Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-07-05
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 juillet 1870 05 juillet 1870
Description : 1870/07/05 (A5,N1538). 1870/07/05 (A5,N1538).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4718359w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/11/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. ie numéro. /5> -<&\ -'îo. JOURNAL QUOTmIEN . 5 cent. le numên.'
.
/Ï » : rn ~ *L\ ———
ABTOK'NSMrNTS.— Troirnsts Sî*"?s - lh on
Paris 6 fr. 8 tr.
Départements 6 11
Admmistratiur: BOURDILLLAT» fr..
~ ,- - MARDI 8 JUILLET 1870 — N° 1838
Itid,odew« etef: A.oi BAu'!HtKa-BaA.alrI.OhB
BURKAUX D'ABONNBMBNT: 9, rueDveuot
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 4 JUILLET 1870
LE ROI DE LA BASOCHE
A LYON
A MM. les Basochiens de Chateau-Thierry.
VE€ào de VAisne, messieurs, m a apporté 1
tle compte rendu de vetre fête. j
Vous avez tenu à honorer la mémoire de j
: La Fontaine en faisant revivre, par le cos- j
tu me et les cérémonies, une des traditions |
de la. vieille France communale. j
Votre Basoche, privilégiée ;par la reine de
Navarre—Blanche Arlois-s'est souvenue
de -son passé glorieux.
L'épée au côté comme vc3 ancêtres, la
branche de houx et le plumet rouge au cha-
peau, l'aiguillette cerise nouée sur l'épaule,
vous vous êtes groupés autour de votre'ban-
nière, qui porte cette admirable devise :
« Travail et solidarité. »
C'était à qui s'empresserait sur votre pas-
sage, à qui vous ferait le plus cordial ac-
cueil. Le soir, après avoir -vidé les coupes
du vin si français de la Champagne, vous
avez donné un bal. Grâceè Y Echo de M!sn<',
:,je sais tout cela.
Je sais aussi ■ que. vous avez l'intention
fPol'ganiser des réunions, des conférences,
de travailler en- commun à devenir des hom-
mes et des citoyens.
M. le Principal du Collège a cité vos de-
vanciers, ces clercs du Parlement et du Châ-
telet de Paris, spirituels, instruits, pleins de
vivacité dans leurs saillies,, de fierté dans leur
âme. Il vous a parlé de Pierre Corneille, —
le Basochien deIRouen,—qui, dans ses tra-
gédies, faisait du courage-et du dévouement
des vertus populaires, et de Beaumarchais,
— le Basochien de Paris., - cet ennemi juré
des « gens qui se sont donné la peine de naî-
tre et rien de plus ».
— N'oubliez pas - vous a-t-il dit en ter-
minant — que dans votre bJason, à côté des
tours crénelées, symbolede rignorancj- et de
la force brutale, vous portez la double plu-
me, symbole de la pensée et de la science,
c'est-à-dire de la force intelligente..
de Principal, messieurs, -a dû vous ,rap-
, peler les Unive.rsitaires du bon temps, com-
| me votre procession rappelait le Pré-Ilux-
i Clercs au*, érudiis de Château-Thierry.
Il faudrait mi volume pour écrire l'histoire
de la Basoche français. 1
Votre confrérie est la première, chez nous,
qui n'ait pas eu un caractère exclusivement
religieux. Dos son origine., elle prit le titre
de royaume, tsl son chef s'appela le roi de la
Basoche.
Vous datezde l'époque où le Parlement de
Paris devint sédentaire. Les procureurs, trop
peu nombreux pour faire eux-mêmes toutes 1
leurs écritures, obtinrent la permission de se
faire aider par des clercs.
