Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1888-01-11
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 janvier 1888 11 janvier 1888
Description : 1888/01/11 (A22,N7917). 1888/01/11 (A22,N7917).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47239625
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/12/2017
seulement sur le projet d'une régence éventuelll
du prince Guillaume, mais non sur la ques-
tion de la suppléance part 'Jle. La Gazette natio-
nale maintient la version qu'elle avait donnée
et qui n'est pas contestée par la Gazette de l'Al-
lemagne du Norâ.
— Symptômes pacifiques. — La Gazette
(allemande) de Saint-Pétersbourg confirme que
la classe la plus ancienne de la cavalerie et de
l'artillerie du corps de la garde a été déjà ren-
voyée dans ses fo~ ers, et que la classe corres-
pondante de l'infanterie de la garde sera con-
gédiée dans quelques jours. Ce journal fait
remarquer que le renvoi des trompes en ques-
tion dans leurs foyers n'aurait pas lieu si tôt
si l'on croyait pouvoir avoir besoin d'elles
dans un prochain avenir, et déclare que la
mesure dont il s'agit doit être considérée
comme un symptôme pacifique.
— Les fêtes de Noël en Russie. —
Saint-Pétersbourg est dans la plus grande
animation pour les têtes de la Noël. Les rues,
couvertes d'une haute couche de neige, sont
parcourues par de nombreux équipages. Les
magasins regorgent d'acheteurs. On s'apprête
- aussi à faire honneur au prochain carnaval
par toute sorte de réjouissances. A cette épo-
que, la famille impériale reviendra dans la
capitale. En attendant, les salons de l'aristo-
. cratie ont rouvert leurs portes pour des
raouts, des bals, des soirées musicales, des
- représentations qui seront composées des
plus jolies pièces françaises.
— Colonie espagnole. — La Riforma
donne des renseignements sur l'acquisition
par l'Espagne d'une station dans la baie d'As-
sab, située non loin deMassouah dans la mer
Rouge. Elle dit qu'en arrivant au pouvoir,
M. Crispl a trouvé déjà entamée par M. De-
pretis, l'affaire relative au désir de l'Espagne
de posséder un point de la côte de la mer
Rouge comme station navale et dépôt de
charbon. Il n'y avait pas de motifs de rompre
les négociations eu égard au caractère de la
demande et aux bons rapports existants entre
l'Italie et l'Espagne.
— Conspirations en Bulgarie. —
Le Fremdenblatt de Vienne dit que, d'après
des correspondances privées qu'il a reçues de
Bulgarie, la situation dans ce pays est très
sombre. Des conspirations ont été découvertes
à Schoumla, à Routschouck et à Plevna.
Douze officiers et un grand nombre de sous-
. officiers ont été arrêtés..
L'ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE BLANQUI
Les blanquistes ont célébré dimanche, au
4 Père-Lachaise, l'anniversaire de la mort de
Blanqui. Sur la tombe, deux couronnes en
perles rouges. Sur l'une on lisait : Y-Intran-
sigeant, et sur l'autre : Le Comité révolution-
c mire eentrai. Une troisième couronne en per-
des noires avait été envoyée pai la Cri du Peu.,.
pie. 'x e
- Le général Eudes a pris le premier la pa-
role. Il a dit que Blanqui avait été pendant
presque toute sa vie méconnu par le peuple,
qui lui avait préféré des républicains teintés
de rose, ou de rouge, que si les avis du mar-
tyr avaient été suivis, la véritable Républi-
Vquô, c'est-à-dire la Révolution, gouvernerait
' la France. Cependant, une justice tardive lui
a été rendue, et'le peuple, suivant ses doctri-
nes, sait quelquefois se montrer. Il y a un
mois, c'e't grâce aux révolutionnaires socialistes
que la réaction ne l'a pas emporté en élisant
l'homme qui ne rêve que de détruire la Répu-
blique. Il a suffi, de cinquante mille hommes
sur la place de la Concorde pour faire peur
aux députés. lie jour ou tout le peuple voudra
descendre dans la rue, c'en sera fait des bourgeois
qui pillent la France et affament le Ipeuple.
N'ayons qu'un but : mettre en pratique la de-
vise de Blanqui : « Ni Dieu, ni maître »,
Le conseiller municipal Vaillant lui suc-
cède. Parlant des manifestations des pre-
miers jours de décembre l'orateur a attribué
à Blanqui l'honneur de cette doctrine prati-
que qui consiste à imposer par la force son
opinfon aux autres ; « Il nous faut soutenir
la République quelle Qu'elle soit, a-t-il
ajouté. Car je me rappelle que quand nous
- sommes rentrés de l'exil, prêts à reprendre le
* tombai et' confiants dans une vietoire prochaine,
Blanqui nous détrompait en nous disant que
le triomphe de la Révolution sociale était en-
tore loin, mais qu'il fallait à tout prix con
server la République, sans laquelle les révo-
lutionnaires socialistes ne pouvaient espérer
vaincre, car avec une réaction il nous faudrait
désespérer pour toujours ou du moins pour
longtemps. C'est pn souvenir de ces paroles
~ de Blanqui que m>us étions détidès à'tout
pour empêcher l'élection de M, Ferry. »
Le docteur Susinirend hommage aux deux
grands citoyens qui ont sauvé la République
Je 3 décembre dernier : MM. laudes et Vail-
lant., •
; Après avoir encore entendu M. Ernest Ro'
che et un délégué do Lyon qui nous révèle
que Lyon était également prêt à sauver la
République, on s'est $j*ig# vers le mur
| des fédérés. Mêmes discours au fond que sur
la tombe de Blanqui. Les orateurs ont tressé
des couronnes à Ferré, Delescluze et autres
chefs de la Commune, mais ils n'ont pas dit
un seul mot pour les fédérés inconnus tom-
bés pour avoir suivi leurs conseils. ,
UN NAUFRAGE
Parmi les événements de mer qui se sont
produits [pendant les dernières tempêtes, il
faut ranger au nombre des plus terribles la
situation désespérée du brick-goëlette fran-
çais l'Entrepreneur, dm port de Saint-Malo,
que les vents et les vagues avaient mis en
perdition à Malaga.
Poussé sur les brisants au sud du port, le
navire se serait fracassé si le capitaine n'avait
eu la chance de voir l'une de ses ancres tenir
bon: L'Entrepreneur resta ainsi pendant plus
de vingt-quatre heures au milieu d'une tem-
pête effroyable et de vagues monstrueuses
qui couvraient sans cesse le pont et faisaient
craindre, à chaque instant, la rupture de la
dernière amarre. La situation était d'autant
plus terrible à bord, qu'on y souffrait la faim.
Les provisions étaient complètement épuisées,
en effet, par suite du retard qu'avait occa-
sionné le mauvais temps à la marche du na-
vire.
Cependant la population de Malaga était
accourue sur le rivage et, dans l'impossibilité
d'organiser aucun secours, s'attendait à voir
le malheureux brick se briser sur les rochers
d'un moment à l'autre. On eut tout d'abord
l'idée de communiquer avec l'Entrepreneur
en écrivant de grosses lettres sur un mur
blanc qui faisait face à la mer. C'est de cette
façon qu'on conseilla au capitaine de laisser
venir son brick à la côte, où l'on se promet-
tait de faire l'impossible pour sauver tout le
monde. Mais ce dernier comprit le contraire
et crut qu'on l'engageait à continuer la lutte
contre les éléments. De son côté, il corres-
pondit avec les Espagnols, à l'aide de bou-
teilles dans lesquelles il plaça des lettres et
qu'il jeta à la mer après les avoir bien bou-
ehées. Les vagues qui déferlaient avec fureur
sur la rive y portèrent les bouteilles et l'on
connut l'affreuse situation de tout le person-
nel du bord. Voici une de ces missives, poi-
gnante dans son laconisme : «Le navire ta-
lonne et menace de rompre ses chalnes. En
grâce, secourez-nous 1 Nous n'avons plus ni
pain ni autre nourriture. A bord se trouve
une !passagère folle de terreur »
Peu après, au prix de difficultés inouïes, on
réussissait à établir un va-et-vient à l'aide
d'ùne ligne, entre le bord et la côte, et l'en
faisait parvenir à l'Entrepreneur un petit baril
de provisions.. C'était le commencement du
sauvetage que devait achever en moins de
deux heures un paquebot de la Compagnie
Transatlantique, la Désirade, capitaine Corno,
aperçu à l'horizon, et dont les marins allaient
donner un si éclatant exemple ce dévoue-
merit aux équipages de plusieurs vapeurs
espagnols, y compris deux vaisseaux de
guerre, qui s'étaient réfugiés dans le port,
témoins inactifs de ce danger imminent.
