Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1866-09-07
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 septembre 1866 07 septembre 1866
Description : 1866/09/07 (N141). 1866/09/07 (N141).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717327m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
Mardi, 4 du courant, à deux heures trois quarts
de relevée, en aval du pont des Invalides et pros
du batoan à lessive Saint-Nicolas, le jeune Gon-
tar Alexis, âgé de n) ans, demeurant chez son.
père. cantonnier, rue Saint.D':IT}iniquo, 144, pé-
eh iit à la ligne, lorsque le pied lui manquant,
par suite d'un effort pour tirer sa iigne, il tomba
a l'eau. Il barhottait, il gesticulait, il buvait et
S'enfonçait déjà : heureusement — car il allait
disparaitre — qu'à ce moment critique arrira à sa j
portée le sieur Grapeloup, qui poussait son ba-
chot de toute l'énergie d'un homme, qni voit v/:- |
rir son semblable. et qui put. le saisir par les che-
veux, alors qu'il s'enfonçait sous l'eau.
Après l'avoir rendu à ha. vie. le sauveteur le
conduisit chez ses parents. — B.
Pierre D... a Je Vin pai, très-gai mémo», surtout quand
il ahu, comme hier, un ou plusieurs litres de vin
doux, fraîchement vendangé dans les clos de Suresiu-s.
Donc Pierre D..., à Iîj suite de cette Inltor'eusc ven-
dange, s'était trOtwé tellement incommodé parla chaleur,
qu'il chavirait à chaque pas, et que sur la route iîe
Versailles, près de la porte de Saint-Cloud, deux ser-v
gel,!.> de ville, accourus il. son aide, ne pouvaient par-
venir à le faire tenir droit : « Fâché du votre pciiwj, m ea
bons niessieui%-, leur dit alors le vendangeur, mai?, iii
lieu de vous fatiguer à me caler, pourquoi ne me mè-
neriez-vous pas au poste dans cette voit.tird-à bras, que
vous voyez lÙ-Bas sur la chautient? » Ce conseil ingénieux fut suivi, et D..., ins-
tallé, comme un nouveau Silène, dans son char il deux
roues, fut pousse jusqu'au poste où il resta consigné
pendant quelques heures 1 our sa sûreté personnelle.
(Grtzette des Tribunanx.)
Hier soir à minuit, une formidable explosion
de gaz a brisé la devanture de la boutique de M.
Richard, marchand devin, rue Montmartre 1"21.
Cette explosion, n'a heureusement occasionné
aucun accident.
- Le garçon de M. Rickard a seul reçu quelques
contusions sans gravite.
DÉPARTEMENTS
La cause du Fœderis-Arca, renvoyée par la
cour de cassation devant !e tribunal de révision
de Toulon, doit être plaidée aujourd'hui jeudi, 6
septembre.
M. A. Lava, le défenseur du pourvoi devant, le
tribunal marit:m" de Brest, le soutiendra éga-
lement devant le tribunal de révision de Tou-
lon.
Un dÔploralyJe accident est arrivé mr;rdi dernier au
moulin du Gué il Plélan (Ille-ct-Vilaine). Voici com-
ment le Journal allle-et- Vilaine rend compte de cet
évcnemen' :
« 1I1'nc Courtault veillait, en l'absence de son mari,
à la conduite du moulin a farine qu'ils exploitent.
Cette dame s'étant approchée trop près de la roue, sa
robe fut saisie par une des (iciits. et malgré la résis-
tance de la victime, la jambe droite fut entraînée dans
l'engrenage formé par cette roue et le pignon de ren-
contre. et forma ainsi un obstacle qui arrêta la marche
de la machine.
» Aux cris de madame Courtault, les ouvriers tan-
noirs du voisinage accoururent : en Lill instant ils pu-
rent la dégager ; mais cette ua.Ihcurc'tsa dame avait
la partie inférieure de la jambe complètement broyce.
M. Richard, médecin à Plélan, pratiqua l'amputation,
que madame Courtault supporta, ainsI que les souf-
frants causées par sa blessure, avec un courage hé-
roïque et sans laisser échapper une plainte. Maigre le
succès de l'amputation, l'état de madame Courtault
inspire de graves inquiétudes.
— %
Le récit d'un double meurtre commis à la maison
centrale de Nîmes, nous est transmis par le Courrier
d'u Gard: •;
« Vers sept heures du matin, le détenu Vumoer, Ba-
varois, entré furtivement dans l'infirmerie, s'y est
armé d'un gland couteau de cuisine et s'est dirigé vers
la chambre occupée par le gardien Vivier, qu'il a
trouvé eeul, et auquel il reprochait d'avoir fait un
rapport contre lui; il lui a porté à la gorge un coup qui
a tranché la veine jugulaire. La mort a été presque
instantanée.
» L'assassin a ensuite appelé le détenu Colin, em-
ployé aux écritures dans une autre pièce, et lui a
porté' un couple son arme dans la partie àbdominale.
, Colin est tombé baigné dans son gang.
» Vumoer est entré alors dans une salle voisine et a
tenté de se suicider en se portant plusieurs coups de
couteau. Ses blessures, ainsi que celles du détenu Co-
lin, paraissent devoir entraîner la mort.
» Le gardien Vivier laisse une vet1ve et deux enfants
en bas âge. »
Au moment où nous mettons sous presse, (lit le Cour-
rier du Gant, l'assassin do la maison Centrale est dans
une situation assez satisfaisante. Quoique, dans fa ten-
tative de suicide, il se soit tranché la t-Tach0e-al'tèro, il
sera peut-être possible de lui conserver la vie.
