Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-17
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 juin 1870 17 juin 1870
Description : 1870/06/17 (A5,N1520). 1870/06/17 (A5,N1520).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716948j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
FAITS DIVERS
PARIS
Hier malin, dit Paris-Jmrml, petit déjeuner
très-intime, aux Tuilerips, chez le Prince Impé-
: rinl. Convive unique : le prince des Asturies. L'o-
rigine de ce 'irhi -t, auguste remonte à ^dimanche.
Elle est née dans la tribune des souverains, pen-
dant que les chevaux du grand prix prenaient
leur (iinti-î. Le Prince Impérial tenait pour .b'IJ"r-
rea», le prince des Asturies pour SO'ruelt".
Enjeu du pari : un déjeuner offert par le per-
dant.
C'est ce pari que l'héritier du trône liquidait
aujourd'hui.
L'épidémie d'* variole est décidément en voie de dé-
•eroissauce mais bien lente. Le chiffre des décès de la
dernière sexnaïue est encore de 165.
Une aventure comme on en compte peu :
Récemment AÏ" P..., notaire à Paris, appelé auprès
â'un moribond atteint de la petite vérole, gagne la
ma'adie et me >ri,. Son étude se trouve à vendre.
Plusieurs rfiiiattMus se présentent, on n'a que l'em-
barras du cho x et marché va être conclu, lorsque
Mme veuve l'... m.enient :
— Souvent, .lit-dle, mon fJlal'i a manifesté le désir
d'avoir son p.cminr clerc pour successeur, et je crois
qu'il est de n'en devoir de faire connaître ce vœu d'un,
mort et d'en demander t'accomptiFspment.
Le premier c.ierc était un très-honnête et intelligent
garçon qui n'avait que le défaut d'être pauvre.
En vain pmj o a-l-il (ie payer son étude en vingt ans.
La chambre (l,,, notaires s'opposa absolument à celte
sombillaboll. Ahr, Mme P... eut un mouvement d s
jlus louables e , en souvenir du désir manifesté par
son mari, ach la l'étude pour son compte et la remit
au premier clc:e. qui, sans un sou vaillant et sans fa-
mille, se trouve ?.ujourd'liui notaire à Paris. (S^ir.)
Après avoir dirigé sans succès plusieurs .établisse-
ments, Paul L..., appartenant à une famille honora-
ble de la Chaîne, en est réduit aux expédients pour
vivre.
Rencontrant * lit tombée de la nuit, sur la route
de Saint-Denis, une voiture bourgeoise, et profi, un
de l'absence 111(1111 maiiée du cocher en train de se ra-
fraichir-chez I marchand de vin voisin, il monta
dans le vcliii:ul<\ s' m para des rênes et. disparut.
Arrivé près d'une ai. berge dont la cour a deux en-
trées, il descendi , détela le cheval et abandonna le
«abriolet.
Il gagna a M ;nr ?a monture le chemin de ronde,
qu'il suivit ju qu';¡¡! boulevard du Trône, et mit pied
a terre à i'htnr • baim-Paul, où descendent les maqui-
gnons.
Le lendemain malin, s'abouchant avec l'un d'eux, il
proposa de lui ■ i dre un cheval.
Mais par Il:) ausard — qui s'explique du reste puis
que aussitôt qu un cheval est volé les maquignons en
reçoivent ¡mil,; ./;t}l'll)ellt avis avec le signalement, —
celui'm.quel il s' dre-sait venait d'être informé qu'un
eheval don! on dt'envait la couleur de la robe avait été
volé la veille.
Comme ¡¡l'fj''t'i:r et aussi comme curieux, le ma-
çjunmon se înclu à l'écurie et reconnut le cheval.
Ces sortes o. r.ia rh s 11e se traitent que le verre en
¡n,am; ils allèrent au cabaret. Tout en débattant le
prix, le maq^e, '"'i placé près de la fenêtre regardait
dans la rlw. ,\:,,¡'Cl'HlUt un sergent de ville, il lui fit
signe et, le t outrer, lui dit:
— Arrêtez j v Il ("'siein' qui veut me vendre un che-
val volé.
Tout en par IMI il sortit de la poche de son gilet un
billet qu'il ie.r;l. a Jat:.e.it; c'était le signalement du
:hevai.
Malgré sa protestation, Paul L... a. été conduit au
pogte. {Sièc.e.)
Nous avnn' parlé de la fnite de trois jeunes indus-
triels qui HViiieiti. ctnporté, pour mettre quelque ch,)se
sur le pain mer ,je iVx-il, 800,000 francs soustraits à
des trahit! i;r *r d^les.
Ces trois -II- ;MV, directeurs de trois établisse-
ments iinaL i ■ avai-nt fondé, sous la raison sociale
Thomasse' : ..':.ie leuille hebdomadaire,Y Eronmnir,
dont. les b . : étaient si'ués 21, rue de la Banque ;
le rédacte-ii e f de la chose se faisait appeler A.de
Cascrlatl.
Leurs opta étaient des plus simples; ils prè-
taient sur titres, et vendaient le lendemain les valeurs '
qu'on leur avait confiées. Aujourd'hui, les trois frères
d'armes sont hors d'atteinte.
Les administrateurs, parmi lesquels M. le comte de
Saint-G..., ont été mandés chez le juge d'instruction.
Encore de jaunes banquiers voyageurs !
Cette fois, il s'agit de la maison Bonnot et Ce, rue
Laffitte, 56. Un des associés est en fuite. L'autre, le
sieur Bonnot, a été rejoindre son père à Mazas.
Ce jeune homme, qui n'a que vingt-six ans, entre-
tenait une maîtresse — dont la caisse était mieux
garnie que la sienne.
La physionomie de cette caisse était curieuse. Sur
le devant, quelques piles de gros sous artistement
rangés ; puis des promesses d'action de compagn es
qui n'ont jamais existé ou qui n'ont pu venir au grand
juur, et cela vu à travers la grille du bureau suffi-
sait au public.
Le caissier même de cette maison est une des pre-
mières victimes. Ce malheureux avait sué sang et eau
pour économiser un cautionnement de deux mille
francs, qu'on a eu l'indélicatesse d'emporter.
Une femme de trente ans environ, fort élégamment
vêtue, et port mt des diamants aux oreilles, a tenté de
se jeter dans la Seine, avant-hier, vers deux heures,
sur le pont 11e Solférillo.
Elle en a été empêchée par un jeune homme, qui,
de toute la vitesse de ses chevaux, était accouru sur
le pont et n'avait eu que le temps de sauter à bas de
sa voiture.
