Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-03-09
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 mars 1868 09 mars 1868
Description : 1868/03/09 (A3,N690). 1868/03/09 (A3,N690).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47176927
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
1
JOURNAL QUOTIDIEN
:i cent. le numéro
. 5 cent. le cuméin
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris Ii fr. 9 fr. 1 s fr.
Départements.. e . ii ee
Administrateur: E. DELSAUX.
1
3me année. — LUNDI 9 MAR| 4868. - N° 6190
Directeur- Propriétaire taire : JAN NIN.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNI.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, me Drouot 1
ADMINISTRATION : 13. place Breda.
PARIS, 8 MARS 1868.
CURIOSITÉS HISTORIQUES
Le baptème, le mariage et l'enter-
rement, au moyen age
Mon ami Augustin Challamel vient de pu-
olier, il lu librairie Hachette, le quatrième
voJl1mt!des Mémoires du peuple français.
J'ai déjà dit tout le bien q.ue je pensais de
ce livre excellent. Son auteur est un de ces
hommes, trop rares aujourd'hui, qui con-
sacrent leur vie tout entière à-une œuvre
utile, et qui ne demandent à leur,travail que
les joies pures du lettré. Quand je rencontre
un de ces savants consciencieux et modestes,
je me plais à crier son nom sur les toitm et je
remplis aussi le plus cher de ses vœjjx qui est
de voir vulgariser quelques-unes de se?
pages pour l'instruction de tous.
Je prends, dans le nouveau volume d'Au-
gustin CballÍJmel, le sujet d'une causerie de
îarême : les usages observés par nos père.-
pour les naissances, les mariages et les funé-
'aities.
Un nouveau-né, par le seul fait de sa pré-
sence, réconciliait souvent les familles désu-
nies depuis de longues années.
Dans sa joie 4ete mèïe, la châtelaine sc
montrait compatissante aux enfants de ses vas-
sales. Les seigneur, fier de posséder-un héri tier
faisait largesse à ses vassaux. Un Breton, à
tête dure, désireux de se venger, se mettait à
la poursuite de son ennemi, un lourd bâton
..le chêne à la mai-n. 11 le rencontrait portant
an enfant nouveau-né dans ses bras. Aus-
sitôt, le Lâton levé retombait, et le paysan
remettait sa vengeance.
Le jour du baptême était un jour de grande
fête. La foi naïve des premiers âges rayonnait,
sur tous les fronts, Un chrétien entrait dans
la vie, délivré de la tache originelle. Pour
porter l'enfant à l'église, on le revêtait d'une
robe blanche, symbole d'innocence, et, l'on
plaçait sur lui un morceau de pain , destiné
au premier pauvre que l'on rencontrerait,
nfiii que même*un inconnu partageât la j'oie
de LI famille. A Paris, et dans les grandes
. villes, on remplissait d'eau de rose de grands
vases. Je ne parle ni des dragées, ni des gâ-
teaux, ni des rasades en l'honneur de la
vmère'et du nouveau-né...
\
\Ala Cour, c'était une magnificence sans
bornes. D'abord, les courtisans se groupaient
ailtour du berceau. Puis, l'on se rendait en
grande pompe à Vincennes, où se trouvaient
Jj^s fonts baptismaux des enfants de France :
'une cuve de cuivre rouge, en forme de bas-
sin antique, toute couverte de plaques d'ar-
gent, « à personnages entaillés si nrtistement
qu'on y apercevaitle cuivre que par filet. »
Depuis les reines jusqu'aux plus pau-vres
sujettes, toutes les mères nourrissaient les en-
fants de leur lait. Blanche de Caslille, mère
du roi Louis IX, tomba malade en allaitant
son tï's.
— Prenez une nourrice, disaient les méde-
cins..
Elle répondit : — On ne m'ôtera jamais
le titre de mère que je tiens de Dieu et de la
nature. *
Par malheur, si le cœur était bon, les usa-
ges étaient mauvais : on emmaillotait les CIJ-
fants de manière à les pr'ÍYer'de l'upige de
leurs membres. Habitude Mpl Ol'.t1J: e, qui m
s'est que trop conservée dans les campagnes
aujourd'hui.
