Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-04-01
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1868 01 avril 1868
Description : 1868/04/01 (A3,N713). 1868/04/01 (A3,N713).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717715s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
■.■JOURNAL QUOTIDIEN
6 cent, le numéro '
5 cent. le numéro "?
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. 1 fCa .an.
Paris S fr. " 9 Cr.
jV.'TjiirCîiiRonts 6 11 ;
Administrateur: E. DELSAU&
ame annéé. — MERCREDI 1er AVRIL 1868. — N° 713
Directeur-Proprié taire : JANININ.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIEII LINS A r. F.LOKN a.
BUREAUX T)'ABO', NEMENT : 9r '»
ADMINISTRATION : 13, pince iîrctla. >,~-"
PARIS, 31 MARS 1868.
AVRIL
Histoires et Anécdotes
1er avril 1405. — Mort Tamerlan.
Tamerlan, fils d'un berger' d'un village de
rAsie-Mineuré^berger lui-même, ptiis''soldat,
parvint à réunir sous ses ordres une.armée
permanente considérable, avec laquelle il en-
treprit de conquérir l'Asie. Il en vint _à.bout.
Sans foi, sans loi, sans honnêteté, ce'scélérat
glorieux arrivait devant une ville, et disait
aux habitants : — Rendez-vous!... Si les ci-
toyens acceptaient la proposition, il se con-
tentait de piller leurs biens. Mais, s'ils entre-
prenaient de se défendre, il lès faisait..tous|
tuer lorsqu'il les avait vaincus. Il y m^tlai^J
même quelque raffinement :, se plaisant à
enterrer tout vivants les principaux dQ;< là
cité.. • - - ' - -
Parmi ses milliers djs cri,m'à", les flatteurs ;
qu'ont les rois, même'après«leur mort, ont
fini par découvrir deux beaux traits. '
Ayant battu un petit prince de l'Orient, il
écrivit au fils du roi dépossédé : « Reçois de
moi l'héritage de ton père»;- une fime royale sait
conquérir les royaumes et sait les rendre. »
Un atttre jour, un poète Persan, nommé
Ilomedv,«jouait' avec lui à un jeu d'esprit,
qui consistait à estimer en argent la valeur
de chacun des assistants. Le poète dit à Ta-
merlan : — Je vous estime trente aspres. —
' ici- iHMiptiépnn -■«
dit le tyran.— Mais, c'est aussi en comptant la
serviette, répliqua le poëte. L'assassin était de
bonne humeur ce jour-là î il se mit à rire.
Il régna pendant trente-six ans sur l'Asie
réunie e:. une monarchie universelle; mais il
Il: , reconstruisit aucune des villes qu'il avait
brûlées, et se garda bien de faire quoique ce
soit pour protéger le commerce ou les choses
;Ie l'esprit. Ce parvenu, demeuré soldat, mou-
l'nt à soixante-dix ans, après avoir fait tout le
mal possible de la Méditerranée à la mer des
, tndes,
«
1er avril 1764. — Eclipse de soleil.
Cette éclipse n'a de remarquable qu'un
"avis, inséré quelles jours avant son appa- I
rition dans la Gazette de France.
Voici cet avis : - -
\ « Les curés, tant des villes que des cam-
pagnes, sont invités à commencer plus tôt qu'à
l'ordinaire l'office du " quatrième dimanche
jÍiu carême, à cause de l'éclipsé totale du so-
leil, qui, sur les dix heures du matin, ramè-
nera les ténèbres de la nuit; ils sont invilés,
en même temps, d'avertir le peuple que les
éclipses n'ont sur nous aucune influence, ni
morale ni physique, qu'elles ne produisent et
ne présagent ni stérilité, ni contagion, ni
guerre, ni accidents funestes, et qu'elles sont
les suites nécessaires du mouvement des corps
célestes, aussi naturel que le lever. et le cou-
cher du soleil ou de la lune. »
La presse, on le voit par cet exemple tiré
du.plus ancien de nos journaux, était déjà
lionne à quelque chose, en 1764.
3 avril 1705. — Condamnation de Lorient
de la Noue.
