Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-10-05
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 octobre 1866 05 octobre 1866
Description : 1866/10/05 (N169). 1866/10/05 (N169).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47173533
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
F
fèi toflitàtatiofl», il k ICi écrémé à la disposition de la
justice.
Les yeux étincelants, la langue pendante,
l'écume à la gueule, lé poil hérissé, présentant
en un mot tous les symptômes de la rage, un
chien parcourait mardi le faubourg Montmartre
en répandant la terreur. Arrivé à la place Saint-
GetSrges, il «'élançait sur une jeune fille qui pas-
B&it, quand, prompt comme l'éclair, le sergent
de ville Lemonnier, du 9* arrondissement, se
jétte 8Qt l'animal et le transperce de son épée.
Lajeune fille était sauvée.
On n'a pal entendu dire que personne ait été
înordu par ce chien, dont le corps a été envoyé
à l'Ecole vétérinaire d'Alfort.
Lundi, vers sept heures et quart du soir, un
des contrôleurs d'omnibus de la station de la
placé Dauphine faisait observer à une femme,
qui essayait de se maintenir dans une voiture où
elle avait pénétré avec une correspondance péri-
mée, que ce titre ne valant plus rien, elle ne
monterait pas, à moins de payer sa place. —
Celle-ci, furieuse, adresse au contrôleur une im-
pertinence et, tout à coup, elle lui lance de toutes
ses forces un coup de pied dans l'aine, puis elle
s nfuit.
Le contrôleur tombé à la renverse fut relevé
évanoui et demeura un quart-d'heure sans con-
naissance. On dut le transporter chez lui et il
parait que son état n'est pas sans inspirer des
inquiétudes. ■»
" On n'a pas encore arrêté cette virago. — B.
'Hier, vers quatre heures après-midi, une petite fille
fie dix au*, qui passait près du canal Saint-Martin, à
l'endroit dit le Bassin &-.la Douane, se rapprocha peu à
peu du bord, et brusquement se jeta à l'eau. Deux per-
sonnes. témoins de cette tentative de suicide, le ser-
vant de ville Dupart et le sieur Dieuleveux, employé.
'[¡ï¡é.¡tè'rent pas à se précipiter dans le canal, pour sau-
*>iî cette enfant, qu'ils réussirent à ramener vivante
*i:r :e quai.
Conduite au poste de la mairie par ses deux sauve-
urs, elle y reçut tous les soins dont elle avait besoin.
M. Macé, officier de paix, lui ayant demandé pour
içuel motif elle avait voulu se donner la mort, elle ré-
;t1orvlit qu'ayant été maltraitée, pour UR motif futile,
par sa maîtresse d'apprentissage, elle avait mieux aimé
ce tuer que retourner à l'atelier. Cette enfant a été ren-
due à sa famille.
Il a été trouvé par Madame Franquet, une bourse
eontenant 55 francs. La personne qui l'a perdue est
priée de passer kiosque, 41, boulevard Montmartre.
DÉPARTEMENTS
Nous lisons dans le Journal du Loiret :
Quel désastre plus navrant pour une population
agricole ! Lorsque les digues ont été rompues. Jargeau
t'est :vu surpris par trois courants se précipitant à la
fois avec une violence épouvantable par la brèche, par j
le chemin de halage et par le pont. Ces courants croi- j
•«s ont tout détruit sur leur passage. Ce n'était plus
feulement une inondation ; c'était, un bouleversement,
une torte de cataclysme. j
■Dans la ville, la confusion des décombres est telle j
que les propriétaires, revenus après le' retrait des eaux, j
ce reconnaissent même plus les ruines de leur logis. j
, Le tracé des maisons n'exisw ,plus. j
Quant à la terre, elle est fouillée, bouleversée j
anéantie. j
On nous cite des cultivateurs-et des vignerongruinés i
de fond en comble, Il ne leur reste plus rien ! plus de :
Hiéiibles, plus de maisons, plus de terre môme, puisque
maintenant leur 'terre est ensablée par-dessus et par-
dessous.
J)es cultivateurs vont etr.e obligés de-u faire journa-
liers.
» La. position de nos" laborieux cultivateurs et vigne-
I rons est d'autant plus malheureuse, que les terres en-
! sablées par l'inondation de 1866, sont les mêmes que
celles ensablées déjà en 1856, et voici comment. Après
l'inondation de 1856, ils avaient enfoui le sable qui
recourrait ces mêmes terrain. et ramené la terre à la
surface. Ce travail long et pénible est aujourd'hui im-
! possible, car, que trouveraient-ils en creusant de nou-
veau? le sable enfoui en 1856. Ce sont donc des terres
ou plutôt des sables qu'il va falloir abandonner; de
sorte que nous allons avoir à la porte de Jargeau un
petit Sahara. »
On lit dans la Franche-Comté :
« Le sieur X...., de Besançon, voyant depuis
quelque temps ses vergers dévastés par une
troupe de maraudeurs, avait eu l'idée d'y placer
un piége, composé d'un pistolet chargé de gre-
nailles et bien assujetti. Une ficelle attachée à la
détente et à une branche de buisson devait faire
partir le coup à la moindre pression.
