Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-01-02
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 janvier 1868 02 janvier 1868
Description : 1868/01/02 (A3,N623). 1868/01/02 (A3,N623).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717625t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL QUOTIDIEN ~
ft cent. le numéro
S cent. le numéro
AiîONSEJtESTR. — Trois mois. Six moi&. Ur. an.
. Paris S fr. 9 fr. 18 fr.
D-'parlements.. G il Z9
Administrateur : E. DELSAUx.
3i:e annép. — JEUDI 2 JANVIER âogs. ,-Tv 623'
.Utrecteur-Propriétaire : JAN N t N.
1 Rédaçte".J.1" en chef : A. DE BALATH!ER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : rue Ms*OUet.
1 1 ~ . ADMINISTRATION : 13, place Breda. ' 1
PARIS, 1er JANVIER 1868.
LES REVUES DE L'ANNÉE
Six théâtres, en t« moment, donnent des
revues de l'année. Ilen est un peu de
de pièces comme de la promenade de Valen-
tin dans Il ne faut jurer de rien. Ge neveu
terrible, lorsque oncle te gronde par trop
fort, Ici dit : — Venez (lUX Champs-Elysées,
nous "pencontrOTens bien toujours une jolie
femm3 ou an fbeau cheçal, et ceîa suffira
;)t'Iut' vous diS'rpajre*
V 81entin tarait pu Wiener de même son
«nota voir une revue.
TM. Van der Buck ,amait trouvé une scène,
; ou nne actrice, ou un décor, de nature à le
distraire.
>En eflet, --c'est par le détail qu'il faut prendre
ces petites manifestations communes aux
^vaudevillistes de chaque théâtre.
De comédie, pa-s l'ombre; de satires Hm-
}'mles, enco,,,e moms; des épigrammes, arron-
dies comfrne les couteaux qu'on 'met entre les
■ mains des enfants,'et du sel gris comme ce-
lui dont se servent les bergers de la montagne.
Mais des toiles bien peintes, des ballets bien
-réglés, des costumes d'une richesse pailletée
3t des femmes dont les robes commencent
très-bas et finissent très-haut....
Dire qLT'on s'amuse beaucoup à ces sortes
.d'exibiti ennuie pas non plus.
Le genre est mort ; les directeurs lui font
des funérailles magnifiques, et les badauds
,pegardent passer le-cortège avec curiosité.
*
* *
Il faul-cependant faire use différence entre
ies théâtres. Dans les petits, on écoute, et fou
s'aperçoit mieux de la nullité ;du dialogue ;
Sans les grands, on regarde, et les machinis-
tes permettent aux auteurs dé croire que leur
pièce a du succès.
Les Variétés ont donné 1-Exposition de 1867: |
te ThéSt^e-DéjaEètPlaisirs nie Paris ; les j
'Fo{ies-M¿U'lgny, : ;" la PmimNoaveautéfev-Iticiïile&'theses clwvous; le Pe- :
'tit-*'1'héâtre::du-r-ripce-Eugène, duquel je di- .
rai certainement quelque jour le bien que ;
'j'en pense, a d01111éPa'1, '! (laits Vœil !
x Toutes ces re vues "se ressemblent, et toutes
; ressemblent à celles qu'on joue depuis vingt-
| cinq ans.
Le directeur de la Porte-Saint-Martin a
voulu trouver de nouvelles bottes pour mar-
cher sur un sentiep battu.
Il s'est dit :
— J'encadrerai dans des décors màgnifiques
quelques-uns des menus incidents de l'année;
-j*#éfmirai Mttant de jeunes femmes q^e la
scène de mon théâtre pourra en contenir ;
je leur donnerai des jupes aussi courtes que
la censure voudra bien le permettre; je cher-
cherai quelques noms d'artistes à succès, que
j'accouplerai d'une façon bizarre et de nature
à exciter la curiosité; quant à la pièce en
elle-même, je me conformerai aux vieux us :
seulement je tâcherai d'avoir le meilleur
livret possible, et, pour cela, je m'adresserai
à :l'auteur quia le plus de succès dans le
genre, à celui dont les revues, depuis cinq
ans, font fafre aux Parisiens le voyage de
i :Bobino. J'adjoindrai, à M. Saint-Agnan Cho-
ler, son frère et M. Victor Koning, plus au
fait des choses du boulevard, puis je leur de-
manderai d'encadrer le moins niaisement
possible* mes danseuses, mes nains, mes
chanteurs et mes Turcs !...
