Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-08-04
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 août 1868 04 août 1868
Description : 1868/08/04 (A3,N838). 1868/08/04 (A3,N838).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47178406
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cenl. le numéro JOURNAL QUOTIDIEN S cent, le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. » fr. i8 fr.
Départements.. 8 il 99
Adminkirateur : E. DELSAUX.
8me année. —. MARDI 4 AOUl1 1868. —-N° 838
Directeur- Proprié ta ire : JAN N [ N.
Rédacteur en chef : A. DE BALATHIER-BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Dronot.
ADMINISTRATION '. 1'3. Dlace Breda.
PARIS, 3 AOUT 1868
AOUT
LES ÉVÉNEMENTS DU PASSÉ
2 août 1798. — Bataille d'Aboukir.
La flotte française, sous le commandement
de l'amiral Brueix, venait de protéger le dé-
barquement do l'armée d'Egypte. Il s'agissait
de trouver un mouillage..On jeta la sonde
dans la passe du vieux port d'Alexandrie et
l'on reconnut qu'il n'y avait pas assez de fond
pour que les vaisseaux de ligne pussent y en-
trer. — Débarquons notre artillerie pour allé-
ger nos vaisseaux! dirent quelques officiers.
L'amiral aima mieux aller mouiller dans la
rade d'Aboukir, rade ouverte, qui semblait
appeler l'ecnemi et le combat. La flotte an-
glaise parut, en effet, presqu'aussitôt. Elle
était commandée-par l'amiral Nelson.:.
Ce dernier trouva les dix-neuf bâtiments
français mouillés sur une seule ligne, à une
certaine distance les uns des autres, et assez
éloignés du rivage pour que les batteries de
terre fassent impuissantes à les protéger.
Il n'hésita pas. — La bataille est gagnée,
se dit-il, si je puis faire passer une partie de
mes vaisseaux entre le rivage et les vaisseaux
•français qui se trouveront ainsi prisentre deux
feux.
Et il fit gouverner son chef de file sur no-
tre tête de ligne. Cè premier vaisseau échoua.
Mais cinq _autrei passèrent hardjrçy.nt et
mouillèrent bord à bord où Nelson avait dit.
Sept autres navires anglais défilèrent en de-
hors et mouillèrent à bord opposé, de cette ;
partie de la ligne française, qu'un treizième
vaisseau coupait en même temps.
Dans cette position, on se canonna un jour ■
et une nuit.
A trois heures du matin, le 2 août, les
combattants se trouvaient à 'une portée de
pistolet les uns des autres. Rien de décida
L'amiral Brlleix, grièvement bl-essé, continuait
à-oommander, quand un boulet. le coupa en
deax. Le feu prit à son vaisseau.
Ici l'histoire cède la place à l'épisode.
Un petit garde de la marine, un enfant de
dix ans, Casa-Biauca, combattait à côté de
«on père, capitaine de pavillon du vaisseau
amiral. Le père est Messe. Au milieu des flam-
mes, les matelots mettent une chaloupe à la-
iner et s'y réfugient, abandonnant les morts
et les mourants. Ils veulent sauver le petit
Casa-Bianca. — Non 1 non! crie ce dernier, je
ne quitte pas mon père!,..
[ La chaloupe s'éloigne du navire embrasé.
L'enfant attache le blessé sur un tronçon
de mât jeté à la mer; il s'y cramponne lui-
-mpme... Ils allaient être sauvés... Tout à coup
J# vaisseau saute, et les deux escadres sont
^ensevelies sous une pluie de feu... Le mât
est englouti.
La bataille continuait. Des deux côtés on
faisait des prodiges. Presque tous nos com-
mandants étaient tués ou blessés. L'un d'eux,
le capitaine du Petit-Thouars, mutilé, n'ayant
plus que le tronc, et vivant encore, refusa de
quitter le pont :
— Jurez moi, dit-il à son équipage, de
ne point amener et de jeter mes restes à la
mer!..
Le 3 août, on se battait encore.
A la fin, la plupart des vaisseaux, pris entre
deux feux, rasés, dégréés, désemparés, se
rendirent.
Un d'entre eux refusa-d'amener son pavil-
lon et brûla comme le vaisseau amiral. Quatre
autres s'échappèrent. Les Anglais ne purent
emmener que six des neuf navires qu'ils
avaient pris. Les équipages furent mis à terre
sur parole.
