Titre : Gringoire : le grand hebdomadaire parisien ["puis" le grand hebdomadaire social], politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Bordeaux)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Marseille)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Date d'édition : 1932-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32784069f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1932 01 avril 1932
Description : 1932/04/01 (A5,N178). 1932/04/01 (A5,N178).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4747013c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-126
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/03/2018
GRINGOIRE
I , ".née.. V 178
12 PAGES a 75 CENTIMES
Vendredi 1" Avril 1932
tjjg g- "u 1 , • - ■ w
-
* ' ADMINISTRATION, 10, avenue Rapp
-réléphone : Ségur ve. 92-80 o et la suite
1
LE GRAND HEBDOMADAIRE PARISIEN, POLITIQUE, LITTERAIRE
~ * . Directeur ; H. de CARBUCCIA
Publicité: Hebdo-Publicité, 43, r. de Provence
Paris-9* — Téléphone : Trinité 51-16 et 51-17
l ATEUER li
1t = IfTr- DU MEUBLE modcdnc
CATALOGUe: PWANC0_
« PS m MONTPARN.A//E • PAO)/
50 % moins cher à la fabrique 1
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confort, fonnes nouvelles.
Depuis ........ 4 175 Ir.
200 MODÈLES
EN ATELIER
Assistez à la fabrication
CONSTANT, 42, r. Chanzy, Paris-11* I
ROQu. 10-04. — Catalogue franco sur demande I
LA FIN
DE LA CRISE ?
< l yerrons-nous prochainement la fin de
i la est la question que l'univers se
* "lr non sans la Plus vive anxiété.
nL épreuves comme celles que nous
1 Z,L en train de traverser, assure- <
H * V u, monde en a connu d" au t,-,1 es, en- :
ï- Zr Z 'aue celle-ci soit une des plus sévè- :
r a f il ait elles a ' SM&;r.
F'1 ■ tL plus longues duraient deux ou
! "trois «», «l» ès qUOt - elles prenaient fin
: îr% sera-t-il de même cette fois encore f
\ f ms ne devrions pas, dans ce cas,
Mre très éloignés du terme. t
Peut-on, distinguer, des mai,-tteitant, ,
les sir/nes précurseurs du rétablisse-
l ment? La reprise très nette des valeurs bour-
'sièl'es " illdique-t-elle le retour de la con-
m^Si'les facteurs économiques étaient les
t A. en, jeu, il est certain que l'excès
8 dit mal apporterait de lui-même
| le remède..
1 L Mais sont-ils les seuls en jeu Y
i P Tout abus de production tend, par
If l'impossibilité de trouver des débouchés,
| ï à se réduire, à se corriger de lui-même.
! Aucune entreprise, agricole ou indus-
trielle, usine même, ne pouvant indéfi-
S liment produire à perte, cette produc-
tion, après une durée plus ou moins lon-
' gue, , doit fatalement, un jour ou Vautre,
's'arrêter...
Il se produit à cet égard une élimina-
tion implacable, les mieux doués, les plus
forts prenant automatiquement, impi-
toyablcment la place des plus faibles.
**
Seulement, toutes sortes de raisons,
qui ne sont presque jamais du domaine
économique, viennent retarder, contra-
rier cette sélection.
I Les intéressés, aussitôt qu'ils se sen-
l ioif menacés, prennent de plus en plus
' l'habitude de se tourner vers l'Etat, con-
Ê iidéré comme une Providence dont la
f Voûté et aussi la richesse seraient inépui-
t sables. Ce dernier, très accessible et
I' très influençable, finit par se laisser
§ fléchir. Il octroie généreusement son
I opj9Mt qui s'opère aux frais du Trésor,
^ i est -à-dire, finalement, des contribua-
C'est la communauté, l'ensemble des
{lles.
citoyens qui se trouvent ainsi appelés à
opérer le sauvetage de telles ou telles
entreprises, après qu'elles se sont révé-
lées incapables de se ,sauver elles-mêmes.
Le malheur est que les ressources de
y ' l'Etat ne sont pas infinies. Un moment
vient — il est déjà venu — où ses jLépen-
ses dépassent très sensiblement ses re-
celtes.
1 Il s'agit de combler ce déficit, ce qui
> représente une opération d'autant plus
rna/aisée qu'un peuple ne passe pas sans
douleur de la période des largesses à
celle des restrictions. On s'adapte très
vite à la vie facile, au moindre effort, et
: l'Etat qui vient au secours d'une entre-
frise accorde, par le fait même, une hypo-
, thèque sur ses biens à toutes les entrepri-
ses. Il a vite fait, au bout dit compte, de
pendre figure de compagnie d'assuran-
ces contre toutes les sortes connues ou
| inconnues de calamités collectives.
i #
j } Cette aventure survient précisément à
t l'Etat arnéricain, qui, regorgeant de
1 Cesses, à trouvé dans leur contempla-
îl 't la folle croyance qu'elles lui don-
r a ent un pouvoir supérieur, une faculté
w lotit régenter à sa guise, de cornman-
der à l'économie nationale, qui, par mal-
• fowr, a refusé d'obéir.
Cette mystique de « l'économie diri-
gée » — invention bien moderne — a
\ Porté les Etats-Unis à sauver une banque
Par une super-banque, à constituer des
citadelles de crédits elles-mêmes domi-
\ nees par des « corporations » et des
\ (( 8uper-corporation s tant et si bien
| fie les caisses de l'Etat se sont un beau
; lour trouvées à sec, alors qu'il n)y a pas
\ encore cinq ans, le Trésor américain res-
: Situait chaque année ail contribuable une
Part de son argent versé.