» Lundi matin, à cinq heures, le jeune Troutet
avait escaladé le mur de clôture, et s'apprêtait
à franchir la haie où le piège venait d'être dressé,
lorsque l'écartement des branches fit partir la
détente. Le malheureux enfant a reçu toute la
charge dans le côté, et n'est mort que hier au
soir à neuf heures, après avoir enduré des souf-
frances horribles. »
On écrit de Busigny, au Propagateur (lu Nord
Un nommé N..., maraudeur s'il en fût, a pénétré
l'avant-dernière nuit dans la pâture du sieur .c..., fer-
mier ; il avait déjà recueilli une lourde charge de
linge, et jeté une bache au-dessus des barrières, lors-
que les dindons et les canards perchés dans une re-
mise, plus vigilants que les domestiquas de garde, don-
nèrent le signal d'alarme.
Ceux-ei, réveillés alors par les aboiements des
chiens, accoururent et se rendirent maîtres du voleur
qui, le lendemain, a été remis à l'autorité locale.
Il n'y a donc .pas que les oies qui sauvent la pro-
priété ?
Un grand banquet, présidé par sir Stafford
Northcote, a été donné lundi soir à Liverpool,
en l'honneur de l'heureuse issue de la pose du
câble transatlantique.
Beaucoup de soldats de la landwehr prussîtenne, au-
jourd'hui licenciés, ont de la peine à retrouver en
j Prusse le travail qui les faisait vivre. Quelques-uns
j ont émigré dans les pays voisins. On raconte même qu'à
j la foire du Havre, parmi les curiosités du moment, on
; voit un soldat prussien, eoiffé du pickel-aube, casque-à
i pointe de fer, qui démontre aux amateurs la manœu-
vre du fusil À aiguille.
Nouvelle excentrique nous venant en droite
ligne d'Amérique :
Un duel au revolver a eu lieu à San Antonin,
dans le Texas, entre deux dames de la localité,
Mmes Martba Stewart et Roberts. La première
des deux championnes a été blessée dangereuse-
ment d'une balle à l'épaule.
TRIBUNAUX
SANS SUCRE.
I Ce n'est pas précisément un esprit frappeur que Nie-
mard qui comparait devant le tribulial ; mais on peut
lui accorder :à eoup sûr la seconde moitié de cette qua-
lification, frapper, voilà son fort Lui, il prétend que
c'est son faible et c'est tout à fait la même chose, bien
t que ce soit précisément le contraire.
Pour peu qae l'on écouta la plainte des époux Balis,
on se formera une idée assez complète de la vocation
de Nicmard, Dans cotte maison, il a battu le mari, il a
battu la femme, il a battu l'enfant, il a battu le garçon
de boutique, et s'il n'a pas battu le chien, c'est parce qu'il
n'y en avait pas.
— C'était le dimanche soir, dit le plaignant, il faisait
comme ça un temps entre chien et loup, les uns di-
saient que ça se remettrait, les autres que ça retombe-
rait de plus belle dans la nuit ; mais ce qu'il y a de
certain c'ost qu'il en était tombé <&ns le jour une forte
provision et qu'après dîner ça allait recommencer.
D'un temps comme- ça les pratiques rW viennent
guère.
IT. LE PRÉSIDENT. — Vous ôtes marchand de vins.
LE PLAIGNANT. — Oui, monsieur. Alors je dis à ma
femme : Soyons nos pratiques à nous-mêmes, un di-
manche nous pouvons nous payer ça ; prenons le café
devant notre porte, ça fait toujours bien pour les gens
qui passent, on a l'air de faire des affaires : j'avais bien
raison ; nous n'étions pas devant la porte depuis une
minute, que voilà un monsieur qui s'assied à une table
à côté et qui demande du café...
NIÉMARD. — Sans sucre.
LE PLAIGNANT. — Du café avec de l'eau-de-vie.
NIÉMARD. — Oui. Mais sans sucre.
LE PLAIGNANT. — Je n'ai pas entendu cela.
NIÉMARD. — Je l'ai dit.
LE PLAIGNANT. — J'étais donc là avec ma femme et
mon petit; alors je dis au garçon : Sers donc monsieur.
Gustin va chercher la tasse, le petit verre et le cara-
fon...
NIÉMARD. ,- Et le sucre?
LE PLAIGNANT. — Et le sucre naturellement. On n'est
pas depuis six ans dans le commerce des boissons sans
savoir comment on sert un gloria.
NIÉMARD.— Vous voyez qu'il a apporté le sucre et que
je lui avais demandé sans sucre.
LE PLAIGNANT. — Qu'est-ce que ça fait! vous l'auriez
payé tout de même si vous ne l'aviez pas pris.
NIiMARD. — Ah bon!... je suis bien _aise que ron
sache comment vous faites le commerce, vous! (Rires.)
LE PLAIGNANT. — Cane fait rien; c'est le même prix.
Là-dessus, monsieur envoie un coup de poing à Gus-
tin, il fait sauter en l'air la tasse, la soucoupe et le
petit-verre... ,
NIÉMARD. — Et le sucre !
