Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-07-28
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 juillet 1866 28 juillet 1866
Description : 1866/07/28 (N101). 1866/07/28 (N101).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4719157p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/11/2017
FAITS DIVERS
PARIS
L'Empereur part samedi pour Vichy, où il
arrivera pour dîner. Sa Majesté sera accompa-
gnée par le général de Béville, le comte Da-
villier, le maréchal Regnault de Saint-Jean- .
d'An,-élv ; M. Devaranne, lieutenant de vais-
seau, officier d'ordonnance, M. Pietri, secrétaire
particulier, etc.
L'Empereur n'allant passer à Vichy qu'une
demi-saison, n'emmène que très peu de che-
vaux et de voitures.
Le général comte Lepic, aide de camp de
l'Empereur et surintendant des palais impè-
riaux, part ce soir pour Vichy, afin de préparer
la petite installation des chalets.
Une des principales danseuses de l'Opéra, 91" Ba-
ratte, faisait dimanche, en compagnie de trois autres
personnes, une promenade en voilure dans la forêt d'à
Fontainebleau. Tout à coup le cheval qui conduisait ie
véhicule se cabre, et la voiture verse sur un accident
de lorrain.
Dans la culbute, MI le Baratte a été, nous apprend le
Figaro-Programme, assez grièvement blessée à la jam-
be pour que l'on ait cru nécessaire de lui faire garder
le lit pendant plusieurs jours, dans U1l hôtel de la ville,
avant de la ramener à Paris.
Mercredi matin, un jeune homme de dix-neuf ans,
nommé Albert G.... employé comme ouvrier dans
les ateliers de la M:rn.m:aie, s'étant imprudemment ap-
proché do l'une des puissantes machines qui y fonc-
tionnent, a été saisi par le bras gauche et entraîné
sous les engrenages des laminoirs. Il a fait des efforts
inou'.'s sans pouvoir se d'ester. Quand on a pu arrê-
ter la vapeur, il avait la partie gauche du corps en-
gagée sous le rouleau. Celle partie a é!.u presque en-
tit'rcmoit. hroyée, C'I. 1-c malheureux jeune homme a
expiré au milieu d-es plus vives souffrauces.
A la suile des constata'ti'ons, son corps a été trans-
porté au domicile de ses parents, passage du Pont-
Keuf.
Mercredi, à onze heures et demie du matin, le pla-
fond du lavoir tenu par le sieur P..., rue Sainte-Foi,
s'est écroulé subitement. Les planches et les pièces de
bois qui le composaient étaient rongées par la vétusté
et l'humidité, et. déjà on avait été obligé de les soute-
nir lJaJ des tenons en fer. Le logement au-dessus était
habité par les époux 0..., cordonniers.
Ils allaient se mettre à table pour déjeuner 'avec
leurs deux enfants, dont l'un est âgé de dix ans, et
l'autre de dix-huit mois.
Ce dernier se trouvait sur les genoux de sa mère.
Ils ont été précipilés au rez-de-chaussée avec leurs
meubles, leurs ustensiles de ménage, les planches et
les gravois. Par un bonheur extraordinaire, ils n'ont
eu d'autre mal que quelques légères contusions. Peu
d'instants après, cette chute eÙt atteint les ouvrières
qui étaient allées déjeuner, et qui ne devaient pas tar-
der à revenir. On eût eu sans doute à déplorer alors
une véritable catastrophe.
Dans le quartier Saint-Denis, M. G..., âgé de 65 ans,
tenait un établissement de traiteur. Il fut obligé de se
mettre en faillite, et il en éprouva un profond chagrin.
Son gendre, M. R..., négociant à Paris, re.jnt un jour
de la semaine dernière une lettre ainsi conçue :
« Chers enfants, les pertes que j'ai éprouvées m'ont
forcé à déposer mon bilan. Je n'en suis pas moins un
honnête homme, mais le monde ne me jugera pas ainsi.
A mon âge, je ne puis plus espérer de travailler encore
assez pour gagner la somme nécessaire à ma réhabili-
tation. Je ne me sens pas la force de vivre avec un
nom flétri. Adieu donc. Lorsque vous recevrez ces li-
gnes, je n'existerai plus. Je vais me noyer dans la
Seine. Vous retrouverez probablement mon corps à la
Morgue. Soyez heureux, ma dernière pensée sera pour
vous. Votre père, G... »
Le lendemain, M. R... apprit que son beau-père s'é-
tait jeté à l'eau au pont de Neuilly, mais que des ma-
riniers l'avaient retiré vivant et qu'il se trouvait à la
préfecture de police. Il alla le réclamer. G... promit de
ne plus songer au suicide, et on le rendit à son gendre.
Pendant quelques jours, il parut avoir oublié ses si-
nistres projets et s'occupa beaucoup de ses au'aires, puis
M. R... reçut une nouvelle lettre.
« Décidément, écrivail G..., je ne puis résister au
désir de quitter ce monde. Cette fois, je n'aurai peut-
être pas le malheur de rencontrer des sauveteurs. Je
choisis le canal sombre qui m'engloutira sans bruit, et,
pour que personne ne puisse me voir, je m'y précipite-
rai à minuit, après avoir vidé à votre santé ma der-
nière bouteille ! Vous voyez que je prends gaiment ma
résolution, que vous appelerez fatale, mais qui doit me
conduire à l'éternel repos. »
Mercredi, en effet, le cadavre de cet infortuné a été
repèciié dans le canal et transporté à la Morgue. Il
port ait, fixé sur la poitrine avec des épingles, un papier
portant ces mots :
« Pour constater mon identité, s'adresser à mon
gendre, M. R..., rue...
On a commencé sur l'esplanade des Invalides
et à la barrière du Trône les préparatifs de la
fète nationale du 15 août,
On construit des théâtres en plein vent; on
dispose des orchestres.