La misère et le libertinage faisaient dès lors
des victimes, et bien souvent sur le pavé des
villes on trouvait, au point du jour, de
pauvres enfants abandonnés. Mais hi cbari'é
publique ne leur faisait pas défaut. Dès le
douzième siècle, à Montpellier, une congré-
gation s'était formée pour recueillir les orphe-
lins et les élever dans. wl.hôrai.J.a¡.,Ma.rscille
avait suivi ce bon exemple. Pari, avait déjà
un hospice des enfants trouvés. Dans l'église
de Notre-Dame, à gauche, se trouvait un
bois de lit fixé au pavé, sur lequel, à de)- cer-
tains jours on plaçait, les nouveau-nés exposes
par leur mère, afin d'exciter la pitié des
ildèles. Les nourrices se tenaient à quelques
pas de là, auprès d'un bassin destiné à rece-
voir les aumônes.
Au quatorzième siècle, des dons privés
permirent de fonder l'hôpital des Enfants-
Bleus, à côté de l'hôtel-de-ville. 'Les petits
pensionnaires de cet établissement étaient
voués à la couleur dont ils portaient le
nom.
Au milieu de la nuit du moyen âge, et
parmi les effroyables abus de l'organisation
féodale, rien n'est plus consolant que de,
rencontrer de tels faits, rien qui plaide plus
en faveur de l'humanité que de tels exemples.
fc *\r -
Le fanage était une p!us grande, fête en-
core que le baptême.
Dans quelques provinces du.homme qui aspirait a la main d'une jeune
fille partait une out?e 3e vin chez les patents
de cettè dernière. Ne pas boire, c'était ne pas
accepter. Boire au contraire, c'était se mettre
dans l'impossibilité d'éconduire l'amoureux.
,D,irt les Londfs, le prétendant et ses deux
rnem: rs amis se présentaient chez ia jeune
fille & passaient la nuit à boire, à manger,
el raconter desTiistoires merveilJemes. Quand
raubMteolorait les vitres, la jeupe fille servait
le des",t-; et s'il y avait un plat de noix, cela.
signifiait l'pfus.
En-Bretagne, les tai lieurs jouaient le rôle
de courtiers en mariage. Déjà éloquents,
comme ils ie.Hont aujourd'hui, ils portaient
■a parole et iTnprovisaient'des vers nu nom des
galants, Ils mettaient une chausse rouge et
l'ault'ü bleue, et tenaient à la main une" bran-
r.lie -'de genêt. f
Un peu avant la noce, los montagnards des
Yo-gcs o fixaient une ponle blanche aux filles
s.'.ges qui se maria;pnt. felles dont la répu-
tatj^n n'était pas'intacte devaient se passer du
.prrse.nt.
A Castres, le jour même de la célébration
du ]{1arlilge, les jeunes gens volaient des
choux, et en . faisaient une soupe qu'ils of-
fraient aux mariés pendant la nuit. L'usage
voulait absolument que les choux fussent
volés; on n'a jamais pu savoir pourquoi.
fleurs et des épté^Siir les époux, — symbole
jffi prospérité. Dans d'autres, on donnait une
quenouille à la mariée, — symbole dtttravail.
Pans d'autres encore , le mari posait le
g- nou sur le tablier de la femme, —symbole
d'autorité. Dans les Basses-Alpes, la mariée,
arrivée à l'habitation de l'époux, recevait trois
petits pains : elle en donnait deux aux gens
de la maison, et un à ceux du dehors, —
symbole de prise de possession du logis. En
Bresse, la mère-de la fiancée donnait à sa
fille une pièce de toile qui devait servir à
l'ensevelir; dans l'acte de mariage, le mari
s'engageait à fournir à sa femme des robes
noires qu'elle porterait le jour des morts et
pour le deuil de ses père et mère,—symboles
religieux.
Dans toute la France, le chapel de roses
était la petite couronne que la jeune fille
portait à l'église; le chapel, chez les riches,
ébit parfois d'or ou d'argent. ici,, la jeune
fille revêtait un costume-blanc, là costume s
de couleur, là un costume noir.