Le jeune homme est remonté dans la voiture, et les
chevaux sont repartis au galop.
On a enterré hier, ; Enghien, un propriétaire, M. '
V..., qui s'est suicidé lundi matm dans des conditions
vraiment dramatiques.
Sa ft'mme sortait de son cabinet, ofi elle venait de
lui porter son chocolat, quand il s'est introduit dans
la bouche le canon d'un fusil Lefandleux, dont il a
pressé la détente avec le pied. La tète a littéralement
éclaté et la cervelle a sauté au plafond.
Le bruit court, dit le Fiya-o, que M. V... avait
voulu échapper ainsi à dp. terribles embarras. On di-
sait, qu'il ne pouvait achey r de payer les travaux
d'une grande maison qu'il faisait construire, que l'ar-
chitecte l'avait entraîné dans de trop grandes dé-
penses, et d'autres choses de ce genre.
Ce qui nous parait ètre la vérité, c'est que les facul-
tés mentales de M. V... s'étaient affaiblies à la suite
d'une expropriation à Paris. La Ville lui offrait à l'a-
miable 40e,000 francs, il en voulait 500,000, et ou
plaida. Le jury ne lui alloua que 180,000 francs, ce
qui le mit dans un état d'irritation extraordinaire,
souvent voisin de la folie.
Mme veuve V... reste avec une fille de seize ans et
un jeune garçon.
Un individu, paraissant en proie à la plus grande
exaltation, s'est élancé, hier soir, quai de la Tournetlc,
au-devant d'une voiture découverte et a arrèté le che-
val en disant au cocher :
— Faites décamper votre voyageur et menez-moi
rondement aux Tuileries. L'Empereur m'attend, ainsi
qu'Emile O livier. Il faut qu'ils fassent pleuvoir parce
que tout dépérit. A nous trois, nous allons sauver 11i
trancc!
En même temps il s'élançait dans la voiture.
Le sieur S..., rentier, place de lil Madeleine, quil'oc-'
cupât, voulut l'expulser avec l'aide du cocher; mais
le fou leur asséna des coups de canne qui leur mirent
le visage en sang.
Le sieur S... a reçu une grave blessure à la tête.
011 a eu une peine infinie à s'emparer de cet insensé,
devenu furieux, et à le conduire au poste.
Mme Bournchet, concierge, ru>, du Monthahor,'a
essayé de se suicider hier dans des conditions fort
originales.
fatiguée de végéter dans une loge, indigne d'une
femme « éduqnée » comme elle, elle s eit pendue...
pendue à son cordon.
Heureusement, le poids de son corps a fait ouvrir
la porte cochère, et, 011 a pu entendre de la rue les
cris rauques qui parlaient de sa loge.
Les voisins, arrivés, à temps, purent décrocher la
malheureuse qui, regardant son cordon d'un air som-
bre, s'est écriée :
« M'avoir fait souffrir toute mon existence entière,
et pas même bon pour m'en sortir! »
Deux malheureux, accidents ont été occasionnés hier
par le feu.
Dans une maison en construction rue Bichat, le
sieur Antoine Petavv, chargé de garder cet immeuble
pendant la nuit, vait allumé un grand feu au l'pz-
de-chaussée, au-dessous d'un vaste conduit de che-
mina* Cet individu, en fumant sa pipe, s'était bientôt
endt mi.
Réveillé une première fois par un ouvrier qui pré-
voyait ce qui allait arriver, il se rendormit sans dou-
te, car le lendemain matin à quatre heures, les plà-
triers, en venant reprendre leur travail, le trouvèrent
étendu en travers du foyer, les vêtements entièrement
consumés et le corps carbonisé.
Après les constatations d'usage, ces ouvriers trans-
portèrent le cadavre de cet individu à son domicile,
rue Galande, 56.
Le même soir, vers quatre heures, le jeune Adolphe
C..., enfant de quatre ans, dormait dans son berceau,
saus la garde de sa grand-'mère, dans le domicile de ses
parents, boulevard de Clichy, 65. Cette dame, ayant eu
une course à faire à quelque distance de là, abandonna
pour quelque temps son petit-fis dont le sommeil
tranquille lui enlevait toute inquiet-'de à son égard.
En revenant, une heure après, la grand'mère firt
étonnée de sentir dans l'escalier une odeur intense de
linge brûlé. Redoutant un malheur, cette dame hâta
le pas. Ses prévisions ne se réalisèrent que trop.
Un cruel spectacle se présenta à ses regards en en-
trant dans sa chambre. L'enfant se débattait dans les
dernières convulsions de l'agonie, et peu d'instants
après, la malheureuse femme affolée ne pressait plus
entre ses bras qu'un corps inanimé.
Le feu, qui des langes de la couchette s'était com-
muniqué aux vêtements I1n petit être, avait causé cet
irréparable malheur qui plonge un jeune ménage dans
la désolation.
On suppose qu'une allumette, tombée par hasard
dans le berceau, s'est enflammée par le frottement,
ou bien que l'enfant aura voulu s'amuser avec elle.
Le jardin du Palais-Royal a été mis en émoi, hier
soir, vers 8 heures, parlaso daine attaque d'un chien
énorme qui s'est jeté sur un jeune garçon inoffensif
âgé de 14 ans, l'a renversé et mordu cruellement à la
cuisse gauche.
Nous summes arrivé sur le th >'âtre de l'accident
comme un agent transportait le blessé dans une phar-
macie voisine.
On disait dans les groupes que le chien appartenait
à une très-grande dame, qui. aussitôt l'a enture, s'é-
tait enfuie, abandonnant le magnifique animal, tandis
qu un monsieur s'en emparait et s'éloignait à la h'ite.
On sait que Tl1renne a abjuré le protestantimns
pour la religion catho'iquc. et que toujours o:i en a
attribué le mérite à l'éloquence de Dossnet : un auto-
graphe de l'illustre maréchal, dernièrement trouvé
dans une vente, vient désillusionner, en ce qui touche
cette conversion, les admirateurs de l'ftir¡le dp Mpoux :.
c'est une lettre écrite par Turenne a sa femme, le
12 mai 1660.
Dans cette missive toute confidentielle, il l'informe
qu'on lui a demandé, en gxmd s'il voulait
changer de religion pour être connétable.
DÉPARTEMENTS ET COLONIES
Nous empruntorffe les faits suivants au Loing de
Montargis :
Le facteur rural de la commune de Montcresson, en
revenant, lundi dernier, de Palicourt, a fait une ÍIu-
portante capture. ; .
