Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-29
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 juin 1870 29 juin 1870
Description : 1870/06/29 (A5,N1532). 1870/06/29 (A5,N1532).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47169600
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/10/2017
LA PETITE PRESSE
5 cent le mimero. JOURNAL QUOTIDIEN 5 cent. le numéro.
flïîïINÎWEMFNTS.— Tvoï&nwrt Sfctmoî* F* *%
Paris........ l) fr. 9 fr. tr.
Départements 6 il
Administrateur: BOURDILLIAT.
5me année — MERCREDI 29 JUIN 1870 — N° 1532
RédacteurePl chef: A. Dti lUiATrUBn-Btt.vntwtaTO*
BUREAUX B'AIÎOMHKMKNT: 1), R3«O"î>?»:A®T
ADMiNiscRAriOM: 13, quai Vult,Üra..
PARIS, 28 JUIN 1870
BARBÈS
m qpr
Proadbon l'avait surnommé lc\^^$^v
la Démocratie, et personne ne s'est' .
coiî'lr-3 ce surnom, qui signifie loyauté dans
la conviction, héroïsme dans le courage.
Qu'ils crient en effet « Vive le Roi! » ou
c Vive là République! » certains hommes
sont sacrés. Riches, ils ont dépensé leur for-
tune pour la cause qu'ils croyaient juste.
Libres, ils eut risqué leur liberté et leur vie.
Victorieux, ils eussent été cléments. Vain-
cus, ils n'ont protesté que par la pureté de
leurs mœurs et l'honnêteté de leur vie.
Li s citoyens de tous les partis s'incline
roui, devant la tombe, ouverte de Barbès et sa-
lueront avec respect ce vieux combattant
qui n'aura pu trouver le repos que dans la
ffiorl.
i
. Barbes avait un peu plus de soixante ans.
li 'était né, en 1809, à la Guadeloupe. Sa ia-
laiHc, originaire du Midi de la France, re-
vint s'y éiaLlir au. commencement de la
r:,,:':¡Lnurnlion. Après avoir fait. ses études au
collège de STrèze, le jeune homme vint à
Paris suivre les cours de rEc:Jh) de Droit.
Républicain dès la première heure, il fut
arrêté deux fois pendant la période de trou-
ble qui suivit {8'JO;- deux rô1!tnùs en liberté
après quelques semaines de prévention.
' A peine sorti de prison, il imagina d'en
faire sorlir ses amis détenus encore. M. Eu-
gène de M recourt — dans ses Colttempo-
rp«V?.i -- a raconté ce singulier épisode de
l'hjljloi te do Sain te-Pélagie: :
« Parmi les prisonniers se trouvait un
M'aère maçon. En visitant la voûte d'une
dans laquelle M. Kersausie avai't ob-
tenu de placer sa provision de vin et de biè-
se, cet homme reconnut que celte cave se
trouvait en partie sous le chemin de ronde,
et qu'il ne fallait qu'un souterrain de peu
d'étendue pour communiquer avec le jardinet
d'une maison de la rue Copeau.
. « A la faveur de la liberté qu'on leur lais-
sât dans la cour de promenade, les détenus
parvinrent à pratiquer dans le mur de la
cave, puis dans les terres, une ouverture
de trente pieds de long sur trois pieds de
Jarg**.
fjS*Ce travail terminé, des communications
^jà^dMennes avec le dehors leur permirent
1 d^oçaaniser l'évasion.
|£j|e propriétaire du domicile de la rue
Çop u était un vieillard de soixante-dix ans,
f e^jfloyé à l'administration de l'Assistance
jjmdique.
« Il se nommait Vatrin.
« Sa femme, à peu près du même âge, de-
meurait constamment chez elle, avec sa con-
cierge et un domestique. Ils occupaient seuls
la maison et n'avaient aucun locataire. Tous
les soirs, M. Viltrin allait se promener au
Jardin-des-Plantes. Ces diverses circonstan-
ces furent connues, de Barbes.