La conciliation n'est guère dans les habi-
tudes du Palais, et messieurs les clercs se
querellaient souvent. D'abord les tribunaux
ordinaires connurent de ces contestations,
Mais Plilippe-le-Bel tint à doter d'une juri-
diction particulière les jeunes savants de ses
communes. Il établit la juridiction de la Ba-
soche. ordonna que son chel porterait le ti-
tre de roi, réglerait la discipline de ses sujets,
et connaîtrait en dernier ressort de leurs
différends. Les chefs de la juridiction étaient
qualifiés grinces de la Basoche ; ils devaient
i foi et hommage à leur roi, lui obéissaient,
laissaient appeler à lui de leurs jugements^
L'exemple de Phiïippe-le-Bel fut suivi par
presque tous ses successeurs. Louis XII per-
mit aux clercs d'établir un théâtre sur la ta-
ble de marbre de la grande salle du Palais.
Mon ami — Augustin Challamel, — dans
les Mémoires du peuple français, dont le 6e vo-
lume vient de paraître, — siest étendu sur
ces représentations.
Avec les clercs, les Moralités succédèrent
aux Miracles ; la décadence du théâtre reli-
gieux commença. Les Basochiens, hommes
habiles et fins diseurs, se mêlèrent d'édifier
ou d'égayer la foule. --A la fois-auteurs et ac-
teurs, ils parlaient un beau langage pré-
cieux, incarnaient dans des personnages leE
vertus et les vices de leurs contemporains,
'Outre les représentations extraordinaires
qu'ils donnaient dan8 les fêtes publiques, lef
BaGochiens jouaient trois fois par an : li
jeudi avant ou après la fête des Rois, le jou;
de la plantation de l'arbre de Mai, et dan!
la réunion générale de tous les confrères.
Sous François Ier, il y eut des carrousel
de la. Basoche. Huit cents clercs en uni
forme, musique en tête, défilèrent à cheva
devant le roi, émerveillé de leur bonne tour-
nure.
Le roi élu de la Basoche faisait frapper ■ SI
une sorte de monnaie, qui*avait cours entre d
ses électeurs.
En 1548, la Guyenne s'était soulevée con- b
tre Henri II, et le connétable de Montmo- a
rency — à la tète d'une armée — avait en-
vahi la province pour le compte du roi. Le 1
chef de* la Basoche et ses officiers offrirent t
6,000 clercs pour appuyer les soldats.
Henri II leur demanda quelle récompense ils e.
désiraient. c
— L'honneur de servir Votre Majesté, — (
répondit la milice basochienne.
Le roi, alors, d'accorder une foule de pri- j
viléges à une compagnie si désintéressée.
Heffi.,i III prit peur de voir, dans sa capi-
tale, une masse de 10,000 clercs sous les
ordres d'un setirt homme. Il supprima le ti-
tre de Roi et réduisit les pouvoirs de la clé-
ricature. Comme si l'on arrêtait le progrès !...
Malgré tout, la Basoche demeura puissante,
et ses communautés continuèrent à exercer
une véritable influence dans les grandes
villes.
« Les -clercs de procureur de la chambre
des comptes, — dit un historien, — avaient
baptisé leur communauté : Souverain empire
de GaIHée. A Orléans, le chef de la Basoche
avait le titre d'Empereur. Ses sujets por-
taient l'épée ; ils percevaient une somme de
12 livres 6 sous sur les premières noces, et
6 livres 8 sous sur les secondes noces de
tous les gentilshommes, officiers d'épée et de
robe, bourgeois vivant noblement, employés !
t dans I affaires du roi, praticiens et huis- !
I siers. Marseille eut aussi son royaume de la
I Basoche. Son origine est postérieure à l'or-
' donnance de Henri III qui avait supprimé
' le titre de roi de la Basoche à Paris et ses
; plus notables prérogatives. Le roi de la Ba-
soche marseillaise était ordinairement un
. clerc de notaire : il prenait dans ses actes
' la qualité de roi de la Basoche par la grâce du
5 bonheur. »
s En 1789, les clercs de Paris formèrent un
5 bataillon dont l'uniforme rouge figura dans
3 les premières journées de la Révolution. Ce
r bataillon fut vite licencié; l'autorité muni-
s cipale avait senti le danger d'armer les ci-
toyens per corporation. La garde nationale,
s prise dans l'ensemble des citoyens, remplaça
- les gardes particulières des confréries et des
11 communautés.