LES RECETTES DE MAITRE PIERRE
MENU
W - .......
.. , Consommé à la royale
Pigeonneaux aux olives ~
Filet rôti
Haricots verts aux beurre c
Tranches d'oranges au kirsch
RECETTE DU CONSOMMÉ A LA ROYALE. — Cassez
deux œufs, que vous versez entiers dans un
bol. Battez-les comme si vous vouliez faire
une omelette. Quand ils sont battus, mélan-
gez-les avec deux verres de lait. Versez le mé-
lange dans un moule uni que vous avez
bturré. Mettez du sel et du poivre et faites
cuire au bain-marie, puis laissez refroidir, et
quand ils sont froids, coupez les en petits
carrés ou en losanges. Mettez-les dans la sou-j
plère, puis versez le boulllon dessus. i
Maître Pierre.
LE TIRAGE AU SORT
La date des opérations du tirage au sort de
la classe 1887, à Paris, a été fixée par arrêté
du préfet de la Seine, de la manière suivante :
i?F arrondissement, le 23 janvier; 2° arron-
dlssemeQt, le 21; 30 arrondissement, le 25 ;
48 arrondissement, le 2ô; 59 arrondissement,
le 27: 6' arrondissement, le 28; 78 arrondis-
.. ' ... ». t
.ement, le 30; 81, arrondissement, le 31 ; 9* ar-
rondissement, le 1er février; 10a arrondisse-
ment, le 2 ; 11* arrondissement le 3; 12* ar-
rondissement, le 4; 13e arrondissement, le 6;
t 4,8 arrondissement, le 7; 15° arrondissement,
le 8; 16earrondissement, le t; 17" arrondis-
sement, le i0; i8* arrondissement, le H; 19e
arrondissement, le 13; 20. arrondissement,
le 14.
Pour ces vingt arrondissements, la vérifica-
tion des tableaux de recensement et le tirage
au sort auront lieu à midi, à la salle Saint-
Jean à l'Hôtel-de-Ville.
Pour les communes suburbaines, ces opéra-
tions s'effectueront aux mairies du chef-lieu
de canton, aux dates suivantes: le 23 janvier,
canton de Charenton ; le 25, Sceaux ; le 28,
Villejuif ; tel, février, Vincennes ; le 3, Cour-
bevoie ; le 6, Neuilly ; le 8, Pantin ; le 13,
Saint-Denis. - - -
BULLETIN MARITIME
Le décret relatif aux équipages des navires
qui pratiquent la pêche de Terre Neuve avec
sécheries autorise les armateurs à réduire le
nombre d'hommes embarqués sur leurs bâti-
ments. Ainsi le minimum réglementaire des
navires de la première série est fixé à trente
au lieu de cinquante. * Les armateurs conti-
nueront à toucher la prime par tète de marin
embarqué, de telle sorte que, si les arme-
ments diminuent, l'Etat fera une certaine
économie.
Depuis le 4 janvier courant, la départ de
Marseille des paquebots-poste naviguant en-
tre Marseille et Alger est fixé à quatre heures
du soir au lieu de cinq heures. Depuis le
5 janvier, les départs des paquebots de la
ligne de Marseille à Malte, par Naples, ont
lieu le jeudi à midi, au lieu du samedi.
f PC TÎTD C1 AWUTTIP qui prennent le FER BRAVAIS doivent
ttr.A I Ti II il I » il la l\ \ s'assurer si le flacon porte la signature
* illlUUiliilJU dei'wveuteul'.N ombreule'tmtlalwlII. imitations.
Très prochainement LES FIANCÉS de
la REVANCHE ou la Vision patriotique.
Nécrologie
M. l'abbé Bauche, curé de Notre-Dame de
-Plaisance,,, a suecombé lundi, avenue du
Maine, 70. Il était né en 1828, avait été or-
donné en 1852.- Successivement professeur
au petit séminaire de Versailles et au petit
séminaire de Notre-Dame-des-Champs, pen-
dant vingt-cinq ans vicaire à Saint-Germain-
l'Auxerrois, en 1884, il avait quitté le poste
de premier vicaire de cette paroisse pour la
cure de Notre-Dame de Plaisance. Il était
très populaire dans sa paroisse, qui compta
une population de 29,200 habitants, et qui est
une des plus pauvres de Paris. Ses obsèques
auront lieu mercredi, à dix heures, en son
église. • ......
Nous apprenons avec regret la mort, dans
son château de Saint-Mesme (Seine-et-Oise),
de M. Auguste Maquet, le romancier et au-
teur dramatique bien connu. Auguste Ma-
quet était né à Paris le 13 septembre 1813, il
fit ses études au collège Charlemagne où, dès
l'âge de dix huit ans, il fut nommé professeur
suppléant. Sa première oeuvre.un drame in-
titulé Bathildt, qu'il avait présenté à Anténor
Joly, directeur de la Renaissance, fut rema-
ni6 par Alexandre Dumas père qui, de ce
jour, fit du jeune auteur son principal colla-
borateur. Cette collaboration dura jusqu'en
1851, époque à laquelle des contestations re-
latives à des arriérés de compte y mirent un
terme. Parmi les œuvres personnelles à Au-
guste Maquet, nous citerons : la Belle Gabrielle
et la Maison du Baigneur, qui ont été publiées
comme romans et représentées au théâtre.
TRIBUNAUX
Application de la loi relative à l'organisation
de l'enseignement primaire.
Le conseil d'Etat vient de trancher quelques
questions soulevées par l'application de la loi
du 30 octobre 1886 sur l'organisation de l'en-
seignement primaire. L'article 43 de cette loi
décide que « pour les affaires contentieuses
et disciplinaires intéressant les membres de
l'enseignement privé, deux membres de l'en-
seignement privé, l'un laïlue, l'autre congré-
ganiste élus par leurs collègue^ respectifs, se-
ront adjoints au conseil départemental. »
Cet article doit-il être entendu en ce sens
que, d'une part, tous les instituteurs et ins-
titutrices, directeurs ou adjoints la'viuea vo-
teront sur la même liste pour un laïque, et,
d'autre part, tous les instituteurs et institu-
trices, directeurs ou adjoints congréganistes,
voteront sur une autre liste pour un congré-
ganiste? — Ou bien, au contraire, faut-il
faire voter sur la liste des laïques tous les
membres de l'enseignement attachés à une
école dont le directeur est laïque, alore mê.
me que quelques-uns des auxiliaires seraient
congréganistes ? De même, faudrait-il ins-
crire sur la liste des congréganistes tous les
directeurs, directrices, adjoints ou adjointes
d'une école privée dont le directeur est con.
gréganiste ? ~
Le conseil d'Etat s'est prononcé pour l'in-
terprétation la plus large de la loi en reje-
tant la requête des sieurs Claux et consorts,
instituteurs privés du département de la
Seine, contre une décision du ministro de
l'instruction publique.
Un sieur Vlalhe avait été commis à la garde
des objets trouvés qui sont déposés à la pré-
fecture de police, à Paris. Il a trouvé commode
de s'emparer d'un grand nombre de ces ob-
jets, et 11 en a détourné pour une somme
évaluée à 18,000 fr. Depuis son arrestation,
11 a désintéressé la préfecture, mais les per-
sonnes qui ont perdu les objets déposés
pourront-ils rentrer en possession de ce qui
leur appartient?