Jamais défaite ne fut plus glorieuse. Jamais
aussi le triomphe de l'audace ne fut plus
clairement démontré que ce jour-là, par Nel-
son...
3 août 1G44. ■—• Bataille de Fribourg.
Le règne de Louis XIV commençait. Le roi
était enfant. Les généraux et les soldats
étaient jeunes. On débuta par des victoires.
Le prince de Condé commandait en chef.
Il trouva l'ennemi, sous les ordres de Merci,
retranché dans un camp sur deux monta-
gnes... H commanda bravement l'assaut. On
se battit pendant trois jours, au bout des-
quels on enleva le camp. A un cerlain mo-
ment, voyant ses troupes plier, le jeune gé-
néral jeta son bâton de commandement dans
les retranchements ennemis, et, 'tirant son
épée, il se mit à la tète d'un régiment : —
Allons le reprendre ! cria-t-il gaiement. Les
soldats le suivirent et revinrent pour la
dixième fois à l'attaque. Un siècle et demi
plus taird, Hoche et ses républicains firent la
même those à Weissembourg. Condé, plus
heureajt que Hoche, a eu Bossuet pour his-
historién :
« Qqel objet se présente à mes yeux? Ce j
n'est pes seulement des hommes à combattre,
c'est dqs montagnes inaccessiblss; c'est des
ravinai et des précipices d'un côté; c'est de
l'autre .un bois-impénétrable, dont le fond est
; un marais; et,derrière des ruisseaux, de pro-
digiemt retranchements ; c'est partout des
forts élevés, et des forêts abattues, qui tra-
versent des chemins affreux; et au-dedans
c'est Merci avec ses Bavarois, enflés de tant
de succès et de la prise de Fribourg; Merci,
qu'on tye vit jamais reculer dans les combats;
Merci, 'que le prince de Condé et le vigilant
Turen~e n'ont jamais surpris dans un mouve-
ment ^régulier, et à qui ils ont rendu ce
grand témoignage, que jamais il n'avait perdu
un se 1 moment favorable, ni manqué de
prévenir leurs desseins, comme s'il eût assisté
à leurs conseils.
» Ici. donc, durant trois jours, et à quatre
attaques différentes, on vit tout ce qu'on pei4
soutenir et entreprendre à la guerre. Nos
troupes semblent rebutées autant par la résis-
tance des ennemis que par l'effroyable dis-
position des lieux; et le prince se vit quelque
temps abandonné; mais, comme un autre
Machajoée, son bras ne ['almndonna pas ; et
son courage, irrité, par tant de périls, vint à
son sekours.
» On ne l'eut pas plutôt vu pied à terre, for-
cer le premier ces inaccessibles hauteurs, que
son ardeur:entraîna tout après elle. Merci voit
sa perte assurée; ses meilleurs régiments sont
--44fftitéfla-ïwit sauve- les restes de son armée.
Mais que des pluies excessives s'y joignent
encore, afin que nous ayons à la fois, avec tout
le courage et tont l'art, toute la nature à com-
battre : quelqu'avantage que prenne un en-
nemi habile autant que hardi, et dans quel-
qn'aflreuse montagne qu'il se retranche de
nouveau, poussé de tous côtés, il faut qu'il
laisse en proie au duc d'Enghien, non-seule-
mont son canon et son bagage, mais encore
tous les environs du Rhin.
» Voyez comme tout s'ébranle. Philisbourg
est aux abois en dix jours, malgré l'hiver qui
approche; Philisbourg, qui tint si longtemps
le Rhin captif sous nos lois, et dont le plus
grand des rois a si glorieusement réparé la
perte. Worms, Spire, Mayence, Landau, vingt
autres places de nom ouvrent leurs portes.
Merci ne les peut défendre, et ne parait plus
devant son vainqueur : c'e n'est paà assez, i'l|
faut qu'il tombent ses pieds, digne victime df
sa valeur, Nordlingue en %ra la chute,'
etc... J) ' ' "
10 août 2o8. — Mort de Saint-Laurent.
taurent,diacre de l'église de Rome, sous le
pape Sixte I!, administrait les biens de cette,
église. L'empereur Valérien, ayant un jour
besoin d'argent, son préfet fit mander Lau-
rent et lui demanda les richesses confiées à
sa garde. -•
— Il me faudrait, répondit cet honnête
caissier, un délai de trois jours au moins pour
les réunir. 'r -
— Soit.
