Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-15
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 juin 1870 15 juin 1870
Description : 1870/06/15 (A5,N1518). 1870/06/15 (A5,N1518).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716946q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
se rend à la prison. On amène Foa. qui, immédiate-
ment s'élance vers son défenseur en criant :
— Je te tiens, misérable! tu t'es entendu avec ma
femme pour me faire condamner.
Et il allait passer de la parole aux actes, quand les
surveillants sont intervenus et l'ont réintégré dans sa
cellule.
Depuis quelques semaiaee, de nombreux vols de
linge sont commis dans différents quartiers par un
audacieux voleur.
Cet individu, qui a le costume et les allures d'un
garçon blanchisseur, se présente avec assurance chez
les concierges et demande si le locataire de tel ou tel
étage n'a pas laissé un paquet de linge pour le blan-
chisseur. Si la réponse est négative; il monte sans hé-
sitation et redescend quelques minutes après en disant
n'avoir pas t"ouvé son client. Si, comme cela arrive
souvenr, un locataire a laissé un paquet de linge en
s'en allant le malin, le concierge, trompé par l'air
d'honnêteté du prétendu blanchisseur, lui remet aus-
sitôt l'objet demandé. Il va sans dire qu'on ne le revoit
jamais deux fois dans la même maison.
Plusieurs blanchisseurs, par suite de ces coupables
manœuvres, se sont vu réclamer du linge qu'ils n'a-
vaient pas reçu, et, après s'être expliqués avec leurs
clients, se sont décidés à porter plainte contre i'auda-
tieux malfaiteur.
Ces* un jeune homme de vingt ans environ, de taille
moyenne, imberbe,-le teint fortement coloré. Il est
ordinairement vêtu d'une blouse et d'un pantalon bleus
et coiffé d'une casquette de soie noire.
Des recherches ont été prescrites pour arriver à dé-
couvrir ce voleur spécialiste, qui ne tardera pas sans
doute J. tomber entre les mains de la justice.
Vêtu élégamment, la boutonnière ornée du ruban
de la Légion d'honneur, le nommé V n'est autre
qu'un de ces chevaliers d'industrie desquels aux archi-
ves de la police et du Palais-de-Justice ou trouve les
dossiers sous ce titre :
« Franc bourgeois. »
Il se présente chez M. le marquis de X..., quartier
des Champs-Elysées.
— Je sais, dit-il, greffier d'instruction judiciaire, et
'je viens vous prier de me donner des renseignements
sur le nommé G.i.., arrêté et compromis dans' une
grave affaire, et qui prétend avoir été, comme domes-
tjqur'; 2, votre service.
— Je n'ai jamais eu, répond M. X..., de domestique
de ce nom.
— Cependant, affirme le greffier, il donne sur votre
maison, sur "OS habitudes, des renseignements circon-
stanciés; on vous l'amènera demain et je crois bien
que vous le reconnaîtrez.
Puis il prend congé avec toutes les formes d'une
exquise politesse.
A peine est-il parti que M. le marquis s'aperçoit
qu'un superbe diamant vient de lui être volé; il ap-
pelle ses domestiques. On court après le prétendu
greffier qui, se voyant pris, ôte et avale son ruban de
la Légion d'honneur.
Conduit au poste et fouillé, il est trouvé nanti du
diaD'1:1nt et d'une lettre contenant des renseignements
très-détaillés sur un grand nombre de riches person-
nages de Paris,
i Avant-hier soir, à neuf heures environ, une détona-
tion mettait en émoi tout le quartier de la rue Tron-
chet.
En effet, une explosion de gaz produite par une cir-
constance :nconnlle dans le café Tronchet, avait fait
éclater les vitres et les glaces.
Les pompiers du poste le plus voisin accoururent
pour combattre l'incendie qui couvait dans les boise- i
ries. On se rendit bientôt maître du commencement
d'incendie.
Une femme, une mulâtre, qui montait l'escalier de
la maison, surprise par le bruit de la détonation, s'est
trouvée mal. Transportée dans une maison voisine,
elle n'a repris ses sens qu'après de longs soins et a
conservé un tremblement nerveux qui durera sans
doute plusieurs jours.
On exécute en ce moment sur tout le parcours de
la rue de Bùulogne un égout principal, qui doit rece-
voir les eaux pluviales et ménagères des maisons en
bordure. La tranchée, large et profonde, coupe un
banc de sable jaune. Hier, vers quatre heures, un
éboulement s'est tout à coup produit en faisait dispa-
raître trois - ouvriers. Le sauvetage s'est immédiate-
ment organisé. Les pompiers de la rue Blanche, sous
les ordres d'un capitaine, se sont joints aux terrassiers
pour op'rer le déblaiement, mais c'est à six heures
seulement que les trois ensevelis ont été tout à fait dé-
gagés. Des médecins du quartier leur ont donné les
premiers soins.
Un accident assez grave est arrivé dimanche au mo-
ment du retour des courses, à l'angle des Champs-
E!\'sees «t. de la place de la Concurde. Une Victoria,
appartenant à -M. de ïî... S..., et attelé d'un cheval
ombrageux, s'est jetée dans un panier de louage, dont
le cocher a reçu d'assez graves contusion, ainsi que
deux personnes, un monsieur et une dame, qui se
trouvaient dans la voiture.
Au haut de l'avenue, près de l'arc de l'Etoile, un
collégien a été jeté à bas de son cheval, et ou a craint
un instant qu'il ne fut écrase— Mais il a pu se relever
clopin-clopant. et ramener sa monture, par la ',,bride,
d'un air horriblement piteux.
Du reste, le défilé présentait un coup d'rril des plus
gracieux, et nos sportwoiuen inauguraient leurs plus
fraîches toilettes d'été.
Grands changements au Jardin des plantes! Dans
les terrains annexés de la rue de Bufibn, un nouvel
amphithéâtre doit être prochainement construit, et
dans le jardin même, sur l'emplacement des anciens
ateliers, va s'élaver une nouvelle galerie pour les rep-
tile».
La ménagerie des reptiles du Jardin des plantes est
de création relativement moderne; elle n'a pas encore
un demi-siècle.