11 y aura peu de choses à faire à la place de
la Concorde et aux Champs-Elysées, tout étant
disposé à demeure pour les grandes illuminations,
il suffira d'apporter les girandoles, les globes en
verre dépoli et les verres de couleur.
DEPARTEMENTS
Nancy vient de faire frapper une médaille à
i'occasion du rétablissement des Facultés lorrai-
nes. Cette médaille a 83 millimètres de d:amë-
M. Couder, de l'Institut, en a donné le des- j
sin ; Tyr. Caqué, graveur du cabinet desmédailles,
en a gravé les coins. La face représente un aut:4
où se repose l'aigle impérial tenant dans ses ser-
res le décret qui rétablit l'université, avec cette
devise : Lothannse scholœ resurgant. Autour de
l'autel sont groupées les villes lorraines avec
leurs armes et leurs symboles. Sur le revers, on
Ut en légende circulaire : Ecole de droit de Nan-
cy, fondée à Pont-à -Mousson en 1572, transférée
à Nancy en 1768, fermée en 1792, rouverte en 1 684;
et en exergue : Nanceianas scientiarum, littera-
mm, juris facultates restituit Napoleo III, 1865.
Il a été frappé vingt médailles d'argent et !rois
cents de bronze. L'Impératrice en a agréé, pour
l'Empereur, le premier exemplaire.
On écrit d'Ulcl3t à la Revue de l'Oitest :
« Nous avons à publier un terrible accident causé
par la foudre.
" Six personnes étaient occupées à moissonner, lors-
qu'elles furent surprises par un violent orage. Cinq se
mirent sous un gros chêne, et la sixième sous un autre,
à une petite distance
» A peine s'étaient-elles placées sous ces dangereux
abris, qu'un coup de tonnerre éclata sur leur tête, e
les renversa toutes instantanément. Le fluide électrique
avait tué les unes et plongé les autres dans un éva-
nouissement dont elles furent longtemps à revenir.
» Le sieur Bourdin se releva le premier ; il aperçut ses
compagnons étendus sous les arbres et appela du se-
cours. On put alors constater l'étendue (Je ce grand
malheur. Un homme et une femme avaient éte' tués, et
trois autres personnes avaient reçu de graves blessures.
» Le sieur Bazin, âgé de vingt-quatre ans, a été fou-
droyé. Son corps portait au bas des reins une grande
quantité de marques qui semblaient être l'effet d'un coup
de fusil chargé à plomb, à cinquante mètres. Il portait
sur l'omoplate droite une trace de brûlure d'environ 6
centimètres. Le cou et la figure étaient de couleur
violacée:
» La veuve Delaunay, tuée par la foudre, ne portait
sur le corps aucune blessure; mais la face, les oreilles
et le cuir chevelu avaient une couleur violacée. •
» La fille Marie Boury, âgée de vingt-quatre ans, a
été très-gavement blessée. La commotion l'a privée de
la raison pendant plusieurs heures. Elle porte, à la
plante des pieds, des blessures qui ressemblent à celles
qui seraient occasionnées par un coup de fusil chargé
à plomb. Elle a revu, en outre, quatre blessures qui
ressemblent aux excoriations produites par de l'eau
bouillante. L'œil droit est reslé plein de sang.
» Le sieur Pajot et sa femme ont de graves blessures
sous la plante des pieds, semblables à celles reçues
par la fille Boury.
» Celles des victimes de cet accident qui ont survé-
cu sont au it, très-souffrantes.
» Le gros chêne sur lequel la foudre est tombée, n'a
pas eu une branche cassée. Le fluide a frappé seule-
ment les personnes qui étaient au pied de ce chêne.
» Ce terrible accident a fra^ppé de stupeur les habi-
tants de la commune. Ils voulaient y voir une cause
surnaturelle. Rien n'est plus facile à expliquer; mais
ce qui est plus difficile à leur faire comprendre, c'est
que, pendant les orages, il ne faut jamais se mettre à
l'abri sous les arbres. On doit se résigner à recevoir la
pluie, si on ne veut pas être exposé aux coups de la
foudre. »
Le Moniteur de l'Algérie rapporte qu'un habitant
d'Alger, M. F..., représentant de commerce, s'est donné
la mort d'une manière épouvantable. Ce malheureux
s'est mutilé à coups de rasoir ; son corps était sillonné
de trente-quatre blessures.
La petite ville d'Avallon, dans la Côte-d'Or,
a résolu d'élever une statue à son illustre com-
patriote Vauban, le créateur de la poliorcétique
moderne. Le sculpteur en est déjà choisi : c'est
M. Bartholdi, de Paris.
Un bateau arrivé à Bayonne lundi dernier, dans la
matinée, a été le théâtre d'une scène assez curieuse.
On avait volé à une femme, dont l'état est de faire des
commissions, son porte-monnaie où se trouvaient ren-
fermés mille francs en or, dont la majeure partie lui
avait été confiée par diverses personnes, en vue d'a-
chats à faire dans la ville.
La pauvre femme s'évanouit en s'apercevant de la
disparition de cette somme, dont elle ne constata l'ab-
sence qu'après le débarquement des passagers; mais,
heureusement, les perquisitions auxquelles on s'est
livré ont amené la découverte des mille francs en
question au fond d'une cruche, où, pour un motif en-
core inconnu, le voleur avait déposé le fruit de son
larcin. Comme on le pense bien, si le chagrin avait
été grand, la joie n'a pas été moindre.
(Courrier de Bayonne.)
A propos de la guerre, il vient de se passer un fait
curieux à Saumur.
Lundi, à l'ouverture des classes, deux jeunes collé-
giens manquaient à l'appel. Aussitôt les conversations
se sont engagées et les camarades ont dévoilé un com-
plot en cours d'exécution.
Nos deux jeunes héros, passionnés pour la gloire, dé-
sespérant sans doute de recevoir des lauriers à la dis-
tribution des prix, étaient partis en conquérir d'autres
d'un genre tout différent sur les champs de bataille, dans
les rangs de l'armée... autrichienne.
