Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-09-19
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 septembre 1868 19 septembre 1868
Description : 1868/09/19 (A3,N884). 1868/09/19 (A3,N884).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47178866
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent. le nunéro JOURNAL QUOTIDIEN * r 5 cent. le numéro
ABONNESÏCNTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris. 6 fr. O £f. fiS fr.
..... Départements.. G
J L , àldministrateur: - E. . DELSÀCX» se
cannée. — SAMEDI 19 SEPTEMBRE 1868. — N. 884
Directeur-Pràpric taire : J A N N ! N.
Rédacteur en chef: A. DE BALATlllER BRAC 7 LOKNS^ .
, BUHKADX D'ABONNEMENT : 9, l'ne Bn'onot. ,
ADMINISTRATION : 13, place Broda. ,
ifflrtird'tinîoiird'hiii, les bureAUX
de la PETITE PRESSE, rédaction
et:a.dadnistra:tlon, IIODt ttausfcrés,
rue dm Crei aimant. j'j,
PARIS, 18 SEPTEMBRE 1868
L'EXTERNE DE LARIBOISIÈRE
LA PIQURE
■Le mot -oipiqÛiK; » amène gênerai uns
SOUKTC.
On se repnésente une f>etile goutte de sang
sur HtIl doigt blanc, ou un trou à peine visi-
ble sur la surface d'u.ru' étoffe ou d'un fruit.
Quand on veut louecr une plaisanterie, on dit
; .qu'elle est piquante- « .Si la raHierie n est pas
un peu piquante, disait; Ctiamfort, je crois.
;i ûlle ne plaît pas; m.ar:s J e ne veux pas que les
piqûres en soient proîon des. »
i Cependant la plus l'ai ble piqûre au bout
d'un doigt peut prodt/ir. ° fôfl panari. Le- trou
dans l'étoffe peut devenir siUoD.".et 1e bon mot
peut blesser au vif l'amo w-ptfopfe d 'un ci-
toyen.
Piqûre se dit en général -de toute solution
de continuité faite par la pénétration d 'uÊ
corps aigu dans un autre Ci wp6- A ce titre,
l'épée, la baïonnette, la lance, de terri-
bles piqûres.
Il y a compensation. La Fra , Ion,
aime tant à se donner des coups d'excès, est
assez heureuse pour être débat "aBBés des
insectes dont la piqûre peut produit "© L8. mort.
v Les vipères mordent, plutôt qu'elle ~s pi-
quent, et les cousins — cette race ha'ù ">&able-~
ne mettent-jamais en péril l'existence c. ^ leurs
victimes. " \ t
Mais la civilisation et la science ont
piqûre aussi : la piqûre -anatomique, c
dont on est malade et dont on meurt... V
\
Je suis en retard pour vous raconter un
des plus beaux et des plus touchants épisodes
de l'histoire de cette année.
Le héros en est un externe de Lariboisière,
un jeune homme de vingt-trois ans.
Un malade atteint d'une affection conta-
gieuse venait de mourir. , 1
L'étudié avait porté un diagnostic. Il dé-
dirait le -voir se confirmer par l'expérience,
i — Monsieur, dit-il au médecin Pn chef de
ï%ôpiut - vM!tez-voIlS me permettre d(!
IMre l'autopsié de ce cadavre ?
— Volontiers^ Tépondit. le docteur Du pl-. y.
mu.lenrent je «roqs recommande la p^is
grande prudetme.
L'étudiant pi-r,mit, et -se tmt avec pas^on
tfi la besogne, fi-voulut voir, toucher ; iU{>é- i
Tra. et-il 8:!t la ;j©i son diagnostic.
* Une heure n redirait d*;is sa fa-
mille.. !
--'Qn'{Js-1n ? hij (Jeçnanda.sîi mère.
'
I— Moi ? ftie*?...
Il se regarda dans une çlfice et pâlit.
■Quelquesî'tetrres a;.rès, il était au ilt, at-
tendant la mo;'L
Absorba 1pt" -«in e'tudef «Irait des cn6ces
étrap, gères, il a.',"sil, ptVid.la >m%in à sa Lèvre ; el, s tir ecita jèvre, il avait
un petit bouton "4*. quel il avait communiqué
lesaal du caJ:H'V qu'il venait do toucher...
