Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-07-21
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 juillet 1868 21 juillet 1868
Description : 1868/07/21 (A3,N824). 1868/07/21 (A3,N824).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717826x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
• 5 cent. le cmnMo JOURNAL QUOTIBIEN 5 cent. le Mi»éM
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
t'an,; ô fr. ® fr. 18 fr.
D^dl'uilïKMI-.. & 11 2 v
A'iiniitist*at-!ur : E. DELSAUX. j
SIM année. — MARDI SI .HiH,LFT 4^8. — N" 821
1 •?
Directeur-Propriétaire : J A N N IN.
Rédacteur en c4, f : A. DE liAl-ATIll i;,R-BRA C. I I.O'NNB.
BUREAUX D'AUCUNEMENT : 9. rue
ADMINISTRATION '. 13, place Breda.
PARIS, 20 JUILLET 1868
NOTES DE VOYAGE
LYON EN 1868
II
L'un des deux plus anciens chemins de fer
de France L:5t celui de Lyon à Saint- Etienne.
Alexandre Dumas raconte, à ce propos, l'a-
necdote suivante :
Le premier obstacle à vaincre pour établir
le chemin était un rocher, /qu'on dût percer
pendant l'espace de deux otfnts pas à peu près,
et qui forme une voûtées laquelle il serait
dangereux de s'engager..
Aussi le maire de Lyon fit-il placer à l'en-
trée une inscription ainsi conçue :
Ii est défendu de passer * sous cette voûte;
sous peine d'être écrasé.
Les curieux continuèrent à affluer. Alors
le maire eut recours à une deuxième inscrip-
tion qui forma le pendant de l$-première :
Il est défendu de passer mis cettç.voûte,
sous peine de payer t'amende.
On ne passa phts,t ■
« Grâce à ces deux inscriptions, a-ri l'auteur
des Impresswnsf de Voyage, on peut se faire
une idée sommaire des habitants de Lyon...*
Drave et avare, tel serait donc le Lyonnais,
suivant Alexandre Dumas.
Un peu plus loin, il ajoute :
« Quoique Lyon soit la patrie de Philibert
l';el orme, de Coustou, de Coisevox, de hbWÊ#
Lnubé, de Dugas-Montbel et de Rallanche;
quoiqu'elle ait. une académie, fille si bien éle-
vée, disait Voltaire, qu'elle n'a jamais fait
parler d'elle; quoiqu'elle se glorifie d'une
école de peinture qui nous a donné Dubost et
Bonnefond, — son génie est tout mercan-
tIle... »
Vous me permettrez, cher maître, de n'être
pas de votre avis.
Sans doute Lyon est une cité commerciale.
Par sa position el'e commande Je midi. T a
Saône qui vient df la Bourgogne, et le Rhône,
q'Hfcvient de la Suisse, s'y rencontrent. Les
berçâmes* sort entrés fatalement dans l'ordre
iivdifl'ié par la nature; ils ont. créé des comp-
tant, des-fabriques et des magasins. Le com-
mence et la banque n'ont pas de patrie. Des
Jwmburds, des Allemands sont venus tour à
tour d.e l'Italie et de l'Allemagne se greffer
sur la population gallo-romaine de la vieille
cité. Ici les enfants, sitôt qu'ils' ouvrent les
yeux pour voir, voient leurs pères manier les
étoffes et l'ai,-ent. La vocation dérend le plus
souvent des milieux. De là des dynasties dans
la fabrique, le courtage et la commission.
Tout cela est la part du berceau, de l'éduca-
tion, des circonstances... ,
Mais cherchez sous cette surface de chif-
fres, vous trouverez le vrai Lyonnais, l'enfant
de la-Gaule-Latine, tourné par son tempé-
rament à l'art, à l'indépendance, à la rail-
lerie...
cFart au moyen âge penche vers le mysti-
cisme. Le Lyonnais devient mystique, et il
est' demeuré tel. Tout à l'heure, j'ai nomnv
Bailanche; j'aurais pu nommer aussi' Jules
Favre. Tous ces hommes, pratiques -dans leur
vie, sûrs dans leurs desseins, méthodiques
dans leurs actes, sont en mème temps reli-
gieux et TêVeurs. Chez eux, la raillerie gau-
loise ■•s,e|t changée en ironie. L'esprit indé-
pendante la commune est resté.