Aujourd'hui, il faut donner le pas à la
r Chambre des Représentants ne les 6
v ailleurs pas marchandés ; mais on
Çoit à quelles solennelles adjuration i
le speaker dut se livrer pour obtenir h
: tote de 1.293 minions de dollars de nou
1 villes ressources budgétaires.
Les Etats-Unis n'en mourront pas, cai
leur vitalité est immense.
Mais la France, à peine remise d'uni
guerre particulièrement cruelle pour elle
a dû faire face à une crise monétaire s an
Précédeiit. 8a devise a subi une amputa
won des quatre cinquièmes. Elle est tenu
a plus de circonspection. Elle doit tou
faire Pour résister à la conjonction de
ertsçs économique et &ïfd.
Le malaise actuel, pour peu qu'o
de l'analyser ob îcctiver)ieil,,t, de 1
teduire à son essence, apparaît ainsi d'o:
Fe moral et politique, tout autant (
, sinon plus que d'ordre matériel et éC1
, nOlUlque.
Il se ramène à une question de méd
J'y!8 Possédât assez d'intelligence *
, nergie pour faire exécuter leurs sév
r es Prescriptions 1 ■
_ GRlNGOIRE.
Ne le répétez pas...
Coquin de printemps.
La Chambre ayant voté le bud-
get en un mois, le Sénat voulut
réaliser la même performance en
moins d'une semaine.
La discussion fut menée à une allure fou-
droyante. En une seule journée, 11 budgets
furent expédiés, et non des moindres puisque
se trouvaient dans ce nombre : les Affai-
res étrangères, les Colonies, la Marine mi-
litaire, le Commerce.
Les 32 articles du budget des Pensions
prirent 2 minutes 1/2.
A la fin de la séance, le président féli-
cita ses collègues.
-— Vous avez trouvé, leur dit-il, dans
l'ingrate discussion budgétaire, l'occasion
d'une éclatante démonstration de vitalité.
-— C'est l'effet du printemps ! lui répon-
dit M. Fernand Rabier, que ses soixante
dix-sept ans n'empêchent pas d'être l'enfant
terrible du Luxembourg.
0
Le samedi de Pâques, le Sénat décida
de tenir une séance de nuit. Mais M. Jean-
neney s'écria :
— Il avait été cependant entendu que
nous ne ferions pas de séances nocturnes, en
raison du grand âge de certains d'entre
nous.
M. de Las Cases observa :
— Il y a bien d'autres choses que cer-
tains d'entre nous ne devraient pas faire, à
cause de leur grand âge, et qu'ils font
quand même !
Apaisement.
De l'avis général, les deux dis-
cours que prononcèrent M. André
Tardieu, sur la politique étran-
gère, et M. Flandin sur la situa-
tion de nos finances, contribuèrent à rétablir
l'apaisement au Sénat.
Dès le début du débat budgétaire, tou-
tefois, on avait vu quelques endurcis se
montrer favorables à une nouvelle levée de
boucliers.
On parlait à mots couverts de réclamer
l'affichage, dans les communes de France,
de tous les discours antigouvernementaux.
Ces suggestions n'eurent aucun écho. Et
même, pour marquer leur désapprobation,
les orateurs qualifiés décidèrent de modérer
encore leurs critiques.
Voix française.
M. André Tardieu brossa, à
larges traits, un tableau complet de
notre activité diplomatique, ap-
puyée sur le respect des traités. Il
termina sur une formule magistrale, qui fut
couverte d'applaudissements.
— Si les crédits se sont gelés, nous n'ac-
cepterons pas que les signatures subissent le
même sort ! -
Rien ne sert de courir.
L'opposition fait grief au Gouvernement
de n'avoir pas fixé depuis longtemps la date
des élections.
; Recherches faites, la date des élections .
est 'généralement fixée dans la semaine qui
suit la séparation des Chambres. En 1928,
le décret convoquant les électeurs fut même
postérieur de neuf jours à cette séparation. t
Il n'y avait donc pas lieu de déroger aux
précédents, et de céder aux injonctions de
l'opposition, en ouvrant longtemps à l'a-
vance la période électorale.
L'esprit démocratique, au surplus, s'in-
surge à l'idée qu'on puisse demander au
Gouvernement, — dont la liberté d'initia-
tive est absolue en la matière, — de se dé-
cider d'après les aspirations particulières
d'un ou de plusieurs groupes.
N B
L'œil de Moscou.
Notre excellent ami et collabo-
rateur Geo London publie dans
Le Journal la précieuse enquête
dont il est allé chercher les éléments
en Koumame, sur 1 exode des paysans rus-
ses, victimes du plan quinquennal.
v Quand il se mit en route, il eut l'impres-
sion d'être filé par des agents soviétiques.
De fait, L'Humanité publia, quelques
jours après, un certain nombre de détails
de son voyage dont il n'avait pas fait-état,
notamment l'entrevue qu'il eut avec le roi de
Roumanie, et qui était d'ordre strictement
privé. L'Humanité indiqua également que
des personnalités l'avaient accompagné à la
gare lors de son retour de Roumanie, et elle
donna le nom de l'une d'entre elles.
0
Ce n'est pas la première fois que le bril-
lant journaliste voit les Soviets s'occuper
de ses allées et venues.
En 1927, au moment où il quitta la i
Russie, après une enquête qui est restée
un remarquable témoignage, il constata que
ses bagages avaient été visités par des mains
expertes. On comprend qu'il n'ait pas été
sans inquiétude sur le sort d'un lot de pho-
togr àp!hi es - montrant l'ampleur du mouve-
ment d'exode des populations, l'importance
des forces soviétiques chargées de le répri-
mer sans pitié,- et la cruauté des exécutions
sommaires.
