Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-10-07
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 octobre 1866 07 octobre 1866
Description : 1866/10/07 (N171). 1866/10/07 (N171).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717355x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
DÉPARTEMENTS
On lit dans l'Indicateur de Cognac :
« Le caissier de la recette de Cognac, le mal-
heureux Arnaud, est mort mardi vers cinq heu-
res du soir, après huit jours de la plus cruelle j
agonie. •*' ■' -
» Le motif qui l'a ,poossé au suicide M'est que
trop connu aujourd'hui. On parle d'un déficit de
caisse qu'un examen attentif délivres vena'tde
révéler à l'inspecteur des finances, arrivé subi-
tement à Cognac.
» Une instruction était déjà commencée, lors-
que la mort d'Arnaud vint arrêter le cours de la
justice. » * u,t"*
Nous lisons dans 10 Courrier de-l'Eure :
Un artisio dramatique, lu nommé Régnier, àgÓ de
vingt-neuf ans, arrêté en vertu d'un mandat d'amener
et conduit ensuite do brigade en brigade au Maus,
avait été écroué, dimanche, au dépôt de sûreté de Mon-
treuil-l'Àr»illô (Eure.)
Le lendemain, en venant le prendre pour l'escorter
jusqu'à l'étape suivante, les gendarmes n'ont plus trouvé
personne. Le prisonnier s'était évadé pendant, la nui'.
Le bâtiment servant de dépôt est dans un très-mau-
vais état. La captif n'avait pas eu besoin chi se mettre
en frais d'iroaçination pour se ménager le moyen tic
fuir. La nuit venue, il avait tout simplement enfoncé le
mur à coups de pieds.
Nous avons reproduit, d'âpre le Drovers, dont les indications paraissaient Rappliquer à mi
membre du barreau du Havre, M. P..., awat. aetud-
lement absent de celte viile, et le représentaient eomm«
atteint d'un grand dérangement d'cspri).
Il parait aujourd'hui qu'il ne s'es!. a.gi tout simple-
mont que d'une mésaventure de voyage.
M. D..., se trouvant à Fliôlel du Grand-Balion, à
Saiut-Deuis, s'aperçut après déjeuner que son port'j-
monnaie était vide (J'eslièc-es : il avait laissa son ar-
gent à l'iiôtol du Chemin de fer du ;-\ord, où j! é'ait
descendu à Paris. L'hôtelier de Saint-Denis exigeant un
payement immédiat de la somme à laquelle se montait
la dépense, il s'ensuivit une assez vive discussion, et
chez M. D... une exaltation facile à expiijuer par Ja
susceptibilité froissée d'un Lqjuh ti homme rj'u, il ans
une fausse [:(s:'ion, rencontre, au lien d'égards, une
altitude de dútianee et des suppositions bks-auli s.
M. D... ofl'j-it en gage sa montre et sa chaîne d'or, d'une
valeur do COO t'r.. mais .demandant par contre à i'nôte-
lier un reçu de nantissement.
C'est dans ces circonstances que l'hùtdier crut de-
voir requérir l'intervention do la ])oliee, ce qui, on le
comprend aisénient, porta au comble l'exasrél atjoll de
M. D...
■ On lit dans 11 Union bretonne :
Un monstre vient de naitre dans la commune
de la Ctrapelle-Basse-Mer, à BarlJeehat, chez le
sieur François Subileau. C'est un veau n'ayant
que trois jattes; la quatrième est placée sur le
dos et parfaitement articulée. La queue est
également sur le dos, n'a que quatre ponces de
longueur et ressemble à la queue d'un chien.
L'animal, âgé de plusieurs semai, es, est très-
.'lieu portant.
On écrit de Bussière-Poitevino (Haute-Vienne) à
l'Opinion nationale:
« Le 1 e, oclobre, à huit heures du soir, on a aperçu
à l'horizon, dans la direction nord-Ctit, un météore Ir-
mineux, ayant la forme d'une pyramide tronquée, ren-
versée, occupant environ, sur La sphère céleste, i de-
grés à la petite base, et 7 degrés à la grande.
Il La lumière était blanche, moins éblouissante qua
;]'édair, oscillant lentement; par intérim! tenc ■, le mé-
téoro s'accroissait en volume, les os:'iltat.iom deve-
naient plus rapides et plus étendues, et elles lançaient
dfcs rayons blanchâtres qui arrivaient à quelques de-
grés du zénith.
» Au premier abord, j'ui cru que ce phénomène
était tout simplement un éclair dit de chaleur : mais
cette première supposition était fausse.
» Assurément, ce n est point un fait ordinaire (l'é-
lectricité (si l'électricité en est la cause)., car les oscil-
lations auraient été plus rapides ot plus, nettement des-
sinées, leur durÓo moins longuo, ot la; phénomène
aurait été observé par les gens qui étaient daiis les ha-
bitations, ou nu moins par les gens qui étïuliaat dohors
et qui tournaient la dos à l'endroit où le phénomène
apparaissait. Do plus, 13 journée et la soirée avaient été
brumeuses pluvieuses. le temps obscur, l'atmosphère
électriséc normalement et la'pression normale.
[ » Il serait absurde de songer à une aurore- boréale.
Ce n'est point un feu naturel, car le phénomène offrait
de trop grandes proportions. )f
Le Journal du Bordeaux cite un exemple bien
remarquable de fidélité donné par une famille
I agricole de l'arrondissement de Nérac. La famille
Boursan, de Saint- P;er:c,de-Buzet, à laquelle
le comice agricole de Nérac a décerné la primo
d'honneur, cultive la même Détailie depuis
1666.