LA V^r^&s^er dans les rues toutes ces per-
sonnalités affairées, à voir se pencher sur les
métiers toutes ces têtes lasses, on croirait que
['jlfjjfo d'i i-ja-in est la seule qui puisse pénétrer
ici danses c^rvefles... Ufï seTfoitfjfêfaît. " ~
Quand le soir sera venu, riches et pauvres
prendront à l'envi, qui un livre, qui un jour-
nal, et ils liront avec passion, avides de savoir,
grands amis des commentaires et des polémi-
ques, ferrés sur une opinion et prêts à se
sacrifier pour elle...
Lyon est la ville où l'on prend le plus net-
tement et le plus volontiers parti pour une
religion, une doctrine, une secle...
Les souscripteurs au denier de Saint-Pierre
s'y rencontrent par milliers ; les zouaves pon-
tificaux par centaines. Il y a vingt mille spi-
rites et dix mille francs-maçons....
Peut-être sera-t-on curieux de connattre le
ïi ombre des journaux que le public achète
charrue jour?...
Voici un tableau qu'on m'assure exact ~-1
. ^OURN£GX QUOTIDIENS j
!La Petite Presse 6.500
Le Pelit Journal, 5,000
Le Figaro, 300 J
Le Petit Figaro, 600
Le Gaulois, ; ' 200
[Le Sàlut piiblie, 9,000
Lyon !Le Progrès, 5 000 j
\Le Courrier de Lyon, 3,300
' ' JOURNAUX HEBDOMADAIRES'
. " . I
J La Presse illmtrée, 4,000
I Le Journal illustré, 2 000
L'Eclipse, 1,500
Paris (Le Bouffon, 200
J Letynnneton, 200
J La Lanterney 3,500
I Les petits pamphlets divers, 600 i
Le Refusé, 7,000 1
Lyon \ La Marionnette, 5.000
[Le Moniteur des soies, 1,000
Reste une trentaine de publications spé-
ciales dont la tirage m'est inconnu : L'En- \
tracte, II' Menteur jlldiciaire,la Petite Gazette
des Tribunaux, la Semaine religieuse, la Se-
maine catholique, l' Echo de Fourrières, etc.,
etc...
C'«st à Lyon que ste publient les Annales de
la Propagation de la foi, le plus prodigieux
de tous les recueils, qui compte deux cent
cinquante mille lecteurs, chiffre ses bénéfices
~pirHflÉRjw,^f%êtr-dffTvai83ca«mm ■■ ■■ ■»
Une ville qui achète et lit autant de jour-
naux est intelligente par excellence, et son
intelligence ne saurait être circonscrite dans
la sphère du commerce, quelque étendue que
soit celle-ci.
Aussi'les écrivains; les peintres, les sta-
tuaires sont-ils nombreux à Lyon. Mon ami
Aimé Vingtrinier, poëte, romancier, journa-
liste, imprimeur, bref un artiste à tous crins,
me racontait hier .l'histoire de la Société j
Littéraire, une des classes de l'Institut lyon-
nais, et j'étais émerveillé, en écoutant sa pa-
role facile et colorée, de voir surgir, s'animer
et vivre vingt physionomies, originales, pitto-
resques, bizarres, toutes ayant une valeur et
uo attrait Je l'ai dit, il y a un volume à"
éerire sur Lyon...
Les théâtres sont un peu moins nombreux
que les journaux.
