Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-09-09
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 septembre 1866 09 septembre 1866
Description : 1866/09/09 (N143). 1866/09/09 (N143).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47173281
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
J JI5 cent, le numéro 1
; ,ANCIENNE PRESSE ILLUSTRÉE'.
. : JOURNAL QUOTIDIEN. - ILLUSTRÉ LE DIMANCHE
e. S e«nl. le, nnmêre.
~ ABONNEMENTS. —- Trois mois. Six mois. Un an.
, î Paris , 5 fr. 9 fr. 1 S fr. @
Départements. 6 ~ 1 Ji 1 $3 . 1
DIMANCHE 9 SEPTEMBRE 1866. — No 143.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 24, boulevard des Italiens. '
ADMINISTRATION : 15, rue'Breda.
L'ATTAQUE DU CONVOI
l'Épisode de la campagne de 1807).
. 0" g ' ' * * • * • * • • *.* 1"
r / , ' ] F
■ f ^ i
Ni fourrages, ni vivrek : depuis
une semaine, la division manquait dé tout.
nn soir, au moment d'allumer les feux, un
détachement de trente hommes reçut l'ordrp
de monter à cheval pour aller aux piovi-
sions. ;
Je faisais partie de ce détachement. ;
Le. lieutenant Sibour et le maréchal des
logis Ferret nous commandaient. Ils mar-
chaient en tête, ayant entre eux un paysan
qui devait nous servir de guide.. j
; I
Je n'ai de ma vie fait une étape aussi lul-
gubre. !
Le calme profond des champs avait suc-
cédé aux bruits du bivouac. Devant nous, à
perte de vue, s'étendait la plaine sombre,
coupée çà et là par de petits bois de sapins
bas et chétifs, qui semblaient de loin d'énor-
mes taches noires. Pas une étoile dans le ciel;
à peine de loin -en loin, une Lumière indécise
derrière les vitres de quelque hutte de
paysan.
lieux chasseurs, détachés en avant, exami-
naient le terrain.
Comme nous allions sortir d'une des sa-
pinières, nous les vîmes, se replier vivement
sur nous.
— Haite! nous dit le lieutenant à voix
• basse.... " . >
— Hfon lieutenant, sent les Cosaques!
dit un des chasseurs qui revenaient.
Nous étions sur la lisière du petit bois.
Le lieutenant et le maréchal des logis mi-
rent pied à terre et s'avancèrent avec pré--
caution.
Ils revinrent au bout d'une minute.
•
- Pied à terre ! dit vivement notre officier.
Eloignez-vous de quelques pas les uns des
autres... Tenez le fourreau de vos sabres... j
Restez devant vos chevaux... Et surtout, si-
knce! Le premier qui bouge
Il se retourna vers le guide : 1
— Toi, par exemple, si tu fais un mouve-
ment, tu es mort'
Ces ordres s'étaient succédé brefs, rapi-
des...
A peine les avions-nous exécutés que, sur
la lisière du bois, apparurent quelques éclai- '
reurs ennemis...
Ils passèrent. ,
Un gros de Cosaques les suivait de près.
Toute cette cavalerie défilait silencieuse et
serrée. On entrevoyait Ç;'¡ et là quelques points
noirs sur la masse sombre...
Tout à coup la lune se leva.
— Elle a bien fait d'attendre! dit le maré-
chal des logis Ferret.
Le lieutenant Sibour se mit à rire. !
— A cheval! dit-il, et vivement!
La lune s'était tout à fait dégagée des nua-
ges, et les fers des lances, que les Cosaques te'.
naient levées, brillaient au sommet d'un ter-
tre, dans le lointain...
■ j
-
Le jour commençait à poindre, quand nous
arrivâmes au but de notre expédition.
Un grand château que ses maîtres avaient
abandonné aux soins d'un intendant.
L'intendant comprit t-out de suite la mis-
sion dont nous étions chargés. Il prit les
clés et marcha devant nous.
En moins d'une heure, deux charriotsétaient
remplis de provisions, et nous nous remet-
tions en route, après un excellent déjeuner.
— Nous serons bien reçus au camp ! disait
le lieutenant.
