Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-11-30
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 novembre 1869 30 novembre 1869
Description : 1869/11/30 (A4,N1321). 1869/11/30 (A4,N1321).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47183238
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/11/2017
* Au-dessus de tout ce: des cris perçants,# dé"l'léi3" j
' et puis, de temps à autl,,",,, un cri supreme, _ indiquant
. que la lutte finissait pour i¡u:elque mlo.-.une et. que la
mort i'avait vaincu. , , .. , . de l'in-
Au milieu de ce drame écrire par; k-& « '
teudie, on a vu quatre hommes qm; se
disputaient .uns balle de i'om. Tout il coup l un lfu^
sentant sans doute qu'il a le dessous, que 1 appui va
lui manquer, brandit un couteau et le plonge dans le ;
cœur d'un malheureux naufragé; mais à ^moment
la balle de foin qu'il a cru conqut-i-L i-it-ile, etl homme
au couteau disparaît pour toujours 'avec sa victime
dans un Oot de sang. ,, ,e...
Nous avons dit les horreurs de ce désastre, signa-
lons-en aussi deux beaux traits.
Un nègre s'est jeté spontanément, courageusement,
dans une frôle barque pouvant contenir six personnes.
Au risque de voir sa chaloupe chavirer ^s le poids
des mourants affolés qui viendraierrt sûrement s y
cramponner, il s'est élancé au milieu des naufragés et
tD Un a Irlandais, qui était parvenu avec
hommes à gagner le rivage, demande a ses compa-
-gnons de prendre avec lui les yoles et de te nter un
sauvetage. Refusai s'embarque seul, sans auion. et
parvient à recueillir cinq malhe\:l'(,ux. C'est lui qui
était parvenu à ramener a terre . Jran<-^ ^e*[uf '
de Gai veston. Par -malheur, les souffrances endurte.
avaient été trop pénibles, et M. Brpnnan est mor t. de-
puis.
LE SACRIFICE
11 y a quelques jours, nue jeune Bretonne était ar-
rivée à Paris du fond de son département.
Elle venait chercher une personne de sa famille qui
l'avait mandée, mais dont l'adresse se trouvait perdue,
Cette pttuvre fille voyait s'écouler rapidement les rares
pièces de monnaie restant de ses bien minimes éco-
nomies. «. * • .
Tant qu'elle eut. un abri et du pain, elle continua
courageusement ses recherches, sans s inquiéter des
obsessions dont elle s'était vue plusie urs,fois l'objet-d*
la part de jeunes gens inconnus qu'attirait autour
d'elle sa merveilleuse beauté.
Mais, le dernier centime parti, le sentiment de son
isolement et des dangers sans nombre qui l'assiégeaient
la prit au cœur si vivement, qu'elle n'eut plus
qu'un seul désir : fuir Paris et revoir sa chère Bre-
tagne.
Revoir sa Bretagne, oui; mais sans 1 argent néces-
saire, comment faire?.'..
Le souvenir des filles de son pays lui vint alors a
l'esprit, et, entrant chez un coiffeur, elle lui vendit sa
longue et luxuriante chevelure.
Combien?...
Trop peu sans doute pour la réalisation de ses pro-
jets, car, tandis que les ciseaux dépouillaient avec un
ïoin infini ce jeune et candide front, la pauvre fille
essayait, mais en vain, de retenir les sanglots qui l'é-
touffaient. L'honnête fils de Figaro s'en aperçut et,
avant -de terminer sa besogne, voulut connaître les
causes de cette douleur.
N'y tenant plus, la malheureuse enfant lui confia
alors, en pleurant à chaudes larmes, sa pénible situa-
tion : le prix de sa chevelure ne suffisait pas pour
payer ce qu'elle devai.t à son hôtel, plus sa place au
chemin de fer...
Sa besogne achevée, le 'coiffeur, tout ému, tira de
sa caisse une somme suffisante pour, permettre à la
pauvre exilée de regagner en paix le foyer paternel, et
la jeune villageoise put reprendre le soir même le che-
min de sa Bretagne regrettée.
Bon voyage, honnête et digne fille, et qu'à brebis
tondue Dieu mesure le vent !
JULES RAMSAY.
TRIBUNAUX
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE LA SEINE
Présidence de M. Brunet.
Audiences des 12 et 26 novembre 1869.
MENACES DE MORT SOUS CONDITION. — LETTRES ADRESSÉES
A MADAME LA PRINCESSE VEUVE DE LA MOSKOWA.
t (Suite et fin. — Voir le no d'hier)
Dans cet intervalle, la princesse avait loué une par-
tie de sgn hôtel à une société à la tête de laquelle se
trouvait un homme bien connu du tribunal, je veux
parler Hugelmann. La princesse, en louant son hô-
tel, st-'ait défendre ses droits; de là, entre elle'et Hu-
gelnjain, des dissentiments, des rapports pénibles
gyjvis, de la part d'Hugelmann, de propos et de me-
/ fiaces.
Si j'introduis ici le, personnage d'Hugelmann, c'est
d'abord que la princesse, dans les premiers moments,
avait cru pouvoir lui attribuer les jettres de menaces
qu'elle avait reçues, et ensuite, c'est que vous savez
que Michel veut faire de ce nom une diversion au dan-
ger qui le. poursuit. Son système est de dire que TIi>
. gelmann avait des motifs de haine contre la princesse
et que lui n'en avait pas.