Le Grand Théâtre, qui a pris le nom de
Théâtre-Impérial, a été jugé depuis long-
temps. C'est une prison dans 1:J(!uelle '"Q
chante Rien de plus lugubre à Pex't'rieLir que
cette lourde masse de pierres noirdes. Les
chanteurs n'égayeront l'intérip,-nr lu logis
qu'au moment des vacances Jusqii..;..là, les
portes ne s'ouvriront que pour quHques re-
présentations, comme celle des art t s de la
Comédie-Française qui croient imiter Molière
en faisant des tournées.
Les Célestins sont placés sous la même di-
rection que le Grand Théâtre. Le directeur,
très-largement subventionné des deux scènes,
est M. d'Herblay, un ancien jeune premier,
qui parait s'entendre aux chiffres "j ienx en-
core qu'aux déclarations d'amour.
Il convient de citer, parmi les comédiens
de sa compagnie, sa femme d'abord, qui joue
les ingénues, puis Madame Schm.U.f, un ex-
cellent premier rôle, M. Montbazon, l'acteur
de son nom, — vous voyez d'ici- quelle fière
prestance, — enfin, MM. Luco et Bellicrd,
deux comiques de beaucoup .de taI.'nt...
Les Variétés sont une jolie petite salle de
spectacle située aux Brottéaï&, hon-de la por-
tée des spectateurs. Cependant les représenta-
tions qu'y donne en ce moment Mile Déjazet
sont très-suivies.
Le Gymnase dans le faubourg. de la Guil-
de Paris.
Le Cercle des familles, quai d'O! 1 -ans, est
à louer.
Le Tivoli Lyonnais, à la Croix Housse, a
remplacé l'ancien Théâtre-Rozet, l Ecole-Éy-
rique de Lyon, située, à mi-h-auleur d'une
maison à seize étages, sur le qnai S int-Clair.
Je ne fais que mentionner l'existence de
deux ou trois cafés chantants...
Je voudrais avoir plus de place à donner
aux cercles.
Les cercles de la province ne ressemblent
guère à ceux de Paris.
D'abord on y joue moins gros jeu, ce dont
LA FEMME IMMORTELLE
mess=""3i PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XXXII
Guillaume Laurent, ce bourgeois qui avait
fait au marquis l'effet d'un imbécile, ne s'était,
pourtant pas trompé sur la blessure du marquis
en disant qu'eile n'était point mortelle.
Sans doute aussi, les \'alets avaient fidèlement
exécuté les ordres de l'homme au masque, car
* le.marquis, revenant à lui et redevenant pour
Voir les uuméros parus depuis Je 21 juit).,
a première fois maître de sa raison, se re-
trouva dans la chambre qu'il avait occupée déjà
i 1 hôtellerie du Cheyal-Ro-an.
D'abord il eut quelque peine à rassembler! ses
souvenirs.
. Puis, s'étant agité dans son lit, il éprouva
une douleur aiguë eau ée par sa blessure, à la-
quelle il porta vivement la main.
Alors il se souvint de l'homme au masque.
En même temps un petit homme, déjà vieux
et vêtu de noir, entra. »
— Qui êtes-vous donc? lui dit le marquis.
— Je suis votre médecin, répondit le petit
homme.
— Ah! ah'!
— Vous avez été très-dangereusement ma-
lade, monsieur le marquis, reprit cet homme.
— En vérité!
— Mais depuis deux jours je suis sans in-
quiétude.
— Depuis deux jours!
— Oui. Mais pendant quatre autres, je n'au-
rais pas donné une pistole de votre vie.
— Comment t quatre autres jours ? exclama le
marquis.
— Oui, certes.
— Depuis combren de temps suis-je donc
ici ?.
— Deouis dix jours.. :
— Mille tonnerres 1 s'écria le marquis. Il y a j
dix jours que je me suis battu avec le cheva- j
lier ? |
— Je ne sais pas avec qui vous vous êtes battu,
monsieur le marquis, reprit le petit homme,
tout ce que je sais, c'est qu'on vous a trouvé le
matin à la porte de l'hôtellerie inondé de sang
et évanoui.
