Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-07-16
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 juillet 1868 16 juillet 1868
Description : 1868/07/16 (A3,N819). 1868/07/16 (A3,N819).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717821v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2017
LA PETITE PRESSE
% eejif. le numéro" ; f , JOURNAL QUOTIDIEN 5 cent. le Dumélo '
Abo^^MESTS. — Trois mois. six moi*> En ar.
Paris...".. li fr. ■" 9 "fr. , 18 fr.
Dép,Hlefilènts .. © 11 %£
Administrateur : E. DklsàUX. , ■■■■■■
ame année. — JEUDI 16 JUILLET f 868. — N' 819
'
Direct e-ur- Propriétaire : J i\ N NIN.)
Rédacteur en chef': A. DE B A L À T Il 1 E P. Bragelonne.
~~ Bureaux s'amnnement : 9, rue flrauot.
.. - ~~. ADMINISTRATION : 13. place Breda.. ~ 1: j
PARIS, 15 JUILLET 1868
JUILLET
HISTOIRES DU PASSÉ
II
iO juillet 1472, siège
roi de Fraùce, Louis XI, et le duc de Bour-
gogne, Charles-le-Téméraire, se faisaient la
guerre, suivant la bonne habitude d'un temps
où les grands aimaient à se battre sur le^ do,s
des petits.
Le duc vint mettre le siége devant Beauvais
qui appartenait au roi. Quand l'artillerie eut
fait une brèche, il commanda l'assaut, s'y
mettant en personne et portant de grands
coups.
Les assiégés tinrent pendant trois heures;
au bout desquelles, las et découragés, ils
allaient se rendre, — lorsque leurs femmes,
prises d'un beau zèle, accoururent, les unes
armées de piques, les autres de bâtons ferrés,
, pour faire leur partie dans la bataille.
Une d'entre elles, Jeanne Lainé, dont la
mémoire est restée sous le nom de Jeanne
Hachette, renversa dans le fossé un capitaine
bourguignon qui venait de planter son éten- j
dard sur le haut du rempart. i
Les combattants, ranimés par l'exemple de !
cette guerrière, se dressèrent derrière elle (
pour la soutenir. L'ennemi fut repoussé.
En mémoire de l'événement, leroi Louis XI
ordonna qu'on ferait tous les ans à Beauvais,
une procession, dans laquelle les femmes au-
raient le pas sur les hommes.
De plus il maria Jeanne Lainé à Colin
Pilon, et exempta leurs descendants de l'im-
pôt de la taille.
Toute sa vie, l'héroïne du siège conserva
chez elle l'étendard qu'elle avait pris au Bour-
guignon. Elle le portait, le jour de la proces-
sion, à la tête des Beauvaisiennes glorieuses.
Après sa mort, il fut suspendu au-dessus de
son tombeau, dans l'église des Domini-
tains..
13 juillet 1380, ynort de Duguesclin. —
Encore un grand donneur de coups d'épée.
j La Bretagne, sous un duc vassal, serait-elle
anglaise ou française? Duguesclin la voulait
française, et il se battit surtout pour cela, fri-
sant entre temps quelques autres menues
expéditions, afin de ne pas perdre l'habitude
de bailler et de recevoir des horions. Aussi
Joyal que brave, du reste, et estimé mêmf1 de
\es e-nnemis. Il assiégeait Randon. La ville
capitule; le lendemain la garnison mettra bas
les armes. Dugnesclin meurt dans la nuit. Les
^siégés se demandent s'ils doivent tenir
compte d^s,«QQvep.ti©i)S 4^^-veille.
— (1llI, rlfpôHdlè ^bu vefneur, car j'ai (formé-
ma parole à Duguesclin.
En effet, il sortit de la ville et vint avec
ses officiers en déposer les clés sur le cercueil
du connétable.
Le roi de France, Charles V, ordonna que
-le corps de Duguesclin fût porté à Saint-Denis
pour y être placé à côté du tombeau que ce
prince s'était fait préparer pour lui-même.
« L'oraison funèbre de DuguescMn, dit un
chroniqueur du vieux temps, — Saint-Foix.
