Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-05-03
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 mai 1868 03 mai 1868
Description : 1868/05/03 (A3,N745). 1868/05/03 (A3,N745).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717747r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
J % ^ ' ' . i ,
& cent. le numéro : . ,~ 1 1 1 ~ ; . '. 1 : , i; . . ~ ! - , "r JOURNAL QUOTIDIEN ~1- S 'cent. le numéro '
ABONNEMENTS. — Trois mois., Six mois. Un an. * :
. .Paris 5 fr. 9 fr. 1 S fr.
Départements.. 6' il ' ''9 tb
- .. Administrateur : E. . DELSAUX.
- ■ - : ; < • .«
- 3iue ' année. — DIMANCHE 3 MAI. $868. — N8 745
1 P-irecteur- PropÉietaire : JAN N [N.
J&dacteur en. chef : A. DE BALATHIER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue DrouoÉ. ,
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
t - • .r • t .
'Les tirages des premiers numéros de , ' '
L'HOMME AUX 4 ^EMMES
ont été-Vite épuisés. , l - v
Nous avons réimprimé leëSntHijéros man-
quants, et l'on peut se procure^aujourd h-ai,
tous les .,e):emplaire¡:¡ parus de
•judiciaire:-; -- ' -.•> , .. -tr» rit. „
1 A Paris, chez les liBrairts, les1 marchands
de journaux, et dans'. nos ' bureaux'delà rué
du Croissant, de la rue Drouot et ) de', la rué
Breda,.l <■, , tl ..e'.! -ne. Vi i '. ■ err
En province',: nos ' corpespondants; et
chez tous les marchands de journaux. ' ♦"
f Si le public' n!e les trouve, ) f' f pàs chez un.mar-
c;hand, les trouvera facilement ..chez;un
titre. i ; li
PARIS, 2 MAI 1868.
LE SALON DE 1868
I
A M. Jean d'Alheim, à Monaco
Dit-on .«'ouvrir ie ,Salori,», comme on dit
« ouvrir la chasse » ? Eh bien ! nous ■ avions,
l'habitude d'ouvrir le Salon ensemble, mon
cher ami. Chaque année, quand revenait mai,
tu; quêtais ta maison $£là Bourgogne,'à. mi-
coteau, et t11 arrivais à Paris, le cerveau plein
de théories, une demi-douzaine de cartons
remplis d'étÙde'S.' Tu me montrais tes études
et tu me démofîtfSîs esj'pûîs,' Bras '
dessus, bras dessous, nous allions au palais
de l'Industrie passer la'.revue des tableaux de
l'année. Aujourd'hui, pour la première fois,
tn m'as fait défaiit.vTa;étais revenu de l'Alle-
magne, de*la Siiissre* de la" Bretagne; mais le
Midi te ret-ien t.. Ta seule excuse est dans ton
envoi : Une avenue d'oliviers au bord de la
mer, près de Monaco.
' L'olivier est le symbole de la paix. Que la
paix foit 4onc avec toi î. Il est très-beau, ton
labteau, vrai sans réalisme, largement peint.
— C'est un Cabat! disait-on de loin. J'au-
Mis voulu qu'on dît : —C'est un d'Alheim !
Mais impossible de lire ton nom, car, il faut
bien te 1 apprendre, mon pauvre ami, ton ta-
bleau est placé aussi haut que le permet le
plafond. Voir juste, savoir, joindre à un grand
goût un sentiment vrai, appliquer tous ces
dons naturels et acquis à une œuvre et voir
"kette œuvre mal placée ! J.e sais pas, en vé-
c;rfl,é, de plus grand chagrin pour un-artiste...
jj'espère que, lors du petit remue-ipénage
Ï 4i signalé le milieu de l'Exposition, tu seras
^lus favorisé.....
. : ADOLPHE APPUN ne..saurait l'être davan-
tage. Quelle bonne place et quels charmants
tableaux !... , r.. - , , • - , , -r
■ 45, — Temps gris-, marais de la Hurbancht (Ain).
• 46, — Bords du Furan en octobre, à Rossillon (Ain).
