Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-09-13
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 septembre 1866 13 septembre 1866
Description : 1866/09/13 (N147). 1866/09/13 (N147).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717332x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
C&up, sa-RS cause connue, les bœufs s'emportent, en-
rainant à leur-suite la charrue, qui a"t renversée sur
le côté et dont le soc saisit par la blouse l'enfant, qui
n'a pas eu le temps de se. mettre à l' ¿(AnI.
« Entraîné par les bœufs furieux sous les yeux do
sôTcgr:1nd;;'Ilèrè et. de son père, le pauvre pc'it 'fut en
un instant meurtri, déchiré, sanglant. Loi'squ'M a-élé
relevé, son corps presque • nu n'était plus qu'une im-
mense plaie ; la tète, complètement dcp'.juilleët ne te-
nait plus 'an cou tp»o paï-les muscles, ainsi qu'un des
bras. Le malheureux enfant n'a pas tardé à ex-
pirer, »
On lit dans le Journal d'Avignon :
L'une de ces dernières nuits, ,tJJ plein Ol'ag-e, le bri-
gadier de gen-Jarmerie David, en résidence à Mirabeau
(Vaucluse), sortit de la caséine pour al.er ]mt'Jr aide
à des. c)m)'re'ieM qui se trouvaient sur !a rouie avec,
leurs équipage*, Comme il se livrait il de nouvelles ex-
plorations en compagnie des sieurs Ilodoul, de l'Jvôlet
du Grand-Logis, à Mirabeau, et Auguste Ileynier, age
4le'qulltarze ans, enrantde troupe en permission, ceux-ci
passèrent sur un pont de bois, qui s écroula sous leurs
pieds. Ils tombèrent dans un torrent grossi par la
pluie.
N'écoulant que son courage, et au mépris d'un dan-
ger imminent, le brigadier David s'efan(;a au secours
de ses infortunés compagnons.
Le premier qu'il découvrit fut Hodoul. qui luttait en
vain contre l'impefuusiSe du t orrent; il le sauva et
put le ramener chez lui. Mais il revint aussitôt pour
se mettre en quête du jeune Reynier.
Après bien des recherches pénibles et infructueuses,
il trouva le pauvre enfant ballotté par les eaux, pres-
que sans connaissance et accroche à des branches d'o-
sier, à 600 mètres environ au delà du lieu de l'acci-
dent
David fut assez heureux pour rendre l'enfant à sa
famille.
ÉTRANGER
On a fait frapper à la Monnaie de Berlin des
- thaïes de la vitoire, dans lesquels la tète du
roi est ornée d'une couronne de laurier. C'est
la première fois, depuis Frédéric le Grand, qu'un
roi do Prusse adopte cet emblème, <
VC)ici- le poids authentique du fusil prussien à
aiguille : -
Arme avec baïonnette, Ô kilogr. 42.
; Charge, 4 grammes.
Balle : 32 grammes.
Longueur de l'arme sans baïonnette, 1 mètre
43.
Avec baïonnette, 1 mètre 95.
QnlOn, 0 mètre 916.
Un second câble télégraphique fonctionne
maintenant entre l'ancien et le nouveau 'monde.
NÉCROLOGIE
Une dépêche do Bruxelles nous annonce la fin
du fameux général Mourawietï.
Il a été trouvé mort dans son lit à la campa-
gne ; il aurait succombé à une attaque d'apo-
plexie. , --
LE NOUVEAU PHILIPPE
NOUVEAUX DÉTAILS.
La Gazette des Tribunaux donne, sur l'attentat de la
rue de Ponthieu, des détails qui complètent, en
en répétant quelques-uns, ceux que nous avons pu-
bliés hier.
Samedi, vers neuf heures du soir, le concierge
de la maison aperçut la fille T... qui rentrait à
son domicile. Elle était accompagnée d'un homme
de taille moyenne, portant un patelot d'été et
coillé d'un chapeau: bas, en feutre gris, à bords
retroussés. • Lorsque cet homme quitta la maison,
il ne fut vu de pwsonne, ec pendant, la journée
du lendemain dimanche, le: eencierge r remarqua
!c¡oela fille T... n'était pas sortie de son apparte-
;ment. Dans la, matînée 'du lundi, plusieurs loca-
taires, en montant l'escalier, virent un chien ap-
partenant, à la fille T..., et qm était étendu tris-
tement à la porte du logement de sa maîtresse,
sans vouloir bouger du poste qu'il avait choisi ;
ils se hâtèrent de s'gnaier ce fait au concierge,
qui arriva aussitôt.
- » 1/appar'tem-ent qu'occupait la fille T... est
situé au fond d'un corridor de servant l'attique
.d'un corps ckdJÚt..Îmel¡t u<1Í: a façade sur la rue
de Ponthieu: il se compose d'une antichambre,
puis d'une cuisine, établie à gauche, et d'une
chambre à coucher, placée à droite ; la porte de |
la chambre à coucher e-st pratiquée dans un pan
coupé, et lorsqu'elle est entre-bfijllée, comme
, elle l'était ce jour-là, on peut voir, à travers le
trou (Je la serrure de la porte ouvrant sur l'es-
calier, ce qui se passe dans ladite chambre.