Quant 'i Colin, l'une d'e ses victimes, il n'est pas en-
core mort; mais son état est tout à fait désespéré.
De nouveaux renseignements nous arrivent sur l'o-
rage de mardi 28 août, qui marquera dans les annales
des iIHmdalbn-s dans le Mi'H :
Il y eut un moment d'angoisso terrible à la fabrique
cte réglisse de M. David, adossée à la montagne de
Scrbonnet. En présence de l'inondation qui arrivait,
tous les ouvriers de -cette fabrique étaient occupés à
monter, dans un grenier d'un bâtiment attenant, les
marchandises qui se trouvaient-sous le hangar, lorsque
I tout à coup le portail du côté du nord fiît entraîné et
l'eau fit irruption dans cc-tte partie de la faLvique. Cha-
t'un gagna précipitamment quelque endroit élevé, mais
tous auraient infailliblement péri si le mur 01'1 se
trouvait la porte d'entrée principale n'avait été em-
porté. L'eau prit alors son niveau, et l'on vit bientôt
jxirlir toutes les caisses et les tonneaux qui se trou-
vaient. sous le hangar. Quant aux ouvriws, les uns se
sauvèrent à la n-age, âpres s'être solidement attachés avec
des cordes qu'on leur jetait, et les autres purent ga-
gner la montagne an moyen d'une espèce de pont con-
struit avec des échelles réunies ensemble, et jeté,
avec quelque péril, par des hommes courageux et dé-
voués.
On vient de constater, dans plusieurs localités des
environs de Paris, dit Y Opinion v.ationale, un nouveau
procédé de braconnage qui avait rendu le gibier fort
rare.
Des braconniers, après avoir placé une lampe dans
un SL'au de zinc parfaitement poli, q-ui- leur servait de
réflecteur, se promenaient, entre minuit et deux heures
du malin, dans les champs de betteraves, et faisaient
de temps eu temps résonner un timbre, afin de réveil-
ler les perdreaux endormis.
Sitôt que l'un de ces oi.seaux levait la tête, un des
membres de la bande, armé d'une énorme pass-ctte,
comme celles avec lesquelles nos enfants attrapent les
papillons, mai's fabriquée d'une étoffe plus solide, pla-
c ait cette prison de toile à l'endroit où le gibier avait
été signalé, et saisissait ainsi une compagnie tout en-
tière.
C'est ainsi que des chasses réservées avec soin ont
été complètement dépeuplées de gibier, quelques jours
avant l'ouverture de la chasse. EirQn, une surveillance
ayant été établie, on a saisi les coupables, qui auront
à répondre devant la justice de leur stratagème des-
tructif.
On croirait rêver en lisant le récit d'un acte
inqualifiable qui vient de se passer dans-une
commune de l'arrondissement de Vire (Calva-
dos). Le dimanche 19 août, les gendarmes
d'Aunay conduisaient' à Vire deux individus de
Saint-'G'eorges-d' Annay.
Ces deux vil!.ag-eois - trop primitifs— avaient,
l'un vendu sa femme, l'autre acheté ladite femme,
moyennant cinq francs.
On ajoute que l'armoire de la femme, ainsi [
cédée, était comprise dans le marché, qui au., ?
rait été fait par écrit et signé. C'est sur la plainte j
de ce trafic odieux que l'arrestation des deux
comp ices a été opérée.
Plusiours voyageurs britanniques voyagent en ce
moment dans l'intérieur de notre pays.
Une caravane anglaise partie le 16 août de Paris
pour visiter les voIcurs- de la France centrale, est ar-
rivée le 25 aux eaux de Vals, en Vivarais, après avoir
passé une scmai'tl à explorer la chaîne volcanique du
Coiron. Il parait qu'elle a été émerveillée des curiosités
naturelles et fies sites pittoresques qu'elle a rencontrés
sur sa route.
La caravane est repartie de Vals mardi, se dirigeant
vers les sources de la Loire et la montagne du. Mezcnc,
la plus haute de 111. chaîne des Cévennes.
Deux. de ses membres seulement sont restés-à Vais
pour étudier une source minérale intermitwnte ré-
cemment découverte, et qui est, dit-on, des plus re-
marquables.
Cette source, qui provient d'un sondage poussé jus-
qu'à 18R mètres, j-aillit toutes les cinquante minutes et
dorme chaque fois 2,000 litres environ d'une eau sul-
furo-SQùique.
1
ÉTRANGER
La rapidité avec laquelle agissent les nouveaux
engins de destruction, a conduit les chirurgiens
militaires prussiens à recourir à de nouveaux
moyens pour accélérer les amputations. Ils ont
adopté une scie circulaire à dents très-fines et
animée d'un mouvement de rotation très rapide.
La résection du membre est presque instantanée.
L'opération est, dit-on, beaucoup moins dou-
loureuse pour le patient. La plaie est très-nette
et ne laissa pas de bavures.
On lit dans l' E,-Iio du parlement belge :
Le lot malheureux de ia tombola du jardin zoolosi-
quo d'Anvers vient d'écheoir à un habitant de Gilly,
directeur d'un de nos principaux charbonnages. Ce lot
consiste en une superl)e autruche, ce qui serait très-
bien ; ruai-s lu gagnant doit nourrir et llayer, pendant
deux ans, le cornac du volatile, jeune nègre de la plus
belle venue.
