Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-12-03
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 décembre 1869 03 décembre 1869
Description : 1869/12/03 (A4,N1324). 1869/12/03 (A4,N1324).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4718326h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/11/2017
AU COURANT DE LA PLUM
Il lui faut toujours du' nouveau pour entretenir
ses nerfs, à cette tapageuse ville „ de Paris, et
qu'ils sont heureux, ces Parisiens meneurs de
bruit! Ils n'ont pas sitôt fini de s'agiter à propos
d'un évènement, qu'il leur en faut un autre pour
se tenir en haleine, et je crois, Dieu me damne,
que s'ils restaient un mois en repos, ils mour-
raient de consomption !
Ils ont eu, en quelques semaines, des élections,
des émeutes, le crime de Troppmann, les réunions
publiques, les réélections, la découverte du hui-
tième cadavre et, ces jours-ci encore, ils étaient
haletants après l'ouverture des Chambres et le dis-
cours du trône.
tg . +
Franchement, comment »voulez-vous qu'il s'en-
nuie, cet être fortuné qui s'appelle le Parisien?
Il fallait le voir lundi, sur la place du Carrousel
et dans le pavillon de Lesdiguières surtout, avec
ses costumes brillants, ses galons éclatants et ses
décorations flamblantes! C'est là qu'il se rengor-
geait et faisait des effets de poitrine devant les
femmes irrésistibles dont il épiait les regards !
C'est là qu'il était beau à voir !
Du reste, dans cette cérémonie imposante tout
le monde est solennel.
Ainsi, quelques Gavroches s'étant permis de
huer plusieurs laquais galonnés du monde offi-
ciel, un d'eux, homme superbe et justement fier
de ses mollets et de sa perruque à frimas, a ho-
ché la tète et dit à ses collègues :
- Triste ! messieurs, triste, le peuple n'a plus
le respect de la grande livrée !
+
Nous avons eu cette semaine, aux Italiens, les
débuts d'un ténor allemand, M. Watchell, qu'on
dit être un excellentissime sportman, et bien
plus fort encore dans la connaissance du cheval
que dans celle des oeuvres musicales des grands
maîtres.
C'est un ténor-cocher — ou un cocher-ténor :
Il excelle à conduire un char dans la carrière
Et quand il lance à ses chevaux dociles son hue
de poitrine, ce cri les enlève.
C'est toujours cela. Si l'artiste ne devient pas
grand pour la postérité, il le sera pour les postil-
lons!
4"
Je suis sûr que le brillant cavalier Watchell au-
rait fait aptant d'effet à l'Ambigu que l'Héritage
fatal, drame en cinq actes de MM. Maurice Coste
et Jules Dornay, qui a eu avant-hier assez de
succès.
Le sujet est emprunté à une nouvelle de M. de
Pontmartin.
Il parait que les titis ont été très-empoi-
gnés par la pièce, car des journalistes s'étant
permis de sourire à certaines scènes, ces jeunes
messieurs, impatientés de tant d'irrévérence, se
sont mis à crier : « A bas les journalistes ! à la
porte les buveurs d'c¡¡cn! »
Hélas! ils ne savent pas que la plupart des
journalistes ne tiennent pas tant que cela à leur
encrier, et que bien des fois, en commençant
leurs articles, ils voudraient, comme Néron — le
Néron de la première manière — « ne pas savoir :
écrire... » Mais il faut bien vivre! ,
+
De mauvais plaisants prétendaient cependant, 1
malgré le fanatisme des gamins du paradis, que •
le titre de la pièce ne lui venait que parce que les
successeurs de M. Faille avaient trouvé cet Mrita.- ;
ge fatal dans sa succession. i
Mais que ne dit-on pas dans ce monde médisant
des artistes? Ainsi on assure qu'à l'Opéra-Comique ;
on ne trouve pas de diva pour le Réve d'amour,
de MM. Auber et d'Ennery. Ces dames préfèrent
sans doute la réalité. 1
En lisant ces jours-ci l'affiche du Théâtre-Fran- 1
çais pour chercher la trace" de Mademoiselle de ,
Birague, la nouvelle pièce d'Emile Augier, j'ai ,
vu que le théâtre offrait à ses charmantes habi- :
tuées :
Un mari qui pleure... au printemps. 1
Triste cadeau que ce mari-là ! 1
+ |
Je ne veux pas finir le chapitre des théâtres ^
sans donner un souvenir à M. A. Charpentier, le (
vieux et modeste secrétaire du Théâtre-Déjazet, i
qui vient de mourir à l'âge de soixante-treize 1
. ans. Il a eu une existence des plus singulières.