LE PLAIGNANT. — C'est possible ; je veux le faire res-
ter tranquille ; il m'appelle « pointu » et il me lance
un coup de pied dans le ventre que j'en ai eu quinze
jours la colique. Ma femme le prend au collet et dit à
notre petit d'aller chercher la garde ; il court sur le
petit, lui met les oreilles en sang et le roule par terre,
puis il revient sur ma femme qui courait après lui ; il
l'appelle de tous les gros mots qui se disent à une
femme, et puisai lui envoie un coup de poing en pleine
figure qu'elle en a encore la tête enflée. Il y a de ça
près de trois semaines, et elle ne boit encore que de
la tisane.
NIÉMARD. —7 Sans sucre!
LE PLAIGNANT. — Qu'est-ce qu'il dit donc?
NIÉMARD. - 'Sans sucre; j'avais dit sans sucre, pour-
quoi qu'il m'apporte du sucre ?
M. LE PRÉSIDENT. — Et quand le garçon su serait
trompé en vous servant, est-ce donc une raison pour
exercer de pareilles brutalités ? — Plaignant, cet homme
était ivre?'
LE PLAIGNANT. — Oh ! ça, oui ! mais il peut se van-
ter d'avoir le vin mauvais.
NlfMARD. — Ça tombe « sous les sangs »; quand on
demande du café sans sucre, qu'est-ce que ça veut
dire habituellement dans la société? Moi, quand je vois
un camarade qui dit : Sans sucre ; je pense tout de
suite: Toi, tu es pochard, mon bonhomme ! je ne m'y
trompe pas ! Ils m'ont donné du sucre, ça m'a con-
trarié. Après cela, je ne di6 pas qu'ils l'aient fait
exprès I
M. I.E PRÉSIDENT. — De sorte, que vous voulez bien
vous montrer indulgent envers ces pauvres gens que
vous avez battus et blessés?
NIÉMARD. — Mais je ne suis pas méchant, moi ! s'ils
me l'avaient donné sans sucre!..
Le tribunal condamne Niémard ci un mois de prison,
et à payer aux parties civile- la somme de 100 fr. à
titre de dommages-intérêts
Le tout sans sucre. (Le Droit.)
UNE MÈRE D'OCCASION
Une triple arrestation vient d'être opérée S- Itouhaif,,
par les soins de M. le commissaire Gasser. Il s'agit
d'une affaire assez grave et qui ya conduire trois cou-
pables en cour d'assises.
Au mois de juin dernier, deux, jeunes gens qui dési-
raient se marier virent leurs projets remis aux ealea-
des grecques, par suite du refus du consentement 4e la
mère de la future.
Toutes les prières, toutes les démarches tentées povjf.
obtenir ce consentement furent inutiles; la mère ne
voulut pas entendre parler de ce mariage, bien qu'elle
n'eût peut-être aucune raison grave pour motiver son
refus.
Fatigués d'attendre l'indispensable consentement, nof%
jeunes gens, après avoir consuVé un sieur L..., agent?
d'affaires, résolurent de passer outre aux sommation*
dites respectueuses.
On trouva une mère complaisante qui fit et dit tqut
ce qu'on la priait de faire et dire. Le mariage eut lieu,
sans que personne y fit la moindre opposition.
Aujourd'hui, que des indiscrétions ont été commises,
on a procédé à l'arrestation du jeune couple et de l'a-
ge-nt matrimonial. M. le procureur impérial instruit
cette affaire.
Quant à la femme qui a rempli le rôle de mère, elle
est décédée il y a quelques jours après avoir fait -**»y
doute des révélations. »
LA CUEILLETTE
On a écrit des volumes sur les révolutions de lt
barbe ; il nous suffira de rappeler les principales, d'a-
près l' Etendard :
Les Francs portaient une moustache; leui
barbe était courte et tressée. Les sceaux méro-
vingiens ne donnent une barbe plus nourrie qu'à
Childebert III. Chilpéric, Charlemagne et les
Carlovingiens portèrent la barbe de plus en plus
courte ; elle fut entièrement rasée sous les rois
capétiens depuis le treizième siècle jusqu'à Phi-
lippe de Valois. L'usage des longues barbes re-
vint alors, mais il ne prévalut entièrement qu'à
partir de François Ier. Ce prince fit adopter la
mode des cheveux rasés et des barbes longues.
Cet usage disparut après Henri IV, ou ne fut
conservé que par les magistrats fidèles aux an-
ciennes traditions. Le changement fut surtout
sensible dans la seconde partie du règne de
Louis XIII. Lorsque le maréchal de Bassom-
pierre sortit, en 1642, de la Bastille, où il avait
été enfermé douze ans, il dit que tout le chan-
gement qu'il avait trouvé dans le monde était
que les hommes ne portaient plus de barbe. A
l'époque de la. Fronde, on distinguait le premier
président, Mathieu Molé, par le nom de la
Grande-Barbe. Souis Louis XIV, la moustache
et la royale, ou mouche au-dessous de la lèvre
inférieure, furent rasées comme la barbe.
Le Mercure du mois de janvier 1732 nous 2,
transmis le nom du dernier personnage qui ait
porté la barbe à Paris sous le règne de Louis XV.
Il se nommait Richard Mithon, il était bailli et
juge criminel au comté d'Eu. Pendant la Révo-
lution, l'usage de la barbe, des moustaches et de
la mouche au-dessous de la lèvre inférieure fut
de nouveau adopté ; rasées pendant l'Empire et
la Restauration, elles ont reparu depuis la Ré-
volution de 1830.