Samedi soir, dit le Surey-Stfndart, une rixe a eu
lieu à Blackham-Cornmon près Covalen et A-shurst, sur
les bords du Susses, entre les ou mersanglaiset étran-
gers employés dans les travaux du chemin du fer Cas
Griuslead et Grnornsbriùge. On a fait usage de cou-
teaux et de bÚ'ous. Deux Anglais ont été grièvement
bl.sses. La police, accourue sur les lieux, s'est emparée
de trois étrangers, et elle a apa-isé les désordres. Di-
manche soir, les Ai!glai-', ni'nies. de gourdins, ont atta-
que les huttes oit sont loges les c'raugtTs, et ils les Cil
ont expulsÙs, puis ils se sont disperses. On pensait hier,
d'après les avis reçus, que '200 terrassiers devaient ve-
nir de "rarkbeech pour aider leurs camarades anglais
à chasser définitivement les ouvriers étrangers du voi-
sinage.
Un homme, habitant un village près Mobile, (Améri-
que) essaya d'effrayer quelques je.mes filles en s'enve-
loppant dans un drap blanc, de manière à figurer un
revenant,
Toutes les jeunes filles s'enfuirent, à l'exception d'une
seule qui, dirigeant, un revolver sur le prétendu fan-
tôme, lui envoya six balles-
Le mauvais plaisant tomba immédiatement par terre
et lorsqu'on accourut aux bruits des détonations, ' il
était mort ; les six balles avaient porté.
(JounJal de SlavcZot.) .
On mande de Ponghkeepsie, à la date du 20 août :
« Un horrible accident est arrivé aujourd'hui, vers
midi, à la station de Oakhill, en face de Calskill, sur
le chemin de fer de l'Hudson.
La chaudière de la locomotive sauta, lançant alen-
[ tour des jets de vapeur qui ont atteint en plein visage
le mécanicien, nommé George Smith, ot le chauffeur
son beaufière, nommé James Brod:shy. Ils oi>l tous
deux été placés à bord d'un train remontant, pour Je9
conduire a East Alhany, où ils résimilles. Le uernier a succombé en route ; le I)i-einier,-
est arrive dans un état qui laisse peu d'espoir de lai
sauver.
Une lettre de Zanzibar nous donne des nouvelles da,
docteur Livingslone, le célèbre voyageur anglais.
A la date du Il juillet, M. Livings'ono se trouvait
dans l intérieur de l'Afrique, où il recevait une hospi-
talité tout écossaise de la part du chef d'Elgouano.
On avait pu faire parvenir à l'illustre explorateur
une nouvelle provision de quinine, médicament indis-
pensable quand on voyage dans ces contrées, et dont
il faut, pour ainsi dire, se nourir quotidiennement.
Courses de Taureaux
UN TORLADOR ÉVENTRÉ.
Le Courrier du Gard rapporte aujourd'hui avec des
détails très-circo-iistanciés l'accident arrive dans les
arènes de Nimes que nous avons annoncé en quelques
lignes, dans noire nurnerod'hier:
« L'annonce d'une course donnée par une cuadrilla
espagnole avait attiré aux Arènes une grande afnucn.-e.
,Dès le début de la course. à quatre heure", et au pre-
mier faurcKu, Il a été tacite du s'apercevoi).- que les
prétendus toréadors e<:pagno!s, du moins queJqllcs-
uns d cuire eux, étaient ou dans 11:1 état d'cxallaliOil
qui troublait leur rnisCJn, ou étrangers à leur dange-
reux métier de co jour.
Ils excitaient les taureaux par tou-; les .moyens, et
les bravaient IlV,cC une témérité qui n'était exilée quo
par leur maladr(',,"'e, L!éjà, et. quoique les taureaux,
excellents pour Il/F :noa!cu,s. fussent loin d'avoir la
fou.qtie des tauienux cspacn.ds. plusieurs de ces le-
iéador:: avaient été î en versés ou foroucs, niais sans re-
cevoir de !J1¡'ssure. Le quatrième (aurcat: venait do
paraH:-t'. et uu des Espagnols voulut exécuter le jeu (lu
cci'ccau.
» L'Espagnol se présente au taureau qui dcmcmait
immobile au milieu de l'arène; mais au lieu de tenir
le cerceau do façon a pouvoir suivre les mouvements
du taureau et 1 éviter, il le tenait des deux mains de-
vant sa po-itriac: d'u't premier coup de corne, le 'au-
reau a percé le par!iur. d'mi deuxième il a atteint
l'homme. puis l'a i'ct'.v<.'rsf.
» A celte vue. les autres toréadors sont ar'co'n'us,
leur camarade s'cst rc!c\ij, a ouvert 50:! gilet j o-ir
voir s'il était gravement blessé, el fait deux ou trois
pas soutenu par eux: tout à < uup, il a glissé de leurs
mains et est lumJJét comme une masse inerte; on l'a
relevé, un flot de sang a jailli de sa poitrine : il nfi
rlunnaÍt plus signe de vie. Dans la foule, l'émotion,
était extrême : tout K'L'fait passe avec une telle rapidité
que le tem;« aurait, manqué pour faire remarquer
l'imprudence de ce malheureux : à la vue du sang,
des cris ont éclaté de toutes parts; des femmes se sont
évanouies.
» On a emporté la victime chez le concierge, où
M. le docteur E;iennc l'kindoux et plusieuts autres
médecins b:t, sont rendus: ils n'ont pu que constater la.
mort : la corne du taureau, perdant les muscles inter-
costaux. avait perforé le poumon droit, pénétrant à
une profondeur de 25 centimètres.