ÉTRANGER
On avait annoncé que la reine d'Ang'eterre
devait anoblir les promoteurs (iJ la grande ex-
pédition du câble transatia'ntiqus.
La reine d'Angleterre a, en effet, créé cheva-
iers le capitaine Andersen, commandant du
Grcat, -Eastern pendant la .dernière campagne du
télégraphe -transat'ant que; le profes eur Thomp-
sc.;],* (iir('c "ur scientifique de l'expédition ; M.
Gias-s, directeur, et M. Canning, ingén eur de la
T le:JI'I!ph MaiuUvavce Company, M. Samson,
depu!y chairman de l'ancienne Compagnie, dont
i'¡:'ner:-;iquo persévérance, en dépit de tant de
traverses et de mécomptes, a permis le succès
final, et M. Gaoch, membre des communes, pré-
sidcllt de la Compagnie actuelle, ont reçu le Litre
de baronnet.
Les Cosaques du Don viennent d'offrir à" Té- !
glise ru-se de Nice une magnifique croix d'ar- !
gent, style byzantin. de la valeur de quatre mille
rouilles (environ 16,000 francs), en souvenir du j
grand-duc héritier de Russie, décédé à Nice le
24 avril lSG;),
On sait que S. A. I. le ezarcwitch Nicolas
Alexaiidro"v te 11 était leur hetman.
Le R. P. Leboucq. de la compagnie de Jésus,
vient d'être décoré par l'empereur de la Chine
de l'Etoile d'or précieuse avec per e bleu", pour
d'cmn.ents services rendus à son armée dans la
guerre contre les rebelles.
Dans le can'on de Vautl se, trouve la petite villo do
B... Dernière,lient, la commune entreprit de défricher
n:l terrain qui servait à l'mpcsition punique des cri-
minels. Le succès répondait à ses touUlives, quand un
vodeur fut arrêté aux environs de n., jugé et condam-
né à la prison et à l'exposition publique.
Les édiles do ia commune s'assemblent ausgiltjl, et,
après avoir longtemps délibéré sur ce qu'on avait à
faire pour no pas exposer le terrain défriché ;'t souffrir
de la foule immense qui s'y porterait, il lut arrêté à
l'unanimité la délibération suivante :
Art. ter. — Attendu que le communal , récemment
mis eu culture, encourra!! dos dégâts de la part de la
mu'titude au jour do laiite exposition duuit con-
damné.
Art. '2. —• 11 sera offert audit condamné uno soi'amo
de 18 fr. poursemblera.
Arrèté en conseil communal, et certifié nonfarmo.
Le syndic, signe : X...
On lit dans l'Echo du parlement bâlge : •
Les douaniers postés à It¡)zenJad viennent do faire
une importante saisie dans les circonstances suivantes:
Une dame, qui, depuis plusieurs années; se rend en
Hollando trois fois par semaine, se trouvait dans la salle
do vi.-ii:?O, lorsque tout à coup son chignon, aux pro-
portions coAossales, tomba on produisant un son mé-
tallique. Un douanier s'en empara et découvrit qu'il
était rempli d'objets en or. Ils fu roui saisis, at h dama
a été mis en état d'arrestation.
i
NÉCROLOGIE
i
M. Perrotin.que l'édition efes chansons ae BB-
ranger avait rendu populaire, est mort à l'àge'de
70 ans.
La Faculté de médecine de Paris a perdu le
mémo jour un de ses professeurs honoraires,
M. le docteur Ro.-t n.
Le Sun annonce la mort du fameux jockey
Hï-rry (;i-i;it-;Iiaw, qui, jeté à terre avant-hier soir,
a succombé presque aussitôt. L'accident a eu
lieu près de la grille de Paper-Mills, du coté
New-Market de: Cambridge. On n'a pas oublié
que Griuisiiaw conduisait Gladiateur à la victoire
dans les Two Thousand, à Derhy et à Saint-
L"',:.;cr. Sa mort sera vivement regrettée de tous
les sportsim-n français, dont il était le favori.
On le regardait comme le plus loyal et le
meilleur jochey qui ait jamais enfourché un
cheva!. ij
TRIBUNAUX
UNE FEMME PÉTULANTE.
Nous n'avons jamais VII. ni vous non plus, j'en suis
sur, une i>otito femme aussi vive que celle qui pst as-
sise snr le banc de la police correctionnelle. Elle est
petite, rondo, rousse et remuante comme une boule de
vif-argent. Si nous avons écrit qu'elle était « assise »
sur 10 banc de la prévention, c'est c'estneccssairemcnt par
habitude ; elle est debout, elle est à genoux, elle est
jtenchée, couchée, et tout cela à la fois. Le photogra-
pile le plus habile y pér irait son eolloJion, si rapide
,¡n'il soit. Une caq;D jetée vivante dans la friture ne
ferait pas mieux.
lv'isa est prévenue de va (:(abolHlaéfe, <'.'btai' impossible
autrennn! ! l'lie femme qui ne peut pas rester t,,:i place
ne saurait se tenir dans un domicile. On ne s'Ólon]]!)
que d'une cll0,.0, c'est que les agents aient pu trouver
un moment, pour mettre la main sur elle.
Il y avait bien aussi contre elle une prévention de
coups et bI'-'Mures; muis elle a été écartée, g.àee sans
doute à l'inaltérable et indulgente bonté de la vic-
time qui est le mari.