Au bout des trois jours, il présenta au pré-
fet tous les chrétiens pauvres qu'il avait trou-
vés par la ville, et lui dit :
— Voilà, seigneur, les trésors de l'Eglise.
L'autre prit mal cette nouvelle réponse, et
donna l'ordre qu'on étendît Laurent sur un
gril ardent, après l'avoir fait déchirer de coupa:
de fouet.
Le martyr expira tranquillement sur les
flammes, en priant Dieu de pardonner à ses
bourreaux.
Autre éphéméride religieuse. — Le 10 août
1239, Louis IX, roi de France, se rendit il
Sens en grande procession. Il s'agissait de re-
cevoir la couronne d'épines de Jésus-Christ,
que son propriétaire, Beaudouin II, comte de
Flandre, empereur de Constantinople, avait
mise en gage pour une grosse somme.
Le roi de France, pieds nus, vêtu de bure,
prit la couronne et la porta sur ses épaules,
suivi de toute la cour...
17 Août 1786. — Mort de Frédéric ll) roi
de Prusse...Xfr'i»*
Le grand Frédéric, on le sait, fut un lié-
ros.
Mais il n'avait pas conftnencé par là.
Elevé à l'école de son père le caporal, qui
lui donnait plus de coups de canne que de
petits soins, traité en déserteur et enfermé
dans une forteresse parceque, las de Berlin,
il avait voulu; ailer se promener à Londres,
forcé d'assister filtre quat-regrenadiersan sup-
plice de son âhï? Katt, qui n'avait commis d'au.
LA
FEMME IMMORTELLE
mess=""47 PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIERE PARTIE
IV
Pénétrons maintenant avant le chevalier de
Castirac et sa. nouvelle alliée Jeanne la Bavon-
glaise, à l'intérieur de, l'hôtel du margrave, dont
la cour était illuminée comme une cathédrale
an jour de fête.
Paris était alors ce qu'il tst aujourd'hui.
La baguette d'or y transformait tout en quel-
lues heures.
. Tandis que le vieux prince allemand,-l'ancien
Voir les n-uméros parus 'depuis Je 21 juin, 'ISo
I associé de Janine la chercheuse d'or, passait
1 deux jours à l'hôtellerie de l'Arbre Sec, une ar-
mée de tapissiers, de maçons et de peintres sous
les ordres de maître Conrad, l'intendant vêtu de
rouge et le tremblant époux de la terrible
Mme Edwige, avaient envahi ce A ieilhôtei in ha-
bité et l'avaient converti en un palais des Mille
et une Nuits.
Le margrave y était entré l'avant-veille au
soir, à une heure assez avancée pour que nul ne
le vit.
Il était descen 'u péniblement, de sa litière,
tant il était vieux et cas:;Ó; puis, appuyé sur
l'épaule de l'un de ses pages, donnant le bras à
Mme Edwige, il s'était traiaé jusqu'à la somp-
tueuse chambre a coucher qu'on lui avait pré-
parée.
Là, Mme Edwige l'avait confié à ses deux
médecins, dont l'un était allemand et l'autre
hongrois.
Pendant quarante-huit heures, le vieillard
avait été plongé dans ditférents bains oJorants,
frotté d'huiles et de parfums ; on l'avait enduit
de pâtes mystérieuses; puis on l'avait, au moyen
d'un narcotique, plongé dans un sommeil pro-
fond.
Il s'endormait vieux et devait se réveiller
jeune... au moins pour quelques heures.
Le înoment 4® cette résurrecWi,lj1 venu, le
margrave, qui était fait du reste à ces métamor-
phoses, avait ouvert les y.. 1}.x , étiré ses mem-
bres, auxquels on avait rendu une souplesse mo-
mentanée. -
Il s'était regardé dans un petit miroir qu'on
lui avait apporté, et il s'était vu jeune, les che-
veux noirs, le front, Fans rides.
En même temps, Mme Edwige était en-
trée.
