Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-02-07
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 février 1868 07 février 1868
Description : 1868/02/07 (A3,N659). 1868/02/07 (A3,N659).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717661p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
H cenL le uafiîéro
JOURNAL QUOTIDIEN .
Î
S cent. le numéro
ABOr;NEMr,NTS. — Trois mois. Six mois. In an.
Paris. - Z» fr. 9 fr. 1 s fr.
Départements.. CD il
Administrateur: E. DE^LSAUX. I» 1
1me annép. - VENDREDI 7 FEVRIER 1868. - No 659
&
Directeur-Propriétaire : JAÏÏNIN.
Rédacteur en chef : A. DE BALATHIER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, ra« Droiioi.
ADMINISTRATION : 13, place Bred-a.
PARIS, 6 FEVRIER 1868.
CAUSERIE
D'Artagnan. — Alexandre Dumas.
— Les matinées italiennes. —
Mme Urbain Rattazzi. — Courrier
de la PETITE PRESSE.
D'Artagnan et son cheval janVi
. Ces mots magiques évoquent toute une série
de souvenirs.
C'est d'abord, dans un petit castel gascon,
un vieux gentilhomme qui fait ses adieux à
son fils. Il lui donne quinze écus, un bidet,
une lettre de recommandation, et l'envoie
faire fortune à Paris.
— Mon fils, lui dit-il, en montrant le bidet
avec un geste plein de dignité, ce cheval est
né dans la maison de votre père il y a tantôt
treize ans, et y est resté depuis ce temps-là,
ce qui doit vous porter à l'aimer. Ne le vendez
jamais, laissez-le mourir tranquillement qt
honorablement de vieillesse *, et si vous laites
campagne avec lui, ménagez-le comme vous
ménageriez un vieux serviteur. A la cour, si
toutefois vous avez l'honneur d'y aller, hon-
neur auquel, du reste, votre vieille noblesse
vous donne des droits, soutenez dignement '
votre nom de gentilhomme, qui a été porté
dignement par vos ancêtres depuis plus de
cinq cents ans, et pour vous et pour les
vôtres... Ne supportez jamais rien que de
M. le cardinal et du Toi.
«C'est par son courage, entendez-vous bien,
par son courage seul, qu'un gentilhomme fait
son chemin aujourd'hui... Vous êtes jeune,
vous devez être brave par deux raisons: la
* première, c'est que vous êtes Gascon ; et 'la
seconde, c'est que vous ètes mon fils. Ne
craignez pas les occasions et cherchez les aven-
tures. Je vous ai fait apprendre à manier
t'épée; vous avez un jarret de fer, un poignet
d'acier ; battez-vous à tout. propos ; battez-
vous d'autant plus que les duels sont dé-
fendus, et que, par conséquent, il y a deux
fois du courage à se battre. Je n'ai, mon fils,
à vous donner que quinze écus, mon cheval
et les conseils que vous venez d'entendre.
Votre mère y ajoutera la recette d'un certain
baume qu'elle tient d'une bohémienne, et qui
~ une vertu miraculeuse pour guérir toute
blessure qui n'atteint pas le cœur. Faites
votre profit du tout, et vivez heureusement
et longtemps...
Sur quoi, M. d'Artagnan père ceignit à son
fils sa propre épée, l'embrassa tendrement
sur les deux joues, et lui donna sa béné-
diction.
Ceci se passait au mois d'avril 1625.
Le cadet de Béarn arriva, non sàns encom-
bre dans le Paris de Louis XIII et de Riche-
lieu, où il débuta par être soldat aux gardes.
Un peu plus tard, il passa aux mousque-
taires, et, après cinquante ans d'aventures
merveilleuses, il mourut maréchal de France
sous Louis XIV.
Ces aventures, elles tiennent vingt volu-
mes, et, depuis vingt-cinq ans, elles ont en-
chanté, amusé, instruit quatre millions de
lecteurs.
Je ne sais qu'un nom plus populaire en
France que celui de d'Artagnan, c'est celui
de son historien, — Alexandre Dumas.