C'était quelques années après 1830, le docteur Du-
méril, alors directeur de la section zoologique, rencon-
tre un jour aux Champs-Elysées un homme qui mon-
trait un crocodile et quelques serpents. Il s'arrête â
contempler cette ménagerie foraine, il en interroge le
propriétaire, fait marché avec lui, et l'emmène au Jar-
din des plantes, où il l'installe avec ses bêtes : telle
est l'origine de la galerie des ophidiens.
Le docteur eut du reste la main très-heureuse, car
cet homme qu'il engageait sans le connaître s'est ré-
vélé plus tard par son aptitude et les services qu il a
rendus à la scienne : c'était M. Valée, qui dirige en-
core aujourd'hui la galerie des reptiles.
Le Jardin des plantes possède 1,200 animaux vi-
vants sans compter les reptiles. La subvention accor-
dée par l'Etat à cet utile établissement est des plus
modiques, car elle n'est que d'un demi-million, sur
lequel il faut payer seize professeurs, les gardiens,
tous le personnelenfin, et pourvoir à la nourriture de
la population de cette arche de Noé.
Plusieurs cas d'aliénation mentale se sont manifestés
hier.
A six heures du matin, sur la berge du quai de
l'Horloge, on a trouvé une femme à genoux, les mains
jointes et comme en extase. Un sergent de ville étant
descendu vers elle :
— Voyez-vous, lui a-t-elle dit, là-bas, au fond de
l'eau, la Sainte-Vierge qui m'appelle? Je vais vers
elle. Adieu! ■ -:•
Et elle s'élança vers la rivière. Ma.ia l'agent la retint
par la robe et la conduisit au poste.
Vers la même heure, rue Commines, un jeune
homme, en proie à une extrême surexcitation, se pré-
sentait au poste et déclarait qu'il venait se constituer
prisonnier parce qu'il avait assassiné son patron,
marchand -de nouveautés, et volé pour un millier de
francs de marchandises.
On a constaté que ce jeune homme était le plus hon-
nête garçon du monde, et qu'il était sous le coup d'un
accès d'aliénation mentale.
Rue Réaumur, une jeune femme voulait à toute
force s'installer dans un appartement et se mettre au
lit, en_ soutenant que c'était son domicile. Il a été éta-
bli qu'elle demeurait en réalité rue de Meaux, et on
l'a envoyée à ta préructut-(!,.
Enfin, le sieur V..., rentier, était resté pendant qua-
rante-huit heures chez lui sans bouger, affirmant que
son corps était en verre et que le moindre mouvement
pourrait lui briser un membre.
Hier sa femme et un de ses parents l'ont déterminé
à sortir avec eux; mais ayant été heurté par un pas-
sant, il s'est laissé aller à terre et n'a plus voulu se
relever, en affirmant qu'il était brisé.
Des mesures ont été prises pour faire admettre cet
infortuné dans une maison de santé.
Un séducteur arrive à enlever une femme à son
mari, raconte le Figa-o.
Vous croyez peut-être que celui-ci se fâche, parle
de duel ou de proce?? Point; il se contente d'écrire
au ravisseur :
« Monsieur,
« Voilà longtemps que je cherchais à me débarras-
ser de ma femme, qui, je vous l'avoue, m'était deve-
nue antipathique...
«Le hasard ayant fait qu'elle fût mordue, il y a huit
jours, par un chien enragé, j'attendais avec résigna-
tion l'issue fatale... Vous y assisterez et c'est à .vous
qu'incombe la charge de réprimer des accès terri-
bles...
« Soyez béni, monsieur, et rappelez-vous que la ra-
ge, c'est comme les macarons... ça se gagne! »
Vous voyez d'ici la figure du séducteur!
DÉPARTEMENTS ET COLONIES
M. Audoque, vieillard de soixante-dix ans, se ren-
dit. de Cette il Lyon. A la station de Valence, il vou-
lut. traverser la voie pour se rendre aux cabinets qui
se trouvaient de l'autre côté. Cette voie n'était gardée
par aucun employé.
A ce moment arrivait l'express de Marseille à Paris.
Le malheureux fut renversé et brf'yé.
Hier, dit. la Guienne, plusieurs agents de police se
trouvaient aux abords du passée qui va du cours
d'Albret à la rue du Palaia-du-Justice et traverse les
prisons; ils semblaient attendre quelqu'un.
Survient un monsieur d'un certain âge, décoré, cl
aux allures tout à fait militaires; c'était lui que les
agents guettaient. Ils l'entourèrent aussitôt, et, en
vertu d un mandat d'amener qu'ils lui mirent sous les
yeux, l'arrêtèrent. Celui-ci n'opposa aucune résistance
et prit même les devants, faisant contre mauvaise for-
tune bon cœur.
Le fait n'est que trop réel, dit un autre journal, et
le monsieur arrêté n'est autre qu'un général de bri-
gade connu à Bordeaux et plus particulièrement dans
le ressort de la division. Il se serait, dit-on, rendu
coupable du crime de faux en écriture privée. Il ap-
partient au cadre de réserve.
On lit dans le Propagnt'nrde l'Aube:
« Lundi dernier, les habitants du hameau de JJuis-
le-Hoi, ne voyant pas sortir de chez elle une j't:ILnnc
Ramond, pressentirent un malheur et pénétrèrent dans
sa maison. Un spectacle épouvantable s'oii'rit alors à
leurs yeux. La femme Ramond était étendue inanimée
sur un lit, et à côté pendait le cadavre d'un en Tant
nouveau-né, retenu encore par le cordon ombilical.
« Elle s'était empoisonnée avec du phosphore et était
accouchée dans les tortures de l'agonie.
« La science a déclaré que l'enfant n'avait pas
vécu.
« Cette femme, séparée de son mari, vivait dans la
déhauche.»
Un incendie a détruit à Toulouse, dans la soirée du
vendredi 1.0 juin, une maison située boulevard -de
l'Artillerie, et à l'angle de la rue Lejeune, en face de
la caserne monumentale.
Le feu s'est déclaré vers neuf heures du soir dans la
cave de cette maison, dont le rez-de-chaussée était
occupé par M. Lafage, limonadier. Il s'est communi-
qué avec une effrayante vitesse aux deux étages su-
périeurs, habités par M. Harmand, capitaine en re-
traite, et par sa sœur âgée d'environ 62 ans. Aux cris
poussés par la domestique de la femme Lafage, M. Vit-
teau, limonadier dans le voisinage, est accouru ; il est
allé avertir ces malheureux du sort qui les mondait
s'ils ne quittaient à l'instant même leurs apparte-
ments. M. Harmand et; son jeune enfant sont descen-
dus à la hâte, sans mettre, de vêtements.'