Le jury de la Seine, qui avait à statuer au.
jourd'hui sur cette affaire, a déclaré Vialhe
coupable et lui a accordé des circonstances
atténuantes. Vialhe a été condamné par la
cour à trois ans de prison.
FAITS DIVERS
- Morte de peur. — Des cris : Au feu !
au secours ! se faisaient entendre la nuit der-
nière, vers minuit, dans l'appartement de
Mme la comtesse de Gourcuff, situé au
deuxième étage de la maison portant le nu-
méro 36 de la rue de la Bienfaisance.
Les domestiques et le concierge accouru-
rent et trouvèrent la femme de confiance delà
comtesse, Caroline Ollivier, qui, très effrayée,
leur dit: « Le feu est dans la cheminée, nous
allons tous brûler. » Puis elle s'évanouit. En
effet, la cheminée ronflait avec un bruit ca-
ractéristique. On prévint les pompiers de la
rue de la Pépinière, qui se rendirent maîtres
du feu fort rapidement. Pendant ce temps,
Caroline Ollivier avait été transportée dans
sa cbambre et malgré les soins dont on l'en-
tourait la pauvre femme ne reprenait pas ses
sens.
En désespoir de cause, on alla quérir un
médecin qui constata que la femme de con-
fiance avait succombé à une congestion céré-
brale provoquée par la peur.
— Incendie avenue de Lamothe-Pi-
quet. — Un violent incendie s'est déclaré
hier matin, avenue de Lamothe-Piquet.
Le feu, qui a pris naissance dans le grenier
du sieur Chapuis, pâtissier, a été communi
qué par le tuyau d'un four surchauffé. En
quelques instants la maison devint la proie
des flammes, et de l'immeuble tout entier il
ne reste plus que les quatre murs.
Les pompiers des postes de la rue de Gre-
nelle, aecourus aussiôt, ne purent que pré-
server les maisons voisines...
G< Les pertes sont considérables. *
— Pauvre enfant ! — Une femme S...,
d'origine bretonne, demeurant, 2, rue Davy,
était accusée par ses voisins du quartier de
faire subir à son enfant, âgé de quatre ans,
les plus mauvais traitements. L'enrant disait-
on, était à ce point roué de coups qu'il ne pou-
vait plus faire usage de ses jambes.
Le commissaire de police du quartier des
Grandes-Carrières, auquel ces bruits parvin-
rent, s'est transporté au domicile de la femme
S... Effectivement, sur un grabat sordide gi-
sait un pauvre petit être vêtu de loques, et
dans un tel état de langueur que le magistrat
l'a fait sur-le-champ transporter à l'hospice
des Enfants malades, rue de Sèvres. Le sur-
lendemain, le pauvre petit est mort.
M. Cornette, commissaire de police, fait
une sérieuse enquête sur les faits que la ru-
meur publique reproche à cette mère déna-
turée.
— Déplorable plaisanterie. On cé-
lébrait hier, à l'église Saint-Médard, les
obsèques d'un jeune homme, mort victime
d'un déplorable et étrange necident.
Edouard Fécamp, âgé de dix-neuf ans, plai-
santant, il y a quelques jours, avec un de ses
amis, s'était emparé d'une pièce de cinq
francs, qu'il avait mise dans sa bouche eu fei-
gnant de vouloir l'avaler Une poussée, un
éclat de rire, et la p.èce pénétra réellement
dans l'cesophage. Fééamp se rendit dans un
hôpital. Mais on crut à une plaisanterie, La
chose, d'ailleurs, semblait -sapg gravité. Il n'en
fut malheureusement pas ainsi. Il y a trois
jours, il succombait dans d'atroces souf-
frances.
Edouard Fécamp était dessinateur à la ma-
nufacture des tabacs du Gros-Caillou. Il était
très estimé de ses chefs. Le pauvre garçon,
bien que souffrant beaucoup, avait encore pu
aller mercredi à son bureau.
— Est-ce une erreur judiciaire? — Au
mois de décembre dernier, la cour d'assises
du Pas-de-Calais condamnait aux travaux
forcés à perpétuité un batelier de Calais, Au.
guste Guilmaut, prévenu d'attentat à la pu-
deur et de viol sur sa fille, âgée de dix-huit
ans. Ce verdict sévère avait été rendu malgré
les dénégations énergiques de la fille Guil-
maut, qui était revenue, au cours dQs:débats.
sur ses premières déclarations, et avait affir-
mé la complète innocence de soa père. -Elle
n 'avait, disait elle, accusé ce malheureux crua
sur de perfides conseils.
^ Président de la République vient de
faire à Guilmaut la remise de sa peine. Guil.
maut est rentré à Calais, où ce retour, douza
jours après une condamnation à perpétuité
a produit une profonde impression.
7>îf fCSinî? ?>e la r^e de Bellechaèse.
— L'état de M. Raynaud reste toujours très
grave. La faiblesse du malade est extrême
Une consultation à laquelle ont pris part
tous les médecins et chirurgiens a eu lieu
hier dans la soirée. Aucun bulletin n'a été
communiqué : il n'en sera rédigé un qu'au-*
jourdhul mardi, dans la matinée.
— Un délégué de cent deux ans. —
Parmi les 940 délégués qui ont pris part au
scrutin du 5 janvier pour les élections séna-
tonales, on a fort remarqué un vieillard de
cent deux ans, le sieur Forges, de la commu-
ne de Saint-Haon-le-Vieux (Loire) très alerte
pour son âge, et qui, dans sa commune, l'a,
emporté sur deux concurrents de soixante-
douze et soixante-dix ans 1
CHRONIQUE DU SPORT
LES PARIS POUR LES COURSES DE NICE
Grand prix de Monaco. — 4 contre i i**
Priam. — 5 contre f, Roussel. — 6 contre
Chevalier. — 11 et 8 contre 1, Réveil-Matin.
— 10 contre 1, Muscat. — 12 contre f, Red-
path. — 5 contre 1, Anglomane. — 12 contra
t, Moulins. — 10 contre 1, Gisors. — l6con-
tre 1, Quiberon. — 16 contre 1, Duchesse.
16 contre 1, Altesse.
COURSES DE PAU
Prix des Pins.- 3 contre i, Alainton et Ba.
î?"^ 4 contre Abeille. - 3 eontre 1,
Velleda, Boulevardier et Ouragan II. 6
contre 1, Violette, Barbacane et Montcontour.
Prix de la Pelouse. — 2 contre 1,-Etéo-
cle. - 3 contre 1, Béguin. - 5 contre 1,
Trompette, Mimosa et Fripon Il. — 6 contre
1, Valentino. — 8 contre 1, Germain, Fras-
cuelo, Fraîcheur, Miss Kronkron et Chance.
Prix de la Société des steeple-chases. « 3
contre 1, Saint-Cricq. - 4 contre 1. Ai'zonne.
Artisan, et Beau-Géant, 5 contre 1. Minette*
6 contre 1, Fashionable, Trompette, Electric.
BULLETIN DES THÉATRES
Opéra. — Dimanche a eu lieu, à l'Onéra
la répétition générale des quatre premiers ta-
bleaux de la Dama de Monsoreau. La scène da
la provocation, qui termine le deuxième ta-
bleau, a été particulièrement applaudie, ainsi
que l ouverture du quatrième, aptes lesquels
le compositeur s'est vu aoclamer par les ar-
listes. Pendant que toutes ces réjouissances
avaient lieu, M. Auguste Maquet, très ma-
lade depuis quelques jours, se mourait.