■ La Bresse et le Bugey, qui appartenaient
autrefois aux ducs de Savoie, appartiennent
maintenant à M. Appian. Il faut êfre allé de
Mâcon à Genë've pour apprécier la sincérité de
cét'të peinture ; 'mais son charme s'impose
même aux étrangers. Ces marais, ces saules,
,p,entes, d'un violet pâle, —. pas assez pâle
encore pourtant. -- ces eaux .transpar&ntes,
Ct\s,moÙtoq.s, qui se mirent dans l'herbe, —
l'herbe ressemble trop à un miroir, — ces
lignes d'horizon, ces ciels un peu métalliques,
tout l'em^eiïiblerde ce petit coin de -la nature
française.NoUS ravit. On ferait le voyage poÉ'f)
retrouvé au pied d'un arbre cette figure -de
paysanne 'pensivëj. dont 1e. troupeau se garde'
.-
tout seul...
' 'Voilà une excellente exposition.
,Le premier jour, on va sans mèmoae, s'ar-
r&foraA. iin mi, ^iSjiT fahlnmiT flanc fthd—.
que salle, tout à ce premier désir, de voir cent
choses en une heure qui est aussi naturel que
l'instinct d'un affamé devant une table bien
servie. Il lui semble qu'il va tout manger; au
bout de dix fourchetées, il est étonné de
n'avoir plus faim.
JULES BRETON. — 345, Femmes récoltant
des pommes de terre.
Mon Dieu ! Elles sont très-bien, ces fem-
mes... Elles ressemblent aux paysannes de
François Millet ctmme le prince Napoléon
ressemble à Napoléon Ier. Mais je les ai déjà
vups; je connais les champs où elles travail-
lent, et j'ai encore dans les yeux le soleil qui
les dore. Jules Breton devrait pourtant se
renouveler un peu...
M. ÉMILE BRETON. — Effet de neige.
A première vue, cela vous apparaît comme
« ■
un petit chef-d'œuvre. Je reste sur cette im-
pression qui est la bonne; je critiquerai une
autrefois.
, COROT»— 587. — -Le matin à Ville-d'Avray,
| S88. Le soir.
Tou't a été dit sur ce maître qui est depuis
longtemps arrivé à la perfection relative de
son t ent. Ce sont toujours les mêmes ciels
cl air e les mêmes eaux sombres, les mêmes
buée grises, les mêmes feuillages noirs...
c'est ftujours la poésie de l'aurore et du cré-
pusc,* se dégageant d'un brouillard lumi-
neux. Seulement, il y a des bons et des mau-
vais $orot. Ceux de cette année sont des
bons.
Lesl paysagistes règnent. Ils s'imposent
C'est! eux qu'on va.
: La llus belle chose du Salon, — il est vrai
que jê n'ai pas tout vu, — est un Lever de
lune $e DAUBIGNY, — 654.
.
C'est grand comme la nat-ureet beau comme
elle. : , : i
La Mne, au-dessus d'un petit coteau, laisse
tom. sur le paysage une nappe de clarté ;
• tout ", t précis, on voit tout, mais on voit
i tout .sptis un autre aspect que pendant le jour.
, Les critiques diront qu'il n'y a pas assez de
. différence entre les noirs du premier plan
et ceux du fond. Ils diront bien ce qu'ils vou-
dront. Cette toile n'en restera pas moins un
des plus purs et des plus complets chefs-
d'œuvre du maître. !
i
. t$.- • • - i
M. GUSTAVE COURBET. — 608, îsûumone d'un !
mendiant à Oman ; 609, le Chevreuil chassé
aux écoutes, Printemps.
Si les Corot de cette année sont des bons
Corot, les Courbet sont des mauvais Courbet.
Le talent du peintre n'est pas en question.
Mais , sérieusement, est-il possible de le re-
trouver dans cette femme qui tombe sur l'en- !
fant qu'elle allaite, dans cet homme qui a le
visage de la même couleur que ses souliers,
dans cet enfant de six ans qui s'est coupé en
se faisant faire la barbe, dans ce chien hérissé
comme un balai et dans ces arbres au feuil-
lage épais comme une pelure d'oignon?... Le ,
chevreuil seul est bien, — moins bien pour- ^
tant que les autres chevreuils du même pein-
tre,— encore a-t-il l'air de patiner sur de l'eau
de savon gelée et étoilée, comme une glace
dans laquelle on jette une pierre. En vérité,
quand on voit un artiste d'une pareille valeur
envoyer une pareille exposition, on est pris
de Fenvie de se tâter et de se demander si l'on
existe...