Devant Je prêtre, le mari était toujours
censé constituer une dot à la fémTne. Entilt1ï1
remettant une pièce de monnaie, il pro-
nonçait ces paroles: — Je vous doue ;lu
douaire dont il a été convenu entre vosépa-
ienls et les miens, duquel ces deniers sbjrJ
la représentation... A Reims, l'époux, pré-
sentant l-'anneau nuptial à sa femme, te lui
plaçait d'abord sur le pouce et l'index, en di-
sant:— De cet anneau, je vous épouse... Il
touchait ensuite avec l'anneau le 'doigt du
milieu, et quand il le mettait au quatrième
doigt, il ajoutait: — Et, de mon corps je vous
honore... Quelquefois, en mettant l'anneau
successivement à "ébfïffie doigt, "depuis la
pouce jusqu'à l'annulair.er l'épofitfMéclamaif
les vers suivants: '4
Pa^cet anel l'Eglise enjoint
Quo nos deux cœurs soica' jointa
Par vray amour et loyale foy ; /
Pour tant je le mets en ce doy.
Sur les bords de l'Aisne et de l'Oise, si îet
nouveaux mariés n'avaient pns dl' maison,
les ouvriers du pays leur construisaient gra-
tuitement une chann!ière..
» Pratique fraternelle... 1
Partout, à la cérémonie religieuse sui-
daient les bombances. Les re; as- sans fin
avaient pour accompagnement inévitable les
chansons et !a danse. Depuis le premier jour
jusqu'au dernier, en neiifrtMwtlt que bo; 'e.
Lorsqu'on buvait le vin des fiançailles, le t'a—
tur é:ait tenu de faire raison à tous les con-
vives qui portaient des santés; de là le'pro-
verbe : « boire comme un flan cé. 1) *
Les danses étaient très-variées. La plus à
la mode était le '{l'ibury, « danse trois P is
plus magistrale et gaillard.' que nulle au!r(\ a
Je relève encore une coutume, la me'lleir^
à mon amis. '
Dansla Montagne noire, lorsqu'on condu isai t
la femme au logis du mari, la mère de cel'ti-f-i
remettait à sa bru an balai et une cruche La
mariée arrosait 'et balayait la chambre; pu's,
son devoir de ménagère rempli, elle se pla-
çait devant la maison, oyant d'un côté à sa
ceinture une pelote couverte d'éping'es ~t de
l'autre côté une bourse vide où les imites
déposaient leur offrande o pour payer les
épingles de la mariée. »
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
TROISIÈME PARTIE
NEWGATE. — LE CIMETIÈRE DES SUPPLICIÉS
XVIII
!\o 121
Li nomme gris avait le rare privilège de faire
passer . sa propre volonté dans le cœur des
autres.
Suzannah, qui tout à l'heure versait d'abon-
iurues larmes, avait fait un effort surhumain.
Ses larmes ne' coulaieat plus, et elle se seu-
Voir ie numéro du 22 novembre.
tait le courage d'entrer dans cette sombre pri- j
son de Newgate d'un pas ferme.
Le cab s'arrêta an numéro 9 d'Old Bailey.
L'autre dame des prisons attendait sous la
porte.
Elle s'élança dans le cab et dit d'une voix
émue :
— Bonjour, ma soeur !
Suzannah s'aperçut alors que cette femme
tremblait encore p'us qu'elle.
Elle était toute fluette, et, sous sa robe aux
plis,flottants, on devinait une taille frèle et dé-
licate, et quelques mèches de cheveux blonds
s'échappaient au travers du capuchon et du voile
noir.
La main, qu'elle tendit à Suzannah, était pe-
tite et mignonne, et la voix, que celle-ci venait
d'entendre, trahissait une toute jeune fille, pres-
que un enfant.
— A-New,-,ale ! dit Suzannah au cacher.
Il n'y avait guère que la rue à traverser et
cent pas à faire.
Cependant la dame dés prisons eut le temps
de dire quelques mots.
— Oh ! madame, madame, fit-elle en pres;"
sant.dans ses petites mains les mains de Suzan-
nah... savez-vous que j'ai bien peur?
— Ah! vous avez peur? dit Suzannah.
— Songez! reprit-elle. C'est la première fois....
* •
la première... Jusqu'à présent, je n'avais visité
qu,) des prisonniers ordinaires... Oh ! que je
voudrais pouvoir ne pas entrer dans ce terrible
cachot...
Suzannah tressaillit.
La jeune fille en voile noir, quelque fille de
lord sans doute et qui avait accepté une mission.
au-dessus de ses forces, semblait aller au-de-
vant de ses désirs.