Ce pauvre bonhomme fut un des dandys et des \
originaux de la vie parisienne sous le règne de j
Louis-Philippe. Voici ce que l'on nous a racenté : <
Il était fils d'un homme de loi qui amassa une t
grosse fortune ; mais Adolphe et ses deux frères i
aînés ne furent pas longs à la dévorer.
i
_1_
Le père avait envoyé son fils aîné recouvrer au
Havre une somme de 30,000 francs. £
Le gaillard ne revenant pas, on envoie le cadet
à sa recherche. Pas de nouvelles de l'un ni de
l'autr-e.. t
Le dernier part, avec mission de les retrouver
et de les ramener. Réunis au Havre, les trois 1
frères mènent joyeuse vie, dévorent les 30,000 fr. |
en vingt jours, et quand on les fit rentrer sous le Ê
toit paternel, ils revinrent l'oreille basse, les mains
vides et l'appétit ouvert par cette première esca- c
pade. Ces debuts promettaient. ' r
-j-* v
Au temps de sa jeunesse et de ses folies, Char- c
pentier fut le plus tendre ami de Virginie Déjazet.
ils voyageaient ensemble, lorsqu'en pleine caïa-l
I pagne Frétillon fut prise des douleurs de l'enfan-
tement et, dans la chaise de poste, mit brave-
ment au monde une fille.
Réduit aux abois par les huissiers, le pauvre
Charpentier ne savait plus où donner de la tête.
Son amie lui offre ses économies renfermées dans
i un grand coffre-tirelire. On le vide...; Il y avait
là pour cinq à six mille francs en pièces de cinq et
de dix sous! - 1
M. Charpentier était un excellent homme, qui
avait fait preuve d'intelligence, d'initiative et était
merveilleusement doué pour les affaires.
Sa conversation était fort amusante et il avait
un fonds inépuisable d'anecdotes. j
+ ;
Je viens de terminer la lecture d'un livre que
j'ai été très-heureux de trouver rue de Riche-
lieu, 61, chez l'éditeur Chevalier, qui a eu l'heu-
reuse idée de le réimprimer.
C'est l'histoire de la Compagne de 14815, par le
colonel Charras.
C'est absolument beau !
Comme récit, éomme jugement, comme por-
traits, comme fermeté, précision et ampleur de
style en même temps; peu d'ouvrages historiques
sont à la hauteur de cette œuvre qu'un soldat, qui
était en même temps un maître-écrivain, a buriné
pour la postérité.
+
Messieurs les assassins apprendront avec joie
que leur avocat de prédilection,-Me Lachaud, s'est
réconcilié avec le jury,, après une petite brouille
qui avait interrompu leurs douces relations..
Ce nuage les tourmentait fort. Ils pensaient
que, par pure taquinerie, uniquement pour faire
une niche à M0 Lachaud, MM. les jurés les con-
damneraient toujours à mort. Troppmann, du
moins, ne se cachait pas pour le dire.
VICTOR COCHINAT.
TRIBUNAUX
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE PARIS (7e ch.)
Présidence de M. Millet.
Audience du 18 novmbre 1869.
Vol au magasin du Louvre.
Une affaire devenue très-grave, eu égard à la posi-
tion sociale de la prévenue, et dont on s'est fort ic
cupé dans le monde, le vol d'une paire de bas au Ma-
gasin du Louvre, est venue il y a quelques jours de-
vant la 7e chambre.
La prévenue, Mme Miaille, y a comparu, entourée
de toute sa famille, qui est la plus honorable du
monde, protégée par son mari, un lionnète homme, et
soutenue par ses amis qui, comme négociants, pro-
priétaires, hommes de lettres, jouissent d'une haute
considération.
Les sympathies les plus vives et les plus honorables
la suivent au pied du tribunal. Son mari exerce une
profession lucrative ; en un mot, la prévenue vit dans
un milieu social où il semblerait impossible de ren-
contrer cette honteuse tentation du vol, si l'on ne se
rappelait que des. accusations pareilles ont atteint déjà
des femmes du monde, qui ont été convaincues de lar-
cins de ce genre.
Ce qui frappe tout d'abord, c'est le peu de valeur de
l'objet volé, une paire de bas de laine de quelques
francs.
Mme Miaille a trente-deux ans. Elle nie avec énergie
l'intention que lui suppose le commis de magasin.
Trachez, commis au Louvre. — Lorsque madame
, vint, le 29 octobre, sous prétexte d'échanger un cale-
çon, je remarquai madame, qui nous avait été signa-
. lée. Le chef de rayon et moi nous la surveillâmes.
Pendant qu'on lui cherchait d'autres caleçons, je la vis
rouler une paire de bas dans sa main, puis la glisser
sous son waterproof. Aussitôt.,rnoii chef de rayon sur-
vint et lui prit la main.
La prévenue. — Je suis venue, en effet, pour chan-
ger mon caleçon; j'ai rencontré une demoiselle du'
magasin que j'avais vue souvent là; elle était très-
gracieuse, et je lui dis : Vous êtes plus complaisante
qu'on ne l'est à la bonneterie, où l'on m'a répondu
assez sèchement hier.