Instruit cette fois par l'expérience, il a
pris soin d'expédier, la veille de son départ,
l'un de ses amis auquel il les avait con- 1
fiées.
Du sang sur la glace.
Pour encourager les gardes rou-
ges à fusiller sans pitié les paysans
russes qui tentent de franchir les
glaces du Dniester pour se réfugier
en Roumanie, les boviets ont constitue un
système de primes. Il n'est pas rare de voir,
au petit jour, les exécuteurs se disputer un
cadavre.
Devant l'ampleur du mouvement d'exode,
les Soviets ont expédié sur place un com-
missaire du peuple. Le soir de sa venue,
ce fut un véritable massacre. Les gardes
avaient été, sur son ordre, remplacés. Or,
leurs prédécesseurs avaient reçu de l'argent
pour laisser passer un certain nombre de
fugitifs. Quand ces malheureux s'engagè-
rent, femmes, vieillards, enfants, sur la route
glissante du salut, les fusils crépitèrent ins-
tantanément.
Sur un seul secteur, le lendemain ma-
tin, on ramassa vingt-deux morts.
« Rue du Conventionnel-Chiappe ».
Les rues de Paris content les
beautés de l'histoire de France.
C'est dans cet esprit que le Con-
seil municipal a décide de perpé-
tuer le nom et le souvenir d Ange LhIappe,
membre et secrétaire de la Convention na-
tionale, que le Comité de salut public
envoya à l'armée des Alpes et d'Italie où
il se distingua par une rare fermeté et un
mépris du danger qui lui valurent les plus
grands éloges officiels.
C'était aussi un homme de cœur, puis-
qu'il tint cachés, chez lui, plusieurs pros-
crits gircndins tels Vergniaud, Gensonné et
Guadet. et fut arrêté pour avoir recueilli
et abrité Bouchereau. de l'Aisne.
, La vie d'Ange Chiappe abonde en traits
de bravoure et de générosité. Elle reste
à écrire. En attendant, cet aïeul de notre
préfet de Police est assuré du souvenir de
la cité parisienne, où il s'était retiré avec
une modestie digne de ses nombreux ex-
ploits.
L'éléphant dans le magasin
de porcelaines.
La petite île méditerranéenne de
Malte, colonie anglaise jouissant
d'un gouvernement autonome, a
été le théâtre, il y a quelques jours,
l~ 1 i-' ■ .' -
d un incident curieux. '
M. Giunta, sous-secrétaire d'Etat à la
présidence du Conseil d'Italie, y débarqua
en grande pompe pour saluer les facistes
de l'endroit. Le consul italien l'attendait au
débarcadère, en grand uniforme. Mais
M. Giunta, dès qu'il l'aperçut, lui dit en
hurlant :
— Et votre chemise noire, monsieur !...
Le consul n'eut même pas le temps d'ou-
vrir la bouche. M. Giunta ajouta sur le
même ton :
— Nous sommes ici en territoire ita-
lien ! Il faut montrer à ces gens-là ce qu'est
le fascisme ! .
Un journal anglais a spirituellement ré-
duit l'incident à sa portée véritable, en don-
nant comme titre au récit du débarquement
de M. Giunta à Malte :
Une rixe entre Italiens.
Un revenant.
Le parti libéral anglais, jadis
maître incontesté de l'Angleterre,
est aujourd'hui réduit à sa plus 1
simple expression puisqu'il ne com-
. 1 a & T i i -
prend que quatre unîtes : ivi. JLioya ueorge, 1
qui en est le chef, son fils, son gendre, et sa
fille.
— M. Lloyd George n'est plus qu'un
chef de famille, avait dit M. Baldwin, au
lendemain des élections écrasantes qui
avaient consacré la déchéance du parti li-
béral.
Il avait ajouté :
— Le parti libéral anglais compte tout
juste de quoi remplir un taxi !
O
On croyait que M. Lloyd George avait
mis à profit les loisirs que lui procurait son
éloignement du pouvoir pour méditer sur
ses fautes et regretter ses palinodies.
Or, il était occupé à tout autre chose,
témoin son livre de Mémoires qui vient de
paraître, et qui a la prétention ingénue d'être
un acte d'accusation contre la France.
Quand on demanda à M. Chamberlain
ce qu'il en pensait, il laissa tomber cette
parole méprisante :
— Le bonheur d'être anglais serait
complet s'il ne fallait pas le partager avec J
M. Lloyd George !
Un ennemi des Anglais.
M. de Valera, que de récentes élections
viennent de faire le chef de l'Etat d'Ir-
lande, est un homme redouté des Anglais,
car il joint la patience à l'intransigeance.
Il avait prophétisé sa victoire en ces ter-
mes humoristiques :
— L'Anglais se figure,' quand il crache
en l'air, que Dieu bouleversera l'ordre des
choses pour empkher qu'il lui en retombe
quelque chose sur le nez.
Réformer l'Etat !
Parmi les tâches qui incombe-
ront à la législature prochaine,
celle de réformer l'Etat est des
plus urgentes. MM. de Monzie,
Henry de Jouvenel, Joseph bartheiemy |
l'ont précisée dans des interventions qui j
n'ont pas été oubliées. |
Le gouvernement est d'ailleurs entré dans
cette voie en chargeant M. Paul Reynaud,
ministre de la Justice, du contrôle des ad-
ministrations publiques et des marchés.