Chaque année, cet éternel jeune homme
entreprend une nouvelle campagne. Tantôt,
c'est un roman en dix volumes, écrit en un
été ; tantôt c'est un grand drame improvisé en
huit jours ; tantôt enfin, comme aujourd'hui,
c'est un journal en tête duquel, campé sur sa
rosse légendaire, le d'Artagnan des b->mx
jours fait son entrée dans Paris, au milieu
des femmes qui sourient, des hommes qui
rient, des gamins qui crient et des chiens qui
aboient...
Nous autres, qui tenons une plume, nous
nous mettons aux fenêtres et nous souhai-
tons à l'envi la bienvenue au brave cadet.
Ne nous apporte-t-il pas, dans sa valise, tout
un bagage de romans, de causeries et de sou-
venirs ?
Les souvenirs et les causeries sont d'A-
lexandre Dumas. Les romans sont de sa
fille : D'Artagnan est bien sùr de faire son
chemin.
L'auteur des Blancs et des Bleus, que vous
avez admiré, et qu'il vous sera donné d'admi-
rer encore dans la Petite Presse, m'écrit pour
me prier de vous recommander son journal.
D'Artagnan paraît trois fois par semaine ;
l'abonnement coûte quinze francs par an, et
l'on s'abonne, 5, place de la Bourse...
Mais à quoi bon vous répéter ce que tout
Paris sait. déjà? Deux numéros du journal
d'Alpxandre Dumas ont part;. Cela suffit.
: ., Soa.suocts est certain. , "' ;
Les Matinées italiennes, tel est, le titre d'un
autre recueil 'nouveau, auquel il convienT
également de fawe fête.
Ces Matinées paraissent à Florence; mais
elles sont rédigées en français par une Fran-
çaise, la petite-fille de Lucien Bonaparte,
madame .Urbain Rattazzi.
Grâce à elles, nous connaîtrons les arts,
la littérature et les anecdotes de l'autre côté
des Alpes. Il nous arrivera, à nous frileux,
quelques rayons du soleil „de Florence et de
Naples. Les promeneurs des Cascines et de la
rue de Tolèdé recevront,également de nos nou-
velles. Ce journal international; imprimé dans
un pays, écrit dans la langue d'un autre, est
mieux qu'une création littéraire, c'est un
symbole d'amitié entre deux nations... ■>
/ ' » 'i 1
'
Plusieurs d'entre vous, chers lecteurs,
m'ont éfcrit pour me demander pourquoi j'a-
vais perdu la bonne habitude de répondre
aux lettres qui m'était adressées. Je n'ai pas
perdu cette habitildfeiretrje. désire au contraire
la conserver. Je serai toujours heureux de ré-
pondre aux questions qu'on voudra bien me
poser, et de tenir compta -'des observations
qu'on voudra bien me faire. Mais je viens
d'être malade pendant deux mois, et je dois
avouer que, durant cet espace de temps, les
lettres que j'ai reçues se sont amoncelées sur
mon bureau d'une- façon vraiment ef-
frayante.
Je réponds aujourd'hui à quelques-unes, et
je m'efforcerai, dans le courant du mois, de
répondre à toutes.
Je commence par la fin.
M. Léon Bourdon, président de la Société
des Francs-Tireurs de France, me remercie
de mon article, tout en en discutant les cri-
tiques.
Je ne puis reproduire sa lettre tout entière;
mais il est un point sur lequel je suis heu-
reux de lui donner satisfaction.
J'avais sous les yeux les épreuves des
statufs de la Société, et non les statuts
définitifs. Or, les épreuves disaient que le
comité directeur était nommé pour trois ans,
tandis que les statuts déclarent qu'il ne l'est
que pour un an.
J'avais oublié aussi de donner l'adresse
de la Société. Un groupe d'abonnés de la
Petite Presse, désireux de devenir francs-
tireurs, me demande cette adresse. Je- m'em-
presse de répondre Î — Rue de Mirottiétiil,
no 47.
9 ... - .