Au bout de ce discours, mettez trois mois
d'efforts, de luttes avec l'impossible, et vous
aurez le spectacle de la décadence à son apo-
gée : une revue parée comme une^féerie, et
bourrée d'idées comme un catalogue.
Un Bra\e homme, <-.ur vous connaissez,
(il se nomme Godincau el i! porle une redin-
gote amadGu,) vient visiter Paris. Clest Lau-
rent. Une jeune femme, qui change - de cos-
tume à chaque acte, et qui a le mérite rare
de savoir détailler le couplet, Mlle Honorine,
lui sert de guide. La revue se nomme 1867
et Mlle Honorine,s'appelle Paris.
M. Mare.-Fotirnier i,,t -,es auteurs ont compté
les curiosités de l'année. Suivant eux, il y en
a vin.;t-cinq.' C'est donc vingt-cinq tableaux
que ce pauvre acteur et .cette pauvre actrice
doivent traverser, en heurtant leur talent à
l'angle de chaque décor. Je parlais tout à
l'heure d'enterrement;' c'est triste, en effet,
comme une promenade au Père-Lachaise.
Mon avantage sur Mlle Honorine et sur
Laurent, .c'est de pouvoir Laisser quelques ta-
bleaux de-côté.
Je ne pal"lèrai -que de ce qui est intéressant;
et mon article aujourd'hui n'empiétera pas
sur les faits divers. -
Il faut louer, avant tout, les ballets.
Celui de la fin, les plaisirs du sport, est ex-
cellent.
Ti,eîgltécors : les bords de là Seine, le petit
lac du bois de Boulogne, l'hippodrôme de
Longchamp. Le premier de ces décors est
une merveille. Des canotiers et des canotiè-
res, des patineurs et des patineuses, des
jockeys et des bouquetières dansent tour à
tour, et finissent, au dernier tableau, par se
réunir en un groupe confus, d'un effet char-
mant.
Le ballet des Francs-tireurs des Vosges a
été bissé, et il le méritait. Rien de gai, de
tapageur, de pittoresque, comme ce bataillon
de danseuses, faisant l'exercice, se formant
en carré et défilant au pas.
L'éducation d'une Cocotte a le grand dé-
faut de représenter le cancan, dansé par des
bayadères dans un parc. Que le décor eût
représenté le Casino,et que les danseuses eus-
sent porté le costume moderne, un peu abré-
gé et relevé par quelques bandes de couleur,
le succès eût été plus décisif. Il a été très-
grand cependant, surtout pour Mlle Mari-"
quitta. 1
En revanche, !e divertissement turc est
hideux dans sa richesse. L'obscénité y dispute
le pas au mauvais goût. C'est un tableau tout
entier à couper. Quant aux costumes,qui sont -
très-heureux , il faut les remiser au magasin
pour s'en servir une autre fois.
Je ne-'J¡uit.terai pas la danse sans un mot
d'éloge pour le maître de bailet, M. Justa-
mant et sans un compliment pour Mme Zina
Mérante , la plus légère et la plus gracieuse
des danseuses de genre de Paris.
Une des attractions de la soirée était l'appa-
r-ition de Darcier et de Thérésa, Darcier re-
présentant la Vieille chanson et Thérésa la
Chanson moderne.
:11 y a eu, il faut le dire, demi-déception,
m&is par la faute des auteurs. Ces messieurs
ont fait chanter à Darcier une sorte d'élégie
mélancolique, écrite selon la formule des an-
ciennes romances.
On s'attendait à voir, au lever du rideau,
un cabaret, une treille, et, sous une tonnelle,
attablé avec trois ou quatre compagnons,
Darcier, en compère de Désaugiers, vous di-
sant les vieux airs simples et les paroles
gaies. A la fin,l'artiste se serait plaint,comme
il sait se plaindre, en souriant, mais avec une
grimace ironique, de la décadence de la
chanson.
Au Uea4e~cela, an a yh, amxçr un bon*
homme, en costume de folie, qui a du. dé-
tailler un air à porter en terre. C'était lugu-
bre. Oh ! que Darcier change vite cela, et nous
donne, avec la mise en scène voulue, un de
ces concerts comme lui seul en peut donner
aujourd'hui.