— Je vais mourir, mourir à vingt-trois
ans 1 Potirtant, vie était belle. J aimais la
scieMe. Peut-être,! force de travail,serais-je
devenu un grand médecin. A coup sûr, j'au-
rais soulagé bien des souffrances, et servi de
tout mon pouvoir la cause de 1 'liun-janite',.
Je vais mourir. Et mon père, ma mère,
ne soupçonnent rien ! Oh ! qu'ils ignorent
tout jusqu'à la dernière heure! Ils désespé-
reront assez tôt .. Ma mère,-qui a voulu me
nourrir elle-même; qui, dans mes petites
maladies d'enfant, passait des nuits entières
auprès de mon lit ; qui ne voulait pas que je
fusse pensionnaire au collège, de crainte de me
voir attrapper des engelures ; ma mère ne sup-
porterait pas la pensée que celui qui lui parle
encore et qui fixe ses yeux sur elle sera dans
quelques jotirsf,,ins regard et sans voix!.. Mon
père, qui a porté pour moi le poids du jour,
travaillé pour m'élever, économisé pour me
.faire une jeunesse facile ; dont la vieillesse se
gieposait sur son fits ; mon père a bien le
temps de regarder en face l'avenir désormais
v i<àe et sans but !...
Mon. Je ne leur dirai rien. Jusqu'au bout
je \ -ae raidirai contre la souffr ance. Paie de
ma ttwrt prochaine, je prendrai sur moi
de suivre à -ces deux visages inquiets. Mai
main o'ass la leur, je serai fort. Je dirai à la i
bête. ton jours prête à crier. de se lai rr. Mon
agonve sera le lète-à. tête affectueux de trois
£tres qui s'ximfchtet non. la convulsion d'un
misérable qui se tord devant des témoins
j épouvantés...
1 Ainsi a du pe.1ser ce je.-,nne homme assez
|-an courant.des choses de 1s. médecine pour sa-
Vb.r&ve "poÚr accepter son sort, assez virilement
héroï-me pour souffrir et mourir sans se
pixi n dre.
Les «médecins de l'hôpital, ses professeurs,
ses camarades vinrent tour à tour à son che-
vet 1 e voir sourire dans se*; douleurs.
Lorsque tout fut dit, que le cercueil con-
tint le secret de cette agonie, les étudiants en
fouie'voulurent l'accompagner au cimetière.
Jamais regrets ne furent plus universels.
Quand la première pelletée de terre fut tom-
bée en retentissant sur le chêne, quelqu'un
prit la parole. Ce que dit rcrateur, aucun
sténographe ne l'a rapporté ; mais je sais que
de vraies la?*mes ré pondirent à son discours,et
qu'en s'éloignaut de lt tombe ouvert'', tous
les assistants s'eii illui6ni silencieux et
recueillis, portant le double poids d'un deuil
et d'une pensée...
La science a toujours eu ses martyrs.
« Est-il rien de plus estimable au monde, a
dit Voltaire, qu'un médecin qui, ayant dans
sa jeunesse étudié la nature., cunnu les res-
sorts du corps humain, les maux qni le tour-
mentent, les remèdes qui peuvent le sou-
lager, exerce son art en s'en défiant, soigne
également les pauvres et les riches, ne reçoit
d'honoraires qu'à regret, et emploie ces hono-
raires à secourir l'indigent?... »
Voi'àre aurait pu ajouter :
—-Est-il rien de plus admirable qu'un hom-
me plein de santé,doué de talent, riche, aimé,
ayant tout ce qui fait trouver la vie belle, —
qui s'en va froidement, sans phrases, comme
s'il s'agissait de la chose la plus simple, soi-
gner d'autres hommes atteints de maladies
contagieuses, ou chercher dans l'étude d'un
cadavre empesté le mot des guérisons à
venir ?...
Le mépris tranquille de la vie est le plus
: rare des courages.
{ Certes, ceux qui s'élancent en f^anîânt ?'•
l'assauLrl'unp redoute garnie dft-càv'ons sOQl"
braves; Mais il y a dans leur action ■ ne sortR-
d'enthousiasme'qui ressemble à l'iv%^>. L& ■
pondre grise comme le vin. C'est pot» quoi,au*
dessus de ceux qui affrontent la mo:> pour te-<
donner, je_ placerai toujours ceux qui l'af-
frontent pour en préserver autrui.