Mais les papas, jugeant à pareille heure le moment
inopportun, ont fait jouer le télégraphe, et nos jeunes
étourdis ne pourront pas même gagner Paris et respi-
rer un peu l'air de la liberté. On s'attend prochaine-
ment à les voir rentrer sous le toit paternel, où ils re-
cevront sans doute la récompense de leur vaillante
conduite.
ETRANGER
S. M. la. reine douairière de Saxe, dont le luxe
de table était proverbial en Allemagne, vient de
décider qu'il ne lui serait plus servi désormais
qu'un seul plat par repas, et que les sommes ré-
sultant de cette économie seraient versées à la
caisse de secours pour les blessés. La décision
de la reine a d'autant plus de prix que les memj
bres de la cour tiendront à honneur de suivre ce
généreux exemple.
Marie-Anne Léopoldine Wlu'elmine, reine
douairière de Saxe, fille de feu Maximilien Ier,
roi de Bavière, et de la ywneesse Caroline de
Bade, est née à Munich, en 1805, elle est veuve,
depuis 185/1, du roi Frédéric-Auguste II. Sa
sœur jumelle a épousé l'archiduc François-
Charles. Ses trois autres sœurs, Efizabeth, Amé-
lie et Louise, furent mariées, la première au roi
de Prusse Frédéric-Guillaume IV; la seconde
au roi Jean de Saxe, et la dernière à Maximi-
lien-Joseph, duc de Bavière, père de l'Impéra-
trice d'Autriche et de la reine de Naples.
Nous lisons dans les journaux allemands :
« Onze sœurs de charité, qui s'étaient distin-
guées par leur courageux dévouement dans la
guerre de Danemark, ont reçu de l'Empereur
d'Autriche la croix de François-Joseph, et du roi
de Prusse celle de l'Aigle rouge.
Le Times publie une note curieuse sur la mort de
M. Joseph Toynhee, chirurgien à Ix>ndres :
« Mardi dernier, dans l'après-midi, Joseph Toynbee,
en rentrant chez lui, se retira dans son cabinet et pria
qu'on ne vint pas le déranger. Plusieurs heures s'éoou-
lèrent ainsi; enfin, un malade demandant à le voir, le
domestique vint frapper à la porte; ne recevant aucune
réponse, il se décida à entrer, et trouva son maître
étendu sur mn sofa et dans un état d'immobilité com-
plète. En s'approchant de lui, il remarqua qu'il avait
les narines fermées par deux tampons de coton. La
bouche Tétait également. Près du corps se trouvaient
deux fioles vides : l'une avait pu contenir six onces de
chloroforme, et l'autre une certaine quantité d'acide
prussique.
» En lisant les papiers qu'on trouva sur une table,
on crut pouvoir en induire qu'il avait voulu tenter des
expériences sur lui-même pour les bourdonnements
d'oreille par l'emploi du chloroforme mélangé à l'acide
prussique. Les médecins qui furent appelés pour lui
porter secours ne purent que constater sa mort bien
réelle, remontlnt déjà à plusieurs heures.
)) Chose remarquable, le corps était déjà dans un tel
état de décomposition, -qu-e toute recherche chimique
leur parut impossible. Praticien distingué, observateur .
consciencieux, Joseph Toynbee a publié de nombreux i
Mémoires sur l'anatomie et la pathologie de l'oreille. Ii
y a trois ans, il les avait tous réunis en un volume de
500 pages, illustré de gravures sur bois Joseph Toynbee
était âgé de cinquante ans. » . '
Une feuille limbourgeoise signale une découverte
précieuse, qui, dit-elle, doit amener une révolution
dans l'éclairage actuel. Il s'agit d'un gaz engendré par
l'air, et composé d'air atmosphérique, de vapeur d'eau
et de vapeurs d'hydrocarbure. Ce gaz est inexplosible,
portatif et économique. Il ne salit ni ne détruit les ap-
pareils ou tuyaux au sein desquels il est engendré et
où il circule. Il ne demande aucun entretien, n'exige
aucun emploi de chaleur, ni gazomètres ni cornues.
Il fournit, à peu de frais, une lumière belle et
blanche, sans odeur et sans fumée. Chacun, tant est
simple et facile la préparation de ce gaz, pourra avoir
chez soi son usine particulière, portative et d'un vo-
lume des plus restreints.
Il paraît que ce gaz peut, en outre, s'appliquer
comme force motrice dans les petites machines de un
à quatre chevaux de forcé, en remplacement de la va-
peur d'eau.
Si l'invention signalée par l'Ami du Limbourg pos-
sède en effet toutes les qualités qu'il annonce, elle
peut compter sûrement parmi les plus utiles de l'é-
poque.
Nécrologie
On a annoncé la mort de M. Théodore Muret, un des
vétérans du journalisme, qui a collaboré pendant de
longues années à la Mode, à la Quotidienne, à l' Urtion.
M. Théodore Muret a publié plusieurs romans, notam-
ment Jacques le Chouan et le Chevalier de Saint-Pons.
Dans le genre historique, on lui doit une Histoire de
l'armée de Condé, une Histoire des guerres de l 'Ouest, et
tout récemment une Histoire du Théâtre en France de-
puis la Révolution jusqu'à nos jours.
M. Théodore Muret était né à Rouen en 1808.
Réplique au fusil Prussien
L' Etendard annonce une grande nouvelle !
Au moment où les lauriers du fusil à aiguille
empêchaient les inventeurs des deux mondes de
dormir, voici venir un inventeur en sens absolu-
ment contraire,— un philanthrope, celui-là,—
qui, au lieu d'abréger la vie des hommes, s'éver-
tue à trouver le moyen de la protéger, à l'aide
d'une étoffe à l'épreuve de la balle !