Nous arrivons à la moitié de l'année 1869, et c'est le
il août que Michel reprend sa correspondance avec la
princesse en lui adressant la lettre suivante :
« Madame,
« J'ai fait une chute ; relevé ei por té sur mon gra-
ba, on me crut mort. Pendant dix jours, ma tète et
mes membre étaient de plomb ; par moment, des fu-
sées de lucidité éclairait mon cerveau, alors je me sen-
tais mourir. Mourir sans vengeance ! Je frémissais de
rage, et l'obscurité revenait., Cette pensée me faisait
regretter une vie que je déteste. Dans le désire de
faire d'un riche ma victime, je me cramponnais à
l'existence ; Je suis sur pied pour votre malheur, COtl-
?aiesçant, j ai revu l'instrument de votre suplice;
vous tuer et mourir est mon seul désire ; vous souffri-
rez, je vous l'ai dit, et je n'ai jamais menti. Je vous
ferrai à mes pieds commencer votre longue agonie,
sar sachez le bien, vous et les vôtres, je ne me suis
îas un seul moment leurré de la pensée de toucher les
i 50,000 francs demandés. Je connais les riches de votre
espèce; vous avez su extorquer 4 ou 5 millions à la
ville de Paris, par la ruse et des manœuvres hon-
teuses, que le succès a légitimés pour vous et vos
sonseiilers, vos complices, qui ont trouvé la chose
saata naturelle. *
Après une foule d'autres déclamations sur le intin;
ton, la lettre se termine ainsi :
« Je connai la race à laquelle vous appartenez, et
je suis certain d'avance que vous ne paierai rien. Cette
pensée retremperait ma haine en fermant mon cœur
a tout sentiment de pitié, s'il y était encore accessi'ble,
en frappant, je penserait à cette rapacité stnpide d'une
femme qui, plutôt que de lacher une parcelle de ce
'qu'elle a escrequée par ruse, comédie, baux, reçus,,
actes simulés, avec l'aide d'un plagueux de gendre
qui, m'a-t-on dit, a été l'instigateur, l'égide, la sauve-
garde de votre escroquerie, ce qui, pour un pauvre
aurait constitué l'escroquerie la plus patente, n'a été
pour vous et votre gendre que lait d'amande. J'aurai
du plaisir à vous dire que les documents sont en ma
possession, si la prudence me le permettait; tout cela
sera connu après nous. Merci pour votre rçfu't de
payer. »
Après avoir donné lecture de plusieurs autres let-
tres, toutes écrites du même style et de la même pen-
sée, M. l'avocat impérial rappelle les circonstances
dans lesquelles le prévenu a été arrêté, le 21 août, à
l'hôtel Laffitte, porteur de l'espèce de traite de 3,000
francs, qu'il a-llait présenter à la princesse, et ainsi
conçue :
« Madame, veuillez payer au porteur, contre la,re-
mise de ce mandat, la somme de 3,000 francs, à valoir
sur celle de 10.000 que vous m'avez chargée de répan-
dre en bonnes œuvres..
«Votre serviteur, ,
« Signé : A. FIRMAIN.
« A m ad" me la j/rinress* de la Moskowa. »
Michel ne touchait pas ces 3,000 fr., mais il était
arrêté. Une lettre arrivait cependant encore après son
arrestation, et c'est sur ce fait qu'il s'appuie pour dire
qu'il ne faut pas le confondre avec le prétendu Firmin
sur 1:1 foi duquel il est venu de confiance. [,,i préven-
tir-n soutient au contraire que la lettre-iétnit écrite, d'a-
vance en prévision des événements, & qu'elle a été
mise à la poste par un affidé.
Du reste, voici ce qu'a prétendu André Michel d.n.s
son interrogatoire.
M. le président. — Quelques jours après la dernière
lettre écrite a Mme de l'a Moskowa, un homme vint
chez elle, et présenta une traite de 3,000 francs au
porteur. Cet homme, c'était vous. On a supposé d 'a-
boid que vous étiez l'agent d'un autre individu, mais i
l'exnertise a établi que les lettres, le billet de 3,000'fr.
n étaient pas I œùvre de cet homme... Mon Dieu,
dllugelmann; il faut bien lê nommer. L'expertise a
établi que toutes les lettres émanaient de vous; pour
les experts, c'est un point indiscutable. — R. C'est une
erreur; je n'ai pas écrit c^ lettres, j'ignorais complè-
tement leur existence. v , .
D. D'abord, étiez-vous dans une position a iair,- ce
qu'on vous reproche? Votre pénurie^était extrême.
R. Non, monsieur, j'étais gêné, mais nullement dans
un état de pénurie.
D. Vous cherchiez un emprunt? — R. Je voulais env
prunter 3,000 fr.
D. Vos meubles étaient saisis pour une somme ra-
nime, 80 fr je crois? — R. Non pas mes meubles, il
s'agissait des impositions d'une maison. "
D. Vos antécédents ne parlent pas pour vous. Vous
entendrez les témoins, ils diront qu'ils n'ont, pas eu à
se 'louer de leur association avec vous, M. Cha.ma.n
d'abord : dans votre correspondance avec lui vous par-
lez de jeter du vitriol à h. tête de sa femme et de ses
enfants. — R. Je n'ai jamais menacé personne.
D. Vous avez menacé aussi M.^Grxmot? R. C'est.
lui qui m'a provoqué en cIne).
M. le président cite encore au prévenu plusieurs af-
faires dont parleront les témoins, et dans lesquelles
ils n'auraient pas eu 4 se louer de lui.
D. Enfin, il résulte de tout cela deux choses fâcheu-
ses pour vous : vous étiez dans une pénurie extrême
et vous avez l'habitude des memces? — R. J'étais
dans la gêne, mais pas à ce point. Je voulais emprun-
ter 3,000 fr. et je ne pouvais m'adresser à mes amis
ou à mes commettantsvsans faire du tort à mon cré-
dit. J'ai fait mettre un avis dans les petites affiches et
dans deux autres journaux. Je ne pouvais également
mettre que j'empruntais pour moi, mais je mettais :
S'adresser à M. Michel; cela se fait journellement
ainsi. ^
Certes, si j'avais pensé aux lettres dont on m'accuse,
— et je ne puis croire que ce soit sérieusement, — je
ne me serais pas adressé aux Peii'.r s-Affiches. Apres
mon premier avis, je reçus une lettre signée Firmin,
dans laquelle on mè disait que l'insertion ne suffisait
pas, qu'il fallait le nom de l'emprunteur. Enfin, , après
la troisième insertion, je reçus un bon ds 3.000 fr.
sur Mme la princesse de la Moskowa; je ne la con-
naissais pas. Je crus qu'elle n'était là qu'un intermé-
diaire, que je devais ce secours à une haute bienveil-
lance. Je ne savais qu'imaginer, car on ne me posait
aucune condition; on ne me demandait pas même le
remboursement. Je cherchai dans ma tête tout ce que
je pus pour exprimer à la princesse ma reconnais-
sance ; j éérivis dans ce sens, et je remis à Mme de la
Moskowa les deux lettres: celle où était 'le mandat
était fermée, l'autre était ouverte. Si j'avais été l'au-
teur des menaces, je vous demande un peu si j'aurais
adressé ces vifs remercîments.