Thércsa était mieux partagée. D'abord, elle
paraissait deux fois, et sa première entrée
était très-heureuse.
La scène représente l'arène athlétique.
Deux lutteurs comiques sont aux prises. On
annonce le lutteur masqué. Il paraît, il jette
son manteau, son masque: c'est Thérésa,
Alors, elle chante, et sa chanson, sorte de
bonjour ému adressé au public par l'artiste
qui n'a pu s'habituer à vivre loin de lui, a
tout le mérite dé l'a-propos après une absence
d'un an. Thérésa a chanté avec la franchise
qn'on lui connaît et une sensibilité exquise.
Son succès a été complet.
Jje J nommer quelques artistes. M. Gail.
lard, très-amusant dans un rôle de traineui
de fauteuils roulants, à l'Exposition ; M. Ta-
cova; Mmes Delval, Ribeaucourt, qui sont
aussi bien habillées que jolies, ,et Mlle Silly,
qui est jolie, bien habillée et joue très-crâne-
ment...
Un incident a interrompu le spectacle. Vous
le trouverez aux faits-divers. -
Je mentionne encore deux nains parfaits,
c'est-à-dire abominables, qui parlent, chan-
tent, font des armes, et dont le publiC a paru
goûter beaucoup les gestes précipités et h
voix d% crécelle. Je ne suis pas de làvl,,s d;
public. Il n'y a pas pouf moi de spectacle 'ptu,
attristant que celui de ces diminu!ifs d'haro
mes singeant les hommes véritables. On'de-
vrait, dans l'intérêt de l'espèce, construira,
un hospice où ces malheureux pourraient
faire des armes et parodier Monsieur dé
Camors tout à leur aise.
Je le répète , la revue est un genre mort,
du moins pour quelque temps ; cependant, si -
l'on tient à se faire une idée de ce que ce
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIÈRE PARTIE
L'ENFANT PERDU
V M
XIV
i/iiéucune- -gris • laisea i Irlandaise à 'la garde
dt- prêtre- er des deux chefs mystérieux, et il
ÉOrttî 1 \'gHre.
t'hoking, le bon et naïf Shoking,. l'attendait à
la porte.. v
Voir' JI:' tlutttt-{(1 du 8 uovenibra- '
C'était .par Shokiug que l'homme gjâe &v,ak su
tout ce qu4 s'était. passé la veille.
Sbokin'.!' t'tak Aurais et non h1andJ!is; ,8110-
ikinsj h'vtsit pas catholique. "
Plein iio respect pour ce culte qui n*etalt pas
le sien, iihoking était demeuré à la porte du
temple, et 11 avait attendu que l'homme gris
sortît. *
Huit jours .aaparavaat, la cause de l'Irlande
était. l'lu,:: ijulindift.;rente au mendiant; à pré-
sent'qu'il avait connu Jenny, i'abbé Samuel,
cherché re'Han¡. qu'il s'était dévoué à ce per-
sonnage 'mystérieux qui cachait avec tant de
soin son nom .sous -aette dénomination bizarre de
l'homme £ris, Siiokin.^ (''tait urêt à verser pour
l'Irlande la dernière goutte de son &ang.
L'honnno gris a!la droit à lui.
— ,\,.:.tn Miivi mo? instructions? dit-il.
— Oui. Seigneurie.
Shokinjr, reconnaissant la supériorité de
l'homiûH grii?,-avait .-absolument voulu consacrer
cotte supériorité par un titre.
— Eh bien ? '
— B-Li: ,,,jn est arrêté. Je viens du Brook-
s,
— Comment èela?
— La nuit dernière, comme je vous l'ai dit,
il s'est sauvé par les toits au moment où la po.
lice arrivait. *
- - Ëon ! . L,
— Mais comme la rue était pleine de police-
men, 71 n'a pas osé descendre et jl est demeuré
jusqu'au jour caché derrière un tuyau de che-
minée.. ,
— -Et quand le jour est venuJ ......
- Il y avait toujours des policemen dans la
rue; Une fenêtre s'est ouverte auprès du tuyau
de ciuwiiinée.
— Ah !
— Et par cette fenêtre lui est apparue la tête
d'an voleur bien connu qui sort de Cold bath-
ficld.$, qU:OD appelle Jak.