La demoiselle Harmand n'a pas voulu descendre
avant de s'être habillée : pendant le peu de temps
qu'elle a mis à se couvrir, l'incendie a fait, Je tels
progrès que la retraite lui a été coupée; l'infortunée
a dû succomber, asphyxiée par l'immense fumée qui
s'échappait de partout. Son corps a été retrouvé en-
tièrement carbonisé, sous une poutre du second étage.
M. La.fa.ge, limonadier, était couché avec ses deux
enfants désole début de l'incendie; on les a éveillés à
temps, et les enfants ont été mis en lieu de sûreté.
Mais M. Lafage a reçu plusieurs brûlures qui ont né-
cessité son transport à l'hospice. Les pertes sont con-
sidérables, ajoute le Journal tie Toulome.
Un bien triste accident, dit le Méridionall a eu lieu
jeudi, dans le courant du Rhône, côté de l'île de 'la
Barthelasse, près de l'embarcadère du bac.
La victime est une pauvre petite fillette de huit ans;
nommée Thérésine Roux, et dont les parents habitent
la rue Oriflamme, à Avignon.
En jouant elle allait puiser de l'eau au fleuve avec
une bouteille, le pied lui glissa. Personne pour. lui
porter seeours. Et, entrainée au large par le courant,
on vit ses petites mains s'agiter un instant au-dessus
de l'eau; puis, le flot s'éloigna enveloppant tout à fait
le corps, ou plutôt servant de suaire, au cadavre de
cette pauvre petite âme. -
On sait, dit le Courrier de l'Ain, combien il est im-
prudent, de la part des nourrices, de coucher auprès
d'elles leurs nourrissons dans leur lit. Dans la nuit du 8
au 9 juin, une jeune mère, âgée de 24 ans, avait tiré
de son bercea.u son enfant, âgé d'un mois, pour l'al-
laiter. Fatiguée par les travaux de la journée, elle
s'endormit, laissant auprès d'elle son nourrisson. Elle
le trouva étouffé deux heures après.
i^a fête de Chailley-a été attristée lundi dernier par
un triste accident.
L'aubergiste du lieu avait établi chez lui un con-
cours a la cible. Eugène B..., l'un des tireurs, avait
dépose son fusil à deux coups dans un coin de la salle '
du binard,. lorsque le jeune B..., apercevant l'arme, la.
passe (l son bras et se rend dans la rue, la portant en
bandoulière. Mais, soit que la bretelle fût'rnal assu-
jettie ou qu'un bouton.se fut détaché, le fusil tomba à.
terre et la secousse fit partir les deux coups à la fois.
Lune des balles s'est perdue dans le vide, mais l'au-
tre, prc.jetec sur un mur, lit ricochet et se dirigea sur >
la place ou stationnaient plus de cent personnes. a'
Trois d'entre elles ont été blessées. La: première
cu le pied labouré par le projectile qui, après avoir"
traverse de part en part le pied de la seconde, a frappé '
.i la jambe droite la troisième placée à côté. Mais sa. r
force étant amortie, cette dernière blessure n'offre
lueun danger.
Tous les soins possibles ont été donnés aux deux
blesses, dont la situation ne laisse pas d'être muuie-'
tante.
ÉTRANGES
On écrit de Madrid, le il juin lSïO, au journal le
Droit :
Les deux habitants de Gibraltar dont je vous avais
annoncé l'enlèvement par des bandits espagnols sont
enfin rentrés sains et saufs dans cette ville. La nouvelle
de leur mise en liberté avait été donnée prématuré-
ment par le télégraphe.
Le 4 de ce mois, M. Bonell, l'une des victimes,
était en effet venu à GilJraltar, en compagnie d'un .
des bandi'p-, pour y chercher la rançon fixée par les
vo!eurs. Celle-ci était de 27,000 piastres (142,000
francs). ■
CeLte somme fut payée par le gouverneur immédia-
tement et remise le lendemain dans la matinée aux
bandits. Le 7, à midi et demi, M. Bonell jeune arri-
vait à son tour à Puerto-Santa-Maria, près de Cadix,
et. dans cette dernière ville, il s'est embarqué pour
Gibraltar.. 11
Le gouvernement espagnol a remboursé aux auto-
rités anglaises le monta.nt de la rançon.
Il parait que les bandits se proposaient d'iilier gaie-
ment dépenser à Sé ville le fruit de leur brigandage,
car, dans la matinée du 8, leur présence fut signalée
aux environs de cette ville dans une mauvaise hôtel-
lerie appelée la E, ilrtnli. Aussitôt un petit détache-
ment de gardes civils, composée de cinq hommes et
d'un sergent, fut lancé contre eux; une lutte très-vive
s'engagea, et les bandits, au nombre de quatre, se
battirent avec le courage du désespoir. Trois d'entre
eux, et parmi ceux-ci le chef Francisco-Martin Espejo,
furent tués; le quatrième a pu s'enfuir.
Un garde civil a été très grièvement blessé, et ses
compagnons d'armes se sont emparés d'une somme de
17,000 fr., de deux chevaux, d'une jument et d'une
multitude d'objets.
On avait dit à tort que MM. Bonell étaient Anglais;
ce sont des Français domiciliés à Gibraltar depuis
longues années. ^ _ ;; .
Un acteur, nommé Tasso, vient de mourir à Lis-
bonne. •-
Il fallait qu'il fùt à la fois adoré et estimé du PU-
blic, car voici ce qui s'est passé dans la capitale por- -
tupaiso. -
Une représentation ayant été organisée au bénéfice.
de sa veuve, la plupart des spectateurs s'y sont rendus
avec des vêtements de deuil, et, après le second acte
de M^rtha, le rideau se leva sur un décor tout tendu
de noir ; au, fond, on voyait le portrait du défunt»
entouré de couronnes nombreuses, gages de ses
triomphes. ,
Tous les artistes des deuxthéâtrest, Maria etTrindade.
se trouvaient groupés de chaque côté de la scène et.,
habillés de deuil. Alors, Emilia-Adelaïde se détacha.
du groupe où elle se trouvait, et aussitôt tout le
monde se leva et écouta avec émotion les beaux vers
de Pinheiro Chagas, que la célèbre artiste ne put réci-
ter qu'interrompue it chaque, mot pour ainsi dire par
ses propres sanglots., '
Après cet hommage rendu à la mémoire de Tasso,
le rideau tomba au milieu de l'émotion générale.