M. le commissaire de police m'a parlé de ressem-
blance dans le style, je lui en exprimai mon étonno-
ment. Quelle ressemblance peut-il y avoir entre une
lettre toute de reconnaissance et ces lettres horribles?
Les extrêmes se touchent, mais ne se ressemblent pas.
Quant à la quatrième lettre que j'aurais fait passer
de Mazas, c'est tout à fait impossible. A l'arrivée
à Mazas, on vous fouille, on vous fait changer de vê-
tements.
D. Et au Dépôt, combien de temps y êtes-vous
resté? — k. Vingt-quatre heures, mais j'étais en
cellule.
D. Vous avez connu Hugelmann à une époque où il
croyait avoit à se plaindre de la princesse; il était en
procès avec e!le? — R. Jamais je n'ai connu ses rap-
ports avec la princesse.
D. Vous lui avez prêté lie l'argent?— R. Voici com-
ment : J'ai connu M. Hugeknann; j'étais négociant à
Alger, où je gagnais beaucoup d'argent; un soir je sus
que onze déportés, parmi lesquels était Hugelmann,
étaient parvenus à s'échapper; je m'employai pour
ma part à les cacher; j'en pris un dans ma maison;
mais il fallait qu'ils pussent quitter l'Afrique; en ma
qualité d'armateur, je m'occupai de trouver un vais-
seau ot je réussis; cela m'a coûté 20,000 fr.
C'est ainsi que je connus M. Hugelmann. Plus tard,
j'eus l'occasion de le lui rappeler, et nous entrâmes
en relations d'affaires, je lui fournis des vins à placer,
je lui donnai toutes facilités; je ne savais pas alors ce
qu'il faisait, il était dans une position plus que diffi-
cile, il avait vingt-quatre saisies; mais il s occupait
de son exposition permanente, et il me faisait les plus
belles promesses. Quant à ses affaires avec Mme la
prinoosse de la Moskowa, je les ignorais absolument.
M. Favocat impérial. — Vous avez figuré dans une
aiÍaire Ghivincki! — R. Oui, rnonsieiii-, j'y avais un
intérêt.
M. l'avocat impérial. — Les n'Tl.' eigtierçents ont été
assez mauvais sur vous OClIl; eet'e affaire, vous figu-
riez parmi certains courtiers qui expldtrient les pas-
sions de ce jeene homme? — R. Pardon, monsieur,
votre mémoire fait erreur. Corlains courtiers ont été
malmenés*à l'audience, mais pas nous.
D. Avez-vous été payé de votre créance? — R. Oui,
monsieur.
M® Lachaud. — Hugelmann vous doit-il de l'argent?
— R. Il me doit 2,200 francs, d'une part, et 1,500 fr.
de l'autre. Il m'empruntait continuellement. Un jour,
il n'avait pas de quoi déjeuner; j'avais quinze fr. sur
moi, je lui en donnai dix. 9
On a entendu, à la seconde audience du 2G novem-
bre, quelques témoins, tant à chapge qu'à décharge,
qui ont donné des renseignements sur la moralité-de
1 accuse,' laquelle, somme toute, est détestable. Mais
ces témoignages n'apprennent rien de nouveau sur le
fond de l'affaire.
On sait, dit M. l'avocat impérial, que Firmin était
un être i -''ginaire, et cela est si vrai, qu'air moment
de l'arrcsutlon de Michel, on a trouvé sur lui une let-
tre du prétendu Firmin à lui adressée, et que confron-
tation faite de l'écriture de cette lettre avec la sienne,
elles se sont trouvées conformes.
Après une discussion rapide de l'ensemble des faits,
M. 1 avocat impérial n'hésite pas à demander contre le
prévenu une application sévère de la loi.
Me Lachand présente ensuite la défense. #
Le tribunal, après en avoir délibéré, appliquant les
art. 3C5 et 463 du Code .pénal, condamne André Michel
à un an de prison et 150 fr. d'amende.
DRAMES JUDICIAIRES
LE TIGRE-ROI (1)
XXXV (Suite)
Le tribunal maritime.
Pendant, qu'on lui parlait de Marsaud, Eléna '
pensait à Raymond. , 1
Que n'eût-elle, pas donné pour ètre avec lui !
Elle ne dout-art pas maintenant qu'il ne fût :
perdu; mais où pouvait-elle aller pour le rejoin-
dre?
Elle retourna, triste, abattue, désespérée, à la
retraite qu'elle venait de quitter..
Jamais elle ne s'était sentie si abandonnée, et
c'est avec terreur qu'elle plongeait dans l'avenir
qui s'ouvrait devant elle.
' La malheureuse femme était loin de se douter
des terribles épreuves qui l'attendaient.
Ainsi qu'on le lui avait dit, Mars au d avait été
arrêté, jeté en prison, et le lendemain embarqué
Sl1r là frégate la Didon.
Raymond ne tarda pas lui-même à subir le
même sort, et, dans cette nuit fatale, il fut arrêté
,:e son côté par les agents de Nathaniel, et quand
Marsaud arriva à bord de la frégate française, il y
trouva l'infortuné jeune homme qu'il avait en-
traîné et rendu criminel.
' L'effet de cette double arrestation fut rapide et
profond.
Tous les forbans n'étaient pas sous la main de
la justice, mais Ma'reaud et Raymond étaient con -
sidérés à juste titre comme les plus importants,
et les marines de toutes les nations civilisées éprou-
vèrent une légitime satisfaction en apprenant que
le crime horrible qu'ils avaient commis allait
enfin recevoir son châtiment.
C'est à Brest que la Dtdon devait se rendre; et..
c'est à Brest aussi que les coupables aliaient être
jugés. jft ' Il
Nous n'exagérons rien en déclarant qu'à ce
moment toute l'Europe avait les yeux tournés de
ce côté et que l'on a'ttendait, anxieux et grave, le
résultat des débats qui allaient s'engager devant
le tribunal maritime.