« Un beau jour, dix minutes après la sor-
tie du vieillard, trois personnes inconnues se
présentent chez lui. L'une d'elles enlre dans
la maison et demande à écrire le molli de sa
visite.
« C'était Barbès.
« Les deux autres, Etienne Arago et Mlle
Grouvelle, restaient à la porte et la laissaient
à dessein entr'ouvdrte.
« Sur l'observation de la concierge, qui le
priait de. fermer cette porte, Arago répon-
dit :
« — Je suis avec une dame. Elle rattache
sa jarretière dans la rue, et je ne peux pas
la laisser dehors.
« Pendant ce temps-là, des signaux exté-
rieurs étaient donnés et reçus avec une exac-
titude précis1. Bientôt le souterrain livra
passage à trente prisonniers, qui sortirent
successivement par une issue pratiquée dans
le jardinet.
«Ils vinrent frapper aux volets de la mai-
son.
« Barbès s'empressa d'ouvrir portes et fenê-
tres, tout en calmant la terreur de Mme Va-
trin.
« — Rassurez-vous, lui dit-il, ce sont des
détenus politiques, de braves garçons qui
s'évadent et dont vous n'avez rien à crain-
dre. Voici pour vous dédommager du dé-
gât qu'ils ont fait chez vous.
« En même temps il jetait sur une table
quinze ou vingt pièces d'or.
« Un quart d'heure après les prisonniers
étaient libres. Chacun d'eux reçut une
somme d'argent, avec l'adresse de la re-
traite qui lui était deslinée.
« La police ne put en découvrir un seul.
« Dans le nombre de ceux qui durent
ainsi la liberté à l'audace et à la générosité
de Barbès, se trouvaient Berrier-Fontaine,
Cnvaignnc, Chilman, Guinard, Napoléon
Lebon, Guéroult, Vilain, Landolphe, Ar-
mand Marrast, Pornin, Vignerte... »
Arrêté lors de l'attentat de Fiescbi.en 4835,
Barbès s'éleva contre l'assassinat politique
de toute la hauteur de sa loyauté.
Quelques mois après, compromis dans la
société secrète des Saisons et dans celle des
Droits de l'homme, il était condamné à, un an
de prison pour fabrication de poudre.
Sa peine expirée, il formait une nouvelle
conspiration avec Auguste Blanqui et Mar-
tin Bernard.
Cette conspiration aboutit à l'insurrec-
tion, demeurée célèbre, du 12 mai 1839.
Un fusil de chasse à la main, Barbes, h
la tête d'une poignée d'hommes, attaqua le
poste du Palais-de-Justice. Le lieutenant
Drouineau, qui commandait ce poste, est
sommé de se rendre. Il refuse, et tombe
morl frappé d'une balle. On prend le postl',
on pille les armes, et l'on S8 rend à l'Hôtel-
de-Ville. Barbès, avec ses 200 hommes, a'-
lait proclamer la République, lorsqu'il ap-
prend que Blanqui a été repoussé à la Pré-
fecture de police. Il court à son aide, et se
barricade dans les rues de la Cité. Il y tint
jusqu'à la nuit contre une armée.
A huit heures, dans une petite rue, des
gardes municipaux rencontrèrent Barbès,
seul, Jblessé à la tête, les mains ensanglan-
tées et noires de poudre.
— Tuez-moi ! criait-t-il aux soldats.
Barbès fut traduit devant la Chambre des
pairs. Interrogé, il refusa de répondre :
— Je n'ai pas, dit-il, la prétention de dis-
cuter avec vous les situations politiques. Mon
système, c'est d'imiter l'Indien. Lorsque la
fortune de la guerre l'a fait tomber au pou-
voir de ses ennemis, il n'a pas recours à des
paroles oiseuses pour éviter la mort, il effre
tout bonnement sa tête à scalper. Je fais
comme l'Indien.
Après quoi, il rentra dans son sileneo. Il
en sortit pourtant, lorsqu'il s'entendit re-
I procher l'assassinat du lieutenant Drouineau.