— Eh bien ! monseigneur, avait-elle dit, êtes-
vous toujours dans l'intention de-passer en re-
vue les plus belles filles de Paris et d'épouser
celle qui vous plaira le plus?
— Oui, certes, avait répondu le margrave.
— J'ai fait répandre-cette nouvwle aux quatre
coins de la ville, poursuivit Mme Kiwige.
— Fort bien.
— Et déjà la rue est encombrée de litières et
de carrosses. Vous avez du choix, et il est pos-
sible QUO vous soyiez embarrassé.
— Bah ! fit le margrave, je suis assez con-
naisseur pour discerner la plus belle au premier
coup d'œil.
— Il suffit de ne pas se presser, dit Mme
Edwige.
Elle était sortie alors et avait envoyé au mar-
grave deux de ses pages.
Ceux-ci avaient procédé à la toilette de leur
seigneur et maître. -
Certes, cette toilette terminée, aue;:'w ceux
qui avaient vu le vieux margrave desceL'dre
son carrosse à la porte de l'hôtellerie de la rua,
de i'A;'bro Sec; ne l'el1:"Õ-c:1t reconnu alors,' tani, '
il était changé.
1 ,
Le vieillard était presque un j eune hernie,
et il était vêtu avec une ex tréma élégance.
Il se mit à marcher la tête haute, tendant le
jarret, la main entourée de dentelles, ooquette-
ment placée sur la coquille de son épée de
.ga'a. •
— Vous avçz vingt ans, lui dit Mme Edwige
en repara}-;sant, et je ne plains pas celle qui
aura le bonheur de plaire à Votre Altesse.
— Où sort-elles? demanda le margrave.
— Oh! fit en souriant Mme Edwige, Votre
Altesse y met trop d'impatience. Il en est
venu plus de cent à l'heure qu'il est, et nous
avons dù, Conrad et moi, imaginer un petit
système de triage.
— Comment c la?
— Conrad est dans la cour.
— Bon.
— Si une femme n'est que médiocrement
belle, il la prie de remonter en carrosse ou en
litière, et l'avertit qu'elle n'a aucune chance da
plaire 'a Votre Altesse.
— Ah 1 cela est fott bien, dit' le margrave.
C'est une manière de simplifier les choses.
5 cenl. le numéro JOURNAL QUOTIDIEN S cent, le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris 5 fr. » fr. i8 fr.
Départements.. 8 il 99
Adminkirateur : E. DELSAUX.
8me année. —. MARDI 4 AOUl1 1868. —-N° 838
Directeur- Proprié ta ire : JAN N [ N.
Rédacteur en chef : A. DE BALATHIER-BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue Dronot.
ADMINISTRATION '. 1'3. Dlace Breda.
PARIS, 3 AOUT 1868
AOUT
LES ÉVÉNEMENTS DU PASSÉ
2 août 1798. — Bataille d'Aboukir.
La flotte française, sous le commandement
de l'amiral Brueix, venait de protéger le dé-
barquement do l'armée d'Egypte. Il s'agissait
de trouver un mouillage..On jeta la sonde
dans la passe du vieux port d'Alexandrie et
l'on reconnut qu'il n'y avait pas assez de fond
pour que les vaisseaux de ligne pussent y en-
trer. — Débarquons notre artillerie pour allé-
ger nos vaisseaux! dirent quelques officiers.
L'amiral aima mieux aller mouiller dans la
rade d'Aboukir, rade ouverte, qui semblait
appeler l'ecnemi et le combat. La flotte an-
glaise parut, en effet, presqu'aussitôt. Elle
était commandée-par l'amiral Nelson.:.
Ce dernier trouva les dix-neuf bâtiments
français mouillés sur une seule ligne, à une
certaine distance les uns des autres, et assez
éloignés du rivage pour que les batteries de
terre fassent impuissantes à les protéger.
Il n'hésita pas. — La bataille est gagnée,
se dit-il, si je puis faire passer une partie de
mes vaisseaux entre le rivage et les vaisseaux
•français qui se trouveront ainsi prisentre deux
feux.
Et il fit gouverner son chef de file sur no-
tre tête de ligne. Cè premier vaisseau échoua.
Mais cinq _autrei passèrent hardjrçy.nt et
mouillèrent bord à bord où Nelson avait dit.