— Dame! si les camarades n'étaient pas
contents, ils seraient difficiles! répliquait le
maréchal des logis.
En ce moment, le guide agita la main. : '
Son geste disait clairement :
— Taisez-vous !
Nous regardâmes autour de nous avec in-
quiétude f. Rien que la plaine nue.
— Ecoutez! dit le guide.
Nous nous regardâmes de nouveau; mais
cette fois, nous savions à quoi nous en tenir.
Le bruit, faible encore, mais régulier, que nous
entendions, était celui d'un corps de cava-
lerie.
Naus étions poursuivis.
— Au trot! dit notre officier aux conduc-
teurs des charriots.
Mais on marchait à travers champs, et les
obstacles se multipliaient à chaque pas.
Des lances parurent à l'horizon
Bientôt nous distinguâmes un régiment de
Cosaques réguliers. ■
—, En avant! en avant! criait le lieutenant
aux conducteurs.
Ceux-ci juraient, frappaient les chevaux...
Les essieux criaient... C'était un tumulte in-
descriptible..
- Il faut abandonner un des charriots ! dit
le maréchal des logis. ■.
<— Jamais ! répondit le lieutenant.
Il se tourna vers nous, et, nous montrant
les Cosaques :
—Nous allons les arrêter un quart d'heure!
dit-il. En avant les charriots, et nous,
halte !
— Ça sera drôle, conscrit! dit le vieux Fer-
ret, en clignant 'de l'œil de mon côté.
Les Cosaques venaient de se déployer, et
leurs cornets sonnaient la charge.
Nous les attendions en bataille, le pistolet
• au poing.
Ils se ruèren' sur nous avec des cris de
bêtes féroces. Ce fut une effroyable mêlée...
Ce que je me rappelle, c'est qu'au bout d une
minute , apercevant le vieux Ferret à ma
droite, je poussai vers lui.
— Fais le moulinet, conscrit! me cria-t-il...
Le moulinet! Le moulinet!.-.. •
Je suivis son conseil ; mais, tout en me dé-
fendent, je regardais devant moi, et je voyais
une telle quantité de barbes en broussaille et
de bonnets pointus que je me disais :
— Impossible d'en réchapper cette fois...
Tout à coup la terre trembla. Des trom-
pettes sonnèrent la charge. Les Cosaques re-
culèrent et'commoncèrent à fuiren désordre...
Ils se réunirent et formèrent une masse
confuse, qui partit au galop.
Un régiment de cuirassiers envoyé en re-
connaissance avait vu de loin notre embarras.
Il arrivait ii notre secours.
Au gato;)!
La colonne de fer passa devant nous,
comme un souffle d'ouragan.
Les Cosaques étaient déjà loin,
Nous étions sauvés!
— Diable! dit le maréchal des logis, l'affaire
a été rude'! .. Un, deux, trois, quatre... neuf,
dix... quatorze. Nous sommes diminués de
moitié. Mais où est donc le lieutenant?
Notre pauvre lieutenant gisait à quelques
pas de là.
Deux ou trois officiers de cuirassiers l'en-
touraient.
Nous mîmes pied à terre et nous eourûmes
à lui.
Quand il vit le maréchal des logis, il écarta
les officiers de la main :
— Le convoi? demanda-t-il.
— Sauvé ! mon lieutenant, répondit le vieux
Ferret.
— Bien.
Il essaya de se lever et retomba tout d'une
pièce .....
— Tiens l dit le maréchal des logis en por-
tant sa manche à son v.isage pour s'essuyer
les yeux, tiens ! j'ai reçu un coup de sabre !...
Oh! rien!... Le moulinet, conscrit, le mou- .
linet !...
TONY RÉVILLON.
LE DERNIER MOT
DE
BOCAMBOLE
PREMIÈRE PARTIE
LES RAVAGEURS
PAR
PONSON DU TERRAIL
XX
Pénétrons maintenant à l'intérieur de la
villa.
Pendant huit ou dix jours, c'est-à-dire depuis
la disparition de Nicheld, il y avait eu un si-
lence farouche de la part du vieillard, une morne
résignation chez la jeune femme.