L' Opinion nationale raconte l'épisode suivant qui au-
rait précédé l'entrée à Berlin des troupes prussienne:
Les Prussiens ont toutes les audaces. Lors-
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (4)
Le bamboula résonnait sans cesse, et les
chants continuaient avec une ardeur nouvelle.
. La danse tournait autour des brasiers comme
une trombe que rien ne pouvait arrêter, à la
lueur sinistre des éclairs et aux roulements for-
midables du tonnerre dans les mornes.
Les danseurs tombaient tour à tour, harassés,
épuisés, étourdis, ; ils étaient aussitôt transpor-
tés à quelque distance et remplacés par d'autres
qui partaient avec une vitesse sans égale.
Lorsque Marcelin, qui avait été comme malgré
lui emporté par le tourbillon, reprit ses sens , il'
faisait grand jour, un soleil éblouissant rayonnait
dans.un ciel d'azur. Le jeune homme crut d'abord
avoir fait un songe horrible, mais son regard
étant tombé sur son bras blessé, le souvenir lui
revint et il se leva d'un bond.
- Aux montagnes noires, maintenant, dit-il ;
que Dieu soit béni. Mon maître sera vengél
J) Voir Igg numéros parusdeçuie le 18 wttt.
Et le jeune homme s'élança en courant dans
la direction des montagnes où M. Duvauchelles i
avait établi son observatoire et son quartier-gé-
néral, ..1 : ' ;
XIII
LA RENCONTRE
Grâe au progrès, dont l'irrésistible marée,
poussée par la main invisible et toute-puissante
de la Providence, monte sans cesse, et avec une
régularité quasi-mathématique, e1face à jamais les
derniers vestiges de la barbarie de nos pères,
l'esclavage, cette lèpre hideuse, ce démenti iro-
nique et cruel donné à la civilisation, qui, en
Amérique, a amené l'extinction de races entières
d'hommes, et fait verser tant de sang et de lar-
mes, n'existe plus que dans une seule contrée,
File de Cuba, où, à la honte de l 'humanité, il
est conservé précieusement par la catholique
Espagne.
A l'époque bien près de nous encore, où le
code noir régissait la plus grande partie du nou-
veau monde, les esclaves étaient partagés en
deux classes sur les plantati-ons :
Les nègres amenés de la côte d'Afrique et
ceux nés sur les habitations.
Les premiers, quel que fut l'âge qu'ils eussent
à leur débarquement en Amérique, conservaient
toujours les caractères distinctifs de la race à
laquelle ils appartenaient. Domptés et assouplis
par le fouet du commandeur et le rotin du ma-
jordome, leurs instincts sauvages persistaient
non-seulement au fond de leur cœur, mais en-
core, au contact d'un civilisation bâtarde qu'ils
ne comprenaient pas et dont ils s'obstinaient à
ne pas vouloir, ils s'y développaient avec une
fauve énergie que rien ne pouvait abattre. Trop
faibles pour résister en face à leurs maîtres im -
pitoyables, ils appelaient à leur aide l'hypocri-
sie, la ruse et la patience, et, avec une astuce
féline, ils guettaient l'occasion de se venger sou-
vent pendant des années entières, sans que ja-
mais un mot otf un geste trahit leur implacable
résolution.
Ces noirs étaient excessivement redoutés sur
les plantations.
En effet ils prêchaient la révolte aux autres
esclaves reliés entre eux par une haine com-
mune, rêvant sans cesse de la patrie perdue,
ayant pour unique mot d'ordre : Mort aux blancs.
C'était dans leurs rangs que se recrutaient les
sorciers, les charmeurs, les Vaudoux et les em-
poisonneurs, ou pour mieux dire ils étaient tout
cela à la fois.
Sur cent nègres d'Afrique débarqués par le
même' navire sur la colonie, au bout de six
mois à peine, soixante-dix au moins avaient été
tués comme des bêtes fauves ou s'étaient rendus
marrons et retranchés dans des mornes inacces-
sibles, étaiént revenus à la via sauvage; leur
vengeance commençait et ils résiliaient partout
l'épouvante en semant autour d'eux la ruine, le
meurtre et l'incendie.
Ce sont ces nègres marrons, toujours dé-
cimés et jamais détruits, appelèrent plus tard
leurs frères à l'indépendance, se ruèrent comme
des tigres sur les plantations et furent les pre-
miers et les plus intrépides soldats de l 'armée
des révoltés.
GUSTAVE AIMARD.
(La suite à demain.)
L'ESPRIT DE TOUT LE MONDE
En 1849, raconte M. E. Texier, dans le Siècle, quel-
quelques princes souverains allemands et italiens M
trouvaient réunis à Francfort et dînèrent ensemble à
l'hôtel de Russie. Un représentant du peuple fut, je
ne sais comment, invité à ce pique-nique princier.
- A quoi pensez-vous ? lui demanda son voisin qsii
le voyait rêveur. Français
- Je pensais, monseigneur, répondit le Françai ,
que depuis Candide il n'y avait jamais en ,taitt ile
têtes couronnées autour d'une table d'hôtel. .