C est au troisième acte que se nlacf.r/i la
grand ballet des Fous, dont nous avons déjà
parlé. La procession de la Ligue vient de pas.
ser, et la rue de l 'Arbre-Sec est restée bondé*
d écoliers, de fous et de gens du peuple con-
fusément assemblés pour la voir défiler, et
qui, qaand ils n'ont plus rien à voir, forcent
de gentilles grisettes à jouer et à danser avec
',H?- C/1S ces pauvres petites ayant
attiré l intervention galante de quelques ca-
valiers1 il a ensuit un ass.aut d'armes et dear
danses d ensemble. „
A ce momGht, une jeune fille, qui vient
Sw b Paï miracle, d'échapper à la pour su Ua
dune ande de fous, apparait tout affolée et
raconte en riant de bon cœur le danger au-
quel elle vient d 'éclitpper. Elle se croit sau-
Tée, mais, hélas! elle se voit plus menacés
que jamais en trouvant autour d'elle quatre
masques grotesques j ella tâche encore d'é-
chapper à ces nouveaux monstres, puis, heu-
reusement, après une scène de résistance et
de séduction, une scène de fine mimique où
Mile Subra coquettement se masque et se dé-
masque tour à tour, tout le monde, enchanté
de séi voir à visage découvert, recornmence
les jeux. Tout à toup l'Angélus sonne, on
s agenouille, les femmes disparaissent après
la prière, la foule s'écoule derrière le char da
la Mère-Folle.
N° 26 — Feuilleton de la PETITE PRESSE.
LA DOUBLE VUE
PAR
PIERRE MAEL
Deuxième Partie
IX
Dès lors, le vieux curé se sentit rassuré. Il
savait que le jeune homme garderait fidèle-
ment la parole donnée. Ce fut du plus pro-
fond de son cœur de prêtre et d'ami qu'il
tira l'allocution, pleine de nobles senti-
ments, qu'il adressa au jeune couple et à l'as-
sistance. Puis la bénédiction nuptiale-fut
donnée, le saint sacrifice s'acheva et Yvonne,
rayonnante de bonheur, sortit au bras de
Pierre pour franchir le seuil du foyer nou-
veau.
Au repas de noces, il Y eut peu d'invités,
quelques intimes des deux familles. Tout en-
tier à l'ivresse de jon bonheur, Pierre seifl?
blait avoIr oublié tout son topç4tlmogt"i
Le vieux curé ne put que le féliciter de
cette heureuse disposition, et, en quittant la
maison fortunée, il serra de nouveau la main
du gabier. x :-u ' '' * * '
— Eh bien, Pierre, es-tu content de toi?
— Ah ! répopdit le Jeune homme radieux,
jç suis heureux, monsieur le recteur, bien
heureux. ,
La journée s'acheva sans, encombre. Toutes
fois, le soleil, qui avait éclairé le matin, avait
disparu de la voate bleue. D'énormes nuages
cuivres lui avaient succédé, tapissant le ciel,
se soudant les uns aiijç autres et formant
comme une coupole livide sur la mer. C'était
le présage d'un ouragan..
L'air, devenu pesant, rendait la respiration
difficile. Yvonne subissait l'influence de cette
atmosphère électrique. Elle paraissait 'ner-
veuse, inquiète, En vain son doux regard,
plein d'amour, s'arrêtait sur les yeux * de
Pierre, toute sa physionomie trahissait une
lutte, une souffrance intimes qu'elle s'effor-
çait de dissimuler.
Le jeune homme s'aperçut de ces efforts et
de cette contrainte :
tr* Tu souffres? Yvonne, dit-il doucement,
Qu'as-tu donc ?
' Elle n'eut pas la force de lui mentir, et con
testant tendrement son malaise :
—: Je np sais point ce que j'éprouve, Pierre.
Je jne senp W jW- yeiUe sur
■I tmm «p iWtiff a——
moi, garde-moi, Il me semble que quelque
chose de terrible va nous arriver.
Effrayé, Il la saisit dans ses bras.
— Que veux-tu qu'il nous arrive, ma ah6-
rie ? Est-ce que tu ne m'aimes plus 1 Je ag re-
douterais) que ce rnalhem?.
— Je ne t'aime plus! s'écria-t-elle en se
dressant toute pâle et s'accrochant à son cou.
Oh 1 ne dis plus cela, Pierre, mon Pierre. Tu
me tuerais 1, u : >
Alors, comme Ils demeuraient seuls, en
tête-à-tête, les amis et les parents se retirèrent
discrètement sans leur dire adieu. Les deux
amoureux demeurèrent ensemble dans le si-
lence de leur chambre, se mirant l'un dans
l'autre avec 4es frémissements de passion et
des extases d'amour partagé. Pour la pre.
mière fois, Pierre osa se rapprocher d'Yvonne
plus qu'il ne l'avait fait jusque-là. Elle CQm.
prit, à son baiser, que le respect n'arrêtait plus
l'ardeur ;de sa fièvre. D'elle-mêpae et sans
s'en rendre compte, elle se porta au-devant
de l'étreinte. D'une main_ qui tremblait, le
gabier détacha la coiffe blanche, et les mer-
veilleu? cheveux blonds roulèrent déaou{Ss.
En même temps, sur la gorge palpitante de
1^ jeune femme, le marin appuya ses lèvres
qui la brûlèrent, Elle défaillit.
Mais soudain, comme un ressort qui se dé-
tend, Yvonne repoussa mari, Elle se- re-
jeta en arrière, farpuche, et d'une voix que le
spasme rendait rauque, elle cria;
— Laisse-moi, laisse-moi 1 Ne me touche
pas! Je ne Buis pas à toi, je suis à l'autre, à
l'autre Pierre, le père de mon enfant!
Le quartier-maître s'arrêta, épouvanté.
Il ne la reconnaissait plus. Ses yeux étaient
hagards, le souffle sortait, silflant d entre ses
dents. Elle cherchait devant elle un être in-
visible.
Etait-ce donc la folie qui revenait? Pierre
eut peur.
— Yvonne! cria-t-il d'une voix suppliante,
Yvonne, ma bien-aimée, reviens à toi. Ne
roiS'tu pas que tu as un vertige? C'est bien
moi, moi Pierre Foskin, ton mari, pas un
autre ! Reviens, reviens à tol!
Mais aile fuyait son approche, se dérobant
à sa poursuite. Et elle continuait à jeter, avec
des mots sans suite, des paroles terribles
qui déchiraient le coeur du pauvre et vaillant
marin, '
— Ah! il faut que vous soyez fou de me
vouloir ! Vous ne saves donc pas que j'appar-
tiens à Pierre Foskin, que nous avons un en-
fant tous les deux, 1^-bas, au cimetière, et que
le petit vient MO voir tous les jours, que je
l'embrasseet que je pleure quand il r^Ourne
dans sa fosse? Vous ne savej àone pas cela?
Mais qui êies-vons, alors? Laissez-moi m'en
aller, n faut que j'aille retrouver Pierre, il
m'attend, il m'appelle.
Et elle courut v%rs la pof te de la chambre
fOUtSOft, ■-«T.AVv - „
Pierre se jeta au-devant d'elle et l'arrêta.
— Yvonne, pleura-t-il, Yvonne !
Laissez-moi m'en aller ! Laissez-moi
m'en aller ! Il m'attend ! Je vous dis qu'il
m'attend.
Elle essaya de forcer le passage. Sans abu-
ser de sa vigueur, le jeune homme la retint
et la ramena au milieu de la chambre.
Alors l'hallucinée atteignit au paroxysme
du délire,
— Mais que me voulez-vous donc ? Pour-
quoi me retenez-vous ici ? Je vous dis qu'il
m 'attend, là-bas, sur la côte, dans son ba<
teau. Il m'appelle. Il faut que j'y aille.
Et elle revenait à la charge, elle se tordait
les mains de désespoir, elle passait de la co-
lère à la supplication. Pierre était fou de '
douleur. Il ne savait à quel parti se résou-
dre. Devait-il employer la force pour avoir
raison de cet accès imprévu de folie? Na feo-
rait-il pas plus sagement de leindre un^ con-
cession et de paraître souscrire à ces vœux
insensés?
Au dehors, le ciel, chargé d'orages, réper....
cutait les clameurs sinistres du vent et les
premiers roulement du- tonnerre. Il faisait
un morne accompagnement au drame de
honte qui, à cette heure même, déshonorait
le pauvre foyer du marin.