Ils évitaient de se rencontrer ailleurs que
.dans la salle commune des repas ; à peine, l,e
;soir, obéissant main tenant bien plus à l'habitude
qu'à l'affection; Nadéïa tendÜit-eHe'son front au
général Komistrol. ,
Sa résignation n'était qu'apparente.
Voir les numéros parus depuis le 21 aoû'.
Nadéïa s'était souvenue des dernières paroles
de Nicheld :
— Vous trouverez, enterré au pied d'un arbre,
dans le parc, un pot de terre dans lequel est un
manuscrit qui vous apprendra tout ce-que je
n'ose vous dire.
Le lendemain, on s'en souvient, Nicheld n'é-
tait plus à la villa.
Le général l'avait renvoyé, disait-il.
En effet, le soir même, un autre domestique
était entré à la place de Nicheld, et le général
avait dit à sa fille :
— Ma chère amie, faites-moi la grâc.1 de ne
jamais parler de nos affaires devant' cet homme
que je ne connais que par les certificats qu'il
m'apporte. ,
Nadéïa n'avait point répondu.
Elle attendait une nuit obscure, pendant la-
quelle le général se coucherait de bonne heure.
Nadéïa voulait déterrer le manuscrit de Ni-
cheld, Nadéïa voulait savoir ce qu'étaient deve-
nus son époux et son enfant.
Enfin le moment qu'ell-e croyait propice était
arrivé.
Nadéïa s'était aperçue que le nouveau domes-
tique, l'anglais John, sortaittous les soirs, après
le dîner et ne rentrait que fort avant dans la
nuit.
i Chose bizarre ! le général qui ne voulait pas
' que Nicheld sortit, n'avait nullement l'air de se
préoccuper des fréquentes absences de John.
! Or donc, ce soir là, tandis que John s 'en al-
lait à la gare de Villeneuve recevoir les deux
Étrangleurs ; tandis que Rocambole et les siens
tendaient à ces derniers le piège dans lequel
nous les avons vus tomber, — Nadéïa à sa fenê-
tre, sans lumière, immobile, attendait que le
flambeau qui brûlait dans la chambre de son
père s'éteignit.
Le général avait coutume de lire dans son lit
pendant quelques minutes avant de s'endormir:'
Quand il soufflait sa bougie, c'est que le som-
meil le prenait.
Or le premier sommeil est assez pesant et
Nadéïa comptait sur ce premier sommeil.
Enfin, un peu après minuit, les arbres du
parc sur lesquels se reflétait la lumière, restèrent
dans l'obscurité'.
Le général dormait.
Alors Nadéïa s'enveloppa d'un manteau, ou-
vrit la porte sans bruit et sortit de sa chambra
sur la pointe du pied, sans lumière, et avec des
précautions 'infinies,.
Son cœur battait à outrance.
Elle arriva jusqu'à la dernière marche de l'es-
calier. î
Elle fit des prodiges pour ouvrir sans bruit 4L
porte qui donnait sur le parc.
Cette porte franchie, et comme l'air froid de
la nuit lui fouettait le visage, eilj s'arrêta un
moment.
Elle tenait sous son manteau une petite bèche
qu'elle avait dérobée durant le jour dans, la
serre.
Nadéïa s'arrêta, car il lui avait semblé entendre
un chuchottement lointain, un bruit de pas, au
fond du parc.
Mais, après un moment d"hésitation, elle con-
tinua son chemin, comptant les arbres de !a
grande allée. ■
Nadéïa était si érmue qu'elle n'eut pas de
peine à se convaincre qu'elle avait été le jouet
(l'une illusion, et que le vent seul avait passé
dans le feuillage.
Cependant, tout en continuant à descendre la
grande allée, elle s'était retournée plusieurs fois
vers la maison.
Mais la fenêtre du général qui, seule, attirait
son attention, était fermée.
Enfin, elle arriva au pied de l'arbre indiqué
par Nicheld.
/ La nuit était assez obscure, ne-us l'avons dit î
cependant Nadéïa se mit à la besogne.
.Munie de sa bêche, elle creusa tout -.'t l entour
de l'arbre et au bout de quelques minutes la bê-
che rencontra un corps dur qui rendit un son
mat.