Le médecin qui a la conscience de sa mis-
sion, la sœur de charité, la gardf-malade, -
qui remplissent simplement leur, devoir,
sont_J.es héros de la vie privée. L'héroïsme
chez-eux est passé à l'état de méti^ et cet
élan-de i'ame est devenu unehabitnde. Trou-
vez.quelque chose de plus grand.
Aimer, tout est U. Que ce soit une femme
ou une idée, une science ou un art, l'objet
importe peu ; le sentiment est tout.
Ne pas faire à autrui ce que vous ne vou.,
driez pas qu'on vous fît el vous-mêmes, telle
j est la loi sociale. Faire à autrui ce que vous
voudriez qu'on vous fit, voilà la loi évangéli-
que et vraiment belle !... ,
La loi sociale suffit à Phomme moyen,
dont la vie se passe en cent poursuites di-
versps, Mais les âmes hautes aiment, à suivre
l'autre lQi et à concentrer toutes leurs facul-
tés vers un même but : aimer, c'est-à-dire
être utile et être bon.
Le jeune homme qui vient de mourir était
à coup sûr une de ces n&tures n'élite. Ses
derrières heures le prouvent. Il ne voulait
qu'une chose : savoir. Puis il en a voulu urre
autre : adoucir le chagrin de ceux qui l'a1-
maient.
A vingt-trois ans, il est mort comme un
de ces sages, dont l'antiquité nous a légué en
exemple l'impassibilité stoïque.
On le nommait Adrien Courtois. Dans un
an, dans moins de temps peut-être, ce nom
aura rejoint dans l'oubli des milliers et des f
milliers de noms inconnus d'hommes qai
pourtant ont servi leurs semblables. Qu'im-
porte? La gloire est à quelques-uns; mais,
quelque obscur que l'on soit, on n'a jamais
vécu inutilement si l'on a donné un exemple
de travail, de couiage ou de dévouement ...
TONY RÉVILLON.
LA
FEMME IMMORTELLE
mess=""93 PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
VIII
Depuis quaranté-huit heures le margrave était
gans connaissance.
! Son corps avait la rigidité d'un cadavre et ses
yeux étaient clos.
Cependant il vivait.
Et non-seulement il vivait, mais il entendait.
Le mystérieux breuvage que lui avait fait
prendre Janine, avait, en paralysant ses autres
Voir les numéros parus deruis le 21 juin, j
sens laissé i14acl le sens de l'ouïe et il l'avait
même développé.
Il était, couc.hé ."ur son lit et de deux heures'
en deux heures, .Uoine lui piquait le bras avec
son épingle d'or,e* il pouvait e11tp-nclre son sang
tomber bruyamment dans l'aiguière que tenait
un des négrillons. '<
Et tandis que son sang coulait, Janine lui di-
sait ;
— Je veux que tu te voies mourir, misé-
rable! je veux que ta vie s'°n aille lente ment et
que tu sentas î-on dernier so.'ifile monter de ton
cœur à tes lèvres.
Puis, écoute bien ce qui nous arrivera, au
chevalier, que j'adore, et à moi =
Quand tu seras tout à fait mort, 0:1 te trans-
portera dans ton hôte!, et des médecins affirme-
ront que tu as succombé à une nrala/ue dont tu
étais attaqué depuis !ongte'Dps.
On te fera de belles i'u;;é.'aiiles, et tu àeras
royalement enterré. j
Puis on ouvrira le testament par lequel tu
institues ton héritier le chevalier e fîsparron.
Alors le chevalier et moi i o :.s nous1 materons,
et nous irons vivre en Allemagne, dans' ;'8. prin-
cipauté devenue notre domaine, et nous" le e--
rons dire des messes ; — messes inutiles',- car
ton âmo appartient à Satan, et il ne la rendra »
~ pas 1 '
Et Janine riait en parlant ainsi.
En même temps, elle posait un appareil sur
le bras du margrave pour arrê'er l'effusion du
sang.