Elle parlait de ne pas entrer dans le cachot...
Et Suzannah sentit son cœur battre à ou-
trance. ferait-elle donc seule avec Bulton ?
Le cab .s'arrêta devant la hideuse et sinistre
porte. v
Le cocher descendit et sonna.
Le portier-consigne ouvrit le guichet, recon-
nut à qui il avait affaire, fit courir les verrous
dans leurs gâches, et tourna l'énorme clé dans la
serrure.
La jeune fille était si émue qu'elle fut obligée,
en descendant du cab, de s'appuyer sur l'épaule
de Suzannah.
« L'Irlandaise se sentit plus forte de cette fai-
blesse ; elle comprit qu'elle avait désormais un
rôle de protection à jouer.
Les deux femmes pénétrèrent dans le sombre
parloir.
La jeune fille chancelait et sa main, qu'elle
avait nasses sur ip ferp dç Suaannah, fat prise
d'un tremblement nerveux, au moment où la
grille s'ouvrit.
— Ma sœur, ma sœur, disait-elle tout bas,
soutenèz-nvoi... je vous en p'rie...
— Venez, et soyez forte ! lui dit Suzannah.
Ce jovial sous gouverneur qu'on appelait sir
Robert M... était venu recevoir le, dames des
prison..s au seuil du corridor obscur qui condui-
sait au cachot du condamné.
— Mesdames, dit-il galamment, je crains
bien que votre visite ne soit inutile..
— Inutile! dit Suzar.nah.
— Pourquoi? fit la jeune fille qui chancelait
de plus en plus.
Mais parce que le condamné est une bête
fauve qui ne cesse de hurler et de blasphémer,
et refuse toute consolation, répondit sir Ho-
bert.
— Oh! mon Dieu! fit la jeune fille.
— Tout à l'heure, reprit le sous-gouverneur,
le révérend master Blaumfields a voulu lui pro-
diguer des consolations. Il a injurié le prêtre.
La jeune fille tremblait de i!lus en plus,
et Suzannah était presque obligée de la por-
ter.
Quand ils furent au bout du corridor, des hur.
iements parvinrent à len' 9 oreilles.
C'était Bulton qoi criait et Masptesœsil»
1
JOURNAL QUOTIDIEN
:i cent. le numéro
. 5 cent. le cuméin
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. Un an.
Paris Ii fr. 9 fr. 1 s fr.
Départements.. e . ii ee
Administrateur: E. DELSAUX.
1
3me année. — LUNDI 9 MAR| 4868. - N° 6190
Directeur- Propriétaire taire : JAN NIN.
Rédacteur en chef: A. DE BALATHIER BRAGELONNI.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, me Drouot 1
ADMINISTRATION : 13. place Breda.
PARIS, 8 MARS 1868.
CURIOSITÉS HISTORIQUES
Le baptème, le mariage et l'enter-
rement, au moyen age
Mon ami Augustin Challamel vient de pu-
olier, il lu librairie Hachette, le quatrième
voJl1mt!des Mémoires du peuple français.
J'ai déjà dit tout le bien q.ue je pensais de
ce livre excellent. Son auteur est un de ces
hommes, trop rares aujourd'hui, qui con-
sacrent leur vie tout entière à-une œuvre
utile, et qui ne demandent à leur,travail que
les joies pures du lettré. Quand je rencontre
un de ces savants consciencieux et modestes,
je me plais à crier son nom sur les toitm et je
remplis aussi le plus cher de ses vœjjx qui est
de voir vulgariser quelques-unes de se?
pages pour l'instruction de tous.
Je prends, dans le nouveau volume d'Au-
gustin CballÍJmel, le sujet d'une causerie de
îarême : les usages observés par nos père.-
pour les naissances, les mariages et les funé-
'aities.
Un nouveau-né, par le seul fait de sa pré-
sence, réconciliait souvent les familles désu-
nies depuis de longues années.
Dans sa joie 4ete mèïe, la châtelaine sc
montrait compatissante aux enfants de ses vas-
sales. Les seigneur, fier de posséder-un héri tier
faisait largesse à ses vassaux. Un Breton, à
tête dure, désireux de se venger, se mettait à
la poursuite de son ennemi, un lourd bâton
..le chêne à la mai-n. 11 le rencontrait portant
an enfant nouveau-né dans ses bras. Aus-
sitôt, le Lâton levé retombait, et le paysan
remettait sa vengeance.