— Ah ! Ah! ricana M. de la Roche-Lambert
il a eu la courtoisie de me faire me'.tre à ma
porte. Mais nous npus reverrons, mort dieu !
nous nous reverrons?
Puis regardant le médecin :
— Ainsi, dit-il, je suis hors de danger
— Tout à fait.
— Ma blessure...
— Votre blessure est presque fermée.
— Alors je puis me lever?
— Oh t pas encore... mais dans trois ou
quatre jours...
— C'est bien.
Et le marquis se faisait in petto le serment de
retrouver l'homme au masque; lequel ne pou-
vait être que le chevalier d'Esparron, et de lui^
rendre avec usure le coup d'épée qu'il en avait
reçu.
— Mais, au mOÍtts. puis-je me lever? deman-
; da,-t-îl encore.-
- \
— A la condition de ne pas Fortir de votre
chambre.
— Soit ! fit le vieillard en soupirant
Une glace, placée en face de son lit, venait èe '
lui faire une triste révélation.
Ses cheveux et sa barbe avaient perdu, pen-
dant sa maladie, leur belle couleur brune et
étaient redevenus blanc3.
Tandis que M. de la Roche-Lambert eoupi-
rait, la porte s'ouvrit de nouveau, et cetto fois
ce fut l'hôtelier lui-même qui eïitia.
Ah t monseigneur, dit-il, vous l a\^
échappée belle; mais, comme l'avaft prédit M.
le chirurgien, vous voilà hors do danger.
— Vraiment? fit le marquis, j'ai été si malade
que cela ?
— Vous avez eu le délire trois j(,uç s et trois
nuits, monseigneur.
, - Vraiment?
— Mais vous voilà hors d'affaire, et jo vais
pouvoir l'annoncer au premier valet de chambre,,
de Son Eminence.
— Hein ? fit le marquis, de quelle Eminence
parles-tu, par hasard?
- De monseigneur le cardinal Dubois, votr®y
parent, monseigneur.
— Le cardinal sait que je suis ici?
— Il fait prendre de vos nouvelles deux foi*
• 5 cent. le cmnMo JOURNAL QUOTIBIEN 5 cent. le Mi»éM
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
t'an,; ô fr. ® fr. 18 fr.
D^dl'uilïKMI-.. & 11 2 v
A'iiniitist*at-!ur : E. DELSAUX. j
SIM année. — MARDI SI .HiH,LFT 4^8. — N" 821
1 •?
Directeur-Propriétaire : J A N N IN.
Rédacteur en c4, f : A. DE liAl-ATIll i;,R-BRA C. I I.O'NNB.
BUREAUX D'AUCUNEMENT : 9. rue
ADMINISTRATION '. 13, place Breda.
PARIS, 20 JUILLET 1868
NOTES DE VOYAGE
LYON EN 1868
II
L'un des deux plus anciens chemins de fer
de France L:5t celui de Lyon à Saint- Etienne.
Alexandre Dumas raconte, à ce propos, l'a-
necdote suivante :
Le premier obstacle à vaincre pour établir
le chemin était un rocher, /qu'on dût percer
pendant l'espace de deux otfnts pas à peu près,
et qui forme une voûtées laquelle il serait
dangereux de s'engager..
Aussi le maire de Lyon fit-il placer à l'en-
trée une inscription ainsi conçue :
Ii est défendu de passer * sous cette voûte;
sous peine d'être écrasé.
Les curieux continuèrent à affluer. Alors
le maire eut recours à une deuxième inscrip-
tion qui forma le pendant de l$-première :
Il est défendu de passer mis cettç.voûte,
sous peine de payer t'amende.
On ne passa phts,t ■
« Grâce à ces deux inscriptions, a-ri l'auteur
des Impresswnsf de Voyage, on peut se faire
une idée sommaire des habitants de Lyon...*
Drave et avare, tel serait donc le Lyonnais,
suivant Alexandre Dumas.