Le chevalier hochait tristement la tête :
— Janine, Janine, disait-il, cet homme est
assez puni ; mieux vaudrait en finir tout de
suite.
— Non, r.on, répondit-elle, nous avons encore
cinq jours devant nous. Le Régent nous pro-
tège.
— Janine, dit encore le chevalier, j'ai -de
sombres pressentiments.
— Quelle folie!
— Le Régent nous protège, mais le président
Boisfleury a juré notre perte, cette maison est
cernée.
— Tu sais que lorsque les gens de police y
pénétreront, nous serons partis, répliqua Ja-
hina.
Mais comme elle parlait ainsi, un bruit se fit
au dehors, la porte de la chambre s'ouvrit pré-
cipitamment, et Guillaume entra tout ellaré.
— Qu'est-ce? dit Janine.
-— Que veux-tu? dit le chevalier.
— Nous sommes perdus 1 répondit Guil-
laume.
— Perdus !
«=— OJi, la marquis s'est échappé.
^ -
— C'est impossible ! s'écria Janine. - 1
— C'est vrai, il n'est plus dans la cage. Venez,
venez voir...
Guillaume avait un flambeau à la main et il
avait ouvert une porte qui donnait sur l escalier
souterrain.
Janine et d'E.,*ptrrôn s'y engouffrèrent, sur
ses pas.
Guillaume avait dit vrai ; le marquis n'était
plus dans la cage et il était facile de voir par où
il avait pris la fuite.
— Eh bien' dit Janfïie, qu'importe! le Ré.
gent nous a promis de ne pas laisser pénétrer
dans la maison avant le jour fixé.
Et elle remonta dans la chambre où gisait
toujours le margrave.
Mais là i! y avait, deux autres personnes non
moins bouleverses, Muie Ellwige et la jeune
iilie qui avait joué le rôle L1e la princesse orien-
taie.
On pénètre dans la maison, disait iviœo
E'iwige ; enteiidez-vcu-- ?
En effet, un brxit sourd retentissait au-dessus
de leurs têtes, et ii était faclh de comprendre
que la maison était envahie, dans les étages su-
périeurs, par une troupe d'hommes qui, ne
trouvant pas le passage secret. de la cueminoe,
s'étaient mis à effondrer les planchers à coings
de hache.
5 cent. le nunéro JOURNAL QUOTIDIEN * r 5 cent. le numéro
ABONNESÏCNTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris. 6 fr. O £f. fiS fr.
..... Départements.. G
J L , àldministrateur: - E. . DELSÀCX» se
cannée. — SAMEDI 19 SEPTEMBRE 1868. — N. 884
Directeur-Pràpric taire : J A N N ! N.
Rédacteur en chef: A. DE BALATlllER BRAC 7 LOKNS^ .
, BUHKADX D'ABONNEMENT : 9, l'ne Bn'onot. ,
ADMINISTRATION : 13, place Broda. ,
ifflrtird'tinîoiird'hiii, les bureAUX
de la PETITE PRESSE, rédaction
et:a.dadnistra:tlon, IIODt ttausfcrés,
rue dm Crei aimant. j'j,
PARIS, 18 SEPTEMBRE 1868
L'EXTERNE DE LARIBOISIÈRE
LA PIQURE
■Le mot -oipiqÛiK; » amène gênerai uns
SOUKTC.
On se repnésente une f>etile goutte de sang
sur HtIl doigt blanc, ou un trou à peine visi-
ble sur la surface d'u.ru' étoffe ou d'un fruit.
Quand on veut louecr une plaisanterie, on dit
; .qu'elle est piquante- « .Si la raHierie n est pas
un peu piquante, disait; Ctiamfort, je crois.
;i ûlle ne plaît pas; m.ar:s J e ne veux pas que les
piqûres en soient proîon des. »
i Cependant la plus l'ai ble piqûre au bout
d'un doigt peut prodt/ir. ° fôfl panari. Le- trou
dans l'étoffe peut devenir siUoD.".et 1e bon mot
peut blesser au vif l'amo w-ptfopfe d 'un ci-
toyen.
Piqûre se dit en général -de toute solution
de continuité faite par la pénétration d 'uÊ
corps aigu dans un autre Ci wp6- A ce titre,
l'épée, la baïonnette, la lance, de terri-
bles piqûres.