J JI5 cent, le numéro 1
; ,ANCIENNE PRESSE ILLUSTRÉE'.
. : JOURNAL QUOTIDIEN. - ILLUSTRÉ LE DIMANCHE
e. S e«nl. le, nnmêre.
~ ABONNEMENTS. —- Trois mois. Six mois. Un an.
, î Paris , 5 fr. 9 fr. 1 S fr. @
Départements. 6 ~ 1 Ji 1 $3 . 1
DIMANCHE 9 SEPTEMBRE 1866. — No 143.
BUREAUX D'ABONNEMENT : 24, boulevard des Italiens. '
ADMINISTRATION : 15, rue'Breda.
L'ATTAQUE DU CONVOI
l'Épisode de la campagne de 1807).
. 0" g ' ' * * • * • * • • *.* 1"
r / , ' ] F
■ f ^ i
Ni fourrages, ni vivrek : depuis
une semaine, la division manquait dé tout.
nn soir, au moment d'allumer les feux, un
détachement de trente hommes reçut l'ordrp
de monter à cheval pour aller aux piovi-
sions. ;
Je faisais partie de ce détachement. ;
Le. lieutenant Sibour et le maréchal des
logis Ferret nous commandaient. Ils mar-
chaient en tête, ayant entre eux un paysan
qui devait nous servir de guide.. j
; I
Je n'ai de ma vie fait une étape aussi lul-
gubre. !
Le calme profond des champs avait suc-
cédé aux bruits du bivouac. Devant nous, à
perte de vue, s'étendait la plaine sombre,
coupée çà et là par de petits bois de sapins
bas et chétifs, qui semblaient de loin d'énor-
mes taches noires. Pas une étoile dans le ciel;
à peine de loin -en loin, une Lumière indécise
derrière les vitres de quelque hutte de
paysan.
lieux chasseurs, détachés en avant, exami-
naient le terrain.
Comme nous allions sortir d'une des sa-
pinières, nous les vîmes, se replier vivement
sur nous.
— Haite! nous dit le lieutenant à voix
• basse.... " . >
— Hfon lieutenant, sent les Cosaques!
dit un des chasseurs qui revenaient.
Nous étions sur la lisière du petit bois.
Le lieutenant et le maréchal des logis mi-
rent pied à terre et s'avancèrent avec pré--
caution.
Ils revinrent au bout d'une minute.
•
- Pied à terre ! dit vivement notre officier.
Eloignez-vous de quelques pas les uns des
autres... Tenez le fourreau de vos sabres... j
Restez devant vos chevaux... Et surtout, si-
knce! Le premier qui bouge
Il se retourna vers le guide : 1
— Toi, par exemple, si tu fais un mouve-
ment, tu es mort'
Ces ordres s'étaient succédé brefs, rapi-
des...
A peine les avions-nous exécutés que, sur
la lisière du bois, apparurent quelques éclai- '
reurs ennemis...
Ils passèrent. ,
Un gros de Cosaques les suivait de près.
Toute cette cavalerie défilait silencieuse et
serrée. On entrevoyait Ç;'¡ et là quelques points
noirs sur la masse sombre...
Tout à coup la lune se leva.
— Elle a bien fait d'attendre! dit le maré-
chal des logis Ferret.
Le lieutenant Sibour se mit à rire. !
— A cheval! dit-il, et vivement!
La lune s'était tout à fait dégagée des nua-
ges, et les fers des lances, que les Cosaques te'.
naient levées, brillaient au sommet d'un ter-
tre, dans le lointain...
■ j
-
Le jour commençait à poindre, quand nous
arrivâmes au but de notre expédition.
Un grand château que ses maîtres avaient
abandonné aux soins d'un intendant.
L'intendant comprit t-out de suite la mis-
sion dont nous étions chargés. Il prit les
clés et marcha devant nous.
En moins d'une heure, deux charriotsétaient
remplis de provisions, et nous nous remet-
tions en route, après un excellent déjeuner.
— Nous serons bien reçus au camp ! disait
le lieutenant.