— est le premier exemple d'une oraison fu-
nèbre prononcée dans une église. Depuis ce
grand homme, aussi recommandable par ses
vertus civiles que par ses talents militaires,
combien d'oraisons funèbres, et souvent pour
quels hommes, et où, et par qui pronon-
cées !.. » i
Les adieux du vieux soldat mourant à ses
compagnons d'armes sont restés :
— N'oubliez pas, leur dit-il, ce que je vous
ai répété mille fois, qu'en quelque pays que
vous fassiez la guerre, les gens d'église, les
femmes, les enfants, et même le peuple, ne
sont point vos ennemis !..
19 juillet 1747, combat d'Exiles.- Une ad-
mirable défaite, pareil e à une victoire. Il s'a-
gissait de pénétrer en Italie malgré les armées
autrichiennes et piémontaises qui gardaient
tous les passages. Le comte de Bell e-Isle, qui
[ commandait les Français, trouva sur le che-
min d'Exilés vingt et un bataillons piémontais
qui l'attendaient derrière des retranchements
| de pierre et de bois, hauts de dix-huit pieds,
larges de treize, hérissés de canons.
— En avant ! cria-t-il.
Et nos soldats se jetèrent dans le feu.
Deux heures durant, ils marchèrent à l'as-
saut des palissades, mitraillés, repoussés, re-
venant sans se lasser, offrir leurs poitrines à
la mitraille...
Le marquis de Brienne, colonel du régi-
ment d'Artois, eut un b as emporté.
'— Il m'en reste encore un pour le service
du roi, dit-il. ' ; m i
Et il retourna se faire tuer, 1
Trois mille morts, seize cents blessés en-
combraient la route. Le combat durait tou-
jours.
Jamais la furie française ne s'était mani-
festée ainsi.
^teîle-lsle, désespéré, arrachait les palissa-
des. Blessé aux deux mains, il lirait les' bois
avec les dents, quand il reçut le coup mor-
tel.
— Un général,avait-il dit,nedoit pas survi-
vre à sa défaite.
Les blessés furent ramenés à Briançon.
Pour les secourir, M. d'Audifret, lieutenant
du roi, vendit sa vaisselle d'argent. Sa femme,
sur le point d'accoucher, se fit garde-malade
et passa ses journées dans les hôpitaux. Un
autre champ de bataille ; elle y trouva aussi
la mort, ^
Jamais désastre ne montra plus de braves
gens.
26 juillet 1747, Remède contre les mor-
sures des vipères. - Le savant de Jussieu
herborisait. Un homme qui l'accompagnait,
ayant voulu prendre une vipère, en fut mordu
à la main droite d'abord, ensuite à la main
gauche, puis _de nouveau encore à la main
droite, parce qu'il repassait alternativement
l'animal d'une main dans l'autre.
Il croyait avoir affaire à une couleuvre.
Mais M. de Jussieu le désabusa aussitôt. Il
avait sur lui de l'alcali volatil liquide ; il ima-
gina d'en faire prendre dix gouttes au ma-
lade. Les bras de ce dernier étaient enflés
jusqu'à l'épaule. On le conduisit à un quart
de lieue de là, lui versant de temps en temps
quelques gouttes d'alcali.
On arriva à une auberge, où on lui donna
un bouillon dans lequel on fit dissoudre du
;el alcali volatil.
Au bout de six heures, il était compléje-
nent guéri.
31 juillet 1602, mort du duc de Biron. —
...'histoire compte peu d'épisodes aussi tra-
piques. Charles de Gontaut, duc de Biron,
d'une famille noble du Périgord, partv renfi-
et maréchal de France, fut l'ami et ?e confi-
dent d'Henri IV, qui érigea sa baronnie en
duché. Brave sô^at, ,il se distingua dans vingt
rencontres. A Ivry, il commandait la ré-
• serve. , . ,. , ,.
— Sire, dit-il au roi le soir, — vous avez
fait mon personnage et j'ai fait le vôtre' !...
A Fontaines-Françaises, Henri le dégagea
lui-même du milieu des arquebmades et
trouva tout percé de coups d'épé".