M. FRÉRET. — 1019, Côte aux environs de
Cherbourg.
*La première qualité de M. Fréret est de
toutes les qualités celle qui me séduit le plus :
il a le sentiment de la nature qu'il essaye de
rendre. Il aime la mer, les falaises; l'eau salée
lui paraît préférable à l'eau douce... En face
d'un de ses tableaux, on se croit en face de
l'océan.
Pouquoi le pied rencontre-t-il des pierres, ef
pourquoi la ligne d'horizon est-elle ballottée.
. comme si elle allait en bateau ?..
"•t'",
Même lle.
M. EUGÈNE FROMENTIN. — 1021, Arabes at-
taqués par une lionne ; 1022, Centaures.
Devant le premier de ces tableaux, on
s'arrête, et l'on cherche. Après avoir cherché, .
on trouve d'excellentes, choses : hommes et
cNevaux....( n
Devant le second, on rit. Ce sera un des;
succès de gaieté de l'exposition. «CenlilmCf',»
dit le livret. Il ne parle pas des Centauresçes.l
Il y en a une, une Centauresse de la halle,j
qui se tient le poing sur la hanche; etrufie.
autre une Centauresse du lafe à cheveux roux.,
qui galoppe avec ses pieds de devaat, et (.rui
'se couche sur ses pieds de derrrèrc...'. Non !
vraiment, on ne saurait rien imagine:' do
pareil!..-.. Il faut la science, le goût, la cou-
leur de M. Fromentin, pour qu'on n'imite
pas le chant du coq devant les bustes de se?
juments......
I
xiOis tacleaux encore, mon cher ami, et
j'arrive au sàlon d'honneur. Rien que tl'oi<,
quatre au plus.
MÉRINO. — 1752, un Matador ; 175.'v
l'AmouT et le Vin. :
Le manteau du matador est en fer blanc
peint en rouge ; le cavalier, qui parle d'amour
en buvant, ressemble à un jeune premier du
théâtre de Montmartre, et la femme qui l'é-
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XXX VII
mme on le pense bien, l'abbé Samuel était
sorti de chez .Paddy en proie à une vive agita-
tion.
La retraite de l'homme gris était découverte.
" , 11 est vrai qu'on le prenait pour, Jotn Golden, '
mais il pouvait arriver que les misérables qui,;
Voir Je nvmçro du 22 novembre.
recherchaient le condamné à mort le prissent
pour lui et le livrassent à la police, qui le recon-
naitrait et le déclarerait de bonne prise.
L'abbé Samuel savait, du reste, une chose,
c'est qu'en Angleterre l'industrie privée est tou-
jours plus intelligente; et plus hardie que les
institutions publiques.
La police, rouage municipal, recherchait
l'homme gris et John Coldenî
Le danger était réel, mais on pouvait le con-
jurer.
! Mais quatre hommes se réunissaient et, en
vue de partager la prime offerte, entreprenaient
la même besogne, le danger était mille fois plus
grand.
L'Anglais qui veut gagner de l'argent fait
des prodi-es,
Donc l'abbé Samuel, en sortant de chez
Paddy, n'hésita pas un moment ; il prit le che-
min de l'église Saint-George qui, d'ailleurs,
était à deux pas.
Le jeune clergyman qui l'avait suivi et s'était
effacé sous une porte pour le laisser entrer dans
la maison de Paddy, s'apprêtait à exécuter les
ordres de son supérieur et à l'aborder ; mais il
avait, pour cela, compté sur deux choses, la
; première, que le prêtre irlandais aurait, en sor-
tant, le visage calme de tout à l'heure, la se-
conde, qu'il reprendrait le même chemin. 1
L'abbé Samuel était si agité que le clergyman
hésita; puis, au lieu de revenir dans Adam
street, il se dirigea vers l'autre bout du passage,
gagnant Saint-George par un dédale de courts et
de ruelles.
Le clergyman avait peine à le suivre ; mais il
hâta le pas, hésitant toujours à l'aborder.
L'abbé, dans son trouble, ne remarqua point
qu'un pas retentissait régulièrement derrière le
sien et qu'un homme le suivait.
