Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-06-13
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 juin 1870 13 juin 1870
Description : 1870/06/13 (A5,N1516). 1870/06/13 (A5,N1516).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4716944w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
qui, allant se rattacher à la tour Loriot, barrait la
Seine pendant la nuit. Depuis 16a2 jusqu'à sa démo-
lition, cette tour servit de déprit de condamnés; c'est
là que les galériens allaient attendre le départ de la.
chasne.
La porto Saint-Bernard était attenante au château
de la Tournelle. Elle avait été reconstruite deux fois :
d'abord sous Chartes V et ensuite sous Henri II. Louis
XIV la fit démolir et, à sa place, on éleva un a.rc de
triomphe orné, cela va sans dire, de nombreux bas-
reliefs allégoriques. Un d'eux représentait le monarque
à bord d'un navire, avec cette inscription :
I.L'DOYtCO MAOJfO AIn'!\DANTlA PARTA
Un plaisant, — il y en a toujours en France, — tra-
iuisit ce latin de la manière suivante : e Grâces à
Louis le Grand ; l'abondance est partie.
DÉPARTEMENTS ET COLONIES
Dans la. soirée d'avant-hier, un militaire du ne de
ligne, nommé Jules R..., entrait, en compagnie de
cinq ou six individus, dans la salle de bal dArgen-
teùil.
Là, après s'être fait servir plusieurs bouteilles de
petit-bleu, Jutes R... se mit à invectiver très-grossiè-
rement les personnes présentes.
Sur l'observation d'un monsieur que sa conduite
était indigne, le militaire s'emporta jusqu'à le frapper
du pomme tu de son sabre.
Les personnes présentes prirent parti pour M. X... ,
contre le militaire, qu'ils conduisirent à la mairie.
Pendant ce temps; la bande que le soldat avait
amené se ruait sur les spectateurs de cette scène,
principalement sur les dames, — et, tout en leur dé-
cernant force horions, leur enlevait, avec une très-
grande habileté, leurs montres, leurs chaînes et leurs
porte-monnaie.
A ce moment. arrivait la force armée. Malheureuse-
ment, il était trop tard; les voleurs avaient eu le
temps de déguerpir.
Une enquête fut immédiatement commencée par
M. le commissaire d'Argenteuil, qui est parvenu, dit
le Figaro, à prouver la complicité du militaire dans
tous les rois dont quelques personnes avaient été vic-
times
0'1 écrit de Villars-en-Pons au Contribuable :
Samedi dernier, des bergères qui gardaient leurs
moutons dans le bois des Charriers, appartenant à
M. L. Gont, propriétaire à Villars-en-Pons, ont décou-
vert. le cadavre et les habillements d'un homme qui
paraît avoir succombé à une mort violente. Les chiens
des environs avaient presque entièrement dévoré les
chairs.
M. le juge de paix de Gemozac a informé la justice
de cette découverte. Le 29, à neuf hEures du matin,
le parquet de Saintes, le juge de paix de Gemozac et
la gendarmerie se trouvaient sur le théâtre du crime
et ont fait les constatations suivantes :
Les vêtements sales et souillés de sang se compo-
saient d'un pantalon bleu déchiré, une chemise de
toile de ménage, un petit gilet noir, deux tricots en
laine blanche, une blouse en coton bleu, un caleçon
en futaine, des bas en laine bleue, des sabots en bois.
Auprès était un bâton d'une longueur de 1 mètre 40
centimètres. Une jeune et flexible branche de chêne
était courbée, formait un nœud coulant et aurait pu
servir à la perpétration du crime — si crime il y a —
par la strangulation.
Malgré toutes les recherches, on n'a pas encore pu
constater t'ideu'ité du cadavre. Personne, dans les en-
virons, ne reconnaît les effets trouvés.
Les sieurs Félix Dujardin et Louis Francke, deux
Bruxellois, étaient venus à Lille pour y jouir d'un vol
de 520 fi'. commis par Dujardin. Francke avait d'a-
bord obtenu de son camarade Dujardin un habille-
ment neuf dont le coût avait été prélevé sur les 520 fr.
volés ; puis tout deux se mirent à faire lestement dan-
ser le reste des écus. Lorsque tout fut dissipé, Dujar-
din fit une réflexion qu'il trouva fort juste : ayant
donné bénévolement des habits à Francke, il avait
conservé le' droit de les reprendre.