Le nom de celui-ci a été prononce, mais c'est avec
une telle complication de f..., de ch..., do z..., qu'il
est impossible de le traduire sur-le-champ en écriture
et plus impossible encore de ne pas l'oublier quand on
a négligé do l'écriro immDdiattimunt.
m. le riiKsniK.NT. — r'revenue, vous avez été trouvée
par les agents sur un banc du boulevard Pigale ?
LA prévenu k. — Je venais de m'asseoir.
m. lk niKsiDKNT. —■ Là n'est pas la question.
LA rnÉvKNU.". — .)'aH;tis partir.
M. LK rnÉsiiiE-XT. — Pour aller où?
la miSvknuk. - Pour aller à Saint-Denis.
m. le ritKsiDKNT. —• Mais vous n'avez pas plus de do-
micile à Saint-Denis qn'a l'.jLrn?
LA rnÉvEXUK. — D'mande excuse, monsieur, j'ai mon
mari à Saint-Denis,
011 entend dans l'auditoire éclater un rire sourd. On
dirait les notes basses d'un trombonne Légèrement rèlé.
La prévenue protm'iH; av;cc inquiétude ses regards dans
la saUe.
M. LE président. — Mafb OÙ: aveille ? ,
la. prévenue. Je ne n» suis pas couctéfl du
, tout..
î M. LE PRÉSIDENT. — Et qu'aV$8HK>U» duQc .'fait? 01l kt
"étiez-vous?
LA. PRÉVENUE. — Partout ! j'ai cherché mon -mari tant'.1
quo j a, pu de tous les câms. Je voulais te tïbu^er;.
c'est bien naturel; parce qu'on a eui une petite dis--*
pute. fait. ce n est pas une raison pour ,9c quitter, ,tout i.'
cédents? M. LE pnisIDENT. - ¡'&'ftI&t-\<6iHe., les jo^'rs pré»
la. prévenue. — Je le cherchais toujours. Justémenf,.
quand ces messieurs sont venus m'arrêter, je venais da4
rencontrer une connaissance qui latovait dit : « Votre,
mari travaille à Saint-Denis. » J'allais partir. i
M. LE président. — Ainsi, selon, vous, depuis (}Us,
vous avez quitté votre mari, vous. n'avez pas cessé de,,
lo chercher?
LA pRh.vENUB. — Pas une minute, pas uno soronde l'i
Mais vous savez, il travaille tantôt d'un côté, tantôt:
de 1 autre, et depuis quelques jours que je l'ai quitté .,
comme il est en garni...
M. lk prksibent. — Eh bien 1 nous allons l'entendra.
Mme Elisa, qui ne s'attendait pas à cette conclusion
reste clouée sur place ; c'est peut-être la première fois.
de sa vie.
Laboureur époux de Elisa est un homme do cinq
pieds sept pouces, large comme un bastion, droit i
comme un mât de cocagne. Dès le premier mot qu'il]
prononce, on reconnaît le magnifique organe qui a faifci
entendre un si beau rire..
m. LE président. -Vous êtes le mari de liu prévu».
nue?
le témoin. — Foui 1 foui f tepuis taux ans 1
M. LE ritEsiDKNT. Il parait que vous avez eu uns,
dispute avec votre femme; vous vous êtes séparés dt'
fait?
LE TÉMOIN. — Elle m'a enfoyé une pouteille à la
téte I... foilà la marque 1
Et la témoin montre une très-jolie balafre qui lui
partage le front.
M. lk président. — Il parait quo votre femme voua
cherche ?
LK TÉ:\WI:f. — Cho safais bas.
M, u; l'RHsiuKXT. — Est-ce que vous travaillez à Saint-
Denis.
LE témoin. - Non blus maintenant.
M, LE l'HÉ:3IDE:fT. - Mals elle affirme qu'un de VOS
amis le lui a dit?
lk témoin. — Che ne travaille blus à Saint-Denis
depuis toux ans.
LA. rnKVHKUE. — Mon ami, tu sais bien... c'est ton
ami le maçon, Balourdet, qui m'a dit ea... Il travailla
■ avec toi.
LI' TK''[oiN. — Balourdet est mort depuis teux anst
(iUrus.)
III, LE PRÉi'IIIE1\T. — Combien y a-t-il donc. de temps
quo vous êtes séparés et que votre femme voua
i-herche?
le 'i'KMOiN. — Il y a toux. ans ! (Explosion de rires
dans l'auditoire.) i
La défense de la prévenue s'attache à établir ql1B
la prévenue a un domicile chez son mari qui la ré-
i lame. '■
A c.o mot, le colosso fait un signe d'adhésion et la
petite femme, qui entend prononcer son acquittement,^
recommence il s'ag-i ter de plus belle.
Elle est décidément trop vive. \ (Droit.)
SEINE DES BOIS
Peu de soldats,, dans l'armée française,, ayant
tenu garnison, depuis quinze ans, à Vincennes ou à
Versailles, ne connaissent pas Reine des Bois, dont nous
allons rapidement esquisser la triste histoire. A vingt
ans, c'était une des plus jolies filles du quartier du
Tun);de, où ses parents étaient marchands -d'habits.
Elle se maria à un mécanicien et vécut très-heureusa
jusqu'en 18 t6, époque à laquelle son fils unique qu'elle
aimait beaucoup voulut absolument se faire soldat. Il
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (1)
— Rassurez-vous, pauvre femme, dit M. Du-
vauchclle, je suis d'un pays où l'esclavage a été
aboii et où les nègres ont su conquérir leur indé-
ptn lance,
— Existe-t-il donc un tel pays ? ùemanda-t-cllc.