Telle est, en abrégé, votre histoire, mes-
;ieurs, et vous permettrez à un ancien cleri
le notaire de Lyon de vous recommander, en
erminant, un bon livre de M. Adolphe Fa-
)re, ancien président de la Chambre des
avoues de Vienne.
Les Etudes historiques sur les Clercs de
Basoche sont un traité complet sur la ma-
Lière.
J'y trouve les armoiries du Roi : Trois
écritoires d'or au champ d'azur, et, au-dessus,
comme signe de souveraineté, timbre, cas-
que et morion, avec deux anges pour sup-
porls. J'y trouve encore un couplet de votre
ronde :
L'encrier, la. plume et l'épée
Etaient les armes de Pompée.
L& Basoche est son héritière;
Elle en est fière.
Soldat, clerc, le Basochien
Est bon vivant et bon chrétien.
Vive la Basoche !
A son approche
Tout va bien.
j Mais ce que je vous recommande par-des-
sus tout, c'est une idylle latine de Philibert
Girinet (Philiberti Gi?,ineti) sur l'élection de
Pierre Gautier (Pétri Gauleri), roi de la Ba-
soche de Lyon.
Cette idyl1e date du milieu du seizième
siècle. Les détails qu'elle renferme sont ceux
d'un témoin oculaire. Gauterum acclamant,
ils nomment Gautier par acclamation ; una
fuit sententia, il n'y eut qu'une voix. Gautier;,
est immortel.
Ci Dès qu'il fut élu, — raconte le poëte,—» •
deux de ses principaux sujels l'élevèrent sur
leurs épaules, et, accompagnés de la foula
qui les entourait, l'établirent sur un siège
magnifique et mirent dans sa main droite
| le sceptre doré. Là, d'un ton grave et par des
i paroles éloquentes, que l'impression reproduisit
à l'instant, il remercia l'assemblée, et promit
f d'être pour son peuple ce que fut jadis, dans
! les champs lyciens de Rhadamanthe, le pe-
!J tit-fils d'Agénor. Il choisit ensuite ses mi-
Inistres, et, éclairé des lumières de son Sé.
nat, il distribua à chacun, suivant son ha-
bileté et son caractère, le rôle et l'emploi
j qui lui convenaient. Dès qu'il se les fut at*
■ | tachés par un serment de fidélité, la foule,
en réjouissance de l'heureux avènement,
• applaudit avec transport. L'allégresse ré-
> j gnait dans toute la ville. On ne voyait par-
| tout que danses et groupes joyeux. »
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE.)
LA CORDE DU PENDU
XCIX
99
Les chevaux, débarrassés de leurs couver-
tures et de leurs bridons, s'étaient donc mis à
paître fort tranquillement.
, Les hommes, couchés auprès du feu et qui
.S'étaient relevés un moment, se recouchèrent.
> Le mystérieux compagnon de M. Scotowe
se roula dans son manteau et s'étendit tout de
son long sur la terre les pieds vers le brasier.
Tout le monde l'imita, même M. Seotowe.
Le révérend Patterson commençait à être
fort inquiet.
Cependant il était loin >£e soupçossier la vé-
rité tout entière.
Mais les allures de 3L Scotowe étaient si
singulières, qu'un homme moins défiant que
lui eût éprouvé les mêmes angoisses.
Couché eomme les autres auprès du brasier
le plus large, le révérend - se posait plusieurs
questions et avait du mal à les résoudre.
1 Il se disait par exemple que M. Scotowe
| avait mis bien du monde dixus la confidence.
Etait-il besoin de huit ou dix hommes pour
déterrer quelque sacs pleins d'or et une cas-
sette renfermant des parcheminé? j
Et ces gens là auraient-ils une part propor- j
tionnelle dans la trouvaille, ou bieir étaient-ce
de simples mercenaires? J
M. Patterson avait peine à croire\à cette
dernière hypothèse.