— Ne faites pas attention, me dit-elle, nous sommes
dans un aria épouvantable à cause de la grève, et ce-
pendant on nous recommande toujours d'être polis
avec tout le monde. *
J'étais au rayon des waterproofs, et, ce vêtement
acheté, je donne mon caleçon à la bonneterie pour
qu'on me le change, et la demoiselle qui m'avait ac-
compagnée s'en va.
Je me trouve seule pendant que le commis cherchait
ce qu'il me fallait. J'attendais; j'étais 1& inoccupée de-
vant le comptoir, sur lequel il y avait une paire de bas
de laine à côtes. Machinalement, je la prends, je l'exa-
mine, tout cela machinalement, eij attendant. Cela n'a
pas duré plus d'une minute.
Aussitôt, un monsieur arrive et me prend la main
en appelant et en criant : « Nous tenons la bande ! »
D'abord, j'ai été stupéfaite, saisie; mais bientôt je suis
revenue à moi. M. Chauchard arriva et me dit :
« Suivez-moi, madame ! » Il disait en même temps
aux commis : « Guettez-la bien, qu'elle ne jette pas la
marchandise qu'elle a volée : nous tenons la bande. »
M. le président. — Vous prétendez donc que vous
ne vouliez pas voler cette paire de bas?
La prévenue. — Oh ! certainement non, monsieur.
M. le président. — Témoin, vous entendez ?
Le témoin. — Je l'ai vue prendre la paire de bas
sur le comptoir et la rouler. >
D. La paire de bas était-elle dans la main ?
Lo témoin. — C'est au moment où la main péné-
trait dans la fente du waterproof que je- l'ai saisie..
Le tribunal recueille ensuite les témoignages les
plus recommandables, notamment celui de M. Péli-
got, membre de l'Institut; tous déclarent qu'ils tien-
nent le fait relevé contre la prévenue comme impos-
sible.
Le tribunal, malgré les effqrts de Me Colmet, dé-
clare la prévenue coupable et la condamne à quatre
mois de prison. Elle se retire en fondant en larmes.
Une dame, que l'on nous dit être la mère 'de la pré.
venue, s'écrie plusieurs fois en sanglottant :
K EUe n'est pas coupable, messieurs, elle n'est pas
coupable 1 »
DRAMES JUDICIAIRES
LE TIGRE-ROI(1)
XXXVII
La sentence.
De nos jours, à Paris surtout, les prisons sont
presque des monuments. A l'époque où se passe
notre récit, celle de Pontaniou était loin de pou-
voir être citée comme un modèle du genre.
« C'était une sorte de poste sinistre et sombre,
relégué à l'une des extrémités de Recouvrance,
sur une éminence d'où l'on domine le port, et
dans un quartier dont les alentours n'offrent au-
cune garanti i de, sécurité à ceux qui les ha-
bitent. '
Quand Yvonne atteignit les abords de ce quar-
tier àont,elle avait souvent entendu parler, mais
qu'elle n'avait jamais visité, elle se rapprocha
instinctivement d'Eléna, et lui prit f.ièrement
le bras :
— Tu as peur? fit cette dernière en la regar-
dant avec étonnement.
— Dam ! répondit Yvonne, avouez qu'il y a de
quoi n'être pas rassurée. - j
— Où sommes-nous ?
— Vous ne voyez donc pas? 1
— Non, mon enfant, non, je ne regarde pas,
moi; je pense.
— A quoi?
— A celui que nous allons voir.
Yvonne se tut; mais un frisson parcourut ses
membres et la fit trembler.
— Hâtons-nous alors, s'empressa-t-elle de ré-
pondre, comme si elle eut voulu détourner ses
propres pensées.; hâtons-nous, car nous n'avons
plus que quelques pas à faire.
— C'est donc ici?
— C'est là, devant nous, cette porte.
Eléna se prit à pâlir.
Derrière ces sombres murailles se trouvait Ray- '
mond, et elle allait le revoir.
Son cœur battit violemment dans sa poitrine.
Elle ne savait rien de ce qui s'était passé à l'au-
dience de ce même jour ; nul ne lui avait dit à
quel point en étaient arrivés les débats. Elle ne
songeait .qu'à Raymond en ce moment, et toutes
ses inquiétudes semblaient avoir disparu pour
faire place à la joie immense qu'elle éprouvait.
Cependant de graves événements s'étaient ac-
complis dans cette fatale journée.
La veille, après que la liste des témoins avait
été épuisée, Me Boëlle, l'avocat- du roi, avait pris
la parole et il avait appelé toute la sévérité des lois
sur la tête des deux coupables.
« La cupidité, la soif de l'or, s'était-il écrié,
voilà la crise de tous ces grands crimes.
«Mais, chez Ma.ran.ud, c'est la paresse qui l'a con-
duit au vol et à l'assassinat ; c'est la paresse qui
l'a laissé végéter jusqu'à trente-deux ans, sans
avoir tiré aucun profit de l'éducation qui lui fut
donnée à grands frais par son oncle, son bienfai-
teur, qu'il a si indignement récompensé.