' » Quelques instants plus tard, on a annoncé que la
spectacle ne serait pas continué. On n'^st pas d'accord.
sur le nom de I'Hspa?not qui. a été tué : les uns pré-
tendent qu'il s'appelait Philippe Carala-Mala, céliba-
taire, né à Xéiès, près Cadix (Espagne), âgé de trente-
neuf ans, domicilié dernièrement il Barcelone; d'antres
le nomment Maleo Cabrera; mais il parait que son.
véritable nom est Francesco Carasco.
» Son nom n'était pas sur l'affiche; il n'était donc
pas un toréador connu, en réputation ; il était venu
en remplacement diu nomme Gregorio-Lopez Calderon,
qui avait été annoncé et qui n'a pu venir, dit-on,
parce qu'il venait d'ètre blessé à une course en Es-
pagne. »
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (l)
Depuis quelques instants, monsieur de Ri-
rague avait, malgré lui, été thé de ses réflexions
par les éclats de voix des deux causeurs, et ma-
chinalement il avait prêté l'oreille à leur con-
versalion, Lorsque le nègre fut sorti du salon, il
se leva, s'approcha de monsieur Colette, qui rc--
tai t immobile la tête baissée s.r la poitrine, et il
lui toucha légèrement ['épaule.
Le plt.nte'nr releva i)i-iisatinment la tête et re-
garda le jeune homme, comme si celui-ci l'eût
éveillé en sursaut. Monsieur de Birague posa un
doigt sur sa bouche pour lui recommander le
silence, et se pencha il son oreille :
— Connaissez-vout> Lien cet hummc? lui dit-il
à voi \: I)a.sse. /
— C'est mon frère de lait, nous avons été
élevés ensemble, tout est commun entre nous.
— Ecoutez, monsieur Colette, et faites, je vous
prie, attention à mes paroles. Tandis que cet
homme vous parlait, je l'examinais, moi. une
joie méchante brillait dans ses yeux à chaque
nouveau malheur qu'il vous annonçait, sa voix
[lyair. des accents sinistres et ironiques qui me
faisaient froid au cœur: cet homme est votre en-
nemi mortpl.
— Oh! lui! ce serait horrible.
— Souvenez-vous de ce qu'il vous a dit a pro-
pos du caractère des nègres. Croyez-moi, surveil-
lez-le. car cet homm veut votre ruine, peut-
être même votre mort, et il y travaille avec la
passion d'um bête fauve.
En ce moment Cydaiise entra' et annonça que
sa maîtresse était entièrement re.uise de son
évanouissement.
— Pas un mot à qui que ce soit de ce que
vous m'avez dit. Si ce dont vous avez cru vous
apercevoir est vrai. il nous faut agir avec une
ptudenee extrême, car nous avons à lutter contre
un ennemi formidable pour lequel tous les
moyens seraient bons pour atteincite 'sOn but et.
se venger. Vous ne connaissez pas les nègres, ils
sont rusés comme des démons, et féroces comme
des tigres. Pas un mot, vous dis-je, je veilierai.
C'est convenu?
— Je vous le promets...
Les deux hommes s&serrerent la main.
— Mercf, maintenant allons trouver ma
sœur.
V
UN COUP DE FEU
Lorsque le-s deux hommes entrèrent dans le
salon, iis furent reçus par la sœur de M. Co-
lette, qrvi s'avança vers eux le sourire sur les
lèvres; la jeune fille avait enlevé la légère cou-
che da bistre dont elle avait, pour se déguiser,
noirci son visage, et die était redevenue ce
qu'elle était réellement, c'est-à-dire une sédui-
sante créole au teint d'une pâleur un peu som-
bre, aux manières remplies de- nJOrhj(rc:o:sc, à la
physionomie douce et rêveuse, et à la démarche
penchée, plein:1 de ravissante désinvolture.
Sans attendre L 1fe son frère linterrogeÙt, 'elle
posa un de ses doigts mignons sur ses lèvres,
alla ouvrir les unes après les autres les quatre
portes du salon, qu'elle laissa ouvertes; puis,
après avoir placé dans le centre de la pièce trois
chaises, elle fit signe à son hère et a son fiancé
de s'asseoir.
C;eux-ci obéirent après avoir échangé entre
eux un regard interrogateur.
— Derrière les portes fermées, il y a souvent
des oreilles aux écoutes, dit-elle en forme de
commentaire; maintenant nous ne craignons
pas les espions, nous les verrons venu* de loin.
— Ma chère AngèJe, dit M. Culotte...
Pardon, mon frère, iilei-roinpit-elle vive-
ment, nous n'avons pas de temps à perdre en
explications ridicules. Je suis votre sœur, ce
titre doit mettre ma réputation à l'abri de toute-
impurati on injurieuse.
— Cependant, ma sœur...
— Permettez - moi , mon cher Joseph , dit
M. de Biraguc, de me ranger du coté de Made-
moiselle; quels que soient les motifs qui l'ont
poussée à se rendre dans l ajoupa de cette hi-
deuse créature, ces motifs, j'en ai la conviction,
devaient être 'non-sfmlcmcnt d'une natore fort
gra e, mais encore d'une indiscutable honorabi-
lité.
La jenne fil1e lui tendit la main av c abandon.
— Merci, mon cher Louis, lui - ; it-el le avec ua :
sourire :riste, merci de votre confiance en moi.
— Je vous aime Angèle, reprit-il avec feu en.
déposant un respectueux baiser sur la ine,in mi**
gnunne qu'il tenait dans les s; en nés et puis,
ajouta-t-il en s'adres-ant à son ami, je dois
avouer que sans en savoir les ramons,,je connais-
sais cet e démarche.
— Vous? s é ria la jeune fille.
— Parlez, mon ami-, fit le planteur.