- Ce;finô$(ïjer était un parvenu, comme Ta- j
■•merlan."Jki? il se contentait de ruiner les
"gensY'il nê les tuait pas. D'abord valet d'un
curé .de^yijl.^ge, puis laquais d'u-n gentilhom-
m,e, â^^DMî. d'un menuisier, commis des
gabelles,.enfin gros partisan, il dépensa son
argent quand il fut riche à dépasser par son
'faste les pjjis grands seigneurs du royaume.
Il se fit construire un hôtel ; l'hôtel construit,
'twK. iffRMJIMl9 admirait, il le trou-
va mesquin, et Je fit jeter à bas. Après quoi,
les ouvriers se remirent à la besogne pour en
élever un nouveau. Le scandale de cette for-
tune émut l'opinion. Le parlement condamna
de la Noue, pour ses malversations, à faire
amende honorable au Châtelet, à être exposé
trois jours au pilori, et à servir ensuite pen-
dant neuf ans dans les galères. Le public
chanta le couplet suivant.
La Noue, déplorant son état,
Se plaint de sa sentence.
11 n'est qui? pour neuf ans forçat*,
Est-ce une pénitence?
Si ses amis, par tant de seins,
L'ont sauvé de l'échelle,
(de la potence)
Une chaîne si belle au moins.
! Devrait être 6ternclie.
9 avril 1708. — Mort de Maucroix.
Les-'poètes sont les plus privilégiés des
écrivrfihs. Quatre vers suffisent pour leur
faire à-De réputation, que le temps consacre,
et pouf immortaliser leur nom. La Fontaine
ai,-RIR "ne avaient pour ami un brave homme,
nommé François de Maucroix, qui traduisait
les ariens, et écrivait de longues histoires.
Histoires et traductions sont tombées dans
un oa ni profond. Mais voilà qu'à quatre-
vingt ns, notre prosateur fait quatre vers,
et 1'0 sait encore qu'il a existé.
ci.Iaqti, jour est un bien que du ciel je reçois;
,Toi-ii- s aujourd'hui de celui qu'il nous donne ;
Il n'ajAartient pas plus aux jeunes gens qu'à moi,
Et ceMi de demain n'appartient à personne.
20 avril 1690. — Mort de Marie-Christine
de Bavière, dauphine de France.
Maafie-Christine, fille de l'électeur de Ba-
,vièrM avait épousé monseigneur, fils de
Lou'StXr/. Elle fut tout de suite réputée à la
cour pour son esprit. Le roi lui disait un
jour - Mais, madame, vous ne m'aviez pas
dit quje madame de Toscane, votre sœur, était
extrêmement belle ? — Puis-je me ressou-
venir, répondit-elle, que ma s:œur a toute la
beauté de la famille, quand j'en ai tout le
bonheur?
Elle mourut des suites des couches du duc
de Berry, son troisième fils. Sentant sa fin
venir, elle embrassa l'enfant en disant: —
VIYMInlït-bon -t,-oeLr, quoique tu me coûtés bien
cher ! :..
Bossuet, qui l'assistait,engagea Louis XIV,
qui était dans la chambre, à se retirer:
— Nen, non, dit le roi. Je suis bien aise
de voir comment meurent mes pareils.
26 avril 1566. — Mort de Diane de Poi-
tiers.
Le mois d'avril, chose singulière, a vu
mourir la plupart fe rii files célèb -es: : Laure,
qui inspira Pétrarque, — la duchesse de Lon-
gueville, — Mlle de Montpensier, -- Mme de
Sévigné, — Mme de Caylus, — Mile de Lus-
san, — Elisabeth, reine d'Angleterre, —
Christine, reine de Suède, — Gabrielle d'Es-
trées qu'aima Henri IV, — Mme de Main-
tenon qu'aima Louis XIV, — Mme de Pom-
padour qu'aima Louis XV, — Diane de Poi-
tiers enfin...
' Diane était la fille de Jean de Poitiers, sei-
gneur de Saint-Vallier. Fille d'honneur de la
reine de France, femme de François Ier, elle
plut au roi, qui, par amour pour elle, fit grâce
à son père, condamné à mort pour avoir fa-
vorisé l'évasion du duc de Bourbon, traître à
l'Etat.