A - ■
L'ÉGLISE SAINT-GERVAIS
L'église Saint-Gervais, dont les abords doivent être
prochainement dégagés par suite des travaux projetés, I
ainsi que nous l'avons annoncé, est de très-ancienne, -
origine.
L'HISTOIRE D'UN CADAVRE
NOUVELLE HISTORIQUE
PAR ÉLIE BERTHET
V
Les suites d'une imprudence.
"8
(Suite)
Il y eut quelques minutes de silence. Le
jeune officier, quoique moins agité, éprouvait
toujours une sorte d'oppression. L'Espagnole,
au contraire, à deux pas de ce cadavre qui
était peut-être celui d'une de ses victimes, ne
laissait deviner r i émotion ni crainte. Dans le
palme profond du souterrain, on entendait son
haleine aussi tranquille, aussi régulière que
celle d'un enfant endormi.
Enfin, jugeant le repos suffisant, elle dit:
— Un dernier effort, alferez!... Le jour ne
peut tarder à paraître, et 'si l'on nous surpre-
nait... Je veux vous ramener à la rue du Can-
ailejo, selon ma promesse.
Voir le numéro du 8 juin.
— En ce cas, senora, répondit Blancménil
avec lm accent brusque qui ne lui était pas
ordinaire, abrégez le chemin le plus possible.
Je vous le répète, cette besogne de croque-
mort me répugne extrêmement, et quel que
soit mon désir de vous rendre service... D'ail-
leurs, j'éprouve un malaise inexprimable, et si
le trajet venait à se prolonger, la force me
manquerait peut-être.
L'inconnue ne répondit pas, mais les paroles
du lieutenant parurent lui donner un redou-
blement d'activité. Elle alla ouvrir la porte de
la rue; puis elle aida Blancménil à recharger
le cadavre, et le soutenant elle-même en par-
tie, ils sortirent du passage.
L'officier, malgré l'embarras de sa situation,
remarqua très-bien que la porte qu'ils venaient
de franchir était très-basse, vieille et dissimu-
lée dans un grand mur qui semblait dépendre
d'un important édifice.
L'Espagnole ne lui permit pas de se retour-
ner et l'entraîna.
La promenade dans le dédale compliqué des
rues environnantes recommença donc; mais
cette fois Blancménil n'avait plus les idées
joyeuses qui le soutenaient précédemment;
son fardeau l'écrasait, et au bout d'une cen-
taine de pas, sa démarche redevint chance-
lante.
L'inconnue n'essayait plus de l'abuser par
des détours inutiles, quoiqu'elle s'efforçât en-
core de le dépister, en le conduisant par; les
rues les plus solitaires, les plus tortueuses et
les plus obscures. Le malheureux jeune hom-
me haletait, poussait des gémissements; il
suppliait sa compagne de faire une nouvelle
halte ou du moins de ralentir le pas ; mais elle
se bornait à lui dire distraitement :
— Courage!... Nous approchons... Encore
un effort, au nom de la purissima !
Et l'on continuait.d'avancer.
Chose singulière! quoique Blancrnénil, à
bout de vigueur et de patience, fût mainte-
nant libre de se dérober à cette abominable
corvée, l'idée ne lui en vint pas. Ses percep-
tions étaient confuses, sa volonté s'engourdis-
sait. Il subissait, sans s'en rendre compte, le
despotisme de cette femme impitoyable. Lui,
d'ordinaire si impétueux et. si hardi, ne son-
geait pas à rejeter sur le pavé son indigne
fardeau et à dire à sa persécutrice : « Que
vous le vouliez ou non, je n'irai pas plus
loin. » !
Un danger se révéla bientôt d'une manière
inopinée.
Au tournant d'une rue, Blancménil et l'Es-
pagnole se trouvèrent face à face avec un gar-
de de nuit. Le srrcno, quand il vit ce groupe
étrange, interrompit son chant monotone, mit
sa pique en travers du chemin et, élevant sa
lanterne, demanda avec étonnement :
— Santa Maria! qu'est ceci?
Nous savons que, soit fatigue, soit ahurisse-
ment, l'officier était incapable de répondre;
mais l'inconnue, s'empressa d'intervenir. Ca-
chant son visage dans sa mantille, elle répon-
dit pu sereno d'un ton assuré :
— Ami, c'est mon mari, le pauvre Pepe. Il
est ivre, et il s'est battu contre un baratero
dans un cabaret de la Vacurena... Ce brave 1
Français a bien voulu m'aider à le transporter
chez nous. Que tous les saints du paradis 1 j*
récompensent pour sa bonne action! -y
Celte explication était assez naturelle et le
garde parut disposé à s'en coa-tenter. Cepen-;
dant,: ayant aperçu des gouttes de sang dessé-j
ché sur les vêtements du mort, il dit en sou-'
riant : ?
— Hum! on aura joué de la navaja sans:
doute, et votre Pepe a reçu quelque vilain-
coup.
— Bah! des égratignures seulement... Mais
bonsoir! Il faut que nous le portions dans so$v.
lit.
— Allez à Dieu! répliqua le sereno.
Il releva sa pique, continua son chemin,' et.
recommença son cri lugubre au milieu du si- :
lence.
Cette rencontre fit comprendre à Blancrné-,
nil et à sa compagne la nécessité d'en finir.,
L'Espagnole conjura encore René de marcher
plus vite. René, de son côté, en dépit de son,,
accablement physique et moral, comprenait
dans quels mortels embarras il pouvait se
trouver, si on le rencontrait portant ce cada-f
vre, et en compagnie de cette femme suspecte^.
Aussi parut-il recouvrer une vigueur nou-f
velle et il avança avec rapidité.
Mais cet effort fut le dernier; bientôt Blanc-'
ménil sentit la tête lui tourner. Ses mains,
crispées ne pouvaient plus maintenir en équi- .
libre le fardeau qui pesait sur ses épaules. Il
s'arrêta. . -'f
— Senora, dit-il d'une voix éteinte, je ne'
saurais aller plus loin. t | .