N-os lecteurs ne savent peut-être pas ce que •
c'est qu'un tribunal maritime, ei quelle différence
existe entre nos cours d'assises et cette redouta-
'ble institution.
Elle n'est guère connue que dans nos ports de
mer. ^ '
C'est terrible et effrayant.
Il n'y a point là, en effet, ce refuge si facile que
notre code d'instruction.criminelle offre aux cou-
pables, dans les circonstances atténuantes.
Ici, il n'y a plus d'interprétation bienveillante.
Le législateur n'a laissé aucune place à l'indul-
gence, et l'arrêt qui frappe l'accusé, quand il est
reconnu coupable, est un arrêt de mort !...
C'est une impasse au fond de laquelle se dresse
l'échafaud 1 '
Innocent, l'impasse s'ouvre pour l'accusé; cou-
pable, elle reste impitoyablement fermée.
Parmi les populations maritimes, nul n'ignore
cette situation, et il en résulte que chaque fois
que le tribunal se réunit, les débats prennent tout
de suite un solennel intérêt.
C'est ce qui arriva pour l'affaire Marsaud.
Depuis quelques, mois le crime était connu en
Europe, et les diverses péripéties du drame qui
s'était accompli à bord . de l'Alexandre avaient
éveillé une imrrense curiosité.
Aussi, quand les débats s'ouvrirent, le 12 mars
1839, une affluence inouïe'de spectateurs assiégea
des l'aube les portes du tribunal.
L'enceinte réservée fut envahie longtemps
avant l'heure de l'ouverture de la séance; les
juges même eurent de la peine h parvenir à leurs
siéges.
Un fait particulier à signaler, c'est que les pre-
miers bancs en dehors de la balustrade de l'en-
ceinte furent surtout occupés par des femmes
[ (1) Voir le numéro du 17 novembre.
de marins, qui tricottaient tout en attendant que
l'affaire C' ; ; nmençàt.
Vers neuf heures, les accusés sont introduits.
Ils ne sont que deux :
Marsaud et Raymond.
Les autres marins qui ont pris part au crime
n'ont point été arrêtés, mais on est sur les traces
de Bellégou, qui .s'est enfui à Maurice.
Marsaud est assisté de Me Dein, avocat, qui a
accepté sa. défense après avoir été nommé d'of-
fice.
Raymond a à t;4té de lui Me Thomas, avoué,
qu'il a choisi pour défenseur. -
Un profond silence s'établit dès que les juges "
nnt pris place, et'l'acte d'accusation est lu. '
Nous ne reviendrons pas sur les faits que nous
avons raconté^.
Le document lu devant le tribunal ne diffère
en licll de notre récit, et nous croyons inutile de
nous y arrêter.
Mais il ost un fait bien plus intéressant à rela-
ter, qui se passa, vers le même temps à Brest, et
sur lequel S nous paraît indispensable d'appeler
l'attention de nos lecteurs.
Un fait étrange, comme on va le voir, et qui est
comme l'épilogue naturel et logique de ce récit.
j Voici ce dont il s'agit.
PIERRE ZACCONE.
(La suite à demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
Î.F.S M.U.AJHES R'SC-ANTES PF.XD.OÎT IX MOIS DE
Parmi les maladies les plus observées pendant le
courant du^mois de novembre, il f."u. signaler les af-
fections de poitrine : las rhumes ou mo'nchites, quel-
ques (luxions de poitrine ou quelques pleurésies.
Ces maladies ont pour.cause le froid humide ou le
froid sec venant frapper lorsqu'on sort d'un lieu chaud
sans avoir la précaution de se couvrir convenable- .
ment.
Les personnes très-impressionnables au froid doi-
vent è!re attentives - à observer les brusques change-
ments de température, afin d'en prévenir le dange-
lIreux effet. C'est le moment de reprendre la flanelle
'sur la peau, d'avoir un double vêtement qu'on quit-
tera aussitôt qu'on entre dans un appartement pour le
reprendre à la sortie. Ces personnes éviteront les cou-
rants d'air, ne monteront pas en voiture découverte;
l'air incessamment agité par la rapidité de la course
en augmente encore l'action malfaisante. Le danger
des impériales de voiture- est encore plus grand si les
vêtements -sont mouillés.
On signale aussi au nombre dès maladies de cette
snr - affections intestinales, coliques, diari fiées,
enlinhs, Ix'froid aux pieds, l'humidité des vêtements,
en sont des causas esscittieîles, certaines et immédiates
pour les personnes déjà prédisposées à la rn:Tladje.
Elles devront porter une ceinture de ll.ui'MIe,- ou des
caleçons chauds et plus épais sur la région du ventre.
L'alimentation doit être tonique. Les \iandes rôties,
les bons bouillons, un peu de vin, soutiendront sans
excitation l'énergie vitale.
En cas de coliques survenues par le froid humide, il
convient de 'prendre quelques boissons chaudes. L'in-
fusion de'thé noir et de feuilles d'oranger, de camo-
mille, l'infusion de fleurs de tilleul, et au besoin tout
simplement un verre d'eau sucrée chaude, avec addi-
tiOl1 d'.eau distillée de fleurs d'oranger, suffisent pour
faire passer une colique douloureuse. Ces mômes bois-
sons . chaudes., additionnées d'une cuillerée de bon
ri:;urn ou de bonne eau-de-vie, ramèneront l'énergiG en
r'veillant la circulation pendant le froid sec.
On a observé un certain nombre de petites vérol-s,
et surtout de iougeoles ou de sccu latines. mais en gé-
néral l'état sanitaire ne présente aucun caractère inquié-
tant. Quelques décès par suite de fièv e :,(JiJe n'assom-
bris'sent pas d'uuc façon exagérée le nécrologe da mois.
Ces maladies si graves tiennent également aux condi-
tions de la saison, m:.[' aussi à-l'influence de certaines
localités, ne présentant pas toujours h somme néces-
saire d'aération, d'étendue ou l'état de propreté indi-
qués sévèrement par les !ois de l'hygiène.