Diane était veuve depuis cinq ans de Louis
de Brézé, grand sénéchal de Normandie, et
elle avait quarante ans, lorsqu'Henri II, qui
n'en avait que dix-huit, en devint amoureux,
comme l'avait été son père. Cette liaison dura
vingt ans, t't, dans le tournoi', ou Hen-ri fut
blessé mortellement, il portait la livrée noir
et blanc de sa vieille maîtresse.
Une heure avant Jla mort du roi, Diane
reçut l'ordre de rendre les pierreries de la
couronne et de se retirer dans un de ses
châteaux. -- Le roi est-il mort? demanda-
t-elle. — Non, madame, répondit le messa-
ger; mais il ne passera pas la journée. — Eh
bien! répliqua-t-elle, je n'ai donc point en-
core de maître.
Elle alla habiter le château d'Anet, que
son ami avait fait construire pour elle, et elle
. y vécut plusieurs années encore.
« Six mois avant sa mort, je la, vis, dit
Brantôme, si belle encore, que je ne sache
cœur de roche qui n'en fut ému, quoique
quelque temps auparavant elle se fût rompu
une jambe sur le pavé d'Orléans, allant et se
tenant aussi dextrement et dispostement com-
t nie elle avoit jamais fait; mais le tl+evftl tombât
et glissa sous elle : il auroit semblé que telle
rupture et les maux qu'elle endura auroient
dû changer sa belle face. Point du tout, sa
beauté, sa grâce et sa belle apparence étoient
toutes pareilles qu'elles avoient toujours été.
C'est dommage que la teire couvré un. si
beau corps....11 faut que le peuple de France
p.rie Dieu qu'il ne vienne jamais favorite de
roi plus mauvaise que celle-là, ni plus malfai-
sante. »
Non-seulement Diane de Poitiers resta
toujours belle, mais elle ne fut jamais mar
lade. Sa recette n'a rien de mystérieux, et je -
puis la donner à toutes mes lectrices.
Dans les plus grands froids de l'hiver, elle
se lavait le visage avec de l'eau de pluie, et
————
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
M 144
V
- - MF
Comme miss Ellen entrait.-dans Adam street_
Jeux roughs complètement stores sortaient d'une
taverne. j-<
Miss Ellen doubla le pas.
Néanmoins l'un de ces deux hommes l'attei-
gnit, lui prit la taille et lui dit :
Où vas-tu doue ainsi, mon cher amour î
Voir le numéro du 22 novembre.
Miss Ellen avec la souplesse d'une couleuvre
glissa des bras de l'ivrogne et prit la fuite.
Mais l'ivrogne et son compagnon sa mirent à
courir après elle.
Le rough lui criait :
— Tu as beau te sauver, je te reconnais .. fu
es Fanny, la fille de l'écaillière Bentam, et tu
cours chez John Firlen, ton amant.
En parlant ainsi, le rough était de bonne foi ;
et miss Ellen avait beau courir, il la gagnait de
vitesse, répétant :
— Tu es la fille à la mère Bentam, je te re-
connais, et la maîtresse de ce fainéant de John
Farlen, à qui j'ai cassé trois dents d'un coup de
poing; mais ça n'est pas assez. Je veux lui
prendrè sa femme... et nous verrons alors, s 'il
est bon à quelque chose.
Miss Ellen courait de toutes ses f.rces; elle
était tout à l'heure à l'extrémité d'Adam street,
où elle retrouverait sa voiture...
Mais le rough l'atteignit une seconde fois,
juste au moment où elle passait devant un ati-
tre public house.
Alors, miss Ellen jeta un cri :
— Laissez-moi, dit-elle, ja ne suis pas Fanny
Bentam.
Mais si... mais si..., dit l'ivrogne, je recon-
nais ta voix. "",,'
1 — Laissez-moi. vous dis-je.
Et cette fois, l'accent de miss Ellen devint 1
impérieux.
— Bah ! bah ! dit rivrogne, John Farlen n'est
pas là pour te défendre. D'ailleurs, c'est un
propre à rien.
Miss Ellen se débattait toujours.
Tout à coup. le rough jeta un cri, ouvrit les
bras, et miss Ellen put se dégager.