Des expériences sur cette étoffe à l'épreuve de
la balle viennent d'être faites à Paris, en pré-
sence d'une commission, et elles ont, dit-on,
complétement réussi.
L'étoffe a d'abord été simplement suspendue
en l'air, et l'on a tiré dessus. — La balle s'est
enroulée dans ses plis, et est retombée sans la
traverser. Mais ce sine ictu pouvait s'expliquer
jusqu'à un certain point, par l'absence absolue
de résistance.
On a ensuite suspendu en l'air un carré de
cette étoffe, mais, au lieu de le laisser flotter,
on l'a fixé par les quatre coins. - La balle est
retombée verticalement, sans passer à travers.
On a enfin étendu et fixé l'étoffe sur un pan-
neau de bois. La balle est retombée verticale-
ment encore ; mais cette fois son extrémité s'é-
; tait aplatie ; de conique qu'elle était, sa forme
était devenue presque sphérique, et de plus, la
partie qui avait frappé l'étoffe portait l'empreinte
de sa trame.
On a tiré de près, de loin, à bout portant, à
toutes les distances, avec des fusils, des pisto- ;
lets, des revolvers et des carabines rayées. La
balle n'a rien fait à l'étoffe et n'a produit qu'une 1
espèce de contusion à la surface de la planche
sur laquelle cette étoffe était étendue.
Que va devenir cette invention aussi nouvelle
qu'étonnante? Les soldats qui seront vêtus ou
plastronnés de cette étoffe seront-ils invulnéra-
bles comme Achille? Là est la question. Mais si
les balles de fusil n'ont plus de vertu, les boulets
de canon en auront encore.
CAUSES CÉLÈBRES
AFFAIRE PEYTEL 1
1838 — 1839.
L'instruction fut l'une des plus longues qua
l'on ait connues ; elle ne dura pas moins de dix
mois; Peytel et ses amis firent tout ce qu'ils
purent pour la dérouter et la retarder sans
cesse.
'Les débats s'ouvrirent enfin devant la CLur
d'assises de l'Ain, sous la présidence de M. Du-
ris u, conseiller à la Cour royale de Lyon, le
26 août 1839.
La nature des faits, la position sociale de l'ac-
cusé et des témoins, les incidente dramatiques
qui se rattachaient au crime et aux diverses
phases de t'instruc ion, avaient vivement surex-
cité kt curiosité publique. Aussi, dès huit heures
du matin, les personnes munies de billets se
pressaient-elles aux portes du Palais, bien que
celles-ci ne dussent s'ouvrir qu'à neuf heures, -
ainsi qu'il est d'usage dans toutes les villes de
province. *•
Parmi les témoins on remarquait M. Jordan,
président du tribunal de Belley i M. le docteur
Casimir Broussais; sa femme, sœur de Mme Pey°
tel; Mme Alcazar, leur mère; M. Roselli-Mollet,
avocat, qui avait fait le mariage et qui fut depuis
représentant du peuple à l'Assemblée consti-
tuante en 1849, M. de Montrichard, lieutenant
de gendarmerie, beau-frère de la victime; M. le
docteur Olivier, d'Angers, le Tardieu de l'époque;
M. Alphonse Toussenel, alors secrétaire de
M. de Montali-vet, aujourd'hui l'un des collabo-
rateurs de l'Opinion nationale; M. Gavarni,
déjà célèbre comme dessinateur, et, singulier
rapprochement, un nommé Dumollard! qui, par
son âge et sa position de valet de ferme, pour-
rait bien avoir été le célèbre assassin des ser-
vantes.
Pendant qu'on procédait à l'appel des témoins,
Mme Casimir Broussais, alors dans tout l'éclat de
sa vigoureuse beauté, est saisie d'une crise ner-
veuse telle qu'on l'enlève de l'audience, et que
les médecins s'empressent autour d'elle dans une
chambre voisine. Cette scène émouvante se re-
nouvela pendant la lecture de l'acte d'accusa- -
tion.
Tout à coup on entend du dehors des cris
réellement sauvages. Pour en comprendre la na-
ture, il faut savoir, comme j'en ai été témoin
dans l'affaire Dumollard, que bien que la maison
d'arrêt soit contiguë à la cour d'assises, et que
le Palais soit de construction toute moderne,
l'architecte, par un. singulier oubli des plus sim-
ples convenances, a disposé les choses de telle
façon que l'accusé est obligé de traverser une
petite cour, laquelle ne se trouve séparée de la
rue que par une grille de fer. C'est devant cette
grille que stationnent 500 ou 600 personnes pour
crier sur lui :
« — A bas! à la guillotine 1 à l'échafaud! au
loup ! au loup 1 »
Y aura-t-il rien de plus facile que de doubler
cette grille d'un mur de planche ? que d'éviter
ainsi le pilori avant la guillotine.
A dix heures, l'accusé est introduit. Deux
gendarmes s'asseyent à droite et à gauche dans
le banc.
Peytel est de petite taille; ses cheveux noirs
rejetés en arrière à la mode nouvelle, dit le Cons-
titutionnel, laissent à découvert un front large
et élevé, un épais collier de barbe encadre son
visage légèrement gravé. L'accusé est entière-
ment vêtu de noir, jusques et y compris les
gants. Sa physionomie, sans offrir rien de re-
marquable, a une certaine expression de finesse
et de douceur. Au moment où il prend place à
son banc, il est pâle et semble avoir été pénible-
ment ému par les cris qui viennent de se faire
entendre sur son passage. Peu à peu cependant
il reprend tout son calme, son visage se colore;
il salue d'un signe de tête plusieurs des person-
nes qu'il reconnaît dans l'auditoire et échange
quelques paroles avec ses défenseurs, Me Guillon,
du barreau de Bourg et Mn"' Margerant de celui de
Lyon.
Aux questions de forme, l'accusé répond se
nommer Sébastien-Benoît Peytel, âgé de trente-
cinq ans, né à Mâcon, notaire à Belley. M. lepré-
li) V lIü" lu. uuméroî parus depuis le 26 juillet.