Comme il ne recevait pas de réponse, H
chercha des yeux sa conductrice, qu'il croyait»
ment s'élance vers son défenseur en criant :
— Je te tiens, misérable! tu t'es entendu avec ma
femme pour me faire condamner.
Et il allait passer de la parole aux actes, quand les
surveillants sont intervenus et l'ont réintégré dans sa
cellule.
Depuis quelques semaiaee, de nombreux vols de
linge sont commis dans différents quartiers par un
audacieux voleur.
Cet individu, qui a le costume et les allures d'un
garçon blanchisseur, se présente avec assurance chez
les concierges et demande si le locataire de tel ou tel
étage n'a pas laissé un paquet de linge pour le blan-
chisseur. Si la réponse est négative; il monte sans hé-
sitation et redescend quelques minutes après en disant
n'avoir pas t"ouvé son client. Si, comme cela arrive
souvenr, un locataire a laissé un paquet de linge en
s'en allant le malin, le concierge, trompé par l'air
d'honnêteté du prétendu blanchisseur, lui remet aus-
sitôt l'objet demandé. Il va sans dire qu'on ne le revoit
jamais deux fois dans la même maison.
Plusieurs blanchisseurs, par suite de ces coupables
manœuvres, se sont vu réclamer du linge qu'ils n'a-
vaient pas reçu, et, après s'être expliqués avec leurs
clients, se sont décidés à porter plainte contre i'auda-
tieux malfaiteur.
Ces* un jeune homme de vingt ans environ, de taille
moyenne, imberbe,-le teint fortement coloré. Il est
ordinairement vêtu d'une blouse et d'un pantalon bleus
et coiffé d'une casquette de soie noire.
Des recherches ont été prescrites pour arriver à dé-
couvrir ce voleur spécialiste, qui ne tardera pas sans
doute J. tomber entre les mains de la justice.
Vêtu élégamment, la boutonnière ornée du ruban
de la Légion d'honneur, le nommé V n'est autre
qu'un de ces chevaliers d'industrie desquels aux archi-
ves de la police et du Palais-de-Justice ou trouve les
dossiers sous ce titre :
« Franc bourgeois. »
Il se présente chez M. le marquis de X..., quartier
des Champs-Elysées.
— Je sais, dit-il, greffier d'instruction judiciaire, et
'je viens vous prier de me donner des renseignements
sur le nommé G.i.., arrêté et compromis dans' une
grave affaire, et qui prétend avoir été, comme domes-
tjqur'; 2, votre service.
— Je n'ai jamais eu, répond M. X..., de domestique
de ce nom.
— Cependant, affirme le greffier, il donne sur votre
maison, sur "OS habitudes, des renseignements circon-
stanciés; on vous l'amènera demain et je crois bien
que vous le reconnaîtrez.
Puis il prend congé avec toutes les formes d'une
exquise politesse.
A peine est-il parti que M. le marquis s'aperçoit
qu'un superbe diamant vient de lui être volé; il ap-
pelle ses domestiques. On court après le prétendu
greffier qui, se voyant pris, ôte et avale son ruban de
la Légion d'honneur.
Conduit au poste et fouillé, il est trouvé nanti du
diaD'1:1nt et d'une lettre contenant des renseignements
très-détaillés sur un grand nombre de riches person-
nages de Paris,
i Avant-hier soir, à neuf heures environ, une détona-
tion mettait en émoi tout le quartier de la rue Tron-
chet.
En effet, une explosion de gaz produite par une cir-
constance :nconnlle dans le café Tronchet, avait fait
éclater les vitres et les glaces.
Les pompiers du poste le plus voisin accoururent
pour combattre l'incendie qui couvait dans les boise- i
ries. On se rendit bientôt maître du commencement
d'incendie.
Une femme, une mulâtre, qui montait l'escalier de
la maison, surprise par le bruit de la détonation, s'est
trouvée mal. Transportée dans une maison voisine,
elle n'a repris ses sens qu'après de longs soins et a
conservé un tremblement nerveux qui durera sans
doute plusieurs jours.
On exécute en ce moment sur tout le parcours de
la rue de Bùulogne un égout principal, qui doit rece-
voir les eaux pluviales et ménagères des maisons en
bordure. La tranchée, large et profonde, coupe un
banc de sable jaune. Hier, vers quatre heures, un
éboulement s'est tout à coup produit en faisait dispa-
raître trois - ouvriers. Le sauvetage s'est immédiate-
ment organisé. Les pompiers de la rue Blanche, sous
les ordres d'un capitaine, se sont joints aux terrassiers
pour op'rer le déblaiement, mais c'est à six heures
seulement que les trois ensevelis ont été tout à fait dé-
gagés. Des médecins du quartier leur ont donné les
premiers soins.
Un accident assez grave est arrivé dimanche au mo-
ment du retour des courses, à l'angle des Champs-
E!\'sees «t. de la place de la Concurde. Une Victoria,
appartenant à -M. de ïî... S..., et attelé d'un cheval
ombrageux, s'est jetée dans un panier de louage, dont
le cocher a reçu d'assez graves contusion, ainsi que
deux personnes, un monsieur et une dame, qui se
trouvaient dans la voiture.
Au haut de l'avenue, près de l'arc de l'Etoile, un
collégien a été jeté à bas de son cheval, et ou a craint
un instant qu'il ne fut écrase— Mais il a pu se relever
clopin-clopant. et ramener sa monture, par la ',,bride,
d'un air horriblement piteux.
Du reste, le défilé présentait un coup d'rril des plus
gracieux, et nos sportwoiuen inauguraient leurs plus
fraîches toilettes d'été.
Grands changements au Jardin des plantes! Dans
les terrains annexés de la rue de Bufibn, un nouvel
amphithéâtre doit être prochainement construit, et
dans le jardin même, sur l'emplacement des anciens
ateliers, va s'élaver une nouvelle galerie pour les rep-
tile».
La ménagerie des reptiles du Jardin des plantes est
de création relativement moderne; elle n'a pas encore
un demi-siècle.
C'était quelques années après 1830, le docteur Du-
méril, alors directeur de la section zoologique, rencon-
tre un jour aux Champs-Elysées un homme qui mon-
trait un crocodile et quelques serpents. Il s'arrête â
contempler cette ménagerie foraine, il en interroge le
propriétaire, fait marché avec lui, et l'emmène au Jar-
din des plantes, où il l'installe avec ses bêtes : telle
est l'origine de la galerie des ophidiens.