GUSTAVE AIMARD.
[La suite il dmaia,)
Voir les numéros paras depuis le 28 août.
de relevée, en aval du pont des Invalides et pros
du batoan à lessive Saint-Nicolas, le jeune Gon-
tar Alexis, âgé de n) ans, demeurant chez son.
père. cantonnier, rue Saint.D':IT}iniquo, 144, pé-
eh iit à la ligne, lorsque le pied lui manquant,
par suite d'un effort pour tirer sa iigne, il tomba
a l'eau. Il barhottait, il gesticulait, il buvait et
S'enfonçait déjà : heureusement — car il allait
disparaitre — qu'à ce moment critique arrira à sa j
portée le sieur Grapeloup, qui poussait son ba-
chot de toute l'énergie d'un homme, qni voit v/:- |
rir son semblable. et qui put. le saisir par les che-
veux, alors qu'il s'enfonçait sous l'eau.
Après l'avoir rendu à ha. vie. le sauveteur le
conduisit chez ses parents. — B.
Pierre D... a Je Vin pai, très-gai mémo», surtout quand
il ahu, comme hier, un ou plusieurs litres de vin
doux, fraîchement vendangé dans les clos de Suresiu-s.
Donc Pierre D..., à Iîj suite de cette Inltor'eusc ven-
dange, s'était trOtwé tellement incommodé parla chaleur,
qu'il chavirait à chaque pas, et que sur la route iîe
Versailles, près de la porte de Saint-Cloud, deux ser-v
gel,!.> de ville, accourus il. son aide, ne pouvaient par-
venir à le faire tenir droit : « Fâché du votre pciiwj, m ea
bons niessieui%-, leur dit alors le vendangeur, mai?, iii
lieu de vous fatiguer à me caler, pourquoi ne me mè-
neriez-vous pas au poste dans cette voit.tird-à bras, que
vous voyez lÙ-Bas sur la chau
tallé, comme un nouveau Silène, dans son char il deux
roues, fut pousse jusqu'au poste où il resta consigné
pendant quelques heures 1 our sa sûreté personnelle.
(Grtzette des Tribunanx.)
Hier soir à minuit, une formidable explosion
de gaz a brisé la devanture de la boutique de M.
Richard, marchand devin, rue Montmartre 1"21.
Cette explosion, n'a heureusement occasionné
aucun accident.
- Le garçon de M. Rickard a seul reçu quelques
contusions sans gravite.
DÉPARTEMENTS
La cause du Fœderis-Arca, renvoyée par la
cour de cassation devant !e tribunal de révision
de Toulon, doit être plaidée aujourd'hui jeudi, 6
septembre.
M. A. Lava, le défenseur du pourvoi devant, le
tribunal marit:m" de Brest, le soutiendra éga-
lement devant le tribunal de révision de Tou-
lon.
Un dÔploralyJe accident est arrivé mr;rdi dernier au
moulin du Gué il Plélan (Ille-ct-Vilaine). Voici com-
ment le Journal allle-et- Vilaine rend compte de cet
évcnemen' :
« 1I1'nc Courtault veillait, en l'absence de son mari,
à la conduite du moulin a farine qu'ils exploitent.
Cette dame s'étant approchée trop près de la roue, sa
robe fut saisie par une des (iciits. et malgré la résis-
tance de la victime, la jambe droite fut entraînée dans
l'engrenage formé par cette roue et le pignon de ren-
contre. et forma ainsi un obstacle qui arrêta la marche
de la machine.
» Aux cris de madame Courtault, les ouvriers tan-
noirs du voisinage accoururent : en Lill instant ils pu-
rent la dégager ; mais cette ua.Ihcurc'tsa dame avait
la partie inférieure de la jambe complètement broyce.
M. Richard, médecin à Plélan, pratiqua l'amputation,
que madame Courtault supporta, ainsI que les souf-
frants causées par sa blessure, avec un courage hé-
roïque et sans laisser échapper une plainte. Maigre le
succès de l'amputation, l'état de madame Courtault
inspire de graves inquiétudes.
— %
Le récit d'un double meurtre commis à la maison
centrale de Nîmes, nous est transmis par le Courrier
d'u Gard: •;
« Vers sept heures du matin, le détenu Vumoer, Ba-
varois, entré furtivement dans l'infirmerie, s'y est
armé d'un gland couteau de cuisine et s'est dirigé vers
la chambre occupée par le gardien Vivier, qu'il a
trouvé eeul, et auquel il reprochait d'avoir fait un
rapport contre lui; il lui a porté à la gorge un coup qui
a tranché la veine jugulaire. La mort a été presque
instantanée.
» L'assassin a ensuite appelé le détenu Colin, em-
ployé aux écritures dans une autre pièce, et lui a
porté' un couple son arme dans la partie àbdominale.
, Colin est tombé baigné dans son gang.
» Vumoer est entré alors dans une salle voisine et a
tenté de se suicider en se portant plusieurs coups de
couteau. Ses blessures, ainsi que celles du détenu Co-
lin, paraissent devoir entraîner la mort.
» Le gardien Vivier laisse une vet1ve et deux enfants
en bas âge. »
Au moment où nous mettons sous presse, (lit le Cour-
rier du Gant, l'assassin do la maison Centrale est dans
une situation assez satisfaisante. Quoique, dans fa ten-
tative de suicide, il se soit tranché la t-Tach0e-al'tèro, il
sera peut-être possible de lui conserver la vie.
Quant 'i Colin, l'une d'e ses victimes, il n'est pas en-
core mort; mais son état est tout à fait désespéré.