En parlant des bureaux de pricpnTf-nt,. rà
eu le mérite d'exprimer les idées d'un gram
nombre d'intéressés. < •
M. Wagner, membre de la Société e-.econr:
mutuels des ouvriers boulange;;r, veut bie-t
m'apprendre que cette société compte quatri
mille sept cents membre-., et q'j'el'e possède
cinq bureaux de placement gratuit qui fonc-
tionnent avec activité.
'.:H l^iti^i un excellent exemple à suivre pour
tous-les autres corps d'état.
Un autre correspondant, M. BerLevnIe,
membre de l'Etoile, une des associations des
garçons-restaurateurs et limonadiers de Pans,
m'écrit à ce même sujet. L'Etoile aussi
créé un bureau de placement gratuit,, mftisv
pour réussir, la Société à sou début a befcorri
de publicité. Il faut que. les patrons sachent"
où est situé ce bureau,, comme ils savent où
sont situés ceux des placeurs.
Encore une adresse que j.) donne avec em-
pressemeut : — 33, rue Coquillière.
Il faut que les associations sachent blen
qu'elles ont dans la Petite Presse un véritable
Moniteur.
D'ici à peu de temps, je m'occuperai des
sociétés coopératives de la province, comme'
celles de Bar-le-Duc et du Mans, qui sont en
pleine prospérité.
Il y a partout, en ce moment, une tendance
à abolir les. monopoles qui ne saurait ê;.ie
trop encouragée.
Dimanche, la Société des Gens de Lettres
a décidé qu'une partie de son fonds social
pourrait être aliénée, à la double fin de créer
une caisse de crédit littéraire, et, au besoin,
une librairie.
Aujourd'hui, j'apprends que l'excellent
imprimeur Rochette, boulevard Montparnasse,
fonde une agence qui permettra aux auteurs
et aux compositeurs s'éditant eux-mêmes ,
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
XXIV
1 90 90
John Golden était, en effet, assez grièvement
blessé.
Cependant ce même chirurgien qui se vantait
d'appartenir à une société philanthropique, ce
qui ne l'avait pas empêché d'envoyer Ralph au
moulin, avait déclaré que la blessure n'était pas
mortelle et que Calcraff, le bourreau de Lon-
dres, ne perdrait rien pour attendre.
Voir le numérodu. 22 novembre
L'Irlandais était un de ces hommes à la foi
robuste qui savent mourir pour une cause et ne
la compromettent jamais par des révélations.
Par l'interrogatoire qu'on avait essayé de lui
faije subir, il avait compris que Bardel était ac-
cusé.
Des lors, de peur de le compromettre encore
dàvancâ^e, il s'était retranché dans un mutisme
absolu qu'on pouvait prendre, à la rigueur, pour ;
le résultat de sa faiblesse extrême.
Mais la scène changea quand le prétendu
agent^de police de Liverpool, M. Simouns,
l'homme en qui on avait si grande confiance,
en.tra dans sa cellule.
Bien que le fameux habit eût disparu pour
faire place à la tunique courte du policeman,
John Golden reconnut sur-le-champ l'homme
gris.
Il le reconnut au regard, au geste, à la voix,
et il se dit :
— J'ai eu raison d'avoir confiance en cet
homme, il est plus puissant que tous ceux qui
sont ici.
L'homme gris était accompagné du directeur.
Sur un simple signe qu'il lui fit, ce dernier fit
retirer les deux gardiens qui les suivaient.\
I Alors l'homme gris et le gouverneur demeurè-
1 rent seuls .au chevet de John Golden.
— Comment te nommes-tu? dit le prétendu
M. Simouns.
— John Golden, répondit le blessé.
— Tu dois être Irlandais ?
— Oui.
L'homme gris se tourna vers le gouver-
neur :
— Je gage, dit-il, que si je l'interroge dans ce
patois des côtes d'Irlande qui est cher à tous ces
gens-là, il me répondra.
— Savez-vous donc cet idiome? demanda le
gouverneur.
Un agent de police doit tout savoir.