Enfin pourquoi M. Scotowe était-il si taci-
turne?
j Pourquoi le compagnon qu'il s'était choisi j
I pour venir à la rencontre du révérend parals- 1
•sait-il le véritable chef de l'expédition ?
Toutes ces questions, toutes ces suppositions
se heurtaient dans le car veau un peu troublé
de M. Patterson.
Il se prit même, un moment, à taxer sa
conduite de folie, et à regretter sa paisible
maison d'Elgin-Cressent et son bureau d'Ox-
fort street.
Il ce demanda même si son voyage n'était
pas un voyage inutile et si les trésors promis
existaient réellement.
Enfin, il y avait un point plus obscur en-
core pour lui que tous les autres.
Pourquoi M. Scotowe, qui n'avait fait le
métier de détective que pour vivre, avait-il
éprouvé le besoin de partager les trésors avec
lui, c'est-à-dire avec la Société évangélique.
Tandis que le révérend se demandait tout
cela, le campement s'était tout à fait organisé.
Deux hommes étaient debout aux deux ex-
trémités des brasiers.
Les autres étaient couchés et dormaient.
, Les deux hommes qui ge promenaient à pe.:
lits pas, s'arrêtant parfois pour prête¡- l'Ol'w]e,
étaient des sentinelles.
On redoutait donc un danger ?
Le révérend s'était couché côte à oôte de
Sootowe.
Celui-ci faisait semblant de dormir.
Enfin le révérend n'y tint plus.
Il poussa le détective du coude.
M. Seotowe ouvrit les yeux.
— Mon cher monsieur, lui dit tout bas M.
Patterson, il faut vous expliquer loyalement
avec moi.
— Ah ! dit le détective.
Et il attacha sur le révérend un étrange
regard.
— Pourquoi nous sommes-nous arrêtés ici?
— Parce que... balbutia M. Scotowe, il pa-
raît... que le ravin est profond... et qu'on
ne saurait... sans danger... y descendre pool
dant la nuit.
— M. Scotowe, vous me trompez !
Le détective ne répondit pas.
— m'ave» attiré dans
-Yoitler numéro do et juin 1869; 1
5 cent. ie numéro. /5> -<&\ -'îo. JOURNAL QUOTmIEN . 5 cent. le numên.'
.
/Ï » : rn ~ *L\ ———
ABTOK'NSMrNTS.— Troirnsts Sî*"?s - lh on
Paris 6 fr. 8 tr.
Départements 6 11
Admmistratiur: BOURDILLLAT» fr..
~ ,- - MARDI 8 JUILLET 1870 — N° 1838
Itid,odew« etef: A.oi BAu'!HtKa-BaA.alrI.OhB
BURKAUX D'ABONNBMBNT: 9, rueDveuot
ADMINISTRATION : 13, quai Voltaire.
PARIS, 4 JUILLET 1870
LE ROI DE LA BASOCHE
A LYON
A MM. les Basochiens de Chateau-Thierry.
VE€ào de VAisne, messieurs, m a apporté 1
tle compte rendu de vetre fête. j
Vous avez tenu à honorer la mémoire de j
: La Fontaine en faisant revivre, par le cos- j
tu me et les cérémonies, une des traditions |
de la. vieille France communale. j
Votre Basoche, privilégiée ;par la reine de
Navarre—Blanche Arlois-s'est souvenue
de -son passé glorieux.
L'épée au côté comme vc3 ancêtres, la
branche de houx et le plumet rouge au cha-
peau, l'aiguillette cerise nouée sur l'épaule,
vous vous êtes groupés autour de votre'ban-
nière, qui porte cette admirable devise :
« Travail et solidarité. »
C'était à qui s'empresserait sur votre pas-
sage, à qui vous ferait le plus cordial ac-
cueil. Le soir, après avoir -vidé les coupes
du vin si français de la Champagne, vous
avez donné un bal. Grâceè Y Echo de M!sn<',
:,je sais tout cela.
Je sais aussi ■ que. vous avez l'intention
fPol'ganiser des réunions, des conférences,
de travailler en- commun à devenir des hom-
mes et des citoyens.