Sans que celui-ci s'en aperçût, la porte de
la chambre s'était ouverte, et un troi*ièm$
du prince Guillaume, mais non sur la ques-
tion de la suppléance part 'Jle. La Gazette natio-
nale maintient la version qu'elle avait donnée
et qui n'est pas contestée par la Gazette de l'Al-
lemagne du Norâ.
— Symptômes pacifiques. — La Gazette
(allemande) de Saint-Pétersbourg confirme que
la classe la plus ancienne de la cavalerie et de
l'artillerie du corps de la garde a été déjà ren-
voyée dans ses fo~ ers, et que la classe corres-
pondante de l'infanterie de la garde sera con-
gédiée dans quelques jours. Ce journal fait
remarquer que le renvoi des trompes en ques-
tion dans leurs foyers n'aurait pas lieu si tôt
si l'on croyait pouvoir avoir besoin d'elles
dans un prochain avenir, et déclare que la
mesure dont il s'agit doit être considérée
comme un symptôme pacifique.
— Les fêtes de Noël en Russie. —
Saint-Pétersbourg est dans la plus grande
animation pour les têtes de la Noël. Les rues,
couvertes d'une haute couche de neige, sont
parcourues par de nombreux équipages. Les
magasins regorgent d'acheteurs. On s'apprête
- aussi à faire honneur au prochain carnaval
par toute sorte de réjouissances. A cette épo-
que, la famille impériale reviendra dans la
capitale. En attendant, les salons de l'aristo-
. cratie ont rouvert leurs portes pour des
raouts, des bals, des soirées musicales, des
- représentations qui seront composées des
plus jolies pièces françaises.
— Colonie espagnole. — La Riforma
donne des renseignements sur l'acquisition
par l'Espagne d'une station dans la baie d'As-
sab, située non loin deMassouah dans la mer
Rouge. Elle dit qu'en arrivant au pouvoir,
M. Crispl a trouvé déjà entamée par M. De-
pretis, l'affaire relative au désir de l'Espagne
de posséder un point de la côte de la mer
Rouge comme station navale et dépôt de
charbon. Il n'y avait pas de motifs de rompre
les négociations eu égard au caractère de la
demande et aux bons rapports existants entre
l'Italie et l'Espagne.
— Conspirations en Bulgarie. —
Le Fremdenblatt de Vienne dit que, d'après
des correspondances privées qu'il a reçues de
Bulgarie, la situation dans ce pays est très
sombre. Des conspirations ont été découvertes
à Schoumla, à Routschouck et à Plevna.
Douze officiers et un grand nombre de sous-
. officiers ont été arrêtés..
L'ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE BLANQUI
Les blanquistes ont célébré dimanche, au
4 Père-Lachaise, l'anniversaire de la mort de
Blanqui. Sur la tombe, deux couronnes en
perles rouges. Sur l'une on lisait : Y-Intran-
sigeant, et sur l'autre : Le Comité révolution-
c mire eentrai. Une troisième couronne en per-
des noires avait été envoyée pai la Cri du Peu.,.
pie. 'x e
- Le général Eudes a pris le premier la pa-
role. Il a dit que Blanqui avait été pendant
presque toute sa vie méconnu par le peuple,
qui lui avait préféré des républicains teintés
de rose, ou de rouge, que si les avis du mar-
tyr avaient été suivis, la véritable Républi-
Vquô, c'est-à-dire la Révolution, gouvernerait
' la France. Cependant, une justice tardive lui
a été rendue, et'le peuple, suivant ses doctri-
nes, sait quelquefois se montrer. Il y a un
mois, c'e't grâce aux révolutionnaires socialistes
que la réaction ne l'a pas emporté en élisant
l'homme qui ne rêve que de détruire la Répu-
blique. Il a suffi, de cinquante mille hommes
sur la place de la Concorde pour faire peur
aux députés. lie jour ou tout le peuple voudra
descendre dans la rue, c'en sera fait des bourgeois
qui pillent la France et affament le Ipeuple.
N'ayons qu'un but : mettre en pratique la de-
vise de Blanqui : « Ni Dieu, ni maître »,
Le conseiller municipal Vaillant lui suc-
cède. Parlant des manifestations des pre-
miers jours de décembre l'orateur a attribué
à Blanqui l'honneur de cette doctrine prati-
que qui consiste à imposer par la force son
opinfon aux autres ; « Il nous faut soutenir
la République quelle Qu'elle soit, a-t-il
ajouté. Car je me rappelle que quand nous
- sommes rentrés de l'exil, prêts à reprendre le
* tombai et' confiants dans une vietoire prochaine,
Blanqui nous détrompait en nous disant que
le triomphe de la Révolution sociale était en-
tore loin, mais qu'il fallait à tout prix con
server la République, sans laquelle les révo-
lutionnaires socialistes ne pouvaient espérer
vaincre, car avec une réaction il nous faudrait
désespérer pour toujours ou du moins pour
longtemps. C'est pn souvenir de ces paroles
~ de Blanqui que m>us étions détidès à'tout
pour empêcher l'élection de M, Ferry. »
Le docteur Susinirend hommage aux deux
grands citoyens qui ont sauvé la République
Je 3 décembre dernier : MM. laudes et Vail-
lant., •
; Après avoir encore entendu M. Ernest Ro'
che et un délégué do Lyon qui nous révèle
que Lyon était également prêt à sauver la
République, on s'est $j*ig# vers le mur
| des fédérés. Mêmes discours au fond que sur
la tombe de Blanqui. Les orateurs ont tressé
des couronnes à Ferré, Delescluze et autres
chefs de la Commune, mais ils n'ont pas dit
un seul mot pour les fédérés inconnus tom-
bés pour avoir suivi leurs conseils. ,
UN NAUFRAGE
Parmi les événements de mer qui se sont
produits [pendant les dernières tempêtes, il
faut ranger au nombre des plus terribles la
situation désespérée du brick-goëlette fran-
çais l'Entrepreneur, dm port de Saint-Malo,
que les vents et les vagues avaient mis en
perdition à Malaga.
Poussé sur les brisants au sud du port, le
navire se serait fracassé si le capitaine n'avait
eu la chance de voir l'une de ses ancres tenir
bon: L'Entrepreneur resta ainsi pendant plus
de vingt-quatre heures au milieu d'une tem-
pête effroyable et de vagues monstrueuses
qui couvraient sans cesse le pont et faisaient
craindre, à chaque instant, la rupture de la
dernière amarre. La situation était d'autant
plus terrible à bord, qu'on y souffrait la faim.
Les provisions étaient complètement épuisées,
en effet, par suite du retard qu'avait occa-
sionné le mauvais temps à la marche du na-
vire.
Cependant la population de Malaga était
accourue sur le rivage et, dans l'impossibilité
d'organiser aucun secours, s'attendait à voir
le malheureux brick se briser sur les rochers
d'un moment à l'autre. On eut tout d'abord
l'idée de communiquer avec l'Entrepreneur
en écrivant de grosses lettres sur un mur
blanc qui faisait face à la mer. C'est de cette
façon qu'on conseilla au capitaine de laisser
venir son brick à la côte, où l'on se promet-
tait de faire l'impossible pour sauver tout le
monde. Mais ce dernier comprit le contraire
et crut qu'on l'engageait à continuer la lutte
contre les éléments. De son côté, il corres-
pondit avec les Espagnols, à l'aide de bou-
teilles dans lesquelles il plaça des lettres et
qu'il jeta à la mer après les avoir bien bou-
ehées. Les vagues qui déferlaient avec fureur
sur la rive y portèrent les bouteilles et l'on
connut l'affreuse situation de tout le person-
nel du bord. Voici une de ces missives, poi-
gnante dans son laconisme : «Le navire ta-
lonne et menace de rompre ses chalnes. En
grâce, secourez-nous 1 Nous n'avons plus ni
pain ni autre nourriture. A bord se trouve
une !passagère folle de terreur »
Peu après, au prix de difficultés inouïes, on
réussissait à établir un va-et-vient à l'aide
d'ùne ligne, entre le bord et la côte, et l'en
faisait parvenir à l'Entrepreneur un petit baril
de provisions.. C'était le commencement du
sauvetage que devait achever en moins de
deux heures un paquebot de la Compagnie
Transatlantique, la Désirade, capitaine Corno,
aperçu à l'horizon, et dont les marins allaient
donner un si éclatant exemple ce dévoue-
merit aux équipages de plusieurs vapeurs
espagnols, y compris deux vaisseaux de
guerre, qui s'étaient réfugiés dans le port,
témoins inactifs de ce danger imminent.