"•b? tHplomate succéda au guerrier. Le duc
de Biron fut'tour à tour ambassadeur i--L-,en-
dres, â Èrii elleà et en Stiisse. ' :
7 , Ou
. Ce serviteur, quand il eut des cheveux gris,
s'avisaJ de trahir son maître. -
La Savoie et l'Espagne lui proposèreut la
souveraineté de la Bourgogne et de la Fran-
che-Comté, pour prix de son alliance avec
elles. Il accepta. -
Dénoncé et arrêté, il nia son crime, l'avoua
ensuite et en demanda pardon.
Mais le roi fut inflexible.
Biron, condamné à avoir la tête tranchée,
fut exécuté dans une des cours de la Bas-
tille.
: Les contemporains se sont beaucoup occu-
pés de lui :
« Le maréchal de Biron, — dit le Labou-
reur, - était un esprit fier, hautain,ingou-
vernable, ne se plaisant qu'aux choses diffi-
ciles et presque impossibles. Il enviait toute
la grandeur d'autrui ; et la jalousie qu'il por-
tait au duc de Montmorency, à cause de sa
charge de connétable, s'étendit jusqu'à Louise
de Budos, sa femme. Il lui fit parler de ma-
riage, son mari vivant, comme celui qui
croyait devoir être son successeur; et la partie
était faite entre eux... Mais le connétable leur,
survécut... »
Autre portrait.
- , s-.,;- - 1""
« Il fut mal. élevé,, t calviniste d'abord par
son, éducation, ensuite catholique par con-
venance; à seize ans il avait déjà changé deux:
fois dereligion, et il n'eut toute sa vie que
de l'indifférence pour l'une et pour l'autre
doctrine. Quant aux principes de morale, ces
principes qui rendent la subordination res-
pectable, et qui établissent la sainteté des
devoirs.envers le prince et la patrie, Biron oa
les ignora, ou les méprisa comme au-dessous
delui. On l'accoutuma de bonne heure à faire
pliera règle envs,, ses goûts et ses intérêts.
Toujours victorieux à la guerre, constam*
FEMME IMMORTELLE
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XXVII
26
Le marquis àq. la- Rocfce-Î4t43ert galojpa le
reste de la, nuit. ■... --
Au petit Jonf, iV rentrait dans Paris par le
même chemin qu'il avait suivi pour en sortir.-
Comme il avait teint en noir ses moustaches
et ses cheveux blancs, qu'il avait fait disparaître
îes rides sous les pâtes merveilleuses de Buffalo,
Voir les numéros parus depuis le 21 juin.
sanglé sa taille un peu épaisse dans un corset,et
qu'il s'était donné une tournure tout à fait juvé-
nile, il aurait fort bien pu revenir aux envi-
rons du Palais-Royal, se trouver mê:Le face à
face avec le Régent ou avec Dubois que ni l'un
ni l'autre ne l'eussent reconnu, et Simon-le-
Borgne, l'hôtelier de la Pomme d'Or pas davan-
tage.
Et cependant le prudent marquis, car il était
prudent quoique fou, au lieu de prendre de
nouveau Je chemin de la rue de l'Arbre sec,
passa la Seine et gagna le pays latin.
Au pays latin, dans la rue Saint-Jacques, il y
avait une hôtellerie qui avait bien son mérite.
Elle datait de près de deux cents ans. avait
été fameuse au temps des Valois, par un siége
qu'elle soutint dans la nuit de la Saint-Barthé-
lemy, et portait pour enseigne :
Au cheval rouan -,
Un bon roi Henri IV avait été, après coup
placé à califourchon sur ledit cheval, de manière
à fixer un second souvenir historique.
Le Béarnais, encore roi de Navarre, y avait
logé.
Ce fut donc vers le Cheval rouan que se dirigea
le marquis de la Roche-Lambert.
Il y descendit, se donnant pour un gentil-
homme beauceron qui venait: à Paris pour une
affaire importante, et cacha soigneusement sen
nom. / '
Puis, comme,en dépit de la tournure juvénile
qu'il s'était donnée, il commençait à sentir le
poids des années et avait perdu l'habitude des
exercices violents, que d'ailleurs il avait passé
une nuit blanche, il se sentit assez fatigué pour
demander un lit sur-le-champ.