— Jak, dit l'Oisçau bleu, n'est-ce pas?
:— C'est ce:a n:ème. Seig:1Burie.
— 1
— Jak^i dit à Bulton : il Viens vite! J'ai
trouvé le 1IVYOII de te faire Mer. 5
Bulton a quitté sa cheminée, et il est entré
dans la maison par la croisée à tahatièr ;.
Mais comme il descendait l'escaiiei, conduit
par Jak, plusieurs portes se sont ouvertes, et
les policemen cachés dans la maison se sont
montrés tout à coup et, se ruant sur lui, l'ont
terrassé.
— Jak l'a donc trahi Ï
— Oui, Seigneurie,
— Mais pourquoi?
^-D'abord, Seigneurie, reprit Shoking, le
rnetropohtan ckief-of-justice s promis une prime
de cent guinées à qui le livrerait.
— Ah ! le misérable !
— Et puis, il paraît que pendant une nuit,
tandis que Bulton était ;sur les toits, Je, tribunal
des voleurs s'est assemblé dans une cave et l'i
— En vérité ! >
— Jugé et condamné'.
— Que! l''rimc avait-il donc commis ?
- - JDans U:1 vol récents accompli avec d'au très'
il a détoi.ïiné à son profit une somme pius forte,
de telle façon qu'il a volé les camarades ; 4tors
le tritmna! a déci :é quAu lieu de le sauve., ütl
le laisserait p:'crdr8, <ïost pour cela que l'oi-
seau bi-j.a l'a truhif
— Et quan.i il s'est vu entouré, Bukon ne
s'est doue pas défendu ?
— il s est -Ci'vi de son e()l;t,;au et a biessé.
deux poiic n; n, eu qui fait que son compte r:st
bon, et qu'on l'a mené tout droit à Newgate,où.
il sera pendu Jaiis dix ou douze jours.
—: Et tLzii'lIlall ?
— 811Samlah est hors d'état d'être traiispoitée,
elle a perdu beaucoup de sang.
— Mounra-t-elle ? '
— Non, le médecin des pauvres jure qu'elle
sera rétablie avant un mois.
La police a décidé qu'un la laisserait d&n-t III
JOURNAL QUOTIDIEN ~
ft cent. le numéro
S cent. le numéro
AiîONSEJtESTR. — Trois mois. Six moi&. Ur. an.
. Paris S fr. 9 fr. 18 fr.
D-'parlements.. G il Z9
Administrateur : E. DELSAUx.
3i:e annép. — JEUDI 2 JANVIER âogs. ,-Tv 623'
.Utrecteur-Propriétaire : JAN N t N.
1 Rédaçte".J.1" en chef : A. DE BALATH!ER BRAGELONNE.
BUREAUX D'ABONNEMENT : rue Ms*OUet.
1 1 ~ . ADMINISTRATION : 13, place Breda. ' 1
PARIS, 1er JANVIER 1868.
LES REVUES DE L'ANNÉE
Six théâtres, en t« moment, donnent des
revues de l'année. Ilen est un peu de
de pièces comme de la promenade de Valen-
tin dans Il ne faut jurer de rien. Ge neveu
terrible, lorsque oncle te gronde par trop
fort, Ici dit : — Venez (lUX Champs-Elysées,
nous "pencontrOTens bien toujours une jolie
femm3 ou an fbeau cheçal, et ceîa suffira
;)t'Iut' vous diS'rpajre*
V 81entin tarait pu Wiener de même son
«nota voir une revue.
TM. Van der Buck ,amait trouvé une scène,
; ou nne actrice, ou un décor, de nature à le
distraire.
>En eflet, --c'est par le détail qu'il faut prendre
ces petites manifestations communes aux
^vaudevillistes de chaque théâtre.
De comédie, pa-s l'ombre; de satires Hm-
}'mles, enco,,,e moms; des épigrammes, arron-
dies comfrne les couteaux qu'on 'met entre les
■ mains des enfants,'et du sel gris comme ce-
lui dont se servent les bergers de la montagne.
Mais des toiles bien peintes, des ballets bien
-réglés, des costumes d'une richesse pailletée
3t des femmes dont les robes commencent
très-bas et finissent très-haut....