Le jour du baptême était un jour de grande
fête. La foi naïve des premiers âges rayonnait,
sur tous les fronts, Un chrétien entrait dans
la vie, délivré de la tache originelle. Pour
porter l'enfant à l'église, on le revêtait d'une
robe blanche, symbole d'innocence, et, l'on
plaçait sur lui un morceau de pain , destiné
au premier pauvre que l'on rencontrerait,
nfiii que même*un inconnu partageât la j'oie
de LI famille. A Paris, et dans les grandes
. villes, on remplissait d'eau de rose de grands
vases. Je ne parle ni des dragées, ni des gâ-
teaux, ni des rasades en l'honneur de la
vmère'et du nouveau-né...
\
\Ala Cour, c'était une magnificence sans
bornes. D'abord, les courtisans se groupaient
ailtour du berceau. Puis, l'on se rendait en
grande pompe à Vincennes, où se trouvaient
Jj^s fonts baptismaux des enfants de France :
'une cuve de cuivre rouge, en forme de bas-
sin antique, toute couverte de plaques d'ar-
gent, « à personnages entaillés si nrtistement
qu'on y apercevaitle cuivre que par filet. »
Depuis les reines jusqu'aux plus pau-vres
sujettes, toutes les mères nourrissaient les en-
fants de leur lait. Blanche de Caslille, mère
du roi Louis IX, tomba malade en allaitant
son tï's.
— Prenez une nourrice, disaient les méde-
cins..
Elle répondit : — On ne m'ôtera jamais
le titre de mère que je tiens de Dieu et de la
nature. *
Par malheur, si le cœur était bon, les usa-
ges étaient mauvais : on emmaillotait les CIJ-
fants de manière à les pr'ÍYer'de l'upige de
leurs membres. Habitude Mpl Ol'.t1J: e, qui m
s'est que trop conservée dans les campagnes
aujourd'hui.
La misère et le libertinage faisaient dès lors
des victimes, et bien souvent sur le pavé des
villes on trouvait, au point du jour, de
pauvres enfants abandonnés. Mais hi cbari'é
publique ne leur faisait pas défaut. Dès le
douzième siècle, à Montpellier, une congré-
gation s'était formée pour recueillir les orphe-
lins et les élever dans. wl.hôrai.J.a¡.,Ma.rscille
avait suivi ce bon exemple. Pari, avait déjà
un hospice des enfants trouvés. Dans l'église
de Notre-Dame, à gauche, se trouvait un
bois de lit fixé au pavé, sur lequel, à de)- cer-
tains jours on plaçait, les nouveau-nés exposes
par leur mère, afin d'exciter la pitié des
ildèles. Les nourrices se tenaient à quelques
pas de là, auprès d'un bassin destiné à rece-
voir les aumônes.
Au quatorzième siècle, des dons privés
permirent de fonder l'hôpital des Enfants-
Bleus, à côté de l'hôtel-de-ville. 'Les petits
pensionnaires de cet établissement étaient
voués à la couleur dont ils portaient le
nom.
Au milieu de la nuit du moyen âge, et
parmi les effroyables abus de l'organisation
féodale, rien n'est plus consolant que de,
rencontrer de tels faits, rien qui plaide plus
en faveur de l'humanité que de tels exemples.
fc *\r -
Le fanage était une p!us grande, fête en-
core que le baptême.
Dans quelques provinces du
fille partait une out?e 3e vin chez les patents
de cettè dernière. Ne pas boire, c'était ne pas
accepter. Boire au contraire, c'était se mettre
dans l'impossibilité d'éconduire l'amoureux.
,D,irt les Londfs, le prétendant et ses deux
rnem: rs amis se présentaient chez ia jeune
fille & passaient la nuit à boire, à manger,
el raconter desTiistoires merveilJemes. Quand
raubMteolorait les vitres, la jeupe fille servait
le des",t-; et s'il y avait un plat de noix, cela.
signifiait l'pfus.