Alors, faites... dit le gouverneur sans dé-
fiance. j
— John Colden, dit alors l'homme gris se
servant du langage dont il venait de "parler, il
faut sauver M. Bardel. Il faut répondre au gou-
verneur, dire que M. Whip était coupable et que
M. Bardel était innocent. |
— S'il en est ainsi, répondit John, c'est fa-
cile; car j'ai déjà. deviné ce qui se passait et j'ai
imaginé une bonne histoire.
— Que dit-il ? demanda le gouverneur.
— Il dit, répondit le prétendu M. Simouns
que si on veut lui promettre' de le traiter avec
douceur et lui donner un verre de grog, car il a
bien soif, il dira toute la vérité.
— Accordé, dit le gouverneur., du le traitera
comme tous les malades, et ce n est que lors- ;
qu'il sera rétabli qu'on le livrera à la justice,
pour qu'il soit statué sur son sort.
John leva sur le gouverneur un regard recon-
naissant.
L'homme gris lui dit encore, en patois irlan-
dais :
— Tâche de compromettre un certain Jona..
than, qui est un gredin et un ennemi personnel
de M. Bardel.
— Ce sera fait, répondit John Goidsn.
— Que dit-il? fit de nouveau le gouverneur.
— Il dit, répondit l'homme gris, qu'il croit
sa blessure mortelle et qu ':l espère qu 'on le
laissera mourir en paix ici, au iieu de le livrer
à Calcraff.
— Voilà, répondit le gouverneur, qui n'est
nullement de ma compétence.
L'homme gris reprit, mais cette fois en an-
glais :
Consentez-vous, Jéhn, à dire la vérité ?
Sans rien préjuger des décisions de la justice,
il est probable cependant, j'ose l'affirmer,qu'elle
vous tiendra compte de vos aveux.
John Colden fit un signe affirmatif.
Alors le gouverneur ouvrit la porte de la cel-
lule, fit rentrer un des gardiens et lui donna
l'ordre de prendre une plume et d'écrire, au faï
et à mesura, la déu\>;Si0':)n. 1'mHns;:,
H cenL le uafiîéro
JOURNAL QUOTIDIEN .
Î
S cent. le numéro
ABOr;NEMr,NTS. — Trois mois. Six mois. In an.
Paris. - Z» fr. 9 fr. 1 s fr.
Départements.. CD il
Administrateur: E. DE^LSAUX. I» 1
1me annép. - VENDREDI 7 FEVRIER 1868. - No 659
&
Directeur-Propriétaire : JAÏÏNIN.
Rédacteur en chef : A. DE BALATHIER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9, ra« Droiioi.
ADMINISTRATION : 13, place Bred-a.
PARIS, 6 FEVRIER 1868.
CAUSERIE
D'Artagnan. — Alexandre Dumas.
— Les matinées italiennes. —
Mme Urbain Rattazzi. — Courrier
de la PETITE PRESSE.
D'Artagnan et son cheval janVi
. Ces mots magiques évoquent toute une série
de souvenirs.
C'est d'abord, dans un petit castel gascon,
un vieux gentilhomme qui fait ses adieux à
son fils. Il lui donne quinze écus, un bidet,
une lettre de recommandation, et l'envoie
faire fortune à Paris.
— Mon fils, lui dit-il, en montrant le bidet
avec un geste plein de dignité, ce cheval est
né dans la maison de votre père il y a tantôt
treize ans, et y est resté depuis ce temps-là,
ce qui doit vous porter à l'aimer. Ne le vendez
jamais, laissez-le mourir tranquillement qt
honorablement de vieillesse *, et si vous laites
campagne avec lui, ménagez-le comme vous
ménageriez un vieux serviteur. A la cour, si
toutefois vous avez l'honneur d'y aller, hon-
neur auquel, du reste, votre vieille noblesse
vous donne des droits, soutenez dignement '
