Titre : La Démocratie pacifique : journal des intérêts des gouvernements et des peuples
Auteur : École sociétaire (Paris). Auteur du texte
Éditeur : au bureau du journal (Paris)
Date d'édition : 1846-05-06
Contributeur : Considerant, Victor (1808-1893). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755585p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 mai 1846 06 mai 1846
Description : 1846/05/06 (A15,T6,N125). 1846/05/06 (A15,T6,N125).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4767268k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Arsenal, JOD-1904
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/05/2019
?*23
1020
Uv. “
UC.
Sc.
ins 12.-0
p n - 1050
’ c *• <60
309
Ue.
o...
unt
rz.
)rd
az.
c..
m.
■d.
Tr.
on
îte
227 si
?J 7 3'
•>42 3|
68 >
770
15 « ANNEE. 1 re Sér. quotid. T..VI, N» 125.
Trois mois, Paris,
Départements: 12 fr.
MERCREDI, 6 MA1 1846.
BT (MMES CHDI MME fMUK.X
DIMANCHE UN NUMÉRO DOUBLE AUQUEL ON PEUT S’ABONNER SÉPARÉMENT.
*'' L ‘ 1 Paris . . . 1 an 40 f. 6 mois 20 f. 3 mois 10 f. 1 mois i f.
^Journal quotidien . . . j Départexn t.. _ jg — 21 — 42 — 5
étrangers à surtaxe de poste. . . .—68 — 31 — 17 — 7
double du dimanche.
— 12 — 6 (16 f.et 8 f. pour l’étranger).
On s’abonne à Paris, RUE »E SEINE. ÎO, au Bureau du’journal ;
Chez Ebrard, libraire, passage des Panoramas, 61, et chez les directeurs des postes et des messageries.
Onpeut aussi adresser franco au Gérant un mandat sur laposte ou à vue sur Paris.
Les abonnements partent du l* r et du 16 de chaque mois.
Les lettres et paquets affranchis sont seuls reçus.
INSERTIONS : \ ANNONCES: Les jour» ordinaires, 50 c. ; Le N* du Dimanehe. » t 8$
La petite ligne. ) Réclames après ia signature — 80 — a lu
IV
505
631 o 5
110
576 2 :
160
Æ -- 6500 J
er.
PARIS , 5 MAI.
Vaut-il mieux être Maître qu’Ouvrier ?
Telle est la question que le Courrier français vient de résoudre
enfaveur de l’ouvrier dans un article qu’il publiait hier à propos
du double jury de récompenses formé par les maîtres et par les tra
vailleurs. Nous n’avons pas reconnu dans cet article la lucidité de
vues et la fermeté de raison qui distinguent la rédaction de ce jour-
. Emporté par une légitime ardeur de lutte contre les abus
douaniers, l’auteur s’est maladroitement enfoncé dans les bas*
fonds, de l’économie politique, et Dieu sait quels malheureux ef-
Vtextes I forts il tente pour s’en tirer avec honneur! A l’entendre « le salaire
“ s en a été ,pst essentiellement la rémunération qui convient à l’homme li-
e Mainte
< .Pondant
ci t les oti
i sontrei
toiredei
lr ne pou!
celui 0(1
1 bowe. le
étl
e matériel
1 Napoléon
retracé 1
latents. &
.vrai et s
imorial «
par ses ilf
3 à toutq
a rempli
> les ehauj
deM. Au|
:«t ve-Sàin
ni où Tôt
aimiers, ei
eaaszgad
ornée dj
belles
a des, etcj
de.pliis de
les généaf
imein leur
marchands
ii, tous 11
urs armes
t de 16 fr,
iuii, 4u.
upéfiorili
Minus. Dé|
t coiffeui»
1
aire anti*
évralgi-T
H. Ecrira
3 moisi
,est essentiellement la rémunération qui
bre. Quel homme est plus libre en effet qu’un salarié? Quelhom-
,me possède au plus haut degré la faculté de disposer de lui-
( même, de changer de lieu et d’occupation ? Au point de vue de la
liberté, le salaire est le mode de rémunération le meilleur, le
plus parfait. L’association, que les socialistes veulent substituer
I au salariat, est à ce point de vue une forme rétrograde, car l’as
sociation attache l’homme à la terre ou au capital. L’association
n'est qu’un servage déguisé, ou si l’on aime mieux un* servage
idéalisé. Le salarié est libre, l’associé ne l’est pas. »
II faut bien vraiment que ce soit le Courrier irançais , pour que
ion discute sérieusement des paradoxes aussi exorbitants.
Pour les mettre à nu, levons le voile métaphysique et appliquons
lesprincipes aux faits; nous laisserons de côté les questions dé
justice sociale et de dignité humaine qui ont pourtant bien quelque
importance.
La théorie du Courrier français veut dire que dans une ferme, le
propriétaire qui perçoit le prix du fermage et le dépense suivant
fantaisies, est moins libre que le journalier, que le valet de la-
ir, que la servante, condamnés pour gagner leur misérable sa-
e à suer douze ou quinze heures par jour. Cela veut dire que
is une usine les actionnaires possesseurs des capitaux et trouvant
le loisir do se faire nommer députés ou pairs de France,de se prome
ner en Angleterre ou en Italie, sont moins libres que les salariés,
tournis à la dure surveillance des contre-maitres. Cela veut sans
doute dire, pour donner à la pensée tout son relief par un exemple
éclatant, qu’en ce moment la compagnie coalisée de Saint-Etienne
estaux ordres des ouvriers mineurs. Il est vrai que le maître peut
congédier l’ouvrier sous le plus frivole prétexte, et le jeter dans la
me sans travail et sans pain, qu’importe? l’ouvrier congédié n’en
cstque plus libre d’aller où bon lui semble. D’après l’économiste
i »Courrier français , l’autorité a cessé d’ètre dans l’industrie, la
mesure de la liberté, et celui qui commande est véritablement
l'esclave.
Jamais Smith ni Say n’avaient poussé aussi loin les hardiesses
leur optimisme.
Comment de généreux apôtres de la liberté ont-ils pu s’égarer
[)®que-là?