! Alors, il se leva, tout pâle :
I
— CTest là - s'éer'a-t-il — un acte dontj**
ne suis ni coupable, ni capable. Si j'avais
tué cet homme, je l'a:,rais fait dans un com-
bat à armes égales, aven un partage égal de
champ, de rue d. de soleil. Je ne l'a1 pas
assas-iné.
Barbès ayant dit cela, le doute n'était ne.s
permis.
Cependant, il fut condamné à mort com-
me l'un des autours de la mort du lieutenant
Drouigeau.
MM. les ministres tenaient à ce que U
sentence fût exécutée; maisMmela duchés
d'Orléans pria le rof, au nom de la sœur ôe
Barbès; Victor Hugo, rappelant la mort rte
la princesse Marie et la naissance du comte
de Paris, éleva la voix de son côté :
Par votre ange envolée ainsi qu'une colombe*
'Par ce royal enfant, doax et frêle roseau !
Grâce encore une fois! gràce au nom de la torubo!
Grâce au nom du berceau !...
Louis-Philippe, — ce sera son étf','nd
honneur, — n'aimait pas r.''chai'mua la peine de Barbes, malgré l'opposition
de son conseil.
Détenu à Belle-Isle, puis h Nimos, ce ,i",,'-
nier ne sortit de prison qu'en 1848.
Il avait beaucoup souffert; il ne parla q-tso
de pardon et de fraternité.
Gouverneur du Luxembourg, cok;n:;i. tte
la 42° légion de la garde nationale de Pnw,
représentant du département de l'Aude à
l'Assemblée constituante, il soul1d Je gOi)-
vern&ment nouveau, tant qu'il put croire «fim
ce gouvernement réaliserait U'ideal qi.i'i! avait
f'êvé.
Déçu, il retourna en révolté à ITIoltl-d.e.
Ville, comme il l'avait déjà fait une fois. O
tut vaincu encore, et la Haute cour — rem-
plaçant la Chambre des pn.\rs — le coudant
à la déportation.
Après deux mois et demi de liberté,
.bès se retrouva captif à Belle-Is'e-en-Mer.
Cette nouvelle captivité devait durer six ane.
A la fin de 1854, au moment où nos sol-
dats se battaient en Crimée, le prisonnier
écrivit à l'un de ses amis une lettre dont les
journaux publièrent le passage suivant :
« Prison de Belle-laie, le 18 septembre lali4.
...« Je suis bien heureux aussi de te voir
dans les sentiments que tu m'exprimes. Si
tu es affecté de chauvinisme parce que tu ne
i fais pas de voeux pour les Russes, je suis
1 i
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XCIII
9ii
- Vous prisez bien, dit le prétendu M. John
c'est-à-dire Marmouset, vous pensez biei,
jn^Hsie«r, que du moment où on vous a donné
Tordre de me faire arrêter, je sais à quoi m'en
tenir sur les petites précautions que vous avez
d6. prendre.
Le capitaine du port est prévenu ; le navire
à bord duquel je suis arrivé a l'ordre de ne
Sfofe K £SK6re d. i2 juin, 1849, v
pas reprendre la mer, et la milice de la ville a
mon signalement, n'est-ce pas?
— Tout cela est exact, monsieur.
— Donc, il ne m'est pas possible de m'é-
chapper.
— Je ne le crcis pas, dit M. Wasbhurnc.
— Par conséquent, je vais vous demander
une petite faveur.
— Si elle est compatible avec les ordres que
j'ai reçues...
— Je le crois.
— Alors, parlez, monsieur.
— Je vous ai dit que j'avais laissés à la porte
Edward Cokeries et sir Arthur?
— Oui.
— Edward Coteries est fou; mais sa folie
est en voie de guérison.
l/f. Wasbhurne eut un petit mouvement d'é-
p&ules qui signifiait : qu'est-ce que cela peut
me faire?
