Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-06-05
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 juin 1866 05 juin 1866
Description : 1866/06/05 (N48). 1866/06/05 (N48).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4719106c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2017
LA PRESSE ILLUSTRÉE
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.
5 cent. le numéro.
ABONNEMENTS — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements. 6 II et
MARDI, li JUIN 1866. — No 48.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 24, boulevard des Italiens.
ADMINISTRATION : 15, rue Breda. -
; . PARIS. — Catastrophe de la Villette, du 29 mai. — La levée des cadavres après l'explosion. (D'après le croquis de M. Férat.)
LE VER RONGEUR
— Faites-donc attention I
— Mais faites attention vous-même !
Et je regardai bien en face celui qui me ré-
pondait ainsi, après nous être mutuellement
choqués sur le boulevard. •
— Camille! m'écriai-je.
— Tiens, c'est Paul !
Camille est un vieux camarade de Sainte-
Barbe...; il porte un grand nom nobiliaire et
le portait dignement, quand je le perdis de
vue après la campagne d'Italie, puisqu'il en.
revint à vingt-sept ans capitaine, décoré, plus
le Medjidié, Saints-Maurice et Lazare et la 1
médaille militaire sarde.
Or, en le regardant, je lui vis la rosette où
était ajouté le violet de l'ordre de Guadalupe
du Mexique ; il avait donc suivi le bon che-
min.
Après nous être embrassés, il prit mon bras
sur lequel il s'appuyait, même comme un
homme qui souffre ou qui est très-fatigué.
Je l'abreuvai de questions; il avait donné
sa démission après avoir fait un gros héritage,
venu d'un parent éloigné. Depuis deux
ans il était riche, il avait des rentes, des ter-
res, etc., etc.
— Ah çà! lui dis-je, mais tu dois être en-
chanté?
Nous passions devant un café : « Entrons, »
me dit-il.
Il était dix heures du matin, le café était
presque désert. Nous nous assîmes, etje cher-
chai alors à me rendre compte d'une impres-
sion indéfinissable qui m'oppressait depuis que
Camille m'avait parlé.
. Lui que j'avais laissé grand, flexible, droit
comme une flèche, la voix sonore et ferme, je I
le trouvais courbé, la poitrine en dedans,la voix
pas encore pâteuse, mais qui ne rendait que
des sons mats. Je n'avais pas voulu, précisé-
ment à cause de cette impression premiere, le
dévisager par trop, et je profitai de ce qu'il .
était assis en pleine lumière pour bien le re-
garder sans trop d'affectation.
Ses grands yeux bleus, si limpides, étaient
devenus ternes, l'œil gauche ne regardait
même plus en face; ses beaux cheveux, pres-
que roux, avaient pris une teinte plus pâle et
étaient clairsemés. Il avait les joues enfoncées,
et les pommettes, qui n'en étaientque plus sail-
lantes, avaient comme une mouche de rouge
vif.
Camille n'était plus que l'ombre de lui-
même.
LES CONTES DU DRAPEAU
1er ÉPISODE
LES COSAQUES A PARIS
PAR
PONSON DU TERRAIL
Première partie
LA MÈRE DES COMPAGNONS
XXIII
— La bêtise de l'homme est incalculable, se disait Coqueluche en remon-
tant la rue Saint-Martin et. se dirigeant vers les boulevards.
Voilà une fiiie qui est belle à éclipser Juli Lte et Suzanne, les deux plus
jolies créatures que j'eusse vues jusqu'à présent. Elle a deux millions de dot
et elle est maîtresse de sa main.
Beauté, jeunesse, fortune, éducation, naissance, — elle a tout, plus une
toquade, une marotte, un travers si l'on veut, elle aime son Empereur et
elle est Française !
Eh Lien ! Ip. chevalier d'Ormignies, pouvait posséder tout cela, en criant
tous les matins une fois: vive l'Empereur! Il ne l'a pas fait, c'est un sot.
Ah! si les Cosaques m'en donnaient le temps...
. Je suit un homme bien né, moi aussi, et j'ai bien le droit d'aimer l'Em-
! pereur 1...
Àvam un mois, — pour peu surtout que M. de Vauxchamps se fît tuer, —
Mlle de Bernerie me regarderait d'un assez bon œil...
-Mais les Cosaques arrivent, et quand Paris sera pris, il faudra bien, mon
petit Coqueluche, crier. vive le roi, si nous voulons ètre fait colonel.
Coqueluche interrompit son monologue pour soupirer profondément.