En-Bretagne, les tai lieurs jouaient le rôle
de courtiers en mariage. Déjà éloquents,
comme ils ie.Hont aujourd'hui, ils portaient
■a parole et iTnprovisaient'des vers nu nom des
galants, Ils mettaient une chausse rouge et
l'ault'ü bleue, et tenaient à la main une" bran-
r.lie -'de genêt. f
Un peu avant la noce, los montagnards des
Yo-gcs o fixaient une ponle blanche aux filles
s.'.ges qui se maria;pnt. felles dont la répu-
tatj^n n'était pas'intacte devaient se passer du
.prrse.nt.
A Castres, le jour même de la célébration
du ]{1arlilge, les jeunes gens volaient des
choux, et en . faisaient une soupe qu'ils of-
fraient aux mariés pendant la nuit. L'usage
voulait absolument que les choux fussent
volés; on n'a jamais pu savoir pourquoi.
fleurs et des épté^Siir les époux, — symbole
jffi prospérité. Dans d'autres, on donnait une
quenouille à la mariée, — symbole dtttravail.
Pans d'autres encore , le mari posait le
g- nou sur le tablier de la femme, —symbole
d'autorité. Dans les Basses-Alpes, la mariée,
arrivée à l'habitation de l'époux, recevait trois
petits pains : elle en donnait deux aux gens
de la maison, et un à ceux du dehors, —
symbole de prise de possession du logis. En
Bresse, la mère-de la fiancée donnait à sa
fille une pièce de toile qui devait servir à
l'ensevelir; dans l'acte de mariage, le mari
s'engageait à fournir à sa femme des robes
noires qu'elle porterait le jour des morts et
pour le deuil de ses père et mère,—symboles
religieux.
Dans toute la France, le chapel de roses
était la petite couronne que la jeune fille
portait à l'église; le chapel, chez les riches,
ébit parfois d'or ou d'argent. ici,, la jeune
fille revêtait un costume-blanc, là costume s
de couleur, là un costume noir.
Devant Je prêtre, le mari était toujours
censé constituer une dot à la fémTne. Entilt1ï1
remettant une pièce de monnaie, il pro-
nonçait ces paroles: — Je vous doue ;lu
douaire dont il a été convenu entre vosépa-
ienls et les miens, duquel ces deniers sbjrJ
la représentation... A Reims, l'époux, pré-
sentant l-'anneau nuptial à sa femme, te lui
plaçait d'abord sur le pouce et l'index, en di-
sant:— De cet anneau, je vous épouse... Il
touchait ensuite avec l'anneau le 'doigt du
milieu, et quand il le mettait au quatrième
doigt, il ajoutait: — Et, de mon corps je vous
honore... Quelquefois, en mettant l'anneau
successivement à "ébfïffie doigt, "depuis la
pouce jusqu'à l'annulair.er l'épofitfMéclamaif
les vers suivants: '4
Pa^cet anel l'Eglise enjoint
Quo nos deux cœurs soica' jointa
Par vray amour et loyale foy ; /
Pour tant je le mets en ce doy.
Sur les bords de l'Aisne et de l'Oise, si îet
nouveaux mariés n'avaient pns dl' maison,
les ouvriers du pays leur construisaient gra-
tuitement une chann!ière..
» Pratique fraternelle... 1
Partout, à la cérémonie religieuse sui-
daient les bombances. Les re; as- sans fin
avaient pour accompagnement inévitable les
chansons et !a danse. Depuis le premier jour
jusqu'au dernier, en neiifrtMwtlt que bo; 'e.
Lorsqu'on buvait le vin des fiançailles, le t'a—
tur é:ait tenu de faire raison à tous les con-
vives qui portaient des santés; de là le'pro-
verbe : « boire comme un flan cé. 1) *
Les danses étaient très-variées. La plus à
la mode était le '{l'ibury, « danse trois P is
plus magistrale et gaillard.' que nulle au!r(\ a
Je relève encore une coutume, la me'lleir^
à mon amis. '
Dansla Montagne noire, lorsqu'on condu isai t
la femme au logis du mari, la mère de cel'ti-f-i
remettait à sa bru an balai et une cruche La
mariée arrosait 'et balayait la chambre; pu's,
son devoir de ménagère rempli, elle se pla-
çait devant la maison, oyant d'un côté à sa
ceinture une pelote couverte d'éping'es ~t de
l'autre côté une bourse vide où les imites
déposaient leur offrande o pour payer les
épingles de la mariée. »
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
TROISIÈME PARTIE
NEWGATE. — LE CIMETIÈRE DES SUPPLICIÉS
XVIII
!\o 121
Li nomme gris avait le rare privilège de faire
passer . sa propre volonté dans le cœur des
autres.