0
Un incident récent témoigne que les erre-
ments des administrations publiques en ma-
tière de contrôle ne datent pas d'hier.
Un fournisseur de l'Etat avait reçu de
telles avances que le matériel livré se trou-
vait payé deux fois. Il répondit à ses accu-
sateurs :
— Je ne suis pas un voleur, mais seule-
ment un plagiaire.
Et il montra, par une éloquente énumé-
ration, qu'il n'avait fait qu'appliquer un sys-
tème dont une longue suite de fournisseurs
s'étaient rendus coupables avant lui.
GRINGOIKE commencera la semaine prochaine la publication de :
JANE
grande nouvelle inédite de W. SOMERSET MAUGHAM
(texte français de Mme E. R. BLANCHET)
- Ces gredins d'hommes ! C'est plus fort qu'eux, faut qu'ils se retournent 1
quand passe une jolie femme.
h ' / lb
Le présent numéro à été liré à 267.550 exem-
plaires dont 248.500 exemplaires ont été remis
aux Messageries Hachette (bon de commande du
30 mars 1932) , Tout lecteur est autorisé à de-
mander confirmation de ce chiffre aux Message-
ries Hachette.
PAGE 2 :
L'amour chez les Soviets, enquête
inédite de Louis-Charles Royer.
PAGE 3 :
Maeterlinck, par René Kerdyk.
Sept jours, sept nuits, par André
Lang.
PAGE 4 • .
La critique littéraire, par André
Billy.
Avec M. Edouard Herriot, par
Marcel Augagneur.
PAGE 5 : .
Sur le front Atlartique, par Paul
Chack.
I PAGE 6 :
La nuit de Padoue, nouvelfe iné-
dite. de Nicolas Ségur.
PAGE 7 :
Cannes, lé jour de Pâques, par
Pierre de Régnier.
La critique judiciaire, par Geo
London.
PAGE La critique dramatique, par Henry
Torrès.
?ALégionnaires, par Ferri-Pisani, ....J
(/
BONHEUR
Nouvelle inédite
le Ventura GARCIA CALDERON
Au quartier des Invalides, le printemps
arrive plus vite qu'ailleurs, dans un temps
record. Vu d'un avion, cela doit sembler une
seule pépinière. Soudain, tant de parcs inté-
rieurs se touchant les coudes pavoisent de
sommet en sommet. Et, quand l,a folie verte
arrive ailleurs, ici, c'est une vieille histoire.
C'est seulement au printemps que l'on y
voit Mme Carlin. Elle se défend encore bien,
Mme Carlin, avec un tout petit retard dans
ses modes. Elle laissera, par exemple, sur-
plomber son chapeau sur les cheveux lorsque
l'usage est de les enfoncer; et son manteau
d'astrakan même... Les astrakans de igoi.
n'avaient pas la toison si frisée que ceux,
plus bolchevistes, de maintenant. Par con-
tre, elle a gardé intact son délicieux sourire
de luxe qui fait dire aux gens du quartier :
« Elle n'est pas fière du tout, pas trop Liante
cependant. »
Mais à'ce petit square des Invalides, com-
ment ne pas faire des amitiés quand tous
les assidus deviennent une sorte de grande
famille. Il y a le couple d'amoureux enlacés
confortablement pour la vie; il y a la midi-
nette qui partage son bien avec un moineau;!
il y a l'homme sandwich. A part 'les sta-
tues des jardins, nul être au monde ne sa-
voure mieux la vie que l'homme sandwich
lorsqu'il vient appuyer contre un banc sa
carapace qui promet un philanthropique res-
taurant à trois francs cinquante.
Mme Carlin traîne après elle un paquet
de poils, cohérent et mobile, parfois entr'ou-
vert pour découvrir un œil chagrin et
un' bout de langue attendrie. Cela répond au
nom de Miette.
Ce fut justement par des ordonnances de
vétérinaire et des extases en duo sur l'âme
insondable des chiens que débuta l'amitié de
Mme Carlin avec cette autre habituée du
square, Mme Arlette, qui traîne à sa suite
un système confus de poils et d'aboiements,
jamais d'accord avec le monde et les rè-
glements de police. Cela se nomme Bijou.
Aussi, après l'hiver très vif qui laissait le
petit square sous la surveillance des clo-
chards, aux premiers jours attiédis, les deux
amies s'embrassèrent ' d'iftl: 'èfcUî~ réciproque.
Leur chiens, plus impulsifs, s'étaient déjà
confié bien des choses dans un reniflement.
Alors i a plus âgée proposa à cette petite
Mme Arlette de se voir chez elles et de
connaître enfin cet appartement dont Mme
Carlin avait maintes fois vanté la vue sur
un siplendide jardin solitaire.
Le lendemain, celle-ci vint elle-même ou-
vrir et fit passer son amie, de l'entrée sombre
à l'immense salle à manger dont les deux fe-
nêtres ouvraient sur le vide étincelant. Puis,
avec une sorte de brusquerie, comme on se
décide à un aveu difficile, elle prononça d'une
voix qui tâchait de ne pas paraître gênée :
— Je vous présente mon grand chéri.
1 Un homme, assis devant une fenêtre, dans
[ son fauteuil roulant, demeura immobile et
ne détourna même pas la tête. Malgré la
soixantaine probable, une fraîcheur éton-
nante était dans l'incarnat des joues, dans la
moustache à la gauloise, blonde encore com-
me les cheveux taillés en brosse dénudant
l'ossature de la tête énergique. Un ancien
militaire, sans doute. Sous les sourcils deve-
nus broussailleux, deux puits d'azur regar-
daient sans voir. Mme Carlin avertit son
amie d'une voix étrangement calme et .ten-
dre.