D'ailleurs le marquis revenant à Paris dans
le seul b.tt de retrouver la femme immortelle,
savait bien qu'il ne pourrait pas se livrer en
plein jour à ses recherches, sans s'exposer à
une série de petits dangers et d'obstacles.
— Je commencerai ce soir, s'était-il dit.
• !
Par .conséquent, il dormit toute, l'a. matinée et
une partie de l'après-midi.
Il s'éveilla vers trois heures, ayant grand ap-
pétit.
Cependant, avant d'appeler l'hôte ou les filles
d'auberge, il se livra à une petite peinture de
son visage.
Il n'avait eu garde d'oublier les. petits pots et
les flacons du parfumeur Buffalo, qu'il avait
.renfermés dans l'une des deux valises placées
sur sa selle.
Cette jeunesse artificielle ainsi réparée, le
marquis descendit dans la salle commune de
l'hôtellerie et se fit servir à dîner.
Il mangea et but en Normand robuste qu'il
était, attendit plti^mmJnilJ tMnl, et sortit en
prévenant l'hôtelier que, sans doute, il rentre-
rait tard:!-"" f '■< r " il
De la rue Saint-Jacques à la rue de l'Hiron-
delle, il n:y avait que deux pas.
— Allons reconnaître la position, se dit le
marquis*.,„.. • v ; • :
Et il s'en alla d'un pas deiibere, d'un air con-
quérant, le nez dans sou,manteau, le feutre sut
l'oreille, son épée lui battant les mollet, avec
un cliquetis vainqueur. , . t ,
Cependant, lorsqu'il fut dans, la rue Git-Ie«'
Cœur, sés souvenirs' de quarante années, le re-
prirent à la gorge,, et, il ne put se, défendre d'ua
violent battement de tœur.
Il ralentit le pas, s'arrêta même plusieurs
fois, et ce ne fut que- par une grande force de
volonté qu'il continua à ffcViaaçerj- ; .
La rue de l'Hirondelle, etroité, obscure, la
même, .enfin, que quarante années auparavant,
était silenciebsë et paisible comme toujours.
Deux enfants joaaient au seuil d'une porte;
un drapier était'assis sur le pas de la sielHle, et
c'était tout.
Il n'y avait encore de. lumière nulle part, et
cette clarté crépusculaire qa'o& appere entre
chien et loup saC&saif aux bons bourgeois drJ
quartier.
% eejif. le numéro" ; f , JOURNAL QUOTIDIEN 5 cent. le Dumélo '
Abo^^MESTS. — Trois mois. six moi*> En ar.
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ame année. — JEUDI 16 JUILLET f 868. — N' 819
'
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Rédacteur en chef': A. DE B A L À T Il 1 E P. Bragelonne.
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.. - ~~. ADMINISTRATION : 13. place Breda.. ~ 1: j
PARIS, 15 JUILLET 1868
JUILLET
HISTOIRES DU PASSÉ
II
iO juillet 1472, siège
roi de Fraùce, Louis XI, et le duc de Bour-
gogne, Charles-le-Téméraire, se faisaient la
guerre, suivant la bonne habitude d'un temps
où les grands aimaient à se battre sur le^ do,s
des petits.
Le duc vint mettre le siége devant Beauvais
qui appartenait au roi. Quand l'artillerie eut
fait une brèche, il commanda l'assaut, s'y
mettant en personne et portant de grands
coups.
Les assiégés tinrent pendant trois heures;
au bout desquelles, las et découragés, ils
allaient se rendre, — lorsque leurs femmes,
prises d'un beau zèle, accoururent, les unes
armées de piques, les autres de bâtons ferrés,
, pour faire leur partie dans la bataille.
Une d'entre elles, Jeanne Lainé, dont la
mémoire est restée sous le nom de Jeanne
Hachette, renversa dans le fossé un capitaine
bourguignon qui venait de planter son éten- j
dard sur le haut du rempart. i
Les combattants, ranimés par l'exemple de !
cette guerrière, se dressèrent derrière elle (
pour la soutenir. L'ennemi fut repoussé.
En mémoire de l'événement, leroi Louis XI
ordonna qu'on ferait tous les ans à Beauvais,
une procession, dans laquelle les femmes au-
raient le pas sur les hommes.