Le clergyman le voyant entrer dans l'église;
s'arrêta.
— Il finira bien par sortir, pensa-t-il.
En effet, l'abbé Samuel n'avait nullement l'in-
tention de rester longtemps à Saint-George ; il
se disait que très-certainement les misérables
qui voulaient arrêter John Golden avaient établi
une surveillance aux abords de l'église, et que
par ce seul fait qu'il avait assisté le condamné
sur l'échafaud, quelques minutes avant l'enlève-
ment, il était probable qu'ils le soupçonnaient
de connaître la retraite de John Colden et que,
par conséquent, entrer dans St-George, c'était
ie trahir.
Il est vrai que c'était dimanche, que les fidèles
se pressaient dans l'église, et que cela expli-
quait jusqu'à un certain point la présence de
l'abbé Samuel, bien qu'il fût de la paroisse de
Saint-Gilles.
Un prédicateur était en chaire et on l'écou-
tait avec une attention soutenue,
Cela permit à l'abbé Samuel d'entrer sans at-
tirer les regards et de pouvoir se glisser j-usqu'à.
la porte du clocher qui demeurait ouverte.
Alors il gravit rapidement l'escalier et arriva
tout en haut, dans cette chambre du gardien où,:
l'homme gris s'était constitué prisonnier volon-
taire.
L'homme gris dormait.
Il avait été sur pied une partie de la nuit et
n'était rentré que fort tard.
Il dormait d'un sommeil calme, régulier qui
laissait à sa physionomie 'son expression de dou-
ceur mélancolique.
Le prêtre, en présence de cette tranquillité, ;
sentit ses angoises redoubler.
— Peut-être aurait-il dormi ainsi, pertsa-t-il,.
la nuit prochaine, quand les misérables seraient»
venus.
Et il le toucha du doigt à l'épaule.
L'homme gris ouvrit les yeux.
Il est certaines natures privilégiées qui passent,
du sommeil le plus profond au réveil, sans tran-
sition aucune et n'éprouvent, ni ces hésirations
confuses, ni ces absences de mémoire que su-
bissent ordinairement ceux qu'on éveille eu
sursaut.
L'homme gris était àn nombre.
J % ^ ' ' . i ,
& cent. le numéro : . ,~ 1 1 1 ~ ; . '. 1 : , i; . . ~ ! - , "r JOURNAL QUOTIDIEN ~1- S 'cent. le numéro '
ABONNEMENTS. — Trois mois., Six mois. Un an. * :
. .Paris 5 fr. 9 fr. 1 S fr.
Départements.. 6' il ' ''9 tb
- .. Administrateur : E. . DELSAUX.
- ■ - : ; < • .«
- 3iue ' année. — DIMANCHE 3 MAI. $868. — N8 745
1 P-irecteur- PropÉietaire : JAN N [N.
J&dacteur en. chef : A. DE BALATHIER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, rue DrouoÉ. ,
ADMINISTRATION : 13, place Breda.
t - • .r • t .
'Les tirages des premiers numéros de , ' '
L'HOMME AUX 4 ^EMMES
ont été-Vite épuisés. , l - v
Nous avons réimprimé leëSntHijéros man-
quants, et l'on peut se procure^aujourd h-ai,
tous les .,e):emplaire¡:¡ parus de
•judiciaire:-; -- ' -.•> , .. -tr» rit. „
1 A Paris, chez les liBrairts, les1 marchands
de journaux, et dans'. nos ' bureaux'delà rué
du Croissant, de la rue Drouot et ) de', la rué
Breda,.l <■, , tl ..e'.! -ne. Vi i '. ■ err
En province',: nos ' corpespondants; et
chez tous les marchands de journaux. ' ♦"
f Si le public' n!e les trouve, ) f' f pàs chez un.mar-
c;hand, les trouvera facilement ..chez;un
titre. i ; li
PARIS, 2 MAI 1868.