— Certes, il existe, et je compte y retourner
avant peu, aussitôt que mes affaires ici seront
terminées. Jf: ne vous ai achetée que pour vous
soustraire, ainsi que votre fils, à l'esclavage, et
vous rendre la liberté. Prenez ces deux cents
dollars, ils suffiront pour vous fournir le moyen
de vous créer une industrie.
/ La négresse repoussa la bourse qu-e lui ten-
dait monsieur Duvauchelle,
— Mais, dans ce pays dont voas parlez, de-
manda-t-elle en parlant lentement comme si un
travail se faisait dans sa tête, si vous n'avez pas
/l) Voir les numéros parus depuis le 28 août.
d'esclaves, vous avez des serviteurs, veas. surtout
qui êtes riche?
— Nous avons des serviteurs, en effet, mais
que nous payons et qui sont libres de nous quit-
ter lorsque bon leur se;'nb!e.
- Bien, fit elle en riant selon l'habitude des
noirs lorsqu'i's éprouvent une grande joie, gar-
dez, maître, cet or et ce papier dont nous
1 n'avons que faire, no..s serons mon fils, et moi,
vos serviteurs.
— Eli quoi ! vous consentiriez à abandonner
votre pays !
— Un enclave n'a pas de pays, dit-elle avec
tristesse : vous parti, maître, cette liberté que
vous nous donnez si géné.eusement n us serait
ravie de nouveau. Vous ne connaissez pas les
blancs du Texas ; laissez-nous vous suivre, qui
sait '? peut-être un jour les deux misérables nègres .
que vous sauvez si noblement acquitteront-ils
la dette du cœur qu'ils contractent aujourd'hui
envers vous. Au nom de tout ce que vous ai-
mez, maître, laissez-nous vous suivre.
— Soit, dit monsieur DuvancheUe. attendri par
ce langage si simple et si vrai, soit, vous me sui-
vrez à Haïti : seulement, souvenez-vous que vous
êtes libres.
— Nous sommes plus esclaves que jamais, rÔ-
pondit la négresse en souriant, car nous le
sommes par reconnaissance.
Tout fut dit entre ces trois personnes, sans
plus de conversation. Quelques jours après ils
partirent pour Saint-Domingue.
Les noirs sont extrêmes en tout: ils aiment
où ils haïssent. Do même qu'ils savent inventer
d'hori'iides raf'.inements de barbarie pour se ven-
ger, de même leur dévouement est sans limite,
quand leur reconnaissance est, en jeu.
Marcelin et sa mère avaient pour tour maître
des soins atV'nllri:isants, des attentions d'une
délicatesse extrême, et dans maintes circons-
tances le planteur ■ se félicita de sa bonne
ac'.iun.
Lorsque Marcelin riiso'nt de se dévouer pour
son maître en s affiliant aux Vdudoux:, S"-d. mèiv
t'embrassa en souriant et ne lui dit que ce soui
mot :
— Fais !
Et maigre lui monsieur Duvauchelle avait été
obligé de souscrire aux volontés du jeune homme
et d'accepter son dévouement
En reprenant coiiriaissaiicp, Mircelin a uil
curieusement et anxieusement regardé autour de
lui. Le jeune noir avait conservé dans toute leur
pureté les instincts sauvages de la race à la
quelle il appartenait. Bien qu'il tut, seul en ap-
parence etque, aussi loin que sa vue pouvait s'é-
tendre dans toutes les directions, la campagne
semblât déserte, cependant par intuition, pour
ainsi dire', il sc sentait observé et épié par des
regards invisibles dont l'acuité pesait sur lui.
Il se leva d'un air nonchalant, s'étira à deux
ou trois reprises comme un homme qui sort d'un
\ lourd sommeil, et d'un pas calme, tranquille et
i reposé, il se dirigea lentement vera Léogane,
tournant ainsi résolument le dos aux montagnes
noires où il voulait se rendre.
Il marchait ainsi depuis quelques minutes déjà,
chantant à demi voix une chanson créole, et
il se frayait, à granù'peine un passage à travera
les épais buissons de la forêt de l'Artibonite,
lorsque tout à coup une voix rude retentit à son
oreille, et un homme surgit devant lui comma
' s'il eùt subitement jailli des entrailles de la terre.
— Tu es bien gai ce matin, Marcelin? dit,
j ironiquement cet homme.
GUSTAVE AIMARD.
i (La suite a demain.)
L'ESPRIT DE TOUT LE MONDE
M. Viilemain fut, dans le temps, -l'un des petits jour-.
Halistes les plus hargneux et les pins rageurs.
Un jour, la feuille qu'il rédigeait se prit de pluma
avec le Drapeau blanc et Marlllin v lUe.
On s'én:inl(t ït,ripro,jUemclll.