La courageuse jeune fille avait toujours sur
elle un petit stylet a lame damasquinée, à man-
che de nacre.
Tandis que le rough la tenait brutalement par
les épaules, elle était parvenue il prendre cette
arme à sa ceinture et à dégager son bras.
— Ah! poison !... vipère ! s'écria le rough, elle
m'a assassiné.
Et il tomba.
Miss El1en avait repris la fuite; mais l'autre
ivrogne s'était acharné À sa poursuite, et il par-
vint à la ressaisir.,
! * ,
j En même temps, le cri du rou,-,Li blessé avait
retenti jusque dans le cabaret, et les gens qui
s'y trouvaient étaient sortis en toute hâte.
Avez-vous passé quelquefois auprès d'une de
ces vastes ruches de frelons, qui se trouvent
dans les bois, et presque toujours au longji'un
poteau indicateur?
C'est en été, l'atmosphère est brûlante, l'air
est orageux; les frelons dorment dans leur de-
meure souterraine.
Un seul se trouve au dehors, se traînarit
paresseusement au soleil, bord de son trou.
Vous passez, et vous l'écrasez...
Soudain, la ruche tout entière s'éveille, les
frelons en sortent, bourdonnant, irrités, ter-
ribles, et si vous n'avez pris la fuite assez vite,
vous êtes perdu!
Il en fut ainsi de miss Ellen.
Tandis que le rough qu elle avait frappé en
pleine poitrine tombait baigné dans son sang,
l'autre avait saisi 'la jeune fille et, de la taverne
voisine, des maisons environnantes, des pro-
fondeurs du sol, de partout avait surgi tout à
coup une foule en guenilles, furieuse, hurlante,
et qui entourait miss Ellen.
Cette fois, la jeune fille se débattait vaine-
ment.
— Ah! coquine! disaient les uns.
— Ah 1 misérable 1 hurlaient les autres.
— Elle m'a assassiné 1 vociférait le blessé, qui
se tordait sur le sol. *
— C'est une voieuse !
— Non, c'est une belle de nuit de Ragen\'-
street. • , ..
— C'était sa maitresse. et elle l'a disait
► j - -• • -
■.■JOURNAL QUOTIDIEN
6 cent, le numéro '
5 cent. le numéro "?
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. 1 fCa .an.
Paris S fr. " 9 Cr.
jV.'TjiirCîiiRonts 6 11 ;
Administrateur: E. DELSAU&
ame annéé. — MERCREDI 1er AVRIL 1868. — N° 713
Directeur-Proprié taire : JANININ.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIEII LINS A r. F.LOKN a.
BUREAUX T)'ABO', NEMENT : 9r '»
ADMINISTRATION : 13, pince iîrctla. >,~-"
PARIS, 31 MARS 1868.
AVRIL
Histoires et Anécdotes
1er avril 1405. — Mort Tamerlan.
Tamerlan, fils d'un berger' d'un village de
rAsie-Mineuré^berger lui-même, ptiis''soldat,
parvint à réunir sous ses ordres une.armée
permanente considérable, avec laquelle il en-
treprit de conquérir l'Asie. Il en vint _à.bout.
Sans foi, sans loi, sans honnêteté, ce'scélérat
glorieux arrivait devant une ville, et disait
aux habitants : — Rendez-vous!... Si les ci-
toyens acceptaient la proposition, il se con-
tentait de piller leurs biens. Mais, s'ils entre-
prenaient de se défendre, il lès faisait..tous|
tuer lorsqu'il les avait vaincus. Il y m^tlai^J
même quelque raffinement :, se plaisant à
enterrer tout vivants les principaux dQ;< là
cité.. • - - ' - -
Parmi ses milliers djs cri,m'à", les flatteurs ;
qu'ont les rois, même'après«leur mort, ont
fini par découvrir deux beaux traits. '
Ayant battu un petit prince de l'Orient, il
écrivit au fils du roi dépossédé : « Reçois de
moi l'héritage de ton père»;- une fime royale sait
conquérir les royaumes et sait les rendre. »
Un atttre jour, un poète Persan, nommé
Ilomedv,«jouait' avec lui à un jeu d'esprit,
qui consistait à estimer en argent la valeur
de chacun des assistants. Le poète dit à Ta-
merlan : — Je vous estime trente aspres. —
' ici- iHMiptiépnn -■«
dit le tyran.— Mais, c'est aussi en comptant la
serviette, répliqua le poëte. L'assassin était de
bonne humeur ce jour-là î il se mit à rire.