Ils nous le disent : l’association attache l’homme à la terre ou au
Pdal ; le salaire l’en dégage. Le salarié est libre de disposer de
'•même, de changer de lieu et d’occupation ; l’associé ne l’est pas.
lourde chaîne, en effet, que celle qui attache le propriétaire à la
propriété d’une belle ferme, l’industriel à la propriété d’un bel ate
lier ! qui les condamne à percevoir régulièrement des revenus ve
nant du même lieu et payés à des époques fixes, au lieu de les re
cueillir en tel lieu et tel temps qu’il leur conviendrait, comme fait
l’ouvrier nomade, affranchi du joug d’une rente trop monotone !
Ils sont donc des serfs de la glèbe, ces possesseurs enviés de belles
terres en Normandie ou en Flandre, et comment ne s’empressent
ils pas de céder leurs fers à leurs serviteurs, qui seraient peut-
être assez aveugles pour s’en charger! Il est vrai qu’au mépris des
théories que nous combattons, les infortunés propriétaires se per
mettent mille plaisirs de luxe, d’ambition et de voyage qui ne con
viendraient qu’à leurs ouvriers, et que ceux-ci végètent misérable
ment, cloués toute leur vie au môme abrutissement. Mais c’est au
mépris des principes de l’économie politique déplorablement mé
connus.
Le Courrier français pense donc que ces milliers de travailleurs
employés par la dynastie Rothschild à l’exploitation de ses mines
ou à la construction de ses chemins de fer, seraient bien à plaindre
si un jour le baron Rothschild leur disait : « Mes amis, je ne suis
pas content de vous, et j’entends diminuer les avantages que je
vous fais. Vous touchiez un assez bon salaire, même je vous fai
sais tous les ans la largesse d’une gratification assez raisonnable.
Vous ne méritez pas qu’il en soit ainsi à l’avenir. En conséquence,
pour vous punir, je compléterai le minimum du salaire nécessaire
à vos besoins par un petit coupon d’action dans ma maison, qui
fera de vous mes associés. Il est vrai que vous serez ainsi rendus
participants à ma prospérité et à ma puissance royales, et que
vous toucherez de beaux dividendes à la fin de chaque semestre.
Mais ne vous hâtez pas de vous réjouir. Comprenez bien qu’en
vous associant à moi, je vous attache à ma propre servitude ; je
vous enchaîne à mes mines et à mes chemins de fer ; et quoique
vous pussiez, munis de vos actions et de vos dividendes, engager
Partout ailleurs vos services, votre pensée, du moins, sera fixée à
mes établissements, dont vous souhaiterez le succès ; et cela, c’est
un esclavage que je vous impose. »
Le Courrier français pense-t-il que de telles propositions se
raient accueillies par les ouvriers de M. Rothschild comme un
attentat à leur liberté? Pour nous, nous inclinons à croire qu’ils
seraient peu alarmés d’une telle perspective, et qu’il suffirait d’or
ganiser le travail sur de telles bases, pour apaiser les murmures
de jour en jour plus redoutables des classes populaires.
Le Courrier lui-même sera de cet avis, pour peu qu’il veuille y
réfléchir. Il est des hommes à qui le rôle d’apôtres d’aucune ser
vitude ne saurait convenir, et les rédacteurs de ce journal sont du
nombre. Qu’ils laissent donc les théories mensongères de l’écono
misme à ceux qui en profitent.
Chambre des Députés.
L’ensemble du projet de loi sur le réseau de l’Ouest a été adopté
aujourd’hui par une majorité de 228 voix contre 12. Ensuite la dis
cussion s’est ouverte sur le chemin de fer de Dijon à Mulhouse.
Nous avons déjà fait ressortir combien il serait important pour
les intérêts généraux du pays que ce chemin fût dirigé parla val
lée de POgnon.
Les défenseurs de ce tracé et les partisans de la vallée du Doubs
devaient donc se trouver en présence. Après plusieurs discours
d’un mince intérêt, M. Berryer a fait habilement ressortir les avan
tages que nos relations internationales trouveraient dans la direc-
lien de la vallée de l’Ognon, surtout si l’on rattachait ce chemin à
celui de Saint-Dizier.
M. le ministre est venu ensuite défendre le tracé du Doubs. M.
Dumon adore et porte dans son cœur ce cher tracé. Rien ne lui
coûte pour le faire accepter. Pour M. le ministre, le tracé par l’O-
f non est détestable en tous points. Il le renie et le répudie. Mal-
eureusement M. Dumon ne s’attendait guère à voir ses arguments
et ses anathèmes immédiatement relevés d’une manière vive et
logique. M. Dufaure s’est chargé de ce soin, et il l’a fait avec un
grand bonheur. La Chambre s’est associée plusieurs fois aux cha
leureuses paroles de M. Dufaure. Les sentimentales tirades de M.
le ministre ont été renversées, et tout le monde a pu se convaincre
de la supérioriété du tracé par l’Ognon sur celui du Doubs, même
abstraction faite des grands intérêts du pays qui militent en faveur
de ce premier chemin. Nous regrettons vivement que des honora
bles membres de la Chambre, MM. Parandier et de Magnoncour,
partisans du Doubs aient fait, pour éviter une défaite, renvoyer le
vote à demain. Sans celle manœuvre, la Chambre eût voté, à une
très grande majorité, le tracé par l’Ognon.
Espérons que la chambre n’aura pas oublié demain l’excellent
discours de M. Dufaure.
Voici les projets de loi qui seront discutés après le chemin de fer
de Dijon à Mulhouse :
Projet de loi relatif au chemin de fer de Saint-Dizier à Gray. (Che
min de fer du Centre.)
Projet de loi relatif aux crédits supplémentaires et extraordi
naires des exercices 1845, 1846 et des exercices clos.
Projets de loi relatifs aux fortifications du port du Havre.
Projet de loi relatif aux ports de commerce.
Projet de loi portant allocation d’un crédit de 5 466 000 fr. appli
cable à l’achèvement de divers édifices publics d’intérêt général,
et à la démolition du clocher de Saint-Denis.
Projet de loi portant allocation de crédits pour les fortifications
de Cherbourg et de Saint-Nazaire.
Projet de budget de l’exercice 1847. (Dépenses.)
Projet de loi relatif aux crédits pour l’Algérie (immédiatement
avant le budget du Ministère de la guerre).