Pour clore le débat, M. Villemain ne"trouva rien da
mieux que d'imprimer cetta phrase:
« On sait à quoi s'en tenir sur l'esprit de M. Marlaill-,
ville. Ce publiciste demeure rue du Foin. » <
Le lendemain, la Drapeau blanc contenait la riposte)
suivante: _ # 1
« Nous ignorons où M. Villemain puise ses "nsoi-
gnements lorsqu'il prétend que jp demeure rue dt4
Foin ,'... 1
» A bout d'arguments, cet écrivain aura sans: doute,
dans sa précipitation, pris le premier mot qu'il avait à,
la bouche. •- ^ (U Lune]^ A
On lit dans l'Indicateur de Cognac :
« Le caissier de la recette de Cognac, le mal-
heureux Arnaud, est mort mardi vers cinq heu-
res du soir, après huit jours de la plus cruelle j
agonie. •*' ■' -
» Le motif qui l'a ,poossé au suicide M'est que
trop connu aujourd'hui. On parle d'un déficit de
caisse qu'un examen attentif délivres vena'tde
révéler à l'inspecteur des finances, arrivé subi-
tement à Cognac.
» Une instruction était déjà commencée, lors-
que la mort d'Arnaud vint arrêter le cours de la
justice. » * u,t"*
Nous lisons dans 10 Courrier de-l'Eure :
Un artisio dramatique, lu nommé Régnier, àgÓ de
vingt-neuf ans, arrêté en vertu d'un mandat d'amener
et conduit ensuite do brigade en brigade au Maus,
avait été écroué, dimanche, au dépôt de sûreté de Mon-
treuil-l'Àr»illô (Eure.)
Le lendemain, en venant le prendre pour l'escorter
jusqu'à l'étape suivante, les gendarmes n'ont plus trouvé
personne. Le prisonnier s'était évadé pendant, la nui'.
Le bâtiment servant de dépôt est dans un très-mau-
vais état. La captif n'avait pas eu besoin chi se mettre
en frais d'iroaçination pour se ménager le moyen tic
fuir. La nuit venue, il avait tout simplement enfoncé le
mur à coups de pieds.
Nous avons reproduit, d'âpre le Dro
membre du barreau du Havre, M. P..., awat. aetud-
lement absent de celte viile, et le représentaient eomm«
atteint d'un grand dérangement d'cspri).
Il parait aujourd'hui qu'il ne s'es!. a.gi tout simple-
mont que d'une mésaventure de voyage.
M. D..., se trouvant à Fliôlel du Grand-Balion, à
Saiut-Deuis, s'aperçut après déjeuner que son port'j-
monnaie était vide (J'eslièc-es : il avait laissa son ar-
gent à l'iiôtol du Chemin de fer du ;-\ord, où j! é'ait
descendu à Paris. L'hôtelier de Saint-Denis exigeant un
payement immédiat de la somme à laquelle se montait
la dépense, il s'ensuivit une assez vive discussion, et
chez M. D... une exaltation facile à expiijuer par Ja
susceptibilité froissée d'un Lqjuh ti homme rj'u, il ans
une fausse [:(s:'ion, rencontre, au lien d'égards, une
altitude de dútianee et des suppositions bks-auli s.
M. D... ofl'j-it en gage sa montre et sa chaîne d'or, d'une
valeur do COO t'r.. mais .demandant par contre à i'nôte-
lier un reçu de nantissement.
C'est dans ces circonstances que l'hùtdier crut de-
voir requérir l'intervention do la ])oliee, ce qui, on le
comprend aisénient, porta au comble l'exasrél atjoll de
M. D...
■ On lit dans 11 Union bretonne :
Un monstre vient de naitre dans la commune
de la Ctrapelle-Basse-Mer, à BarlJeehat, chez le
sieur François Subileau. C'est un veau n'ayant
que trois jattes; la quatrième est placée sur le
dos et parfaitement articulée. La queue est
également sur le dos, n'a que quatre ponces de
longueur et ressemble à la queue d'un chien.
L'animal, âgé de plusieurs semai, es, est très-
.'lieu portant.
On écrit de Bussière-Poitevino (Haute-Vienne) à
l'Opinion nationale:
« Le 1 e, oclobre, à huit heures du soir, on a aperçu
à l'horizon, dans la direction nord-Ctit, un météore Ir-
mineux, ayant la forme d'une pyramide tronquée, ren-
versée, occupant environ, sur La sphère céleste, i de-
grés à la petite base, et 7 degrés à la grande.
Il La lumière était blanche, moins éblouissante qua
;]'édair, oscillant lentement; par intérim! tenc ■, le mé-
téoro s'accroissait en volume, les os:'iltat.iom deve-
naient plus rapides et plus étendues, et elles lançaient
dfcs rayons blanchâtres qui arrivaient à quelques de-
grés du zénith.
» Au premier abord, j'ui cru que ce phénomène
était tout simplement un éclair dit de chaleur : mais
cette première supposition était fausse.
» Assurément, ce n est point un fait ordinaire (l'é-
lectricité (si l'électricité en est la cause)., car les oscil-
lations auraient été plus rapides ot plus, nettement des-
sinées, leur durÓo moins longuo, ot la; phénomène
aurait été observé par les gens qui étaient daiis les ha-
bitations, ou nu moins par les gens qui étïuliaat dohors
et qui tournaient la dos à l'endroit où le phénomène
apparaissait. Do plus, 13 journée et la soirée avaient été
brumeuses pluvieuses. le temps obscur, l'atmosphère
électriséc normalement et la'pression normale.
[ » Il serait absurde de songer à une aurore- boréale.
Ce n'est point un feu naturel, car le phénomène offrait
de trop grandes proportions. )f
Le Journal du Bordeaux cite un exemple bien
remarquable de fidélité donné par une famille
I agricole de l'arrondissement de Nérac. La famille
Boursan, de Saint- P;er:c,de-Buzet, à laquelle
le comice agricole de Nérac a décerné la primo
d'honneur, cultive la même Détailie depuis
1666.