- Chut 1 répliqua l'auguste convive, qui
tre que M. 'It duc de
qui dort. 'V*
* - •: r' i*. %•. ~i*yoillogg ,lu If( au-
fèi toflitàtatiofl», il k ICi écrémé à la disposition de la
justice.
Les yeux étincelants, la langue pendante,
l'écume à la gueule, lé poil hérissé, présentant
en un mot tous les symptômes de la rage, un
chien parcourait mardi le faubourg Montmartre
en répandant la terreur. Arrivé à la place Saint-
GetSrges, il «'élançait sur une jeune fille qui pas-
B&it, quand, prompt comme l'éclair, le sergent
de ville Lemonnier, du 9* arrondissement, se
jétte 8Qt l'animal et le transperce de son épée.
Lajeune fille était sauvée.
On n'a pal entendu dire que personne ait été
înordu par ce chien, dont le corps a été envoyé
à l'Ecole vétérinaire d'Alfort.
Lundi, vers sept heures et quart du soir, un
des contrôleurs d'omnibus de la station de la
placé Dauphine faisait observer à une femme,
qui essayait de se maintenir dans une voiture où
elle avait pénétré avec une correspondance péri-
mée, que ce titre ne valant plus rien, elle ne
monterait pas, à moins de payer sa place. —
Celle-ci, furieuse, adresse au contrôleur une im-
pertinence et, tout à coup, elle lui lance de toutes
ses forces un coup de pied dans l'aine, puis elle
s nfuit.
Le contrôleur tombé à la renverse fut relevé
évanoui et demeura un quart-d'heure sans con-
naissance. On dut le transporter chez lui et il
parait que son état n'est pas sans inspirer des
inquiétudes. ■»
" On n'a pas encore arrêté cette virago. — B.
'Hier, vers quatre heures après-midi, une petite fille
fie dix au*, qui passait près du canal Saint-Martin, à
l'endroit dit le Bassin &-.la Douane, se rapprocha peu à
peu du bord, et brusquement se jeta à l'eau. Deux per-
sonnes. témoins de cette tentative de suicide, le ser-
vant de ville Dupart et le sieur Dieuleveux, employé.
'[¡ï¡é.¡tè'rent pas à se précipiter dans le canal, pour sau-
*>iî cette enfant, qu'ils réussirent à ramener vivante
*i:r :e quai.
Conduite au poste de la mairie par ses deux sauve-
urs, elle y reçut tous les soins dont elle avait besoin.
M. Macé, officier de paix, lui ayant demandé pour
içuel motif elle avait voulu se donner la mort, elle ré-
;t1orvlit qu'ayant été maltraitée, pour UR motif futile,
par sa maîtresse d'apprentissage, elle avait mieux aimé
ce tuer que retourner à l'atelier. Cette enfant a été ren-
due à sa famille.
Il a été trouvé par Madame Franquet, une bourse
eontenant 55 francs. La personne qui l'a perdue est
priée de passer kiosque, 41, boulevard Montmartre.
DÉPARTEMENTS
Nous lisons dans le Journal du Loiret :
Quel désastre plus navrant pour une population
agricole ! Lorsque les digues ont été rompues. Jargeau
t'est :vu surpris par trois courants se précipitant à la
fois avec une violence épouvantable par la brèche, par j
le chemin de halage et par le pont. Ces courants croi- j
•«s ont tout détruit sur leur passage. Ce n'était plus
feulement une inondation ; c'était, un bouleversement,
une torte de cataclysme. j
■Dans la ville, la confusion des décombres est telle j
que les propriétaires, revenus après le' retrait des eaux, j
ce reconnaissent même plus les ruines de leur logis. j
, Le tracé des maisons n'exisw ,plus. j
Quant à la terre, elle est fouillée, bouleversée j
anéantie. j
On nous cite des cultivateurs-et des vignerongruinés i
de fond en comble, Il ne leur reste plus rien ! plus de :
Hiéiibles, plus de maisons, plus de terre môme, puisque
maintenant leur 'terre est ensablée par-dessus et par-
dessous.
J)es cultivateurs vont etr.e obligés de-u faire journa-
liers.
» La. position de nos" laborieux cultivateurs et vigne-
I rons est d'autant plus malheureuse, que les terres en-
! sablées par l'inondation de 1866, sont les mêmes que
celles ensablées déjà en 1856, et voici comment. Après
l'inondation de 1856, ils avaient enfoui le sable qui
recourrait ces mêmes terrain. et ramené la terre à la
surface. Ce travail long et pénible est aujourd'hui im-
! possible, car, que trouveraient-ils en creusant de nou-
veau? le sable enfoui en 1856. Ce sont donc des terres
ou plutôt des sables qu'il va falloir abandonner; de
sorte que nous allons avoir à la porte de Jargeau un
petit Sahara. »
On lit dans la Franche-Comté :
« Le sieur X...., de Besançon, voyant depuis
quelque temps ses vergers dévastés par une
troupe de maraudeurs, avait eu l'idée d'y placer
un piége, composé d'un pistolet chargé de gre-
nailles et bien assujetti. Une ficelle attachée à la
détente et à une branche de buisson devait faire
partir le coup à la moindre pression.