— Dame! si les camarades n'étaient pas
contents, ils seraient difficiles! répliquait le
maréchal des logis.
En ce moment, le guide agita la main. : '
Son geste disait clairement :
— Taisez-vous !
Nous regardâmes autour de nous avec in-
quiétude f. Rien que la plaine nue.
— Ecoutez! dit le guide.
Nous nous regardâmes de nouveau; mais
cette fois, nous savions à quoi nous en tenir.
Le bruit, faible encore, mais régulier, que nous
entendions, était celui d'un corps de cava-
lerie.
Naus étions poursuivis.
— Au trot! dit notre officier aux conduc-
teurs des charriots.
Mais on marchait à travers champs, et les
obstacles se multipliaient à chaque pas.
Des lances parurent à l'horizon
Bientôt nous distinguâmes un régiment de
Cosaques réguliers. ■
—, En avant! en avant! criait le lieutenant
aux conducteurs.
Ceux-ci juraient, frappaient les chevaux...
Les essieux criaient... C'était un tumulte in-
descriptible..
- Il faut abandonner un des charriots ! dit
le maréchal des logis. ■.
<— Jamais ! répondit le lieutenant.
Il se tourna vers nous, et, nous montrant
les Cosaques :
—Nous allons les arrêter un quart d'heure!
dit-il. En avant les charriots, et nous,
halte !
— Ça sera drôle, conscrit! dit le vieux Fer-
ret, en clignant 'de l'œil de mon côté.
Les Cosaques venaient de se déployer, et
leurs cornets sonnaient la charge.
Nous les attendions en bataille, le pistolet
• au poing.
Ils se ruèren' sur nous avec des cris de
bêtes féroces. Ce fut une effroyable mêlée...
Ce que je me rappelle, c'est qu'au bout d une
minute , apercevant le vieux Ferret à ma
droite, je poussai vers lui.
— Fais le moulinet, conscrit! me cria-t-il...
Le moulinet! Le moulinet!.-.. •
Je suivis son conseil ; mais, tout en me dé-
fendent, je regardais devant moi, et je voyais
une telle quantité de barbes en broussaille et
de bonnets pointus que je me disais :
— Impossible d'en réchapper cette fois...
Tout à coup la terre trembla. Des trom-
pettes sonnèrent la charge. Les Cosaques re-
culèrent et'commoncèrent à fuiren désordre...
Ils se réunirent et formèrent une masse
confuse, qui partit au galop.
Un régiment de cuirassiers envoyé en re-
connaissance avait vu de loin notre embarras.
Il arrivait ii notre secours.
Au gato;)!
La colonne de fer passa devant nous,
comme un souffle d'ouragan.
Les Cosaques étaient déjà loin,
Nous étions sauvés!
— Diable! dit le maréchal des logis, l'affaire
a été rude'! .. Un, deux, trois, quatre... neuf,
dix... quatorze. Nous sommes diminués de
moitié. Mais où est donc le lieutenant?
Notre pauvre lieutenant gisait à quelques
pas de là.
Deux ou trois officiers de cuirassiers l'en-
touraient.
Nous mîmes pied à terre et nous eourûmes
à lui.
Quand il vit le maréchal des logis, il écarta
les officiers de la main :
— Le convoi? demanda-t-il.
— Sauvé ! mon lieutenant, répondit le vieux
Ferret.
— Bien.
Il essaya de se lever et retomba tout d'une
pièce .....
— Tiens l dit le maréchal des logis en por-
tant sa manche à son v.isage pour s'essuyer
les yeux, tiens ! j'ai reçu un coup de sabre !...
Oh! rien!... Le moulinet, conscrit, le mou- .
linet !...
TONY RÉVILLON.
LE DERNIER MOT
DE
BOCAMBOLE
PREMIÈRE PARTIE
LES RAVAGEURS
PAR
PONSON DU TERRAIL
XX
Pénétrons maintenant à l'intérieur de la
villa.
Pendant huit ou dix jours, c'est-à-dire depuis
la disparition de Nicheld, il y avait eu un si-
lence farouche de la part du vieillard, une morne
résignation chez la jeune femme.