11 marchait tranquillement à travers I)Ois, lorsqui
aperçut lin jeune louveteau qui folâtrait, puis deux
puis cinq. ]Sutre brave l'acteur, anci it soldat amputé
d'un bras, était très-embarrassé, il en prit quatre
dans son unique main et un autre einrb ses dr'ctts.
sur ces entrefaites, la mère ai r ve mais par sa conta-^
nance énergique il réussit à l'intimider et elle u'oia 4
pas l'attaquer. Il rapporta tr'o npitalemenr sa capture
à Montargis, où 0.1.1; avons vu les jaunes louveteaux,
qui ont déjà des dents presque aussi fortes que celles
d'un chien loulou..
Voici quelques détails au sujet de l'accident de Bor-
deaux, qui nous était annoncé liier par dépêche télé-
graphique.
Le bateau Hirondelle faisait le trajet de Bacalan a
Bordeaux. Il transporte le matin à Bacalan et ramène
le soir à Bordeaux des ouyriersrs du chantier de l'D-
céan, construction de navires.
Avant-hier soir, entre cinq et six heures, comme
le bah'au allait arriver au pouton pour débarquer une
centaine d'ou'.riet', soit par une fausse m m œuvre, sost
par une autre cause inconnue, la cheminée-a donné
contre le beaupré d un na- ire mouillé dans la rade.
Le choc lut si violer.t qu'une partie des passagers ont
été jetés à l'eau.
Deux ouvriers ont été grièvement blessés.
D'après la rumeur publique, il y a des tué-, et des
noyés, mais nous ne donnons cette nouvelle que sous
toute réserve. ,
Avant-hier lundi, vers quatre heures et demie dis
matin, un incendie a éclaté dans les ateliers du m&-,
gnifique établissement de peignage de laines de M.1
Thuillier-Gelli-e, à Saint-Roch.fès-Amiens. ;
On évalue les pertes à 100 ou 150,000 fr., couvertes
par des assurances. [
On espère que l'interruption des travaux de l'usine;
ne sera pas de longue durée, la portion des bâtiments !
où se trouvent les moteurs ayant été épargnée.
Hier, vers une heure de l'après-midi, le feu avait
pris dans le bois dit de Mé, qui se trouve à un kilo- i
mètre de Bièvres et à la même distance de Jouv. ;
C'est surtout dans le sous-bois et dans les feuilles '■
mortes que l'incendie paraissait se propager. ?
Les gardes forestiers accoururent en toute hâte,
puis les pompiers de JOIlY et de Bièvres.
Vers quatre heures, comme les quatre coins de la.
forêt flambaient, on envoya de Versailles deux sec-
tions d'ouvriers d'administration et 120 hommes de
l'a-tiHerie montée pour aider les travailleurs.
Il ne fallait pas penser à avoir de l'eau, on en était
réduit à combattre le feu en faisant des tranchées à
coups de pioche, de pelle et de de petites hachettes.
A sept heures du soir, on n'était pas maitre d®
l'incendie, et l'on constatait déjà pres de trois hec-i
tares de bois brûlés.
A h it heures, soixante hussards et deux brigadeg
de gendarmes vinrent relever les ar illeurs.
Les SOixant.e hussards, les deux brigades de gen-:
darmerie et les pompiers sont restés en permanence
toute la nuit dans la forêt.
Le Gfl' l'lis dit qu'à dix heures et demie l'incendia
n'était pas près d'ëtr.' éteint, et il y en avait pr.::s da
six hectares de bois d'incendiés.
ÉTRANGER
Les funérailles de Dickens, l'illustre romancier an-
glais. ont eu lieu, mardi matin, à Londres, avec la,
plus grande simplicité, mais aussi avec la plus gl'anù6
l'motion. ;
Dickens dort désormais dans l'église de Wesminster, ;
le Panthéon de l'Angleterre, et la seule sépulture digne
de ce grand homme. '
Par ordre de h famille, qui assistait pres ue seula
aux obsèques, la cérémonie n'ayant pas été annoncée
publiquement, il se trouva peu de monde aux abords:
de l'a u baye.. •
Le révemid Stanley, entouré de ses chanoiees reçut ..
le corps qui fut transporté dans la chapelle de la Foi,
appelée aussi le coin des Poëtes, et descendu apre-s
dans une fusse provisoire. Le doyen officia. Il n'y eut
ni chsm!., ni d'autre musique-que queues accords de
l'orgu&. , i
A di\ heures, tout était termina. La nouvelle - s , eu
répandit aussitôt dans Londrps. et plus de cent miilft
personnes accoururent dans la journée rendre un der-
nier devoir à l'émiuent écrivain qui reposea ijoiir(I hui
près d'Addîsson et de Shéridan, et non loin de Garrick.
et de Shakesperae. — A. u.. ,
Des courses viennent d'avoir lieu à Spa. Varia»
J"UJ"/lItl nous apprend qu'un monsieur de Bruxelles
qui avait ga.gné 70,000 fr. dans sa journée, a eté VOlé;
le son-. de 4>0,000.
On a l'ait fermer les portes et fouiller tout le monde,
infructueusement, bien entendu. Après cette opération,
1la, banque s'est fouillée à son tour, et a généreusement
remboursé la somme perdue.
Les habitués du théâtre de Bowery (Etats-Unis) ont
été mis-eu émoi samedi soir par une scène t 'rl'Í'ble.
On exhibe depuis huit jours, daii* ce théâtre, des
lions soi-di^aut apprivoisés et une dompteuse, Minnie
Wells, dite ha R :iwe des lions. La dompteuse, en en-
trant samedi dans la cage, frappa un des lions de sa
cravache. Mais l'animal, au lieu de se soumettre à ce
châtiment, bondit sur Minnie Wells et la renversa eu
poussant un sourd l'ng¡s:\enF.nl. Puis, son naturel fé-
roce reprenant le dcs. us, il lui enfonça ses griffes
dans l'épaule.
Accourus aussHôt, les employés firent lâcher prise
au lion en lui assénant sur la tête de grands coups de
barre de fer. Mais déjà Minnie Wells avait l'épanle
et le cou profondément lacérés. Sa main droite avait
également été déchirée par le lion, et on croit que
i'a.mputa.tion sera. nécessaire.
L'HISTOIRE D'UN CADAVRE
NOUVELLE HISTORIQUE
PAR ELIE BERTHET
VII
Le chanoine.