— Excusez-le, il est impotent. Autrefois,
il parlait un peu. Mais, depuis des années
et des années, il est comme ça... Non, le pau-
vre chéri ne souffre pas. Il est heureux.
Mme Carlin rectifia sur la tête de l'inva-
lide la moustache tombante qu'un souffle
printanier avait éparpillée et invita son amie
à venir voir de la fenêtre le jardin aminci
et vieillot, déjà touché par la fièvre d'avril.
Au bout d'une géométrie de fusains babil-
lait une fontaine folle, et les moineaux ve-
I , ".née.. V 178
12 PAGES a 75 CENTIMES
Vendredi 1" Avril 1932
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1
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confort, fonnes nouvelles.
Depuis ........ 4 175 Ir.
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LA FIN
DE LA CRISE ?
< l yerrons-nous prochainement la fin de
i la est la question que l'univers se
* "lr non sans la Plus vive anxiété.
nL épreuves comme celles que nous
1 Z,L en train de traverser, assure- <
H * V u, monde en a connu d" au t,-,1 es, en- :
ï- Zr Z 'aue celle-ci soit une des plus sévè- :
r a f il ait elles a ' SM&;r.
F'1 ■ tL plus longues duraient deux ou
! "trois «», «l» ès qUOt - elles prenaient fin
: îr% sera-t-il de même cette fois encore f
\ f ms ne devrions pas, dans ce cas,
Mre très éloignés du terme. t
Peut-on, distinguer, des mai,-tteitant, ,
les sir/nes précurseurs du rétablisse-
l ment? La reprise très nette des valeurs bour-
'sièl'es " illdique-t-elle le retour de la con-
m^Si'les facteurs économiques étaient les
t A. en, jeu, il est certain que l'excès
8 dit mal apporterait de lui-même
| le remède..
1 L Mais sont-ils les seuls en jeu Y
i P Tout abus de production tend, par
If l'impossibilité de trouver des débouchés,
| ï à se réduire, à se corriger de lui-même.
! Aucune entreprise, agricole ou indus-
trielle, usine même, ne pouvant indéfi-
S liment produire à perte, cette produc-
tion, après une durée plus ou moins lon-
' gue, , doit fatalement, un jour ou Vautre,
's'arrêter...
Il se produit à cet égard une élimina-
tion implacable, les mieux doués, les plus
forts prenant automatiquement, impi-
toyablcment la place des plus faibles.
**
Seulement, toutes sortes de raisons,
qui ne sont presque jamais du domaine
économique, viennent retarder, contra-
rier cette sélection.
I Les intéressés, aussitôt qu'ils se sen-
l ioif menacés, prennent de plus en plus
' l'habitude de se tourner vers l'Etat, con-
Ê iidéré comme une Providence dont la
f Voûté et aussi la richesse seraient inépui-
t sables. Ce dernier, très accessible et
I' très influençable, finit par se laisser
§ fléchir. Il octroie généreusement son
I opj9Mt qui s'opère aux frais du Trésor,
^ i est -à-dire, finalement, des contribua-
C'est la communauté, l'ensemble des
{lles.
citoyens qui se trouvent ainsi appelés à
opérer le sauvetage de telles ou telles
entreprises, après qu'elles se sont révé-
lées incapables de se ,sauver elles-mêmes.
Le malheur est que les ressources de
y ' l'Etat ne sont pas infinies. Un moment
vient — il est déjà venu — où ses jLépen-
ses dépassent très sensiblement ses re-
celtes.
1 Il s'agit de combler ce déficit, ce qui
> représente une opération d'autant plus
rna/aisée qu'un peuple ne passe pas sans
douleur de la période des largesses à
celle des restrictions. On s'adapte très
vite à la vie facile, au moindre effort, et
: l'Etat qui vient au secours d'une entre-
frise accorde, par le fait même, une hypo-
, thèque sur ses biens à toutes les entrepri-
ses. Il a vite fait, au bout dit compte, de
pendre figure de compagnie d'assuran-
ces contre toutes les sortes connues ou
| inconnues de calamités collectives.
i #
j } Cette aventure survient précisément à
t l'Etat arnéricain, qui, regorgeant de
1 Cesses, à trouvé dans leur contempla-
îl 't la folle croyance qu'elles lui don-
r a ent un pouvoir supérieur, une faculté
w lotit régenter à sa guise, de cornman-
der à l'économie nationale, qui, par mal-
• fowr, a refusé d'obéir.
Cette mystique de « l'économie diri-
gée » — invention bien moderne — a
\ Porté les Etats-Unis à sauver une banque
Par une super-banque, à constituer des
citadelles de crédits elles-mêmes domi-
\ nees par des « corporations » et des
\ (( 8uper-corporation s tant et si bien
| fie les caisses de l'Etat se sont un beau
; lour trouvées à sec, alors qu'il n)y a pas
\ encore cinq ans, le Trésor américain res-
: Situait chaque année ail contribuable une
Part de son argent versé.
Aujourd'hui, il faut donner le pas à la
r
v ailleurs pas marchandés ; mais on
le speaker dut se livrer pour obtenir h
: tote de 1.293 minions de dollars de nou
1 villes ressources budgétaires.
Les Etats-Unis n'en mourront pas, cai
leur vitalité est immense.
Mais la France, à peine remise d'uni
guerre particulièrement cruelle pour elle
a dû faire face à une crise monétaire s an
Précédeiit. 8a devise a subi une amputa
won des quatre cinquièmes. Elle est tenu
a plus de circonspection. Elle doit tou
faire Pour résister à la conjonction de
ertsçs économique et &ïfd.