Sept autres navires anglais défilèrent en de-
hors et mouillèrent à bord opposé, de cette ;
partie de la ligne française, qu'un treizième
vaisseau coupait en même temps.
Dans cette position, on se canonna un jour ■
et une nuit.
A trois heures du matin, le 2 août, les
combattants se trouvaient à 'une portée de
pistolet les uns des autres. Rien de décida
L'amiral Brlleix, grièvement bl-essé, continuait
à-oommander, quand un boulet. le coupa en
deax. Le feu prit à son vaisseau.
Ici l'histoire cède la place à l'épisode.
Un petit garde de la marine, un enfant de
dix ans, Casa-Biauca, combattait à côté de
«on père, capitaine de pavillon du vaisseau
amiral. Le père est Messe. Au milieu des flam-
mes, les matelots mettent une chaloupe à la-
iner et s'y réfugient, abandonnant les morts
et les mourants. Ils veulent sauver le petit
Casa-Bianca. — Non 1 non! crie ce dernier, je
ne quitte pas mon père!,..
[ La chaloupe s'éloigne du navire embrasé.
L'enfant attache le blessé sur un tronçon
de mât jeté à la mer; il s'y cramponne lui-
-mpme... Ils allaient être sauvés... Tout à coup
J# vaisseau saute, et les deux escadres sont
^ensevelies sous une pluie de feu... Le mât
est englouti.
La bataille continuait. Des deux côtés on
faisait des prodiges. Presque tous nos com-
mandants étaient tués ou blessés. L'un d'eux,
le capitaine du Petit-Thouars, mutilé, n'ayant
plus que le tronc, et vivant encore, refusa de
quitter le pont :
— Jurez moi, dit-il à son équipage, de
ne point amener et de jeter mes restes à la
mer!..
Le 3 août, on se battait encore.
A la fin, la plupart des vaisseaux, pris entre
deux feux, rasés, dégréés, désemparés, se
rendirent.
Un d'entre eux refusa-d'amener son pavil-
lon et brûla comme le vaisseau amiral. Quatre
autres s'échappèrent. Les Anglais ne purent
emmener que six des neuf navires qu'ils
avaient pris. Les équipages furent mis à terre
sur parole.
Jamais défaite ne fut plus glorieuse. Jamais
aussi le triomphe de l'audace ne fut plus
clairement démontré que ce jour-là, par Nel-
son...
3 août 1G44. ■—• Bataille de Fribourg.
Le règne de Louis XIV commençait. Le roi
était enfant. Les généraux et les soldats
étaient jeunes. On débuta par des victoires.
Le prince de Condé commandait en chef.
Il trouva l'ennemi, sous les ordres de Merci,
retranché dans un camp sur deux monta-
gnes... H commanda bravement l'assaut. On
se battit pendant trois jours, au bout des-
quels on enleva le camp. A un cerlain mo-
ment, voyant ses troupes plier, le jeune gé-
néral jeta son bâton de commandement dans
les retranchements ennemis, et, 'tirant son
épée, il se mit à la tète d'un régiment : —
Allons le reprendre ! cria-t-il gaiement. Les
soldats le suivirent et revinrent pour la
dixième fois à l'attaque. Un siècle et demi
plus taird, Hoche et ses républicains firent la
même those à Weissembourg. Condé, plus
heureajt que Hoche, a eu Bossuet pour his-
historién :
« Qqel objet se présente à mes yeux? Ce j
n'est pes seulement des hommes à combattre,
c'est dqs montagnes inaccessiblss; c'est des
ravinai et des précipices d'un côté; c'est de
l'autre .un bois-impénétrable, dont le fond est
; un marais; et,derrière des ruisseaux, de pro-
digiemt retranchements ; c'est partout des
forts élevés, et des forêts abattues, qui tra-
versent des chemins affreux; et au-dedans
c'est Merci avec ses Bavarois, enflés de tant
de succès et de la prise de Fribourg; Merci,
qu'on tye vit jamais reculer dans les combats;
Merci, 'que le prince de Condé et le vigilant
Turen~e n'ont jamais surpris dans un mouve-
ment ^régulier, et à qui ils ont rendu ce
grand témoignage, que jamais il n'avait perdu
un se 1 moment favorable, ni manqué de
prévenir leurs desseins, comme s'il eût assisté
à leurs conseils.