Le docteur eut du reste la main très-heureuse, car
cet homme qu'il engageait sans le connaître s'est ré-
vélé plus tard par son aptitude et les services qu il a
rendus à la scienne : c'était M. Valée, qui dirige en-
core aujourd'hui la galerie des reptiles.
Le Jardin des plantes possède 1,200 animaux vi-
vants sans compter les reptiles. La subvention accor-
dée par l'Etat à cet utile établissement est des plus
modiques, car elle n'est que d'un demi-million, sur
lequel il faut payer seize professeurs, les gardiens,
tous le personnelenfin, et pourvoir à la nourriture de
la population de cette arche de Noé.
Plusieurs cas d'aliénation mentale se sont manifestés
hier.
A six heures du matin, sur la berge du quai de
l'Horloge, on a trouvé une femme à genoux, les mains
jointes et comme en extase. Un sergent de ville étant
descendu vers elle :
— Voyez-vous, lui a-t-elle dit, là-bas, au fond de
l'eau, la Sainte-Vierge qui m'appelle? Je vais vers
elle. Adieu! ■ -:•
Et elle s'élança vers la rivière. Ma.ia l'agent la retint
par la robe et la conduisit au poste.
Vers la même heure, rue Commines, un jeune
homme, en proie à une extrême surexcitation, se pré-
sentait au poste et déclarait qu'il venait se constituer
prisonnier parce qu'il avait assassiné son patron,
marchand -de nouveautés, et volé pour un millier de
francs de marchandises.
On a constaté que ce jeune homme était le plus hon-
nête garçon du monde, et qu'il était sous le coup d'un
accès d'aliénation mentale.
Rue Réaumur, une jeune femme voulait à toute
force s'installer dans un appartement et se mettre au
lit, en_ soutenant que c'était son domicile. Il a été éta-
bli qu'elle demeurait en réalité rue de Meaux, et on
l'a envoyée à ta préructut-(!,.
Enfin, le sieur V..., rentier, était resté pendant qua-
rante-huit heures chez lui sans bouger, affirmant que
son corps était en verre et que le moindre mouvement
pourrait lui briser un membre.
Hier sa femme et un de ses parents l'ont déterminé
à sortir avec eux; mais ayant été heurté par un pas-
sant, il s'est laissé aller à terre et n'a plus voulu se
relever, en affirmant qu'il était brisé.
Des mesures ont été prises pour faire admettre cet
infortuné dans une maison de santé.
Un séducteur arrive à enlever une femme à son
mari, raconte le Figa-o.
Vous croyez peut-être que celui-ci se fâche, parle
de duel ou de proce?? Point; il se contente d'écrire
au ravisseur :
« Monsieur,
« Voilà longtemps que je cherchais à me débarras-
ser de ma femme, qui, je vous l'avoue, m'était deve-
nue antipathique...
«Le hasard ayant fait qu'elle fût mordue, il y a huit
jours, par un chien enragé, j'attendais avec résigna-
tion l'issue fatale... Vous y assisterez et c'est à .vous
qu'incombe la charge de réprimer des accès terri-
bles...
« Soyez béni, monsieur, et rappelez-vous que la ra-
ge, c'est comme les macarons... ça se gagne! »
Vous voyez d'ici la figure du séducteur!
DÉPARTEMENTS ET COLONIES
M. Audoque, vieillard de soixante-dix ans, se ren-
dit. de Cette il Lyon. A la station de Valence, il vou-
lut. traverser la voie pour se rendre aux cabinets qui
se trouvaient de l'autre côté. Cette voie n'était gardée
par aucun employé.
A ce moment arrivait l'express de Marseille à Paris.
Le malheureux fut renversé et brf'yé.
Hier, dit. la Guienne, plusieurs agents de police se
trouvaient aux abords du passée qui va du cours
d'Albret à la rue du Palaia-du-Justice et traverse les
prisons; ils semblaient attendre quelqu'un.
Survient un monsieur d'un certain âge, décoré, cl
aux allures tout à fait militaires; c'était lui que les
agents guettaient. Ils l'entourèrent aussitôt, et, en
vertu d un mandat d'amener qu'ils lui mirent sous les
yeux, l'arrêtèrent. Celui-ci n'opposa aucune résistance
et prit même les devants, faisant contre mauvaise for-
tune bon cœur.
Le fait n'est que trop réel, dit un autre journal, et
le monsieur arrêté n'est autre qu'un général de bri-
gade connu à Bordeaux et plus particulièrement dans
le ressort de la division. Il se serait, dit-on, rendu
coupable du crime de faux en écriture privée. Il ap-
partient au cadre de réserve.
On lit dans le Propagnt'nrde l'Aube:
« Lundi dernier, les habitants du hameau de JJuis-
le-Hoi, ne voyant pas sortir de chez elle une j't:ILnnc
Ramond, pressentirent un malheur et pénétrèrent dans
sa maison. Un spectacle épouvantable s'oii'rit alors à
leurs yeux. La femme Ramond était étendue inanimée
sur un lit, et à côté pendait le cadavre d'un en Tant
nouveau-né, retenu encore par le cordon ombilical.
« Elle s'était empoisonnée avec du phosphore et était
accouchée dans les tortures de l'agonie.
« La science a déclaré que l'enfant n'avait pas
vécu.
« Cette femme, séparée de son mari, vivait dans la
déhauche.»
Un incendie a détruit à Toulouse, dans la soirée du
vendredi 1.0 juin, une maison située boulevard -de
l'Artillerie, et à l'angle de la rue Lejeune, en face de
la caserne monumentale.
Le feu s'est déclaré vers neuf heures du soir dans la
cave de cette maison, dont le rez-de-chaussée était
occupé par M. Lafage, limonadier. Il s'est communi-
qué avec une effrayante vitesse aux deux étages su-
périeurs, habités par M. Harmand, capitaine en re-
traite, et par sa sœur âgée d'environ 62 ans. Aux cris
poussés par la domestique de la femme Lafage, M. Vit-
teau, limonadier dans le voisinage, est accouru ; il est
allé avertir ces malheureux du sort qui les mondait
s'ils ne quittaient à l'instant même leurs apparte-
ments. M. Harmand et; son jeune enfant sont descen-
dus à la hâte, sans mettre, de vêtements.'