Un peu plus loin, il ajoute :
« Quoique Lyon soit la patrie de Philibert
l';el orme, de Coustou, de Coisevox, de hbWÊ#
Lnubé, de Dugas-Montbel et de Rallanche;
quoiqu'elle ait. une académie, fille si bien éle-
vée, disait Voltaire, qu'elle n'a jamais fait
parler d'elle; quoiqu'elle se glorifie d'une
école de peinture qui nous a donné Dubost et
Bonnefond, — son génie est tout mercan-
tIle... »
Vous me permettrez, cher maître, de n'être
pas de votre avis.
Sans doute Lyon est une cité commerciale.
Par sa position el'e commande Je midi. T a
Saône qui vient df la Bourgogne, et le Rhône,
q'Hfcvient de la Suisse, s'y rencontrent. Les
berçâmes* sort entrés fatalement dans l'ordre
iivdifl'ié par la nature; ils ont. créé des comp-
tant, des-fabriques et des magasins. Le com-
mence et la banque n'ont pas de patrie. Des
Jwmburds, des Allemands sont venus tour à
tour d.e l'Italie et de l'Allemagne se greffer
sur la population gallo-romaine de la vieille
cité. Ici les enfants, sitôt qu'ils' ouvrent les
yeux pour voir, voient leurs pères manier les
étoffes et l'ai,-ent. La vocation dérend le plus
souvent des milieux. De là des dynasties dans
la fabrique, le courtage et la commission.
Tout cela est la part du berceau, de l'éduca-
tion, des circonstances... ,
Mais cherchez sous cette surface de chif-
fres, vous trouverez le vrai Lyonnais, l'enfant
de la-Gaule-Latine, tourné par son tempé-
rament à l'art, à l'indépendance, à la rail-
lerie...
cFart au moyen âge penche vers le mysti-
cisme. Le Lyonnais devient mystique, et il
est' demeuré tel. Tout à l'heure, j'ai nomnv
Bailanche; j'aurais pu nommer aussi' Jules
Favre. Tous ces hommes, pratiques -dans leur
vie, sûrs dans leurs desseins, méthodiques
dans leurs actes, sont en mème temps reli-
gieux et TêVeurs. Chez eux, la raillerie gau-
loise ■•s,e|t changée en ironie. L'esprit indé-
pendante la commune est resté.
LA V^r^&s^er dans les rues toutes ces per-
sonnalités affairées, à voir se pencher sur les
métiers toutes ces têtes lasses, on croirait que
['jlfjjfo d'i i-ja-in est la seule qui puisse pénétrer
ici danses c^rvefles... Ufï seTfoitfjfêfaît. " ~
Quand le soir sera venu, riches et pauvres
prendront à l'envi, qui un livre, qui un jour-
nal, et ils liront avec passion, avides de savoir,
grands amis des commentaires et des polémi-
ques, ferrés sur une opinion et prêts à se
sacrifier pour elle...
Lyon est la ville où l'on prend le plus net-
tement et le plus volontiers parti pour une
religion, une doctrine, une secle...
Les souscripteurs au denier de Saint-Pierre
s'y rencontrent par milliers ; les zouaves pon-
tificaux par centaines. Il y a vingt mille spi-
rites et dix mille francs-maçons....
Peut-être sera-t-on curieux de connattre le
ïi ombre des journaux que le public achète
charrue jour?...
Voici un tableau qu'on m'assure exact ~-1
. ^OURN£GX QUOTIDIENS j
!La Petite Presse 6.500
Le Pelit Journal, 5,000
Le Figaro, 300 J
Le Petit Figaro, 600
Le Gaulois, ; ' 200
[Le Sàlut piiblie, 9,000
Lyon !Le Progrès, 5 000 j
\Le Courrier de Lyon, 3,300
' ' JOURNAUX HEBDOMADAIRES'
. " . I
J La Presse illmtrée, 4,000
I Le Journal illustré, 2 000
L'Eclipse, 1,500
Paris (Le Bouffon, 200
J Letynnneton, 200
J La Lanterney 3,500
I Les petits pamphlets divers, 600 i
Le Refusé, 7,000 1
Lyon \ La Marionnette, 5.000
[Le Moniteur des soies, 1,000
Reste une trentaine de publications spé-
ciales dont la tirage m'est inconnu : L'En- \
tracte, II' Menteur jlldiciaire,la Petite Gazette
des Tribunaux, la Semaine religieuse, la Se-
maine catholique, l' Echo de Fourrières, etc.,
etc...