— Quant à sir Arthur, poursuivit Marmou-
set, il n'est pas fou le moins du monde.
«r Eh bien ?
— C'
voyage avec moi pour son agrément et n'est I
nullement mon pensionnaire. I
— Où voulez-vous en venir, monsieur? ]
— A ceci, que vous ne me refuserez pas
d'apprendre moi-même -It sir Arthur notre
mésaventure.
— Bon! i
— Pas plus que vous ne me refuserez la ;
faculté d'employer la ruse pour amener ici
Edward Cokeries.
— Qu'à cela ne tienne, dit M. Wasbhurne. ;
— Ainsi vous me permettez d'aller les cher- !
cher?
—C'est-à-dire que je vais aller avec vous.
— Fort bien, dit Marmouset.
Et il se leva.
— Mon cher monsieur John Bell, dit alors
M. Woodmans, je suis le maître absolu dans
ma maison.
— Cela va sans dire, répondit Marmouset.
— Et vous mangerez à ma table, mon cher
collège.
— Alors votis inviterez sir Arthur aussi?
— Chrome v
— Merci, dit Marmouset.
Et il sortît, accompagna de M. Wasbhii.-ïir,,,,'
'Quand ils furent dans le corridor, celui-ei
lui dit :
— Mon cher monsieur, je dois vous préve-
nir d'usé chosè.
— Laquelle, monsieur?
— Je ne suis pas venu seul ici.
— Ah î
— J'ai laissé devant la maison une demi-
douzaine de policemen.
— V/aiment, monsieur?
— Et si vous tentiez, une fois dehors;
prendre la fuite, ils vous arrêteraient aussitôt
— Oh! monsieur, dit Marmouset, rassurez-
vous. Vous n'aurez nul besoin d'en venir là,'
Je sais un gentleman et je vous donne ma pa-
role d'honneur...
— C'est bien, dit M. Wasbhurne.
Et ils continuèrent leur chemin.
Arrivés à la grille, Marmouset ajouta :
— Permettez-moi de dire un mot à l'oreflU
de sir Arthur. %
— Faites, répondit M. Wasbhuriw,
5 cent le mimero. JOURNAL QUOTIDIEN 5 cent. le numéro.
flïîïINÎWEMFNTS.— Tvoï&nwrt Sfctmoî* F* *%
Paris........ l) fr. 9 fr. tr.
Départements 6 il
Administrateur: BOURDILLIAT.
5me année — MERCREDI 29 JUIN 1870 — N° 1532
RédacteurePl chef: A. Dti lUiATrUBn-Btt.vntwtaTO*
BUREAUX B'AIÎOMHKMKNT: 1), R3«O"î>?»:A®T
ADMiNiscRAriOM: 13, quai Vult,Üra..
PARIS, 28 JUIN 1870
BARBÈS
m qpr
Proadbon l'avait surnommé lc\^^$^v
la Démocratie, et personne ne s'est' .
coiî'lr-3 ce surnom, qui signifie loyauté dans
la conviction, héroïsme dans le courage.
Qu'ils crient en effet « Vive le Roi! » ou
c Vive là République! » certains hommes
sont sacrés. Riches, ils ont dépensé leur for-
tune pour la cause qu'ils croyaient juste.
Libres, ils eut risqué leur liberté et leur vie.
Victorieux, ils eussent été cléments. Vain-
cus, ils n'ont protesté que par la pureté de
leurs mœurs et l'honnêteté de leur vie.
Li s citoyens de tous les partis s'incline
roui, devant la tombe, ouverte de Barbès et sa-
lueront avec respect ce vieux combattant
qui n'aura pu trouver le repos que dans la
ffiorl.
i
. Barbes avait un peu plus de soixante ans.
li 'était né, en 1809, à la Guadeloupe. Sa ia-
laiHc, originaire du Midi de la France, re-
vint s'y éiaLlir au. commencement de la
r:,,:':¡Lnurnlion. Après avoir fait. ses études au
collège de STrèze, le jeune homme vint à
Paris suivre les cours de rEc:Jh) de Droit.