- « Aujourd'hui il doit compte des victimes qu'il
a faites.
« Il doit un exemple à la civilisation, au com-
merce, à la navigation.
• « La Providence a elle-même dirigé toute cette
affaire. Oui, Dieu a voulu, dans sa sagesse, aban-
donner ces grands scélérats à la justice humaine;
il n'a pas voulu les juger seul; car il fallait un
exemple sur la terre.
« Marsaud, qui s'étonnait de son courage dans .
la' fatale journée du 27 novembre, était lâche et
tremblant, parce qu'un assassin ne peut être un
homme Ckc cœur. Il couchait avec ses pistolets, il
avait peur de mourir, sa conscience était bour-
relée, ses complices l'épouvantaient, son ombre
même causait son effroi.
« C'est Marsaud qui a tué Gordfng, c'est lui-
même qui a revendiqué l'honneur de ce dernier
assassinat. Gording, cependant, ne devait compte
qu'à Dieu ou aux hommes de sa conduite. Mar-
saud savait qu'il n'avait pas le droit de condam-
ner Gording, et d'être en même temps son juge
et son bourreau. »
M. Boëlle reconnaît que la position de Ray-
mond est différente de celle de .Marsaud:
« Cependant, dit-il, les mêmes passions, la
même cupidité le dirigent.
« 11 est évident que la contrainte foreée qu'il
invoque n'était pas réelle. Quoique pilotin, il avait
à bord une position assez distinguée. Il ne pou-
vait trembler devant Marsaud qui était désarmé,
tandis que lui avait des pistolets ; il était de son
devoir, puisque le capitaine avait été son bien-
faiteur, de s'en servir pour le défendre. Il a tiré
sur le maître; il a barricadé la chambre du lieu-
tenant.; ainsi, il y a eu de sa part complicité, co-
action nécessaire. "
« Le oonsentement et le concours de Raymond
se prouvent encore par les faits qui ont suivi :
« Prise de possession des effets de Morpain,
prise de possession du titre de lieutenant, et com-
bien d'autres circonstances révèlent encore sa
complicité intentionnelle ! Il mangeait avec Mar-
saud; il coupe le mât, il fait la voie d'eau ; il al-
tère le rôle; il vend, il partage, il aide Marsaud
en tous lieux.
« Comme lui il a une maîtresse qu'il introduit
furtivement à bord.
« Il achète un bateau pour faire' échapper le
prisonnier de New-Port. Il lui prête secours dans
toutes ses démarches contre le vice-eonsul, et
comme Marsaud il s'attache à la terre étrangère
sans esprit de retour.
« Néanmoins, son âge, ses antécédents hono-
(i) Voit le numéro du 27 novembre.
' : "-"'T-;,-
rables, ses aveux établissent entre Marsaud et lui
une énorme différence, et nous regrettons amère-J
ment de ne pouvoir trouver dans la pénalité ap.1
plicablè une égale distinction. M
« Nous ne pouvons même faire admettre en
sa faveur des circonstances atténuantes, la Jégisla-
tion ef , la jurisprudence refusant ce droit aux tiibu.
naux maritimes. i
« Dans cet état, Marsaud et Raymond doivent
être déclarés coupables, le premier comme au-
teur principal, le second comme coauteur et com-
plice, et l'un et l'autre CONDAMNÉS A LA PEINE CAPI-
TALE. »
PIERRE ZACCONE.
(La suite à demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
HORTICULTURE
Un fait intéressant, relatif à la conservation des
pieds d'artichauts en cave pendant l'hiver, a été com-
muniqué récemment à la Société d'horticulture.
M. le baron de P*** se trouvait privé, à l'entrée de
l'hiver, de la jouissance d'un jardin où il possédait un
beau carré d'artichauts. Ne voulant point abandonner
ceux-ci, et n'ayant pas un autre terrain tout prêt où
les mettre, il les fit arracher et poser daus une cave.
Replantés après l'hiver, pas un seul ne manqua, et ils
donnèrent fruit un mois avant la saison ordinaire. Ce
dernier résultat est fort remarquable et mériterait seul
que l'on répétât l'expérience: mais cette observation
est surtout intéressante en ce qu'elle offrirait un
moyen assura de conservation contre les grands froids.
On sait qu'à la suite des hivers longs et rigoureux,
la destruction des artichauts est quelquefois si géné-
rale, que l'on ne peut s'en procurer des plans à aucun
prix : avec la précaution d'hiverner chaque année dans
la cave une ou deux douzaines de gieds garnis de leurs
œilletons, on trouverait en pareil cas un premier fonds
pour se remonter. Dans les années où cette précaution
se trouverait superflue, on en serait quitte pour re-
planter âpre? l'hiver ces pieds de réserve, et s'ils Irai-
taient avant les autres, comme l'a éprouvé M. de P...,
on serait plus que dédommagé par 1-à du travail qu'ils
auraient coûté.