votre nom de gentilhomme, qui a été porté
dignement par vos ancêtres depuis plus de
cinq cents ans, et pour vous et pour les
vôtres... Ne supportez jamais rien que de
M. le cardinal et du Toi.
«C'est par son courage, entendez-vous bien,
par son courage seul, qu'un gentilhomme fait
son chemin aujourd'hui... Vous êtes jeune,
vous devez être brave par deux raisons: la
* première, c'est que vous êtes Gascon ; et 'la
seconde, c'est que vous ètes mon fils. Ne
craignez pas les occasions et cherchez les aven-
tures. Je vous ai fait apprendre à manier
t'épée; vous avez un jarret de fer, un poignet
d'acier ; battez-vous à tout. propos ; battez-
vous d'autant plus que les duels sont dé-
fendus, et que, par conséquent, il y a deux
fois du courage à se battre. Je n'ai, mon fils,
à vous donner que quinze écus, mon cheval
et les conseils que vous venez d'entendre.
Votre mère y ajoutera la recette d'un certain
baume qu'elle tient d'une bohémienne, et qui
~ une vertu miraculeuse pour guérir toute
blessure qui n'atteint pas le cœur. Faites
votre profit du tout, et vivez heureusement
et longtemps...
Sur quoi, M. d'Artagnan père ceignit à son
fils sa propre épée, l'embrassa tendrement
sur les deux joues, et lui donna sa béné-
diction.
Ceci se passait au mois d'avril 1625.
Le cadet de Béarn arriva, non sàns encom-
bre dans le Paris de Louis XIII et de Riche-
lieu, où il débuta par être soldat aux gardes.
Un peu plus tard, il passa aux mousque-
taires, et, après cinquante ans d'aventures
merveilleuses, il mourut maréchal de France
sous Louis XIV.
Ces aventures, elles tiennent vingt volu-
mes, et, depuis vingt-cinq ans, elles ont en-
chanté, amusé, instruit quatre millions de
lecteurs.
Je ne sais qu'un nom plus populaire en
France que celui de d'Artagnan, c'est celui
de son historien, — Alexandre Dumas.
Chaque année, cet éternel jeune homme
entreprend une nouvelle campagne. Tantôt,
c'est un roman en dix volumes, écrit en un
été ; tantôt c'est un grand drame improvisé en
huit jours ; tantôt enfin, comme aujourd'hui,
c'est un journal en tête duquel, campé sur sa
rosse légendaire, le d'Artagnan des b->mx
jours fait son entrée dans Paris, au milieu
des femmes qui sourient, des hommes qui
rient, des gamins qui crient et des chiens qui
aboient...
Nous autres, qui tenons une plume, nous
nous mettons aux fenêtres et nous souhai-
tons à l'envi la bienvenue au brave cadet.
Ne nous apporte-t-il pas, dans sa valise, tout
un bagage de romans, de causeries et de sou-
venirs ?
Les souvenirs et les causeries sont d'A-
lexandre Dumas. Les romans sont de sa
fille : D'Artagnan est bien sùr de faire son
chemin.
L'auteur des Blancs et des Bleus, que vous
avez admiré, et qu'il vous sera donné d'admi-
rer encore dans la Petite Presse, m'écrit pour
me prier de vous recommander son journal.
D'Artagnan paraît trois fois par semaine ;
l'abonnement coûte quinze francs par an, et
l'on s'abonne, 5, place de la Bourse...
Mais à quoi bon vous répéter ce que tout
Paris sait. déjà? Deux numéros du journal
d'Alpxandre Dumas ont part;. Cela suffit.
: ., Soa.suocts est certain. , "' ;
Les Matinées italiennes, tel est, le titre d'un
autre recueil 'nouveau, auquel il convienT
également de fawe fête.
Ces Matinées paraissent à Florence; mais
elles sont rédigées en français par une Fran-
çaise, la petite-fille de Lucien Bonaparte,
madame .Urbain Rattazzi.