Jean Journet vient de commencer une nouvelle tournée dans la
province. Nous nous voyons dans l’obligation de faire une décla
ration à ce sujet.
Les idées de Fourier appartiennent à tout le monde ; chacun
a le droit de les propager et de les servir à sa manière.
Bien que nous ayons constitué pour la propagation de la doc
trine sociétaire une Ecole assise sur des bases déterminées et que
nous regardions l’unité d’action et de direction, comme la condi
tion du triomphe prochain de notre cause, nous n’entendons point
nous poser en église tyrannique et traiter en ennemis ceux qui, à
tort ou à raison, font de la propagation excentrique et servent la
cause en dehors de notre mouvement; notre unité, exclusivement
fondée sur l’accord, l’attrait et le dévouement, doit même pousser
aussi loin que possible la tolérance envers ce qu’elle peut considé
rer comme des écarts.
Mais pour que ces dispositions libérales et bienveillantes ne tour
nent pas au détriment de la cause, il faut du moins que l’Ecole
dégage, quand cela devient nécessaire, sa responsabilité des actes
qui sont en dehors de sa ligne de direction.
Les manifestations de Journet sont souvent empreintes d’un
très beau caractère de foi, de poésie et de puissance ; malheureu
sement elles paraissent parfois compromettantes.
ÎXUlXiIiXTOBI DE LA DÉMOCRATIE PACIFIQUE.
MERCREDI 6 MAI 1846.
;n igshofe^
temanJ
Seine*
lit*
02- 4|
13.
n
*' poU deB*'
âge, N >
;c, duJfflte]
p&P
Jjout^e
côuie ur ^ a I
e.
,RÏ$.
Nmi DE VERTIGE MINISTÉRIEL El DE L’ENSEIGNEMENT MUSICAL,
M. ÉMILE CHEVÉ. — M. AIMÉ PARIS.
Il ^commence par déclarer que je suis de ceux qui nient complètement
MStence de la société actuelle, ou du moins qui ne l’admettent que
j» formule du cauchemar, d’une vision nébuleuse, tourmentée,
I t J 1 ( l ue > caractérisée par la démission absolue des facultés intellec
ts et destinée à s’évanouir au prochain réveil du cerveau,
le monde est rempli d’aliénés qui hurlent contre l’utopie, les ingrats !
J U1 ne s’aperçoivent pas que cette société civilisée qu’ils considèrent
, le nec plus ullrà des sociétés perfectibles, ne reste debout que
, Jti lâ grâce de l’utopie. Otez l’utopie de la société aetuelle, et vous allez
entendre la société s’écrouler. Il est certain que je ne vois plus
L. e ressort de l’utopie qui soit de force à neutraliser les ravages du
% ministériel.
rfUi entendu dire par des gens qui ont la faiblesse de croire au
iïa ,^r, qu’un nommé Duehàtel, soi-disant ministre de l’intérieur,
te / C ar ® un î° ur à la tribune nationale que la question des salaires
% l tr °p grave pour que le pouvoir se permit d'y intervenir. Or,
j 0|t ^"‘Prenez bien quil m’e.-t impossible, à moi homme sensé, d’a-
(fuill lo 'à c e n e version du Moniteur , que je suppose inspirée à cette
lu’uu ° aic ' e ^ e P ar * es ennemis du soi disant ministre; car il est clair
limV rëaDe l * U £ ouverueilieiJ t ( l m SP serait exprimé de la sorte au mi-
HDcn dssern blée de gens sages, eût été immédiatement accueilli par
de huées universelles, et que les garnies du quartier l’eus.-ent
cil e J 1 a la sortie de, la chambre pour le reconduire jusqu’à son domi-
! les wioi que ic Moniteur a calomnié le ministre, ou que la cham-
% lx Sre l'. ré8e “tunts du peuple a perdu la raison, je ne demande pas
D aut rna * s ne ,ne soutenez pas qu’un tel-discours .a été tenu.
Wou onl VOu ' u me faire accroire, en me citant à l’appui de leur
'Nu! f 1110 d’ordonnances et de jugements enregistrés et publiés
OuvritT ir î e > ( l lie l’autorité, la même autorité qui avait défendu aux
Pe r , n j s s p Saint-Etienne de s’associer pour défendre leurs salaires, avait
tler iLp tarc * capitalistes de l’endroit de se coaliser pour dépré-
Coajjijon' 1 ? Maires, voire qu’çile aurait envoyé naguère au secours de la
te,l| p des préfets et des baïonnettes, tant et si bien que le sang des
kreT aurait °oulé au profit de l’ordre et du capital. Eli bien 1 je
filé, üu , ^ c te. encore là une invention odieuse des ennemis de l’auto-
Pritjtep 11 qu'il est impossible d’admettre qu’une autorité sained’es-
s «î, 4 j. SSe °ll er ainsi à provoquer l’exaspération des classes laborieu-
lU’on.Jjft l es ressentiments des serfs de l’industrie contre ceux
1 P elle leurs maîtres, à se faire le plastron de ces ressentiments,
hélas ! trop légitimes, s’amuse enfin à pousser de ses propres mains le
char éreinté de l’Etat dans l'arène embrasée et sanglante des catastro
phes et des bouleversements politiques. Soutiens-moi, Cuv....-Fl...y,
toi, dont la prunelle de lynx sait pénétrer jusqu’au fin fond des plus té
nébreux abîmes pour y démêler la trame des complots parricides. Car je
sais des courtisans d’aujourd’hui qui ont l’adulation plus plate et plus
stupide que les rênaleurs du temps de Domilien, et qui, pour témoigner
leur dévouement à César, s’ingénient à lui représenter la nation comme
peuplée d’assassins méditant son trépas. Ou, je le répète, les faits de tout-
à-t’neure ont menti, ou l’autorité a sa place marquée au dépôt de Cha-
renton.
Je vous connais, monsieur Guizot, et vous aussi, monsieur Thiers, il y
a quatre cents ans vous vous appeliez je ne sais plus comment, à Constan
tinople; c’était bien vous qui agitiez la fameuse question de savoir si le
roi règne et gouverne, au moment où le Turc emportait d’assaut la cité.