PARIS
L'Empereur part samedi pour Vichy, où il
arrivera pour dîner. Sa Majesté sera accompa-
gnée par le général de Béville, le comte Da-
villier, le maréchal Regnault de Saint-Jean- .
d'An,-élv ; M. Devaranne, lieutenant de vais-
seau, officier d'ordonnance, M. Pietri, secrétaire
particulier, etc.
L'Empereur n'allant passer à Vichy qu'une
demi-saison, n'emmène que très peu de che-
vaux et de voitures.
Le général comte Lepic, aide de camp de
l'Empereur et surintendant des palais impè-
riaux, part ce soir pour Vichy, afin de préparer
la petite installation des chalets.
Une des principales danseuses de l'Opéra, 91" Ba-
ratte, faisait dimanche, en compagnie de trois autres
personnes, une promenade en voilure dans la forêt d'à
Fontainebleau. Tout à coup le cheval qui conduisait ie
véhicule se cabre, et la voiture verse sur un accident
de lorrain.
Dans la culbute, MI le Baratte a été, nous apprend le
Figaro-Programme, assez grièvement blessée à la jam-
be pour que l'on ait cru nécessaire de lui faire garder
le lit pendant plusieurs jours, dans U1l hôtel de la ville,
avant de la ramener à Paris.
Mercredi matin, un jeune homme de dix-neuf ans,
nommé Albert G.... employé comme ouvrier dans
les ateliers de la M:rn.m:aie, s'étant imprudemment ap-
proché do l'une des puissantes machines qui y fonc-
tionnent, a été saisi par le bras gauche et entraîné
sous les engrenages des laminoirs. Il a fait des efforts
inou'.'s sans pouvoir se d'ester. Quand on a pu arrê-
ter la vapeur, il avait la partie gauche du corps en-
gagée sous le rouleau. Celle partie a é!.u presque en-
tit'rcmoit. hroyée, C'I. 1-c malheureux jeune homme a
expiré au milieu d-es plus vives souffrauces.
A la suile des constata'ti'ons, son corps a été trans-
porté au domicile de ses parents, passage du Pont-
Keuf.
Mercredi, à onze heures et demie du matin, le pla-
fond du lavoir tenu par le sieur P..., rue Sainte-Foi,
s'est écroulé subitement. Les planches et les pièces de
bois qui le composaient étaient rongées par la vétusté
et l'humidité, et. déjà on avait été obligé de les soute-
nir lJaJ des tenons en fer. Le logement au-dessus était
habité par les époux 0..., cordonniers.
Ils allaient se mettre à table pour déjeuner 'avec
leurs deux enfants, dont l'un est âgé de dix ans, et
l'autre de dix-huit mois.
Ce dernier se trouvait sur les genoux de sa mère.
Ils ont été précipilés au rez-de-chaussée avec leurs
meubles, leurs ustensiles de ménage, les planches et
les gravois. Par un bonheur extraordinaire, ils n'ont
eu d'autre mal que quelques légères contusions. Peu
d'instants après, cette chute eÙt atteint les ouvrières
qui étaient allées déjeuner, et qui ne devaient pas tar-
der à revenir. On eût eu sans doute à déplorer alors
une véritable catastrophe.
Dans le quartier Saint-Denis, M. G..., âgé de 65 ans,
tenait un établissement de traiteur. Il fut obligé de se
mettre en faillite, et il en éprouva un profond chagrin.
Son gendre, M. R..., négociant à Paris, re.jnt un jour
de la semaine dernière une lettre ainsi conçue :
« Chers enfants, les pertes que j'ai éprouvées m'ont
forcé à déposer mon bilan. Je n'en suis pas moins un
honnête homme, mais le monde ne me jugera pas ainsi.
A mon âge, je ne puis plus espérer de travailler encore
assez pour gagner la somme nécessaire à ma réhabili-
tation. Je ne me sens pas la force de vivre avec un
nom flétri. Adieu donc. Lorsque vous recevrez ces li-
gnes, je n'existerai plus. Je vais me noyer dans la
Seine. Vous retrouverez probablement mon corps à la
Morgue. Soyez heureux, ma dernière pensée sera pour
vous. Votre père, G... »
Le lendemain, M. R... apprit que son beau-père s'é-
tait jeté à l'eau au pont de Neuilly, mais que des ma-
riniers l'avaient retiré vivant et qu'il se trouvait à la
préfecture de police. Il alla le réclamer. G... promit de
ne plus songer au suicide, et on le rendit à son gendre.
Pendant quelques jours, il parut avoir oublié ses si-
nistres projets et s'occupa beaucoup de ses au'aires, puis
M. R... reçut une nouvelle lettre.
« Décidément, écrivail G..., je ne puis résister au
désir de quitter ce monde. Cette fois, je n'aurai peut-
être pas le malheur de rencontrer des sauveteurs. Je
choisis le canal sombre qui m'engloutira sans bruit, et,
pour que personne ne puisse me voir, je m'y précipite-
rai à minuit, après avoir vidé à votre santé ma der-
nière bouteille ! Vous voyez que je prends gaiment ma
résolution, que vous appelerez fatale, mais qui doit me
conduire à l'éternel repos. »
Mercredi, en effet, le cadavre de cet infortuné a été
repèciié dans le canal et transporté à la Morgue. Il
port ait, fixé sur la poitrine avec des épingles, un papier
portant ces mots :
« Pour constater mon identité, s'adresser à mon
gendre, M. R..., rue...
On a commencé sur l'esplanade des Invalides
et à la barrière du Trône les préparatifs de la
fète nationale du 15 août,
On construit des théâtres en plein vent; on
dispose des orchestres.
11 y aura peu de choses à faire à la place de
la Concorde et aux Champs-Elysées, tout étant
disposé à demeure pour les grandes illuminations,
il suffira d'apporter les girandoles, les globes en
verre dépoli et les verres de couleur.