Le malaise actuel, pour peu qu'o
de l'analyser ob îcctiver)ieil,,t, de 1
teduire à son essence, apparaît ainsi d'o:
Fe moral et politique, tout autant (
, sinon plus que d'ordre matériel et éC1
, nOlUlque.
Il se ramène à une question de méd
J'y!8 Possédât assez d'intelligence *
, nergie pour faire exécuter leurs sév
r es Prescriptions 1 ■
_ GRlNGOIRE.
Ne le répétez pas...
Coquin de printemps.
La Chambre ayant voté le bud-
get en un mois, le Sénat voulut
réaliser la même performance en
moins d'une semaine.
La discussion fut menée à une allure fou-
droyante. En une seule journée, 11 budgets
furent expédiés, et non des moindres puisque
se trouvaient dans ce nombre : les Affai-
res étrangères, les Colonies, la Marine mi-
litaire, le Commerce.
Les 32 articles du budget des Pensions
prirent 2 minutes 1/2.
A la fin de la séance, le président féli-
cita ses collègues.
-— Vous avez trouvé, leur dit-il, dans
l'ingrate discussion budgétaire, l'occasion
d'une éclatante démonstration de vitalité.
-— C'est l'effet du printemps ! lui répon-
dit M. Fernand Rabier, que ses soixante
dix-sept ans n'empêchent pas d'être l'enfant
terrible du Luxembourg.
0
Le samedi de Pâques, le Sénat décida
de tenir une séance de nuit. Mais M. Jean-
neney s'écria :
— Il avait été cependant entendu que
nous ne ferions pas de séances nocturnes, en
raison du grand âge de certains d'entre
nous.
M. de Las Cases observa :
— Il y a bien d'autres choses que cer-
tains d'entre nous ne devraient pas faire, à
cause de leur grand âge, et qu'ils font
quand même !
Apaisement.
De l'avis général, les deux dis-
cours que prononcèrent M. André
Tardieu, sur la politique étran-
gère, et M. Flandin sur la situa-
tion de nos finances, contribuèrent à rétablir
l'apaisement au Sénat.
Dès le début du débat budgétaire, tou-
tefois, on avait vu quelques endurcis se
montrer favorables à une nouvelle levée de
boucliers.
On parlait à mots couverts de réclamer
l'affichage, dans les communes de France,
de tous les discours antigouvernementaux.
Ces suggestions n'eurent aucun écho. Et
même, pour marquer leur désapprobation,
les orateurs qualifiés décidèrent de modérer
encore leurs critiques.
Voix française.
M. André Tardieu brossa, à
larges traits, un tableau complet de
notre activité diplomatique, ap-
puyée sur le respect des traités. Il
termina sur une formule magistrale, qui fut
couverte d'applaudissements.
— Si les crédits se sont gelés, nous n'ac-
cepterons pas que les signatures subissent le
même sort ! -
Rien ne sert de courir.
L'opposition fait grief au Gouvernement
de n'avoir pas fixé depuis longtemps la date
des élections.
; Recherches faites, la date des élections .
est 'généralement fixée dans la semaine qui
suit la séparation des Chambres. En 1928,
le décret convoquant les électeurs fut même
postérieur de neuf jours à cette séparation. t
Il n'y avait donc pas lieu de déroger aux
précédents, et de céder aux injonctions de
l'opposition, en ouvrant longtemps à l'a-
vance la période électorale.
L'esprit démocratique, au surplus, s'in-
surge à l'idée qu'on puisse demander au
Gouvernement, — dont la liberté d'initia-
tive est absolue en la matière, — de se dé-
cider d'après les aspirations particulières
d'un ou de plusieurs groupes.
N B
L'œil de Moscou.
Notre excellent ami et collabo-
rateur Geo London publie dans
Le Journal la précieuse enquête
dont il est allé chercher les éléments
en Koumame, sur 1 exode des paysans rus-
ses, victimes du plan quinquennal.
v Quand il se mit en route, il eut l'impres-
sion d'être filé par des agents soviétiques.
De fait, L'Humanité publia, quelques
jours après, un certain nombre de détails
de son voyage dont il n'avait pas fait-état,
notamment l'entrevue qu'il eut avec le roi de
Roumanie, et qui était d'ordre strictement
privé. L'Humanité indiqua également que
des personnalités l'avaient accompagné à la
gare lors de son retour de Roumanie, et elle
donna le nom de l'une d'entre elles.
0
Ce n'est pas la première fois que le bril-
lant journaliste voit les Soviets s'occuper
de ses allées et venues.
En 1927, au moment où il quitta la i
Russie, après une enquête qui est restée
un remarquable témoignage, il constata que
ses bagages avaient été visités par des mains
expertes. On comprend qu'il n'ait pas été
sans inquiétude sur le sort d'un lot de pho-
togr àp!hi es - montrant l'ampleur du mouve-
ment d'exode des populations, l'importance
des forces soviétiques chargées de le répri-
mer sans pitié,- et la cruauté des exécutions
sommaires.
Instruit cette fois par l'expérience, il a
pris soin d'expédier, la veille de son départ,
l'un de ses amis auquel il les avait con- 1
fiées.
Du sang sur la glace.
Pour encourager les gardes rou-
ges à fusiller sans pitié les paysans
russes qui tentent de franchir les
glaces du Dniester pour se réfugier
en Roumanie, les boviets ont constitue un
système de primes. Il n'est pas rare de voir,
au petit jour, les exécuteurs se disputer un
cadavre.