Vous vous efforcez vainement de me dissimuler votre âge, il y a quatre
cents ans entre votre époque et la nôtre. J’en suis fâché pour vous, mes
petits historiens, mais je suis fâché de vous déclarer que je vous regarde
comme des mythes.
El M. Làcave-Laplagne aussi, je le considère comme un mythe, un
grès mythe, et j’ajoute qu’un gouvernement qui jouirait du moindre ins
tinct de conservation et du moindre sens commun, à défaut de l'amour
du peuple, s’empresserait de se priver du concours d’un fiscal si com
promettant, un ministre qui, pour sauvegarder les intérêts du trésor,
prend juste le contrcpied de la marche de Colbert; qui, au lieu d’établir
une chambre de justice pour réviser les fortunes mal acquises et faire ren
dre gorge aux juifs, met son bonheur à gorger les traitants ; qui, au lieu
d’aller au devant de laréduction del’impôt du sel, le plus inique et le plus
impopulaire de tous les impôts, s’oppose seul à la réduction, jpour forcer
le peuple à conclure avec les docteurs de l’économisme anglais, que les
gouvernements sont les ennemis-nés despeuples. C’est cependant vrai : ce
gros homme-là, qui a l’air de n’avoir d’autre passion que ce le de doter
les siens des plus riches emplois de finances et de transmettre à la pos
térité ses traits peu agréables, eh bien ! c’est peut-être celui-là qui est
destiné à porter à son gouvernement les coups les plus terribles. Le peu
ple dira : «La raison publique et l’équité condamnaient l’impôt du sel, la
chambre des députés en avait voté la suppression à l’unanimité ; seul le
gouvernement s'opposa à la réalisation de celte mesure salutaire que ré
clamait si instamment la misère du peuple. Doue donc, le gouverne
ment qui remit la direciion de ses finances à des Colbeit de cel acabit-là,
a la tête à 1 envers. » Ce qu’il s’agissait de démontrer.
Répondez-moi encore : est-ce une société raisonnable qui s'aviserait ja
mais de confier le ministère de l’agriculture à un fabricant de Casimir
noir pour culottes? Voyons, la main sur la conscience, vous est-il possi
ble de vous représenter sans rire M. Cunin-Gridaine transformé en père
des moissons? — Et puis après, on se plaint que j.os pommes de terre
sont malades et que les chevaux de France ne sojat.pas de force à lutter
contre des chevaux anglais. Que diable vouîez-YôuV rçû’il y fesse, ce
brave homme ! /© ,<
Que vous dirai-je maintenant de Sylvain Dumon qui n’ait pas été dit?
Sylvain iJumon, ministre des travaux publics, un homme qui me fait
payer tous les jours sur le pont des Arts trente centimes de trop, un avo
cat que les habitudes de sa profession et celles de son physique avaient
complètement brouillé avec la ligne droite dès l’àge le plus tendre, le
même qui a eu l’effronterie de justifier le commerce en pleine tribune na
tionale, disant que la spéculation qui consiste à acheter au meilleur mar
ché et à revendre au plus haut prix, est éminemment légitime.Ça, ministre
des travaux publics Imais je soutiens qu’il n’est pas de démonstration plus
accablante de la folie gouvernementale contemporaine que cette simple
attribution des fonctions de directeur suprême blics à un avocat de Lot-et-Garonne. Enfin, heureusement que ce n’est
pas moi qui l’ai nommé là et qui en répondrai devant Dieu.
Et vous prétendez me persuader, vous autres les optimistes, qu’il n’y
a plus qu’à tirer le rideau après une société qui se réflète en de tels
moules au physique et au moral. Ah 1 mais non, transigez pour votre
compte personne! si bon vous semble : quant à moi, je vous déclare que
je n’abdique pas aussi facilement : j’ai rencontré hier, à ia descente du
Luxembourg, trois nobles pairs, trois pairs à parapluies plus ou moins
avariés, qui étaient M. Fulchiron, M. le baron Dupin et M. Villemain ;
et je vous proteste que je ne me suis pas senti très-fier d’être Français en
regardant ces trois législateurs.
Un jour, voyez-vous, mes amis, quand nous viendrons nous reposer
en celte terre des délices de l’existence aromale, nous qûi assistons aux
sottises gouvernementales de ce temps, nous refuserons d’y croire, et il
nous faudra plus que des preuves écrites, c’est-à-dire des monuments
de peinture et de pierre pour nous convaincre que les choses se passaient
bien en 1846, comme nous les voyons se passer. Vous essaierez vaine
ment de faire comprendre à un enfant d’harmonie qu’il y aeu une société
française se disant civilisée et chrétienne, où l’indigenc 3 forçait la mère
à étrangler de ses propres mains le fruit de ses entrailles, où le travail
leur mourait de faim aux perles de l’hôtel de l’oisif millionnaire, où la
loi condamnait aux peines les plus sévères le mendiant qui dérobait un
morceau de pain pour vivre, tandis que des fils de roi briguaient l’honneur
de figurer dans un quadrille aux côtés de la fille du juif, voleur de cent
millions. Ces choses-là se sont vues pourtant.
Or, il était une excellence en laquelle j’ai eu foi long-temps, et que
mon imagination complaisante se plaisait à détacher du groupe d'obscu-
rauts ci-inclus. C’est l’excellence qui préside à l’instruction publique,
et qui est connue dans le monde universitaire et politique sous le nom
parfumé d’Alonzo Salvandy. Quan J j’avais oi ï le grand-maître décider
que l’étude du chaut et des langues étrangères serait désormais obli
gatoire dans les classes, mon cœur s’était rempli d’une vive allégresse; je
m’étais dit : Voici venir enfin un véritable philanthrope qui,pour avoir ap
précié par lui-même l’inutilité et ta puis-anced’ewî&^/emenrêesetudesclas-
siques, veut affranchir la génération nouvelle du tribut qu’il a payé à la rou
tine de son temps. Bravo 1 bravissitno! car si le chant s’en mêle, la vieille
boutique est démolie, rasée de fond en comble; ce n’est plus qu’une af
faire ae temps, les études attrayantes gagneront désormais au collège
1020
Uv. “
UC.
Sc.
ins 12.-0
p n - 1050
’ c *• <60
309
Ue.
o...
unt
rz.