DEPARTEMENTS
Nancy vient de faire frapper une médaille à
i'occasion du rétablissement des Facultés lorrai-
nes. Cette médaille a 83 millimètres de d:amë-
M. Couder, de l'Institut, en a donné le des- j
sin ; Tyr. Caqué, graveur du cabinet desmédailles,
en a gravé les coins. La face représente un aut:4
où se repose l'aigle impérial tenant dans ses ser-
res le décret qui rétablit l'université, avec cette
devise : Lothannse scholœ resurgant. Autour de
l'autel sont groupées les villes lorraines avec
leurs armes et leurs symboles. Sur le revers, on
Ut en légende circulaire : Ecole de droit de Nan-
cy, fondée à Pont-à -Mousson en 1572, transférée
à Nancy en 1768, fermée en 1792, rouverte en 1 684;
et en exergue : Nanceianas scientiarum, littera-
mm, juris facultates restituit Napoleo III, 1865.
Il a été frappé vingt médailles d'argent et !rois
cents de bronze. L'Impératrice en a agréé, pour
l'Empereur, le premier exemplaire.
On écrit d'Ulcl3t à la Revue de l'Oitest :
« Nous avons à publier un terrible accident causé
par la foudre.
" Six personnes étaient occupées à moissonner, lors-
qu'elles furent surprises par un violent orage. Cinq se
mirent sous un gros chêne, et la sixième sous un autre,
à une petite distance
» A peine s'étaient-elles placées sous ces dangereux
abris, qu'un coup de tonnerre éclata sur leur tête, e
les renversa toutes instantanément. Le fluide électrique
avait tué les unes et plongé les autres dans un éva-
nouissement dont elles furent longtemps à revenir.
» Le sieur Bourdin se releva le premier ; il aperçut ses
compagnons étendus sous les arbres et appela du se-
cours. On put alors constater l'étendue (Je ce grand
malheur. Un homme et une femme avaient éte' tués, et
trois autres personnes avaient reçu de graves blessures.
» Le sieur Bazin, âgé de vingt-quatre ans, a été fou-
droyé. Son corps portait au bas des reins une grande
quantité de marques qui semblaient être l'effet d'un coup
de fusil chargé à plomb, à cinquante mètres. Il portait
sur l'omoplate droite une trace de brûlure d'environ 6
centimètres. Le cou et la figure étaient de couleur
violacée:
» La veuve Delaunay, tuée par la foudre, ne portait
sur le corps aucune blessure; mais la face, les oreilles
et le cuir chevelu avaient une couleur violacée. •
» La fille Marie Boury, âgée de vingt-quatre ans, a
été très-gavement blessée. La commotion l'a privée de
la raison pendant plusieurs heures. Elle porte, à la
plante des pieds, des blessures qui ressemblent à celles
qui seraient occasionnées par un coup de fusil chargé
à plomb. Elle a revu, en outre, quatre blessures qui
ressemblent aux excoriations produites par de l'eau
bouillante. L'œil droit est reslé plein de sang.
» Le sieur Pajot et sa femme ont de graves blessures
sous la plante des pieds, semblables à celles reçues
par la fille Boury.
» Celles des victimes de cet accident qui ont survé-
cu sont au it, très-souffrantes.
» Le gros chêne sur lequel la foudre est tombée, n'a
pas eu une branche cassée. Le fluide a frappé seule-
ment les personnes qui étaient au pied de ce chêne.
» Ce terrible accident a fra^ppé de stupeur les habi-
tants de la commune. Ils voulaient y voir une cause
surnaturelle. Rien n'est plus facile à expliquer; mais
ce qui est plus difficile à leur faire comprendre, c'est
que, pendant les orages, il ne faut jamais se mettre à
l'abri sous les arbres. On doit se résigner à recevoir la
pluie, si on ne veut pas être exposé aux coups de la
foudre. »
Le Moniteur de l'Algérie rapporte qu'un habitant
d'Alger, M. F..., représentant de commerce, s'est donné
la mort d'une manière épouvantable. Ce malheureux
s'est mutilé à coups de rasoir ; son corps était sillonné
de trente-quatre blessures.
La petite ville d'Avallon, dans la Côte-d'Or,
a résolu d'élever une statue à son illustre com-
patriote Vauban, le créateur de la poliorcétique
moderne. Le sculpteur en est déjà choisi : c'est
M. Bartholdi, de Paris.
Un bateau arrivé à Bayonne lundi dernier, dans la
matinée, a été le théâtre d'une scène assez curieuse.
On avait volé à une femme, dont l'état est de faire des
commissions, son porte-monnaie où se trouvaient ren-
fermés mille francs en or, dont la majeure partie lui
avait été confiée par diverses personnes, en vue d'a-
chats à faire dans la ville.
La pauvre femme s'évanouit en s'apercevant de la
disparition de cette somme, dont elle ne constata l'ab-
sence qu'après le débarquement des passagers; mais,
heureusement, les perquisitions auxquelles on s'est
livré ont amené la découverte des mille francs en
question au fond d'une cruche, où, pour un motif en-
core inconnu, le voleur avait déposé le fruit de son
larcin. Comme on le pense bien, si le chagrin avait
été grand, la joie n'a pas été moindre.
(Courrier de Bayonne.)
A propos de la guerre, il vient de se passer un fait
curieux à Saumur.
Lundi, à l'ouverture des classes, deux jeunes collé-
giens manquaient à l'appel. Aussitôt les conversations
se sont engagées et les camarades ont dévoilé un com-
plot en cours d'exécution.
Nos deux jeunes héros, passionnés pour la gloire, dé-
sespérant sans doute de recevoir des lauriers à la dis-
tribution des prix, étaient partis en conquérir d'autres
d'un genre tout différent sur les champs de bataille, dans
les rangs de l'armée... autrichienne.