Républicain dès la première heure, il fut
arrêté deux fois pendant la période de trou-
ble qui suivit {8'JO;- deux rô1!tnùs en liberté
après quelques semaines de prévention.
' A peine sorti de prison, il imagina d'en
faire sorlir ses amis détenus encore. M. Eu-
gène de M recourt — dans ses Colttempo-
rp«V?.i -- a raconté ce singulier épisode de
l'hjljloi te do Sain te-Pélagie: :
« Parmi les prisonniers se trouvait un
M'aère maçon. En visitant la voûte d'une
dans laquelle M. Kersausie avai't ob-
tenu de placer sa provision de vin et de biè-
se, cet homme reconnut que celte cave se
trouvait en partie sous le chemin de ronde,
et qu'il ne fallait qu'un souterrain de peu
d'étendue pour communiquer avec le jardinet
d'une maison de la rue Copeau.
. « A la faveur de la liberté qu'on leur lais-
sât dans la cour de promenade, les détenus
parvinrent à pratiquer dans le mur de la
cave, puis dans les terres, une ouverture
de trente pieds de long sur trois pieds de
Jarg**.
fjS*Ce travail terminé, des communications
^jà^dMennes avec le dehors leur permirent
1 d^oçaaniser l'évasion.
|£j|e propriétaire du domicile de la rue
Çop u était un vieillard de soixante-dix ans,
f e^jfloyé à l'administration de l'Assistance
jjmdique.
« Il se nommait Vatrin.
« Sa femme, à peu près du même âge, de-
meurait constamment chez elle, avec sa con-
cierge et un domestique. Ils occupaient seuls
la maison et n'avaient aucun locataire. Tous
les soirs, M. Viltrin allait se promener au
Jardin-des-Plantes. Ces diverses circonstan-
ces furent connues, de Barbes.
« Un beau jour, dix minutes après la sor-
tie du vieillard, trois personnes inconnues se
présentent chez lui. L'une d'elles enlre dans
la maison et demande à écrire le molli de sa
visite.
« C'était Barbès.
« Les deux autres, Etienne Arago et Mlle
Grouvelle, restaient à la porte et la laissaient
à dessein entr'ouvdrte.
« Sur l'observation de la concierge, qui le
priait de. fermer cette porte, Arago répon-
dit :
« — Je suis avec une dame. Elle rattache
sa jarretière dans la rue, et je ne peux pas
la laisser dehors.
« Pendant ce temps-là, des signaux exté-
rieurs étaient donnés et reçus avec une exac-
titude précis1. Bientôt le souterrain livra
passage à trente prisonniers, qui sortirent
successivement par une issue pratiquée dans
le jardinet.
«Ils vinrent frapper aux volets de la mai-
son.
« Barbès s'empressa d'ouvrir portes et fenê-
tres, tout en calmant la terreur de Mme Va-
trin.
« — Rassurez-vous, lui dit-il, ce sont des
détenus politiques, de braves garçons qui
s'évadent et dont vous n'avez rien à crain-
dre. Voici pour vous dédommager du dé-
gât qu'ils ont fait chez vous.
« En même temps il jetait sur une table
quinze ou vingt pièces d'or.
« Un quart d'heure après les prisonniers
étaient libres. Chacun d'eux reçut une
somme d'argent, avec l'adresse de la re-
traite qui lui était deslinée.
« La police ne put en découvrir un seul.
« Dans le nombre de ceux qui durent
ainsi la liberté à l'audace et à la générosité
de Barbès, se trouvaient Berrier-Fontaine,
Cnvaignnc, Chilman, Guinard, Napoléon
Lebon, Guéroult, Vilain, Landolphe, Ar-
mand Marrast, Pornin, Vignerte... »
Arrêté lors de l'attentat de Fiescbi.en 4835,
Barbès s'éleva contre l'assassinat politique
de toute la hauteur de sa loyauté.