C'«st à Lyon que ste publient les Annales de
la Propagation de la foi, le plus prodigieux
de tous les recueils, qui compte deux cent
cinquante mille lecteurs, chiffre ses bénéfices
~pirHflÉRjw,^f%êtr-dffTvai83ca«mm ■■ ■■ ■»
Une ville qui achète et lit autant de jour-
naux est intelligente par excellence, et son
intelligence ne saurait être circonscrite dans
la sphère du commerce, quelque étendue que
soit celle-ci.
Aussi'les écrivains; les peintres, les sta-
tuaires sont-ils nombreux à Lyon. Mon ami
Aimé Vingtrinier, poëte, romancier, journa-
liste, imprimeur, bref un artiste à tous crins,
me racontait hier .l'histoire de la Société j
Littéraire, une des classes de l'Institut lyon-
nais, et j'étais émerveillé, en écoutant sa pa-
role facile et colorée, de voir surgir, s'animer
et vivre vingt physionomies, originales, pitto-
resques, bizarres, toutes ayant une valeur et
uo attrait Je l'ai dit, il y a un volume à"
éerire sur Lyon...
Les théâtres sont un peu moins nombreux
que les journaux.
Le Grand Théâtre, qui a pris le nom de
Théâtre-Impérial, a été jugé depuis long-
temps. C'est une prison dans 1:J(!uelle '"Q
chante Rien de plus lugubre à Pex't'rieLir que
cette lourde masse de pierres noirdes. Les
chanteurs n'égayeront l'intérip,-nr lu logis
qu'au moment des vacances Jusqii..;..là, les
portes ne s'ouvriront que pour quHques re-
présentations, comme celle des art t s de la
Comédie-Française qui croient imiter Molière
en faisant des tournées.
Les Célestins sont placés sous la même di-
rection que le Grand Théâtre. Le directeur,
très-largement subventionné des deux scènes,
est M. d'Herblay, un ancien jeune premier,
qui parait s'entendre aux chiffres "j ienx en-
core qu'aux déclarations d'amour.
Il convient de citer, parmi les comédiens
de sa compagnie, sa femme d'abord, qui joue
les ingénues, puis Madame Schm.U.f, un ex-
cellent premier rôle, M. Montbazon, l'acteur
de son nom, — vous voyez d'ici- quelle fière
prestance, — enfin, MM. Luco et Bellicrd,
deux comiques de beaucoup .de taI.'nt...
Les Variétés sont une jolie petite salle de
spectacle située aux Brottéaï&, hon-de la por-
tée des spectateurs. Cependant les représenta-
tions qu'y donne en ce moment Mile Déjazet
sont très-suivies.
Le Gymnase dans le faubourg. de la Guil-
de Paris.
Le Cercle des familles, quai d'O! 1 -ans, est
à louer.
Le Tivoli Lyonnais, à la Croix Housse, a
remplacé l'ancien Théâtre-Rozet, l Ecole-Éy-
rique de Lyon, située, à mi-h-auleur d'une
maison à seize étages, sur le qnai S int-Clair.
Je ne fais que mentionner l'existence de
deux ou trois cafés chantants...
Je voudrais avoir plus de place à donner
aux cercles.
Les cercles de la province ne ressemblent
guère à ceux de Paris.