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Il lui faut toujours du' nouveau pour entretenir
ses nerfs, à cette tapageuse ville „ de Paris, et
qu'ils sont heureux, ces Parisiens meneurs de
bruit! Ils n'ont pas sitôt fini de s'agiter à propos
d'un évènement, qu'il leur en faut un autre pour
se tenir en haleine, et je crois, Dieu me damne,
que s'ils restaient un mois en repos, ils mour-
raient de consomption !
Ils ont eu, en quelques semaines, des élections,
des émeutes, le crime de Troppmann, les réunions
publiques, les réélections, la découverte du hui-
tième cadavre et, ces jours-ci encore, ils étaient
haletants après l'ouverture des Chambres et le dis-
cours du trône.
tg . +
Franchement, comment »voulez-vous qu'il s'en-
nuie, cet être fortuné qui s'appelle le Parisien?
Il fallait le voir lundi, sur la place du Carrousel
et dans le pavillon de Lesdiguières surtout, avec
ses costumes brillants, ses galons éclatants et ses
décorations flamblantes! C'est là qu'il se rengor-
geait et faisait des effets de poitrine devant les
femmes irrésistibles dont il épiait les regards !
C'est là qu'il était beau à voir !
Du reste, dans cette cérémonie imposante tout
le monde est solennel.
Ainsi, quelques Gavroches s'étant permis de
huer plusieurs laquais galonnés du monde offi-
ciel, un d'eux, homme superbe et justement fier
de ses mollets et de sa perruque à frimas, a ho-
ché la tète et dit à ses collègues :
- Triste ! messieurs, triste, le peuple n'a plus
le respect de la grande livrée !
+
Nous avons eu cette semaine, aux Italiens, les
débuts d'un ténor allemand, M. Watchell, qu'on
dit être un excellentissime sportman, et bien
plus fort encore dans la connaissance du cheval
que dans celle des oeuvres musicales des grands
maîtres.
C'est un ténor-cocher — ou un cocher-ténor :
Il excelle à conduire un char dans la carrière
Et quand il lance à ses chevaux dociles son hue
de poitrine, ce cri les enlève.
C'est toujours cela. Si l'artiste ne devient pas
grand pour la postérité, il le sera pour les postil-
lons!
4"
Je suis sûr que le brillant cavalier Watchell au-
rait fait aptant d'effet à l'Ambigu que l'Héritage
fatal, drame en cinq actes de MM. Maurice Coste
et Jules Dornay, qui a eu avant-hier assez de
succès.
Le sujet est emprunté à une nouvelle de M. de
Pontmartin.
Il parait que les titis ont été très-empoi-
gnés par la pièce, car des journalistes s'étant
permis de sourire à certaines scènes, ces jeunes
messieurs, impatientés de tant d'irrévérence, se
sont mis à crier : « A bas les journalistes ! à la
porte les buveurs d'c¡¡cn! »
Hélas! ils ne savent pas que la plupart des
journalistes ne tiennent pas tant que cela à leur
encrier, et que bien des fois, en commençant
leurs articles, ils voudraient, comme Néron — le
Néron de la première manière — « ne pas savoir :
écrire... » Mais il faut bien vivre! ,
+
De mauvais plaisants prétendaient cependant, 1
malgré le fanatisme des gamins du paradis, que •
le titre de la pièce ne lui venait que parce que les
successeurs de M. Faille avaient trouvé cet Mrita.- ;
ge fatal dans sa succession. i
Mais que ne dit-on pas dans ce monde médisant
des artistes? Ainsi on assure qu'à l'Opéra-Comique ;
on ne trouve pas de diva pour le Réve d'amour,
de MM. Auber et d'Ennery. Ces dames préfèrent
sans doute la réalité. 1
En lisant ces jours-ci l'affiche du Théâtre-Fran- 1
çais pour chercher la trace" de Mademoiselle de ,
Birague, la nouvelle pièce d'Emile Augier, j'ai ,
vu que le théâtre offrait à ses charmantes habi- :
tuées :
Un mari qui pleure... au printemps. 1
Triste cadeau que ce mari-là ! 1
+ |
Je ne veux pas finir le chapitre des théâtres ^
sans donner un souvenir à M. A. Charpentier, le (
vieux et modeste secrétaire du Théâtre-Déjazet, i
qui vient de mourir à l'âge de soixante-treize 1
. ans. Il a eu une existence des plus singulières.