Devant l'ampleur du mouvement d'exode,
les Soviets ont expédié sur place un com-
missaire du peuple. Le soir de sa venue,
ce fut un véritable massacre. Les gardes
avaient été, sur son ordre, remplacés. Or,
leurs prédécesseurs avaient reçu de l'argent
pour laisser passer un certain nombre de
fugitifs. Quand ces malheureux s'engagè-
rent, femmes, vieillards, enfants, sur la route
glissante du salut, les fusils crépitèrent ins-
tantanément.
Sur un seul secteur, le lendemain ma-
tin, on ramassa vingt-deux morts.
« Rue du Conventionnel-Chiappe ».
Les rues de Paris content les
beautés de l'histoire de France.
C'est dans cet esprit que le Con-
seil municipal a décide de perpé-
tuer le nom et le souvenir d Ange LhIappe,
membre et secrétaire de la Convention na-
tionale, que le Comité de salut public
envoya à l'armée des Alpes et d'Italie où
il se distingua par une rare fermeté et un
mépris du danger qui lui valurent les plus
grands éloges officiels.
C'était aussi un homme de cœur, puis-
qu'il tint cachés, chez lui, plusieurs pros-
crits gircndins tels Vergniaud, Gensonné et
Guadet. et fut arrêté pour avoir recueilli
et abrité Bouchereau. de l'Aisne.
, La vie d'Ange Chiappe abonde en traits
de bravoure et de générosité. Elle reste
à écrire. En attendant, cet aïeul de notre
préfet de Police est assuré du souvenir de
la cité parisienne, où il s'était retiré avec
une modestie digne de ses nombreux ex-
ploits.
L'éléphant dans le magasin
de porcelaines.
La petite île méditerranéenne de
Malte, colonie anglaise jouissant
d'un gouvernement autonome, a
été le théâtre, il y a quelques jours,
l~ 1 i-' ■ .' -
d un incident curieux. '
M. Giunta, sous-secrétaire d'Etat à la
présidence du Conseil d'Italie, y débarqua
en grande pompe pour saluer les facistes
de l'endroit. Le consul italien l'attendait au
débarcadère, en grand uniforme. Mais
M. Giunta, dès qu'il l'aperçut, lui dit en
hurlant :
— Et votre chemise noire, monsieur !...
Le consul n'eut même pas le temps d'ou-
vrir la bouche. M. Giunta ajouta sur le
même ton :
— Nous sommes ici en territoire ita-
lien ! Il faut montrer à ces gens-là ce qu'est
le fascisme ! .
Un journal anglais a spirituellement ré-
duit l'incident à sa portée véritable, en don-
nant comme titre au récit du débarquement
de M. Giunta à Malte :
Une rixe entre Italiens.
Un revenant.
Le parti libéral anglais, jadis
maître incontesté de l'Angleterre,
est aujourd'hui réduit à sa plus 1
simple expression puisqu'il ne com-
. 1 a & T i i -
prend que quatre unîtes : ivi. JLioya ueorge, 1
qui en est le chef, son fils, son gendre, et sa
fille.
— M. Lloyd George n'est plus qu'un
chef de famille, avait dit M. Baldwin, au
lendemain des élections écrasantes qui
avaient consacré la déchéance du parti li-
béral.
Il avait ajouté :
— Le parti libéral anglais compte tout
juste de quoi remplir un taxi !
O
On croyait que M. Lloyd George avait
mis à profit les loisirs que lui procurait son
éloignement du pouvoir pour méditer sur
ses fautes et regretter ses palinodies.
Or, il était occupé à tout autre chose,
témoin son livre de Mémoires qui vient de
paraître, et qui a la prétention ingénue d'être
un acte d'accusation contre la France.
Quand on demanda à M. Chamberlain
ce qu'il en pensait, il laissa tomber cette
parole méprisante :
— Le bonheur d'être anglais serait
complet s'il ne fallait pas le partager avec J
M. Lloyd George !
Un ennemi des Anglais.
M. de Valera, que de récentes élections
viennent de faire le chef de l'Etat d'Ir-
lande, est un homme redouté des Anglais,
car il joint la patience à l'intransigeance.
Il avait prophétisé sa victoire en ces ter-
mes humoristiques :
— L'Anglais se figure,' quand il crache
en l'air, que Dieu bouleversera l'ordre des
choses pour empkher qu'il lui en retombe
quelque chose sur le nez.
Réformer l'Etat !
Parmi les tâches qui incombe-
ront à la législature prochaine,
celle de réformer l'Etat est des
plus urgentes. MM. de Monzie,
Henry de Jouvenel, Joseph bartheiemy |
l'ont précisée dans des interventions qui j
n'ont pas été oubliées. |
Le gouvernement est d'ailleurs entré dans
cette voie en chargeant M. Paul Reynaud,
ministre de la Justice, du contrôle des ad-
ministrations publiques et des marchés.
0
Un incident récent témoigne que les erre-
ments des administrations publiques en ma-
tière de contrôle ne datent pas d'hier.
Un fournisseur de l'Etat avait reçu de
telles avances que le matériel livré se trou-
vait payé deux fois. Il répondit à ses accu-
sateurs :
— Je ne suis pas un voleur, mais seule-
ment un plagiaire.
Et il montra, par une éloquente énumé-
ration, qu'il n'avait fait qu'appliquer un sys-
tème dont une longue suite de fournisseurs
s'étaient rendus coupables avant lui.