M. le Principal du Collège a cité vos de-
vanciers, ces clercs du Parlement et du Châ-
telet de Paris, spirituels, instruits, pleins de
vivacité dans leurs saillies,, de fierté dans leur
âme. Il vous a parlé de Pierre Corneille, —
le Basochien deIRouen,—qui, dans ses tra-
gédies, faisait du courage-et du dévouement
des vertus populaires, et de Beaumarchais,
— le Basochien de Paris., - cet ennemi juré
des « gens qui se sont donné la peine de naî-
tre et rien de plus ».
— N'oubliez pas - vous a-t-il dit en ter-
minant — que dans votre bJason, à côté des
tours crénelées, symbolede rignorancj- et de
la force brutale, vous portez la double plu-
me, symbole de la pensée et de la science,
c'est-à-dire de la force intelligente..
de Principal, messieurs, -a dû vous ,rap-
, peler les Unive.rsitaires du bon temps, com-
| me votre procession rappelait le Pré-Ilux-
i Clercs au*, érudiis de Château-Thierry.
Il faudrait mi volume pour écrire l'histoire
de la Basoche français. 1
Votre confrérie est la première, chez nous,
qui n'ait pas eu un caractère exclusivement
religieux. Dos son origine., elle prit le titre
de royaume, tsl son chef s'appela le roi de la
Basoche.
Vous datezde l'époque où le Parlement de
Paris devint sédentaire. Les procureurs, trop
peu nombreux pour faire eux-mêmes toutes 1
leurs écritures, obtinrent la permission de se
faire aider par des clercs.
La conciliation n'est guère dans les habi-
tudes du Palais, et messieurs les clercs se
querellaient souvent. D'abord les tribunaux
ordinaires connurent de ces contestations,
Mais Plilippe-le-Bel tint à doter d'une juri-
diction particulière les jeunes savants de ses
communes. Il établit la juridiction de la Ba-
soche. ordonna que son chel porterait le ti-
tre de roi, réglerait la discipline de ses sujets,
et connaîtrait en dernier ressort de leurs
différends. Les chefs de la juridiction étaient
qualifiés grinces de la Basoche ; ils devaient
i foi et hommage à leur roi, lui obéissaient,
laissaient appeler à lui de leurs jugements^
L'exemple de Phiïippe-le-Bel fut suivi par
presque tous ses successeurs. Louis XII per-
mit aux clercs d'établir un théâtre sur la ta-
ble de marbre de la grande salle du Palais.
Mon ami — Augustin Challamel, — dans
les Mémoires du peuple français, dont le 6e vo-
lume vient de paraître, — siest étendu sur
ces représentations.
Avec les clercs, les Moralités succédèrent
aux Miracles ; la décadence du théâtre reli-
gieux commença. Les Basochiens, hommes
habiles et fins diseurs, se mêlèrent d'édifier
ou d'égayer la foule. --A la fois-auteurs et ac-
teurs, ils parlaient un beau langage pré-
cieux, incarnaient dans des personnages leE
vertus et les vices de leurs contemporains,
'Outre les représentations extraordinaires
qu'ils donnaient dan8 les fêtes publiques, lef
BaGochiens jouaient trois fois par an : li
jeudi avant ou après la fête des Rois, le jou;
de la plantation de l'arbre de Mai, et dan!
la réunion générale de tous les confrères.
Sous François Ier, il y eut des carrousel
de la. Basoche. Huit cents clercs en uni
forme, musique en tête, défilèrent à cheva
devant le roi, émerveillé de leur bonne tour-
nure.
Le roi élu de la Basoche faisait frapper ■ SI
une sorte de monnaie, qui*avait cours entre d
ses électeurs.
En 1548, la Guyenne s'était soulevée con- b
tre Henri II, et le connétable de Montmo- a
rency — à la tète d'une armée — avait en-
vahi la province pour le compte du roi. Le 1
chef de* la Basoche et ses officiers offrirent t
6,000 clercs pour appuyer les soldats.