Grâce à elles, nous connaîtrons les arts,
la littérature et les anecdotes de l'autre côté
des Alpes. Il nous arrivera, à nous frileux,
quelques rayons du soleil „de Florence et de
Naples. Les promeneurs des Cascines et de la
rue de Tolèdé recevront,également de nos nou-
velles. Ce journal international; imprimé dans
un pays, écrit dans la langue d'un autre, est
mieux qu'une création littéraire, c'est un
symbole d'amitié entre deux nations... ■>
/ ' » 'i 1
'
Plusieurs d'entre vous, chers lecteurs,
m'ont éfcrit pour me demander pourquoi j'a-
vais perdu la bonne habitude de répondre
aux lettres qui m'était adressées. Je n'ai pas
perdu cette habitildfeiretrje. désire au contraire
la conserver. Je serai toujours heureux de ré-
pondre aux questions qu'on voudra bien me
poser, et de tenir compta -'des observations
qu'on voudra bien me faire. Mais je viens
d'être malade pendant deux mois, et je dois
avouer que, durant cet espace de temps, les
lettres que j'ai reçues se sont amoncelées sur
mon bureau d'une- façon vraiment ef-
frayante.
Je réponds aujourd'hui à quelques-unes, et
je m'efforcerai, dans le courant du mois, de
répondre à toutes.
Je commence par la fin.
M. Léon Bourdon, président de la Société
des Francs-Tireurs de France, me remercie
de mon article, tout en en discutant les cri-
tiques.
Je ne puis reproduire sa lettre tout entière;
mais il est un point sur lequel je suis heu-
reux de lui donner satisfaction.
J'avais sous les yeux les épreuves des
statufs de la Société, et non les statuts
définitifs. Or, les épreuves disaient que le
comité directeur était nommé pour trois ans,
tandis que les statuts déclarent qu'il ne l'est
que pour un an.
J'avais oublié aussi de donner l'adresse
de la Société. Un groupe d'abonnés de la
Petite Presse, désireux de devenir francs-
tireurs, me demande cette adresse. Je- m'em-
presse de répondre Î — Rue de Mirottiétiil,
no 47.
9 ... - .
En parlant des bureaux de pricpnTf-nt,. rà
eu le mérite d'exprimer les idées d'un gram
nombre d'intéressés. < •
M. Wagner, membre de la Société e-.econr:
mutuels des ouvriers boulange;;r, veut bie-t
m'apprendre que cette société compte quatri
mille sept cents membre-., et q'j'el'e possède
cinq bureaux de placement gratuit qui fonc-
tionnent avec activité.
'.:H l^iti^i un excellent exemple à suivre pour
tous-les autres corps d'état.
Un autre correspondant, M. BerLevnIe,
membre de l'Etoile, une des associations des
garçons-restaurateurs et limonadiers de Pans,
m'écrit à ce même sujet. L'Etoile aussi
créé un bureau de placement gratuit,, mftisv
pour réussir, la Société à sou début a befcorri
de publicité. Il faut que. les patrons sachent"
où est situé ce bureau,, comme ils savent où
sont situés ceux des placeurs.
Encore une adresse que j.) donne avec em-
pressemeut : — 33, rue Coquillière.
Il faut que les associations sachent blen
qu'elles ont dans la Petite Presse un véritable
Moniteur.
D'ici à peu de temps, je m'occuperai des
sociétés coopératives de la province, comme'
celles de Bar-le-Duc et du Mans, qui sont en
pleine prospérité.
Il y a partout, en ce moment, une tendance
à abolir les. monopoles qui ne saurait ê;.ie
trop encouragée.
Dimanche, la Société des Gens de Lettres
a décidé qu'une partie de son fonds social
pourrait être aliénée, à la double fin de créer
une caisse de crédit littéraire, et, au besoin,
une librairie.
Aujourd'hui, j'apprends que l'excellent
imprimeur Rochette, boulevard Montparnasse,
fonde une agence qui permettra aux auteurs
et aux compositeurs s'éditant eux-mêmes ,
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
DEUXIÈME PARTIE
UN MOULIN SANS EAU
XXIV
1 90 90
John Golden était, en effet, assez grièvement
blessé.