Il y a compensation. La Fra , Ion,
aime tant à se donner des coups d'excès, est
assez heureuse pour être débat "aBBés des
insectes dont la piqûre peut produit "© L8. mort.
v Les vipères mordent, plutôt qu'elle ~s pi-
quent, et les cousins — cette race ha'ù ">&able-~
ne mettent-jamais en péril l'existence c. ^ leurs
victimes. " \ t
Mais la civilisation et la science ont
piqûre aussi : la piqûre -anatomique, c
dont on est malade et dont on meurt... V
\
Je suis en retard pour vous raconter un
des plus beaux et des plus touchants épisodes
de l'histoire de cette année.
Le héros en est un externe de Lariboisière,
un jeune homme de vingt-trois ans.
Un malade atteint d'une affection conta-
gieuse venait de mourir. , 1
L'étudié avait porté un diagnostic. Il dé-
dirait le -voir se confirmer par l'expérience,
i — Monsieur, dit-il au médecin Pn chef de
ï%ôpiut - vM!tez-voIlS me permettre d(!
IMre l'autopsié de ce cadavre ?
— Volontiers^ Tépondit. le docteur Du pl-. y.
mu.lenrent je «roqs recommande la p^is
grande prudetme.
L'étudiant pi-r,mit, et -se tmt avec pas^on
tfi la besogne, fi-voulut voir, toucher ; iU{>é- i
Tra. et-il 8:!t la ;j©i
* Une heure n redirait d*;is sa fa-
mille.. !
--'Qn'{Js-1n ? hij (Jeçnanda.sîi mère.
'
I— Moi ? ftie*?...
Il se regarda dans une çlfice et pâlit.
■Quelquesî'tetrres a;.rès, il était au ilt, at-
tendant la mo;'L
Absorba 1pt" -«in e'tudef «Irait des cn6ces
étrap, gères, il a.',"sil, ptVid.
un petit bouton "4*. quel il avait communiqué
lesaal du caJ:H'V qu'il venait do toucher...
— Je vais mourir, mourir à vingt-trois
ans 1 Potirtant, vie était belle. J aimais la
scieMe. Peut-être,! force de travail,serais-je
devenu un grand médecin. A coup sûr, j'au-
rais soulagé bien des souffrances, et servi de
tout mon pouvoir la cause de 1 'liun-janite',.
Je vais mourir. Et mon père, ma mère,
ne soupçonnent rien ! Oh ! qu'ils ignorent
tout jusqu'à la dernière heure! Ils désespé-
reront assez tôt .. Ma mère,-qui a voulu me
nourrir elle-même; qui, dans mes petites
maladies d'enfant, passait des nuits entières
auprès de mon lit ; qui ne voulait pas que je
fusse pensionnaire au collège, de crainte de me
voir attrapper des engelures ; ma mère ne sup-
porterait pas la pensée que celui qui lui parle
encore et qui fixe ses yeux sur elle sera dans
quelques jotirsf,,ins regard et sans voix!.. Mon
père, qui a porté pour moi le poids du jour,
travaillé pour m'élever, économisé pour me
.faire une jeunesse facile ; dont la vieillesse se
gieposait sur son fits ; mon père a bien le
temps de regarder en face l'avenir désormais
v i<àe et sans but !...
Mon. Je ne leur dirai rien. Jusqu'au bout
je \ -ae raidirai contre la souffr ance. Paie de
ma ttwrt prochaine, je prendrai sur moi
de suivre à -ces deux visages inquiets. Mai
main o'ass la leur, je serai fort. Je dirai à la i
bête. ton jours prête à crier. de se lai rr. Mon
agonve sera le lète-à. tête affectueux de trois
£tres qui s'ximfchtet non. la convulsion d'un
misérable qui se tord devant des témoins
j épouvantés...
1 Ainsi a du pe.1ser ce je.-,nne homme assez
|-an courant.des choses de 1s. médecine pour sa-
Vb.r&ve "poÚr accepter son sort, assez virilement
héroï-me pour souffrir et mourir sans se
pixi n dre.
Les «médecins de l'hôpital, ses professeurs,
ses camarades vinrent tour à tour à son che-
vet 1 e voir sourire dans se*; douleurs.