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* * * * *
L I. M
1 IIIIBIHI mil
Typographie JANNIN, quai Voltaire 1»>
' et puis, de temps à autl,,",,, un cri supreme, _ indiquant
. que la lutte finissait pour i¡u:elque mlo.-.une et. que la
mort i'avait vaincu. , , .. , . de l'in-
Au milieu de ce drame écrire par; k-& « '
teudie, on a vu quatre hommes qm; se
disputaient .uns balle de i'om. Tout il coup l un lfu^
sentant sans doute qu'il a le dessous, que 1 appui va
lui manquer, brandit un couteau et le plonge dans le ;
cœur d'un malheureux naufragé; mais à ^moment
la balle de foin qu'il a cru conqut-i-L i-it-ile, etl homme
au couteau disparaît pour toujours 'avec sa victime
dans un Oot de sang. ,, ,e...
Nous avons dit les horreurs de ce désastre, signa-
lons-en aussi deux beaux traits.
Un nègre s'est jeté spontanément, courageusement,
dans une frôle barque pouvant contenir six personnes.
Au risque de voir sa chaloupe chavirer ^s le poids
des mourants affolés qui viendraierrt sûrement s y
cramponner, il s'est élancé au milieu des naufragés et
tD Un a Irlandais, qui était parvenu avec
hommes à gagner le rivage, demande a ses compa-
-gnons de prendre avec lui les yoles et de te nter un
sauvetage. Refusai s'embarque seul, sans auion. et
parvient à recueillir cinq malhe\:l'(,ux. C'est lui qui
était parvenu à ramener a terre . Jran<-^ ^e*[uf '
de Gai veston. Par -malheur, les souffrances endurte.
avaient été trop pénibles, et M. Brpnnan est mor t. de-
puis.
LE SACRIFICE
11 y a quelques jours, nue jeune Bretonne était ar-
rivée à Paris du fond de son département.
Elle venait chercher une personne de sa famille qui
l'avait mandée, mais dont l'adresse se trouvait perdue,
Cette pttuvre fille voyait s'écouler rapidement les rares
pièces de monnaie restant de ses bien minimes éco-
nomies. «. * • .
Tant qu'elle eut. un abri et du pain, elle continua
courageusement ses recherches, sans s inquiéter des
obsessions dont elle s'était vue plusie urs,fois l'objet-d*
la part de jeunes gens inconnus qu'attirait autour
d'elle sa merveilleuse beauté.
Mais, le dernier centime parti, le sentiment de son
isolement et des dangers sans nombre qui l'assiégeaient
la prit au cœur si vivement, qu'elle n'eut plus
qu'un seul désir : fuir Paris et revoir sa chère Bre-
tagne.
Revoir sa Bretagne, oui; mais sans 1 argent néces-
saire, comment faire?.'..
Le souvenir des filles de son pays lui vint alors a
l'esprit, et, entrant chez un coiffeur, elle lui vendit sa
longue et luxuriante chevelure.
Combien?...
Trop peu sans doute pour la réalisation de ses pro-
jets, car, tandis que les ciseaux dépouillaient avec un
ïoin infini ce jeune et candide front, la pauvre fille
essayait, mais en vain, de retenir les sanglots qui l'é-
touffaient. L'honnête fils de Figaro s'en aperçut et,
avant -de terminer sa besogne, voulut connaître les
causes de cette douleur.
N'y tenant plus, la malheureuse enfant lui confia
alors, en pleurant à chaudes larmes, sa pénible situa-
tion : le prix de sa chevelure ne suffisait pas pour
payer ce qu'elle devai.t à son hôtel, plus sa place au
chemin de fer...
Sa besogne achevée, le 'coiffeur, tout ému, tira de
sa caisse une somme suffisante pour, permettre à la
pauvre exilée de regagner en paix le foyer paternel, et
la jeune villageoise put reprendre le soir même le che-
min de sa Bretagne regrettée.
Bon voyage, honnête et digne fille, et qu'à brebis
tondue Dieu mesure le vent !
JULES RAMSAY.
TRIBUNAUX
TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE LA SEINE
Présidence de M. Brunet.
Audiences des 12 et 26 novembre 1869.
MENACES DE MORT SOUS CONDITION. — LETTRES ADRESSÉES
A MADAME LA PRINCESSE VEUVE DE LA MOSKOWA.
t (Suite et fin. — Voir le no d'hier)
Dans cet intervalle, la princesse avait loué une par-
tie de sgn hôtel à une société à la tête de laquelle se
trouvait un homme bien connu du tribunal, je veux
parler Hugelmann. La princesse, en louant son hô-
tel, st-'ait défendre ses droits; de là, entre elle'et Hu-
gelnjain, des dissentiments, des rapports pénibles
gyjvis, de la part d'Hugelmann, de propos et de me-
/ fiaces.
Si j'introduis ici le, personnage d'Hugelmann, c'est
d'abord que la princesse, dans les premiers moments,
avait cru pouvoir lui attribuer les jettres de menaces
qu'elle avait reçues, et ensuite, c'est que vous savez
que Michel veut faire de ce nom une diversion au dan-
ger qui le. poursuit. Son système est de dire que TIi>
. gelmann avait des motifs de haine contre la princesse
et que lui n'en avait pas.