Ainsi que nous le disions hier, le concierge
regarda à travers la serrure et aperçut le cada-
\" e; il avertit immédiatement l'autorité, qui fit
ouvrir la porte de l'appartement.
» En entrant dans l'antichambre, on remarqua
tout d'abord sur le carreau des empreintes de
pas ensai glantées; près de la porte de la cham-
bre à coucher un flambeau en cristal , garni d'une
moitié de bougie, était posé sur le sol, et dans
l'étroit passage existant entre l'un des côtés du
, it et la cheminée gisait par terre la victime, vè-
,tue et coitYée ; de sa main droite, toute contrac-
tée parla rigidité cadavérique, elle serrait, entre
le pouce et l'index, une allumette dont le phos-
phore était brûlé. La bouche de la malheureuse
fille était bâillonnée, au moyen d'un de ces des-
sus d'oreiller en coton, fabriqués au crochet; ce
bâillon avait été roulé en boule, et enfoncé avec
force dans le gosier. Au côté gauche du cou, s'é-
tendait, de bas en haut, une plaie béante et
profonde, qu'on suppose avoir été faite au moyen-
d'un rasoir.
» La fille T..., croit-on, a été frappée au mo-
ment où Il , munie d'une allumette enflammée, elle
allait allumer sa bougie; sans lâcher cette allu-
mette, elle a porté en avant, comme pour parer
les coups de l'assassin, sa main droitè, qui porte
les traces d'une blessure. On pense que la lutte
entre le meurtrier et sa victime aura dû être
courte; aucun meuble n'a été déplacé, sauf pour-
tant la tablette de la cheminée, et aucun bruit n'a
été entendu par les habitants de la maison. On
a retrouvé des empreintes de pas sanglantes sur
un fauteuil qui a servi d'escabeau à l'assassin,
pour fouiller dans un carton placé au-dessus
d'une armoire.
» La fille T... était, parait-il, dans un état de
misère qui s'explique d'ailleurs par la conduite irré-
gulière que s'obstinaitàmener cette fille, à qui son
âge déjà avancé et sa figure auraient dû inspirer
de plus sages réflexions ; elle était, dit-on, exces-
sivement obèse et d'une laideur repoussante. Oh
a retrouvé dans sa chambre des reconnaissances
du Mont-de-Piété, ainsi qu'un porte-monnaie
dont le contenu, fort minime sans doute, aura
été à peu près la seule chose qu'ait pu voler le
meurtrier.
D Les détails de ce-crime semblent offrir une
simiiitude des plus singulières avec ceux de l'as-
sassinat commis l'année dernière dans la rue de
la Ville-l'Evêque. ».
TRIBUNAUX
UN TOURNEUR QUI A MAL TOURNÉ.
Il se nomme Joan'-Ba¡;.lisk-Joscpl1 Tourneur : il a
vingt-trois ans; il est cordonnier de son état, et quand
ile mélier ne va pas, ce qui arrive souvent, il se fait
tourneur de chevaux do bois. Rude métiei'. celui-là !
Bans des enfr'llctes il;faut tourner l'orgue, s'égosiller A
appeler les chalands; ^'tacher, par une courroie passée
;'uto'u- de la'taille, petits garçons et petit.s filles, de
crainte de chute ; puis-quand lu train est complet, que
les chevaux rouges et blancs sont enfourches, flue 10-:;
chars de faire office de locomotive pendant dh. quinze mi-
nutes. bien courtes pour les enfants, bien longues pour
le tourneuJ'. e
Il cst à croire que, pour exercer co métier plus à
l'uise. Joseph Tourneur n'achète pas ses habits sur pic-
sure, car son paletot flotte sur ses épaules tomme un
ample manteau, son pantalon semble taillé dans deux
sacs de loile grise, et ses pieds sont chaussés, l'un
d'une pantoufle de tambour-major, l'autre d'une bot-
tine de gcant.
Mais ce n'est point pou.r l'étrangeté de sa toilette
qu'il est traduit devant le tribunal, correctionnel, c'est
comme prévenu du vol d'une somme de 51 francs,
commis dans l'exercice de ses fonctions.
Un témoin dépose : C'est tout de même bête à mon
âge (vingt-trois ans) de monter sur des chevaux de bois;
mais nous efions partis avec des camarades, et j'ai fatf
comme les autres. En faisant notre partie de bagues,
j'ai eu besoin de me moucher, et croyant remettremon
mouchoir dans ma poche, je l'ai laissé tomber à terre,
mais je ne me suis aperçu que je l'avais perdu que
lorsque la partie était finie et que nous avions quitté
les chevaux de bois.
Quand je m'ensuis aperçu, je suis retourné vite sur
mes pas, j'ai cherché autour du manège, et comme une
petite fille me voyait inquiet, elle me dit qu'elle avait
vu le tourneur quitter un moment sa manivelle pour
ramasser un mouchoir qui venait de tomber.
M. LE PRÉSIDENT. — Il y avait de l'argent dans votre
mouchoir de poche ?