Ce pauvre bonhomme fut un des dandys et des \
originaux de la vie parisienne sous le règne de j
Louis-Philippe. Voici ce que l'on nous a racenté : <
Il était fils d'un homme de loi qui amassa une t
grosse fortune ; mais Adolphe et ses deux frères i
aînés ne furent pas longs à la dévorer.
i
_1_
Le père avait envoyé son fils aîné recouvrer au
Havre une somme de 30,000 francs. £
Le gaillard ne revenant pas, on envoie le cadet
à sa recherche. Pas de nouvelles de l'un ni de
l'autr-e.. t
Le dernier part, avec mission de les retrouver
et de les ramener. Réunis au Havre, les trois 1
frères mènent joyeuse vie, dévorent les 30,000 fr. |
en vingt jours, et quand on les fit rentrer sous le Ê
toit paternel, ils revinrent l'oreille basse, les mains
vides et l'appétit ouvert par cette première esca- c
pade. Ces debuts promettaient. ' r
-j-* v
Au temps de sa jeunesse et de ses folies, Char- c
pentier fut le plus tendre ami de Virginie Déjazet.
ils voyageaient ensemble, lorsqu'en pleine caïa-l
I pagne Frétillon fut prise des douleurs de l'enfan-
tement et, dans la chaise de poste, mit brave-
ment au monde une fille.
Réduit aux abois par les huissiers, le pauvre
Charpentier ne savait plus où donner de la tête.
Son amie lui offre ses économies renfermées dans
i un grand coffre-tirelire. On le vide...; Il y avait
là pour cinq à six mille francs en pièces de cinq et
de dix sous! - 1
M. Charpentier était un excellent homme, qui
avait fait preuve d'intelligence, d'initiative et était
merveilleusement doué pour les affaires.
Sa conversation était fort amusante et il avait
un fonds inépuisable d'anecdotes. j
+ ;
Je viens de terminer la lecture d'un livre que
j'ai été très-heureux de trouver rue de Riche-
lieu, 61, chez l'éditeur Chevalier, qui a eu l'heu-
reuse idée de le réimprimer.
C'est l'histoire de la Compagne de 14815, par le
colonel Charras.
C'est absolument beau !
Comme récit, éomme jugement, comme por-
traits, comme fermeté, précision et ampleur de
style en même temps; peu d'ouvrages historiques
sont à la hauteur de cette œuvre qu'un soldat, qui
était en même temps un maître-écrivain, a buriné
pour la postérité.
+
Messieurs les assassins apprendront avec joie
que leur avocat de prédilection,-Me Lachaud, s'est
réconcilié avec le jury,, après une petite brouille
qui avait interrompu leurs douces relations..
Ce nuage les tourmentait fort. Ils pensaient
que, par pure taquinerie, uniquement pour faire
une niche à M0 Lachaud, MM. les jurés les con-
damneraient toujours à mort. Troppmann, du
moins, ne se cachait pas pour le dire.
VICTOR COCHINAT.
TRIBUNAUX
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE PARIS (7e ch.)
Présidence de M. Millet.
Audience du 18 novmbre 1869.
Vol au magasin du Louvre.
Une affaire devenue très-grave, eu égard à la posi-
tion sociale de la prévenue, et dont on s'est fort ic
cupé dans le monde, le vol d'une paire de bas au Ma-
gasin du Louvre, est venue il y a quelques jours de-
vant la 7e chambre.
La prévenue, Mme Miaille, y a comparu, entourée
de toute sa famille, qui est la plus honorable du
monde, protégée par son mari, un lionnète homme, et
soutenue par ses amis qui, comme négociants, pro-
priétaires, hommes de lettres, jouissent d'une haute
considération.
Les sympathies les plus vives et les plus honorables
la suivent au pied du tribunal. Son mari exerce une
profession lucrative ; en un mot, la prévenue vit dans
un milieu social où il semblerait impossible de ren-
contrer cette honteuse tentation du vol, si l'on ne se
rappelait que des. accusations pareilles ont atteint déjà
des femmes du monde, qui ont été convaincues de lar-
cins de ce genre.
Ce qui frappe tout d'abord, c'est le peu de valeur de
l'objet volé, une paire de bas de laine de quelques
francs.
Mme Miaille a trente-deux ans. Elle nie avec énergie
l'intention que lui suppose le commis de magasin.
Trachez, commis au Louvre. — Lorsque madame
, vint, le 29 octobre, sous prétexte d'échanger un cale-
çon, je remarquai madame, qui nous avait été signa-
. lée. Le chef de rayon et moi nous la surveillâmes.
Pendant qu'on lui cherchait d'autres caleçons, je la vis
rouler une paire de bas dans sa main, puis la glisser
sous son waterproof. Aussitôt.,rnoii chef de rayon sur-
vint et lui prit la main.
La prévenue. — Je suis venue, en effet, pour chan-
ger mon caleçon; j'ai rencontré une demoiselle du'
magasin que j'avais vue souvent là; elle était très-
gracieuse, et je lui dis : Vous êtes plus complaisante
qu'on ne l'est à la bonneterie, où l'on m'a répondu
assez sèchement hier.