10
Lorsque 'ieu? liant Saint-Front éteignit
la-maiPOn ,i' 11 demeurait, la nuit commen-
çait à tomlic . I é,r.aii épuisé do fatigue et d'é-
motioii, d"\":>¡\ : qui vint, lui ',\J\rJ]' lit porte extérieure lui fit
e,iiten 1Ir,,, -.nus une langue qui n'était ri du
français ni . 1'-bpagnol, dédirait lui pari r. Saint-Fiont, pensant que
peui-êire (Ji ni» quelque indication précieu-
;se A lui «kïft .e,!' sur ce qui ét-it l'objet unique
de ses pré J,: •ons) s'empressa de se ren-
dre, malgn -.m ;«; nblement, auprès du maître
du lo^is.
Il le 1T ;;: a. Uns une ?alle noresque, tonit
en mar!) f = : niie. de ces mervulleusesfaïen-
ces arabes \!'It"d! appelle azulynes. Cette pièce,
Voir le numértl du 8 juin.
très-fraîche, servait de salle à manger, et en
ce moment un,' table frugalement se vie, à
deux couverts, était. prête pour le souper. Don
Gr.,,,-Orio, assis ptès d'une ferlê; re, lisait son ■
biéviaire ; à la vue de Saint-Front, il se leva
et vint avec empressement au-dev ntde iui.
Le chanoine était uifchomme d'environ qua-
rante ans,gr don Basile; mais ses traita n'e\priIIJaient ni l;t
toiiede l'un 11: l'hypocrisie de l'autre. On voy it
au ■ OErtrai-re, sur cette figure loague 'et rWIÍ-
gre, une expression d'aménité; ses yeux noirs,
oien ouverts, regarda ent avec franchise et
raYonna ent d'Írlleligeo(:e. Sa taille paraissait
presque colossale sous la soutane noire et le
manteau de s ue qui form â-nt son costume,
et ell .- ajoutai encore à la dignité naturell - (Je
ta p rs-)nne. Don Gregorio pa sa't. en effet,
pour un des hommes les plus instruits, les
plus éclairés de Seviile, et le ring (Iti'il occu-
pait, dans le clergé local lui donnait beaucoup
d'influence. Il appartenait à cet opulent chapi-
tre de la cathedraie. don les chtn"ines avaient
alors rang d'évêques et, comme les évêquas,
portaient la crosse et la iniiro daus le,,i c-ÍI;é-
ni tues religieuses.
Il était donc pos -:Iblo, qu'un personnage de
cette importance eût fait quelque découverte
can-ab'e de fac'lifcT la tâche de Saiur-Front;
mais le pauvre ,jeutemmt. ne tarda pas à être
détr tril)é, Don Greg >rio lui prit les m-ins, lui
adres-a des condations am caies, et nau. par
1 prier avec iustauce de se mettre à table avec
lui.
ftaint-Front. désappointé voulut d'abord re-
fuser cette invitation ; mais il importait de ne
pas offenser un hôte dont les bons offices pou-
vaient encore devenir néc'.pssairus. D'ailleurs
l'officier éta t à un âg-e où, eu dépit des plus
violents chagrins, la n t Ill'e ne perd j am,a es
droit , ,et. Cdro t,ble appétissante lui rappelait
que d- puis plus de vingt.- .uatre heures il n'a-
vait pris aucune e p',ce de iiotir: it. re.
Il accepta donc, et ils se mirent à souper,
servis par u ne espèce de Gil Pcrez, moitié va-
!et, moitié sa ristain, qni, avec la vieille gou-
vernante, formait la domesticité .iu chailoine.
011 p :ti-la peu durant le rep^as. Don Gregorio
semblait rf'spec er la douleur de SOli convivf;
il se bornait à lui témoigner mille égards. Le
soup'r fini, on passa dans le potio, et pendant
que Saint-Front, a lumait un clf;ï:lT'(', le cha-
noine lui- L ême ne dédaigna pns de rouler
une cigaret e, selon l'habitude de tout bon
Espagnol.
Ils étaient assis en face l'un de l'autre, au
pie 1 d'un ora ger, juste A la pl -ce où, a veille
encore, S iut-Front et le malheureux Blanc-
rné'ii) devisaient si joyeusement.
— Eh bien ! m"usi.'ur le lieutenant, deman-
da dcin Greg 'r'o avec int'ret, ou en sont 1 s
démarches pour découvrir cette femme crimi-
nelle.'? Kspere-t-ou réussir?
Saint-Frnrt répandit avec tristesse que le
comm d;1111 français, -à.rtiso ; de sa situation,
ne semblait devoir arriver à aucune décou-
verte, et que, selon toute apparence, 1 in$iruc-
ti ui commencée par le SOt/or don Hodriguez,
l'alcade-mayor, n'aboutirait pa .
Cette at'urm .tion eut l'air de délivrer le cha-
noine d'une secrète inquiétude.
1 — Mais alors, monsieur de Saint-Front, i
reprit il, si le concours des autorités françai..1
ses et espagnoles vous manque, comment fe-,
rez-vous? ^ •
— L'honneur même de 11. viile est intéresse
à ce qu'un crim j. aussi monstrueux ait sa ré- :
pression ; t si je trouvais une personne hono- ;
table, influente, qui voulût bien ni'ap[)uyer ;
— N'espérez pas 1. trouver, vous ne la troll- ,
verez pas, interrompit don G J egorio avec vI.
vacité; les préventions nationales parlent trop
haut... Vous rtster: z réduit à vos propres for-
ces. , :
— Soit donc, dit Saint-Front; un homme
est bien fort quand il a, comme moi, fait la,
sacrifice de sa vie.
Il poursuivit aorès une nouvelle pause :
— Ne po trriez-vous du moins, monsieur le
chanoin , m'autoriser à visiter les couvents
de la ville?
— Pénétrer dans des couvents cloîtrés, vous,
un laï jue? Y pHnsez-vous? Nul ne peut en
franchir le seuil, SJU:5 peine d'albthèlIle et
d uxco.mun.uicatioh.
— Ou m'a déjà dit quelque c^ose de semMa-
ble; mais je venais à découvrir le couvent
où Bia!)ca)('!tit a éqj entraîné, un pareil obs-
tacle ne m'arrêterait pas. Il y a parmi les of-
liciers et les soldats français restAs à Sévilht
a.sez d'hommes lie bonne volent pour LI::-.f
avec moi e sf uicer les portes de cette maison
profeuiée, en arracher la coupable, et nous
saurions bien obliger la justice locale à faire,
son devoir... > ;
La cl-iayine hocha la tête en signe de néga-,
i
Iuvu»
(Lu suite à demain.)