LE TÉMOIN. — Oui, monsieur, 54 francs noués dans
un des coins. En présence de mes camarades, je lui
réclamai mon mouchoir. Il me dit que ce n'était pas
lui qui l'avait ramassé, que c'était un jeune-homme de
sa connaissance qui, pour qu'il ne dise rien, lui avait
donné 27 fr., juste la moitié des 54 fr. qu'il avait
trouvés dedans.
Je lui dis de me mener vers co jeune homme, mais
il refusa en me disant qu'aprèl un pareil coup il ne
pourrait pas le retrouver, qu'il so cacherait trop bien.
Je le menai alors chez le commissaire de police, qui
le fit fouiller, et on trouva les autres 27 fr. sous son
pied droit, dans une espèce de bottine capable de con-
tenir tous les billets de la Banque de France.
LE PllÉVEriu. — C'est une bottine qui n'est même pas
à moi et que le patron m'avait prêtée ce jour-là, de ce
que je m étais blessé dans mon propre soulier. Je ne
savais même pas que les 27 fr. y étaient. Il est à croire
que c'est le jeune homme 011 question qui, de crainte
qu'on ne les trouve sur lui, les aura jetés dans ma
bottine en se sauvant.
Qui pourrait croire que ce tourneur infidèle, qui a,
de si mauvaises raisons pour expliquer ses infidélités
pourrait vivre honnête et heureux auprès de son ex-
cellent père qui, peu avant son arrestation, lui écri-
vait ces lignes :
« Mon fils et ami,
» Je solicite encore ta Société, et comme par le passé
je te garanti toujours le n° 1 qui te garanti le meil-
leur ouvrage de la boutique.
» Vien mon enfant remet toi au travail c'est le che-
min le plus cours pour arriver pret de ceux qui t'aime,
tu doit connaitre celui qi te donne bon ou mauvais
conseils, fuis loin de toi ces derniers pour te rendre
digne de tes pères et mères.
» Vien, mon fils, et si tu le veux tu peut prendre
qùellequ'un pour la couture et si tu veux te retirer de
mauvais camarade tu peut venir chercher ouvrage et
clef pour travailler et si tu veux coucher avee ton
père.
)) Vien, mon enfant, vien, rien ne te manque pour
faire, si tu le veux, ta petite cuisine et ton café oou-
rage, mon ami, à toi la force, à toi la volonté; salut et
fraternité, ton père. »
Le tribunal a condamné ce mauvais fils à quatt
mois de prison. (Gazette des Tribunaux.)
LA CUEILLETTE
Deux emprunts à la chronique de M. Gabriel Guille- '
ii-ot du Charivari :
Tout le monde connaît MartÍn, le dompteur.
On demandait à.Mme Martin :
Riche comme vous l'ètes, pourquoi ne vous
retirez-vous pas?
• Quand Martin y fera manzé,nous vendrons
la pacotille et nous quitterons les affaires.
Le lecteur est prié de mettre là-dessus tout,
l'accent marne liais qu'il possède. 1
Un avocat de mes amis était allé l'autre jour
à la maison d'arrêt de la Conciergerie visiter un
client, ancien notaire, accusé de faux.
La consultation achevée, l'avocat et le voleur
se dirigent vers la porte du couloir, et là. s'en-
gage une de ces lut es courtoises si fréquentes
dans le monde :
— Passez, monsieur, fit l'avocat.
— Je n'en ferai rien...
— Gomment donc ?
— Ah ! monsieur, riposta le prévenu, je suis
ici chez moi!
Nous lisons dans le journal le Nord cette nomencla-
turc assez curieuse qui r'upelle un conte fameux de
Voltaire : . '
Un journal allemand public la liste, assez lon-
gue, comme tout le monde sait, des princes dé-
trônés qui vivent aujourd'hui dans différentes
parties de l'Europe.
Le doyen de ces princes est don Miguel de
Portugal, détrôné depuis 1832, et qui réside en
Allemagne; il a épousé une princesse alle-
mande.
En second lieu vient le comte de Chambord
exilé depuis 183D et dont le sort a été partagé cri '
1818 par les membres de la branche cadette de
Bourbons de France ; ces derniers habitent pour
la plupart l'Angleterre et le comte de Chambord
réside la plus grande, partie de l'année én Au-
triche.
L'année 1859 a été fatale à plusieurs têtes CQU-
ronnées: Léopold et Ferdinand de Toscane,
: François V de Modène,Robertde Parme, ont perdu
leurs Etats et se sont réfugiés: les trois premiers
en Autriche, où ils résident encore, et le qua-
trième en Suisse.
L'année suivante François II de Naples est
venu grossir les rangs des princes détrônés et a
établi sa résidence à Rome qu'rt n'a pas quittée
depuis.
Deux années après, en 1862, le roi Othon ler
était renversé du trône de Grèce; ce prince ha-
bite l'Allemagne.
Le roi Georges de Hanovre, l'électeur Fré-
déric-Guillaume de Hesse et le duc Adolphe de
Nassau sont les derniers venus dans le groupe
des princes européens détrônés. Le roi de Ha-
novre et le duc de Nassau résident en Autriche ;
l'Electeur, actuellement encore à Stettin, a l'in-
tention, dit-on, de se fixer en Suisse.