De nouveaux renseignements nous arrivent sur l'o-
rage de mardi 28 août, qui marquera dans les annales
des iIHmdalbn-s dans le Mi'H :
Il y eut un moment d'angoisso terrible à la fabrique
cte réglisse de M. David, adossée à la montagne de
Scrbonnet. En présence de l'inondation qui arrivait,
tous les ouvriers de -cette fabrique étaient occupés à
monter, dans un grenier d'un bâtiment attenant, les
marchandises qui se trouvaient-sous le hangar, lorsque
I tout à coup le portail du côté du nord fiît entraîné et
l'eau fit irruption dans cc-tte partie de la faLvique. Cha-
t'un gagna précipitamment quelque endroit élevé, mais
tous auraient infailliblement péri si le mur 01'1 se
trouvait la porte d'entrée principale n'avait été em-
porté. L'eau prit alors son niveau, et l'on vit bientôt
jxirlir toutes les caisses et les tonneaux qui se trou-
vaient. sous le hangar. Quant aux ouvriws, les uns se
sauvèrent à la n-age, âpres s'être solidement attachés avec
des cordes qu'on leur jetait, et les autres purent ga-
gner la montagne an moyen d'une espèce de pont con-
struit avec des échelles réunies ensemble, et jeté,
avec quelque péril, par des hommes courageux et dé-
voués.
On vient de constater, dans plusieurs localités des
environs de Paris, dit Y Opinion v.ationale, un nouveau
procédé de braconnage qui avait rendu le gibier fort
rare.
Des braconniers, après avoir placé une lampe dans
un SL'au de zinc parfaitement poli, q-ui- leur servait de
réflecteur, se promenaient, entre minuit et deux heures
du malin, dans les champs de betteraves, et faisaient
de temps eu temps résonner un timbre, afin de réveil-
ler les perdreaux endormis.
Sitôt que l'un de ces oi.seaux levait la tête, un des
membres de la bande, armé d'une énorme pass-ctte,
comme celles avec lesquelles nos enfants attrapent les
papillons, mai's fabriquée d'une étoffe plus solide, pla-
c ait cette prison de toile à l'endroit où le gibier avait
été signalé, et saisissait ainsi une compagnie tout en-
tière.
C'est ainsi que des chasses réservées avec soin ont
été complètement dépeuplées de gibier, quelques jours
avant l'ouverture de la chasse. EirQn, une surveillance
ayant été établie, on a saisi les coupables, qui auront
à répondre devant la justice de leur stratagème des-
tructif.
On croirait rêver en lisant le récit d'un acte
inqualifiable qui vient de se passer dans-une
commune de l'arrondissement de Vire (Calva-
dos). Le dimanche 19 août, les gendarmes
d'Aunay conduisaient' à Vire deux individus de
Saint-'G'eorges-d' Annay.
Ces deux vil!.ag-eois - trop primitifs— avaient,
l'un vendu sa femme, l'autre acheté ladite femme,
moyennant cinq francs.
On ajoute que l'armoire de la femme, ainsi [
cédée, était comprise dans le marché, qui au., ?
rait été fait par écrit et signé. C'est sur la plainte j
de ce trafic odieux que l'arrestation des deux
comp ices a été opérée.
Plusiours voyageurs britanniques voyagent en ce
moment dans l'intérieur de notre pays.
Une caravane anglaise partie le 16 août de Paris
pour visiter les voIcurs- de la France centrale, est ar-
rivée le 25 aux eaux de Vals, en Vivarais, après avoir
passé une scmai'tl à explorer la chaîne volcanique du
Coiron. Il parait qu'elle a été émerveillée des curiosités
naturelles et fies sites pittoresques qu'elle a rencontrés
sur sa route.
La caravane est repartie de Vals mardi, se dirigeant
vers les sources de la Loire et la montagne du. Mezcnc,
la plus haute de 111. chaîne des Cévennes.
Deux. de ses membres seulement sont restés-à Vais
pour étudier une source minérale intermitwnte ré-
cemment découverte, et qui est, dit-on, des plus re-
marquables.
Cette source, qui provient d'un sondage poussé jus-
qu'à 18R mètres, j-aillit toutes les cinquante minutes et
dorme chaque fois 2,000 litres environ d'une eau sul-
furo-SQùique.
1
ÉTRANGER
La rapidité avec laquelle agissent les nouveaux
engins de destruction, a conduit les chirurgiens
militaires prussiens à recourir à de nouveaux
moyens pour accélérer les amputations. Ils ont
adopté une scie circulaire à dents très-fines et
animée d'un mouvement de rotation très rapide.
La résection du membre est presque instantanée.
L'opération est, dit-on, beaucoup moins dou-
loureuse pour le patient. La plaie est très-nette
et ne laissa pas de bavures.
On lit dans l' E,-Iio du parlement belge :
Le lot malheureux de ia tombola du jardin zoolosi-
quo d'Anvers vient d'écheoir à un habitant de Gilly,
directeur d'un de nos principaux charbonnages. Ce lot
consiste en une superl)e autruche, ce qui serait très-
bien ; ruai-s lu gagnant doit nourrir et llayer, pendant
deux ans, le cornac du volatile, jeune nègre de la plus
belle venue.