ELIE BERTHET.
PARIS
Hier malin, dit Paris-Jmrml, petit déjeuner
très-intime, aux Tuilerips, chez le Prince Impé-
: rinl. Convive unique : le prince des Asturies. L'o-
rigine de ce 'irhi -t, auguste remonte à ^dimanche.
Elle est née dans la tribune des souverains, pen-
dant que les chevaux du grand prix prenaient
leur (iinti-î. Le Prince Impérial tenait pour .b'IJ"r-
rea», le prince des Asturies pour SO'ruelt".
Enjeu du pari : un déjeuner offert par le per-
dant.
C'est ce pari que l'héritier du trône liquidait
aujourd'hui.
L'épidémie d'* variole est décidément en voie de dé-
•eroissauce mais bien lente. Le chiffre des décès de la
dernière sexnaïue est encore de 165.
Une aventure comme on en compte peu :
Récemment AÏ" P..., notaire à Paris, appelé auprès
â'un moribond atteint de la petite vérole, gagne la
ma'adie et me >ri,. Son étude se trouve à vendre.
Plusieurs rfiiiattMus se présentent, on n'a que l'em-
barras du cho x et marché va être conclu, lorsque
Mme veuve l'... m.enient :
— Souvent, .lit-dle, mon fJlal'i a manifesté le désir
d'avoir son p.cminr clerc pour successeur, et je crois
qu'il est de n'en devoir de faire connaître ce vœu d'un,
mort et d'en demander t'accomptiFspment.
Le premier c.ierc était un très-honnête et intelligent
garçon qui n'avait que le défaut d'être pauvre.
En vain pmj o a-l-il (ie payer son étude en vingt ans.
La chambre (l,,, notaires s'opposa absolument à celte
sombillaboll. Ahr, Mme P... eut un mouvement d s
jlus louables e , en souvenir du désir manifesté par
son mari, ach la l'étude pour son compte et la remit
au premier clc:e. qui, sans un sou vaillant et sans fa-
mille, se trouve ?.ujourd'liui notaire à Paris. (S^ir.)
Après avoir dirigé sans succès plusieurs .établisse-
ments, Paul L..., appartenant à une famille honora-
ble de la Chaîne, en est réduit aux expédients pour
vivre.
Rencontrant * lit tombée de la nuit, sur la route
de Saint-Denis, une voiture bourgeoise, et profi, un
de l'absence 111(1111 maiiée du cocher en train de se ra-
fraichir-chez I marchand de vin voisin, il monta
dans le vcliii:ul<\ s' m para des rênes et. disparut.
Arrivé près d'une ai. berge dont la cour a deux en-
trées, il descendi , détela le cheval et abandonna le
«abriolet.
Il gagna a M ;nr ?a monture le chemin de ronde,
qu'il suivit ju qu';¡¡! boulevard du Trône, et mit pied
a terre à i'htnr • baim-Paul, où descendent les maqui-
gnons.
Le lendemain malin, s'abouchant avec l'un d'eux, il
proposa de lui ■ i dre un cheval.
Mais par Il:) ausard — qui s'explique du reste puis
que aussitôt qu un cheval est volé les maquignons en
reçoivent ¡mil,; ./;t}l'll)ellt avis avec le signalement, —
celui'm.quel il s' dre-sait venait d'être informé qu'un
eheval don! on dt'envait la couleur de la robe avait été
volé la veille.
Comme ¡¡l'fj''t'i:r et aussi comme curieux, le ma-
çjunmon se înclu à l'écurie et reconnut le cheval.
Ces sortes o. r.ia rh s 11e se traitent que le verre en
¡n,am; ils allèrent au cabaret. Tout en débattant le
prix, le maq^e, '"'i placé près de la fenêtre regardait
dans la rlw. ,\:,,¡'Cl'HlUt un sergent de ville, il lui fit
signe et, le t outrer, lui dit:
— Arrêtez j v Il ("'siein' qui veut me vendre un che-
val volé.
Tout en par IMI il sortit de la poche de son gilet un
billet qu'il ie.r;l. a Jat:.e.it; c'était le signalement du
:hevai.
Malgré sa protestation, Paul L... a. été conduit au
pogte. {Sièc.e.)
Nous avnn' parlé de la fnite de trois jeunes indus-
triels qui HViiieiti. ctnporté, pour mettre quelque ch,)se
sur le pain mer ,je iVx-il, 800,000 francs soustraits à
des trahit! i;r *r d^les.
Ces trois -II- ;MV, directeurs de trois établisse-
ments iinaL i ■ avai-nt fondé, sous la raison sociale
Thomasse' : ..':.ie leuille hebdomadaire,Y Eronmnir,
dont. les b . : étaient si'ués 21, rue de la Banque ;
le rédacte-ii e f de la chose se faisait appeler A.de
Cascrlatl.
Leurs opta étaient des plus simples; ils prè-
taient sur titres, et vendaient le lendemain les valeurs '
qu'on leur avait confiées. Aujourd'hui, les trois frères
d'armes sont hors d'atteinte.
Les administrateurs, parmi lesquels M. le comte de
Saint-G..., ont été mandés chez le juge d'instruction.
Encore de jaunes banquiers voyageurs !
Cette fois, il s'agit de la maison Bonnot et Ce, rue
Laffitte, 56. Un des associés est en fuite. L'autre, le
sieur Bonnot, a été rejoindre son père à Mazas.
Ce jeune homme, qui n'a que vingt-six ans, entre-
tenait une maîtresse — dont la caisse était mieux
garnie que la sienne.
La physionomie de cette caisse était curieuse. Sur
le devant, quelques piles de gros sous artistement
rangés ; puis des promesses d'action de compagn es
qui n'ont jamais existé ou qui n'ont pu venir au grand
juur, et cela vu à travers la grille du bureau suffi-
sait au public.
Le caissier même de cette maison est une des pre-
mières victimes. Ce malheureux avait sué sang et eau
pour économiser un cautionnement de deux mille
francs, qu'on a eu l'indélicatesse d'emporter.
Une femme de trente ans environ, fort élégamment
vêtue, et port mt des diamants aux oreilles, a tenté de
se jeter dans la Seine, avant-hier, vers deux heures,
sur le pont 11e Solférillo.
Elle en a été empêchée par un jeune homme, qui,
de toute la vitesse de ses chevaux, était accouru sur
le pont et n'avait eu que le temps de sauter à bas de
sa voiture.