GRINGOIKE commencera la semaine prochaine la publication de :
JANE
grande nouvelle inédite de W. SOMERSET MAUGHAM
(texte français de Mme E. R. BLANCHET)
- Ces gredins d'hommes ! C'est plus fort qu'eux, faut qu'ils se retournent 1
quand passe une jolie femme.
h ' / lb
Le présent numéro à été liré à 267.550 exem-
plaires dont 248.500 exemplaires ont été remis
aux Messageries Hachette (bon de commande du
30 mars 1932) , Tout lecteur est autorisé à de-
mander confirmation de ce chiffre aux Message-
ries Hachette.
PAGE 2 :
L'amour chez les Soviets, enquête
inédite de Louis-Charles Royer.
PAGE 3 :
Maeterlinck, par René Kerdyk.
Sept jours, sept nuits, par André
Lang.
PAGE 4 • .
La critique littéraire, par André
Billy.
Avec M. Edouard Herriot, par
Marcel Augagneur.
PAGE 5 : .
Sur le front Atlartique, par Paul
Chack.
I PAGE 6 :
La nuit de Padoue, nouvelfe iné-
dite. de Nicolas Ségur.
PAGE 7 :
Cannes, lé jour de Pâques, par
Pierre de Régnier.
La critique judiciaire, par Geo
London.
PAGE La critique dramatique, par Henry
Torrès.
?ALégionnaires, par Ferri-Pisani, ....J
(/
BONHEUR
Nouvelle inédite
le Ventura GARCIA CALDERON
Au quartier des Invalides, le printemps
arrive plus vite qu'ailleurs, dans un temps
record. Vu d'un avion, cela doit sembler une
seule pépinière. Soudain, tant de parcs inté-
rieurs se touchant les coudes pavoisent de
sommet en sommet. Et, quand l,a folie verte
arrive ailleurs, ici, c'est une vieille histoire.
C'est seulement au printemps que l'on y
voit Mme Carlin. Elle se défend encore bien,
Mme Carlin, avec un tout petit retard dans
ses modes. Elle laissera, par exemple, sur-
plomber son chapeau sur les cheveux lorsque
l'usage est de les enfoncer; et son manteau
d'astrakan même... Les astrakans de igoi.
n'avaient pas la toison si frisée que ceux,
plus bolchevistes, de maintenant. Par con-
tre, elle a gardé intact son délicieux sourire
de luxe qui fait dire aux gens du quartier :
« Elle n'est pas fière du tout, pas trop Liante
cependant. »
Mais à'ce petit square des Invalides, com-
ment ne pas faire des amitiés quand tous
les assidus deviennent une sorte de grande
famille. Il y a le couple d'amoureux enlacés
confortablement pour la vie; il y a la midi-
nette qui partage son bien avec un moineau;!
il y a l'homme sandwich. A part 'les sta-
tues des jardins, nul être au monde ne sa-
voure mieux la vie que l'homme sandwich
lorsqu'il vient appuyer contre un banc sa
carapace qui promet un philanthropique res-
taurant à trois francs cinquante.
Mme Carlin traîne après elle un paquet
de poils, cohérent et mobile, parfois entr'ou-
vert pour découvrir un œil chagrin et
un' bout de langue attendrie. Cela répond au
nom de Miette.
Ce fut justement par des ordonnances de
vétérinaire et des extases en duo sur l'âme
insondable des chiens que débuta l'amitié de
Mme Carlin avec cette autre habituée du
square, Mme Arlette, qui traîne à sa suite
un système confus de poils et d'aboiements,
jamais d'accord avec le monde et les rè-
glements de police. Cela se nomme Bijou.
Aussi, après l'hiver très vif qui laissait le
petit square sous la surveillance des clo-
chards, aux premiers jours attiédis, les deux
amies s'embrassèrent ' d'iftl: 'èfcUî~ réciproque.
Leur chiens, plus impulsifs, s'étaient déjà
confié bien des choses dans un reniflement.
Alors i a plus âgée proposa à cette petite
Mme Arlette de se voir chez elles et de
connaître enfin cet appartement dont Mme
Carlin avait maintes fois vanté la vue sur
un siplendide jardin solitaire.
Le lendemain, celle-ci vint elle-même ou-
vrir et fit passer son amie, de l'entrée sombre
à l'immense salle à manger dont les deux fe-
nêtres ouvraient sur le vide étincelant. Puis,
avec une sorte de brusquerie, comme on se
décide à un aveu difficile, elle prononça d'une
voix qui tâchait de ne pas paraître gênée :
— Je vous présente mon grand chéri.
1 Un homme, assis devant une fenêtre, dans
[ son fauteuil roulant, demeura immobile et
ne détourna même pas la tête. Malgré la
soixantaine probable, une fraîcheur éton-
nante était dans l'incarnat des joues, dans la
moustache à la gauloise, blonde encore com-
me les cheveux taillés en brosse dénudant
l'ossature de la tête énergique. Un ancien
militaire, sans doute. Sous les sourcils deve-
nus broussailleux, deux puits d'azur regar-
daient sans voir. Mme Carlin avertit son
amie d'une voix étrangement calme et .ten-
dre.
— Excusez-le, il est impotent. Autrefois,
il parlait un peu. Mais, depuis des années
et des années, il est comme ça... Non, le pau-
vre chéri ne souffre pas. Il est heureux.
Mme Carlin rectifia sur la tête de l'inva-
lide la moustache tombante qu'un souffle
printanier avait éparpillée et invita son amie
à venir voir de la fenêtre le jardin aminci
et vieillot, déjà touché par la fièvre d'avril.
Au bout d'une géométrie de fusains babil-
lait une fontaine folle, et les moineaux ve-
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