Lorsque tout fut dit, que le cercueil con-
tint le secret de cette agonie, les étudiants en
fouie'voulurent l'accompagner au cimetière.
Jamais regrets ne furent plus universels.
Quand la première pelletée de terre fut tom-
bée en retentissant sur le chêne, quelqu'un
prit la parole. Ce que dit rcrateur, aucun
sténographe ne l'a rapporté ; mais je sais que
de vraies la?*mes ré pondirent à son discours,et
qu'en s'éloignaut de lt tombe ouvert'', tous
les assistants s'eii illui6ni silencieux et
recueillis, portant le double poids d'un deuil
et d'une pensée...
La science a toujours eu ses martyrs.
« Est-il rien de plus estimable au monde, a
dit Voltaire, qu'un médecin qui, ayant dans
sa jeunesse étudié la nature., cunnu les res-
sorts du corps humain, les maux qni le tour-
mentent, les remèdes qui peuvent le sou-
lager, exerce son art en s'en défiant, soigne
également les pauvres et les riches, ne reçoit
d'honoraires qu'à regret, et emploie ces hono-
raires à secourir l'indigent?... »
Voi'àre aurait pu ajouter :
—-Est-il rien de plus admirable qu'un hom-
me plein de santé,doué de talent, riche, aimé,
ayant tout ce qui fait trouver la vie belle, —
qui s'en va froidement, sans phrases, comme
s'il s'agissait de la chose la plus simple, soi-
gner d'autres hommes atteints de maladies
contagieuses, ou chercher dans l'étude d'un
cadavre empesté le mot des guérisons à
venir ?...
Le mépris tranquille de la vie est le plus
: rare des courages.
{ Certes, ceux qui s'élancent en f^anîânt ?'•
l'assauLrl'unp redoute garnie dft-càv'ons sOQl"
braves; Mais il y a dans leur action ■ ne sortR-
d'enthousiasme'qui ressemble à l'iv%^>. L& ■
pondre grise comme le vin. C'est pot» quoi,au*
dessus de ceux qui affrontent la mo:> pour te-<
donner, je_ placerai toujours ceux qui l'af-
frontent pour en préserver autrui.
Le médecin qui a la conscience de sa mis-
sion, la sœur de charité, la gardf-malade, -
qui remplissent simplement leur, devoir,
sont_J.es héros de la vie privée. L'héroïsme
chez-eux est passé à l'état de méti^ et cet
élan-de i'ame est devenu unehabitnde. Trou-
vez.quelque chose de plus grand.
Aimer, tout est U. Que ce soit une femme
ou une idée, une science ou un art, l'objet
importe peu ; le sentiment est tout.
Ne pas faire à autrui ce que vous ne vou.,
driez pas qu'on vous fît el vous-mêmes, telle
j est la loi sociale. Faire à autrui ce que vous
voudriez qu'on vous fit, voilà la loi évangéli-
que et vraiment belle !... ,
La loi sociale suffit à Phomme moyen,
dont la vie se passe en cent poursuites di-
versps, Mais les âmes hautes aiment, à suivre
l'autre lQi et à concentrer toutes leurs facul-
tés vers un même but : aimer, c'est-à-dire
être utile et être bon.
Le jeune homme qui vient de mourir était
à coup sûr une de ces n&tures n'élite. Ses
derrières heures le prouvent. Il ne voulait
qu'une chose : savoir. Puis il en a voulu urre
autre : adoucir le chagrin de ceux qui l'a1-
maient.
A vingt-trois ans, il est mort comme un
de ces sages, dont l'antiquité nous a légué en
exemple l'impassibilité stoïque.
On le nommait Adrien Courtois. Dans un
an, dans moins de temps peut-être, ce nom
aura rejoint dans l'oubli des milliers et des f
milliers de noms inconnus d'hommes qai
pourtant ont servi leurs semblables. Qu'im-
porte? La gloire est à quelques-uns; mais,
quelque obscur que l'on soit, on n'a jamais
vécu inutilement si l'on a donné un exemple
de travail, de couiage ou de dévouement ...
TONY RÉVILLON.
LA
FEMME IMMORTELLE
mess=""93 PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
VIII
Depuis quaranté-huit heures le margrave était
gans connaissance.