LES RECETTES DE MAITRE PIERRE
MENU
W - .......
.. , Consommé à la royale
Pigeonneaux aux olives ~
Filet rôti
Haricots verts aux beurre c
Tranches d'oranges au kirsch
RECETTE DU CONSOMMÉ A LA ROYALE. — Cassez
deux œufs, que vous versez entiers dans un
bol. Battez-les comme si vous vouliez faire
une omelette. Quand ils sont battus, mélan-
gez-les avec deux verres de lait. Versez le mé-
lange dans un moule uni que vous avez
bturré. Mettez du sel et du poivre et faites
cuire au bain-marie, puis laissez refroidir, et
quand ils sont froids, coupez les en petits
carrés ou en losanges. Mettez-les dans la sou-j
plère, puis versez le boulllon dessus. i
Maître Pierre.
LE TIRAGE AU SORT
La date des opérations du tirage au sort de
la classe 1887, à Paris, a été fixée par arrêté
du préfet de la Seine, de la manière suivante :
i?F arrondissement, le 23 janvier; 2° arron-
dlssemeQt, le 21; 30 arrondissement, le 25 ;
48 arrondissement, le 2ô; 59 arrondissement,
le 27: 6' arrondissement, le 28; 78 arrondis-
.. ' ... ». t
.ement, le 30; 81, arrondissement, le 31 ; 9* ar-
rondissement, le 1er février; 10a arrondisse-
ment, le 2 ; 11* arrondissement le 3; 12* ar-
rondissement, le 4; 13e arrondissement, le 6;
t 4,8 arrondissement, le 7; 15° arrondissement,
le 8; 16earrondissement, le t; 17" arrondis-
sement, le i0; i8* arrondissement, le H; 19e
arrondissement, le 13; 20. arrondissement,
le 14.
Pour ces vingt arrondissements, la vérifica-
tion des tableaux de recensement et le tirage
au sort auront lieu à midi, à la salle Saint-
Jean à l'Hôtel-de-Ville.
Pour les communes suburbaines, ces opéra-
tions s'effectueront aux mairies du chef-lieu
de canton, aux dates suivantes: le 23 janvier,
canton de Charenton ; le 25, Sceaux ; le 28,
Villejuif ; tel, février, Vincennes ; le 3, Cour-
bevoie ; le 6, Neuilly ; le 8, Pantin ; le 13,
Saint-Denis. - - -
BULLETIN MARITIME
Le décret relatif aux équipages des navires
qui pratiquent la pêche de Terre Neuve avec
sécheries autorise les armateurs à réduire le
nombre d'hommes embarqués sur leurs bâti-
ments. Ainsi le minimum réglementaire des
navires de la première série est fixé à trente
au lieu de cinquante. * Les armateurs conti-
nueront à toucher la prime par tète de marin
embarqué, de telle sorte que, si les arme-
ments diminuent, l'Etat fera une certaine
économie.
Depuis le 4 janvier courant, la départ de
Marseille des paquebots-poste naviguant en-
tre Marseille et Alger est fixé à quatre heures
du soir au lieu de cinq heures. Depuis le
5 janvier, les départs des paquebots de la
ligne de Marseille à Malte, par Naples, ont
lieu le jeudi à midi, au lieu du samedi.
f PC TÎTD C1 AWUTTIP qui prennent le FER BRAVAIS doivent
ttr.A I Ti II il I » il la l\ \ s'assurer si le flacon porte la signature
* illlUUiliilJU dei'wveuteul'.N ombreule'tmtlalwlII. imitations.
Très prochainement LES FIANCÉS de
la REVANCHE ou la Vision patriotique.
Nécrologie
M. l'abbé Bauche, curé de Notre-Dame de
-Plaisance,,, a suecombé lundi, avenue du
Maine, 70. Il était né en 1828, avait été or-
donné en 1852.- Successivement professeur
au petit séminaire de Versailles et au petit
séminaire de Notre-Dame-des-Champs, pen-
dant vingt-cinq ans vicaire à Saint-Germain-
l'Auxerrois, en 1884, il avait quitté le poste
de premier vicaire de cette paroisse pour la
cure de Notre-Dame de Plaisance. Il était
très populaire dans sa paroisse, qui compta
une population de 29,200 habitants, et qui est
une des plus pauvres de Paris. Ses obsèques
auront lieu mercredi, à dix heures, en son
église. • ......
Nous apprenons avec regret la mort, dans
son château de Saint-Mesme (Seine-et-Oise),
de M. Auguste Maquet, le romancier et au-
teur dramatique bien connu. Auguste Ma-
quet était né à Paris le 13 septembre 1813, il
fit ses études au collège Charlemagne où, dès
l'âge de dix huit ans, il fut nommé professeur
suppléant. Sa première oeuvre.un drame in-
titulé Bathildt, qu'il avait présenté à Anténor
Joly, directeur de la Renaissance, fut rema-
ni6 par Alexandre Dumas père qui, de ce
jour, fit du jeune auteur son principal colla-
borateur. Cette collaboration dura jusqu'en
1851, époque à laquelle des contestations re-
latives à des arriérés de compte y mirent un
terme. Parmi les œuvres personnelles à Au-
guste Maquet, nous citerons : la Belle Gabrielle
et la Maison du Baigneur, qui ont été publiées
comme romans et représentées au théâtre.
TRIBUNAUX
Application de la loi relative à l'organisation
de l'enseignement primaire.
Le conseil d'Etat vient de trancher quelques
questions soulevées par l'application de la loi
du 30 octobre 1886 sur l'organisation de l'en-
seignement primaire. L'article 43 de cette loi
décide que « pour les affaires contentieuses
et disciplinaires intéressant les membres de
l'enseignement privé, deux membres de l'en-
seignement privé, l'un laïlue, l'autre congré-
ganiste élus par leurs collègue^ respectifs, se-
ront adjoints au conseil départemental. »
Cet article doit-il être entendu en ce sens
que, d'une part, tous les instituteurs et ins-
titutrices, directeurs ou adjoints la'viuea vo-
teront sur la même liste pour un laïque, et,
d'autre part, tous les instituteurs et institu-
trices, directeurs ou adjoints congréganistes,
voteront sur une autre liste pour un congré-
ganiste? — Ou bien, au contraire, faut-il
faire voter sur la liste des laïques tous les
membres de l'enseignement attachés à une
école dont le directeur est laïque, alore mê.
me que quelques-uns des auxiliaires seraient
congréganistes ? De même, faudrait-il ins-
crire sur la liste des congréganistes tous les
directeurs, directrices, adjoints ou adjointes
d'une école privée dont le directeur est con.
gréganiste ? ~
Le conseil d'Etat s'est prononcé pour l'in-
terprétation la plus large de la loi en reje-
tant la requête des sieurs Claux et consorts,
instituteurs privés du département de la
Seine, contre une décision du ministro de
l'instruction publique.
Un sieur Vlalhe avait été commis à la garde
des objets trouvés qui sont déposés à la pré-
fecture de police, à Paris. Il a trouvé commode
de s'emparer d'un grand nombre de ces ob-
jets, et 11 en a détourné pour une somme
évaluée à 18,000 fr. Depuis son arrestation,
11 a désintéressé la préfecture, mais les per-
sonnes qui ont perdu les objets déposés
pourront-ils rentrer en possession de ce qui
leur appartient?