Henri II leur demanda quelle récompense ils e.
désiraient. c
— L'honneur de servir Votre Majesté, — (
répondit la milice basochienne.
Le roi, alors, d'accorder une foule de pri- j
viléges à une compagnie si désintéressée.
Heffi.,i III prit peur de voir, dans sa capi-
tale, une masse de 10,000 clercs sous les
ordres d'un setirt homme. Il supprima le ti-
tre de Roi et réduisit les pouvoirs de la clé-
ricature. Comme si l'on arrêtait le progrès !...
Malgré tout, la Basoche demeura puissante,
et ses communautés continuèrent à exercer
une véritable influence dans les grandes
villes.
« Les -clercs de procureur de la chambre
des comptes, — dit un historien, — avaient
baptisé leur communauté : Souverain empire
de GaIHée. A Orléans, le chef de la Basoche
avait le titre d'Empereur. Ses sujets por-
taient l'épée ; ils percevaient une somme de
12 livres 6 sous sur les premières noces, et
6 livres 8 sous sur les secondes noces de
tous les gentilshommes, officiers d'épée et de
robe, bourgeois vivant noblement, employés !
t dans I affaires du roi, praticiens et huis- !
I siers. Marseille eut aussi son royaume de la
I Basoche. Son origine est postérieure à l'or-
' donnance de Henri III qui avait supprimé
' le titre de roi de la Basoche à Paris et ses
; plus notables prérogatives. Le roi de la Ba-
soche marseillaise était ordinairement un
. clerc de notaire : il prenait dans ses actes
' la qualité de roi de la Basoche par la grâce du
5 bonheur. »
s En 1789, les clercs de Paris formèrent un
5 bataillon dont l'uniforme rouge figura dans
3 les premières journées de la Révolution. Ce
r bataillon fut vite licencié; l'autorité muni-
s cipale avait senti le danger d'armer les ci-
toyens per corporation. La garde nationale,
s prise dans l'ensemble des citoyens, remplaça
- les gardes particulières des confréries et des
11 communautés.
Telle est, en abrégé, votre histoire, mes-
;ieurs, et vous permettrez à un ancien cleri
le notaire de Lyon de vous recommander, en
erminant, un bon livre de M. Adolphe Fa-
)re, ancien président de la Chambre des
avoues de Vienne.
Les Etudes historiques sur les Clercs de
Basoche sont un traité complet sur la ma-
Lière.
J'y trouve les armoiries du Roi : Trois
écritoires d'or au champ d'azur, et, au-dessus,
comme signe de souveraineté, timbre, cas-
que et morion, avec deux anges pour sup-
porls. J'y trouve encore un couplet de votre
ronde :
L'encrier, la. plume et l'épée
Etaient les armes de Pompée.
L& Basoche est son héritière;
Elle en est fière.
Soldat, clerc, le Basochien
Est bon vivant et bon chrétien.
Vive la Basoche !
A son approche
Tout va bien.
j Mais ce que je vous recommande par-des-
sus tout, c'est une idylle latine de Philibert
Girinet (Philiberti Gi?,ineti) sur l'élection de
Pierre Gautier (Pétri Gauleri), roi de la Ba-
soche de Lyon.
Cette idyl1e date du milieu du seizième
siècle. Les détails qu'elle renferme sont ceux
d'un témoin oculaire. Gauterum acclamant,
ils nomment Gautier par acclamation ; una
fuit sententia, il n'y eut qu'une voix. Gautier;,
est immortel.
Ci Dès qu'il fut élu, — raconte le poëte,—» •
deux de ses principaux sujels l'élevèrent sur
leurs épaules, et, accompagnés de la foula
qui les entourait, l'établirent sur un siège
magnifique et mirent dans sa main droite
| le sceptre doré. Là, d'un ton grave et par des
i paroles éloquentes, que l'impression reproduisit
à l'instant, il remercia l'assemblée, et promit
f d'être pour son peuple ce que fut jadis, dans
! les champs lyciens de Rhadamanthe, le pe-
!J tit-fils d'Agénor. Il choisit ensuite ses mi-
Inistres, et, éclairé des lumières de son Sé.
nat, il distribua à chacun, suivant son ha-
bileté et son caractère, le rôle et l'emploi
j qui lui convenaient. Dès qu'il se les fut at*
■ | tachés par un serment de fidélité, la foule,
en réjouissance de l'heureux avènement,
• applaudit avec transport. L'allégresse ré-
> j gnait dans toute la ville. On ne voyait par-
| tout que danses et groupes joyeux. »
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE.)