! Son corps avait la rigidité d'un cadavre et ses
yeux étaient clos.
Cependant il vivait.
Et non-seulement il vivait, mais il entendait.
Le mystérieux breuvage que lui avait fait
prendre Janine, avait, en paralysant ses autres
Voir les numéros parus deruis le 21 juin, j
sens laissé i14acl le sens de l'ouïe et il l'avait
même développé.
Il était, couc.hé ."ur son lit et de deux heures'
en deux heures, .Uoine lui piquait le bras avec
son épingle d'or,e* il pouvait e11tp-nclre son sang
tomber bruyamment dans l'aiguière que tenait
un des négrillons. '<
Et tandis que son sang coulait, Janine lui di-
sait ;
— Je veux que tu te voies mourir, misé-
rable! je veux que ta vie s'°n aille lente ment et
que tu sentas î-on dernier so.'ifile monter de ton
cœur à tes lèvres.
Puis, écoute bien ce qui nous arrivera, au
chevalier, que j'adore, et à moi =
Quand tu seras tout à fait mort, 0:1 te trans-
portera dans ton hôte!, et des médecins affirme-
ront que tu as succombé à une nrala/ue dont tu
étais attaqué depuis !ongte'Dps.
On te fera de belles i'u;;é.'aiiles, et tu àeras
royalement enterré. j
Puis on ouvrira le testament par lequel tu
institues ton héritier le chevalier e fîsparron.
Alors le chevalier et moi i o :.s nous1 materons,
et nous irons vivre en Allemagne, dans' ;'8. prin-
cipauté devenue notre domaine, et nous" le e--
rons dire des messes ; — messes inutiles',- car
ton âmo appartient à Satan, et il ne la rendra »
~ pas 1 '
Et Janine riait en parlant ainsi.
En même temps, elle posait un appareil sur
le bras du margrave pour arrê'er l'effusion du
sang.
Le chevalier hochait tristement la tête :
— Janine, Janine, disait-il, cet homme est
assez puni ; mieux vaudrait en finir tout de
suite.
— Non, r.on, répondit-elle, nous avons encore
cinq jours devant nous. Le Régent nous pro-
tège.
— Janine, dit encore le chevalier, j'ai -de
sombres pressentiments.
— Quelle folie!
— Le Régent nous protège, mais le président
Boisfleury a juré notre perte, cette maison est
cernée.
— Tu sais que lorsque les gens de police y
pénétreront, nous serons partis, répliqua Ja-
hina.
Mais comme elle parlait ainsi, un bruit se fit
au dehors, la porte de la chambre s'ouvrit pré-
cipitamment, et Guillaume entra tout ellaré.
— Qu'est-ce? dit Janine.
-— Que veux-tu? dit le chevalier.
— Nous sommes perdus 1 répondit Guil-
laume.
— Perdus !
«=— OJi, la marquis s'est échappé.
^ -
— C'est impossible ! s'écria Janine. - 1
— C'est vrai, il n'est plus dans la cage. Venez,
venez voir...
Guillaume avait un flambeau à la main et il
avait ouvert une porte qui donnait sur l escalier
souterrain.
Janine et d'E.,*ptrrôn s'y engouffrèrent, sur
ses pas.
Guillaume avait dit vrai ; le marquis n'était
plus dans la cage et il était facile de voir par où
il avait pris la fuite.
— Eh bien' dit Janfïie, qu'importe! le Ré.
gent nous a promis de ne pas laisser pénétrer
dans la maison avant le jour fixé.
Et elle remonta dans la chambre où gisait
toujours le margrave.
Mais là i! y avait, deux autres personnes non
moins bouleverses, Muie Ellwige et la jeune
iilie qui avait joué le rôle L1e la princesse orien-
taie.
On pénètre dans la maison, disait iviœo
E'iwige ; enteiidez-vcu-- ?
En effet, un brxit sourd retentissait au-dessus
de leurs têtes, et ii était faclh de comprendre
que la maison était envahie, dans les étages su-
périeurs, par une troupe d'hommes qui, ne
trouvant pas le passage secret. de la cueminoe,
s'étaient mis à effondrer les planchers à coings
de hache.
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