» Lundi matin, à cinq heures, le jeune Troutet
avait escaladé le mur de clôture, et s'apprêtait
à franchir la haie où le piège venait d'être dressé,
lorsque l'écartement des branches fit partir la
détente. Le malheureux enfant a reçu toute la
charge dans le côté, et n'est mort que hier au
soir à neuf heures, après avoir enduré des souf-
frances horribles. »
On écrit de Busigny, au Propagateur (lu Nord
Un nommé N..., maraudeur s'il en fût, a pénétré
l'avant-dernière nuit dans la pâture du sieur .c..., fer-
mier ; il avait déjà recueilli une lourde charge de
linge, et jeté une bache au-dessus des barrières, lors-
que les dindons et les canards perchés dans une re-
mise, plus vigilants que les domestiquas de garde, don-
nèrent le signal d'alarme.
Ceux-ei, réveillés alors par les aboiements des
chiens, accoururent et se rendirent maîtres du voleur
qui, le lendemain, a été remis à l'autorité locale.
Il n'y a donc .pas que les oies qui sauvent la pro-
priété ?
Un grand banquet, présidé par sir Stafford
Northcote, a été donné lundi soir à Liverpool,
en l'honneur de l'heureuse issue de la pose du
câble transatlantique.
Beaucoup de soldats de la landwehr prussîtenne, au-
jourd'hui licenciés, ont de la peine à retrouver en
j Prusse le travail qui les faisait vivre. Quelques-uns
j ont émigré dans les pays voisins. On raconte même qu'à
j la foire du Havre, parmi les curiosités du moment, on
; voit un soldat prussien, eoiffé du pickel-aube, casque-à
i pointe de fer, qui démontre aux amateurs la manœu-
vre du fusil À aiguille.
Nouvelle excentrique nous venant en droite
ligne d'Amérique :
Un duel au revolver a eu lieu à San Antonin,
dans le Texas, entre deux dames de la localité,
Mmes Martba Stewart et Roberts. La première
des deux championnes a été blessée dangereuse-
ment d'une balle à l'épaule.
TRIBUNAUX
SANS SUCRE.
I Ce n'est pas précisément un esprit frappeur que Nie-
mard qui comparait devant le tribulial ; mais on peut
lui accorder :à eoup sûr la seconde moitié de cette qua-
lification, frapper, voilà son fort Lui, il prétend que
c'est son faible et c'est tout à fait la même chose, bien
t que ce soit précisément le contraire.
Pour peu qae l'on écouta la plainte des époux Balis,
on se formera une idée assez complète de la vocation
de Nicmard, Dans cotte maison, il a battu le mari, il a
battu la femme, il a battu l'enfant, il a battu le garçon
de boutique, et s'il n'a pas battu le chien, c'est parce qu'il
n'y en avait pas.
— C'était le dimanche soir, dit le plaignant, il faisait
comme ça un temps entre chien et loup, les uns di-
saient que ça se remettrait, les autres que ça retombe-
rait de plus belle dans la nuit ; mais ce qu'il y a de
certain c'ost qu'il en était tombé <&ns le jour une forte
provision et qu'après dîner ça allait recommencer.
D'un temps comme- ça les pratiques rW viennent
guère.
IT. LE PRÉSIDENT. — Vous ôtes marchand de vins.
LE PLAIGNANT. — Oui, monsieur. Alors je dis à ma
femme : Soyons nos pratiques à nous-mêmes, un di-
manche nous pouvons nous payer ça ; prenons le café
devant notre porte, ça fait toujours bien pour les gens
qui passent, on a l'air de faire des affaires : j'avais bien
raison ; nous n'étions pas devant la porte depuis une
minute, que voilà un monsieur qui s'assied à une table
à côté et qui demande du café...
NIÉMARD. — Sans sucre.
LE PLAIGNANT. — Du café avec de l'eau-de-vie.
NIÉMARD. — Oui. Mais sans sucre.
LE PLAIGNANT. — Je n'ai pas entendu cela.
NIÉMARD. — Je l'ai dit.
LE PLAIGNANT. — J'étais donc là avec ma femme et
mon petit; alors je dis au garçon : Sers donc monsieur.
Gustin va chercher la tasse, le petit verre et le cara-
fon...
NIÉMARD. ,- Et le sucre?
LE PLAIGNANT. — Et le sucre naturellement. On n'est
pas depuis six ans dans le commerce des boissons sans
savoir comment on sert un gloria.
NIÉMARD.— Vous voyez qu'il a apporté le sucre et que
je lui avais demandé sans sucre.
LE PLAIGNANT. — Qu'est-ce que ça fait! vous l'auriez
payé tout de même si vous ne l'aviez pas pris.
NIiMARD. — Ah bon!... je suis bien _aise que ron
sache comment vous faites le commerce, vous! (Rires.)
LE PLAIGNANT. — Cane fait rien; c'est le même prix.
Là-dessus, monsieur envoie un coup de poing à Gus-
tin, il fait sauter en l'air la tasse, la soucoupe et le
petit-verre... ,
NIÉMARD. — Et le sucre !
LE PLAIGNANT. — C'est possible ; je veux le faire res-
ter tranquille ; il m'appelle « pointu » et il me lance
un coup de pied dans le ventre que j'en ai eu quinze
jours la colique. Ma femme le prend au collet et dit à
notre petit d'aller chercher la garde ; il court sur le
petit, lui met les oreilles en sang et le roule par terre,
puis il revient sur ma femme qui courait après lui ; il
l'appelle de tous les gros mots qui se disent à une
femme, et puisai lui envoie un coup de poing en pleine
figure qu'elle en a encore la tête enflée. Il y a de ça
près de trois semaines, et elle ne boit encore que de
la tisane.