La demoiselle Harmand n'a pas voulu descendre
avant de s'être habillée : pendant le peu de temps
qu'elle a mis à se couvrir, l'incendie a fait, Je tels
progrès que la retraite lui a été coupée; l'infortunée
a dû succomber, asphyxiée par l'immense fumée qui
s'échappait de partout. Son corps a été retrouvé en-
tièrement carbonisé, sous une poutre du second étage.
M. La.fa.ge, limonadier, était couché avec ses deux
enfants désole début de l'incendie; on les a éveillés à
temps, et les enfants ont été mis en lieu de sûreté.
Mais M. Lafage a reçu plusieurs brûlures qui ont né-
cessité son transport à l'hospice. Les pertes sont con-
sidérables, ajoute le Journal tie Toulome.
Un bien triste accident, dit le Méridionall a eu lieu
jeudi, dans le courant du Rhône, côté de l'île de 'la
Barthelasse, près de l'embarcadère du bac.
La victime est une pauvre petite fillette de huit ans;
nommée Thérésine Roux, et dont les parents habitent
la rue Oriflamme, à Avignon.
En jouant elle allait puiser de l'eau au fleuve avec
une bouteille, le pied lui glissa. Personne pour. lui
porter seeours. Et, entrainée au large par le courant,
on vit ses petites mains s'agiter un instant au-dessus
de l'eau; puis, le flot s'éloigna enveloppant tout à fait
le corps, ou plutôt servant de suaire, au cadavre de
cette pauvre petite âme. -
On sait, dit le Courrier de l'Ain, combien il est im-
prudent, de la part des nourrices, de coucher auprès
d'elles leurs nourrissons dans leur lit. Dans la nuit du 8
au 9 juin, une jeune mère, âgée de 24 ans, avait tiré
de son bercea.u son enfant, âgé d'un mois, pour l'al-
laiter. Fatiguée par les travaux de la journée, elle
s'endormit, laissant auprès d'elle son nourrisson. Elle
le trouva étouffé deux heures après.
i^a fête de Chailley-a été attristée lundi dernier par
un triste accident.
L'aubergiste du lieu avait établi chez lui un con-
cours a la cible. Eugène B..., l'un des tireurs, avait
dépose son fusil à deux coups dans un coin de la salle '
du binard,. lorsque le jeune B..., apercevant l'arme, la.
passe (l son bras et se rend dans la rue, la portant en
bandoulière. Mais, soit que la bretelle fût'rnal assu-
jettie ou qu'un bouton.se fut détaché, le fusil tomba à.
terre et la secousse fit partir les deux coups à la fois.
Lune des balles s'est perdue dans le vide, mais l'au-
tre, prc.jetec sur un mur, lit ricochet et se dirigea sur >
la place ou stationnaient plus de cent personnes. a'
Trois d'entre elles ont été blessées. La: première
cu le pied labouré par le projectile qui, après avoir"
traverse de part en part le pied de la seconde, a frappé '
.i la jambe droite la troisième placée à côté. Mais sa. r
force étant amortie, cette dernière blessure n'offre
lueun danger.
Tous les soins possibles ont été donnés aux deux
blesses, dont la situation ne laisse pas d'être muuie-'
tante.
ÉTRANGES
On écrit de Madrid, le il juin lSïO, au journal le
Droit :
Les deux habitants de Gibraltar dont je vous avais
annoncé l'enlèvement par des bandits espagnols sont
enfin rentrés sains et saufs dans cette ville. La nouvelle
de leur mise en liberté avait été donnée prématuré-
ment par le télégraphe.
Le 4 de ce mois, M. Bonell, l'une des victimes,
était en effet venu à GilJraltar, en compagnie d'un .
des bandi'p-, pour y chercher la rançon fixée par les
vo!eurs. Celle-ci était de 27,000 piastres (142,000
francs). ■
CeLte somme fut payée par le gouverneur immédia-
tement et remise le lendemain dans la matinée aux
bandits. Le 7, à midi et demi, M. Bonell jeune arri-
vait à son tour à Puerto-Santa-Maria, près de Cadix,
et. dans cette dernière ville, il s'est embarqué pour
Gibraltar.. 11
Le gouvernement espagnol a remboursé aux auto-
rités anglaises le monta.nt de la rançon.
Il parait que les bandits se proposaient d'iilier gaie-
ment dépenser à Sé ville le fruit de leur brigandage,
car, dans la matinée du 8, leur présence fut signalée
aux environs de cette ville dans une mauvaise hôtel-
lerie appelée la E, ilrtnli. Aussitôt un petit détache-
ment de gardes civils, composée de cinq hommes et
d'un sergent, fut lancé contre eux; une lutte très-vive
s'engagea, et les bandits, au nombre de quatre, se
battirent avec le courage du désespoir. Trois d'entre
eux, et parmi ceux-ci le chef Francisco-Martin Espejo,
furent tués; le quatrième a pu s'enfuir.
Un garde civil a été très grièvement blessé, et ses
compagnons d'armes se sont emparés d'une somme de
17,000 fr., de deux chevaux, d'une jument et d'une
multitude d'objets.
On avait dit à tort que MM. Bonell étaient Anglais;
ce sont des Français domiciliés à Gibraltar depuis
longues années. ^ _ ;; .
Un acteur, nommé Tasso, vient de mourir à Lis-
bonne. •-
Il fallait qu'il fùt à la fois adoré et estimé du PU-
blic, car voici ce qui s'est passé dans la capitale por- -
tupaiso. -
Une représentation ayant été organisée au bénéfice.
de sa veuve, la plupart des spectateurs s'y sont rendus
avec des vêtements de deuil, et, après le second acte
de M^rtha, le rideau se leva sur un décor tout tendu
de noir ; au, fond, on voyait le portrait du défunt»
entouré de couronnes nombreuses, gages de ses
triomphes. ,
Tous les artistes des deuxthéâtrest, Maria etTrindade.
se trouvaient groupés de chaque côté de la scène et.,
habillés de deuil. Alors, Emilia-Adelaïde se détacha.
du groupe où elle se trouvait, et aussitôt tout le
monde se leva et écouta avec émotion les beaux vers
de Pinheiro Chagas, que la célèbre artiste ne put réci-
ter qu'interrompue it chaque, mot pour ainsi dire par
ses propres sanglots., '
Après cet hommage rendu à la mémoire de Tasso,
le rideau tomba au milieu de l'émotion générale.