Nous arrivons à la moitié de l'année 1869, et c'est le
il août que Michel reprend sa correspondance avec la
princesse en lui adressant la lettre suivante :
« Madame,
« J'ai fait une chute ; relevé ei por té sur mon gra-
ba, on me crut mort. Pendant dix jours, ma tète et
mes membre étaient de plomb ; par moment, des fu-
sées de lucidité éclairait mon cerveau, alors je me sen-
tais mourir. Mourir sans vengeance ! Je frémissais de
rage, et l'obscurité revenait., Cette pensée me faisait
regretter une vie que je déteste. Dans le désire de
faire d'un riche ma victime, je me cramponnais à
l'existence ; Je suis sur pied pour votre malheur, COtl-
?aiesçant, j ai revu l'instrument de votre suplice;
vous tuer et mourir est mon seul désire ; vous souffri-
rez, je vous l'ai dit, et je n'ai jamais menti. Je vous
ferrai à mes pieds commencer votre longue agonie,
sar sachez le bien, vous et les vôtres, je ne me suis
îas un seul moment leurré de la pensée de toucher les
i 50,000 francs demandés. Je connais les riches de votre
espèce; vous avez su extorquer 4 ou 5 millions à la
ville de Paris, par la ruse et des manœuvres hon-
teuses, que le succès a légitimés pour vous et vos
sonseiilers, vos complices, qui ont trouvé la chose
saata naturelle. *
Après une foule d'autres déclamations sur le intin;
ton, la lettre se termine ainsi :
« Je connai la race à laquelle vous appartenez, et
je suis certain d'avance que vous ne paierai rien. Cette
pensée retremperait ma haine en fermant mon cœur
a tout sentiment de pitié, s'il y était encore accessi'ble,
en frappant, je penserait à cette rapacité stnpide d'une
femme qui, plutôt que de lacher une parcelle de ce
'qu'elle a escrequée par ruse, comédie, baux, reçus,,
actes simulés, avec l'aide d'un plagueux de gendre
qui, m'a-t-on dit, a été l'instigateur, l'égide, la sauve-
garde de votre escroquerie, ce qui, pour un pauvre
aurait constitué l'escroquerie la plus patente, n'a été
pour vous et votre gendre que lait d'amande. J'aurai
du plaisir à vous dire que les documents sont en ma
possession, si la prudence me le permettait; tout cela
sera connu après nous. Merci pour votre rçfu't de
payer. »
Après avoir donné lecture de plusieurs autres let-
tres, toutes écrites du même style et de la même pen-
sée, M. l'avocat impérial rappelle les circonstances
dans lesquelles le prévenu a été arrêté, le 21 août, à
l'hôtel Laffitte, porteur de l'espèce de traite de 3,000
francs, qu'il a-llait présenter à la princesse, et ainsi
conçue :
« Madame, veuillez payer au porteur, contre la,re-
mise de ce mandat, la somme de 3,000 francs, à valoir
sur celle de 10.000 que vous m'avez chargée de répan-
dre en bonnes œuvres..
«Votre serviteur, ,
« Signé : A. FIRMAIN.
« A m ad" me la j/rinress* de la Moskowa. »
Michel ne touchait pas ces 3,000 fr., mais il était
arrêté. Une lettre arrivait cependant encore après son
arrestation, et c'est sur ce fait qu'il s'appuie pour dire
qu'il ne faut pas le confondre avec le prétendu Firmin
sur 1:1 foi duquel il est venu de confiance. [,,i préven-
tir-n soutient au contraire que la lettre-iétnit écrite, d'a-
vance en prévision des événements, & qu'elle a été
mise à la poste par un affidé.
Du reste, voici ce qu'a prétendu André Michel d.n.s
son interrogatoire.
M. le président. — Quelques jours après la dernière
lettre écrite a Mme de l'a Moskowa, un homme vint
chez elle, et présenta une traite de 3,000 francs au
porteur. Cet homme, c'était vous. On a supposé d 'a-
boid que vous étiez l'agent d'un autre individu, mais i
l'exnertise a établi que les lettres, le billet de 3,000'fr.
n étaient pas I œùvre de cet homme... Mon Dieu,
dllugelmann; il faut bien lê nommer. L'expertise a
établi que toutes les lettres émanaient de vous; pour
les experts, c'est un point indiscutable. — R. C'est une
erreur; je n'ai pas écrit c^ lettres, j'ignorais complè-
tement leur existence. v , .
D. D'abord, étiez-vous dans une position a iair,- ce
qu'on vous reproche? Votre pénurie^était extrême.
R. Non, monsieur, j'étais gêné, mais nullement dans
un état de pénurie.
D. Vous cherchiez un emprunt? — R. Je voulais env
prunter 3,000 fr.
D. Vos meubles étaient saisis pour une somme ra-
nime, 80 fr je crois? — R. Non pas mes meubles, il
s'agissait des impositions d'une maison. "
D. Vos antécédents ne parlent pas pour vous. Vous
entendrez les témoins, ils diront qu'ils n'ont, pas eu à
se 'louer de leur association avec vous, M. Cha.ma.n
d'abord : dans votre correspondance avec lui vous par-
lez de jeter du vitriol à h. tête de sa femme et de ses
enfants. — R. Je n'ai jamais menacé personne.
D. Vous avez menacé aussi M.^Grxmot? R. C'est.
lui qui m'a provoqué en cIne).
M. le président cite encore au prévenu plusieurs af-
faires dont parleront les témoins, et dans lesquelles
ils n'auraient pas eu 4 se louer de lui.
D. Enfin, il résulte de tout cela deux choses fâcheu-
ses pour vous : vous étiez dans une pénurie extrême
et vous avez l'habitude des memces? — R. J'étais
dans la gêne, mais pas à ce point. Je voulais emprun-
ter 3,000 fr. et je ne pouvais m'adresser à mes amis
ou à mes commettantsvsans faire du tort à mon cré-
dit. J'ai fait mettre un avis dans les petites affiches et
dans deux autres journaux. Je ne pouvais également
mettre que j'empruntais pour moi, mais je mettais :
S'adresser à M. Michel; cela se fait journellement
ainsi. ^
Certes, si j'avais pensé aux lettres dont on m'accuse,
— et je ne puis croire que ce soit sérieusement, — je
ne me serais pas adressé aux Peii'.r s-Affiches. Apres
mon premier avis, je reçus une lettre signée Firmin,
dans laquelle on mè disait que l'insertion ne suffisait
pas, qu'il fallait le nom de l'emprunteur. Enfin, , après
la troisième insertion, je reçus un bon ds 3.000 fr.
sur Mme la princesse de la Moskowa; je ne la con-
naissais pas. Je crus qu'elle n'était là qu'un intermé-
diaire, que je devais ce secours à une haute bienveil-
lance. Je ne savais qu'imaginer, car on ne me posait
aucune condition; on ne me demandait pas même le
remboursement. Je cherchai dans ma tête tout ce que
je pus pour exprimer à la princesse ma reconnais-
sance ; j éérivis dans ce sens, et je remis à Mme de la
Moskowa les deux lettres: celle où était 'le mandat
était fermée, l'autre était ouverte. Si j'avais été l'au-
teur des menaces, je vous demande un peu si j'aurais
adressé ces vifs remercîments.
