toute loyauté
& l'un de ses amis d'Angleterre, il no mérite, à'
notre avis, aucun blâme, mais il doit bien plutôt.
s'attendre & voir le peuple allemand se ranger
à son côté comme un seul homme. Malheu-
reusement pour les auteurs de la combinaison,
une fois déplus ils se sont trompés sur les sen-
timents du peuple allemand et sur ceux"des
peuples voisins. La nation germanique ne s'est
pas rangée comme un seul homme autour du
drapeau déployé par le journal anglais. La na-
tion britannique n'a pas goûté les compliments
envoyés à son adresse. La France et la Russie
ont fait leur prout de la façon dont leurs inten-
tions étaient travesties. Alors.àlaWitheIm-
strasse, chacun* a rejeté la faute sur le cama-
rade. Si le coup avait réussi, chacun en.
aurait revendiqué la gloire. Guillaume II
ne comprendra-t-il pas un jour que ces
procédés jettent un trouble profond en Eu-
rope et que l'heure est passée où l'Alfemagne
peut en bénéficier?
C'est rausure de l'Allemagne de régler elle-
même, en famille, l'incident du .D
la manière bismarckienna sera en honneur à la
Wilhelmstrasse,ce sera notre droit et notre de-
voir de nous prémunir contre les accidents.
Tant que nous nous sentirons exposés à cer-
taines manoBUvres, nous nous refuserons à ro-
connaitre le parallélisme d'intérêts découvert ré-
cemment par d'ingénieux explorateurs diploma-
tiques. Or, ceux-ci, loin d'être découragés, vien-
nent de faire une nouvelle découverte colle du
parallélisme des intérêts français et autrichiens
en Orient. Etils citent un bon témoinal'appuide
leurs dires. D'après le correspondant viennois
de ;Ïa ~a~e~e ~e Koss, ce paraUélis me ;,«tdevnait
être attribué en grande partie a la diplomatie de
l'ambassadeur d.e France & Vienne, aux yeux
duquel l'alliance germano-autrichienne et l'im-
possibilité qui en découle d'isoler l'Allemagne
constitueraient une garantie pour la paix de lEu-
ropo La (?
Voici le texte de la note officielle publiée hier par
la Ga%e
.Une grande partie do la presse étrangère et aiïe-
mando s'est livrée à des retlexions'critiques contfe la
personne de l'empereur, à propos de l'entretien pu-
blie par. le Dct!y rc~rap/i,. Ces journaux considé-
raient comme un fait acquis, en. se livrant à ces re-
ilexions, que l'empereur avait provoque cette publi-
cation, sans que les personnalités responsables de la
politique de fempire en eussent été averties au préa-
lable mais, c'est précisément là une erreur.
L'empereur avait reçu d'un particuUer anglais,
avec la prière do vouloir bien en autoriser la publi-
cation, le manuscrit d'un article, résumant une série
de conversations que Sa Majesté avait eues, à de?
époques diB'ërcntos, avec diverges personnalités-an-
glaises. La prière exprimée s'inspirait du désir de
faire connaître au plus grand nombre possible do lec-
teurs anglais les propos tenus par Sa Majesté, et de
contribuer ain~i à développer do bonnes reiàtidîH
entre l'Angleterre et l'Allemagne. L'empereur ut par-
venir au chancelier de l'empire ce projet d'article
celui-ci le conûa à l'Office impérial des auait'cs etran.
gères, en lui demandant de l'étudier avec le plus
grandsoin.Dans le rapport qu'il remit à ce sujet.
l'Office des aiïaires étrangères no souleva aucum
objection contre la publication de ce texte, publica-
tion qui eut alors lieu.
Lorsque le chancelier de l'empire eut connaissanct
du contenu de l'article par la publication qu'en tit 1<
.Dat/y re~i/rap/t, it déclara à l'empereur qu'il n'avait
pas lu lui-même le .projet d'article, car, sans cela, i)
aurait soulevé des objections et deconseiHc la publi-
cation, mais qu'il se considérait comme Itoul respon-
sable de ce qui était arrive et couvrait les fonction-
naires placés sous ses ordres. Eu même temps, le
chancelier priait l'empereur do vouloir bien accepter
sa démission, mais l'empereur n'a donne aucune
suite à cette demande. Toutefois, sur la demande du.
chancelier, il consentit à ce que celui-ci, en publiant
le récit que l'on vient de lire, fût mis en mesure de
priver de tout fondement les attaques auxquelles on
s'était prématurément livré contre l'empereur.
Voici, d'autre part, la version particulière du Bcr-
HMer 2'a~eM<ï«, dont ce journal déclare accepter l'en-
tière responsabilité:
Le ministre baron von Joenitz, qui accompagne
l'empereur dans ses déplacements, fut charge d'assu-
rer :le service du courrjer entre l'empereur et le
prince de Bülow pendant le séjour do l'empercur.à
Norderney.
Le baron von Joenitz porta donc au prince de Bû!ow
rintcrvic'w imperiaie. Lo manuscrit était
.gu'e d'une Isttroparlant d'un article et non djune tn-
tërview. '{
Le manuscrit, assez volumineux, était en anglais,
d'une écriture difficile à lire, sur papier pelure. H fut
ingéniosité si nécessaire a !eur état. Tous deux
fontpreuvederemarquables qualités d'attention,
de prudence, de hardiesse et d'invention. Ce son'
des joueurs entre qui la partie est égale, seule-
ment les.cartes de Lupin sont de contrebande,
taudis que celles de Guerchard sont estampillées
par là Régie.
.Cette similitude d'intelligence entre Guer-
chard et Lupin n'empêche pourtant pas cho~
eux certaines divergences de caractères. Cer-
tes Guerchard n'a rien d'un policier romantique
à laJavert.quialerespect et le fanatisme de
sa fonction. Je ne serais môme pas surpris que
Guerchard soit quelque peu sceptique. Il se mon-
tre assez gouailleur envers les hypothèses du
juge d'instruction et envers les pistes illusoires
que uaire ce digne magistrat. Par là, il se rap-
procherait assez de l'ironique M. Dupin d'Edgar
Poe. En realité, il a moins à cœur de servir la
cause de la justice que do se prouver lui-
même son habileté. Guerchard est une manière
do dilettante, mais il ne l'est pas au point de
nepasse piquer au jeu. H est rageur .II est
aussi, je dois le dire, sarcastique. Il plaisante
volontiers et non sans quelque causticité. Est-i!
tout à fait content de son métier ? Parfois on s~
le demande. N'aimerait-il pas autant, après tout,
être voleur que policier, et n'est-il pas un gar.
çon qui a manqué sa vocation ? 1
N'ayant pu être Arsène Lupin, i! se contenu
d'être Guerchard.
Arsène Lupin, lui, n'a pas de ces incertitu-
des. Sa vocation est. ferme, absolue. Il aime le
vol pour le vol. Il toujours volé etil volera tou-
jours. C'est en vain qu'au dénouement, nous le
voyons assez disposé à changer de vie. Il est
vrai qu'à ce moment il est amoureux de Sonia
Kritchnoiï'.Gariladu cœur, Lupin! D'ailleurs.
ii n'est pas méchant homme. Certes, il portt
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