A - ■
L'ÉGLISE SAINT-GERVAIS
L'église Saint-Gervais, dont les abords doivent être
prochainement dégagés par suite des travaux projetés, I
ainsi que nous l'avons annoncé, est de très-ancienne, -
origine.
L'HISTOIRE D'UN CADAVRE
NOUVELLE HISTORIQUE
PAR ÉLIE BERTHET
V
Les suites d'une imprudence.
"8
(Suite)
Il y eut quelques minutes de silence. Le
jeune officier, quoique moins agité, éprouvait
toujours une sorte d'oppression. L'Espagnole,
au contraire, à deux pas de ce cadavre qui
était peut-être celui d'une de ses victimes, ne
laissait deviner r i émotion ni crainte. Dans le
palme profond du souterrain, on entendait son
haleine aussi tranquille, aussi régulière que
celle d'un enfant endormi.
Enfin, jugeant le repos suffisant, elle dit:
— Un dernier effort, alferez!... Le jour ne
peut tarder à paraître, et 'si l'on nous surpre-
nait... Je veux vous ramener à la rue du Can-
ailejo, selon ma promesse.
Voir le numéro du 8 juin.
— En ce cas, senora, répondit Blancménil
avec lm accent brusque qui ne lui était pas
ordinaire, abrégez le chemin le plus possible.
Je vous le répète, cette besogne de croque-
mort me répugne extrêmement, et quel que
soit mon désir de vous rendre service... D'ail-
leurs, j'éprouve un malaise inexprimable, et si
le trajet venait à se prolonger, la force me
manquerait peut-être.
L'inconnue ne répondit pas, mais les paroles
du lieutenant parurent lui donner un redou-
blement d'activité. Elle alla ouvrir la porte de
la rue; puis elle aida Blancménil à recharger
le cadavre, et le soutenant elle-même en par-
tie, ils sortirent du passage.
L'officier, malgré l'embarras de sa situation,
remarqua très-bien que la porte qu'ils venaient
de franchir était très-basse, vieille et dissimu-
lée dans un grand mur qui semblait dépendre
d'un important édifice.
L'Espagnole ne lui permit pas de se retour-
ner et l'entraîna.
La promenade dans le dédale compliqué des
rues environnantes recommença donc; mais
cette fois Blancménil n'avait plus les idées
joyeuses qui le soutenaient précédemment;
son fardeau l'écrasait, et au bout d'une cen-
taine de pas, sa démarche redevint chance-
lante.
L'inconnue n'essayait plus de l'abuser par
des détours inutiles, quoiqu'elle s'efforçât en-
core de le dépister, en le conduisant par; les
rues les plus solitaires, les plus tortueuses et
les plus obscures. Le malheureux jeune hom-
me haletait, poussait des gémissements; il
suppliait sa compagne de faire une nouvelle
halte ou du moins de ralentir le pas ; mais elle
se bornait à lui dire distraitement :
— Courage!... Nous approchons... Encore
un effort, au nom de la purissima !
Et l'on continuait.d'avancer.
Chose singulière! quoique Blancrnénil, à
bout de vigueur et de patience, fût mainte-
nant libre de se dérober à cette abominable
corvée, l'idée ne lui en vint pas. Ses percep-
tions étaient confuses, sa volonté s'engourdis-
sait. Il subissait, sans s'en rendre compte, le
despotisme de cette femme impitoyable. Lui,
d'ordinaire si impétueux et. si hardi, ne son-
geait pas à rejeter sur le pavé son indigne
fardeau et à dire à sa persécutrice : « Que
vous le vouliez ou non, je n'irai pas plus
loin. » !
Un danger se révéla bientôt d'une manière
inopinée.
Au tournant d'une rue, Blancménil et l'Es-
pagnole se trouvèrent face à face avec un gar-
de de nuit. Le srrcno, quand il vit ce groupe
étrange, interrompit son chant monotone, mit
sa pique en travers du chemin et, élevant sa
lanterne, demanda avec étonnement :
— Santa Maria! qu'est ceci?
Nous savons que, soit fatigue, soit ahurisse-
ment, l'officier était incapable de répondre;
mais l'inconnue, s'empressa d'intervenir. Ca-
chant son visage dans sa mantille, elle répon-
dit pu sereno d'un ton assuré :
— Ami, c'est mon mari, le pauvre Pepe. Il
est ivre, et il s'est battu contre un baratero
dans un cabaret de la Vacurena... Ce brave 1
Français a bien voulu m'aider à le transporter
chez nous. Que tous les saints du paradis 1 j*
récompensent pour sa bonne action! -y
Celte explication était assez naturelle et le
garde parut disposé à s'en coa-tenter. Cepen-;
dant,: ayant aperçu des gouttes de sang dessé-j
ché sur les vêtements du mort, il dit en sou-'
riant : ?
— Hum! on aura joué de la navaja sans:
doute, et votre Pepe a reçu quelque vilain-
coup.
— Bah! des égratignures seulement... Mais
bonsoir! Il faut que nous le portions dans so$v.
lit.
— Allez à Dieu! répliqua le sereno.
Il releva sa pique, continua son chemin,' et.
recommença son cri lugubre au milieu du si- :
lence.
Cette rencontre fit comprendre à Blancrné-,
nil et à sa compagne la nécessité d'en finir.,
L'Espagnole conjura encore René de marcher
plus vite. René, de son côté, en dépit de son,,
accablement physique et moral, comprenait
dans quels mortels embarras il pouvait se
trouver, si on le rencontrait portant ce cada-f
vre, et en compagnie de cette femme suspecte^.
Aussi parut-il recouvrer une vigueur nou-f
velle et il avança avec rapidité.
Mais cet effort fut le dernier; bientôt Blanc-'
ménil sentit la tête lui tourner. Ses mains,
crispées ne pouvaient plus maintenir en équi- .
libre le fardeau qui pesait sur ses épaules. Il
s'arrêta. . -'f
— Senora, dit-il d'une voix éteinte, je ne'
saurais aller plus loin. t | .
Comme il ne recevait pas de réponse, H
chercha des yeux sa conductrice, qu'il croyait»
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