Il régna pendant trente-six ans sur l'Asie
réunie e:. une monarchie universelle; mais il
Il: , reconstruisit aucune des villes qu'il avait
brûlées, et se garda bien de faire quoique ce
soit pour protéger le commerce ou les choses
;Ie l'esprit. Ce parvenu, demeuré soldat, mou-
l'nt à soixante-dix ans, après avoir fait tout le
mal possible de la Méditerranée à la mer des
, tndes,
«
1er avril 1764. — Eclipse de soleil.
Cette éclipse n'a de remarquable qu'un
"avis, inséré quelles jours avant son appa- I
rition dans la Gazette de France.
Voici cet avis : - -
\ « Les curés, tant des villes que des cam-
pagnes, sont invités à commencer plus tôt qu'à
l'ordinaire l'office du " quatrième dimanche
jÍiu carême, à cause de l'éclipsé totale du so-
leil, qui, sur les dix heures du matin, ramè-
nera les ténèbres de la nuit; ils sont invilés,
en même temps, d'avertir le peuple que les
éclipses n'ont sur nous aucune influence, ni
morale ni physique, qu'elles ne produisent et
ne présagent ni stérilité, ni contagion, ni
guerre, ni accidents funestes, et qu'elles sont
les suites nécessaires du mouvement des corps
célestes, aussi naturel que le lever. et le cou-
cher du soleil ou de la lune. »
La presse, on le voit par cet exemple tiré
du.plus ancien de nos journaux, était déjà
lionne à quelque chose, en 1764.
3 avril 1705. — Condamnation de Lorient
de la Noue.
- Ce;finô$(ïjer était un parvenu, comme Ta- j
■•merlan."Jki? il se contentait de ruiner les
"gensY'il nê les tuait pas. D'abord valet d'un
curé .de^yijl.^ge, puis laquais d'u-n gentilhom-
m,e, â^^DMî. d'un menuisier, commis des
gabelles,.enfin gros partisan, il dépensa son
argent quand il fut riche à dépasser par son
'faste les pjjis grands seigneurs du royaume.
Il se fit construire un hôtel ; l'hôtel construit,
'twK. iffRMJIMl9 admirait, il le trou-
va mesquin, et Je fit jeter à bas. Après quoi,
les ouvriers se remirent à la besogne pour en
élever un nouveau. Le scandale de cette for-
tune émut l'opinion. Le parlement condamna
de la Noue, pour ses malversations, à faire
amende honorable au Châtelet, à être exposé
trois jours au pilori, et à servir ensuite pen-
dant neuf ans dans les galères. Le public
chanta le couplet suivant.
La Noue, déplorant son état,
Se plaint de sa sentence.
11 n'est qui? pour neuf ans forçat*,
Est-ce une pénitence?
Si ses amis, par tant de seins,
L'ont sauvé de l'échelle,
(de la potence)
Une chaîne si belle au moins.
! Devrait être 6ternclie.
9 avril 1708. — Mort de Maucroix.
Les-'poètes sont les plus privilégiés des
écrivrfihs. Quatre vers suffisent pour leur
faire à-De réputation, que le temps consacre,
et pouf immortaliser leur nom. La Fontaine
ai,-RIR "ne avaient pour ami un brave homme,
nommé François de Maucroix, qui traduisait
les ariens, et écrivait de longues histoires.
Histoires et traductions sont tombées dans
un oa ni profond. Mais voilà qu'à quatre-
vingt ns, notre prosateur fait quatre vers,
et 1'0 sait encore qu'il a existé.
ci.Iaqti, jour est un bien que du ciel je reçois;
,Toi-ii- s aujourd'hui de celui qu'il nous donne ;
Il n'ajAartient pas plus aux jeunes gens qu'à moi,
Et ceMi de demain n'appartient à personne.
20 avril 1690. — Mort de Marie-Christine
de Bavière, dauphine de France.