De plus il maria Jeanne Lainé à Colin
Pilon, et exempta leurs descendants de l'im-
pôt de la taille.
Toute sa vie, l'héroïne du siège conserva
chez elle l'étendard qu'elle avait pris au Bour-
guignon. Elle le portait, le jour de la proces-
sion, à la tête des Beauvaisiennes glorieuses.
Après sa mort, il fut suspendu au-dessus de
son tombeau, dans l'église des Domini-
tains..
13 juillet 1380, ynort de Duguesclin. —
Encore un grand donneur de coups d'épée.
j La Bretagne, sous un duc vassal, serait-elle
anglaise ou française? Duguesclin la voulait
française, et il se battit surtout pour cela, fri-
sant entre temps quelques autres menues
expéditions, afin de ne pas perdre l'habitude
de bailler et de recevoir des horions. Aussi
Joyal que brave, du reste, et estimé mêmf1 de
\es e-nnemis. Il assiégeait Randon. La ville
capitule; le lendemain la garnison mettra bas
les armes. Dugnesclin meurt dans la nuit. Les
^siégés se demandent s'ils doivent tenir
compte d^s,«QQvep.ti©i)S 4^^-veille.
— (1llI, rlfpôHdlè ^bu vefneur, car j'ai (formé-
ma parole à Duguesclin.
En effet, il sortit de la ville et vint avec
ses officiers en déposer les clés sur le cercueil
du connétable.
Le roi de France, Charles V, ordonna que
-le corps de Duguesclin fût porté à Saint-Denis
pour y être placé à côté du tombeau que ce
prince s'était fait préparer pour lui-même.
« L'oraison funèbre de DuguescMn, dit un
chroniqueur du vieux temps, — Saint-Foix.
— est le premier exemple d'une oraison fu-
nèbre prononcée dans une église. Depuis ce
grand homme, aussi recommandable par ses
vertus civiles que par ses talents militaires,
combien d'oraisons funèbres, et souvent pour
quels hommes, et où, et par qui pronon-
cées !.. » i
Les adieux du vieux soldat mourant à ses
compagnons d'armes sont restés :
— N'oubliez pas, leur dit-il, ce que je vous
ai répété mille fois, qu'en quelque pays que
vous fassiez la guerre, les gens d'église, les
femmes, les enfants, et même le peuple, ne
sont point vos ennemis !..
19 juillet 1747, combat d'Exiles.- Une ad-
mirable défaite, pareil e à une victoire. Il s'a-
gissait de pénétrer en Italie malgré les armées
autrichiennes et piémontaises qui gardaient
tous les passages. Le comte de Bell e-Isle, qui
[ commandait les Français, trouva sur le che-
min d'Exilés vingt et un bataillons piémontais
qui l'attendaient derrière des retranchements
| de pierre et de bois, hauts de dix-huit pieds,
larges de treize, hérissés de canons.
— En avant ! cria-t-il.
Et nos soldats se jetèrent dans le feu.
Deux heures durant, ils marchèrent à l'as-
saut des palissades, mitraillés, repoussés, re-
venant sans se lasser, offrir leurs poitrines à
la mitraille...
Le marquis de Brienne, colonel du régi-
ment d'Artois, eut un b as emporté.
'— Il m'en reste encore un pour le service
du roi, dit-il. ' ; m i
Et il retourna se faire tuer, 1
Trois mille morts, seize cents blessés en-
combraient la route. Le combat durait tou-
jours.
Jamais la furie française ne s'était mani-
festée ainsi.
^teîle-lsle, désespéré, arrachait les palissa-
des. Blessé aux deux mains, il lirait les' bois
avec les dents, quand il reçut le coup mor-
tel.
— Un général,avait-il dit,nedoit pas survi-
vre à sa défaite.
Les blessés furent ramenés à Briançon.
Pour les secourir, M. d'Audifret, lieutenant
du roi, vendit sa vaisselle d'argent. Sa femme,
sur le point d'accoucher, se fit garde-malade
et passa ses journées dans les hôpitaux. Un
autre champ de bataille ; elle y trouva aussi
la mort, ^
Jamais désastre ne montra plus de braves
gens.