LE SALON DE 1868
I
A M. Jean d'Alheim, à Monaco
Dit-on .«'ouvrir ie ,Salori,», comme on dit
« ouvrir la chasse » ? Eh bien ! nous ■ avions,
l'habitude d'ouvrir le Salon ensemble, mon
cher ami. Chaque année, quand revenait mai,
tu; quêtais ta maison $£là Bourgogne,'à. mi-
coteau, et t11 arrivais à Paris, le cerveau plein
de théories, une demi-douzaine de cartons
remplis d'étÙde'S.' Tu me montrais tes études
et tu me démofîtfSîs esj'pûîs,' Bras '
dessus, bras dessous, nous allions au palais
de l'Industrie passer la'.revue des tableaux de
l'année. Aujourd'hui, pour la première fois,
tn m'as fait défaiit.vTa;étais revenu de l'Alle-
magne, de*la Siiissre* de la" Bretagne; mais le
Midi te ret-ien t.. Ta seule excuse est dans ton
envoi : Une avenue d'oliviers au bord de la
mer, près de Monaco.
' L'olivier est le symbole de la paix. Que la
paix foit 4onc avec toi î. Il est très-beau, ton
labteau, vrai sans réalisme, largement peint.
— C'est un Cabat! disait-on de loin. J'au-
Mis voulu qu'on dît : —C'est un d'Alheim !
Mais impossible de lire ton nom, car, il faut
bien te 1 apprendre, mon pauvre ami, ton ta-
bleau est placé aussi haut que le permet le
plafond. Voir juste, savoir, joindre à un grand
goût un sentiment vrai, appliquer tous ces
dons naturels et acquis à une œuvre et voir
"kette œuvre mal placée ! J.e sais pas, en vé-
c;rfl,é, de plus grand chagrin pour un-artiste...
jj'espère que, lors du petit remue-ipénage
Ï 4i signalé le milieu de l'Exposition, tu seras
^lus favorisé.....
. : ADOLPHE APPUN ne..saurait l'être davan-
tage. Quelle bonne place et quels charmants
tableaux !... , r.. - , , • - , , -r
■ 45, — Temps gris-, marais de la Hurbancht (Ain).
• 46, — Bords du Furan en octobre, à Rossillon (Ain).
■ La Bresse et le Bugey, qui appartenaient
autrefois aux ducs de Savoie, appartiennent
maintenant à M. Appian. Il faut êfre allé de
Mâcon à Genë've pour apprécier la sincérité de
cét'të peinture ; 'mais son charme s'impose
même aux étrangers. Ces marais, ces saules,
,p,entes, d'un violet pâle, —. pas assez pâle
encore pourtant. -- ces eaux .transpar&ntes,
Ct\s,moÙtoq.s, qui se mirent dans l'herbe, —
l'herbe ressemble trop à un miroir, — ces
lignes d'horizon, ces ciels un peu métalliques,
tout l'em^eiïiblerde ce petit coin de -la nature
française.NoUS ravit. On ferait le voyage poÉ'f)
retrouvé au pied d'un arbre cette figure -de
paysanne 'pensivëj. dont 1e. troupeau se garde'
.-
tout seul...
' 'Voilà une excellente exposition.
,Le premier jour, on va sans mèmoae, s'ar-
r&foraA. iin mi, ^iSjiT fahlnmiT flanc fthd—.
que salle, tout à ce premier désir, de voir cent
choses en une heure qui est aussi naturel que
l'instinct d'un affamé devant une table bien
servie. Il lui semble qu'il va tout manger; au
bout de dix fourchetées, il est étonné de
n'avoir plus faim.
JULES BRETON. — 345, Femmes récoltant
des pommes de terre.
Mon Dieu ! Elles sont très-bien, ces fem-
mes... Elles ressemblent aux paysannes de
François Millet ctmme le prince Napoléon
ressemble à Napoléon Ier. Mais je les ai déjà
vups; je connais les champs où elles travail-
lent, et j'ai encore dans les yeux le soleil qui
les dore. Jules Breton devrait pourtant se
renouveler un peu...
M. ÉMILE BRETON. — Effet de neige.
A première vue, cela vous apparaît comme
« ■
un petit chef-d'œuvre. Je reste sur cette im-
pression qui est la bonne; je critiquerai une
autrefois.
, COROT»— 587. — -Le matin à Ville-d'Avray,
| S88. Le soir.