On peut ajouter à cette liste le prince Couza,
qui habite actuellement Paris, et le prince
d'Augustenbourg, qui réside près de Reichen-
hall, en Bavière.
Lo Mémorial d'Aix, à l'occasion du grand orage qui'
j a éclaté le 1er sur cette ville, fait retnaquer que les
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite ('t)
f Pendant ce rapide colloque échangé entre les
deux hommes, le Français, afin de ne pas causer
à M. Colette une douleur trop grande lorsqu'il
reprendrait connaissance, avait fait transporter,
en»usant de précautions extrêmes, les deux
dames dans une chambre adjacente : les matelas
avaient été enlevés, et M. Colette avait été
couché sur un canapé.
M. de Birague s'approcha du Français.
— Je puis disposer de vous, n'est-ce pas? lui
dit-il. *
, — Certes, s'écria-t-il vivement. Que faut-il
faire ?
— D'abord me dire le moyen de rappeler mon
ami à la vie.
— Lui desserrer les dents, lui faire boire un
cordial, le frictionner, et, si l'évanouissement
résiste, le saigner.
U) Voir les numéros parus depuis le 28 tout.
— Bon, je suis capable de faire tout cela,
merci, votre ordonnance sera suivre.
Et se tournant vers le jeune secrétaire
— Mon cher Dornès, donnez l'ordre qu'on
selle G-Gux: chevaux de maître, deux coureurs,
vous m'entendez?
—Oui, monsieur, répondit' le jeune homme
qui sortit aussitôt.
— Quant à vous, mon ami, reprit M. de Bi-
rague en revenant au Français, vous allez mon-
ter à cheval et vous rendre ventre à terre à
Port-a-u-Prince ; il fa-ut que la police soit pré-
venue de ce qui s'est passé ici cette. nuit ; vous
ramènerez un médecin avec vous. Est-ce con-
venu ? .
— Pardieu 1
— Merci : N'oubliez pas de prendre des armes.
— Je n'aurai garde. ,
— Les chevaux sont sellés, dit -en rentrant
le secrétaire.
— Bon voyage, et revenez promptement.
Les deux hommes se serrèrent la main et le
Français sortit.
M. de Birague ouvrit son portefeuille, écrivit
quelques mots au crayon sur une des pages, la
déchira, et la présentant à Dornès :
— Mon cher Lucien, lui dit-il, il faut que vous
partiez pour Jérémie, où se trouve en ce moment
M. Duvauchelle. Je n'ai pas besoin de vous re-
commander la prudence.
— Soyez tranquille, monsieur, je ne lui dirai
que ce qui Sera nécessaire. Hélas! il sera instruit
assez tôt du malheur qui lui est arrrivé.
— Bien, vous m'avez compris : maintenant
partez. -
Le jeune homme donna quelques autres or-
dres aux domestiques, pour leur recommander
de faire bonne garde autour de la maison, afin
d'éviter de nouveaux malheurs, puis il s'appro-
cha du canapé sur lequel le planteur était cou-
ché.
En ce momentM. Colette ou vritlesyeux comme
un homme qui se réveille d'un profond sommeil ;
il était très-pâle, ses yeux errèrent 11n instant
autour de lui, comme s'il eÙt cherché qu!,Iq--i 'un
qu'il ne découvrait pas; soudain, il se redressa,
et d'une voix creuse, avec un accent de me-
nace :
— Floréal Apollon? dit-il.
— Personne ne l'a vu cette nuit, dit un noir
qui était, demeuré près de son maître.
— En effet, reprit le jeune homme, pendant
les sombres événements de cette dernière heure,
je ne l'ai pas aperçu.
M. Colette se leva en chancelant et s'appuya
sur l'épaule de son ami.
Oh! s'écria-t-il, c'est ce-misérable qui a
tout fait, vous l'aviez démasqué, Louis ; j'en suis
convaincu, l'assassin est ce Floréal.
— Qui m'appelle? dit le nègre 'en apparaissant
calme et sombre sur le seuil de la porte du
salon.
Les deux hommes reculèrent en frémissant
! devant ce spectre,terrible qu'ils semblaient avoir
évoqué, et qui les couvrait d'un regard d'une ex- ~
pression étrange et sinistre.
GUSTAVE AIMARD.
(La suite à demain J
L'ESPRIT DE TOUT LE MONDE
En Allemagne, on remplace les lettres de faire part,
soit do mariages ou de décès, par des annonces dans
les journaux. Voici un échantillon de style nêcrolo-» ,
gique que nous trouvons dans une feuille très-répan-
due :
« Mon pauvre fils Frànz a trouvé la mort en tom-
bant du haut de l'église. Celui seulement qui connaît
l 'flhalÍnn de l'édifice bourra mesurer toute la profon-
deur de ma dolileur. x —
X.
,Un soldat de l'armée de Benedek, fait prisonnier
à Sadowa, rentrait dernièrement dans sa patrie.
On lui 'demanda si la Prusse était un pays hospita-.
lier.