Dire qLT'on s'amuse beaucoup à ces sortes
.d'exibiti
Le genre est mort ; les directeurs lui font
des funérailles magnifiques, et les badauds
,pegardent passer le-cortège avec curiosité.
*
* *
Il faul-cependant faire use différence entre
ies théâtres. Dans les petits, on écoute, et fou
s'aperçoit mieux de la nullité ;du dialogue ;
Sans les grands, on regarde, et les machinis-
tes permettent aux auteurs dé croire que leur
pièce a du succès.
Les Variétés ont donné 1-Exposition de 1867: |
te ThéSt^e-DéjaEètPlaisirs nie Paris ; les j
'Fo{ies-M¿U'lgny, : ;" la Pmim
'tit-*'1'héâtre::du-r-ripce-Eugène, duquel je di- .
rai certainement quelque jour le bien que ;
'j'en pense, a d01111éPa'1, '! (laits Vœil !
x Toutes ces re vues "se ressemblent, et toutes
; ressemblent à celles qu'on joue depuis vingt-
| cinq ans.
Le directeur de la Porte-Saint-Martin a
voulu trouver de nouvelles bottes pour mar-
cher sur un sentiep battu.
Il s'est dit :
— J'encadrerai dans des décors màgnifiques
quelques-uns des menus incidents de l'année;
-j*#éfmirai Mttant de jeunes femmes q^e la
scène de mon théâtre pourra en contenir ;
je leur donnerai des jupes aussi courtes que
la censure voudra bien le permettre; je cher-
cherai quelques noms d'artistes à succès, que
j'accouplerai d'une façon bizarre et de nature
à exciter la curiosité; quant à la pièce en
elle-même, je me conformerai aux vieux us :
seulement je tâcherai d'avoir le meilleur
livret possible, et, pour cela, je m'adresserai
à :l'auteur quia le plus de succès dans le
genre, à celui dont les revues, depuis cinq
ans, font fafre aux Parisiens le voyage de
i :Bobino. J'adjoindrai, à M. Saint-Agnan Cho-
ler, son frère et M. Victor Koning, plus au
fait des choses du boulevard, puis je leur de-
manderai d'encadrer le moins niaisement
possible* mes danseuses, mes nains, mes
chanteurs et mes Turcs !...
Au bout de ce discours, mettez trois mois
d'efforts, de luttes avec l'impossible, et vous
aurez le spectacle de la décadence à son apo-
gée : une revue parée comme une^féerie, et
bourrée d'idées comme un catalogue.
Un Bra\e homme, <-.ur vous connaissez,
(il se nomme Godincau el i! porle une redin-
gote amadGu,) vient visiter Paris. Clest Lau-
rent. Une jeune femme, qui change - de cos-
tume à chaque acte, et qui a le mérite rare
de savoir détailler le couplet, Mlle Honorine,
lui sert de guide. La revue se nomme 1867
et Mlle Honorine,s'appelle Paris.
M. Mare.-Fotirnier i,,t -,es auteurs ont compté
les curiosités de l'année. Suivant eux, il y en
a vin.;t-cinq.' C'est donc vingt-cinq tableaux
que ce pauvre acteur et .cette pauvre actrice
doivent traverser, en heurtant leur talent à
l'angle de chaque décor. Je parlais tout à
l'heure d'enterrement;' c'est triste, en effet,
comme une promenade au Père-Lachaise.
Mon avantage sur Mlle Honorine et sur
Laurent, .c'est de pouvoir Laisser quelques ta-
bleaux de-côté.
Je ne pal"lèrai -que de ce qui est intéressant;
et mon article aujourd'hui n'empiétera pas
sur les faits divers. -
Il faut louer, avant tout, les ballets.
Celui de la fin, les plaisirs du sport, est ex-
cellent.
Ti,eîgltécors : les bords de là Seine, le petit
lac du bois de Boulogne, l'hippodrôme de
Longchamp. Le premier de ces décors est
une merveille. Des canotiers et des canotiè-
res, des patineurs et des patineuses, des
jockeys et des bouquetières dansent tour à
tour, et finissent, au dernier tableau, par se
réunir en un groupe confus, d'un effet char-
mant.
Le ballet des Francs-tireurs des Vosges a
été bissé, et il le méritait. Rien de gai, de
tapageur, de pittoresque, comme ce bataillon
de danseuses, faisant l'exercice, se formant
en carré et défilant au pas.