— Après ça, reprit-il, je ne sais pas si des épaulettes de colonel valent
cent mille livres de rente en bonnes terres et une jolie fille...
Voir les numéros parus der' :m:;,
t
\
Juliette.
Oui, mais j'aime Juliette...
Coqueluche poussa un nouveau soupir.
— Juliette, que papa Biribi ne veut pas me donner...
Allons! il ne faut plus penser à tout cela. D'ailleurs, Mlle de Berne.
rie aime le beau commandant de lanciers.
Et Coqueluche fit un troisième soupir qu'il accompagna de cette réflexion
assez sensée : '
— D'ailleurs, mon oncle Biribi est une dure parenté pour le vicomte de
Montrevel, une parenté bien... compromettante... et si je me mettais eu tète,
de plaire à Mlle de Bernerie en devenant bonapartiste, il serait capable de se.
mettre en travers de mon chemin.
. Dans tous les cas, il me ferait payer une jolie commission sur sa dot.
Coqueluche pressa le pas, ajoutant :
— Allons ! allons, il ne faut plus penser à tout cela. Revenons à notre plan
primitif; mais pour cela il est nécessaire d'enlever Suzanne, et, comme
me l'a conseillé Biribi, voici le moment d'aller faire un bout de visite à Cen-
tlrinette.
Coqueluche suivit les boulevards tout du long jusqu'à la rue du Mont-
Blanc.
C'était là, on s'en souvient, que logeait Cendrinette.
La pécheresse dormait .encore, bien qu'il fut près de midi, quand le coup
de sonnette du prétendu vicomte de Montrevel se fit entendre.
Cendrinette bondit hors de son lit et appela sa femme de chambre.
— Madame, dit celle-ci en entrant, je crois bien que c'est lui.
— Lui! lit Cenllrinctte, et son visage, se couvrit d'un vif incarnat.
— Oui, ce brave jeune homme, dont madame parle et rève d'un bout du
jour à l'autre bout de la nuit.
— Comment est-il ?
Et la voix de Cendrinette tremblait.
— Grand, blond, avec des yeux bleus..,
— C'est bieh cela... oui...
— Du reste, il m'a donné sa carte.
Et la soubrette tendit un petit carré de papier glacé et armorié qui portai^
ce tDm :
« Le vicomte de Montrevel «
JOURNAL QUOTIDIEN
5 cent. le numéro.
5 cent. le numéro.
ABONNEMENTS — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. 9 fr. 18 fr.
Départements. 6 II et
MARDI, li JUIN 1866. — No 48.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 24, boulevard des Italiens.
ADMINISTRATION : 15, rue Breda. -
; . PARIS. — Catastrophe de la Villette, du 29 mai. — La levée des cadavres après l'explosion. (D'après le croquis de M. Férat.)
LE VER RONGEUR
— Faites-donc attention I
— Mais faites attention vous-même !
Et je regardai bien en face celui qui me ré-
pondait ainsi, après nous être mutuellement
choqués sur le boulevard. •
— Camille! m'écriai-je.
— Tiens, c'est Paul !
Camille est un vieux camarade de Sainte-
Barbe...; il porte un grand nom nobiliaire et
le portait dignement, quand je le perdis de
vue après la campagne d'Italie, puisqu'il en.
revint à vingt-sept ans capitaine, décoré, plus
le Medjidié, Saints-Maurice et Lazare et la 1
médaille militaire sarde.
Or, en le regardant, je lui vis la rosette où
était ajouté le violet de l'ordre de Guadalupe
du Mexique ; il avait donc suivi le bon che-
min.
Après nous être embrassés, il prit mon bras
sur lequel il s'appuyait, même comme un
homme qui souffre ou qui est très-fatigué.
Je l'abreuvai de questions; il avait donné
sa démission après avoir fait un gros héritage,
venu d'un parent éloigné. Depuis deux
ans il était riche, il avait des rentes, des ter-
res, etc., etc.
— Ah çà! lui dis-je, mais tu dois être en-
chanté?
Nous passions devant un café : « Entrons, »
me dit-il.
Il était dix heures du matin, le café était
presque désert. Nous nous assîmes, etje cher-
chai alors à me rendre compte d'une impres-
sion indéfinissable qui m'oppressait depuis que
Camille m'avait parlé.