)rd
az.
c..
m.
■d.
Tr.
on
îte
227 si
?J 7 3'
•>42 3|
68 >
770
15 « ANNEE. 1 re Sér. quotid. T..VI, N» 125.
Trois mois, Paris,
Départements: 12 fr.
MERCREDI, 6 MA1 1846.
BT (MMES CHDI MME fMUK.X
DIMANCHE UN NUMÉRO DOUBLE AUQUEL ON PEUT S’ABONNER SÉPARÉMENT.
*'' L ‘ 1 Paris . . . 1 an 40 f. 6 mois 20 f. 3 mois 10 f. 1 mois i f.
^Journal quotidien . . . j Départexn t.. _ jg — 21 — 42 — 5
étrangers à surtaxe de poste. . . .—68 — 31 — 17 — 7
double du dimanche.
— 12 — 6 (16 f.et 8 f. pour l’étranger).
On s’abonne à Paris, RUE »E SEINE. ÎO, au Bureau du’journal ;
Chez Ebrard, libraire, passage des Panoramas, 61, et chez les directeurs des postes et des messageries.
Onpeut aussi adresser franco au Gérant un mandat sur laposte ou à vue sur Paris.
Les abonnements partent du l* r et du 16 de chaque mois.
Les lettres et paquets affranchis sont seuls reçus.
INSERTIONS : \ ANNONCES: Les jour» ordinaires, 50 c. ; Le N* du Dimanehe. » t 8$
La petite ligne. ) Réclames après ia signature — 80 — a lu
IV
505
631 o 5
110
576 2 :
160
Æ -- 6500 J
er.
PARIS , 5 MAI.
Vaut-il mieux être Maître qu’Ouvrier ?
Telle est la question que le Courrier français vient de résoudre
enfaveur de l’ouvrier dans un article qu’il publiait hier à propos
du double jury de récompenses formé par les maîtres et par les tra
vailleurs. Nous n’avons pas reconnu dans cet article la lucidité de
vues et la fermeté de raison qui distinguent la rédaction de ce jour-
. Emporté par une légitime ardeur de lutte contre les abus
douaniers, l’auteur s’est maladroitement enfoncé dans les bas*
fonds, de l’économie politique, et Dieu sait quels malheureux ef-
Vtextes I forts il tente pour s’en tirer avec honneur! A l’entendre « le salaire
“ s en a été ,pst essentiellement la rémunération qui convient à l’homme li-
e Mainte
< .Pondant
ci t les oti
i sontrei
toiredei
lr ne pou!
celui 0(1
1 bowe. le
étl
e matériel
1 Napoléon
retracé 1
latents. &
.vrai et s
imorial «
par ses ilf
3 à toutq
a rempli
> les ehauj
deM. Au|
:«t ve-Sàin
ni où Tôt
aimiers, ei
eaaszgad
ornée dj
belles
a des, etcj
de.pliis de
les généaf
imein leur
marchands
ii, tous 11
urs armes
t de 16 fr,
iuii, 4u.
upéfiorili
Minus. Dé|
t coiffeui»
1
aire anti*
évralgi-T
H. Ecrira
3 moisi
,est essentiellement la rémunération qui
bre. Quel homme est plus libre en effet qu’un salarié? Quelhom-
,me possède au plus haut degré la faculté de disposer de lui-
( même, de changer de lieu et d’occupation ? Au point de vue de la
liberté, le salaire est le mode de rémunération le meilleur, le
plus parfait. L’association, que les socialistes veulent substituer
I au salariat, est à ce point de vue une forme rétrograde, car l’as
sociation attache l’homme à la terre ou au capital. L’association
n'est qu’un servage déguisé, ou si l’on aime mieux un* servage
idéalisé. Le salarié est libre, l’associé ne l’est pas. »
II faut bien vraiment que ce soit le Courrier irançais , pour que
ion discute sérieusement des paradoxes aussi exorbitants.
Pour les mettre à nu, levons le voile métaphysique et appliquons
lesprincipes aux faits; nous laisserons de côté les questions dé
justice sociale et de dignité humaine qui ont pourtant bien quelque
importance.
La théorie du Courrier français veut dire que dans une ferme, le
propriétaire qui perçoit le prix du fermage et le dépense suivant
fantaisies, est moins libre que le journalier, que le valet de la-
ir, que la servante, condamnés pour gagner leur misérable sa-
e à suer douze ou quinze heures par jour. Cela veut dire que
is une usine les actionnaires possesseurs des capitaux et trouvant
le loisir do se faire nommer députés ou pairs de France,de se prome
ner en Angleterre ou en Italie, sont moins libres que les salariés,
tournis à la dure surveillance des contre-maitres. Cela veut sans
doute dire, pour donner à la pensée tout son relief par un exemple
éclatant, qu’en ce moment la compagnie coalisée de Saint-Etienne
estaux ordres des ouvriers mineurs. Il est vrai que le maître peut
congédier l’ouvrier sous le plus frivole prétexte, et le jeter dans la
me sans travail et sans pain, qu’importe? l’ouvrier congédié n’en
cstque plus libre d’aller où bon lui semble. D’après l’économiste
i »Courrier français , l’autorité a cessé d’ètre dans l’industrie, la
mesure de la liberté, et celui qui commande est véritablement
l'esclave.
Jamais Smith ni Say n’avaient poussé aussi loin les hardiesses
leur optimisme.
Comment de généreux apôtres de la liberté ont-ils pu s’égarer
[)®que-là?
Ils nous le disent : l’association attache l’homme à la terre ou au
Pdal ; le salaire l’en dégage. Le salarié est libre de disposer de
'•même, de changer de lieu et d’occupation ; l’associé ne l’est pas.
lourde chaîne, en effet, que celle qui attache le propriétaire à la
propriété d’une belle ferme, l’industriel à la propriété d’un bel ate
lier ! qui les condamne à percevoir régulièrement des revenus ve
nant du même lieu et payés à des époques fixes, au lieu de les re
cueillir en tel lieu et tel temps qu’il leur conviendrait, comme fait
l’ouvrier nomade, affranchi du joug d’une rente trop monotone !