Samedi soir, dit le Surey-Stfndart, une rixe a eu
lieu à Blackham-Cornmon près Covalen et A-shurst, sur
les bords du Susses, entre les ou mersanglaiset étran-
gers employés dans les travaux du chemin du fer Cas
Griuslead et Grnornsbriùge. On a fait usage de cou-
teaux et de bÚ'ous. Deux Anglais ont été grièvement
bl.sses. La police, accourue sur les lieux, s'est emparée
de trois étrangers, et elle a apa-isé les désordres. Di-
manche soir, les Ai!glai-', ni'nies. de gourdins, ont atta-
que les huttes oit sont loges les c'raugtTs, et ils les Cil
ont expulsÙs, puis ils se sont disperses. On pensait hier,
d'après les avis reçus, que '200 terrassiers devaient ve-
nir de "rarkbeech pour aider leurs camarades anglais
à chasser définitivement les ouvriers étrangers du voi-
sinage.
Un homme, habitant un village près Mobile, (Améri-
que) essaya d'effrayer quelques je.mes filles en s'enve-
loppant dans un drap blanc, de manière à figurer un
revenant,
Toutes les jeunes filles s'enfuirent, à l'exception d'une
seule qui, dirigeant, un revolver sur le prétendu fan-
tôme, lui envoya six balles-
Le mauvais plaisant tomba immédiatement par terre
et lorsqu'on accourut aux bruits des détonations, ' il
était mort ; les six balles avaient porté.
(JounJal de SlavcZot.) .
On mande de Ponghkeepsie, à la date du 20 août :
« Un horrible accident est arrivé aujourd'hui, vers
midi, à la station de Oakhill, en face de Calskill, sur
le chemin de fer de l'Hudson.
La chaudière de la locomotive sauta, lançant alen-
[ tour des jets de vapeur qui ont atteint en plein visage
le mécanicien, nommé George Smith, ot le chauffeur
son beaufière, nommé James Brod:shy. Ils oi>l tous
deux été placés à bord d'un train remontant, pour Je9
conduire a East Alhany, où ils rési
est arrive dans un état qui laisse peu d'espoir de lai
sauver.
Une lettre de Zanzibar nous donne des nouvelles da,
docteur Livingslone, le célèbre voyageur anglais.
A la date du Il juillet, M. Livings'ono se trouvait
dans l intérieur de l'Afrique, où il recevait une hospi-
talité tout écossaise de la part du chef d'Elgouano.
On avait pu faire parvenir à l'illustre explorateur
une nouvelle provision de quinine, médicament indis-
pensable quand on voyage dans ces contrées, et dont
il faut, pour ainsi dire, se nourir quotidiennement.
Courses de Taureaux
UN TORLADOR ÉVENTRÉ.
Le Courrier du Gard rapporte aujourd'hui avec des
détails très-circo-iistanciés l'accident arrive dans les
arènes de Nimes que nous avons annoncé en quelques
lignes, dans noire nurnerod'hier:
« L'annonce d'une course donnée par une cuadrilla
espagnole avait attiré aux Arènes une grande afnucn.-e.
,Dès le début de la course. à quatre heure", et au pre-
mier faurcKu, Il a été tacite du s'apercevoi).- que les
prétendus toréadors e<:pagno!s, du moins queJqllcs-
uns d cuire eux, étaient ou dans 11:1 état d'cxallaliOil
qui troublait leur rnisCJn, ou étrangers à leur dange-
reux métier de co jour.
Ils excitaient les taureaux par tou-; les .moyens, et
les bravaient IlV,cC une témérité qui n'était exilée quo
par leur maladr(',,"'e, L!éjà, et. quoique les taureaux,
excellents pour Il/F :noa!cu,s. fussent loin d'avoir la
fou.qtie des tauienux cspacn.ds. plusieurs de ces le-
iéador:: avaient été î en versés ou foroucs, niais sans re-
cevoir de !J1¡'ssure. Le quatrième (aurcat: venait do
paraH:-t'. et uu des Espagnols voulut exécuter le jeu (lu
cci'ccau.
» L'Espagnol se présente au taureau qui dcmcmait
immobile au milieu de l'arène; mais au lieu de tenir
le cerceau do façon a pouvoir suivre les mouvements
du taureau et 1 éviter, il le tenait des deux mains de-
vant sa po-itriac: d'u't premier coup de corne, le 'au-
reau a percé le par!iur. d'mi deuxième il a atteint
l'homme. puis l'a i'ct'.v<.'rsf.
» A celte vue. les autres toréadors sont ar'co'n'us,
leur camarade s'cst rc!c\ij, a ouvert 50:! gilet j o-ir
voir s'il était gravement blessé, el fait deux ou trois
pas soutenu par eux: tout à < uup, il a glissé de leurs
mains et est lumJJét comme une masse inerte; on l'a
relevé, un flot de sang a jailli de sa poitrine : il nfi
rlunnaÍt plus signe de vie. Dans la foule, l'émotion,
était extrême : tout K'L'fait passe avec une telle rapidité
que le tem;« aurait, manqué pour faire remarquer
l'imprudence de ce malheureux : à la vue du sang,
des cris ont éclaté de toutes parts; des femmes se sont
évanouies.
» On a emporté la victime chez le concierge, où
M. le docteur E;iennc l'kindoux et plusieuts autres
médecins b:t, sont rendus: ils n'ont pu que constater la.
mort : la corne du taureau, perdant les muscles inter-
costaux. avait perforé le poumon droit, pénétrant à
une profondeur de 25 centimètres.
' » Quelques instants plus tard, on a annoncé que la
spectacle ne serait pas continué. On n'^st pas d'accord.
sur le nom de I'Hspa?not qui. a été tué : les uns pré-
tendent qu'il s'appelait Philippe Carala-Mala, céliba-
taire, né à Xéiès, près Cadix (Espagne), âgé de trente-
neuf ans, domicilié dernièrement il Barcelone; d'antres
le nomment Maleo Cabrera; mais il parait que son.
véritable nom est Francesco Carasco.