Ils évitaient de se rencontrer ailleurs que
.dans la salle commune des repas ; à peine, l,e
;soir, obéissant main tenant bien plus à l'habitude
qu'à l'affection; Nadéïa tendÜit-eHe'son front au
général Komistrol. ,
Sa résignation n'était qu'apparente.
Voir les numéros parus depuis le 21 aoû'.
Nadéïa s'était souvenue des dernières paroles
de Nicheld :
— Vous trouverez, enterré au pied d'un arbre,
dans le parc, un pot de terre dans lequel est un
manuscrit qui vous apprendra tout ce-que je
n'ose vous dire.
Le lendemain, on s'en souvient, Nicheld n'é-
tait plus à la villa.
Le général l'avait renvoyé, disait-il.
En effet, le soir même, un autre domestique
était entré à la place de Nicheld, et le général
avait dit à sa fille :
— Ma chère amie, faites-moi la grâc.1 de ne
jamais parler de nos affaires devant' cet homme
que je ne connais que par les certificats qu'il
m'apporte. ,
Nadéïa n'avait point répondu.
Elle attendait une nuit obscure, pendant la-
quelle le général se coucherait de bonne heure.
Nadéïa voulait déterrer le manuscrit de Ni-
cheld, Nadéïa voulait savoir ce qu'étaient deve-
nus son époux et son enfant.
Enfin le moment qu'ell-e croyait propice était
arrivé.
Nadéïa s'était aperçue que le nouveau domes-
tique, l'anglais John, sortaittous les soirs, après
le dîner et ne rentrait que fort avant dans la
nuit.
i Chose bizarre ! le général qui ne voulait pas
' que Nicheld sortit, n'avait nullement l'air de se
préoccuper des fréquentes absences de John.
! Or donc, ce soir là, tandis que John s 'en al-
lait à la gare de Villeneuve recevoir les deux
Étrangleurs ; tandis que Rocambole et les siens
tendaient à ces derniers le piège dans lequel
nous les avons vus tomber, — Nadéïa à sa fenê-
tre, sans lumière, immobile, attendait que le
flambeau qui brûlait dans la chambre de son
père s'éteignit.
Le général avait coutume de lire dans son lit
pendant quelques minutes avant de s'endormir:'
Quand il soufflait sa bougie, c'est que le som-
meil le prenait.
Or le premier sommeil est assez pesant et
Nadéïa comptait sur ce premier sommeil.
Enfin, un peu après minuit, les arbres du
parc sur lesquels se reflétait la lumière, restèrent
dans l'obscurité'.
Le général dormait.
Alors Nadéïa s'enveloppa d'un manteau, ou-
vrit la porte sans bruit et sortit de sa chambra
sur la pointe du pied, sans lumière, et avec des
précautions 'infinies,.
Son cœur battait à outrance.
Elle arriva jusqu'à la dernière marche de l'es-
calier. î
Elle fit des prodiges pour ouvrir sans bruit 4L
porte qui donnait sur le parc.
Cette porte franchie, et comme l'air froid de
la nuit lui fouettait le visage, eilj s'arrêta un
moment.
Elle tenait sous son manteau une petite bèche
qu'elle avait dérobée durant le jour dans, la
serre.
Nadéïa s'arrêta, car il lui avait semblé entendre
un chuchottement lointain, un bruit de pas, au
fond du parc.
Mais, après un moment d"hésitation, elle con-
tinua son chemin, comptant les arbres de !a
grande allée. ■
Nadéïa était si érmue qu'elle n'eut pas de
peine à se convaincre qu'elle avait été le jouet
(l'une illusion, et que le vent seul avait passé
dans le feuillage.
Cependant, tout en continuant à descendre la
grande allée, elle s'était retournée plusieurs fois
vers la maison.
Mais la fenêtre du général qui, seule, attirait
son attention, était fermée.
Enfin, elle arriva au pied de l'arbre indiqué
par Nicheld.
/ La nuit était assez obscure, ne-us l'avons dit î
cependant Nadéïa se mit à la besogne.
.Munie de sa bêche, elle creusa tout -.'t l entour
de l'arbre et au bout de quelques minutes la bê-
che rencontra un corps dur qui rendit un son
mat.
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