Ils sont donc des serfs de la glèbe, ces possesseurs enviés de belles
terres en Normandie ou en Flandre, et comment ne s’empressent
ils pas de céder leurs fers à leurs serviteurs, qui seraient peut-
être assez aveugles pour s’en charger! Il est vrai qu’au mépris des
théories que nous combattons, les infortunés propriétaires se per
mettent mille plaisirs de luxe, d’ambition et de voyage qui ne con
viendraient qu’à leurs ouvriers, et que ceux-ci végètent misérable
ment, cloués toute leur vie au môme abrutissement. Mais c’est au
mépris des principes de l’économie politique déplorablement mé
connus.
Le Courrier français pense donc que ces milliers de travailleurs
employés par la dynastie Rothschild à l’exploitation de ses mines
ou à la construction de ses chemins de fer, seraient bien à plaindre
si un jour le baron Rothschild leur disait : « Mes amis, je ne suis
pas content de vous, et j’entends diminuer les avantages que je
vous fais. Vous touchiez un assez bon salaire, même je vous fai
sais tous les ans la largesse d’une gratification assez raisonnable.
Vous ne méritez pas qu’il en soit ainsi à l’avenir. En conséquence,
pour vous punir, je compléterai le minimum du salaire nécessaire
à vos besoins par un petit coupon d’action dans ma maison, qui
fera de vous mes associés. Il est vrai que vous serez ainsi rendus
participants à ma prospérité et à ma puissance royales, et que
vous toucherez de beaux dividendes à la fin de chaque semestre.
Mais ne vous hâtez pas de vous réjouir. Comprenez bien qu’en
vous associant à moi, je vous attache à ma propre servitude ; je
vous enchaîne à mes mines et à mes chemins de fer ; et quoique
vous pussiez, munis de vos actions et de vos dividendes, engager
Partout ailleurs vos services, votre pensée, du moins, sera fixée à
mes établissements, dont vous souhaiterez le succès ; et cela, c’est
un esclavage que je vous impose. »
Le Courrier français pense-t-il que de telles propositions se
raient accueillies par les ouvriers de M. Rothschild comme un
attentat à leur liberté? Pour nous, nous inclinons à croire qu’ils
seraient peu alarmés d’une telle perspective, et qu’il suffirait d’or
ganiser le travail sur de telles bases, pour apaiser les murmures
de jour en jour plus redoutables des classes populaires.
Le Courrier lui-même sera de cet avis, pour peu qu’il veuille y
réfléchir. Il est des hommes à qui le rôle d’apôtres d’aucune ser
vitude ne saurait convenir, et les rédacteurs de ce journal sont du
nombre. Qu’ils laissent donc les théories mensongères de l’écono
misme à ceux qui en profitent.
Chambre des Députés.
L’ensemble du projet de loi sur le réseau de l’Ouest a été adopté
aujourd’hui par une majorité de 228 voix contre 12. Ensuite la dis
cussion s’est ouverte sur le chemin de fer de Dijon à Mulhouse.
Nous avons déjà fait ressortir combien il serait important pour
les intérêts généraux du pays que ce chemin fût dirigé parla val
lée de POgnon.
Les défenseurs de ce tracé et les partisans de la vallée du Doubs
devaient donc se trouver en présence. Après plusieurs discours
d’un mince intérêt, M. Berryer a fait habilement ressortir les avan
tages que nos relations internationales trouveraient dans la direc-
lien de la vallée de l’Ognon, surtout si l’on rattachait ce chemin à
celui de Saint-Dizier.
M. le ministre est venu ensuite défendre le tracé du Doubs. M.
Dumon adore et porte dans son cœur ce cher tracé. Rien ne lui
coûte pour le faire accepter. Pour M. le ministre, le tracé par l’O-
f non est détestable en tous points. Il le renie et le répudie. Mal-
eureusement M. Dumon ne s’attendait guère à voir ses arguments
et ses anathèmes immédiatement relevés d’une manière vive et
logique. M. Dufaure s’est chargé de ce soin, et il l’a fait avec un
grand bonheur. La Chambre s’est associée plusieurs fois aux cha
leureuses paroles de M. Dufaure. Les sentimentales tirades de M.
le ministre ont été renversées, et tout le monde a pu se convaincre
de la supérioriété du tracé par l’Ognon sur celui du Doubs, même
abstraction faite des grands intérêts du pays qui militent en faveur
de ce premier chemin. Nous regrettons vivement que des honora
bles membres de la Chambre, MM. Parandier et de Magnoncour,
partisans du Doubs aient fait, pour éviter une défaite, renvoyer le
vote à demain. Sans celle manœuvre, la Chambre eût voté, à une
très grande majorité, le tracé par l’Ognon.
Espérons que la chambre n’aura pas oublié demain l’excellent
discours de M. Dufaure.
Voici les projets de loi qui seront discutés après le chemin de fer
de Dijon à Mulhouse :
Projet de loi relatif au chemin de fer de Saint-Dizier à Gray. (Che
min de fer du Centre.)
Projet de loi relatif aux crédits supplémentaires et extraordi
naires des exercices 1845, 1846 et des exercices clos.
Projets de loi relatifs aux fortifications du port du Havre.
Projet de loi relatif aux ports de commerce.
Projet de loi portant allocation d’un crédit de 5 466 000 fr. appli
cable à l’achèvement de divers édifices publics d’intérêt général,
et à la démolition du clocher de Saint-Denis.
Projet de loi portant allocation de crédits pour les fortifications
de Cherbourg et de Saint-Nazaire.
Projet de budget de l’exercice 1847. (Dépenses.)
Projet de loi relatif aux crédits pour l’Algérie (immédiatement
avant le budget du Ministère de la guerre).
Jean Journet vient de commencer une nouvelle tournée dans la
province. Nous nous voyons dans l’obligation de faire une décla
ration à ce sujet.
Les idées de Fourier appartiennent à tout le monde ; chacun
a le droit de les propager et de les servir à sa manière.
Bien que nous ayons constitué pour la propagation de la doc
trine sociétaire une Ecole assise sur des bases déterminées et que
nous regardions l’unité d’action et de direction, comme la condi
tion du triomphe prochain de notre cause, nous n’entendons point
nous poser en église tyrannique et traiter en ennemis ceux qui, à
tort ou à raison, font de la propagation excentrique et servent la
cause en dehors de notre mouvement; notre unité, exclusivement
fondée sur l’accord, l’attrait et le dévouement, doit même pousser
aussi loin que possible la tolérance envers ce qu’elle peut considé
rer comme des écarts.