Mais les papas, jugeant à pareille heure le moment
inopportun, ont fait jouer le télégraphe, et nos jeunes
étourdis ne pourront pas même gagner Paris et respi-
rer un peu l'air de la liberté. On s'attend prochaine-
ment à les voir rentrer sous le toit paternel, où ils re-
cevront sans doute la récompense de leur vaillante
conduite.
ETRANGER
S. M. la. reine douairière de Saxe, dont le luxe
de table était proverbial en Allemagne, vient de
décider qu'il ne lui serait plus servi désormais
qu'un seul plat par repas, et que les sommes ré-
sultant de cette économie seraient versées à la
caisse de secours pour les blessés. La décision
de la reine a d'autant plus de prix que les memj
bres de la cour tiendront à honneur de suivre ce
généreux exemple.
Marie-Anne Léopoldine Wlu'elmine, reine
douairière de Saxe, fille de feu Maximilien Ier,
roi de Bavière, et de la ywneesse Caroline de
Bade, est née à Munich, en 1805, elle est veuve,
depuis 185/1, du roi Frédéric-Auguste II. Sa
sœur jumelle a épousé l'archiduc François-
Charles. Ses trois autres sœurs, Efizabeth, Amé-
lie et Louise, furent mariées, la première au roi
de Prusse Frédéric-Guillaume IV; la seconde
au roi Jean de Saxe, et la dernière à Maximi-
lien-Joseph, duc de Bavière, père de l'Impéra-
trice d'Autriche et de la reine de Naples.
Nous lisons dans les journaux allemands :
« Onze sœurs de charité, qui s'étaient distin-
guées par leur courageux dévouement dans la
guerre de Danemark, ont reçu de l'Empereur
d'Autriche la croix de François-Joseph, et du roi
de Prusse celle de l'Aigle rouge.
Le Times publie une note curieuse sur la mort de
M. Joseph Toynhee, chirurgien à Ix>ndres :
« Mardi dernier, dans l'après-midi, Joseph Toynbee,
en rentrant chez lui, se retira dans son cabinet et pria
qu'on ne vint pas le déranger. Plusieurs heures s'éoou-
lèrent ainsi; enfin, un malade demandant à le voir, le
domestique vint frapper à la porte; ne recevant aucune
réponse, il se décida à entrer, et trouva son maître
étendu sur mn sofa et dans un état d'immobilité com-
plète. En s'approchant de lui, il remarqua qu'il avait
les narines fermées par deux tampons de coton. La
bouche Tétait également. Près du corps se trouvaient
deux fioles vides : l'une avait pu contenir six onces de
chloroforme, et l'autre une certaine quantité d'acide
prussique.
» En lisant les papiers qu'on trouva sur une table,
on crut pouvoir en induire qu'il avait voulu tenter des
expériences sur lui-même pour les bourdonnements
d'oreille par l'emploi du chloroforme mélangé à l'acide
prussique. Les médecins qui furent appelés pour lui
porter secours ne purent que constater sa mort bien
réelle, remontlnt déjà à plusieurs heures.
)) Chose remarquable, le corps était déjà dans un tel
état de décomposition, -qu-e toute recherche chimique
leur parut impossible. Praticien distingué, observateur .
consciencieux, Joseph Toynbee a publié de nombreux i
Mémoires sur l'anatomie et la pathologie de l'oreille. Ii
y a trois ans, il les avait tous réunis en un volume de
500 pages, illustré de gravures sur bois Joseph Toynbee
était âgé de cinquante ans. » . '
Une feuille limbourgeoise signale une découverte
précieuse, qui, dit-elle, doit amener une révolution
dans l'éclairage actuel. Il s'agit d'un gaz engendré par
l'air, et composé d'air atmosphérique, de vapeur d'eau
et de vapeurs d'hydrocarbure. Ce gaz est inexplosible,
portatif et économique. Il ne salit ni ne détruit les ap-
pareils ou tuyaux au sein desquels il est engendré et
où il circule. Il ne demande aucun entretien, n'exige
aucun emploi de chaleur, ni gazomètres ni cornues.
Il fournit, à peu de frais, une lumière belle et
blanche, sans odeur et sans fumée. Chacun, tant est
simple et facile la préparation de ce gaz, pourra avoir
chez soi son usine particulière, portative et d'un vo-
lume des plus restreints.
Il paraît que ce gaz peut, en outre, s'appliquer
comme force motrice dans les petites machines de un
à quatre chevaux de forcé, en remplacement de la va-
peur d'eau.
Si l'invention signalée par l'Ami du Limbourg pos-
sède en effet toutes les qualités qu'il annonce, elle
peut compter sûrement parmi les plus utiles de l'é-
poque.
Nécrologie
On a annoncé la mort de M. Théodore Muret, un des
vétérans du journalisme, qui a collaboré pendant de
longues années à la Mode, à la Quotidienne, à l' Urtion.
M. Théodore Muret a publié plusieurs romans, notam-
ment Jacques le Chouan et le Chevalier de Saint-Pons.
Dans le genre historique, on lui doit une Histoire de
l'armée de Condé, une Histoire des guerres de l 'Ouest, et
tout récemment une Histoire du Théâtre en France de-
puis la Révolution jusqu'à nos jours.
M. Théodore Muret était né à Rouen en 1808.
Réplique au fusil Prussien
L' Etendard annonce une grande nouvelle !
Au moment où les lauriers du fusil à aiguille
empêchaient les inventeurs des deux mondes de
dormir, voici venir un inventeur en sens absolu-
ment contraire,— un philanthrope, celui-là,—
qui, au lieu d'abréger la vie des hommes, s'éver-
tue à trouver le moyen de la protéger, à l'aide
d'une étoffe à l'épreuve de la balle !
Des expériences sur cette étoffe à l'épreuve de
la balle viennent d'être faites à Paris, en pré-
sence d'une commission, et elles ont, dit-on,
complétement réussi.