L'éducation d'une Cocotte a le grand dé-
faut de représenter le cancan, dansé par des
bayadères dans un parc. Que le décor eût
représenté le Casino,et que les danseuses eus-
sent porté le costume moderne, un peu abré-
gé et relevé par quelques bandes de couleur,
le succès eût été plus décisif. Il a été très-
grand cependant, surtout pour Mlle Mari-"
quitta. 1
En revanche, !e divertissement turc est
hideux dans sa richesse. L'obscénité y dispute
le pas au mauvais goût. C'est un tableau tout
entier à couper. Quant aux costumes,qui sont -
très-heureux , il faut les remiser au magasin
pour s'en servir une autre fois.
Je ne-'J¡uit.terai pas la danse sans un mot
d'éloge pour le maître de bailet, M. Justa-
mant et sans un compliment pour Mme Zina
Mérante , la plus légère et la plus gracieuse
des danseuses de genre de Paris.
Une des attractions de la soirée était l'appa-
r-ition de Darcier et de Thérésa, Darcier re-
présentant la Vieille chanson et Thérésa la
Chanson moderne.
:11 y a eu, il faut le dire, demi-déception,
m&is par la faute des auteurs. Ces messieurs
ont fait chanter à Darcier une sorte d'élégie
mélancolique, écrite selon la formule des an-
ciennes romances.
On s'attendait à voir, au lever du rideau,
un cabaret, une treille, et, sous une tonnelle,
attablé avec trois ou quatre compagnons,
Darcier, en compère de Désaugiers, vous di-
sant les vieux airs simples et les paroles
gaies. A la fin,l'artiste se serait plaint,comme
il sait se plaindre, en souriant, mais avec une
grimace ironique, de la décadence de la
chanson.
Au Uea4e~cela, an a yh, amxçr un bon*
homme, en costume de folie, qui a du. dé-
tailler un air à porter en terre. C'était lugu-
bre. Oh ! que Darcier change vite cela, et nous
donne, avec la mise en scène voulue, un de
ces concerts comme lui seul en peut donner
aujourd'hui.
Thércsa était mieux partagée. D'abord, elle
paraissait deux fois, et sa première entrée
était très-heureuse.
La scène représente l'arène athlétique.
Deux lutteurs comiques sont aux prises. On
annonce le lutteur masqué. Il paraît, il jette
son manteau, son masque: c'est Thérésa,
Alors, elle chante, et sa chanson, sorte de
bonjour ému adressé au public par l'artiste
qui n'a pu s'habituer à vivre loin de lui, a
tout le mérite dé l'a-propos après une absence
d'un an. Thérésa a chanté avec la franchise
qn'on lui connaît et une sensibilité exquise.
Son succès a été complet.
Jje J nommer quelques artistes. M. Gail.
lard, très-amusant dans un rôle de traineui
de fauteuils roulants, à l'Exposition ; M. Ta-
cova; Mmes Delval, Ribeaucourt, qui sont
aussi bien habillées que jolies, ,et Mlle Silly,
qui est jolie, bien habillée et joue très-crâne-
ment...
Un incident a interrompu le spectacle. Vous
le trouverez aux faits-divers. -
Je mentionne encore deux nains parfaits,
c'est-à-dire abominables, qui parlent, chan-
tent, font des armes, et dont le publiC a paru
goûter beaucoup les gestes précipités et h
voix d% crécelle. Je ne suis pas de làvl,,s d;
public. Il n'y a pas pouf moi de spectacle 'ptu,
attristant que celui de ces diminu!ifs d'haro
mes singeant les hommes véritables. On'de-
vrait, dans l'intérêt de l'espèce, construira,
un hospice où ces malheureux pourraient
faire des armes et parodier Monsieur dé
Camors tout à leur aise.
Je le répète , la revue est un genre mort,
du moins pour quelque temps ; cependant, si -
l'on tient à se faire une idée de ce que ce
ROCAMBOLE
LES
MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PREMIÈRE PARTIE
L'ENFANT PERDU
V M
XIV
i/iiéucune- -gris • laisea i Irlandaise à 'la garde
dt- prêtre- er des deux chefs mystérieux, et il
ÉOrttî 1 \'gHre.
t'hoking, le bon et naïf Shoking,. l'attendait à
la porte.. v
Voir' JI:' tlutttt-{(1 du 8 uovenibra- '
C'était .par Shokiug que l'homme gjâe &v,ak su
tout ce qu4 s'était. passé la veille.
Sbokin'.!' t'tak Aurais et non h1andJ!is; ,8110-
ikinsj h'vtsit pas catholique. "
Plein iio respect pour ce culte qui n*etalt pas
le sien, iihoking était demeuré à la porte du
temple, et 11 avait attendu que l'homme gris
sortît. *
Huit jours .aaparavaat, la cause de l'Irlande
était. l'lu,:: ijulindift.;rente au mendiant; à pré-
sent'qu'il avait connu Jenny, i'abbé Samuel,
cherché re'Han¡. qu'il s'était dévoué à ce per-
sonnage 'mystérieux qui cachait avec tant de
soin son nom .sous -aette dénomination bizarre de
l'homme £ris, Siiokin.^ (''tait urêt à verser pour
l'Irlande la dernière goutte de son &ang.
L'honnno gris a!la droit à lui.
— ,\,.:.tn Miivi mo? instructions? dit-il.
— Oui. Seigneurie.
Shokinjr, reconnaissant la supériorité de
l'homiûH grii?,-avait .-absolument voulu consacrer
cotte supériorité par un titre.
— Eh bien ? '
— B-Li: ,,,jn est arrêté. Je viens du Brook-
s,
— Comment èela?
— La nuit dernière, comme je vous l'ai dit,
il s'est sauvé par les toits au moment où la po.
lice arrivait. *
- - Ëon ! . L,
— Mais comme la rue était pleine de police-
men, 71 n'a pas osé descendre et jl est demeuré
jusqu'au jour caché derrière un tuyau de che-
minée.. ,
— -Et quand le jour est venuJ ......
- Il y avait toujours des policemen dans la
rue; Une fenêtre s'est ouverte auprès du tuyau
de ciuwiiinée.
— Ah !
— Et par cette fenêtre lui est apparue la tête
d'an voleur bien connu qui sort de Cold bath-
ficld.$, qU:OD appelle Jak.
— Jak, dit l'Oisçau bleu, n'est-ce pas?
:— C'est ce:a n:ème. Seig:1Burie.
— 1
— Jak^i dit à Bulton : il Viens vite! J'ai
trouvé le 1IVYOII de te faire Mer. 5
Bulton a quitté sa cheminée, et il est entré
dans la maison par la croisée à tahatièr ;.
Mais comme il descendait l'escaiiei, conduit
par Jak, plusieurs portes se sont ouvertes, et
les policemen cachés dans la maison se sont
montrés tout à coup et, se ruant sur lui, l'ont
terrassé.
— Jak l'a donc trahi Ï
— Oui, Seigneurie,
— Mais pourquoi?
^-D'abord, Seigneurie, reprit Shoking, le
rnetropohtan ckief-of-justice s promis une prime
de cent guinées à qui le livrerait.
— Ah ! le misérable !
— Et puis, il paraît que pendant une nuit,
tandis que Bulton était ;sur les toits, Je, tribunal
des voleurs s'est assemblé dans une cave et l'i
— En vérité ! >
— Jugé et condamné'.
— Que! l''rimc avait-il donc commis ?
- - JDans U:1 vol récents accompli avec d'au très'
il a détoi.ïiné à son profit une somme pius forte,
de telle façon qu'il a volé les camarades ; 4tors
le tritmna! a déci :é quAu lieu de le sauve., ütl
le laisserait p:'crdr8, <ïost pour cela que l'oi-
seau bi-j.a l'a truhif
— Et quan.i il s'est vu entouré, Bukon ne
s'est doue pas défendu ?
— il s est -Ci'vi de son e()l;t,;au et a biessé.
deux poiic n; n, eu qui fait que son compte r:st
bon, et qu'on l'a mené tout droit à Newgate,où.
il sera pendu Jaiis dix ou douze jours.
—: Et tLzii'lIlall ?
— 811Samlah est hors d'état d'être traiispoitée,
elle a perdu beaucoup de sang.
— Mounra-t-elle ? '
— Non, le médecin des pauvres jure qu'elle
sera rétablie avant un mois.
La police a décidé qu'un la laisserait d&n-t III
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