Suzannah, qui tout à l'heure versait d'abon-
iurues larmes, avait fait un effort surhumain.
Ses larmes ne' coulaieat plus, et elle se seu-
Voir ie numéro du 22 novembre.
tait le courage d'entrer dans cette sombre pri- j
son de Newgate d'un pas ferme.
Le cab s'arrêta an numéro 9 d'Old Bailey.
L'autre dame des prisons attendait sous la
porte.
Elle s'élança dans le cab et dit d'une voix
émue :
— Bonjour, ma soeur !
Suzannah s'aperçut alors que cette femme
tremblait encore p'us qu'elle.
Elle était toute fluette, et, sous sa robe aux
plis,flottants, on devinait une taille frèle et dé-
licate, et quelques mèches de cheveux blonds
s'échappaient au travers du capuchon et du voile
noir.
La main, qu'elle tendit à Suzannah, était pe-
tite et mignonne, et la voix, que celle-ci venait
d'entendre, trahissait une toute jeune fille, pres-
que un enfant.
— A-New,-,ale ! dit Suzannah au cacher.
Il n'y avait guère que la rue à traverser et
cent pas à faire.
Cependant la dame dés prisons eut le temps
de dire quelques mots.
— Oh ! madame, madame, fit-elle en pres;"
sant.dans ses petites mains les mains de Suzan-
nah... savez-vous que j'ai bien peur?
— Ah! vous avez peur? dit Suzannah.
— Songez! reprit-elle. C'est la première fois....
* •
la première... Jusqu'à présent, je n'avais visité
qu,) des prisonniers ordinaires... Oh ! que je
voudrais pouvoir ne pas entrer dans ce terrible
cachot...
Suzannah tressaillit.
La jeune fille en voile noir, quelque fille de
lord sans doute et qui avait accepté une mission.
au-dessus de ses forces, semblait aller au-de-
vant de ses désirs.
Elle parlait de ne pas entrer dans le cachot...
Et Suzannah sentit son cœur battre à ou-
trance. ferait-elle donc seule avec Bulton ?
Le cab .s'arrêta devant la hideuse et sinistre
porte. v
Le cocher descendit et sonna.
Le portier-consigne ouvrit le guichet, recon-
nut à qui il avait affaire, fit courir les verrous
dans leurs gâches, et tourna l'énorme clé dans la
serrure.
La jeune fille était si émue qu'elle fut obligée,
en descendant du cab, de s'appuyer sur l'épaule
de Suzannah.
« L'Irlandaise se sentit plus forte de cette fai-
blesse ; elle comprit qu'elle avait désormais un
rôle de protection à jouer.
Les deux femmes pénétrèrent dans le sombre
parloir.
La jeune fille chancelait et sa main, qu'elle
avait nasses sur ip ferp dç Suaannah, fat prise
d'un tremblement nerveux, au moment où la
grille s'ouvrit.
— Ma sœur, ma sœur, disait-elle tout bas,
soutenèz-nvoi... je vous en p'rie...
— Venez, et soyez forte ! lui dit Suzannah.
Ce jovial sous gouverneur qu'on appelait sir
Robert M... était venu recevoir le, dames des
prison..s au seuil du corridor obscur qui condui-
sait au cachot du condamné.
— Mesdames, dit-il galamment, je crains
bien que votre visite ne soit inutile..
— Inutile! dit Suzar.nah.
— Pourquoi? fit la jeune fille qui chancelait
de plus en plus.
Mais parce que le condamné est une bête
fauve qui ne cesse de hurler et de blasphémer,
et refuse toute consolation, répondit sir Ho-
bert.
— Oh! mon Dieu! fit la jeune fille.
— Tout à l'heure, reprit le sous-gouverneur,
le révérend master Blaumfields a voulu lui pro-
diguer des consolations. Il a injurié le prêtre.
La jeune fille tremblait de i!lus en plus,
et Suzannah était presque obligée de la por-
ter.
Quand ils furent au bout du corridor, des hur.
iements parvinrent à len' 9 oreilles.
C'était Bulton qoi criait et Masptesœsil»
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