NIÉMARD. —7 Sans sucre!
LE PLAIGNANT. — Qu'est-ce qu'il dit donc?
NIÉMARD. - 'Sans sucre; j'avais dit sans sucre, pour-
quoi qu'il m'apporte du sucre ?
M. LE PRÉSIDENT. — Et quand le garçon su serait
trompé en vous servant, est-ce donc une raison pour
exercer de pareilles brutalités ? — Plaignant, cet homme
était ivre?'
LE PLAIGNANT. — Oh ! ça, oui ! mais il peut se van-
ter d'avoir le vin mauvais.
NlfMARD. — Ça tombe « sous les sangs »; quand on
demande du café sans sucre, qu'est-ce que ça veut
dire habituellement dans la société? Moi, quand je vois
un camarade qui dit : Sans sucre ; je pense tout de
suite: Toi, tu es pochard, mon bonhomme ! je ne m'y
trompe pas ! Ils m'ont donné du sucre, ça m'a con-
trarié. Après cela, je ne di6 pas qu'ils l'aient fait
exprès I
M. I.E PRÉSIDENT. — De sorte, que vous voulez bien
vous montrer indulgent envers ces pauvres gens que
vous avez battus et blessés?
NIÉMARD. — Mais je ne suis pas méchant, moi ! s'ils
me l'avaient donné sans sucre!..
Le tribunal condamne Niémard ci un mois de prison,
et à payer aux parties civile- la somme de 100 fr. à
titre de dommages-intérêts
Le tout sans sucre. (Le Droit.)
UNE MÈRE D'OCCASION
Une triple arrestation vient d'être opérée S- Itouhaif,,
par les soins de M. le commissaire Gasser. Il s'agit
d'une affaire assez grave et qui ya conduire trois cou-
pables en cour d'assises.
Au mois de juin dernier, deux, jeunes gens qui dési-
raient se marier virent leurs projets remis aux ealea-
des grecques, par suite du refus du consentement 4e la
mère de la future.
Toutes les prières, toutes les démarches tentées povjf.
obtenir ce consentement furent inutiles; la mère ne
voulut pas entendre parler de ce mariage, bien qu'elle
n'eût peut-être aucune raison grave pour motiver son
refus.
Fatigués d'attendre l'indispensable consentement, nof%
jeunes gens, après avoir consuVé un sieur L..., agent?
d'affaires, résolurent de passer outre aux sommation*
dites respectueuses.
On trouva une mère complaisante qui fit et dit tqut
ce qu'on la priait de faire et dire. Le mariage eut lieu,
sans que personne y fit la moindre opposition.
Aujourd'hui, que des indiscrétions ont été commises,
on a procédé à l'arrestation du jeune couple et de l'a-
ge-nt matrimonial. M. le procureur impérial instruit
cette affaire.
Quant à la femme qui a rempli le rôle de mère, elle
est décédée il y a quelques jours après avoir fait -**»y
doute des révélations. »
LA CUEILLETTE
On a écrit des volumes sur les révolutions de lt
barbe ; il nous suffira de rappeler les principales, d'a-
près l' Etendard :
Les Francs portaient une moustache; leui
barbe était courte et tressée. Les sceaux méro-
vingiens ne donnent une barbe plus nourrie qu'à
Childebert III. Chilpéric, Charlemagne et les
Carlovingiens portèrent la barbe de plus en plus
courte ; elle fut entièrement rasée sous les rois
capétiens depuis le treizième siècle jusqu'à Phi-
lippe de Valois. L'usage des longues barbes re-
vint alors, mais il ne prévalut entièrement qu'à
partir de François Ier. Ce prince fit adopter la
mode des cheveux rasés et des barbes longues.
Cet usage disparut après Henri IV, ou ne fut
conservé que par les magistrats fidèles aux an-
ciennes traditions. Le changement fut surtout
sensible dans la seconde partie du règne de
Louis XIII. Lorsque le maréchal de Bassom-
pierre sortit, en 1642, de la Bastille, où il avait
été enfermé douze ans, il dit que tout le chan-
gement qu'il avait trouvé dans le monde était
que les hommes ne portaient plus de barbe. A
l'époque de la. Fronde, on distinguait le premier
président, Mathieu Molé, par le nom de la
Grande-Barbe. Souis Louis XIV, la moustache
et la royale, ou mouche au-dessous de la lèvre
inférieure, furent rasées comme la barbe.
Le Mercure du mois de janvier 1732 nous 2,
transmis le nom du dernier personnage qui ait
porté la barbe à Paris sous le règne de Louis XV.
Il se nommait Richard Mithon, il était bailli et
juge criminel au comté d'Eu. Pendant la Révo-
lution, l'usage de la barbe, des moustaches et de
la mouche au-dessous de la lèvre inférieure fut
de nouveau adopté ; rasées pendant l'Empire et
la Restauration, elles ont reparu depuis la Ré-
volution de 1830.