. Lui que j'avais laissé grand, flexible, droit
comme une flèche, la voix sonore et ferme, je I
le trouvais courbé, la poitrine en dedans,la voix
pas encore pâteuse, mais qui ne rendait que
des sons mats. Je n'avais pas voulu, précisé-
ment à cause de cette impression premiere, le
dévisager par trop, et je profitai de ce qu'il .
était assis en pleine lumière pour bien le re-
garder sans trop d'affectation.
Ses grands yeux bleus, si limpides, étaient
devenus ternes, l'œil gauche ne regardait
même plus en face; ses beaux cheveux, pres-
que roux, avaient pris une teinte plus pâle et
étaient clairsemés. Il avait les joues enfoncées,
et les pommettes, qui n'en étaientque plus sail-
lantes, avaient comme une mouche de rouge
vif.
Camille n'était plus que l'ombre de lui-
même.
LES CONTES DU DRAPEAU
1er ÉPISODE
LES COSAQUES A PARIS
PAR
PONSON DU TERRAIL
Première partie
LA MÈRE DES COMPAGNONS
XXIII
— La bêtise de l'homme est incalculable, se disait Coqueluche en remon-
tant la rue Saint-Martin et. se dirigeant vers les boulevards.
Voilà une fiiie qui est belle à éclipser Juli Lte et Suzanne, les deux plus
jolies créatures que j'eusse vues jusqu'à présent. Elle a deux millions de dot
et elle est maîtresse de sa main.
Beauté, jeunesse, fortune, éducation, naissance, — elle a tout, plus une
toquade, une marotte, un travers si l'on veut, elle aime son Empereur et
elle est Française !
Eh Lien ! Ip. chevalier d'Ormignies, pouvait posséder tout cela, en criant
tous les matins une fois: vive l'Empereur! Il ne l'a pas fait, c'est un sot.
Ah! si les Cosaques m'en donnaient le temps...
. Je suit un homme bien né, moi aussi, et j'ai bien le droit d'aimer l'Em-
! pereur 1...
Àvam un mois, — pour peu surtout que M. de Vauxchamps se fît tuer, —
Mlle de Bernerie me regarderait d'un assez bon œil...
-Mais les Cosaques arrivent, et quand Paris sera pris, il faudra bien, mon
petit Coqueluche, crier. vive le roi, si nous voulons ètre fait colonel.
Coqueluche interrompit son monologue pour soupirer profondément.
— Après ça, reprit-il, je ne sais pas si des épaulettes de colonel valent
cent mille livres de rente en bonnes terres et une jolie fille...
Voir les numéros parus der' :m:;,
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\
Juliette.
Oui, mais j'aime Juliette...
Coqueluche poussa un nouveau soupir.
— Juliette, que papa Biribi ne veut pas me donner...
Allons! il ne faut plus penser à tout cela. D'ailleurs, Mlle de Berne.
rie aime le beau commandant de lanciers.
Et Coqueluche fit un troisième soupir qu'il accompagna de cette réflexion
assez sensée : '
— D'ailleurs, mon oncle Biribi est une dure parenté pour le vicomte de
Montrevel, une parenté bien... compromettante... et si je me mettais eu tète,
de plaire à Mlle de Bernerie en devenant bonapartiste, il serait capable de se.
mettre en travers de mon chemin.
. Dans tous les cas, il me ferait payer une jolie commission sur sa dot.
Coqueluche pressa le pas, ajoutant :
— Allons ! allons, il ne faut plus penser à tout cela. Revenons à notre plan
primitif; mais pour cela il est nécessaire d'enlever Suzanne, et, comme
me l'a conseillé Biribi, voici le moment d'aller faire un bout de visite à Cen-
tlrinette.
Coqueluche suivit les boulevards tout du long jusqu'à la rue du Mont-
Blanc.
C'était là, on s'en souvient, que logeait Cendrinette.
La pécheresse dormait .encore, bien qu'il fut près de midi, quand le coup
de sonnette du prétendu vicomte de Montrevel se fit entendre.
Cendrinette bondit hors de son lit et appela sa femme de chambre.
— Madame, dit celle-ci en entrant, je crois bien que c'est lui.
— Lui! lit Cenllrinctte, et son visage, se couvrit d'un vif incarnat.
— Oui, ce brave jeune homme, dont madame parle et rève d'un bout du
jour à l'autre bout de la nuit.
— Comment est-il ?
Et la voix de Cendrinette tremblait.
— Grand, blond, avec des yeux bleus..,
— C'est bieh cela... oui...
— Du reste, il m'a donné sa carte.
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« Le vicomte de Montrevel «
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