L'étoffe a d'abord été simplement suspendue
en l'air, et l'on a tiré dessus. — La balle s'est
enroulée dans ses plis, et est retombée sans la
traverser. Mais ce sine ictu pouvait s'expliquer
jusqu'à un certain point, par l'absence absolue
de résistance.
On a ensuite suspendu en l'air un carré de
cette étoffe, mais, au lieu de le laisser flotter,
on l'a fixé par les quatre coins. - La balle est
retombée verticalement, sans passer à travers.
On a enfin étendu et fixé l'étoffe sur un pan-
neau de bois. La balle est retombée verticale-
ment encore ; mais cette fois son extrémité s'é-
; tait aplatie ; de conique qu'elle était, sa forme
était devenue presque sphérique, et de plus, la
partie qui avait frappé l'étoffe portait l'empreinte
de sa trame.
On a tiré de près, de loin, à bout portant, à
toutes les distances, avec des fusils, des pisto- ;
lets, des revolvers et des carabines rayées. La
balle n'a rien fait à l'étoffe et n'a produit qu'une 1
espèce de contusion à la surface de la planche
sur laquelle cette étoffe était étendue.
Que va devenir cette invention aussi nouvelle
qu'étonnante? Les soldats qui seront vêtus ou
plastronnés de cette étoffe seront-ils invulnéra-
bles comme Achille? Là est la question. Mais si
les balles de fusil n'ont plus de vertu, les boulets
de canon en auront encore.
CAUSES CÉLÈBRES
AFFAIRE PEYTEL 1
1838 — 1839.
L'instruction fut l'une des plus longues qua
l'on ait connues ; elle ne dura pas moins de dix
mois; Peytel et ses amis firent tout ce qu'ils
purent pour la dérouter et la retarder sans
cesse.
'Les débats s'ouvrirent enfin devant la CLur
d'assises de l'Ain, sous la présidence de M. Du-
ris u, conseiller à la Cour royale de Lyon, le
26 août 1839.
La nature des faits, la position sociale de l'ac-
cusé et des témoins, les incidente dramatiques
qui se rattachaient au crime et aux diverses
phases de t'instruc ion, avaient vivement surex-
cité kt curiosité publique. Aussi, dès huit heures
du matin, les personnes munies de billets se
pressaient-elles aux portes du Palais, bien que
celles-ci ne dussent s'ouvrir qu'à neuf heures, -
ainsi qu'il est d'usage dans toutes les villes de
province. *•
Parmi les témoins on remarquait M. Jordan,
président du tribunal de Belley i M. le docteur
Casimir Broussais; sa femme, sœur de Mme Pey°
tel; Mme Alcazar, leur mère; M. Roselli-Mollet,
avocat, qui avait fait le mariage et qui fut depuis
représentant du peuple à l'Assemblée consti-
tuante en 1849, M. de Montrichard, lieutenant
de gendarmerie, beau-frère de la victime; M. le
docteur Olivier, d'Angers, le Tardieu de l'époque;
M. Alphonse Toussenel, alors secrétaire de
M. de Montali-vet, aujourd'hui l'un des collabo-
rateurs de l'Opinion nationale; M. Gavarni,
déjà célèbre comme dessinateur, et, singulier
rapprochement, un nommé Dumollard! qui, par
son âge et sa position de valet de ferme, pour-
rait bien avoir été le célèbre assassin des ser-
vantes.
Pendant qu'on procédait à l'appel des témoins,
Mme Casimir Broussais, alors dans tout l'éclat de
sa vigoureuse beauté, est saisie d'une crise ner-
veuse telle qu'on l'enlève de l'audience, et que
les médecins s'empressent autour d'elle dans une
chambre voisine. Cette scène émouvante se re-
nouvela pendant la lecture de l'acte d'accusa- -
tion.
Tout à coup on entend du dehors des cris
réellement sauvages. Pour en comprendre la na-
ture, il faut savoir, comme j'en ai été témoin
dans l'affaire Dumollard, que bien que la maison
d'arrêt soit contiguë à la cour d'assises, et que
le Palais soit de construction toute moderne,
l'architecte, par un. singulier oubli des plus sim-
ples convenances, a disposé les choses de telle
façon que l'accusé est obligé de traverser une
petite cour, laquelle ne se trouve séparée de la
rue que par une grille de fer. C'est devant cette
grille que stationnent 500 ou 600 personnes pour
crier sur lui :
« — A bas! à la guillotine 1 à l'échafaud! au
loup ! au loup 1 »
Y aura-t-il rien de plus facile que de doubler
cette grille d'un mur de planche ? que d'éviter
ainsi le pilori avant la guillotine.
A dix heures, l'accusé est introduit. Deux
gendarmes s'asseyent à droite et à gauche dans
le banc.
Peytel est de petite taille; ses cheveux noirs
rejetés en arrière à la mode nouvelle, dit le Cons-
titutionnel, laissent à découvert un front large
et élevé, un épais collier de barbe encadre son
visage légèrement gravé. L'accusé est entière-
ment vêtu de noir, jusques et y compris les
gants. Sa physionomie, sans offrir rien de re-
marquable, a une certaine expression de finesse
et de douceur. Au moment où il prend place à
son banc, il est pâle et semble avoir été pénible-
ment ému par les cris qui viennent de se faire
entendre sur son passage. Peu à peu cependant
il reprend tout son calme, son visage se colore;
il salue d'un signe de tête plusieurs des person-
nes qu'il reconnaît dans l'auditoire et échange
quelques paroles avec ses défenseurs, Me Guillon,
du barreau de Bourg et Mn"' Margerant de celui de
Lyon.
Aux questions de forme, l'accusé répond se
nommer Sébastien-Benoît Peytel, âgé de trente-
cinq ans, né à Mâcon, notaire à Belley. M. lepré-
li) V lIü" lu. uuméroî parus depuis le 26 juillet.
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