— Beaucoiap trop ! infiniment trop ! s'ééria le pauvre
troupier autrichien. Tout le temps que je suis resté là-
bas, je l'ai passé dans un hôpital 1
rainant à leur-suite la charrue, qui a"t renversée sur
le côté et dont le soc saisit par la blouse l'enfant, qui
n'a pas eu le temps de se. mettre à l' ¿(AnI.
« Entraîné par les bœufs furieux sous les yeux do
sôTcgr:1nd;;'Ilèrè et. de son père, le pauvre pc'it 'fut en
un instant meurtri, déchiré, sanglant. Loi'squ'M a-élé
relevé, son corps presque • nu n'était plus qu'une im-
mense plaie ; la tète, complètement dcp'.juilleët ne te-
nait plus 'an cou tp»o paï-les muscles, ainsi qu'un des
bras. Le malheureux enfant n'a pas tardé à ex-
pirer, »
On lit dans le Journal d'Avignon :
L'une de ces dernières nuits, ,tJJ plein Ol'ag-e, le bri-
gadier de gen-Jarmerie David, en résidence à Mirabeau
(Vaucluse), sortit de la caséine pour al.er ]mt'Jr aide
à des. c)m)'re'ieM qui se trouvaient sur !a rouie avec,
leurs équipage*, Comme il se livrait il de nouvelles ex-
plorations en compagnie des sieurs Ilodoul, de l'Jvôlet
du Grand-Logis, à Mirabeau, et Auguste Ileynier, age
4le'qulltarze ans, enrantde troupe en permission, ceux-ci
passèrent sur un pont de bois, qui s écroula sous leurs
pieds. Ils tombèrent dans un torrent grossi par la
pluie.
N'écoulant que son courage, et au mépris d'un dan-
ger imminent, le brigadier David s'efan(;a au secours
de ses infortunés compagnons.
Le premier qu'il découvrit fut Hodoul. qui luttait en
vain contre l'impefuusiSe du t orrent; il le sauva et
put le ramener chez lui. Mais il revint aussitôt pour
se mettre en quête du jeune Reynier.
Après bien des recherches pénibles et infructueuses,
il trouva le pauvre enfant ballotté par les eaux, pres-
que sans connaissance et accroche à des branches d'o-
sier, à 600 mètres environ au delà du lieu de l'acci-
dent
David fut assez heureux pour rendre l'enfant à sa
famille.
ÉTRANGER
On a fait frapper à la Monnaie de Berlin des
- thaïes de la vitoire, dans lesquels la tète du
roi est ornée d'une couronne de laurier. C'est
la première fois, depuis Frédéric le Grand, qu'un
roi do Prusse adopte cet emblème, <
VC)ici- le poids authentique du fusil prussien à
aiguille : -
Arme avec baïonnette, Ô kilogr. 42.
; Charge, 4 grammes.
Balle : 32 grammes.
Longueur de l'arme sans baïonnette, 1 mètre
43.
Avec baïonnette, 1 mètre 95.
QnlOn, 0 mètre 916.
Un second câble télégraphique fonctionne
maintenant entre l'ancien et le nouveau 'monde.
NÉCROLOGIE
Une dépêche do Bruxelles nous annonce la fin
du fameux général Mourawietï.
Il a été trouvé mort dans son lit à la campa-
gne ; il aurait succombé à une attaque d'apo-
plexie. , --
LE NOUVEAU PHILIPPE
NOUVEAUX DÉTAILS.
La Gazette des Tribunaux donne, sur l'attentat de la
rue de Ponthieu, des détails qui complètent, en
en répétant quelques-uns, ceux que nous avons pu-
bliés hier.
Samedi, vers neuf heures du soir, le concierge
de la maison aperçut la fille T... qui rentrait à
son domicile. Elle était accompagnée d'un homme
de taille moyenne, portant un patelot d'été et
coillé d'un chapeau: bas, en feutre gris, à bords
retroussés. • Lorsque cet homme quitta la maison,
il ne fut vu de pwsonne, ec pendant, la journée
du lendemain dimanche, le: eencierge r remarqua
!c¡oela fille T... n'était pas sortie de son apparte-
;ment. Dans la, matînée 'du lundi, plusieurs loca-
taires, en montant l'escalier, virent un chien ap-
partenant, à la fille T..., et qm était étendu tris-
tement à la porte du logement de sa maîtresse,
sans vouloir bouger du poste qu'il avait choisi ;
ils se hâtèrent de s'gnaier ce fait au concierge,
qui arriva aussitôt.
- » 1/appar'tem-ent qu'occupait la fille T... est
situé au fond d'un corridor de servant l'attique
.d'un corps ckdJÚt..Îmel¡t u<1Í: a façade sur la rue
de Ponthieu: il se compose d'une antichambre,
puis d'une cuisine, établie à gauche, et d'une
chambre à coucher, placée à droite ; la porte de |
la chambre à coucher e-st pratiquée dans un pan
coupé, et lorsqu'elle est entre-bfijllée, comme
, elle l'était ce jour-là, on peut voir, à travers le
trou (Je la serrure de la porte ouvrant sur l'es-
calier, ce qui se passe dans ladite chambre.