Le jury de la Seine, qui avait à statuer au.
jourd'hui sur cette affaire, a déclaré Vialhe
coupable et lui a accordé des circonstances
atténuantes. Vialhe a été condamné par la
cour à trois ans de prison.
FAITS DIVERS
- Morte de peur. — Des cris : Au feu !
au secours ! se faisaient entendre la nuit der-
nière, vers minuit, dans l'appartement de
Mme la comtesse de Gourcuff, situé au
deuxième étage de la maison portant le nu-
méro 36 de la rue de la Bienfaisance.
Les domestiques et le concierge accouru-
rent et trouvèrent la femme de confiance delà
comtesse, Caroline Ollivier, qui, très effrayée,
leur dit: « Le feu est dans la cheminée, nous
allons tous brûler. » Puis elle s'évanouit. En
effet, la cheminée ronflait avec un bruit ca-
ractéristique. On prévint les pompiers de la
rue de la Pépinière, qui se rendirent maîtres
du feu fort rapidement. Pendant ce temps,
Caroline Ollivier avait été transportée dans
sa cbambre et malgré les soins dont on l'en-
tourait la pauvre femme ne reprenait pas ses
sens.
En désespoir de cause, on alla quérir un
médecin qui constata que la femme de con-
fiance avait succombé à une congestion céré-
brale provoquée par la peur.
— Incendie avenue de Lamothe-Pi-
quet. — Un violent incendie s'est déclaré
hier matin, avenue de Lamothe-Piquet.
Le feu, qui a pris naissance dans le grenier
du sieur Chapuis, pâtissier, a été communi
qué par le tuyau d'un four surchauffé. En
quelques instants la maison devint la proie
des flammes, et de l'immeuble tout entier il
ne reste plus que les quatre murs.
Les pompiers des postes de la rue de Gre-
nelle, aecourus aussiôt, ne purent que pré-
server les maisons voisines...
G< Les pertes sont considérables. *
— Pauvre enfant ! — Une femme S...,
d'origine bretonne, demeurant, 2, rue Davy,
était accusée par ses voisins du quartier de
faire subir à son enfant, âgé de quatre ans,
les plus mauvais traitements. L'enrant disait-
on, était à ce point roué de coups qu'il ne pou-
vait plus faire usage de ses jambes.
Le commissaire de police du quartier des
Grandes-Carrières, auquel ces bruits parvin-
rent, s'est transporté au domicile de la femme
S... Effectivement, sur un grabat sordide gi-
sait un pauvre petit être vêtu de loques, et
dans un tel état de langueur que le magistrat
l'a fait sur-le-champ transporter à l'hospice
des Enfants malades, rue de Sèvres. Le sur-
lendemain, le pauvre petit est mort.
M. Cornette, commissaire de police, fait
une sérieuse enquête sur les faits que la ru-
meur publique reproche à cette mère déna-
turée.
— Déplorable plaisanterie. On cé-
lébrait hier, à l'église Saint-Médard, les
obsèques d'un jeune homme, mort victime
d'un déplorable et étrange necident.
Edouard Fécamp, âgé de dix-neuf ans, plai-
santant, il y a quelques jours, avec un de ses
amis, s'était emparé d'une pièce de cinq
francs, qu'il avait mise dans sa bouche eu fei-
gnant de vouloir l'avaler Une poussée, un
éclat de rire, et la p.èce pénétra réellement
dans l'cesophage. Fééamp se rendit dans un
hôpital. Mais on crut à une plaisanterie, La
chose, d'ailleurs, semblait -sapg gravité. Il n'en
fut malheureusement pas ainsi. Il y a trois
jours, il succombait dans d'atroces souf-
frances.
Edouard Fécamp était dessinateur à la ma-
nufacture des tabacs du Gros-Caillou. Il était
très estimé de ses chefs. Le pauvre garçon,
bien que souffrant beaucoup, avait encore pu
aller mercredi à son bureau.
— Est-ce une erreur judiciaire? — Au
mois de décembre dernier, la cour d'assises
du Pas-de-Calais condamnait aux travaux
forcés à perpétuité un batelier de Calais, Au.
guste Guilmaut, prévenu d'attentat à la pu-
deur et de viol sur sa fille, âgée de dix-huit
ans. Ce verdict sévère avait été rendu malgré
les dénégations énergiques de la fille Guil-
maut, qui était revenue, au cours dQs:débats.
sur ses premières déclarations, et avait affir-
mé la complète innocence de soa père. -Elle
n 'avait, disait elle, accusé ce malheureux crua
sur de perfides conseils.
^ Président de la République vient de
faire à Guilmaut la remise de sa peine. Guil.
maut est rentré à Calais, où ce retour, douza
jours après une condamnation à perpétuité
a produit une profonde impression.
7>îf fCSinî? ?>e la r^e de Bellechaèse.
— L'état de M. Raynaud reste toujours très
grave. La faiblesse du malade est extrême
Une consultation à laquelle ont pris part
tous les médecins et chirurgiens a eu lieu
hier dans la soirée. Aucun bulletin n'a été
communiqué : il n'en sera rédigé un qu'au-*
jourdhul mardi, dans la matinée.
— Un délégué de cent deux ans. —
Parmi les 940 délégués qui ont pris part au
scrutin du 5 janvier pour les élections séna-
tonales, on a fort remarqué un vieillard de
cent deux ans, le sieur Forges, de la commu-
ne de Saint-Haon-le-Vieux (Loire) très alerte
pour son âge, et qui, dans sa commune, l'a,
emporté sur deux concurrents de soixante-
douze et soixante-dix ans 1
CHRONIQUE DU SPORT
LES PARIS POUR LES COURSES DE NICE
Grand prix de Monaco. — 4 contre i i**
Priam. — 5 contre f, Roussel. — 6 contre
Chevalier. — 11 et 8 contre 1, Réveil-Matin.
— 10 contre 1, Muscat. — 12 contre f, Red-
path. — 5 contre 1, Anglomane. — 12 contra
t, Moulins. — 10 contre 1, Gisors. — l6con-
tre 1, Quiberon. — 16 contre 1, Duchesse.
16 contre 1, Altesse.
COURSES DE PAU
Prix des Pins.- 3 contre i, Alainton et Ba.
î?"^ 4 contre Abeille. - 3 eontre 1,
Velleda, Boulevardier et Ouragan II. 6
contre 1, Violette, Barbacane et Montcontour.
Prix de la Pelouse. — 2 contre 1,-Etéo-
cle. - 3 contre 1, Béguin. - 5 contre 1,
Trompette, Mimosa et Fripon Il. — 6 contre
1, Valentino. — 8 contre 1, Germain, Fras-
cuelo, Fraîcheur, Miss Kronkron et Chance.
Prix de la Société des steeple-chases. « 3
contre 1, Saint-Cricq. - 4 contre 1. Ai'zonne.
Artisan, et Beau-Géant, 5 contre 1. Minette*
6 contre 1, Fashionable, Trompette, Electric.
BULLETIN DES THÉATRES
Opéra. — Dimanche a eu lieu, à l'Onéra
la répétition générale des quatre premiers ta-
bleaux de la Dama de Monsoreau. La scène da
la provocation, qui termine le deuxième ta-
bleau, a été particulièrement applaudie, ainsi
que l ouverture du quatrième, aptes lesquels
le compositeur s'est vu aoclamer par les ar-
listes. Pendant que toutes ces réjouissances
avaient lieu, M. Auguste Maquet, très ma-
lade depuis quelques jours, se mourait.