— Ne faites pas attention, me dit-elle, nous sommes
dans un aria épouvantable à cause de la grève, et ce-
pendant on nous recommande toujours d'être polis
avec tout le monde. *
J'étais au rayon des waterproofs, et, ce vêtement
acheté, je donne mon caleçon à la bonneterie pour
qu'on me le change, et la demoiselle qui m'avait ac-
compagnée s'en va.
Je me trouve seule pendant que le commis cherchait
ce qu'il me fallait. J'attendais; j'étais 1& inoccupée de-
vant le comptoir, sur lequel il y avait une paire de bas
de laine à côtes. Machinalement, je la prends, je l'exa-
mine, tout cela machinalement, eij attendant. Cela n'a
pas duré plus d'une minute.
Aussitôt, un monsieur arrive et me prend la main
en appelant et en criant : « Nous tenons la bande ! »
D'abord, j'ai été stupéfaite, saisie; mais bientôt je suis
revenue à moi. M. Chauchard arriva et me dit :
« Suivez-moi, madame ! » Il disait en même temps
aux commis : « Guettez-la bien, qu'elle ne jette pas la
marchandise qu'elle a volée : nous tenons la bande. »
M. le président. — Vous prétendez donc que vous
ne vouliez pas voler cette paire de bas?
La prévenue. — Oh ! certainement non, monsieur.
M. le président. — Témoin, vous entendez ?
Le témoin. — Je l'ai vue prendre la paire de bas
sur le comptoir et la rouler. >
D. La paire de bas était-elle dans la main ?
Lo témoin. — C'est au moment où la main péné-
trait dans la fente du waterproof que je- l'ai saisie..
Le tribunal recueille ensuite les témoignages les
plus recommandables, notamment celui de M. Péli-
got, membre de l'Institut; tous déclarent qu'ils tien-
nent le fait relevé contre la prévenue comme impos-
sible.
Le tribunal, malgré les effqrts de Me Colmet, dé-
clare la prévenue coupable et la condamne à quatre
mois de prison. Elle se retire en fondant en larmes.
Une dame, que l'on nous dit être la mère 'de la pré.
venue, s'écrie plusieurs fois en sanglottant :
K EUe n'est pas coupable, messieurs, elle n'est pas
coupable 1 »
DRAMES JUDICIAIRES
LE TIGRE-ROI(1)
XXXVII
La sentence.
De nos jours, à Paris surtout, les prisons sont
presque des monuments. A l'époque où se passe
notre récit, celle de Pontaniou était loin de pou-
voir être citée comme un modèle du genre.
« C'était une sorte de poste sinistre et sombre,
relégué à l'une des extrémités de Recouvrance,
sur une éminence d'où l'on domine le port, et
dans un quartier dont les alentours n'offrent au-
cune garanti i de, sécurité à ceux qui les ha-
bitent. '
Quand Yvonne atteignit les abords de ce quar-
tier àont,elle avait souvent entendu parler, mais
qu'elle n'avait jamais visité, elle se rapprocha
instinctivement d'Eléna, et lui prit f.ièrement
le bras :
— Tu as peur? fit cette dernière en la regar-
dant avec étonnement.
— Dam ! répondit Yvonne, avouez qu'il y a de
quoi n'être pas rassurée. - j
— Où sommes-nous ?
— Vous ne voyez donc pas? 1
— Non, mon enfant, non, je ne regarde pas,
moi; je pense.
— A quoi?
— A celui que nous allons voir.
Yvonne se tut; mais un frisson parcourut ses
membres et la fit trembler.
— Hâtons-nous alors, s'empressa-t-elle de ré-
pondre, comme si elle eut voulu détourner ses
propres pensées.; hâtons-nous, car nous n'avons
plus que quelques pas à faire.
— C'est donc ici?
— C'est là, devant nous, cette porte.
Eléna se prit à pâlir.
Derrière ces sombres murailles se trouvait Ray- '
mond, et elle allait le revoir.
Son cœur battit violemment dans sa poitrine.
Elle ne savait rien de ce qui s'était passé à l'au-
dience de ce même jour ; nul ne lui avait dit à
quel point en étaient arrivés les débats. Elle ne
songeait .qu'à Raymond en ce moment, et toutes
ses inquiétudes semblaient avoir disparu pour
faire place à la joie immense qu'elle éprouvait.
Cependant de graves événements s'étaient ac-
complis dans cette fatale journée.
La veille, après que la liste des témoins avait
été épuisée, Me Boëlle, l'avocat- du roi, avait pris
la parole et il avait appelé toute la sévérité des lois
sur la tête des deux coupables.
« La cupidité, la soif de l'or, s'était-il écrié,
voilà la crise de tous ces grands crimes.
«Mais, chez Ma.ran.ud, c'est la paresse qui l'a con-
duit au vol et à l'assassinat ; c'est la paresse qui
l'a laissé végéter jusqu'à trente-deux ans, sans
avoir tiré aucun profit de l'éducation qui lui fut
donnée à grands frais par son oncle, son bienfai-
teur, qu'il a si indignement récompensé.