Le jeune homme est remonté dans la voiture, et les
chevaux sont repartis au galop.
On a enterré hier, ; Enghien, un propriétaire, M. '
V..., qui s'est suicidé lundi matm dans des conditions
vraiment dramatiques.
Sa ft'mme sortait de son cabinet, ofi elle venait de
lui porter son chocolat, quand il s'est introduit dans
la bouche le canon d'un fusil Lefandleux, dont il a
pressé la détente avec le pied. La tète a littéralement
éclaté et la cervelle a sauté au plafond.
Le bruit court, dit le Fiya-o, que M. V... avait
voulu échapper ainsi à dp. terribles embarras. On di-
sait, qu'il ne pouvait achey r de payer les travaux
d'une grande maison qu'il faisait construire, que l'ar-
chitecte l'avait entraîné dans de trop grandes dé-
penses, et d'autres choses de ce genre.
Ce qui nous parait ètre la vérité, c'est que les facul-
tés mentales de M. V... s'étaient affaiblies à la suite
d'une expropriation à Paris. La Ville lui offrait à l'a-
miable 40e,000 francs, il en voulait 500,000, et ou
plaida. Le jury ne lui alloua que 180,000 francs, ce
qui le mit dans un état d'irritation extraordinaire,
souvent voisin de la folie.
Mme veuve V... reste avec une fille de seize ans et
un jeune garçon.
Un individu, paraissant en proie à la plus grande
exaltation, s'est élancé, hier soir, quai de la Tournetlc,
au-devant d'une voiture découverte et a arrèté le che-
val en disant au cocher :
— Faites décamper votre voyageur et menez-moi
rondement aux Tuileries. L'Empereur m'attend, ainsi
qu'Emile O livier. Il faut qu'ils fassent pleuvoir parce
que tout dépérit. A nous trois, nous allons sauver 11i
trancc!
En même temps il s'élançait dans la voiture.
Le sieur S..., rentier, place de lil Madeleine, quil'oc-'
cupât, voulut l'expulser avec l'aide du cocher; mais
le fou leur asséna des coups de canne qui leur mirent
le visage en sang.
Le sieur S... a reçu une grave blessure à la tête.
011 a eu une peine infinie à s'emparer de cet insensé,
devenu furieux, et à le conduire au poste.
Mme Bournchet, concierge, ru>, du Monthahor,'a
essayé de se suicider hier dans des conditions fort
originales.
fatiguée de végéter dans une loge, indigne d'une
femme « éduqnée » comme elle, elle s eit pendue...
pendue à son cordon.
Heureusement, le poids de son corps a fait ouvrir
la porte cochère, et, 011 a pu entendre de la rue les
cris rauques qui parlaient de sa loge.
Les voisins, arrivés, à temps, purent décrocher la
malheureuse qui, regardant son cordon d'un air som-
bre, s'est écriée :
« M'avoir fait souffrir toute mon existence entière,
et pas même bon pour m'en sortir! »
Deux malheureux, accidents ont été occasionnés hier
par le feu.
Dans une maison en construction rue Bichat, le
sieur Antoine Petavv, chargé de garder cet immeuble
pendant la nuit, vait allumé un grand feu au l'pz-
de-chaussée, au-dessous d'un vaste conduit de che-
mina* Cet individu, en fumant sa pipe, s'était bientôt
endt mi.
Réveillé une première fois par un ouvrier qui pré-
voyait ce qui allait arriver, il se rendormit sans dou-
te, car le lendemain matin à quatre heures, les plà-
triers, en venant reprendre leur travail, le trouvèrent
étendu en travers du foyer, les vêtements entièrement
consumés et le corps carbonisé.
Après les constatations d'usage, ces ouvriers trans-
portèrent le cadavre de cet individu à son domicile,
rue Galande, 56.
Le même soir, vers quatre heures, le jeune Adolphe
C..., enfant de quatre ans, dormait dans son berceau,
saus la garde de sa grand-'mère, dans le domicile de ses
parents, boulevard de Clichy, 65. Cette dame, ayant eu
une course à faire à quelque distance de là, abandonna
pour quelque temps son petit-fis dont le sommeil
tranquille lui enlevait toute inquiet-'de à son égard.
En revenant, une heure après, la grand'mère firt
étonnée de sentir dans l'escalier une odeur intense de
linge brûlé. Redoutant un malheur, cette dame hâta
le pas. Ses prévisions ne se réalisèrent que trop.
Un cruel spectacle se présenta à ses regards en en-
trant dans sa chambre. L'enfant se débattait dans les
dernières convulsions de l'agonie, et peu d'instants
après, la malheureuse femme affolée ne pressait plus
entre ses bras qu'un corps inanimé.
Le feu, qui des langes de la couchette s'était com-
muniqué aux vêtements I1n petit être, avait causé cet
irréparable malheur qui plonge un jeune ménage dans
la désolation.
On suppose qu'une allumette, tombée par hasard
dans le berceau, s'est enflammée par le frottement,
ou bien que l'enfant aura voulu s'amuser avec elle.
Le jardin du Palais-Royal a été mis en émoi, hier
soir, vers 8 heures, parlaso daine attaque d'un chien
énorme qui s'est jeté sur un jeune garçon inoffensif
âgé de 14 ans, l'a renversé et mordu cruellement à la
cuisse gauche.
Nous summes arrivé sur le th >'âtre de l'accident
comme un agent transportait le blessé dans une phar-
macie voisine.
On disait dans les groupes que le chien appartenait
à une très-grande dame, qui. aussitôt l'a enture, s'é-
tait enfuie, abandonnant le magnifique animal, tandis
qu un monsieur s'en emparait et s'éloignait à la h'ite.
On sait que Tl1renne a abjuré le protestantimns
pour la religion catho'iquc. et que toujours o:i en a
attribué le mérite à l'éloquence de Dossnet : un auto-
graphe de l'illustre maréchal, dernièrement trouvé
dans une vente, vient désillusionner, en ce qui touche
cette conversion, les admirateurs de l'ftir¡le dp Mpoux :.
c'est une lettre écrite par Turenne a sa femme, le
12 mai 1660.
Dans cette missive toute confidentielle, il l'informe
qu'on lui a demandé, en gxmd s'il voulait
changer de religion pour être connétable.
DÉPARTEMENTS ET COLONIES
Nous empruntorffe les faits suivants au Loing de
Montargis :
Le facteur rural de la commune de Montcresson, en
revenant, lundi dernier, de Palicourt, a fait une ÍIu-
portante capture. ; .