» Ici. donc, durant trois jours, et à quatre
attaques différentes, on vit tout ce qu'on pei4
soutenir et entreprendre à la guerre. Nos
troupes semblent rebutées autant par la résis-
tance des ennemis que par l'effroyable dis-
position des lieux; et le prince se vit quelque
temps abandonné; mais, comme un autre
Machajoée, son bras ne ['almndonna pas ; et
son courage, irrité, par tant de périls, vint à
son sekours.
» On ne l'eut pas plutôt vu pied à terre, for-
cer le premier ces inaccessibles hauteurs, que
son ardeur:entraîna tout après elle. Merci voit
sa perte assurée; ses meilleurs régiments sont
--44fftitéfla-ïwit sauve- les restes de son armée.
Mais que des pluies excessives s'y joignent
encore, afin que nous ayons à la fois, avec tout
le courage et tont l'art, toute la nature à com-
battre : quelqu'avantage que prenne un en-
nemi habile autant que hardi, et dans quel-
qn'aflreuse montagne qu'il se retranche de
nouveau, poussé de tous côtés, il faut qu'il
laisse en proie au duc d'Enghien, non-seule-
mont son canon et son bagage, mais encore
tous les environs du Rhin.
» Voyez comme tout s'ébranle. Philisbourg
est aux abois en dix jours, malgré l'hiver qui
approche; Philisbourg, qui tint si longtemps
le Rhin captif sous nos lois, et dont le plus
grand des rois a si glorieusement réparé la
perte. Worms, Spire, Mayence, Landau, vingt
autres places de nom ouvrent leurs portes.
Merci ne les peut défendre, et ne parait plus
devant son vainqueur : c'e n'est paà assez, i'l|
faut qu'il tombent ses pieds, digne victime df
sa valeur, Nordlingue en %ra la chute,'
etc... J) ' ' "
10 août 2o8. — Mort de Saint-Laurent.
taurent,diacre de l'église de Rome, sous le
pape Sixte I!, administrait les biens de cette,
église. L'empereur Valérien, ayant un jour
besoin d'argent, son préfet fit mander Lau-
rent et lui demanda les richesses confiées à
sa garde. -•
— Il me faudrait, répondit cet honnête
caissier, un délai de trois jours au moins pour
les réunir. 'r -
— Soit.
Au bout des trois jours, il présenta au pré-
fet tous les chrétiens pauvres qu'il avait trou-
vés par la ville, et lui dit :
— Voilà, seigneur, les trésors de l'Eglise.
L'autre prit mal cette nouvelle réponse, et
donna l'ordre qu'on étendît Laurent sur un
gril ardent, après l'avoir fait déchirer de coupa:
de fouet.
Le martyr expira tranquillement sur les
flammes, en priant Dieu de pardonner à ses
bourreaux.
Autre éphéméride religieuse. — Le 10 août
1239, Louis IX, roi de France, se rendit il
Sens en grande procession. Il s'agissait de re-
cevoir la couronne d'épines de Jésus-Christ,
que son propriétaire, Beaudouin II, comte de
Flandre, empereur de Constantinople, avait
mise en gage pour une grosse somme.
Le roi de France, pieds nus, vêtu de bure,
prit la couronne et la porta sur ses épaules,
suivi de toute la cour...
17 Août 1786. — Mort de Frédéric ll) roi
de Prusse...Xfr'i»*
Le grand Frédéric, on le sait, fut un lié-
ros.
Mais il n'avait pas conftnencé par là.
Elevé à l'école de son père le caporal, qui
lui donnait plus de coups de canne que de
petits soins, traité en déserteur et enfermé
dans une forteresse parceque, las de Berlin,
il avait voulu; ailer se promener à Londres,
forcé d'assister filtre quat-regrenadiersan sup-
plice de son âhï? Katt, qui n'avait commis d'au.
LA
FEMME IMMORTELLE
mess=""47 PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIERE PARTIE
IV
Pénétrons maintenant avant le chevalier de
Castirac et sa. nouvelle alliée Jeanne la Bavon-
glaise, à l'intérieur de, l'hôtel du margrave, dont
la cour était illuminée comme une cathédrale
an jour de fête.
Paris était alors ce qu'il tst aujourd'hui.