ÉTRANGER
On avait annoncé que la reine d'Ang'eterre
devait anoblir les promoteurs (iJ la grande ex-
pédition du câble transatia'ntiqus.
La reine d'Angleterre a, en effet, créé cheva-
iers le capitaine Andersen, commandant du
Grcat, -Eastern pendant la .dernière campagne du
télégraphe -transat'ant que; le profes eur Thomp-
sc.;],* (iir('c "ur scientifique de l'expédition ; M.
Gias-s, directeur, et M. Canning, ingén eur de la
T le:JI'I!ph MaiuUvavce Company, M. Samson,
depu!y chairman de l'ancienne Compagnie, dont
i'¡:'ner:-;iquo persévérance, en dépit de tant de
traverses et de mécomptes, a permis le succès
final, et M. Gaoch, membre des communes, pré-
sidcllt de la Compagnie actuelle, ont reçu le Litre
de baronnet.
Les Cosaques du Don viennent d'offrir à" Té- !
glise ru-se de Nice une magnifique croix d'ar- !
gent, style byzantin. de la valeur de quatre mille
rouilles (environ 16,000 francs), en souvenir du j
grand-duc héritier de Russie, décédé à Nice le
24 avril lSG;),
On sait que S. A. I. le ezarcwitch Nicolas
Alexaiidro"v te 11 était leur hetman.
Le R. P. Leboucq. de la compagnie de Jésus,
vient d'être décoré par l'empereur de la Chine
de l'Etoile d'or précieuse avec per e bleu", pour
d'cmn.ents services rendus à son armée dans la
guerre contre les rebelles.
Dans le can'on de Vautl se, trouve la petite villo do
B... Dernière,lient, la commune entreprit de défricher
n:l terrain qui servait à l'mpcsition punique des cri-
minels. Le succès répondait à ses touUlives, quand un
vodeur fut arrêté aux environs de n., jugé et condam-
né à la prison et à l'exposition publique.
Les édiles do ia commune s'assemblent ausgiltjl, et,
après avoir longtemps délibéré sur ce qu'on avait à
faire pour no pas exposer le terrain défriché ;'t souffrir
de la foule immense qui s'y porterait, il lut arrêté à
l'unanimité la délibération suivante :
Art. ter. — Attendu que le communal , récemment
mis eu culture, encourra!! dos dégâts de la part de la
mu'titude au jour do laiite exposition duuit con-
damné.
Art. '2. —• 11 sera offert audit condamné uno soi'amo
de 18 fr. pour
Arrèté en conseil communal, et certifié nonfarmo.
Le syndic, signe : X...
On lit dans l'Echo du parlement bâlge : •
Les douaniers postés à It¡)zenJad viennent do faire
une importante saisie dans les circonstances suivantes:
Une dame, qui, depuis plusieurs années; se rend en
Hollando trois fois par semaine, se trouvait dans la salle
do vi.-ii:?O, lorsque tout à coup son chignon, aux pro-
portions coAossales, tomba on produisant un son mé-
tallique. Un douanier s'en empara et découvrit qu'il
était rempli d'objets en or. Ils fu roui saisis, at h dama
a été mis en état d'arrestation.
i
NÉCROLOGIE
i
M. Perrotin.que l'édition efes chansons ae BB-
ranger avait rendu populaire, est mort à l'àge'de
70 ans.
La Faculté de médecine de Paris a perdu le
mémo jour un de ses professeurs honoraires,
M. le docteur Ro.-t n.
Le Sun annonce la mort du fameux jockey
Hï-rry (;i-i;it-;Iiaw, qui, jeté à terre avant-hier soir,
a succombé presque aussitôt. L'accident a eu
lieu près de la grille de Paper-Mills, du coté
New-Market de: Cambridge. On n'a pas oublié
que Griuisiiaw conduisait Gladiateur à la victoire
dans les Two Thousand, à Derhy et à Saint-
L"',:.;cr. Sa mort sera vivement regrettée de tous
les sportsim-n français, dont il était le favori.
On le regardait comme le plus loyal et le
meilleur jochey qui ait jamais enfourché un
cheva!. ij
TRIBUNAUX
UNE FEMME PÉTULANTE.
Nous n'avons jamais VII. ni vous non plus, j'en suis
sur, une i>otito femme aussi vive que celle qui pst as-
sise snr le banc de la police correctionnelle. Elle est
petite, rondo, rousse et remuante comme une boule de
vif-argent. Si nous avons écrit qu'elle était « assise »
sur 10 banc de la prévention, c'est c'estneccssairemcnt par
habitude ; elle est debout, elle est à genoux, elle est
jtenchée, couchée, et tout cela à la fois. Le photogra-
pile le plus habile y pér irait son eolloJion, si rapide
,¡n'il soit. Une caq;D jetée vivante dans la friture ne
ferait pas mieux.
lv'isa est prévenue de va (:(abolHlaéfe, <'.'btai' impossible
autrennn! ! l'lie femme qui ne peut pas rester t,,:i place
ne saurait se tenir dans un domicile. On ne s'Ólon]]!)
que d'une cll0,.0, c'est que les agents aient pu trouver
un moment, pour mettre la main sur elle.
Il y avait bien aussi contre elle une prévention de
coups et bI'-'Mures; muis elle a été écartée, g.àee sans
doute à l'inaltérable et indulgente bonté de la vic-
time qui est le mari.