Mais pour que ces dispositions libérales et bienveillantes ne tour
nent pas au détriment de la cause, il faut du moins que l’Ecole
dégage, quand cela devient nécessaire, sa responsabilité des actes
qui sont en dehors de sa ligne de direction.
Les manifestations de Journet sont souvent empreintes d’un
très beau caractère de foi, de poésie et de puissance ; malheureu
sement elles paraissent parfois compromettantes.
ÎXUlXiIiXTOBI DE LA DÉMOCRATIE PACIFIQUE.
MERCREDI 6 MAI 1846.
;n igshofe^
temanJ
Seine*
lit*
02- 4|
13.
n
*' poU deB*'
âge, N >
;c, duJfflte]
p&P
Jjout^e
côuie ur ^ a I
e.
,RÏ$.
Nmi DE VERTIGE MINISTÉRIEL El DE L’ENSEIGNEMENT MUSICAL,
M. ÉMILE CHEVÉ. — M. AIMÉ PARIS.
Il ^commence par déclarer que je suis de ceux qui nient complètement
MStence de la société actuelle, ou du moins qui ne l’admettent que
j» formule du cauchemar, d’une vision nébuleuse, tourmentée,
I t J 1 ( l ue > caractérisée par la démission absolue des facultés intellec
ts et destinée à s’évanouir au prochain réveil du cerveau,
le monde est rempli d’aliénés qui hurlent contre l’utopie, les ingrats !
J U1 ne s’aperçoivent pas que cette société civilisée qu’ils considèrent
, le nec plus ullrà des sociétés perfectibles, ne reste debout que
, Jti lâ grâce de l’utopie. Otez l’utopie de la société aetuelle, et vous allez
entendre la société s’écrouler. Il est certain que je ne vois plus
L. e ressort de l’utopie qui soit de force à neutraliser les ravages du
% ministériel.
rfUi entendu dire par des gens qui ont la faiblesse de croire au
iïa ,^r, qu’un nommé Duehàtel, soi-disant ministre de l’intérieur,
te / C ar ® un î° ur à la tribune nationale que la question des salaires
% l tr °p grave pour que le pouvoir se permit d'y intervenir. Or,
j 0|t ^"‘Prenez bien quil m’e.-t impossible, à moi homme sensé, d’a-
(fuill lo 'à c e n e version du Moniteur , que je suppose inspirée à cette
lu’uu ° aic ' e ^ e P ar * es ennemis du soi disant ministre; car il est clair
limV rëaDe l * U £ ouverueilieiJ t ( l m SP serait exprimé de la sorte au mi-
HDcn dssern blée de gens sages, eût été immédiatement accueilli par
de huées universelles, et que les garnies du quartier l’eus.-ent
cil e J 1 a la sortie de, la chambre pour le reconduire jusqu’à son domi-
! les wioi que ic Moniteur a calomnié le ministre, ou que la cham-
% lx Sre l'. ré8e “tunts du peuple a perdu la raison, je ne demande pas
D aut rna * s ne ,ne soutenez pas qu’un tel-discours .a été tenu.
Wou onl VOu ' u me faire accroire, en me citant à l’appui de leur
'Nu! f 1110 d’ordonnances et de jugements enregistrés et publiés
OuvritT ir î e > ( l lie l’autorité, la même autorité qui avait défendu aux
Pe r , n j s s p Saint-Etienne de s’associer pour défendre leurs salaires, avait
tler iLp tarc * capitalistes de l’endroit de se coaliser pour dépré-
Coajjijon' 1 ? Maires, voire qu’çile aurait envoyé naguère au secours de la
te,l| p des préfets et des baïonnettes, tant et si bien que le sang des
kreT aurait °oulé au profit de l’ordre et du capital. Eli bien 1 je
filé, üu , ^ c te. encore là une invention odieuse des ennemis de l’auto-
Pritjtep 11 qu'il est impossible d’admettre qu’une autorité sained’es-
s «î, 4 j. SSe °ll er ainsi à provoquer l’exaspération des classes laborieu-
lU’on.Jjft l es ressentiments des serfs de l’industrie contre ceux
1 P elle leurs maîtres, à se faire le plastron de ces ressentiments,
hélas ! trop légitimes, s’amuse enfin à pousser de ses propres mains le
char éreinté de l’Etat dans l'arène embrasée et sanglante des catastro
phes et des bouleversements politiques. Soutiens-moi, Cuv....-Fl...y,
toi, dont la prunelle de lynx sait pénétrer jusqu’au fin fond des plus té
nébreux abîmes pour y démêler la trame des complots parricides. Car je
sais des courtisans d’aujourd’hui qui ont l’adulation plus plate et plus
stupide que les rênaleurs du temps de Domilien, et qui, pour témoigner
leur dévouement à César, s’ingénient à lui représenter la nation comme
peuplée d’assassins méditant son trépas. Ou, je le répète, les faits de tout-
à-t’neure ont menti, ou l’autorité a sa place marquée au dépôt de Cha-
renton.
Je vous connais, monsieur Guizot, et vous aussi, monsieur Thiers, il y
a quatre cents ans vous vous appeliez je ne sais plus comment, à Constan
tinople; c’était bien vous qui agitiez la fameuse question de savoir si le
roi règne et gouverne, au moment où le Turc emportait d’assaut la cité.
Vous vous efforcez vainement de me dissimuler votre âge, il y a quatre
cents ans entre votre époque et la nôtre. J’en suis fâché pour vous, mes
petits historiens, mais je suis fâché de vous déclarer que je vous regarde
comme des mythes.