Ainsi que nous le disions hier, le concierge
regarda à travers la serrure et aperçut le cada-
\" e; il avertit immédiatement l'autorité, qui fit
ouvrir la porte de l'appartement.
» En entrant dans l'antichambre, on remarqua
tout d'abord sur le carreau des empreintes de
pas ensai glantées; près de la porte de la cham-
bre à coucher un flambeau en cristal , garni d'une
moitié de bougie, était posé sur le sol, et dans
l'étroit passage existant entre l'un des côtés du
, it et la cheminée gisait par terre la victime, vè-
,tue et coitYée ; de sa main droite, toute contrac-
tée parla rigidité cadavérique, elle serrait, entre
le pouce et l'index, une allumette dont le phos-
phore était brûlé. La bouche de la malheureuse
fille était bâillonnée, au moyen d'un de ces des-
sus d'oreiller en coton, fabriqués au crochet; ce
bâillon avait été roulé en boule, et enfoncé avec
force dans le gosier. Au côté gauche du cou, s'é-
tendait, de bas en haut, une plaie béante et
profonde, qu'on suppose avoir été faite au moyen-
d'un rasoir.
» La fille T..., croit-on, a été frappée au mo-
ment où Il , munie d'une allumette enflammée, elle
allait allumer sa bougie; sans lâcher cette allu-
mette, elle a porté en avant, comme pour parer
les coups de l'assassin, sa main droitè, qui porte
les traces d'une blessure. On pense que la lutte
entre le meurtrier et sa victime aura dû être
courte; aucun meuble n'a été déplacé, sauf pour-
tant la tablette de la cheminée, et aucun bruit n'a
été entendu par les habitants de la maison. On
a retrouvé des empreintes de pas sanglantes sur
un fauteuil qui a servi d'escabeau à l'assassin,
pour fouiller dans un carton placé au-dessus
d'une armoire.
» La fille T... était, parait-il, dans un état de
misère qui s'explique d'ailleurs par la conduite irré-
gulière que s'obstinaitàmener cette fille, à qui son
âge déjà avancé et sa figure auraient dû inspirer
de plus sages réflexions ; elle était, dit-on, exces-
sivement obèse et d'une laideur repoussante. Oh
a retrouvé dans sa chambre des reconnaissances
du Mont-de-Piété, ainsi qu'un porte-monnaie
dont le contenu, fort minime sans doute, aura
été à peu près la seule chose qu'ait pu voler le
meurtrier.
D Les détails de ce-crime semblent offrir une
simiiitude des plus singulières avec ceux de l'as-
sassinat commis l'année dernière dans la rue de
la Ville-l'Evêque. ».
TRIBUNAUX
UN TOURNEUR QUI A MAL TOURNÉ.
Il se nomme Joan'-Ba¡;.lisk-Joscpl1 Tourneur : il a
vingt-trois ans; il est cordonnier de son état, et quand
ile mélier ne va pas, ce qui arrive souvent, il se fait
tourneur de chevaux do bois. Rude métiei'. celui-là !
Bans des enfr'llctes il;faut tourner l'orgue, s'égosiller A
appeler les chalands; ^'tacher, par une courroie passée
;'uto'u- de la'taille, petits garçons et petit.s filles, de
crainte de chute ; puis-quand lu train est complet, que
les chevaux rouges et blancs sont enfourches, flue 10-:;
chars
nutes. bien courtes pour les enfants, bien longues pour
le tourneuJ'. e
Il cst à croire que, pour exercer co métier plus à
l'uise. Joseph Tourneur n'achète pas ses habits sur pic-
sure, car son paletot flotte sur ses épaules tomme un
ample manteau, son pantalon semble taillé dans deux
sacs de loile grise, et ses pieds sont chaussés, l'un
d'une pantoufle de tambour-major, l'autre d'une bot-
tine de gcant.
Mais ce n'est point pou.r l'étrangeté de sa toilette
qu'il est traduit devant le tribunal, correctionnel, c'est
comme prévenu du vol d'une somme de 51 francs,
commis dans l'exercice de ses fonctions.
Un témoin dépose : C'est tout de même bête à mon
âge (vingt-trois ans) de monter sur des chevaux de bois;
mais nous efions partis avec des camarades, et j'ai fatf
comme les autres. En faisant notre partie de bagues,
j'ai eu besoin de me moucher, et croyant remettremon
mouchoir dans ma poche, je l'ai laissé tomber à terre,
mais je ne me suis aperçu que je l'avais perdu que
lorsque la partie était finie et que nous avions quitté
les chevaux de bois.
Quand je m'ensuis aperçu, je suis retourné vite sur
mes pas, j'ai cherché autour du manège, et comme une
petite fille me voyait inquiet, elle me dit qu'elle avait
vu le tourneur quitter un moment sa manivelle pour
ramasser un mouchoir qui venait de tomber.
M. LE PRÉSIDENT. — Il y avait de l'argent dans votre
mouchoir de poche ?