Le nom de celui-ci a été prononce, mais c'est avec
une telle complication de f..., de ch..., do z..., qu'il
est impossible de le traduire sur-le-champ en écriture
et plus impossible encore de ne pas l'oublier quand on
a négligé do l'écriro immDdiattimunt.
m. le riiKsniK.NT. — r'revenue, vous avez été trouvée
par les agents sur un banc du boulevard Pigale ?
LA prévenu k. — Je venais de m'asseoir.
m. lk niKsiDKNT. —■ Là n'est pas la question.
LA rnÉvKNU.". — .)'aH;tis partir.
M. LK rnÉsiiiE-XT. — Pour aller où?
la miSvknuk. - Pour aller à Saint-Denis.
m. le ritKsiDKNT. —• Mais vous n'avez pas plus de do-
micile à Saint-Denis qn'a l'.jLrn?
LA rnÉvEXUK. — D'mande excuse, monsieur, j'ai mon
mari à Saint-Denis,
011 entend dans l'auditoire éclater un rire sourd. On
dirait les notes basses d'un trombonne Légèrement rèlé.
La prévenue protm'iH; av;cc inquiétude ses regards dans
la saUe.
M. LE président. — Mafb OÙ: a
la. prévenue. Je ne n» suis pas couctéfl du
, tout..
î M. LE PRÉSIDENT. — Et qu'aV$8HK>U» duQc .'fait? 01l kt
"étiez-vous?
LA. PRÉVENUE. — Partout ! j'ai cherché mon -mari tant'.1
quo j a, pu de tous les câms. Je voulais te tïbu^er;.
c'est bien naturel; parce qu'on a eui une petite dis--*
pute. fait. ce n est pas une raison pour ,9c quitter, ,tout i.'
cédents? M. LE pnisIDENT. - ¡'&'ftI&t-\<6iHe., les jo^'rs pré»
la. prévenue. — Je le cherchais toujours. Justémenf,.
quand ces messieurs sont venus m'arrêter, je venais da4
rencontrer une connaissance qui latovait dit : « Votre,
mari travaille à Saint-Denis. » J'allais partir. i
M. LE président. — Ainsi, selon, vous, depuis (}Us,
vous avez quitté votre mari, vous. n'avez pas cessé de,,
lo chercher?
LA pRh.vENUB. — Pas une minute, pas uno soronde l'i
Mais vous savez, il travaille tantôt d'un côté, tantôt:
de 1 autre, et depuis quelques jours que je l'ai quitté .,
comme il est en garni...
M. lk prksibent. — Eh bien 1 nous allons l'entendra.
Mme Elisa, qui ne s'attendait pas à cette conclusion
reste clouée sur place ; c'est peut-être la première fois.
de sa vie.
Laboureur époux de Elisa est un homme do cinq
pieds sept pouces, large comme un bastion, droit i
comme un mât de cocagne. Dès le premier mot qu'il]
prononce, on reconnaît le magnifique organe qui a faifci
entendre un si beau rire..
m. LE président. -Vous êtes le mari de liu prévu».
nue?
le témoin. — Foui 1 foui f tepuis taux ans 1
M. LE ritEsiDKNT. Il parait que vous avez eu uns,
dispute avec votre femme; vous vous êtes séparés dt'
fait?
LE TÉMOIN. — Elle m'a enfoyé une pouteille à la
téte I... foilà la marque 1
Et la témoin montre une très-jolie balafre qui lui
partage le front.
M. lk président. — Il parait quo votre femme voua
cherche ?
LK TÉ:\WI:f. — Cho safais bas.
M, u; l'RHsiuKXT. — Est-ce que vous travaillez à Saint-
Denis.
LE témoin. - Non blus maintenant.
M, LE l'HÉ:3IDE:fT. - Mals elle affirme qu'un de VOS
amis le lui a dit?
lk témoin. — Che ne travaille blus à Saint-Denis
depuis toux ans.
LA. rnKVHKUE. — Mon ami, tu sais bien... c'est ton
ami le maçon, Balourdet, qui m'a dit ea... Il travailla
■ avec toi.
LI' TK''[oiN. — Balourdet est mort depuis teux anst
(iUrus.)
III, LE PRÉi'IIIE1\T. — Combien y a-t-il donc. de temps
quo vous êtes séparés et que votre femme voua
i-herche?
le 'i'KMOiN. — Il y a toux. ans ! (Explosion de rires
dans l'auditoire.) i
La défense de la prévenue s'attache à établir ql1B
la prévenue a un domicile chez son mari qui la ré-
i lame. '■
A c.o mot, le colosso fait un signe d'adhésion et la
petite femme, qui entend prononcer son acquittement,^
recommence il s'ag-i ter de plus belle.
Elle est décidément trop vive. \ (Droit.)
SEINE DES BOIS
Peu de soldats,, dans l'armée française,, ayant
tenu garnison, depuis quinze ans, à Vincennes ou à
Versailles, ne connaissent pas Reine des Bois, dont nous
allons rapidement esquisser la triste histoire. A vingt
ans, c'était une des plus jolies filles du quartier du
Tun);de, où ses parents étaient marchands -d'habits.
Elle se maria à un mécanicien et vécut très-heureusa
jusqu'en 18 t6, époque à laquelle son fils unique qu'elle
aimait beaucoup voulut absolument se faire soldat. Il
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (1)
— Rassurez-vous, pauvre femme, dit M. Du-
vauchclle, je suis d'un pays où l'esclavage a été
aboii et où les nègres ont su conquérir leur indé-
ptn lance,
— Existe-t-il donc un tel pays ? ùemanda-t-cllc.