L' Opinion nationale raconte l'épisode suivant qui au-
rait précédé l'entrée à Berlin des troupes prussienne:
Les Prussiens ont toutes les audaces. Lors-
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (4)
Le bamboula résonnait sans cesse, et les
chants continuaient avec une ardeur nouvelle.
. La danse tournait autour des brasiers comme
une trombe que rien ne pouvait arrêter, à la
lueur sinistre des éclairs et aux roulements for-
midables du tonnerre dans les mornes.
Les danseurs tombaient tour à tour, harassés,
épuisés, étourdis, ; ils étaient aussitôt transpor-
tés à quelque distance et remplacés par d'autres
qui partaient avec une vitesse sans égale.
Lorsque Marcelin, qui avait été comme malgré
lui emporté par le tourbillon, reprit ses sens , il'
faisait grand jour, un soleil éblouissant rayonnait
dans.un ciel d'azur. Le jeune homme crut d'abord
avoir fait un songe horrible, mais son regard
étant tombé sur son bras blessé, le souvenir lui
revint et il se leva d'un bond.
- Aux montagnes noires, maintenant, dit-il ;
que Dieu soit béni. Mon maître sera vengél
J) Voir Igg numéros parusdeçuie le 18 wttt.
Et le jeune homme s'élança en courant dans
la direction des montagnes où M. Duvauchelles i
avait établi son observatoire et son quartier-gé-
néral, ..1 : ' ;
XIII
LA RENCONTRE
Grâe au progrès, dont l'irrésistible marée,
poussée par la main invisible et toute-puissante
de la Providence, monte sans cesse, et avec une
régularité quasi-mathématique, e1face à jamais les
derniers vestiges de la barbarie de nos pères,
l'esclavage, cette lèpre hideuse, ce démenti iro-
nique et cruel donné à la civilisation, qui, en
Amérique, a amené l'extinction de races entières
d'hommes, et fait verser tant de sang et de lar-
mes, n'existe plus que dans une seule contrée,
File de Cuba, où, à la honte de l 'humanité, il
est conservé précieusement par la catholique
Espagne.
A l'époque bien près de nous encore, où le
code noir régissait la plus grande partie du nou-
veau monde, les esclaves étaient partagés en
deux classes sur les plantati-ons :
Les nègres amenés de la côte d'Afrique et
ceux nés sur les habitations.
Les premiers, quel que fut l'âge qu'ils eussent
à leur débarquement en Amérique, conservaient
toujours les caractères distinctifs de la race à
laquelle ils appartenaient. Domptés et assouplis
par le fouet du commandeur et le rotin du ma-
jordome, leurs instincts sauvages persistaient
non-seulement au fond de leur cœur, mais en-
core, au contact d'un civilisation bâtarde qu'ils
ne comprenaient pas et dont ils s'obstinaient à
ne pas vouloir, ils s'y développaient avec une
fauve énergie que rien ne pouvait abattre. Trop
faibles pour résister en face à leurs maîtres im -
pitoyables, ils appelaient à leur aide l'hypocri-
sie, la ruse et la patience, et, avec une astuce
féline, ils guettaient l'occasion de se venger sou-
vent pendant des années entières, sans que ja-
mais un mot otf un geste trahit leur implacable
résolution.
Ces noirs étaient excessivement redoutés sur
les plantations.
En effet ils prêchaient la révolte aux autres
esclaves reliés entre eux par une haine com-
mune, rêvant sans cesse de la patrie perdue,
ayant pour unique mot d'ordre : Mort aux blancs.
C'était dans leurs rangs que se recrutaient les
sorciers, les charmeurs, les Vaudoux et les em-
poisonneurs, ou pour mieux dire ils étaient tout
cela à la fois.
Sur cent nègres d'Afrique débarqués par le
même' navire sur la colonie, au bout de six
mois à peine, soixante-dix au moins avaient été
tués comme des bêtes fauves ou s'étaient rendus
marrons et retranchés dans des mornes inacces-
sibles, étaiént revenus à la via sauvage; leur
vengeance commençait et ils résiliaient partout
l'épouvante en semant autour d'eux la ruine, le
meurtre et l'incendie.
Ce sont ces nègres marrons, toujours dé-
cimés et jamais détruits, appelèrent plus tard
leurs frères à l'indépendance, se ruèrent comme
des tigres sur les plantations et furent les pre-
miers et les plus intrépides soldats de l 'armée
des révoltés.
GUSTAVE AIMARD.
(La suite à demain.)
L'ESPRIT DE TOUT LE MONDE
En 1849, raconte M. E. Texier, dans le Siècle, quel-
quelques princes souverains allemands et italiens M
trouvaient réunis à Francfort et dînèrent ensemble à
l'hôtel de Russie. Un représentant du peuple fut, je
ne sais comment, invité à ce pique-nique princier.
- A quoi pensez-vous ? lui demanda son voisin qsii
le voyait rêveur. Français
- Je pensais, monseigneur, répondit le Françai ,
que depuis Candide il n'y avait jamais en ,taitt ile
têtes couronnées autour d'une table d'hôtel. .
- Chut 1 répliqua l'auguste convive, qui
tre que M. 'It duc de
qui dort. 'V*
* - •: r' i*. %•. ~i*yoillogg ,lu If( au-
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