11 marchait tranquillement à travers I)Ois, lorsqui
aperçut lin jeune louveteau qui folâtrait, puis deux
puis cinq. ]Sutre brave l'acteur, anci it soldat amputé
d'un bras, était très-embarrassé, il en prit quatre
dans son unique main et un autre einrb ses dr'ctts.
sur ces entrefaites, la mère ai r ve mais par sa conta-^
nance énergique il réussit à l'intimider et elle u'oia 4
pas l'attaquer. Il rapporta tr'o npitalemenr sa capture
à Montargis, où 0.1.1; avons vu les jaunes louveteaux,
qui ont déjà des dents presque aussi fortes que celles
d'un chien loulou..
Voici quelques détails au sujet de l'accident de Bor-
deaux, qui nous était annoncé liier par dépêche télé-
graphique.
Le bateau Hirondelle faisait le trajet de Bacalan a
Bordeaux. Il transporte le matin à Bacalan et ramène
le soir à Bordeaux des ouyriersrs du chantier de l'D-
céan, construction de navires.
Avant-hier soir, entre cinq et six heures, comme
le bah'au allait arriver au pouton pour débarquer une
centaine d'ou'.riet', soit par une fausse m m œuvre, sost
par une autre cause inconnue, la cheminée-a donné
contre le beaupré d un na- ire mouillé dans la rade.
Le choc lut si violer.t qu'une partie des passagers ont
été jetés à l'eau.
Deux ouvriers ont été grièvement blessés.
D'après la rumeur publique, il y a des tué-, et des
noyés, mais nous ne donnons cette nouvelle que sous
toute réserve. ,
Avant-hier lundi, vers quatre heures et demie dis
matin, un incendie a éclaté dans les ateliers du m&-,
gnifique établissement de peignage de laines de M.1
Thuillier-Gelli-e, à Saint-Roch.fès-Amiens. ;
On évalue les pertes à 100 ou 150,000 fr., couvertes
par des assurances. [
On espère que l'interruption des travaux de l'usine;
ne sera pas de longue durée, la portion des bâtiments !
où se trouvent les moteurs ayant été épargnée.
Hier, vers une heure de l'après-midi, le feu avait
pris dans le bois dit de Mé, qui se trouve à un kilo- i
mètre de Bièvres et à la même distance de Jouv. ;
C'est surtout dans le sous-bois et dans les feuilles '■
mortes que l'incendie paraissait se propager. ?
Les gardes forestiers accoururent en toute hâte,
puis les pompiers de JOIlY et de Bièvres.
Vers quatre heures, comme les quatre coins de la.
forêt flambaient, on envoya de Versailles deux sec-
tions d'ouvriers d'administration et 120 hommes de
l'a-tiHerie montée pour aider les travailleurs.
Il ne fallait pas penser à avoir de l'eau, on en était
réduit à combattre le feu en faisant des tranchées à
coups de pioche, de pelle et de de petites hachettes.
A sept heures du soir, on n'était pas maitre d®
l'incendie, et l'on constatait déjà pres de trois hec-i
tares de bois brûlés.
A h it heures, soixante hussards et deux brigadeg
de gendarmes vinrent relever les ar illeurs.
Les SOixant.e hussards, les deux brigades de gen-:
darmerie et les pompiers sont restés en permanence
toute la nuit dans la forêt.
Le Gfl' l'lis dit qu'à dix heures et demie l'incendia
n'était pas près d'ëtr.' éteint, et il y en avait pr.::s da
six hectares de bois d'incendiés.
ÉTRANGER
Les funérailles de Dickens, l'illustre romancier an-
glais. ont eu lieu, mardi matin, à Londres, avec la,
plus grande simplicité, mais aussi avec la plus gl'anù6
l'motion. ;
Dickens dort désormais dans l'église de Wesminster, ;
le Panthéon de l'Angleterre, et la seule sépulture digne
de ce grand homme. '
Par ordre de h famille, qui assistait pres ue seula
aux obsèques, la cérémonie n'ayant pas été annoncée
publiquement, il se trouva peu de monde aux abords:
de l'a u baye.. •
Le révemid Stanley, entouré de ses chanoiees reçut ..
le corps qui fut transporté dans la chapelle de la Foi,
appelée aussi le coin des Poëtes, et descendu apre-s
dans une fusse provisoire. Le doyen officia. Il n'y eut
ni chsm!., ni d'autre musique-que queues accords de
l'orgu&. , i
A di\ heures, tout était termina. La nouvelle - s , eu
répandit aussitôt dans Londrps. et plus de cent miilft
personnes accoururent dans la journée rendre un der-
nier devoir à l'émiuent écrivain qui reposea ijoiir(I hui
près d'Addîsson et de Shéridan, et non loin de Garrick.
et de Shakesperae. — A. u.. ,
Des courses viennent d'avoir lieu à Spa. Varia»
J"UJ"/lItl nous apprend qu'un monsieur de Bruxelles
qui avait ga.gné 70,000 fr. dans sa journée, a eté VOlé;
le son-. de 4>0,000.
On a l'ait fermer les portes et fouiller tout le monde,
infructueusement, bien entendu. Après cette opération,
1la, banque s'est fouillée à son tour, et a généreusement
remboursé la somme perdue.
Les habitués du théâtre de Bowery (Etats-Unis) ont
été mis-eu émoi samedi soir par une scène t 'rl'Í'ble.
On exhibe depuis huit jours, daii* ce théâtre, des
lions soi-di^aut apprivoisés et une dompteuse, Minnie
Wells, dite ha R :iwe des lions. La dompteuse, en en-
trant samedi dans la cage, frappa un des lions de sa
cravache. Mais l'animal, au lieu de se soumettre à ce
châtiment, bondit sur Minnie Wells et la renversa eu
poussant un sourd l'ng¡s:\enF.nl. Puis, son naturel fé-
roce reprenant le dcs. us, il lui enfonça ses griffes
dans l'épaule.
Accourus aussHôt, les employés firent lâcher prise
au lion en lui assénant sur la tête de grands coups de
barre de fer. Mais déjà Minnie Wells avait l'épanle
et le cou profondément lacérés. Sa main droite avait
également été déchirée par le lion, et on croit que
i'a.mputa.tion sera. nécessaire.
L'HISTOIRE D'UN CADAVRE
NOUVELLE HISTORIQUE
PAR ELIE BERTHET
VII
Le chanoine.