D'abord on y joue moins gros jeu, ce dont
LA FEMME IMMORTELLE
mess=""3i PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XXXII
Guillaume Laurent, ce bourgeois qui avait
fait au marquis l'effet d'un imbécile, ne s'était,
pourtant pas trompé sur la blessure du marquis
en disant qu'eile n'était point mortelle.
Sans doute aussi, les \'alets avaient fidèlement
exécuté les ordres de l'homme au masque, car
* le.marquis, revenant à lui et redevenant pour
Voir les uuméros parus depuis Je 21 juit).,
a première fois maître de sa raison, se re-
trouva dans la chambre qu'il avait occupée déjà
i 1 hôtellerie du Cheyal-Ro-an.
D'abord il eut quelque peine à rassembler! ses
souvenirs.
. Puis, s'étant agité dans son lit, il éprouva
une douleur aiguë eau ée par sa blessure, à la-
quelle il porta vivement la main.
Alors il se souvint de l'homme au masque.
En même temps un petit homme, déjà vieux
et vêtu de noir, entra. »
— Qui êtes-vous donc? lui dit le marquis.
— Je suis votre médecin, répondit le petit
homme.
— Ah! ah'!
— Vous avez été très-dangereusement ma-
lade, monsieur le marquis, reprit cet homme.
— En vérité!
— Mais depuis deux jours je suis sans in-
quiétude.
— Depuis deux jours!
— Oui. Mais pendant quatre autres, je n'au-
rais pas donné une pistole de votre vie.
— Comment t quatre autres jours ? exclama le
marquis.
— Oui, certes.
— Depuis combren de temps suis-je donc
ici ?.
— Deouis dix jours.. :
— Mille tonnerres 1 s'écria le marquis. Il y a j
dix jours que je me suis battu avec le cheva- j
lier ? |
— Je ne sais pas avec qui vous vous êtes battu,
monsieur le marquis, reprit le petit homme,
tout ce que je sais, c'est qu'on vous a trouvé le
matin à la porte de l'hôtellerie inondé de sang
et évanoui.
— Ah ! Ah! ricana M. de la Roche-Lambert
il a eu la courtoisie de me faire me'.tre à ma
porte. Mais nous npus reverrons, mort dieu !
nous nous reverrons?
Puis regardant le médecin :
— Ainsi, dit-il, je suis hors de danger
— Tout à fait.
— Ma blessure...
— Votre blessure est presque fermée.
— Alors je puis me lever?
— Oh t pas encore... mais dans trois ou
quatre jours...
— C'est bien.
Et le marquis se faisait in petto le serment de
retrouver l'homme au masque; lequel ne pou-
vait être que le chevalier d'Esparron, et de lui^
rendre avec usure le coup d'épée qu'il en avait
reçu.
— Mais, au mOÍtts. puis-je me lever? deman-
; da,-t-îl encore.-
- \
— A la condition de ne pas Fortir de votre
chambre.
— Soit ! fit le vieillard en soupirant
Une glace, placée en face de son lit, venait èe '
lui faire une triste révélation.
Ses cheveux et sa barbe avaient perdu, pen-
dant sa maladie, leur belle couleur brune et
étaient redevenus blanc3.
Tandis que M. de la Roche-Lambert eoupi-
rait, la porte s'ouvrit de nouveau, et cetto fois
ce fut l'hôtelier lui-même qui eïitia.
Ah t monseigneur, dit-il, vous l a\^
échappée belle; mais, comme l'avaft prédit M.
le chirurgien, vous voilà hors do danger.
— Vraiment? fit le marquis, j'ai été si malade
que cela ?
— Vous avez eu le délire trois j(,uç s et trois
nuits, monseigneur.
, - Vraiment?
— Mais vous voilà hors d'affaire, et jo vais
pouvoir l'annoncer au premier valet de chambre,,
de Son Eminence.
— Hein ? fit le marquis, de quelle Eminence
parles-tu, par hasard?
- De monseigneur le cardinal Dubois, votr®y
parent, monseigneur.
— Le cardinal sait que je suis ici?
— Il fait prendre de vos nouvelles deux foi*
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