Cependant ce même chirurgien qui se vantait
d'appartenir à une société philanthropique, ce
qui ne l'avait pas empêché d'envoyer Ralph au
moulin, avait déclaré que la blessure n'était pas
mortelle et que Calcraff, le bourreau de Lon-
dres, ne perdrait rien pour attendre.
Voir le numérodu. 22 novembre
L'Irlandais était un de ces hommes à la foi
robuste qui savent mourir pour une cause et ne
la compromettent jamais par des révélations.
Par l'interrogatoire qu'on avait essayé de lui
faije subir, il avait compris que Bardel était ac-
cusé.
Des lors, de peur de le compromettre encore
dàvancâ^e, il s'était retranché dans un mutisme
absolu qu'on pouvait prendre, à la rigueur, pour ;
le résultat de sa faiblesse extrême.
Mais la scène changea quand le prétendu
agent^de police de Liverpool, M. Simouns,
l'homme en qui on avait si grande confiance,
en.tra dans sa cellule.
Bien que le fameux habit eût disparu pour
faire place à la tunique courte du policeman,
John Golden reconnut sur-le-champ l'homme
gris.
Il le reconnut au regard, au geste, à la voix,
et il se dit :
— J'ai eu raison d'avoir confiance en cet
homme, il est plus puissant que tous ceux qui
sont ici.
L'homme gris était accompagné du directeur.
Sur un simple signe qu'il lui fit, ce dernier fit
retirer les deux gardiens qui les suivaient.\
I Alors l'homme gris et le gouverneur demeurè-
1 rent seuls .au chevet de John Golden.
— Comment te nommes-tu? dit le prétendu
M. Simouns.
— John Golden, répondit le blessé.
— Tu dois être Irlandais ?
— Oui.
L'homme gris se tourna vers le gouver-
neur :
— Je gage, dit-il, que si je l'interroge dans ce
patois des côtes d'Irlande qui est cher à tous ces
gens-là, il me répondra.
— Savez-vous donc cet idiome? demanda le
gouverneur.
Un agent de police doit tout savoir.
Alors, faites... dit le gouverneur sans dé-
fiance. j
— John Colden, dit alors l'homme gris se
servant du langage dont il venait de "parler, il
faut sauver M. Bardel. Il faut répondre au gou-
verneur, dire que M. Whip était coupable et que
M. Bardel était innocent. |
— S'il en est ainsi, répondit John, c'est fa-
cile; car j'ai déjà. deviné ce qui se passait et j'ai
imaginé une bonne histoire.
— Que dit-il ? demanda le gouverneur.
— Il dit, répondit le prétendu M. Simouns
que si on veut lui promettre' de le traiter avec
douceur et lui donner un verre de grog, car il a
bien soif, il dira toute la vérité.
— Accordé, dit le gouverneur., du le traitera
comme tous les malades, et ce n est que lors- ;
qu'il sera rétabli qu'on le livrera à la justice,
pour qu'il soit statué sur son sort.
John leva sur le gouverneur un regard recon-
naissant.
L'homme gris lui dit encore, en patois irlan-
dais :
— Tâche de compromettre un certain Jona..
than, qui est un gredin et un ennemi personnel
de M. Bardel.
— Ce sera fait, répondit John Goidsn.
— Que dit-il? fit de nouveau le gouverneur.
— Il dit, répondit l'homme gris, qu'il croit
sa blessure mortelle et qu ':l espère qu 'on le
laissera mourir en paix ici, au iieu de le livrer
à Calcraff.
— Voilà, répondit le gouverneur, qui n'est
nullement de ma compétence.
L'homme gris reprit, mais cette fois en an-
glais :
Consentez-vous, Jéhn, à dire la vérité ?
Sans rien préjuger des décisions de la justice,
il est probable cependant, j'ose l'affirmer,qu'elle
vous tiendra compte de vos aveux.
John Colden fit un signe affirmatif.
Alors le gouverneur ouvrit la porte de la cel-
lule, fit rentrer un des gardiens et lui donna
l'ordre de prendre une plume et d'écrire, au faï
et à mesura, la déu\>;Si0':)n. 1'mHns;:,
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