Maafie-Christine, fille de l'électeur de Ba-
,vièrM avait épousé monseigneur, fils de
Lou'StXr/. Elle fut tout de suite réputée à la
cour pour son esprit. Le roi lui disait un
jour - Mais, madame, vous ne m'aviez pas
dit quje madame de Toscane, votre sœur, était
extrêmement belle ? — Puis-je me ressou-
venir, répondit-elle, que ma s:œur a toute la
beauté de la famille, quand j'en ai tout le
bonheur?
Elle mourut des suites des couches du duc
de Berry, son troisième fils. Sentant sa fin
venir, elle embrassa l'enfant en disant: —
VIYMInlït-bon -t,-oeLr, quoique tu me coûtés bien
cher ! :..
Bossuet, qui l'assistait,engagea Louis XIV,
qui était dans la chambre, à se retirer:
— Nen, non, dit le roi. Je suis bien aise
de voir comment meurent mes pareils.
26 avril 1566. — Mort de Diane de Poi-
tiers.
Le mois d'avril, chose singulière, a vu
mourir la plupart fe rii files célèb -es: : Laure,
qui inspira Pétrarque, — la duchesse de Lon-
gueville, — Mlle de Montpensier, -- Mme de
Sévigné, — Mme de Caylus, — Mile de Lus-
san, — Elisabeth, reine d'Angleterre, —
Christine, reine de Suède, — Gabrielle d'Es-
trées qu'aima Henri IV, — Mme de Main-
tenon qu'aima Louis XIV, — Mme de Pom-
padour qu'aima Louis XV, — Diane de Poi-
tiers enfin...
' Diane était la fille de Jean de Poitiers, sei-
gneur de Saint-Vallier. Fille d'honneur de la
reine de France, femme de François Ier, elle
plut au roi, qui, par amour pour elle, fit grâce
à son père, condamné à mort pour avoir fa-
vorisé l'évasion du duc de Bourbon, traître à
l'Etat.
Diane était veuve depuis cinq ans de Louis
de Brézé, grand sénéchal de Normandie, et
elle avait quarante ans, lorsqu'Henri II, qui
n'en avait que dix-huit, en devint amoureux,
comme l'avait été son père. Cette liaison dura
vingt ans, t't, dans le tournoi', ou Hen-ri fut
blessé mortellement, il portait la livrée noir
et blanc de sa vieille maîtresse.
Une heure avant Jla mort du roi, Diane
reçut l'ordre de rendre les pierreries de la
couronne et de se retirer dans un de ses
châteaux. -- Le roi est-il mort? demanda-
t-elle. — Non, madame, répondit le messa-
ger; mais il ne passera pas la journée. — Eh
bien! répliqua-t-elle, je n'ai donc point en-
core de maître.
Elle alla habiter le château d'Anet, que
son ami avait fait construire pour elle, et elle
. y vécut plusieurs années encore.
« Six mois avant sa mort, je la, vis, dit
Brantôme, si belle encore, que je ne sache
cœur de roche qui n'en fut ému, quoique
quelque temps auparavant elle se fût rompu
une jambe sur le pavé d'Orléans, allant et se
tenant aussi dextrement et dispostement com-
t nie elle avoit jamais fait; mais le tl+evftl tombât
et glissa sous elle : il auroit semblé que telle
rupture et les maux qu'elle endura auroient
dû changer sa belle face. Point du tout, sa
beauté, sa grâce et sa belle apparence étoient
toutes pareilles qu'elles avoient toujours été.
C'est dommage que la teire couvré un. si
beau corps....11 faut que le peuple de France
p.rie Dieu qu'il ne vienne jamais favorite de
roi plus mauvaise que celle-là, ni plus malfai-
sante. »
Non-seulement Diane de Poitiers resta
toujours belle, mais elle ne fut jamais mar
lade. Sa recette n'a rien de mystérieux, et je -
puis la donner à toutes mes lectrices.
Dans les plus grands froids de l'hiver, elle
se lavait le visage avec de l'eau de pluie, et
————
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
QUATRIÈME PARTIE
UN DRAME DANS LE SOUTWARK
M 144
V
- - MF
Comme miss Ellen entrait.-dans Adam street_
Jeux roughs complètement stores sortaient d'une
taverne. j-<
Miss Ellen doubla le pas.