26 juillet 1747, Remède contre les mor-
sures des vipères. - Le savant de Jussieu
herborisait. Un homme qui l'accompagnait,
ayant voulu prendre une vipère, en fut mordu
à la main droite d'abord, ensuite à la main
gauche, puis _de nouveau encore à la main
droite, parce qu'il repassait alternativement
l'animal d'une main dans l'autre.
Il croyait avoir affaire à une couleuvre.
Mais M. de Jussieu le désabusa aussitôt. Il
avait sur lui de l'alcali volatil liquide ; il ima-
gina d'en faire prendre dix gouttes au ma-
lade. Les bras de ce dernier étaient enflés
jusqu'à l'épaule. On le conduisit à un quart
de lieue de là, lui versant de temps en temps
quelques gouttes d'alcali.
On arriva à une auberge, où on lui donna
un bouillon dans lequel on fit dissoudre du
;el alcali volatil.
Au bout de six heures, il était compléje-
nent guéri.
31 juillet 1602, mort du duc de Biron. —
...'histoire compte peu d'épisodes aussi tra-
piques. Charles de Gontaut, duc de Biron,
d'une famille noble du Périgord, partv renfi-
et maréchal de France, fut l'ami et ?e confi-
dent d'Henri IV, qui érigea sa baronnie en
duché. Brave sô^at, ,il se distingua dans vingt
rencontres. A Ivry, il commandait la ré-
• serve. , . ,. , ,.
— Sire, dit-il au roi le soir, — vous avez
fait mon personnage et j'ai fait le vôtre' !...
A Fontaines-Françaises, Henri le dégagea
lui-même du milieu des arquebmades et
trouva tout percé de coups d'épé".
"•b? tHplomate succéda au guerrier. Le duc
de Biron fut'tour à tour ambassadeur i--L-,en-
dres, â Èrii elleà et en Stiisse. ' :
7 , Ou
. Ce serviteur, quand il eut des cheveux gris,
s'avisaJ de trahir son maître. -
La Savoie et l'Espagne lui proposèreut la
souveraineté de la Bourgogne et de la Fran-
che-Comté, pour prix de son alliance avec
elles. Il accepta. -
Dénoncé et arrêté, il nia son crime, l'avoua
ensuite et en demanda pardon.
Mais le roi fut inflexible.
Biron, condamné à avoir la tête tranchée,
fut exécuté dans une des cours de la Bas-
tille.
: Les contemporains se sont beaucoup occu-
pés de lui :
« Le maréchal de Biron, — dit le Labou-
reur, - était un esprit fier, hautain,ingou-
vernable, ne se plaisant qu'aux choses diffi-
ciles et presque impossibles. Il enviait toute
la grandeur d'autrui ; et la jalousie qu'il por-
tait au duc de Montmorency, à cause de sa
charge de connétable, s'étendit jusqu'à Louise
de Budos, sa femme. Il lui fit parler de ma-
riage, son mari vivant, comme celui qui
croyait devoir être son successeur; et la partie
était faite entre eux... Mais le connétable leur,
survécut... »
Autre portrait.
- , s-.,;- - 1""
« Il fut mal. élevé,, t calviniste d'abord par
son, éducation, ensuite catholique par con-
venance; à seize ans il avait déjà changé deux:
fois dereligion, et il n'eut toute sa vie que
de l'indifférence pour l'une et pour l'autre
doctrine. Quant aux principes de morale, ces
principes qui rendent la subordination res-
pectable, et qui établissent la sainteté des
devoirs.envers le prince et la patrie, Biron oa
les ignora, ou les méprisa comme au-dessous
delui. On l'accoutuma de bonne heure à faire
pliera règle envs,, ses goûts et ses intérêts.