Tou't a été dit sur ce maître qui est depuis
longtemps arrivé à la perfection relative de
son t ent. Ce sont toujours les mêmes ciels
cl air e les mêmes eaux sombres, les mêmes
buée grises, les mêmes feuillages noirs...
c'est ftujours la poésie de l'aurore et du cré-
pusc,* se dégageant d'un brouillard lumi-
neux. Seulement, il y a des bons et des mau-
vais $orot. Ceux de cette année sont des
bons.
Lesl paysagistes règnent. Ils s'imposent
C'est! eux qu'on va.
: La llus belle chose du Salon, — il est vrai
que jê n'ai pas tout vu, — est un Lever de
lune $e DAUBIGNY, — 654.
.
C'est grand comme la nat-ureet beau comme
elle. : , : i
La Mne, au-dessus d'un petit coteau, laisse
tom. sur le paysage une nappe de clarté ;
• tout ", t précis, on voit tout, mais on voit
i tout .sptis un autre aspect que pendant le jour.
, Les critiques diront qu'il n'y a pas assez de
. différence entre les noirs du premier plan
et ceux du fond. Ils diront bien ce qu'ils vou-
dront. Cette toile n'en restera pas moins un
des plus purs et des plus complets chefs-
d'œuvre du maître. !
i
. t$.- • • - i
M. GUSTAVE COURBET. — 608, îsûumone d'un !
mendiant à Oman ; 609, le Chevreuil chassé
aux écoutes, Printemps.
Si les Corot de cette année sont des bons
Corot, les Courbet sont des mauvais Courbet.
Le talent du peintre n'est pas en question.
Mais , sérieusement, est-il possible de le re-
trouver dans cette femme qui tombe sur l'en- !
fant qu'elle allaite, dans cet homme qui a le
visage de la même couleur que ses souliers,
dans cet enfant de six ans qui s'est coupé en
se faisant faire la barbe, dans ce chien hérissé
comme un balai et dans ces arbres au feuil-
lage épais comme une pelure d'oignon?... Le ,
chevreuil seul est bien, — moins bien pour- ^
tant que les autres chevreuils du même pein-
tre,— encore a-t-il l'air de patiner sur de l'eau
de savon gelée et étoilée, comme une glace
dans laquelle on jette une pierre. En vérité,
quand on voit un artiste d'une pareille valeur
envoyer une pareille exposition, on est pris
de Fenvie de se tâter et de se demander si l'on
existe...
M. FRÉRET. — 1019, Côte aux environs de
Cherbourg.
*La première qualité de M. Fréret est de
toutes les qualités celle qui me séduit le plus :
il a le sentiment de la nature qu'il essaye de
rendre. Il aime la mer, les falaises; l'eau salée
lui paraît préférable à l'eau douce... En face
d'un de ses tableaux, on se croit en face de
l'océan.
Pouquoi le pied rencontre-t-il des pierres, ef
pourquoi la ligne d'horizon est-elle ballottée.
. comme si elle allait en bateau ?..
"•t'",
Même lle.
M. EUGÈNE FROMENTIN. — 1021, Arabes at-
taqués par une lionne ; 1022, Centaures.
Devant le premier de ces tableaux, on
s'arrête, et l'on cherche. Après avoir cherché, .
on trouve d'excellentes, choses : hommes et
cNevaux....( n
Devant le second, on rit. Ce sera un des;
succès de gaieté de l'exposition. «CenlilmCf',»
dit le livret. Il ne parle pas des Centauresçes.l
Il y en a une, une Centauresse de la halle,j
qui se tient le poing sur la hanche; etrufie.
autre une Centauresse du lafe à cheveux roux.,
qui galoppe avec ses pieds de devaat, et (.rui
'se couche sur ses pieds de derrrèrc...'. Non !
vraiment, on ne saurait rien imagine:' do
pareil!..-.. Il faut la science, le goût, la cou-
leur de M. Fromentin, pour qu'on n'imite
pas le chant du coq devant les bustes de se?
juments......
I
xiOis tacleaux encore, mon cher ami, et
j'arrive au sàlon d'honneur. Rien que tl'oi<,
quatre au plus.
MÉRINO. — 1752, un Matador ; 175.'v
l'AmouT et le Vin. :
Le manteau du matador est en fer blanc
peint en rouge ; le cavalier, qui parle d'amour
en buvant, ressemble à un jeune premier du
théâtre de Montmartre, et la femme qui l'é-
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
XXX VII
mme on le pense bien, l'abbé Samuel était
sorti de chez .Paddy en proie à une vive agita-
tion.