M. le commissaire de police m'a parlé de ressem-
blance dans le style, je lui en exprimai mon étonno-
ment. Quelle ressemblance peut-il y avoir entre une
lettre toute de reconnaissance et ces lettres horribles?
Les extrêmes se touchent, mais ne se ressemblent pas.
Quant à la quatrième lettre que j'aurais fait passer
de Mazas, c'est tout à fait impossible. A l'arrivée
à Mazas, on vous fouille, on vous fait changer de vê-
tements.
D. Et au Dépôt, combien de temps y êtes-vous
resté? — k. Vingt-quatre heures, mais j'étais en
cellule.
D. Vous avez connu Hugelmann à une époque où il
croyait avoit à se plaindre de la princesse; il était en
procès avec e!le? — R. Jamais je n'ai connu ses rap-
ports avec la princesse.
D. Vous lui avez prêté lie l'argent?— R. Voici com-
ment : J'ai connu M. Hugeknann; j'étais négociant à
Alger, où je gagnais beaucoup d'argent; un soir je sus
que onze déportés, parmi lesquels était Hugelmann,
étaient parvenus à s'échapper; je m'employai pour
ma part à les cacher; j'en pris un dans ma maison;
mais il fallait qu'ils pussent quitter l'Afrique; en ma
qualité d'armateur, je m'occupai de trouver un vais-
seau ot je réussis; cela m'a coûté 20,000 fr.
C'est ainsi que je connus M. Hugelmann. Plus tard,
j'eus l'occasion de le lui rappeler, et nous entrâmes
en relations d'affaires, je lui fournis des vins à placer,
je lui donnai toutes facilités; je ne savais pas alors ce
qu'il faisait, il était dans une position plus que diffi-
cile, il avait vingt-quatre saisies; mais il s occupait
de son exposition permanente, et il me faisait les plus
belles promesses. Quant à ses affaires avec Mme la
prinoosse de la Moskowa, je les ignorais absolument.
M. Favocat impérial. — Vous avez figuré dans une
aiÍaire Ghivincki! — R. Oui, rnonsieiii-, j'y avais un
intérêt.
M. l'avocat impérial. — Les n'Tl.' eigtierçents ont été
assez mauvais sur vous OClIl; eet'e affaire, vous figu-
riez parmi certains courtiers qui expldtrient les pas-
sions de ce jeene homme? — R. Pardon, monsieur,
votre mémoire fait erreur. Corlains courtiers ont été
malmenés*à l'audience, mais pas nous.
D. Avez-vous été payé de votre créance? — R. Oui,
monsieur.
M® Lachaud. — Hugelmann vous doit-il de l'argent?
— R. Il me doit 2,200 francs, d'une part, et 1,500 fr.
de l'autre. Il m'empruntait continuellement. Un jour,
il n'avait pas de quoi déjeuner; j'avais quinze fr. sur
moi, je lui en donnai dix. 9
On a entendu, à la seconde audience du 2G novem-
bre, quelques témoins, tant à chapge qu'à décharge,
qui ont donné des renseignements sur la moralité-de
1 accuse,' laquelle, somme toute, est détestable. Mais
ces témoignages n'apprennent rien de nouveau sur le
fond de l'affaire.
On sait, dit M. l'avocat impérial, que Firmin était
un être i -''ginaire, et cela est si vrai, qu'air moment
de l'arrcsutlon de Michel, on a trouvé sur lui une let-
tre du prétendu Firmin à lui adressée, et que confron-
tation faite de l'écriture de cette lettre avec la sienne,
elles se sont trouvées conformes.
Après une discussion rapide de l'ensemble des faits,
M. 1 avocat impérial n'hésite pas à demander contre le
prévenu une application sévère de la loi.
Me Lachand présente ensuite la défense. #
Le tribunal, après en avoir délibéré, appliquant les
art. 3C5 et 463 du Code .pénal, condamne André Michel
à un an de prison et 150 fr. d'amende.
DRAMES JUDICIAIRES
LE TIGRE-ROI (1)
XXXV (Suite)
Le tribunal maritime.
Pendant, qu'on lui parlait de Marsaud, Eléna '
pensait à Raymond. , 1
Que n'eût-elle, pas donné pour ètre avec lui !
Elle ne dout-art pas maintenant qu'il ne fût :
perdu; mais où pouvait-elle aller pour le rejoin-
dre?
Elle retourna, triste, abattue, désespérée, à la
retraite qu'elle venait de quitter..
Jamais elle ne s'était sentie si abandonnée, et
c'est avec terreur qu'elle plongeait dans l'avenir
qui s'ouvrait devant elle.
' La malheureuse femme était loin de se douter
des terribles épreuves qui l'attendaient.
Ainsi qu'on le lui avait dit, Mars au d avait été
arrêté, jeté en prison, et le lendemain embarqué
Sl1r là frégate la Didon.
Raymond ne tarda pas lui-même à subir le
même sort, et, dans cette nuit fatale, il fut arrêté
,:e son côté par les agents de Nathaniel, et quand
Marsaud arriva à bord de la frégate française, il y
trouva l'infortuné jeune homme qu'il avait en-
traîné et rendu criminel.
' L'effet de cette double arrestation fut rapide et
profond.
Tous les forbans n'étaient pas sous la main de
la justice, mais Ma'reaud et Raymond étaient con -
sidérés à juste titre comme les plus importants,
et les marines de toutes les nations civilisées éprou-
vèrent une légitime satisfaction en apprenant que
le crime horrible qu'ils avaient commis allait
enfin recevoir son châtiment.
C'est à Brest que la Dtdon devait se rendre; et..
c'est à Brest aussi que les coupables aliaient être
jugés. jft ' Il
Nous n'exagérons rien en déclarant qu'à ce
moment toute l'Europe avait les yeux tournés de
ce côté et que l'on a'ttendait, anxieux et grave, le
résultat des débats qui allaient s'engager devant
le tribunal maritime.