Quelques mois après, compromis dans la
société secrète des Saisons et dans celle des
Droits de l'homme, il était condamné à, un an
de prison pour fabrication de poudre.
Sa peine expirée, il formait une nouvelle
conspiration avec Auguste Blanqui et Mar-
tin Bernard.
Cette conspiration aboutit à l'insurrec-
tion, demeurée célèbre, du 12 mai 1839.
Un fusil de chasse à la main, Barbes, h
la tête d'une poignée d'hommes, attaqua le
poste du Palais-de-Justice. Le lieutenant
Drouineau, qui commandait ce poste, est
sommé de se rendre. Il refuse, et tombe
morl frappé d'une balle. On prend le postl',
on pille les armes, et l'on S8 rend à l'Hôtel-
de-Ville. Barbès, avec ses 200 hommes, a'-
lait proclamer la République, lorsqu'il ap-
prend que Blanqui a été repoussé à la Pré-
fecture de police. Il court à son aide, et se
barricade dans les rues de la Cité. Il y tint
jusqu'à la nuit contre une armée.
A huit heures, dans une petite rue, des
gardes municipaux rencontrèrent Barbès,
seul, Jblessé à la tête, les mains ensanglan-
tées et noires de poudre.
— Tuez-moi ! criait-t-il aux soldats.
Barbès fut traduit devant la Chambre des
pairs. Interrogé, il refusa de répondre :
— Je n'ai pas, dit-il, la prétention de dis-
cuter avec vous les situations politiques. Mon
système, c'est d'imiter l'Indien. Lorsque la
fortune de la guerre l'a fait tomber au pou-
voir de ses ennemis, il n'a pas recours à des
paroles oiseuses pour éviter la mort, il effre
tout bonnement sa tête à scalper. Je fais
comme l'Indien.
Après quoi, il rentra dans son sileneo. Il
en sortit pourtant, lorsqu'il s'entendit re-
I procher l'assassinat du lieutenant Drouineau.
! Alors, il se leva, tout pâle :
I
— CTest là - s'éer'a-t-il — un acte dontj**
ne suis ni coupable, ni capable. Si j'avais
tué cet homme, je l'a:,rais fait dans un com-
bat à armes égales, aven un partage égal de
champ, de rue d. de soleil. Je ne l'a1 pas
assas-iné.
Barbès ayant dit cela, le doute n'était ne.s
permis.
Cependant, il fut condamné à mort com-
me l'un des autours de la mort du lieutenant
Drouigeau.
MM. les ministres tenaient à ce que U
sentence fût exécutée; maisMmela duchés
d'Orléans pria le rof, au nom de la sœur ôe
Barbès; Victor Hugo, rappelant la mort rte
la princesse Marie et la naissance du comte
de Paris, éleva la voix de son côté :
Par votre ange envolée ainsi qu'une colombe*
'Par ce royal enfant, doax et frêle roseau !
Grâce encore une fois! gràce au nom de la torubo!
Grâce au nom du berceau !...
Louis-Philippe, — ce sera son étf','nd
honneur, — n'aimait pas r.''chai'
de son conseil.
Détenu à Belle-Isle, puis h Nimos, ce ,i",,'-
nier ne sortit de prison qu'en 1848.
Il avait beaucoup souffert; il ne parla q-tso
de pardon et de fraternité.
Gouverneur du Luxembourg, cok;n:;i. tte
la 42° légion de la garde nationale de Pnw,
représentant du département de l'Aude à
l'Assemblée constituante, il soul1d Je gOi)-
vern&ment nouveau, tant qu'il put croire «fim
ce gouvernement réaliserait U'ideal qi.i'i! avait
f'êvé.
Déçu, il retourna en révolté à ITIoltl-d.e.
Ville, comme il l'avait déjà fait une fois. O
tut vaincu encore, et la Haute cour — rem-
plaçant la Chambre des pn.\rs — le coudant
à la déportation.