LA CORDE DU PENDU
XCIX
99
Les chevaux, débarrassés de leurs couver-
tures et de leurs bridons, s'étaient donc mis à
paître fort tranquillement.
, Les hommes, couchés auprès du feu et qui
.S'étaient relevés un moment, se recouchèrent.
> Le mystérieux compagnon de M. Scotowe
se roula dans son manteau et s'étendit tout de
son long sur la terre les pieds vers le brasier.
Tout le monde l'imita, même M. Seotowe.
Le révérend Patterson commençait à être
fort inquiet.
Cependant il était loin >£e soupçossier la vé-
rité tout entière.
Mais les allures de 3L Scotowe étaient si
singulières, qu'un homme moins défiant que
lui eût éprouvé les mêmes angoisses.
Couché eomme les autres auprès du brasier
le plus large, le révérend - se posait plusieurs
questions et avait du mal à les résoudre.
1 Il se disait par exemple que M. Scotowe
| avait mis bien du monde dixus la confidence.
Etait-il besoin de huit ou dix hommes pour
déterrer quelque sacs pleins d'or et une cas-
sette renfermant des parcheminé? j
Et ces gens là auraient-ils une part propor- j
tionnelle dans la trouvaille, ou bieir étaient-ce
de simples mercenaires? J
M. Patterson avait peine à croire\à cette
dernière hypothèse.
Enfin pourquoi M. Scotowe était-il si taci-
turne?
j Pourquoi le compagnon qu'il s'était choisi j
I pour venir à la rencontre du révérend parals- 1
•sait-il le véritable chef de l'expédition ?
Toutes ces questions, toutes ces suppositions
se heurtaient dans le car veau un peu troublé
de M. Patterson.
Il se prit même, un moment, à taxer sa
conduite de folie, et à regretter sa paisible
maison d'Elgin-Cressent et son bureau d'Ox-
fort street.
Il ce demanda même si son voyage n'était
pas un voyage inutile et si les trésors promis
existaient réellement.
Enfin, il y avait un point plus obscur en-
core pour lui que tous les autres.
Pourquoi M. Scotowe, qui n'avait fait le
métier de détective que pour vivre, avait-il
éprouvé le besoin de partager les trésors avec
lui, c'est-à-dire avec la Société évangélique.
Tandis que le révérend se demandait tout
cela, le campement s'était tout à fait organisé.
Deux hommes étaient debout aux deux ex-
trémités des brasiers.
Les autres étaient couchés et dormaient.
, Les deux hommes qui ge promenaient à pe.:
lits pas, s'arrêtant parfois pour prête¡- l'Ol'w]e,
étaient des sentinelles.
On redoutait donc un danger ?
Le révérend s'était couché côte à oôte de
Sootowe.
Celui-ci faisait semblant de dormir.
Enfin le révérend n'y tint plus.
Il poussa le détective du coude.
M. Seotowe ouvrit les yeux.
— Mon cher monsieur, lui dit tout bas M.
Patterson, il faut vous expliquer loyalement
avec moi.
— Ah ! dit le détective.
Et il attacha sur le révérend un étrange
regard.
— Pourquoi nous sommes-nous arrêtés ici?
— Parce que... balbutia M. Scotowe, il pa-
raît... que le ravin est profond... et qu'on
ne saurait... sans danger... y descendre pool
dant la nuit.
— M. Scotowe, vous me trompez !
Le détective ne répondit pas.
— m'ave» attiré dans
-Yoitler numéro do et juin 1869; 1
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