C est au troisième acte que se nlacf.r/i la
grand ballet des Fous, dont nous avons déjà
parlé. La procession de la Ligue vient de pas.
ser, et la rue de l 'Arbre-Sec est restée bondé*
d écoliers, de fous et de gens du peuple con-
fusément assemblés pour la voir défiler, et
qui, qaand ils n'ont plus rien à voir, forcent
de gentilles grisettes à jouer et à danser avec
',H?- C/1S ces pauvres petites ayant
attiré l intervention galante de quelques ca-
valiers1 il a ensuit un ass.aut d'armes et dear
danses d ensemble. „
A ce momGht, une jeune fille, qui vient
Sw b Paï miracle, d'échapper à la pour su Ua
dune ande de fous, apparait tout affolée et
raconte en riant de bon cœur le danger au-
quel elle vient d 'éclitpper. Elle se croit sau-
Tée, mais, hélas! elle se voit plus menacés
que jamais en trouvant autour d'elle quatre
masques grotesques j ella tâche encore d'é-
chapper à ces nouveaux monstres, puis, heu-
reusement, après une scène de résistance et
de séduction, une scène de fine mimique où
Mile Subra coquettement se masque et se dé-
masque tour à tour, tout le monde, enchanté
de séi voir à visage découvert, recornmence
les jeux. Tout à toup l'Angélus sonne, on
s agenouille, les femmes disparaissent après
la prière, la foule s'écoule derrière le char da
la Mère-Folle.
N° 26 — Feuilleton de la PETITE PRESSE.
LA DOUBLE VUE
PAR
PIERRE MAEL
Deuxième Partie
IX
Dès lors, le vieux curé se sentit rassuré. Il
savait que le jeune homme garderait fidèle-
ment la parole donnée. Ce fut du plus pro-
fond de son cœur de prêtre et d'ami qu'il
tira l'allocution, pleine de nobles senti-
ments, qu'il adressa au jeune couple et à l'as-
sistance. Puis la bénédiction nuptiale-fut
donnée, le saint sacrifice s'acheva et Yvonne,
rayonnante de bonheur, sortit au bras de
Pierre pour franchir le seuil du foyer nou-
veau.
Au repas de noces, il Y eut peu d'invités,
quelques intimes des deux familles. Tout en-
tier à l'ivresse de jon bonheur, Pierre seifl?
blait avoIr oublié tout son topç4tlmogt"i
Le vieux curé ne put que le féliciter de
cette heureuse disposition, et, en quittant la
maison fortunée, il serra de nouveau la main
du gabier. x :-u ' '' * * '
— Eh bien, Pierre, es-tu content de toi?
— Ah ! répopdit le Jeune homme radieux,
jç suis heureux, monsieur le recteur, bien
heureux. ,
La journée s'acheva sans, encombre. Toutes
fois, le soleil, qui avait éclairé le matin, avait
disparu de la voate bleue. D'énormes nuages
cuivres lui avaient succédé, tapissant le ciel,
se soudant les uns aiijç autres et formant
comme une coupole livide sur la mer. C'était
le présage d'un ouragan..
L'air, devenu pesant, rendait la respiration
difficile. Yvonne subissait l'influence de cette
atmosphère électrique. Elle paraissait 'ner-
veuse, inquiète, En vain son doux regard,
plein d'amour, s'arrêtait sur les yeux * de
Pierre, toute sa physionomie trahissait une
lutte, une souffrance intimes qu'elle s'effor-
çait de dissimuler.
Le jeune homme s'aperçut de ces efforts et
de cette contrainte :
tr* Tu souffres? Yvonne, dit-il doucement,
Qu'as-tu donc ?
' Elle n'eut pas la force de lui mentir, et con
testant tendrement son malaise :
—: Je np sais point ce que j'éprouve, Pierre.
Je jne senp W jW- yeiUe sur
■I tmm «p iWtiff a——
moi, garde-moi, Il me semble que quelque
chose de terrible va nous arriver.
Effrayé, Il la saisit dans ses bras.
— Que veux-tu qu'il nous arrive, ma ah6-
rie ? Est-ce que tu ne m'aimes plus 1 Je ag re-
douterais) que ce rnalhem?.
— Je ne t'aime plus! s'écria-t-elle en se
dressant toute pâle et s'accrochant à son cou.
Oh 1 ne dis plus cela, Pierre, mon Pierre. Tu
me tuerais 1, u : >
Alors, comme Ils demeuraient seuls, en
tête-à-tête, les amis et les parents se retirèrent
discrètement sans leur dire adieu. Les deux
amoureux demeurèrent ensemble dans le si-
lence de leur chambre, se mirant l'un dans
l'autre avec 4es frémissements de passion et
des extases d'amour partagé. Pour la pre.
mière fois, Pierre osa se rapprocher d'Yvonne
plus qu'il ne l'avait fait jusque-là. Elle CQm.
prit, à son baiser, que le respect n'arrêtait plus
l'ardeur ;de sa fièvre. D'elle-mêpae et sans
s'en rendre compte, elle se porta au-devant
de l'étreinte. D'une main_ qui tremblait, le
gabier détacha la coiffe blanche, et les mer-
veilleu? cheveux blonds roulèrent déaou{Ss.
En même temps, sur la gorge palpitante de
1^ jeune femme, le marin appuya ses lèvres
qui la brûlèrent, Elle défaillit.
Mais soudain, comme un ressort qui se dé-
tend, Yvonne repoussa mari, Elle se- re-
jeta en arrière, farpuche, et d'une voix que le
spasme rendait rauque, elle cria;
— Laisse-moi, laisse-moi 1 Ne me touche
pas! Je ne Buis pas à toi, je suis à l'autre, à
l'autre Pierre, le père de mon enfant!
Le quartier-maître s'arrêta, épouvanté.
Il ne la reconnaissait plus. Ses yeux étaient
hagards, le souffle sortait, silflant d entre ses
dents. Elle cherchait devant elle un être in-
visible.
Etait-ce donc la folie qui revenait? Pierre
eut peur.
— Yvonne! cria-t-il d'une voix suppliante,
Yvonne, ma bien-aimée, reviens à toi. Ne
roiS'tu pas que tu as un vertige? C'est bien
moi, moi Pierre Foskin, ton mari, pas un
autre ! Reviens, reviens à tol!
Mais aile fuyait son approche, se dérobant
à sa poursuite. Et elle continuait à jeter, avec
des mots sans suite, des paroles terribles
qui déchiraient le coeur du pauvre et vaillant
marin, '
— Ah! il faut que vous soyez fou de me
vouloir ! Vous ne saves donc pas que j'appar-
tiens à Pierre Foskin, que nous avons un en-
fant tous les deux, 1^-bas, au cimetière, et que
le petit vient MO voir tous les jours, que je
l'embrasseet que je pleure quand il r^Ourne
dans sa fosse? Vous ne savej àone pas cela?
Mais qui êies-vons, alors? Laissez-moi m'en
aller, n faut que j'aille retrouver Pierre, il
m'attend, il m'appelle.
Et elle courut v%rs la pof te de la chambre
fOUtSOft, ■-«T.AVv - „
Pierre se jeta au-devant d'elle et l'arrêta.
— Yvonne, pleura-t-il, Yvonne !
Laissez-moi m'en aller ! Laissez-moi
m'en aller ! Il m'attend ! Je vous dis qu'il
m'attend.
Elle essaya de forcer le passage. Sans abu-
ser de sa vigueur, le jeune homme la retint
et la ramena au milieu de la chambre.
Alors l'hallucinée atteignit au paroxysme
du délire,
— Mais que me voulez-vous donc ? Pour-
quoi me retenez-vous ici ? Je vous dis qu'il
m 'attend, là-bas, sur la côte, dans son ba<
teau. Il m'appelle. Il faut que j'y aille.
Et elle revenait à la charge, elle se tordait
les mains de désespoir, elle passait de la co-
lère à la supplication. Pierre était fou de '
douleur. Il ne savait à quel parti se résou-
dre. Devait-il employer la force pour avoir
raison de cet accès imprévu de folie? Na feo-
rait-il pas plus sagement de leindre un^ con-
cession et de paraître souscrire à ces vœux
insensés?
Au dehors, le ciel, chargé d'orages, réper....
cutait les clameurs sinistres du vent et les
premiers roulement du- tonnerre. Il faisait
un morne accompagnement au drame de
honte qui, à cette heure même, déshonorait
le pauvre foyer du marin.
Sans que celui-ci s'en aperçût, la porte de
la chambre s'était ouverte, et un troi*ièm$
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