Après deux mois et demi de liberté,
.bès se retrouva captif à Belle-Is'e-en-Mer.
Cette nouvelle captivité devait durer six ane.
A la fin de 1854, au moment où nos sol-
dats se battaient en Crimée, le prisonnier
écrivit à l'un de ses amis une lettre dont les
journaux publièrent le passage suivant :
« Prison de Belle-laie, le 18 septembre lali4.
...« Je suis bien heureux aussi de te voir
dans les sentiments que tu m'exprimes. Si
tu es affecté de chauvinisme parce que tu ne
i fais pas de voeux pour les Russes, je suis
1 i
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XCIII
9ii
- Vous prisez bien, dit le prétendu M. John
c'est-à-dire Marmouset, vous pensez biei,
jn^Hsie«r, que du moment où on vous a donné
Tordre de me faire arrêter, je sais à quoi m'en
tenir sur les petites précautions que vous avez
d6. prendre.
Le capitaine du port est prévenu ; le navire
à bord duquel je suis arrivé a l'ordre de ne
Sfofe K £SK6re d. i2 juin, 1849, v
pas reprendre la mer, et la milice de la ville a
mon signalement, n'est-ce pas?
— Tout cela est exact, monsieur.
— Donc, il ne m'est pas possible de m'é-
chapper.
— Je ne le crcis pas, dit M. Wasbhurnc.
— Par conséquent, je vais vous demander
une petite faveur.
— Si elle est compatible avec les ordres que
j'ai reçues...
— Je le crois.
— Alors, parlez, monsieur.
— Je vous ai dit que j'avais laissés à la porte
Edward Cokeries et sir Arthur?
— Oui.
— Edward Coteries est fou; mais sa folie
est en voie de guérison.
l/f. Wasbhurne eut un petit mouvement d'é-
p&ules qui signifiait : qu'est-ce que cela peut
me faire?
— Quant à sir Arthur, poursuivit Marmou-
set, il n'est pas fou le moins du monde.
«r Eh bien ?
— C'
voyage avec moi pour son agrément et n'est I
nullement mon pensionnaire. I
— Où voulez-vous en venir, monsieur? ]
— A ceci, que vous ne me refuserez pas
d'apprendre moi-même -It sir Arthur notre
mésaventure.
— Bon! i
— Pas plus que vous ne me refuserez la ;
faculté d'employer la ruse pour amener ici
Edward Cokeries.
— Qu'à cela ne tienne, dit M. Wasbhurne. ;
— Ainsi vous me permettez d'aller les cher- !
cher?
—C'est-à-dire que je vais aller avec vous.
— Fort bien, dit Marmouset.
Et il se leva.
— Mon cher monsieur John Bell, dit alors
M. Woodmans, je suis le maître absolu dans
ma maison.
— Cela va sans dire, répondit Marmouset.
— Et vous mangerez à ma table, mon cher
collège.
— Alors votis inviterez sir Arthur aussi?
— Chrome v
— Merci, dit Marmouset.
Et il sortît, accompagna de M. Wasbhii.-ïir,,,,'
'Quand ils furent dans le corridor, celui-ei
lui dit :
— Mon cher monsieur, je dois vous préve-
nir d'usé chosè.
— Laquelle, monsieur?
— Je ne suis pas venu seul ici.
— Ah î
— J'ai laissé devant la maison une demi-
douzaine de policemen.
— V/aiment, monsieur?
— Et si vous tentiez, une fois dehors;
prendre la fuite, ils vous arrêteraient aussitôt
— Oh! monsieur, dit Marmouset, rassurez-
vous. Vous n'aurez nul besoin d'en venir là,'
Je sais un gentleman et je vous donne ma pa-
role d'honneur...
— C'est bien, dit M. Wasbhurne.
Et ils continuèrent leur chemin.
Arrivés à la grille, Marmouset ajouta :
— Permettez-moi de dire un mot à l'oreflU
de sir Arthur. %
— Faites, répondit M. Wasbhuriw,
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