» Son nom n'était pas sur l'affiche; il n'était donc
pas un toréador connu, en réputation ; il était venu
en remplacement diu nomme Gregorio-Lopez Calderon,
qui avait été annoncé et qui n'a pu venir, dit-on,
parce qu'il venait d'ètre blessé à une course en Es-
pagne. »
LES VAUDOUX
LES CANNIBALES
DE SAINT-DOMINGUE
PAR
GUSTAVE AIMARD
Suite (l)
Depuis quelques instants, monsieur de Ri-
rague avait, malgré lui, été thé de ses réflexions
par les éclats de voix des deux causeurs, et ma-
chinalement il avait prêté l'oreille à leur con-
versalion, Lorsque le nègre fut sorti du salon, il
se leva, s'approcha de monsieur Colette, qui rc--
tai t immobile la tête baissée s.r la poitrine, et il
lui toucha légèrement ['épaule.
Le plt.nte'nr releva i)i-iisatinment la tête et re-
garda le jeune homme, comme si celui-ci l'eût
éveillé en sursaut. Monsieur de Birague posa un
doigt sur sa bouche pour lui recommander le
silence, et se pencha il son oreille :
— Connaissez-vout> Lien cet hummc? lui dit-il
à voi \: I)a.sse. /
— C'est mon frère de lait, nous avons été
élevés ensemble, tout est commun entre nous.
— Ecoutez, monsieur Colette, et faites, je vous
prie, attention à mes paroles. Tandis que cet
homme vous parlait, je l'examinais, moi. une
joie méchante brillait dans ses yeux à chaque
nouveau malheur qu'il vous annonçait, sa voix
[lyair. des accents sinistres et ironiques qui me
faisaient froid au cœur: cet homme est votre en-
nemi mortpl.
— Oh! lui! ce serait horrible.
— Souvenez-vous de ce qu'il vous a dit a pro-
pos du caractère des nègres. Croyez-moi, surveil-
lez-le. car cet homm veut votre ruine, peut-
être même votre mort, et il y travaille avec la
passion d'um bête fauve.
En ce moment Cydaiise entra' et annonça que
sa maîtresse était entièrement re.uise de son
évanouissement.
— Pas un mot à qui que ce soit de ce que
vous m'avez dit. Si ce dont vous avez cru vous
apercevoir est vrai. il nous faut agir avec une
ptudenee extrême, car nous avons à lutter contre
un ennemi formidable pour lequel tous les
moyens seraient bons pour atteincite 'sOn but et.
se venger. Vous ne connaissez pas les nègres, ils
sont rusés comme des démons, et féroces comme
des tigres. Pas un mot, vous dis-je, je veilierai.
C'est convenu?
— Je vous le promets...
Les deux hommes s&serrerent la main.
— Mercf, maintenant allons trouver ma
sœur.
V
UN COUP DE FEU
Lorsque le-s deux hommes entrèrent dans le
salon, iis furent reçus par la sœur de M. Co-
lette, qrvi s'avança vers eux le sourire sur les
lèvres; la jeune fille avait enlevé la légère cou-
che da bistre dont elle avait, pour se déguiser,
noirci son visage, et die était redevenue ce
qu'elle était réellement, c'est-à-dire une sédui-
sante créole au teint d'une pâleur un peu som-
bre, aux manières remplies de- nJOrhj(rc:o:sc, à la
physionomie douce et rêveuse, et à la démarche
penchée, plein:1 de ravissante désinvolture.
Sans attendre L 1fe son frère linterrogeÙt, 'elle
posa un de ses doigts mignons sur ses lèvres,
alla ouvrir les unes après les autres les quatre
portes du salon, qu'elle laissa ouvertes; puis,
après avoir placé dans le centre de la pièce trois
chaises, elle fit signe à son hère et a son fiancé
de s'asseoir.
C;eux-ci obéirent après avoir échangé entre
eux un regard interrogateur.
— Derrière les portes fermées, il y a souvent
des oreilles aux écoutes, dit-elle en forme de
commentaire; maintenant nous ne craignons
pas les espions, nous les verrons venu* de loin.
— Ma chère AngèJe, dit M. Culotte...
Pardon, mon frère, iilei-roinpit-elle vive-
ment, nous n'avons pas de temps à perdre en
explications ridicules. Je suis votre sœur, ce
titre doit mettre ma réputation à l'abri de toute-
impurati on injurieuse.
— Cependant, ma sœur...
— Permettez - moi , mon cher Joseph , dit
M. de Biraguc, de me ranger du coté de Made-
moiselle; quels que soient les motifs qui l'ont
poussée à se rendre dans l ajoupa de cette hi-
deuse créature, ces motifs, j'en ai la conviction,
devaient être 'non-sfmlcmcnt d'une natore fort
gra e, mais encore d'une indiscutable honorabi-
lité.
La jenne fil1e lui tendit la main av c abandon.
— Merci, mon cher Louis, lui - ; it-el le avec ua :
sourire :riste, merci de votre confiance en moi.
— Je vous aime Angèle, reprit-il avec feu en.
déposant un respectueux baiser sur la ine,in mi**
gnunne qu'il tenait dans les s; en nés et puis,
ajouta-t-il en s'adres-ant à son ami, je dois
avouer que sans en savoir les ramons,,je connais-
sais cet e démarche.
— Vous? s é ria la jeune fille.
— Parlez, mon ami-, fit le planteur.
GUSTAVE AIMARD.
[La suite il dmaia,)
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