Néanmoins l'un de ces deux hommes l'attei-
gnit, lui prit la taille et lui dit :
Où vas-tu doue ainsi, mon cher amour î
Voir le numéro du 22 novembre.
Miss Ellen avec la souplesse d'une couleuvre
glissa des bras de l'ivrogne et prit la fuite.
Mais l'ivrogne et son compagnon sa mirent à
courir après elle.
Le rough lui criait :
— Tu as beau te sauver, je te reconnais .. fu
es Fanny, la fille de l'écaillière Bentam, et tu
cours chez John Firlen, ton amant.
En parlant ainsi, le rough était de bonne foi ;
et miss Ellen avait beau courir, il la gagnait de
vitesse, répétant :
— Tu es la fille à la mère Bentam, je te re-
connais, et la maîtresse de ce fainéant de John
Farlen, à qui j'ai cassé trois dents d'un coup de
poing; mais ça n'est pas assez. Je veux lui
prendrè sa femme... et nous verrons alors, s 'il
est bon à quelque chose.
Miss Ellen courait de toutes ses f.rces; elle
était tout à l'heure à l'extrémité d'Adam street,
où elle retrouverait sa voiture...
Mais le rough l'atteignit une seconde fois,
juste au moment où elle passait devant un ati-
tre public house.
Alors, miss Ellen jeta un cri :
— Laissez-moi, dit-elle, ja ne suis pas Fanny
Bentam.
Mais si... mais si..., dit l'ivrogne, je recon-
nais ta voix. "",,'
1 — Laissez-moi. vous dis-je.
Et cette fois, l'accent de miss Ellen devint 1
impérieux.
— Bah ! bah ! dit rivrogne, John Farlen n'est
pas là pour te défendre. D'ailleurs, c'est un
propre à rien.
Miss Ellen se débattait toujours.
Tout à coup. le rough jeta un cri, ouvrit les
bras, et miss Ellen put se dégager.
La courageuse jeune fille avait toujours sur
elle un petit stylet a lame damasquinée, à man-
che de nacre.
Tandis que le rough la tenait brutalement par
les épaules, elle était parvenue il prendre cette
arme à sa ceinture et à dégager son bras.
— Ah! poison !... vipère ! s'écria le rough, elle
m'a assassiné.
Et il tomba.
Miss El1en avait repris la fuite; mais l'autre
ivrogne s'était acharné À sa poursuite, et il par-
vint à la ressaisir.,
! * ,
j En même temps, le cri du rou,-,Li blessé avait
retenti jusque dans le cabaret, et les gens qui
s'y trouvaient étaient sortis en toute hâte.
Avez-vous passé quelquefois auprès d'une de
ces vastes ruches de frelons, qui se trouvent
dans les bois, et presque toujours au longji'un
poteau indicateur?
C'est en été, l'atmosphère est brûlante, l'air
est orageux; les frelons dorment dans leur de-
meure souterraine.
Un seul se trouve au dehors, se traînarit
paresseusement au soleil, bord de son trou.
Vous passez, et vous l'écrasez...
Soudain, la ruche tout entière s'éveille, les
frelons en sortent, bourdonnant, irrités, ter-
ribles, et si vous n'avez pris la fuite assez vite,
vous êtes perdu!
Il en fut ainsi de miss Ellen.
Tandis que le rough qu elle avait frappé en
pleine poitrine tombait baigné dans son sang,
l'autre avait saisi 'la jeune fille et, de la taverne
voisine, des maisons environnantes, des pro-
fondeurs du sol, de partout avait surgi tout à
coup une foule en guenilles, furieuse, hurlante,
et qui entourait miss Ellen.
Cette fois, la jeune fille se débattait vaine-
ment.
— Ah! coquine! disaient les uns.
— Ah 1 misérable 1 hurlaient les autres.
— Elle m'a assassiné 1 vociférait le blessé, qui
se tordait sur le sol. *
— C'est une voieuse !
— Non, c'est une belle de nuit de Ragen\'-
street. • , ..
— C'était sa maitresse. et elle l'a disait
► j - -• • -
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