— Certes, il existe, et je compte y retourner
avant peu, aussitôt que mes affaires ici seront
terminées. Jf: ne vous ai achetée que pour vous
soustraire, ainsi que votre fils, à l'esclavage, et
vous rendre la liberté. Prenez ces deux cents
dollars, ils suffiront pour vous fournir le moyen
de vous créer une industrie.
/ La négresse repoussa la bourse qu-e lui ten-
dait monsieur Duvauchelle,
— Mais, dans ce pays dont voas parlez, de-
manda-t-elle en parlant lentement comme si un
travail se faisait dans sa tête, si vous n'avez pas
/l) Voir les numéros parus depuis le 28 août.
d'esclaves, vous avez des serviteurs, veas. surtout
qui êtes riche?
— Nous avons des serviteurs, en effet, mais
que nous payons et qui sont libres de nous quit-
ter lorsque bon leur se;'nb!e.
- Bien, fit elle en riant selon l'habitude des
noirs lorsqu'i's éprouvent une grande joie, gar-
dez, maître, cet or et ce papier dont nous
1 n'avons que faire, no..s serons mon fils, et moi,
vos serviteurs.
— Eli quoi ! vous consentiriez à abandonner
votre pays !
— Un enclave n'a pas de pays, dit-elle avec
tristesse : vous parti, maître, cette liberté que
vous nous donnez si géné.eusement n us serait
ravie de nouveau. Vous ne connaissez pas les
blancs du Texas ; laissez-nous vous suivre, qui
sait '? peut-être un jour les deux misérables nègres .
que vous sauvez si noblement acquitteront-ils
la dette du cœur qu'ils contractent aujourd'hui
envers vous. Au nom de tout ce que vous ai-
mez, maître, laissez-nous vous suivre.
— Soit, dit monsieur DuvancheUe. attendri par
ce langage si simple et si vrai, soit, vous me sui-
vrez à Haïti : seulement, souvenez-vous que vous
êtes libres.
— Nous sommes plus esclaves que jamais, rÔ-
pondit la négresse en souriant, car nous le
sommes par reconnaissance.
Tout fut dit entre ces trois personnes, sans
plus de conversation. Quelques jours après ils
partirent pour Saint-Domingue.
Les noirs sont extrêmes en tout: ils aiment
où ils haïssent. Do même qu'ils savent inventer
d'hori'iides raf'.inements de barbarie pour se ven-
ger, de même leur dévouement est sans limite,
quand leur reconnaissance est, en jeu.
Marcelin et sa mère avaient pour tour maître
des soins atV'nllri:isants, des attentions d'une
délicatesse extrême, et dans maintes circons-
tances le planteur ■ se félicita de sa bonne
ac'.iun.
Lorsque Marcelin riiso'nt de se dévouer pour
son maître en s affiliant aux Vdudoux:, S"-d. mèiv
t'embrassa en souriant et ne lui dit que ce soui
mot :
— Fais !
Et maigre lui monsieur Duvauchelle avait été
obligé de souscrire aux volontés du jeune homme
et d'accepter son dévouement
En reprenant coiiriaissaiicp, Mircelin a uil
curieusement et anxieusement regardé autour de
lui. Le jeune noir avait conservé dans toute leur
pureté les instincts sauvages de la race à la
quelle il appartenait. Bien qu'il tut, seul en ap-
parence etque, aussi loin que sa vue pouvait s'é-
tendre dans toutes les directions, la campagne
semblât déserte, cependant par intuition, pour
ainsi dire', il sc sentait observé et épié par des
regards invisibles dont l'acuité pesait sur lui.
Il se leva d'un air nonchalant, s'étira à deux
ou trois reprises comme un homme qui sort d'un
\ lourd sommeil, et d'un pas calme, tranquille et
i reposé, il se dirigea lentement vera Léogane,
tournant ainsi résolument le dos aux montagnes
noires où il voulait se rendre.
Il marchait ainsi depuis quelques minutes déjà,
chantant à demi voix une chanson créole, et
il se frayait, à granù'peine un passage à travera
les épais buissons de la forêt de l'Artibonite,
lorsque tout à coup une voix rude retentit à son
oreille, et un homme surgit devant lui comma
' s'il eùt subitement jailli des entrailles de la terre.
— Tu es bien gai ce matin, Marcelin? dit,
j ironiquement cet homme.
GUSTAVE AIMARD.
i (La suite a demain.)
L'ESPRIT DE TOUT LE MONDE
M. Viilemain fut, dans le temps, -l'un des petits jour-.
Halistes les plus hargneux et les pins rageurs.
Un jour, la feuille qu'il rédigeait se prit de pluma
avec le Drapeau blanc et Marlllin v lUe.
On s'én:inl(t ït,ripro,jUemclll.
Pour clore le débat, M. Villemain ne"trouva rien da
mieux que d'imprimer cetta phrase:
« On sait à quoi s'en tenir sur l'esprit de M. Marlaill-,
ville. Ce publiciste demeure rue du Foin. » <
Le lendemain, la Drapeau blanc contenait la riposte)
suivante: _ # 1
« Nous ignorons où M. Villemain puise ses "nsoi-
gnements lorsqu'il prétend que jp demeure rue dt4
Foin ,'... 1
» A bout d'arguments, cet écrivain aura sans: doute,
dans sa précipitation, pris le premier mot qu'il avait à,
la bouche. •- ^ (U Lune]^ A
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