10
Lorsque 'ieu? liant Saint-Front éteignit
la-maiPOn ,i' 11 demeurait, la nuit commen-
çait à tomlic . I é,r.aii épuisé do fatigue et d'é-
motioii, d"\":>¡\ :
e,iiten 1Ir,,, -.nus une langue qui n'était ri du
français ni . 1'-bpagnol,
peui-êire (Ji ni» quelque indication précieu-
;se A lui «kïft .e,!' sur ce qui ét-it l'objet unique
de ses pré J,: •ons) s'empressa de se ren-
dre, malgn -.m ;«; nblement, auprès du maître
du lo^is.
Il le 1T ;;: a. Uns une ?alle noresque, tonit
en mar!) f = : niie. de ces mervulleusesfaïen-
ces arabes \!'It"d! appelle azulynes. Cette pièce,
Voir le numértl du 8 juin.
très-fraîche, servait de salle à manger, et en
ce moment un,' table frugalement se vie, à
deux couverts, était. prête pour le souper. Don
Gr.,,,-Orio, assis ptès d'une ferlê; re, lisait son ■
biéviaire ; à la vue de Saint-Front, il se leva
et vint avec empressement au-dev ntde iui.
Le chanoine était uifchomme d'environ qua-
rante ans,gr
toiiede l'un 11: l'hypocrisie de l'autre. On voy it
au ■ OErtrai-re, sur cette figure loague 'et rWIÍ-
gre, une expression d'aménité; ses yeux noirs,
oien ouverts, regarda ent avec franchise et
raYonna ent d'Írlleligeo(:e. Sa taille paraissait
presque colossale sous la soutane noire et le
manteau de s ue qui form â-nt son costume,
et ell .- ajoutai encore à la dignité naturell - (Je
ta p rs-)nne. Don Gregorio pa sa't. en effet,
pour un des hommes les plus instruits, les
plus éclairés de Seviile, et le ring (Iti'il occu-
pait, dans le clergé local lui donnait beaucoup
d'influence. Il appartenait à cet opulent chapi-
tre de la cathedraie. don les chtn"ines avaient
alors rang d'évêques et, comme les évêquas,
portaient la crosse et la iniiro daus le,,i c-ÍI;é-
ni tues religieuses.
Il était donc pos -:Iblo, qu'un personnage de
cette importance eût fait quelque découverte
can-ab'e de fac'lifcT la tâche de Saiur-Front;
mais le pauvre ,jeutemmt. ne tarda pas à être
détr tril)é, Don Greg >rio lui prit les m-ins, lui
adres-a des condations am caies, et nau. par
1 prier avec iustauce de se mettre à table avec
lui.
ftaint-Front. désappointé voulut d'abord re-
fuser cette invitation ; mais il importait de ne
pas offenser un hôte dont les bons offices pou-
vaient encore devenir néc'.pssairus. D'ailleurs
l'officier éta t à un âg-e où, eu dépit des plus
violents chagrins, la n t Ill'e ne perd j am,a es
droit , ,et. Cdro t,ble appétissante lui rappelait
que d- puis plus de vingt.- .uatre heures il n'a-
vait pris aucune e p',ce de iiotir: it. re.
Il accepta donc, et ils se mirent à souper,
servis par u ne espèce de Gil Pcrez, moitié va-
!et, moitié sa ristain, qni, avec la vieille gou-
vernante, formait la domesticité .iu chailoine.
011 p :ti-la peu durant le rep^as. Don Gregorio
semblait rf'spec er la douleur de SOli convivf;
il se bornait à lui témoigner mille égards. Le
soup'r fini, on passa dans le potio, et pendant
que Saint-Front, a lumait un clf;ï:lT'(', le cha-
noine lui- L ême ne dédaigna pns de rouler
une cigaret e, selon l'habitude de tout bon
Espagnol.
Ils étaient assis en face l'un de l'autre, au
pie 1 d'un ora ger, juste A la pl -ce où, a veille
encore, S iut-Front et le malheureux Blanc-
rné'ii) devisaient si joyeusement.
— Eh bien ! m"usi.'ur le lieutenant, deman-
da dcin Greg 'r'o avec int'ret, ou en sont 1 s
démarches pour découvrir cette femme crimi-
nelle.'? Kspere-t-ou réussir?
Saint-Frnrt répandit avec tristesse que le
comm d;1111 français, -à.rtiso ; de sa situation,
ne semblait devoir arriver à aucune décou-
verte, et que, selon toute apparence, 1 in$iruc-
ti ui commencée par le SOt/or don Hodriguez,
l'alcade-mayor, n'aboutirait pa .
Cette at'urm .tion eut l'air de délivrer le cha-
noine d'une secrète inquiétude.
1 — Mais alors, monsieur de Saint-Front, i
reprit il, si le concours des autorités françai..1
ses et espagnoles vous manque, comment fe-,
rez-vous? ^ •
— L'honneur même de 11. viile est intéresse
à ce qu'un crim j. aussi monstrueux ait sa ré- :
pression ; t si je trouvais une personne hono- ;
table, influente, qui voulût bien ni'ap[)uyer ;
— N'espérez pas 1. trouver, vous ne la troll- ,
verez pas, interrompit don G J egorio avec vI.
vacité; les préventions nationales parlent trop
haut... Vous rtster: z réduit à vos propres for-
ces. , :
— Soit donc, dit Saint-Front; un homme
est bien fort quand il a, comme moi, fait la,
sacrifice de sa vie.
Il poursuivit aorès une nouvelle pause :
— Ne po trriez-vous du moins, monsieur le
chanoin , m'autoriser à visiter les couvents
de la ville?
— Pénétrer dans des couvents cloîtrés, vous,
un laï jue? Y pHnsez-vous? Nul ne peut en
franchir le seuil, SJU:5 peine d'albthèlIle et
d uxco.mun.uicatioh.
— Ou m'a déjà dit quelque c^ose de semMa-
ble; mais je venais à découvrir le couvent
où Bia!)ca)('!tit a éqj entraîné, un pareil obs-
tacle ne m'arrêterait pas. Il y a parmi les of-
liciers et les soldats français restAs à Sévilht
a.sez d'hommes lie bonne volent pour LI::-.f
avec moi e sf uicer les portes de cette maison
profeuiée, en arracher la coupable, et nous
saurions bien obliger la justice locale à faire,
son devoir... > ;
La cl-iayine hocha la tête en signe de néga-,
i
Iuvu»
(Lu suite à demain.)
ELIE BERTHET.
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