Toujours victorieux à la guerre, constam*
FEMME IMMORTELLE
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA MAISON ENCHANTÉE
XXVII
26
Le marquis àq. la- Rocfce-Î4t43ert galojpa le
reste de la, nuit. ■... --
Au petit Jonf, iV rentrait dans Paris par le
même chemin qu'il avait suivi pour en sortir.-
Comme il avait teint en noir ses moustaches
et ses cheveux blancs, qu'il avait fait disparaître
îes rides sous les pâtes merveilleuses de Buffalo,
Voir les numéros parus depuis le 21 juin.
sanglé sa taille un peu épaisse dans un corset,et
qu'il s'était donné une tournure tout à fait juvé-
nile, il aurait fort bien pu revenir aux envi-
rons du Palais-Royal, se trouver mê:Le face à
face avec le Régent ou avec Dubois que ni l'un
ni l'autre ne l'eussent reconnu, et Simon-le-
Borgne, l'hôtelier de la Pomme d'Or pas davan-
tage.
Et cependant le prudent marquis, car il était
prudent quoique fou, au lieu de prendre de
nouveau Je chemin de la rue de l'Arbre sec,
passa la Seine et gagna le pays latin.
Au pays latin, dans la rue Saint-Jacques, il y
avait une hôtellerie qui avait bien son mérite.
Elle datait de près de deux cents ans. avait
été fameuse au temps des Valois, par un siége
qu'elle soutint dans la nuit de la Saint-Barthé-
lemy, et portait pour enseigne :
Au cheval rouan -,
Un bon roi Henri IV avait été, après coup
placé à califourchon sur ledit cheval, de manière
à fixer un second souvenir historique.
Le Béarnais, encore roi de Navarre, y avait
logé.
Ce fut donc vers le Cheval rouan que se dirigea
le marquis de la Roche-Lambert.
Il y descendit, se donnant pour un gentil-
homme beauceron qui venait: à Paris pour une
affaire importante, et cacha soigneusement sen
nom. / '
Puis, comme,en dépit de la tournure juvénile
qu'il s'était donnée, il commençait à sentir le
poids des années et avait perdu l'habitude des
exercices violents, que d'ailleurs il avait passé
une nuit blanche, il se sentit assez fatigué pour
demander un lit sur-le-champ.
D'ailleurs le marquis revenant à Paris dans
le seul b.tt de retrouver la femme immortelle,
savait bien qu'il ne pourrait pas se livrer en
plein jour à ses recherches, sans s'exposer à
une série de petits dangers et d'obstacles.
— Je commencerai ce soir, s'était-il dit.
• !
Par .conséquent, il dormit toute, l'a. matinée et
une partie de l'après-midi.
Il s'éveilla vers trois heures, ayant grand ap-
pétit.
Cependant, avant d'appeler l'hôte ou les filles
d'auberge, il se livra à une petite peinture de
son visage.
Il n'avait eu garde d'oublier les. petits pots et
les flacons du parfumeur Buffalo, qu'il avait
.renfermés dans l'une des deux valises placées
sur sa selle.
Cette jeunesse artificielle ainsi réparée, le
marquis descendit dans la salle commune de
l'hôtellerie et se fit servir à dîner.
Il mangea et but en Normand robuste qu'il
était, attendit plti^mmJnilJ tMnl, et sortit en
prévenant l'hôtelier que, sans doute, il rentre-
rait tard:!-"" f '■< r " il
De la rue Saint-Jacques à la rue de l'Hiron-
delle, il n:y avait que deux pas.
— Allons reconnaître la position, se dit le
marquis*.,„.. • v ; • :
Et il s'en alla d'un pas deiibere, d'un air con-
quérant, le nez dans sou,manteau, le feutre sut
l'oreille, son épée lui battant les mollet, avec
un cliquetis vainqueur. , . t ,
Cependant, lorsqu'il fut dans, la rue Git-Ie«'
Cœur, sés souvenirs' de quarante années, le re-
prirent à la gorge,, et, il ne put se, défendre d'ua
violent battement de tœur.
Il ralentit le pas, s'arrêta même plusieurs
fois, et ce ne fut que- par une grande force de
volonté qu'il continua à ffcViaaçerj- ; .
La rue de l'Hirondelle, etroité, obscure, la
même, .enfin, que quarante années auparavant,
était silenciebsë et paisible comme toujours.
Deux enfants joaaient au seuil d'une porte;
un drapier était'assis sur le pas de la sielHle, et
c'était tout.
Il n'y avait encore de. lumière nulle part, et
cette clarté crépusculaire qa'o& appere entre
chien et loup saC&saif aux bons bourgeois drJ
quartier.
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