LE TÉMOIN. — Oui, monsieur, 54 francs noués dans
un des coins. En présence de mes camarades, je lui
réclamai mon mouchoir. Il me dit que ce n'était pas
lui qui l'avait ramassé, que c'était un jeune-homme de
sa connaissance qui, pour qu'il ne dise rien, lui avait
donné 27 fr., juste la moitié des 54 fr. qu'il avait
trouvés dedans.
Je lui dis de me mener vers co jeune homme, mais
il refusa en me disant qu'aprèl un pareil coup il ne
pourrait pas le retrouver, qu'il so cacherait trop bien.
Je le menai alors chez le commissaire de police, qui
le fit fouiller, et on trouva les autres 27 fr. sous son
pied droit, dans une espèce de bottine capable de con-
tenir tous les billets de la Banque de France.
LE PllÉVEriu. — C'est une bottine qui n'est même pas
à moi et que le patron m'avait prêtée ce jour-là, de ce
que je m étais blessé dans mon propre soulier. Je ne
savais même pas que les 27 fr. y étaient. Il est à croire
que c'est le jeune homme 011 question qui, de crainte
qu'on ne les trouve sur lui, les aura jetés dans ma
bottine en se sauvant.
Qui pourrait croire que ce tourneur infidèle, qui a,
de si mauvaises raisons pour expliquer ses infidélités
pourrait vivre honnête et heureux auprès de son ex-
cellent père qui, peu avant son arrestation, lui écri-
vait ces lignes :
« Mon fils et ami,
» Je solicite encore ta Société, et comme par le passé
je te garanti toujours le n° 1 qui te garanti le meil-
leur ouvrage de la boutique.
» Vien mon enfant remet toi au travail c'est le che-
min le plus cours pour arriver pret de ceux qui t'aime,
tu doit connaitre celui qi te donne bon ou mauvais
conseils, fuis loin de toi ces derniers pour te rendre
digne de tes pères et mères.
» Vien, mon fils, et si tu le veux tu peut prendre
qùellequ'un pour la couture et si tu veux te retirer de
mauvais camarade tu peut venir chercher ouvrage et
clef pour travailler et si tu veux coucher avee ton
père.
)) Vien, mon enfant, vien, rien ne te manque pour
faire, si tu le veux, ta petite cuisine et ton café oou-
rage, mon ami, à toi la force, à toi la volonté; salut et
fraternité, ton père. »
Le tribunal a condamné ce mauvais fils à quatt
mois de prison. (Gazette des Tribunaux.)
LA CUEILLETTE
Deux emprunts à la chronique de M. Gabriel Guille- '
ii-ot du Charivari :
Tout le monde connaît MartÍn, le dompteur.
On demandait à.Mme Martin :
Riche comme vous l'ètes, pourquoi ne vous
retirez-vous pas?
• Quand Martin y fera manzé,nous vendrons
la pacotille et nous quitterons les affaires.
Le lecteur est prié de mettre là-dessus tout,
l'accent marne liais qu'il possède. 1
Un avocat de mes amis était allé l'autre jour
à la maison d'arrêt de la Conciergerie visiter un
client, ancien notaire, accusé de faux.
La consultation achevée, l'avocat et le voleur
se dirigent vers la porte du couloir, et là. s'en-
gage une de ces lut es courtoises si fréquentes
dans le monde :
— Passez, monsieur, fit l'avocat.
— Je n'en ferai rien...
— Gomment donc ?
— Ah ! monsieur, riposta le prévenu, je suis
ici chez moi!
Nous lisons dans le journal le Nord cette nomencla-
turc assez curieuse qui r'upelle un conte fameux de
Voltaire : . '
Un journal allemand public la liste, assez lon-
gue, comme tout le monde sait, des princes dé-
trônés qui vivent aujourd'hui dans différentes
parties de l'Europe.
Le doyen de ces princes est don Miguel de
Portugal, détrôné depuis 1832, et qui réside en
Allemagne; il a épousé une princesse alle-
mande.
En second lieu vient le comte de Chambord
exilé depuis 183D et dont le sort a été partagé cri '
1818 par les membres de la branche cadette de
Bourbons de France ; ces derniers habitent pour
la plupart l'Angleterre et le comte de Chambord
réside la plus grande, partie de l'année én Au-
triche.
L'année 1859 a été fatale à plusieurs têtes CQU-
ronnées: Léopold et Ferdinand de Toscane,
: François V de Modène,Robertde Parme, ont perdu
leurs Etats et se sont réfugiés: les trois premiers
en Autriche, où ils résident encore, et le qua-
trième en Suisse.
L'année suivante François II de Naples est
venu grossir les rangs des princes détrônés et a
établi sa résidence à Rome qu'rt n'a pas quittée
depuis.
Deux années après, en 1862, le roi Othon ler
était renversé du trône de Grèce; ce prince ha-
bite l'Allemagne.
Le roi Georges de Hanovre, l'électeur Fré-
déric-Guillaume de Hesse et le duc Adolphe de
Nassau sont les derniers venus dans le groupe
des princes européens détrônés. Le roi de Ha-
novre et le duc de Nassau résident en Autriche ;
l'Electeur, actuellement encore à Stettin, a l'in-
tention, dit-on, de se fixer en Suisse.