01', tandis que Francke dormait sous l'impression
d'une ivresse profonde causée par la danse des .derniers
écus. Du jardin le déshabilla et partit, laissant son ca-
marade dans le costume d'Adam avant l'invention des
feuilles de vigne.
Quand Francke se réveilla, il jeta les hauts cris, il
dénonça le trait dont il était "ictirne. On courut à la
po!icc, la police courut à la gare du chemin de fer et
y trouva Dujardin qui s'apprêtait à partir, portant
sous le bras tes habits de Francke réunis en paquet.
Dujardin et Francke furent mis au violon, et dans
quelques jours ils seront remis à l'autorité belge.
# (Echo du Nord.)
On écrit de Kaysersbcrg uu Courrier d,,& Bas-Rhin :
Dans la matinée du Li juin. des cris de détresse,
partant de l'intérieur du moulin du sieur Richert,
meunier à Kaysersberg, attirèrent l'attention des voi-
sins. On pénétra dans le moulin et on vit le nommé
Strœsscr, garçon meunier, suspendu horizontalement
à l'arbre de transmiss'on. On s'empressa d'arrêter la
marche du moulin et de couper les vêtements de ce
malheureux pour le dégager de sa périlleuse position.
Strœsser étAit sans mouvement, et on crut un instant
qu'il avait cessé de vivre. On le 'ransporta dans son
lit, et M. le docteur Beugarth, médecin à Kaysersberg,
tilt appelé à la tyAte pour lui donner des soins. Le
médecin constata que le garçon meunier avait plu-
sieurs écorchures aux bras et a la poitrine et de tories
plaies aux jambes.
Le blessé reprit connaissance quelques- instants
après, et raconta qu'au moment où il voulait mettre
de l'huile sur !e support de l'arbre, de transmission,
sa blouse avait, été prise par l'arbre ainsi que sa che-
mise; qu'il a été entraîné, et qu'il a suivi l'arbre de
transmission dans ses mouvements, c'est-à-dire qu'il
| a tait soixante tours par minute. Il était resté environ
1 quatre minutes dans cette position, et sans le secours
empressé des voisins il aurait infailliblement péri.
Strœsser est aujourd'hui hors de tout danger.
Un singulier et triste événement, dit le Progrès, de
Lyon, vient de jeter dans un douloureux émoi la com-
mune de Francheville.
La veuve R..., blanchisseuse, habitait avec ses filles;
leur vie était simple et paisible, leur conduite irrépro-
chable. La plus jeune des iiHes était à la veille d'épou-
ser un jeune homme; celui-ci cesse brusquement ses
relations et porte ses vues ailleurs. Il s'est marié ces
jours derniers avec une autre.
Les demoiselles It... et leur mère, frappées comme
d'un coup de toudre, donnent depuis lors des signes
continuels de folie.
Demi-nues et échc.vdées, elles ont couru pendant i
. quelque temps par les chemins, se livrant aux contor- I
sions les plus extravagantes. Aujourd'hui elles sont
plus calmes, mais tour raison est toujours fort altérée. !
L'idée fixe de ia mère est de se croire victime d'un
sort jeté par ia mali.ôjlJawe. Elle attend, dit-elle, un
livre et une bague; iorsqrt'eHe les aura reçus, elle et
ses iiUcs seroni immédiatement guéries.
Pauvres femmes !
Un terrible accident vient de causer la mort de M.
Quéquet fils, cultivateur à Chiry. Ce jeune homme
conduisait avec son père uue.voiture attelée de quatre
chevaux et chargée de grosses pierres ; à la descente
des Sablons, Quéquet père voulut serrer le frein, mais
levier cassa et le frein n'agissant plus, les chevaux
furent impuissants à retenir la voiture sur une pente
de plus de 15 centimètres par mètre. Le jeune homme,
qui était resté à côté des chevaux, voulut essayer,
pour conjurer un accident presque inévitable, de faire
tourner son attelage et de mettre la voiture en travers
de la route : malheureusement le mouvement fut si
brusque et la force d'impulsion était telie que le lourd
charriot se renversa : le jeune Quéquet n'eut pas le
temps de se garer et une pierre pesant plus de 800 ki-
logrammes lui écrasa la poitrine. Un des chevaux at-
teint à la tête par un des îfhgles de cette pierre a été
également tué raide.
On signale au Courrier du Centré un accident dé-
plorable, causé par la négligence d'un gendarme qui,
conduisant à Eymoutiers sa femme et ses deux en-
fants dans un petit breack, s'arrêta devant la porte
d'une auberge pour y faire manger son cheval, qu'il
débriba, se fiant à la docilité de l'animal.