El M. Làcave-Laplagne aussi, je le considère comme un mythe, un
grès mythe, et j’ajoute qu’un gouvernement qui jouirait du moindre ins
tinct de conservation et du moindre sens commun, à défaut de l'amour
du peuple, s’empresserait de se priver du concours d’un fiscal si com
promettant, un ministre qui, pour sauvegarder les intérêts du trésor,
prend juste le contrcpied de la marche de Colbert; qui, au lieu d’établir
une chambre de justice pour réviser les fortunes mal acquises et faire ren
dre gorge aux juifs, met son bonheur à gorger les traitants ; qui, au lieu
d’aller au devant de laréduction del’impôt du sel, le plus inique et le plus
impopulaire de tous les impôts, s’oppose seul à la réduction, jpour forcer
le peuple à conclure avec les docteurs de l’économisme anglais, que les
gouvernements sont les ennemis-nés despeuples. C’est cependant vrai : ce
gros homme-là, qui a l’air de n’avoir d’autre passion que ce le de doter
les siens des plus riches emplois de finances et de transmettre à la pos
térité ses traits peu agréables, eh bien ! c’est peut-être celui-là qui est
destiné à porter à son gouvernement les coups les plus terribles. Le peu
ple dira : «La raison publique et l’équité condamnaient l’impôt du sel, la
chambre des députés en avait voté la suppression à l’unanimité ; seul le
gouvernement s'opposa à la réalisation de celte mesure salutaire que ré
clamait si instamment la misère du peuple. Doue donc, le gouverne
ment qui remit la direciion de ses finances à des Colbeit de cel acabit-là,
a la tête à 1 envers. » Ce qu’il s’agissait de démontrer.
Répondez-moi encore : est-ce une société raisonnable qui s'aviserait ja
mais de confier le ministère de l’agriculture à un fabricant de Casimir
noir pour culottes? Voyons, la main sur la conscience, vous est-il possi
ble de vous représenter sans rire M. Cunin-Gridaine transformé en père
des moissons? — Et puis après, on se plaint que j.os pommes de terre
sont malades et que les chevaux de France ne sojat.pas de force à lutter
contre des chevaux anglais. Que diable vouîez-YôuV rçû’il y fesse, ce
brave homme ! /© ,<
Que vous dirai-je maintenant de Sylvain Dumon qui n’ait pas été dit?
Sylvain iJumon, ministre des travaux publics, un homme qui me fait
payer tous les jours sur le pont des Arts trente centimes de trop, un avo
cat que les habitudes de sa profession et celles de son physique avaient
complètement brouillé avec la ligne droite dès l’àge le plus tendre, le
même qui a eu l’effronterie de justifier le commerce en pleine tribune na
tionale, disant que la spéculation qui consiste à acheter au meilleur mar
ché et à revendre au plus haut prix, est éminemment légitime.Ça, ministre
des travaux publics Imais je soutiens qu’il n’est pas de démonstration plus
accablante de la folie gouvernementale contemporaine que cette simple
attribution des fonctions de directeur suprême
pas moi qui l’ai nommé là et qui en répondrai devant Dieu.
Et vous prétendez me persuader, vous autres les optimistes, qu’il n’y
a plus qu’à tirer le rideau après une société qui se réflète en de tels
moules au physique et au moral. Ah 1 mais non, transigez pour votre
compte personne! si bon vous semble : quant à moi, je vous déclare que
je n’abdique pas aussi facilement : j’ai rencontré hier, à ia descente du
Luxembourg, trois nobles pairs, trois pairs à parapluies plus ou moins
avariés, qui étaient M. Fulchiron, M. le baron Dupin et M. Villemain ;
et je vous proteste que je ne me suis pas senti très-fier d’être Français en
regardant ces trois législateurs.
Un jour, voyez-vous, mes amis, quand nous viendrons nous reposer
en celte terre des délices de l’existence aromale, nous qûi assistons aux
sottises gouvernementales de ce temps, nous refuserons d’y croire, et il
nous faudra plus que des preuves écrites, c’est-à-dire des monuments
de peinture et de pierre pour nous convaincre que les choses se passaient
bien en 1846, comme nous les voyons se passer. Vous essaierez vaine
ment de faire comprendre à un enfant d’harmonie qu’il y aeu une société
française se disant civilisée et chrétienne, où l’indigenc 3 forçait la mère
à étrangler de ses propres mains le fruit de ses entrailles, où le travail
leur mourait de faim aux perles de l’hôtel de l’oisif millionnaire, où la
loi condamnait aux peines les plus sévères le mendiant qui dérobait un
morceau de pain pour vivre, tandis que des fils de roi briguaient l’honneur
de figurer dans un quadrille aux côtés de la fille du juif, voleur de cent
millions. Ces choses-là se sont vues pourtant.
Or, il était une excellence en laquelle j’ai eu foi long-temps, et que
mon imagination complaisante se plaisait à détacher du groupe d'obscu-
rauts ci-inclus. C’est l’excellence qui préside à l’instruction publique,
et qui est connue dans le monde universitaire et politique sous le nom
parfumé d’Alonzo Salvandy. Quan J j’avais oi ï le grand-maître décider
que l’étude du chaut et des langues étrangères serait désormais obli
gatoire dans les classes, mon cœur s’était rempli d’une vive allégresse; je
m’étais dit : Voici venir enfin un véritable philanthrope qui,pour avoir ap
précié par lui-même l’inutilité et ta puis-anced’ewî&^/emenrêesetudesclas-
siques, veut affranchir la génération nouvelle du tribut qu’il a payé à la rou
tine de son temps. Bravo 1 bravissitno! car si le chant s’en mêle, la vieille
boutique est démolie, rasée de fond en comble; ce n’est plus qu’une af
faire ae temps, les études attrayantes gagneront désormais au collège
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.74%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.74%.
- Auteurs similaires Coligny Gaspard II de dit 1'amiral de Châtillon Coligny Gaspard II de dit 1'amiral de Châtillon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Coligny Gaspard II de dit 1'amiral de Châtillon "Recueil de lettres et pièces originales des XVIe et XVIIe siècles formé par Gaignières. VIII Pièces diverses et lettres pour la plupart adressées à des membres de la maison de Montmorency. /ark:/12148/btv1b52521787d.highres Recueil de lettres autographes de divers personnages des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. I Lettres. /ark:/12148/btv1b10089433b.highresActes et lettres Actes et lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Actes et lettres " Instructions Instructions /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Instructions " France France /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "France "
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k4767268k/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k4767268k/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k4767268k/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k4767268k/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k4767268k
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k4767268k
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k4767268k/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest