Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-12-05
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 décembre 1867 05 décembre 1867
Description : 1867/12/05 (A2,N595). 1867/12/05 (A2,N595).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717597z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
JOURNAL .QffiOTIDZEfV' 1
S ml. le imiséro
•*
1 ' S 1 ccai: b -,iîiiiikro
~; , ~ k -
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. un an.
Paris a fr. 9 fr. 18 fr.
Départements.. 6 Il 8®
Administrateur : E. DELSA UX.
20 année. — JEUDI 5 DECEMBRE -1867. — Nt) 595
Directeur-Propriétaire : ,fiA N NIN. ■
Rédacteur en 'chef A. DE BALAT MER .B:RAGELONN E.
BUREAUX D'ABONNEMEN,T : 9, me »IroUet.
ADMINISTRATION : 13, place Breda. - .
La Presse illustrée journal hebdoma-
daire à 10 centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète la Petite Presse le samedi à Paris
et le dimanche en province.
PARIS, 4 DÉCEMBRE 1867.
L'ASSISTANCE PUBLIQUE
La misère a, de tout temps, été considérée
somme l'ennemi commun.
Toutes les c'Yilisat.'on-:), toutes les sociétés
l'ont combattue.
Depuis Numa Pompilius, qui donna des
lois aux premiers Romains, jusque M. Adolphe
Thiers, qui combattit le droit au travail dans
des discours longs comme des brochures
et dans des brochures grosses comme des;
livres, il n'est pas un homme d'Etat que le
iroit de vivre n'ait préoccupé.
Les anciens, gens de la nature, demeurés
sauvages, même dans la civilisation, n'y
ifiaient pas par quatre chemins.
Ils avaient deux remèdes contre le paupé-
risme :
L'infanticide et l'esclavage.
— J'ai plus d'enfants que je n'en puis nour-
rir. Tant pis pour les mal • conformés, ou les
derniers venus: ils mourront. Voici un drôle,
un vaincu, auquel j'ai pris ses terres et son
argent. Il n'a plus rien. Eh bien ! je lui donne-
rai à boire et à manger mais il m'appartien-
dra au même titre que ma maison et mon
champ, et ses fils appartiendront de même à
mes fils, et cela durera ainsi à perpétuité.
Vint le christianisme qui changea tout.
L'idée d'une morale universelle, exprimée
par Ciçéron, mise e,n vers par Virgile, mise
en décrets par quelques bons empereurs,
comme Trajan, fut le prélude de ce bouleverr
sement. ; :l- J
Trajan, quoique païen, créa des rentes per- j
pétuelles pour les enfants dans la plupart des I
cités de l'Italie.. '
! Mais ce fut la prédication des disciples de 1
î Jésus qui porta le véritable coup aux abus des j
i anciennes mœurs. !
C'est sous un empereur chrétien, Constan- j
! tin, qu'on vit s'élever les premiers hôpitaux I
] ponr les vieillards, les femmes, les enfants,'1
les déshérités de la terre, égaux aux puissants
devant.Die n. , j
Les femmes, émancipées par la religion j
nouvelle, appliquèrent dès lors à l'humanité
une part du dévouement qu'elles n'avaient
appliqué jusque-là qu'à la famille. j
!
L'ancienne société avait, perdu ses mœurs., j
Elle ne pouvait garder l'empire. ;
Les invasions des barbares ramenèrent dans J
tout l'Occident la misère et la mala4die, filles '
des longues guerres.. j
La charité privée ftt des merveilles. !
La charité publique refta à l'état de lettre :
morte, si ce n'est à partir du cinquième siè-
cle, dans quelques grandes villes telles que ;
P:;lris, Lyon, Reims, Autun, où l'on bâtit des j
hôpitaux.
L'assistance était tout entière entre les
mains du clergé.
Charlemagne, désireux de faire bénéficier
le gouvernement de ce moyen d'influence, I
transcrivit dans ses Capitu!aires les disposi-
tions des conciles. g J
Mais le développement de ha féodalité ar-
rêta celui de la vie civile. Tandis que les sei-
gneurs s'installaient et se fortifiaient, le p'ou-
voir central ne pouvait guère faire autre chose j
que -s'opposer à leurs perpétuels empiète-'
ments. ,
L'Eglise continua à soulager les pauvres
dans la mesure de ses richesses. Les richesses
étaient immenses grâce aux privilèges et à la
foi des fidèles ; mais les guerres, surtout les
croisades, et -ie malheureux état du pays,
avaient créé tant de pauvres que les paroisses
et les couvents étaient souvent impuissants
à les secourir.
Il faut mentionner les efforts de Saint-
Louis qui créa des hôpitaux, entre autres les
Quinze-Vingt, et qui renouvela les édits de
Charlemagne, tombas en désuétude depuis
l'intronisation de la féodalité; "
A partir de ce moment, on peut constater !
régulièrement les. progrès de la bienfaisance |
publique dans la vieille société française, i
Les villes s'engageent à nourrir leurs pau- •
vres; ies con féries viennent en aide aux ma- !
lades et aux malheureux ; les corporations
veillent sur les veuves et les orphelins; de
leurs membres. Elles font plus encore. Ainsi,
chaque année,les maîtres argentiers de Paris
remettaient une forte somme à l'Hôtel-Dieu,
à la seule condition d'y admettre leurs ou-
vriers malades: :
s
se multiplient.
Qu'il n'y ait pas eu des abus de richesse
et de pouvoir dans ces créations, ce serait
trop demander. Du moins le paupérisme n'est
pas considéré comme une plaie incurable.
On s'en occupe ; on le combat, et non plus
par l'esclavage comme au moyen âge, mais
par des moyens humains, raisonnables, doit,
les mobiles sont religieux et moraux. Cela
seul constitue un progrès.
; Je lisais, il y a huit jours, dans la Gironde,
un excellent article, qui m'a donné l'idée de
celui-ci.
L'auteur, M. le docteur Smith, y faisait
l'historique de l'assistance publique en
France. Je lui emprunte les détails sui-
vants:
« François 1er charge les baillis et les séné- '
i chaux de la surveillance des hôpitaux. Il rend.
des ordonnances pour la distribution des se-
cours à domicile et pour la réglementation de
j la communauté des pauvres, prescrit aux évê-
ques et aux notaires d'engager les mourants à,
j faire des générosités à ces communautés, crée
! le bureau général des pauvres, chargé de le-
ver chaque année sur les princes, les sei-
gneurs, les communautés et les bourgeois
riches, une taxe d'qumô.ncs pour les pau-
vres, donne ordre aux prévôts des marchands
et échevins de Paris d'onvuir des ateliers de
travail pour les mendiants valides.
» Jusqu'à Henri 111, il faut enregistrer de
nombreux édits destinés à. modérer l'ardeur
des administrateurs des hôpitaux à piller la
caisse des pauvres. Sous Henri III (ordon-
nance de Blois), les simples bourgeois, mar-
j chands ou laboureurs peuvent seuls être éta-
I blis commissaires au régime du gouver-
| nementdes hôpitaux, à l'exclusion des ecclé-
| siastiques, gentilshommes ou officiers publics.
' Sous Louis Xffi,- on institue des asiles de
convalescents qui n'ont eu qu'une courte du-
rée et n'ont été rétablis que de nos jours1.
Louis XIV réunit tous les établissements hos-
pitaliers en un seul, et constitue un vaste
asile destiné à contenir plus de 6,00.0 indi-
gents, qu'il dote des priviléges suivants^ '
quêtes, dons, aumônes, legs, amendes, ctfn- !
fiscations, droit 'de levée du sixième en sus!
'du prix des billets d'entrée dans les specta-
cles. Enfin il crée l'hôtel des Invalides. r éjà
Henri IV avait donné l'hôpital de la Charité
e£
l'hôpital Saint-Louis pour les vieux offi-
cierb... »
Hélas! la période de ces établissements
est hnssi celle des grandes guerres de
Louis XIV. On connaît l'effroyable misère des
dernières années de ce règne...
Le pacte de famine et la banqueroute pla-
nèrent comme deux spectres sur la seconde
moitié du dix-huitième siècle. Le paupérisme,
.mieux secouru que jamais, grandissait tou-
jours.
On ne peut'lire sans frissonner, dit le doc-
teur Smith, le rapport que firent Bailli, Tança
et Lavoisier, sur l'état de'l'Hôtel-Dieu :
« Les commissaires ont remarqué que la
disposition générale de l'Hôtel-Dieu, dispo-
sition forcée par le défaut d'emplacement,
est d'étaler beaucoup de lits dans les salles et
d'y coucher 4, 5 et 9 malades dans un même
lit. Ils ont vu les'morts mêlés avec les vivants;
des salles où les passages sont étroits, 011.
l'air croupit faute de pouvoir se reno'jv'.']"r,
et où la lumière ne pénètre que faiblement et
chargée de vapeurs hm: ides... Les commis-
saires ont encore vu les convalescents môiés
dans les mêmes salles avec les malades, tes
nlGUraDts -et. les morts et forcés de sortir les
jambes nues, été comme h:"/'jr, pour respirer
l'air extérieur sur le pont Saint-Charles; ils
ont vu ponr les convalescents une sa le au
troisième éfD.ge, a laquelle on ne ))eo! par-
venir qu'en traversant ia salle où sont les
petites véroles, la salle des fous, contiguë à
celle des malheureux qui ont subi les plus
cruelles opérations, et qui ne peuvent espérer
de repos dans le voisinage de CC" Insensés,
dont les cris frénétiques.se font entendre jour
et nuit. a
' Vv\îV '
' y '
Une des gloires de r ASSf)mbiée constituante
sera d'avoir fait de l'extinction du paupérisme
l'objet d'une de ses premières préoccu'tations.
ROCAMBOLE
mess=""N° 26 LES MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISSEUSE D'ENFANTS
XXVII
Alors l'homme gris raconta à l'ahhé Samuel
ce qui s'était passé le matin, comment il avait
pénétré chez mistress Fanoche et constaté la
disparition de cette dernière et de l'en fan t.
— Eh bien! dit l',,tbb-é Samuel, quand ? eu!
Voir le numéro du 8 novembre.
terminé son récit, vous êtes bien tranquille,
n'est-ce pas?
— Oui,♦certes.. ,
-. Vous vous dites que, si on a volé cet .en-
fant, c'est qu'on veut le substituer à un autre....
— Sans doute.
— A u-n enfant mort, ou malade, ou défi-
guré... et vous vous dites encore qua mistress
Fanoche Unira bien par rentrer chez elle et que
retrouver la trace de l'enfant n'est qu'un jeu
pour des gens qui appartiennent à la grande fa-
mille irlandaise. *
— Telle est du moins mon opinion,dit l'homme
gris d'un ton soumis et respectueux.
— Eh bien! à votre tour, écoutez-moi, dit
l'abbé Samuel avec une émotion croissante.
— Parlez...
— Il y a cent ans, l'Irlande était, comme au-
jourd'hui, la vassale de l'Angleterre, la terre
abreuvée de sang et de larmes, sur laquelle les
vainqueurs posaient insolemment le pied.
Un homme, une race tout entière plutôt, se
leva, arborant les couleurs de l'indépendance et
parlant de liberté. 1
Autour de cette race vinrent se ranger des
combattante et, pendant un quart de siècle, l'Ir-
lande lutta, tantôt au soleil, tantêt dans l'ombre,
i.nais sans relâche et sans cesse, obéissant à
dejix hommes. I
Ces deux hommes étaient deux frères. j
Ces deux frères étaient les rejetons de nos
anciens-rois, et il y a une vieille légende de notre
Erin qui dit que le fils de cette race sera1 le libé-
rateur de l'Irlande.
Des deux frères, .l'un mourut en, combat-
tant.
L'autre fut un lâche, il fit sa soumission à
l'Angleterre, et l'Angleterre lui donna'un siège
à son parlement. -
Mais cet homme eut, à son tour, deux fils.
L'un est demeuré un noble lord : il est Anglais,
il a renié l'Irlande.
L'autre se souvint du sang qui coulait dans
ses veines. ■
Celui-là s3 nommait sir Edmund.
H passa,en Mande, et vous savez comment il
a fini.
— C'était le père de l'enfant, n'est-ce pas?
dit l'homme gris.
— Güi. ,
— Ah! je comprends tout, maintenant.
— Non, vous ne comprenez rien encore, dit
le prêtre. Le frère de sir Edmund', . au lieu de
lui tendre la main, l'a poursuivi de sa haine; il
est aussi Anglais que l'autre «#>t reste Irlan-
dais-. ' ; : '
— Eh biM? ,
— Eh bienl qui vous dit que ce n'est pas lui
qui a fait enlever l'enfant?
. — Lui !,
— Oui. Non pour le substituer à un autre,
mais pour le ,faire disparate à jamais. Ceux
qui ont tue l'aigle, étouffent îe?, jeunes aiglons,
et itia Tamise roule des flots si noirs qu'on ne
, peut jamais voir le fond de son lit.
L'homme gris tressaillit.
Un souvenir traversa son cerveau. Il se rap-
, les confidences Skokâng, à l'endroit de
ce gentleman qui avait donne dix livres au men-
diant pour qu'il lui rapportAs de l'Ir-
landaise.
— Maî tre, dit-il, prenant toujours vis-à-vis de
jeune prêtre cette attitude soumise qu'il s'était
impo&ee, me permettrez-vpps une question 1
— Parlez' " ' 1 ' * '
— Quel est le nom que jJ0r{.e, à la charabr):
haute, le frère de sir Edmund?
— On l'appelle lord Palmure.
L'homme gris jeta ua cri.
— A.Il J dit-il, il faut sortir d'ici en ce cas
sortir sar-i.e-chaaiD, il le faut! il faut retrouver
l'enfant...
Le prëhe secoua la tête
— Sortir, clit-il, mais comment? ..
Et comme l'h.onMne, S
cou;;- ai vît avec an acceat âévren?,; ., ,
JOURNAL .QffiOTIDZEfV' 1
S ml. le imiséro
•*
1 ' S 1 ccai: b -,iîiiiikro
~; , ~ k -
ABONNEMENTS. — Trois mois. Six mois. un an.
Paris a fr. 9 fr. 18 fr.
Départements.. 6 Il 8®
Administrateur : E. DELSA UX.
20 année. — JEUDI 5 DECEMBRE -1867. — Nt) 595
Directeur-Propriétaire : ,fiA N NIN. ■
Rédacteur en 'chef A. DE BALAT MER .B:RAGELONN E.
BUREAUX D'ABONNEMEN,T : 9, me »IroUet.
ADMINISTRATION : 13, place Breda. - .
La Presse illustrée journal hebdoma-
daire à 10 centimes, est vendue 5 cen-
times seulement à toute personne qui
achète la Petite Presse le samedi à Paris
et le dimanche en province.
PARIS, 4 DÉCEMBRE 1867.
L'ASSISTANCE PUBLIQUE
La misère a, de tout temps, été considérée
somme l'ennemi commun.
Toutes les c'Yilisat.'on-:), toutes les sociétés
l'ont combattue.
Depuis Numa Pompilius, qui donna des
lois aux premiers Romains, jusque M. Adolphe
Thiers, qui combattit le droit au travail dans
des discours longs comme des brochures
et dans des brochures grosses comme des;
livres, il n'est pas un homme d'Etat que le
iroit de vivre n'ait préoccupé.
Les anciens, gens de la nature, demeurés
sauvages, même dans la civilisation, n'y
ifiaient pas par quatre chemins.
Ils avaient deux remèdes contre le paupé-
risme :
L'infanticide et l'esclavage.
— J'ai plus d'enfants que je n'en puis nour-
rir. Tant pis pour les mal • conformés, ou les
derniers venus: ils mourront. Voici un drôle,
un vaincu, auquel j'ai pris ses terres et son
argent. Il n'a plus rien. Eh bien ! je lui donne-
rai à boire et à manger mais il m'appartien-
dra au même titre que ma maison et mon
champ, et ses fils appartiendront de même à
mes fils, et cela durera ainsi à perpétuité.
Vint le christianisme qui changea tout.
L'idée d'une morale universelle, exprimée
par Ciçéron, mise e,n vers par Virgile, mise
en décrets par quelques bons empereurs,
comme Trajan, fut le prélude de ce bouleverr
sement. ; :l- J
Trajan, quoique païen, créa des rentes per- j
pétuelles pour les enfants dans la plupart des I
cités de l'Italie.. '
! Mais ce fut la prédication des disciples de 1
î Jésus qui porta le véritable coup aux abus des j
i anciennes mœurs. !
C'est sous un empereur chrétien, Constan- j
! tin, qu'on vit s'élever les premiers hôpitaux I
] ponr les vieillards, les femmes, les enfants,'1
les déshérités de la terre, égaux aux puissants
devant.Die n. , j
Les femmes, émancipées par la religion j
nouvelle, appliquèrent dès lors à l'humanité
une part du dévouement qu'elles n'avaient
appliqué jusque-là qu'à la famille. j
!
L'ancienne société avait, perdu ses mœurs., j
Elle ne pouvait garder l'empire. ;
Les invasions des barbares ramenèrent dans J
tout l'Occident la misère et la mala4die, filles '
des longues guerres.. j
La charité privée ftt des merveilles. !
La charité publique refta à l'état de lettre :
morte, si ce n'est à partir du cinquième siè-
cle, dans quelques grandes villes telles que ;
P:;lris, Lyon, Reims, Autun, où l'on bâtit des j
hôpitaux.
L'assistance était tout entière entre les
mains du clergé.
Charlemagne, désireux de faire bénéficier
le gouvernement de ce moyen d'influence, I
transcrivit dans ses Capitu!aires les disposi-
tions des conciles. g J
Mais le développement de ha féodalité ar-
rêta celui de la vie civile. Tandis que les sei-
gneurs s'installaient et se fortifiaient, le p'ou-
voir central ne pouvait guère faire autre chose j
que -s'opposer à leurs perpétuels empiète-'
ments. ,
L'Eglise continua à soulager les pauvres
dans la mesure de ses richesses. Les richesses
étaient immenses grâce aux privilèges et à la
foi des fidèles ; mais les guerres, surtout les
croisades, et -ie malheureux état du pays,
avaient créé tant de pauvres que les paroisses
et les couvents étaient souvent impuissants
à les secourir.
Il faut mentionner les efforts de Saint-
Louis qui créa des hôpitaux, entre autres les
Quinze-Vingt, et qui renouvela les édits de
Charlemagne, tombas en désuétude depuis
l'intronisation de la féodalité; "
A partir de ce moment, on peut constater !
régulièrement les. progrès de la bienfaisance |
publique dans la vieille société française, i
Les villes s'engageent à nourrir leurs pau- •
vres; ies con féries viennent en aide aux ma- !
lades et aux malheureux ; les corporations
veillent sur les veuves et les orphelins; de
leurs membres. Elles font plus encore. Ainsi,
chaque année,les maîtres argentiers de Paris
remettaient une forte somme à l'Hôtel-Dieu,
à la seule condition d'y admettre leurs ou-
vriers malades: :
s
se multiplient.
Qu'il n'y ait pas eu des abus de richesse
et de pouvoir dans ces créations, ce serait
trop demander. Du moins le paupérisme n'est
pas considéré comme une plaie incurable.
On s'en occupe ; on le combat, et non plus
par l'esclavage comme au moyen âge, mais
par des moyens humains, raisonnables, doit,
les mobiles sont religieux et moraux. Cela
seul constitue un progrès.
; Je lisais, il y a huit jours, dans la Gironde,
un excellent article, qui m'a donné l'idée de
celui-ci.
L'auteur, M. le docteur Smith, y faisait
l'historique de l'assistance publique en
France. Je lui emprunte les détails sui-
vants:
« François 1er charge les baillis et les séné- '
i chaux de la surveillance des hôpitaux. Il rend.
des ordonnances pour la distribution des se-
cours à domicile et pour la réglementation de
j la communauté des pauvres, prescrit aux évê-
ques et aux notaires d'engager les mourants à,
j faire des générosités à ces communautés, crée
! le bureau général des pauvres, chargé de le-
ver chaque année sur les princes, les sei-
gneurs, les communautés et les bourgeois
riches, une taxe d'qumô.ncs pour les pau-
vres, donne ordre aux prévôts des marchands
et échevins de Paris d'onvuir des ateliers de
travail pour les mendiants valides.
» Jusqu'à Henri 111, il faut enregistrer de
nombreux édits destinés à. modérer l'ardeur
des administrateurs des hôpitaux à piller la
caisse des pauvres. Sous Henri III (ordon-
nance de Blois), les simples bourgeois, mar-
j chands ou laboureurs peuvent seuls être éta-
I blis commissaires au régime du gouver-
| nementdes hôpitaux, à l'exclusion des ecclé-
| siastiques, gentilshommes ou officiers publics.
' Sous Louis Xffi,- on institue des asiles de
convalescents qui n'ont eu qu'une courte du-
rée et n'ont été rétablis que de nos jours1.
Louis XIV réunit tous les établissements hos-
pitaliers en un seul, et constitue un vaste
asile destiné à contenir plus de 6,00.0 indi-
gents, qu'il dote des priviléges suivants^ '
quêtes, dons, aumônes, legs, amendes, ctfn- !
fiscations, droit 'de levée du sixième en sus!
'du prix des billets d'entrée dans les specta-
cles. Enfin il crée l'hôtel des Invalides. r éjà
Henri IV avait donné l'hôpital de la Charité
e£
l'hôpital Saint-Louis pour les vieux offi-
cierb... »
Hélas! la période de ces établissements
est hnssi celle des grandes guerres de
Louis XIV. On connaît l'effroyable misère des
dernières années de ce règne...
Le pacte de famine et la banqueroute pla-
nèrent comme deux spectres sur la seconde
moitié du dix-huitième siècle. Le paupérisme,
.mieux secouru que jamais, grandissait tou-
jours.
On ne peut'lire sans frissonner, dit le doc-
teur Smith, le rapport que firent Bailli, Tança
et Lavoisier, sur l'état de'l'Hôtel-Dieu :
« Les commissaires ont remarqué que la
disposition générale de l'Hôtel-Dieu, dispo-
sition forcée par le défaut d'emplacement,
est d'étaler beaucoup de lits dans les salles et
d'y coucher 4, 5 et 9 malades dans un même
lit. Ils ont vu les'morts mêlés avec les vivants;
des salles où les passages sont étroits, 011.
l'air croupit faute de pouvoir se reno'jv'.']"r,
et où la lumière ne pénètre que faiblement et
chargée de vapeurs hm: ides... Les commis-
saires ont encore vu les convalescents môiés
dans les mêmes salles avec les malades, tes
nlGUraDts -et. les morts et forcés de sortir les
jambes nues, été comme h:"/'jr, pour respirer
l'air extérieur sur le pont Saint-Charles; ils
ont vu ponr les convalescents une sa le au
troisième éfD.ge, a laquelle on ne ))eo! par-
venir qu'en traversant ia salle où sont les
petites véroles, la salle des fous, contiguë à
celle des malheureux qui ont subi les plus
cruelles opérations, et qui ne peuvent espérer
de repos dans le voisinage de CC" Insensés,
dont les cris frénétiques.se font entendre jour
et nuit. a
' Vv\îV '
' y '
Une des gloires de r ASSf)mbiée constituante
sera d'avoir fait de l'extinction du paupérisme
l'objet d'une de ses premières préoccu'tations.
ROCAMBOLE
mess=""N° 26 LES MISÈRES DE LONDRES
PAR
PONSON DU TERRAIL
PROLOGUE
LA NOURRISSEUSE D'ENFANTS
XXVII
Alors l'homme gris raconta à l'ahhé Samuel
ce qui s'était passé le matin, comment il avait
pénétré chez mistress Fanoche et constaté la
disparition de cette dernière et de l'en fan t.
— Eh bien! dit l',,tbb-é Samuel, quand ? eu!
Voir le numéro du 8 novembre.
terminé son récit, vous êtes bien tranquille,
n'est-ce pas?
— Oui,♦certes.. ,
-. Vous vous dites que, si on a volé cet .en-
fant, c'est qu'on veut le substituer à un autre....
— Sans doute.
— A u-n enfant mort, ou malade, ou défi-
guré... et vous vous dites encore qua mistress
Fanoche Unira bien par rentrer chez elle et que
retrouver la trace de l'enfant n'est qu'un jeu
pour des gens qui appartiennent à la grande fa-
mille irlandaise. *
— Telle est du moins mon opinion,dit l'homme
gris d'un ton soumis et respectueux.
— Eh bien! à votre tour, écoutez-moi, dit
l'abbé Samuel avec une émotion croissante.
— Parlez...
— Il y a cent ans, l'Irlande était, comme au-
jourd'hui, la vassale de l'Angleterre, la terre
abreuvée de sang et de larmes, sur laquelle les
vainqueurs posaient insolemment le pied.
Un homme, une race tout entière plutôt, se
leva, arborant les couleurs de l'indépendance et
parlant de liberté. 1
Autour de cette race vinrent se ranger des
combattante et, pendant un quart de siècle, l'Ir-
lande lutta, tantôt au soleil, tantêt dans l'ombre,
i.nais sans relâche et sans cesse, obéissant à
dejix hommes. I
Ces deux hommes étaient deux frères. j
Ces deux frères étaient les rejetons de nos
anciens-rois, et il y a une vieille légende de notre
Erin qui dit que le fils de cette race sera1 le libé-
rateur de l'Irlande.
Des deux frères, .l'un mourut en, combat-
tant.
L'autre fut un lâche, il fit sa soumission à
l'Angleterre, et l'Angleterre lui donna'un siège
à son parlement. -
Mais cet homme eut, à son tour, deux fils.
L'un est demeuré un noble lord : il est Anglais,
il a renié l'Irlande.
L'autre se souvint du sang qui coulait dans
ses veines. ■
Celui-là s3 nommait sir Edmund.
H passa,en Mande, et vous savez comment il
a fini.
— C'était le père de l'enfant, n'est-ce pas?
dit l'homme gris.
— Güi. ,
— Ah! je comprends tout, maintenant.
— Non, vous ne comprenez rien encore, dit
le prêtre. Le frère de sir Edmund', . au lieu de
lui tendre la main, l'a poursuivi de sa haine; il
est aussi Anglais que l'autre «#>t reste Irlan-
dais-. ' ; : '
— Eh biM? ,
— Eh bienl qui vous dit que ce n'est pas lui
qui a fait enlever l'enfant?
. — Lui !,
— Oui. Non pour le substituer à un autre,
mais pour le ,faire disparate à jamais. Ceux
qui ont tue l'aigle, étouffent îe?, jeunes aiglons,
et itia Tamise roule des flots si noirs qu'on ne
, peut jamais voir le fond de son lit.
L'homme gris tressaillit.
Un souvenir traversa son cerveau. Il se rap-
, les confidences Skokâng, à l'endroit de
ce gentleman qui avait donne dix livres au men-
diant pour qu'il lui rapportAs de l'Ir-
landaise.
— Maî tre, dit-il, prenant toujours vis-à-vis de
jeune prêtre cette attitude soumise qu'il s'était
impo&ee, me permettrez-vpps une question 1
— Parlez' " ' 1 ' * '
— Quel est le nom que jJ0r{.e, à la charabr):
haute, le frère de sir Edmund?
— On l'appelle lord Palmure.
L'homme gris jeta ua cri.
— A.Il J dit-il, il faut sortir d'ici en ce cas
sortir sar-i.e-chaaiD, il le faut! il faut retrouver
l'enfant...
Le prëhe secoua la tête
— Sortir, clit-il, mais comment? ..
Et comme l'h.onMne, S
cou;;- ai vît avec an acceat âévren?,; ., ,
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