N-os lecteurs ne savent peut-être pas ce que •
c'est qu'un tribunal maritime, ei quelle différence
existe entre nos cours d'assises et cette redouta-
'ble institution.
Elle n'est guère connue que dans nos ports de
mer. ^ '
C'est terrible et effrayant.
Il n'y a point là, en effet, ce refuge si facile que
notre code d'instruction.criminelle offre aux cou-
pables, dans les circonstances atténuantes.
Ici, il n'y a plus d'interprétation bienveillante.
Le législateur n'a laissé aucune place à l'indul-
gence, et l'arrêt qui frappe l'accusé, quand il est
reconnu coupable, est un arrêt de mort !...
C'est une impasse au fond de laquelle se dresse
l'échafaud 1 '
Innocent, l'impasse s'ouvre pour l'accusé; cou-
pable, elle reste impitoyablement fermée.
Parmi les populations maritimes, nul n'ignore
cette situation, et il en résulte que chaque fois
que le tribunal se réunit, les débats prennent tout
de suite un solennel intérêt.
C'est ce qui arriva pour l'affaire Marsaud.
Depuis quelques, mois le crime était connu en
Europe, et les diverses péripéties du drame qui
s'était accompli à bord . de l'Alexandre avaient
éveillé une imrrense curiosité.
Aussi, quand les débats s'ouvrirent, le 12 mars
1839, une affluence inouïe'de spectateurs assiégea
des l'aube les portes du tribunal.
L'enceinte réservée fut envahie longtemps
avant l'heure de l'ouverture de la séance; les
juges même eurent de la peine h parvenir à leurs
siéges.
Un fait particulier à signaler, c'est que les pre-
miers bancs en dehors de la balustrade de l'en-
ceinte furent surtout occupés par des femmes
[ (1) Voir le numéro du 17 novembre.
de marins, qui tricottaient tout en attendant que
l'affaire C' ; ; nmençàt.
Vers neuf heures, les accusés sont introduits.
Ils ne sont que deux :
Marsaud et Raymond.
Les autres marins qui ont pris part au crime
n'ont point été arrêtés, mais on est sur les traces
de Bellégou, qui .s'est enfui à Maurice.
Marsaud est assisté de Me Dein, avocat, qui a
accepté sa. défense après avoir été nommé d'of-
fice.
Raymond a à t;4té de lui Me Thomas, avoué,
qu'il a choisi pour défenseur. -
Un profond silence s'établit dès que les juges "
nnt pris place, et'l'acte d'accusation est lu. '
Nous ne reviendrons pas sur les faits que nous
avons raconté^.
Le document lu devant le tribunal ne diffère
en licll de notre récit, et nous croyons inutile de
nous y arrêter.
Mais il ost un fait bien plus intéressant à rela-
ter, qui se passa, vers le même temps à Brest, et
sur lequel S nous paraît indispensable d'appeler
l'attention de nos lecteurs.
Un fait étrange, comme on va le voir, et qui est
comme l'épilogue naturel et logique de ce récit.
j Voici ce dont il s'agit.
PIERRE ZACCONE.
(La suite à demain.)
LE TRÉSOR DU FOYER
Î.F.S M.U.AJHES R'SC-ANTES PF.XD.OÎT IX MOIS DE
Parmi les maladies les plus observées pendant le
courant du^mois de novembre, il f."u. signaler les af-
fections de poitrine : las rhumes ou mo'nchites, quel-
ques (luxions de poitrine ou quelques pleurésies.
Ces maladies ont pour.cause le froid humide ou le
froid sec venant frapper lorsqu'on sort d'un lieu chaud
sans avoir la précaution de se couvrir convenable- .
ment.
Les personnes très-impressionnables au froid doi-
vent è!re attentives - à observer les brusques change-
ments de température, afin d'en prévenir le dange-
lIreux effet. C'est le moment de reprendre la flanelle
'sur la peau, d'avoir un double vêtement qu'on quit-
tera aussitôt qu'on entre dans un appartement pour le
reprendre à la sortie. Ces personnes éviteront les cou-
rants d'air, ne monteront pas en voiture découverte;
l'air incessamment agité par la rapidité de la course
en augmente encore l'action malfaisante. Le danger
des impériales de voiture- est encore plus grand si les
vêtements -sont mouillés.
On signale aussi au nombre dès maladies de cette
snr - affections intestinales, coliques, diari fiées,
enlinhs, Ix'froid aux pieds, l'humidité des vêtements,
en sont des causas esscittieîles, certaines et immédiates
pour les personnes déjà prédisposées à la rn:Tladje.
Elles devront porter une ceinture de ll.ui'MIe,- ou des
caleçons chauds et plus épais sur la région du ventre.
L'alimentation doit être tonique. Les \iandes rôties,
les bons bouillons, un peu de vin, soutiendront sans
excitation l'énergie vitale.
En cas de coliques survenues par le froid humide, il
convient de 'prendre quelques boissons chaudes. L'in-
fusion de'thé noir et de feuilles d'oranger, de camo-
mille, l'infusion de fleurs de tilleul, et au besoin tout
simplement un verre d'eau sucrée chaude, avec addi-
tiOl1 d'.eau distillée de fleurs d'oranger, suffisent pour
faire passer une colique douloureuse. Ces mômes bois-
sons . chaudes., additionnées d'une cuillerée de bon
ri:;urn ou de bonne eau-de-vie, ramèneront l'énergiG en
r'veillant la circulation pendant le froid sec.
On a observé un certain nombre de petites vérol-s,
et surtout de iougeoles ou de sccu latines. mais en gé-
néral l'état sanitaire ne présente aucun caractère inquié-
tant. Quelques décès par suite de fièv e :,(JiJe n'assom-
bris'sent pas d'uuc façon exagérée le nécrologe da mois.
Ces maladies si graves tiennent également aux condi-
tions de la saison, m:.[' aussi à-l'influence de certaines
localités, ne présentant pas toujours h somme néces-
saire d'aération, d'étendue ou l'état de propreté indi-
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