La baguette d'or y transformait tout en quel-
lues heures.
. Tandis que le vieux prince allemand,-l'ancien
Voir les n-uméros parus 'depuis Je 21 juin, 'ISo
I associé de Janine la chercheuse d'or, passait
1 deux jours à l'hôtellerie de l'Arbre Sec, une ar-
mée de tapissiers, de maçons et de peintres sous
les ordres de maître Conrad, l'intendant vêtu de
rouge et le tremblant époux de la terrible
Mme Edwige, avaient envahi ce A ieilhôtei in ha-
bité et l'avaient converti en un palais des Mille
et une Nuits.
Le margrave y était entré l'avant-veille au
soir, à une heure assez avancée pour que nul ne
le vit.
Il était descen 'u péniblement, de sa litière,
tant il était vieux et cas:;Ó; puis, appuyé sur
l'épaule de l'un de ses pages, donnant le bras à
Mme Edwige, il s'était traiaé jusqu'à la somp-
tueuse chambre a coucher qu'on lui avait pré-
parée.
Là, Mme Edwige l'avait confié à ses deux
médecins, dont l'un était allemand et l'autre
hongrois.
Pendant quarante-huit heures, le vieillard
avait été plongé dans ditférents bains oJorants,
frotté d'huiles et de parfums ; on l'avait enduit
de pâtes mystérieuses; puis on l'avait, au moyen
d'un narcotique, plongé dans un sommeil pro-
fond.
Il s'endormait vieux et devait se réveiller
jeune... au moins pour quelques heures.
Le înoment 4® cette résurrecWi,lj1 venu, le
margrave, qui était fait du reste à ces métamor-
phoses, avait ouvert les y.. 1}.x , étiré ses mem-
bres, auxquels on avait rendu une souplesse mo-
mentanée. -
Il s'était regardé dans un petit miroir qu'on
lui avait apporté, et il s'était vu jeune, les che-
veux noirs, le front, Fans rides.
En même temps, Mme Edwige était en-
trée.
— Eh bien ! monseigneur, avait-elle dit, êtes-
vous toujours dans l'intention de-passer en re-
vue les plus belles filles de Paris et d'épouser
celle qui vous plaira le plus?
— Oui, certes, avait répondu le margrave.
— J'ai fait répandre-cette nouvwle aux quatre
coins de la ville, poursuivit Mme Kiwige.
— Fort bien.
— Et déjà la rue est encombrée de litières et
de carrosses. Vous avez du choix, et il est pos-
sible QUO vous soyiez embarrassé.
— Bah ! fit le margrave, je suis assez con-
naisseur pour discerner la plus belle au premier
coup d'œil.
— Il suffit de ne pas se presser, dit Mme
Edwige.
Elle était sortie alors et avait envoyé au mar-
grave deux de ses pages.
Ceux-ci avaient procédé à la toilette de leur
seigneur et maître. -
Certes, cette toilette terminée, aue;:'w ceux
qui avaient vu le vieux margrave desceL'dre
son carrosse à la porte de l'hôtellerie de la rua,
de i'A;'bro Sec; ne l'el1:"Õ-c:1t reconnu alors,' tani, '
il était changé.
1 ,
Le vieillard était presque un j eune hernie,
et il était vêtu avec une ex tréma élégance.
Il se mit à marcher la tête haute, tendant le
jarret, la main entourée de dentelles, ooquette-
ment placée sur la coquille de son épée de
.ga'a. •
— Vous avçz vingt ans, lui dit Mme Edwige
en repara}-;sant, et je ne plains pas celle qui
aura le bonheur de plaire à Votre Altesse.
— Où sort-elles? demanda le margrave.
— Oh! fit en souriant Mme Edwige, Votre
Altesse y met trop d'impatience. Il en est
venu plus de cent à l'heure qu'il est, et nous
avons dù, Conrad et moi, imaginer un petit
système de triage.
— Comment c la?
— Conrad est dans la cour.
— Bon.
— Si une femme n'est que médiocrement
belle, il la prie de remonter en carrosse ou en
litière, et l'avertit qu'elle n'a aucune chance da
plaire 'a Votre Altesse.
— Ah 1 cela est fott bien, dit' le margrave.
C'est une manière de simplifier les choses.
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