On peut ajouter à cette liste le prince Couza,
qui habite actuellement Paris, et le prince
d'Augustenbourg, qui réside près de Reichen-
hall, en Bavière.
Lo Mémorial d'Aix, à l'occasion du grand orage qui'
j a éclaté le 1er sur cette ville, fait retnaquer que les
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite ('t)
f Pendant ce rapide colloque échangé entre les
deux hommes, le Français, afin de ne pas causer
à M. Colette une douleur trop grande lorsqu'il
reprendrait connaissance, avait fait transporter,
en»usant de précautions extrêmes, les deux
dames dans une chambre adjacente : les matelas
avaient été enlevés, et M. Colette avait été
couché sur un canapé.
M. de Birague s'approcha du Français.
— Je puis disposer de vous, n'est-ce pas? lui
dit-il. *
, — Certes, s'écria-t-il vivement. Que faut-il
faire ?
— D'abord me dire le moyen de rappeler mon
ami à la vie.
— Lui desserrer les dents, lui faire boire un
cordial, le frictionner, et, si l'évanouissement
résiste, le saigner.
U) Voir les numéros parus depuis le 28 tout.
— Bon, je suis capable de faire tout cela,
merci, votre ordonnance sera suivre.
Et se tournant vers le jeune secrétaire
— Mon cher Dornès, donnez l'ordre qu'on
selle G-Gux: chevaux de maître, deux coureurs,
vous m'entendez?
—Oui, monsieur, répondit' le jeune homme
qui sortit aussitôt.
— Quant à vous, mon ami, reprit M. de Bi-
rague en revenant au Français, vous allez mon-
ter à cheval et vous rendre ventre à terre à
Port-a-u-Prince ; il fa-ut que la police soit pré-
venue de ce qui s'est passé ici cette. nuit ; vous
ramènerez un médecin avec vous. Est-ce con-
venu ? .
— Pardieu 1
— Merci : N'oubliez pas de prendre des armes.
— Je n'aurai garde. ,
— Les chevaux sont sellés, dit -en rentrant
le secrétaire.
— Bon voyage, et revenez promptement.
Les deux hommes se serrèrent la main et le
Français sortit.
M. de Birague ouvrit son portefeuille, écrivit
quelques mots au crayon sur une des pages, la
déchira, et la présentant à Dornès :
— Mon cher Lucien, lui dit-il, il faut que vous
partiez pour Jérémie, où se trouve en ce moment
M. Duvauchelle. Je n'ai pas besoin de vous re-
commander la prudence.
— Soyez tranquille, monsieur, je ne lui dirai
que ce qui Sera nécessaire. Hélas! il sera instruit
assez tôt du malheur qui lui est arrrivé.
— Bien, vous m'avez compris : maintenant
partez. -
Le jeune homme donna quelques autres or-
dres aux domestiques, pour leur recommander
de faire bonne garde autour de la maison, afin
d'éviter de nouveaux malheurs, puis il s'appro-
cha du canapé sur lequel le planteur était cou-
ché.
En ce momentM. Colette ou vritlesyeux comme
un homme qui se réveille d'un profond sommeil ;
il était très-pâle, ses yeux errèrent 11n instant
autour de lui, comme s'il eÙt cherché qu!,Iq--i 'un
qu'il ne découvrait pas; soudain, il se redressa,
et d'une voix creuse, avec un accent de me-
nace :
— Floréal Apollon? dit-il.
— Personne ne l'a vu cette nuit, dit un noir
qui était, demeuré près de son maître.
— En effet, reprit le jeune homme, pendant
les sombres événements de cette dernière heure,
je ne l'ai pas aperçu.
M. Colette se leva en chancelant et s'appuya
sur l'épaule de son ami.
Oh! s'écria-t-il, c'est ce-misérable qui a
tout fait, vous l'aviez démasqué, Louis ; j'en suis
convaincu, l'assassin est ce Floréal.
— Qui m'appelle? dit le nègre 'en apparaissant
calme et sombre sur le seuil de la porte du
salon.
Les deux hommes reculèrent en frémissant
! devant ce spectre,terrible qu'ils semblaient avoir
évoqué, et qui les couvrait d'un regard d'une ex- ~
pression étrange et sinistre.
GUSTAVE AIMARD.
(La suite à demain J
L'ESPRIT DE TOUT LE MONDE
En Allemagne, on remplace les lettres de faire part,
soit do mariages ou de décès, par des annonces dans
les journaux. Voici un échantillon de style nêcrolo-» ,
gique que nous trouvons dans une feuille très-répan-
due :
« Mon pauvre fils Frànz a trouvé la mort en tom-
bant du haut de l'église. Celui seulement qui connaît
l 'flhalÍnn de l'édifice bourra mesurer toute la profon-
deur de ma dolileur. x —
X.
,Un soldat de l'armée de Benedek, fait prisonnier
à Sadowa, rentrait dernièrement dans sa patrie.
On lui 'demanda si la Prusse était un pays hospita-.
lier.
— Beaucoiap trop ! infiniment trop ! s'ééria le pauvre
troupier autrichien. Tout le temps que je suis resté là-
bas, je l'ai passé dans un hôpital 1
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