La retraite de l'homme gris était découverte.
" , 11 est vrai qu'on le prenait pour, Jotn Golden, '
mais il pouvait arriver que les misérables qui,;
Voir Je nvmçro du 22 novembre.
recherchaient le condamné à mort le prissent
pour lui et le livrassent à la police, qui le recon-
naitrait et le déclarerait de bonne prise.
L'abbé Samuel savait, du reste, une chose,
c'est qu'en Angleterre l'industrie privée est tou-
jours plus intelligente; et plus hardie que les
institutions publiques.
La police, rouage municipal, recherchait
l'homme gris et John Coldenî
Le danger était réel, mais on pouvait le con-
jurer.
! Mais quatre hommes se réunissaient et, en
vue de partager la prime offerte, entreprenaient
la même besogne, le danger était mille fois plus
grand.
L'Anglais qui veut gagner de l'argent fait
des prodi-es,
Donc l'abbé Samuel, en sortant de chez
Paddy, n'hésita pas un moment ; il prit le che-
min de l'église Saint-George qui, d'ailleurs,
était à deux pas.
Le jeune clergyman qui l'avait suivi et s'était
effacé sous une porte pour le laisser entrer dans
la maison de Paddy, s'apprêtait à exécuter les
ordres de son supérieur et à l'aborder ; mais il
avait, pour cela, compté sur deux choses, la
; première, que le prêtre irlandais aurait, en sor-
tant, le visage calme de tout à l'heure, la se-
conde, qu'il reprendrait le même chemin. 1
L'abbé Samuel était si agité que le clergyman
hésita; puis, au lieu de revenir dans Adam
street, il se dirigea vers l'autre bout du passage,
gagnant Saint-George par un dédale de courts et
de ruelles.
Le clergyman avait peine à le suivre ; mais il
hâta le pas, hésitant toujours à l'aborder.
L'abbé, dans son trouble, ne remarqua point
qu'un pas retentissait régulièrement derrière le
sien et qu'un homme le suivait.
Le clergyman le voyant entrer dans l'église;
s'arrêta.
— Il finira bien par sortir, pensa-t-il.
En effet, l'abbé Samuel n'avait nullement l'in-
tention de rester longtemps à Saint-George ; il
se disait que très-certainement les misérables
qui voulaient arrêter John Golden avaient établi
une surveillance aux abords de l'église, et que
par ce seul fait qu'il avait assisté le condamné
sur l'échafaud, quelques minutes avant l'enlève-
ment, il était probable qu'ils le soupçonnaient
de connaître la retraite de John Colden et que,
par conséquent, entrer dans St-George, c'était
ie trahir.
Il est vrai que c'était dimanche, que les fidèles
se pressaient dans l'église, et que cela expli-
quait jusqu'à un certain point la présence de
l'abbé Samuel, bien qu'il fût de la paroisse de
Saint-Gilles.
Un prédicateur était en chaire et on l'écou-
tait avec une attention soutenue,
Cela permit à l'abbé Samuel d'entrer sans at-
tirer les regards et de pouvoir se glisser j-usqu'à.
la porte du clocher qui demeurait ouverte.
Alors il gravit rapidement l'escalier et arriva
tout en haut, dans cette chambre du gardien où,:
l'homme gris s'était constitué prisonnier volon-
taire.
L'homme gris dormait.
Il avait été sur pied une partie de la nuit et
n'était rentré que fort tard.
Il dormait d'un sommeil calme, régulier qui
laissait à sa physionomie 'son expression de dou-
ceur mélancolique.
Le prêtre, en présence de cette tranquillité, ;
sentit ses angoises redoubler.
— Peut-être aurait-il dormi ainsi, pertsa-t-il,.
la nuit prochaine, quand les misérables seraient»
venus.
Et il le toucha du doigt à l'épaule.
L'homme gris ouvrit les yeux.
Il est certaines natures privilégiées qui passent,
du sommeil le plus profond au réveil, sans tran-
sition aucune et n'éprouvent, ni ces hésirations
confuses, ni ces absences de mémoire que su-
bissent ordinairement ceux qu'on éveille eu
sursaut.
L'homme gris était àn nombre.
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