- « Aujourd'hui il doit compte des victimes qu'il
a faites.
« Il doit un exemple à la civilisation, au com-
merce, à la navigation.
• « La Providence a elle-même dirigé toute cette
affaire. Oui, Dieu a voulu, dans sa sagesse, aban-
donner ces grands scélérats à la justice humaine;
il n'a pas voulu les juger seul; car il fallait un
exemple sur la terre.
« Marsaud, qui s'étonnait de son courage dans .
la' fatale journée du 27 novembre, était lâche et
tremblant, parce qu'un assassin ne peut être un
homme Ckc cœur. Il couchait avec ses pistolets, il
avait peur de mourir, sa conscience était bour-
relée, ses complices l'épouvantaient, son ombre
même causait son effroi.
« C'est Marsaud qui a tué Gordfng, c'est lui-
même qui a revendiqué l'honneur de ce dernier
assassinat. Gording, cependant, ne devait compte
qu'à Dieu ou aux hommes de sa conduite. Mar-
saud savait qu'il n'avait pas le droit de condam-
ner Gording, et d'être en même temps son juge
et son bourreau. »
M. Boëlle reconnaît que la position de Ray-
mond est différente de celle de .Marsaud:
« Cependant, dit-il, les mêmes passions, la
même cupidité le dirigent.
« 11 est évident que la contrainte foreée qu'il
invoque n'était pas réelle. Quoique pilotin, il avait
à bord une position assez distinguée. Il ne pou-
vait trembler devant Marsaud qui était désarmé,
tandis que lui avait des pistolets ; il était de son
devoir, puisque le capitaine avait été son bien-
faiteur, de s'en servir pour le défendre. Il a tiré
sur le maître; il a barricadé la chambre du lieu-
tenant.; ainsi, il y a eu de sa part complicité, co-
action nécessaire. "
« Le oonsentement et le concours de Raymond
se prouvent encore par les faits qui ont suivi :
« Prise de possession des effets de Morpain,
prise de possession du titre de lieutenant, et com-
bien d'autres circonstances révèlent encore sa
complicité intentionnelle ! Il mangeait avec Mar-
saud; il coupe le mât, il fait la voie d'eau ; il al-
tère le rôle; il vend, il partage, il aide Marsaud
en tous lieux.
« Comme lui il a une maîtresse qu'il introduit
furtivement à bord.
« Il achète un bateau pour faire' échapper le
prisonnier de New-Port. Il lui prête secours dans
toutes ses démarches contre le vice-eonsul, et
comme Marsaud il s'attache à la terre étrangère
sans esprit de retour.
« Néanmoins, son âge, ses antécédents hono-
(i) Voit le numéro du 27 novembre.
' : "-"'T-;,-
rables, ses aveux établissent entre Marsaud et lui
une énorme différence, et nous regrettons amère-J
ment de ne pouvoir trouver dans la pénalité ap.1
plicablè une égale distinction. M
« Nous ne pouvons même faire admettre en
sa faveur des circonstances atténuantes, la Jégisla-
tion ef , la jurisprudence refusant ce droit aux tiibu.
naux maritimes. i
« Dans cet état, Marsaud et Raymond doivent
être déclarés coupables, le premier comme au-
teur principal, le second comme coauteur et com-
plice, et l'un et l'autre CONDAMNÉS A LA PEINE CAPI-
TALE. »
PIERRE ZACCONE.
(La suite à demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
HORTICULTURE
Un fait intéressant, relatif à la conservation des
pieds d'artichauts en cave pendant l'hiver, a été com-
muniqué récemment à la Société d'horticulture.
M. le baron de P*** se trouvait privé, à l'entrée de
l'hiver, de la jouissance d'un jardin où il possédait un
beau carré d'artichauts. Ne voulant point abandonner
ceux-ci, et n'ayant pas un autre terrain tout prêt où
les mettre, il les fit arracher et poser daus une cave.
Replantés après l'hiver, pas un seul ne manqua, et ils
donnèrent fruit un mois avant la saison ordinaire. Ce
dernier résultat est fort remarquable et mériterait seul
que l'on répétât l'expérience: mais cette observation
est surtout intéressante en ce qu'elle offrirait un
moyen assura de conservation contre les grands froids.
On sait qu'à la suite des hivers longs et rigoureux,
la destruction des artichauts est quelquefois si géné-
rale, que l'on ne peut s'en procurer des plans à aucun
prix : avec la précaution d'hiverner chaque année dans
la cave une ou deux douzaines de gieds garnis de leurs
œilletons, on trouverait en pareil cas un premier fonds
pour se remonter. Dans les années où cette précaution
se trouverait superflue, on en serait quitte pour re-
planter âpre? l'hiver ces pieds de réserve, et s'ils Irai-
taient avant les autres, comme l'a éprouvé M. de P...,
on serait plus que dédommagé par 1-à du travail qu'ils
auraient coûté.
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