Celui-ci se sentant libre, et effrayé par un bruit
quelconque, partit à fond de train et s'engagea bientôt
dans un chemin creux, entraînant dans sa course ef-
frénée le breack dans lequel la femme du gendarme
et ses deux enfants poussaient des cris déchirants.
Le cheval fut enfin forcé de s'abattre devant un
tournant à angle aigu. La voiture se brisa, et la mère
fut trouvée sons les débris dans un état affreux.
On craint pour ses jours.
Quant aux deux enfants, qu'on croyait complète-
ment écrasés et broyés, on les a retrouvés à quelques
mètres de la voiture. Ils n'ont eu aucun mal, grâce au
sang-froid de la mère, qui, croyant aller à une mort
certaine, les avait, paraît-il, enveloppés dans des cou-
vertures de voyage, et les avait jetés sur le bord du
chemin, où ils furent relevés sains et saufs.
Le 4 juin, vers huit heures du soir, M. Montignv,
cultivateur à" la Brosse, commune de Santeau, reve-
nait du marehé de Pithiviers pour rentrer chez lui.
Sa voiture arrivait à la côte de Pontournois, lorsque
son cheval s'emporta; en voulant le maîtriser, M. Mon-
tignv cassa l'une de ses brides ; effrayé, 'il sauta sur
la route et sa tète alla heurter contre le trottoir; mais
comme il tenait toujours la bride dans sa main, le
cheval se tourna et la tête du malheureux cultivateur
se trouva enserrée entre le trottoir et la roue de la
voiture.
La. mort a été. instantanée.
Un déraillement d'un train de marchandises a en
lieu, dans la nuit de jeudi à vendredi, sur la ligne de
Marseille, à quinze ou ving't, kilomètres de Lyon.
Aucun accident grave n'en est résulté, mais tous les
i trains venant du Midi ont éLé en retard de plusieurs
heures.
Une jeune fille de onze ans vient de mourir atteinte
d'hydrophobie, près de Rot'en.
Il y a environ six semaines, cette enfant passait, avec
une de ses camarades, près d'un troupeau de mou-
tous, quand tout à coup l'un des chiens de ce trou-
peau se jeta sur elle et la mordit à la figure.
Ignorant que l'animal pût être enragé, on ne prit
pas garde à la blessure et on n'y songeait plus que
très-peu, bien que le chien auteur du rait eût aban-
donné son maître, ter-que le 27 mai dernier, cette
jeune personne se sentit légèrement indisposée.
On n'y fit que peu attention encore ; mais, le 28,
des accès assez significatifs se produisirent, avec des
intermittences de tranquillité, ou plutôt de prostra-
tion. Sur le soir, de nouveaux accès de la plus grande
violence ne permirent plus aucun doute sur la triste
vérité, et la pauvre entant a bientôt succombé, malgré
tout ce qui a été tenté pour la sauver.
On nous rapporte le trait d'amour conjugal suivant :
Un riche cultivateur des environs de Douai, dont la.
femme est malade depuis deux ans, prit la sage pré-
caution de lui l'aire préparer un caveau mortuaire. Il
mesura lui-même sa femme pour ne pas acheter trop
de terrain.
Le caveau construit, il prit le bras de sa chère moi-
tié, et la conduisit visiter sa dernière demeure :
« Hein ! îzot' damp, ql" vos serez bi'I, /rI! » lui dit-il.
Ce n'est pas tout : malgré les mesures prises, il pa-
rait que le caveau était trop juste. Force fut donc à
cet excellentiss'me mari de mesurer une seconde fois
sa femme... On assure qu'il l'a accompagnée une se-
conde fois aussi au cimetière pour lui faire voir qu'elle
y aurait large place. Le mari espère l'y rejoindre le
plus tard « possible. » (Indépendant.)
M. Albert Aumont, qui est. allé dans la forêt de Fon-
tainebleau visiter la. partie incendiée, a eu la curio-
sité, étant sur les lieux, d'aller visiter l'endroit où
Mme Merten a été trouvée morte, il y a quelques an-
nées. •
« Notre cocher, écrit-il au Pans-Journal, était pré-
cisément celui qui le premier avait aperçu le ca-
davre.
. « Cet endroit est situé à une centaine de mètres des
gorges de Franchart, au miliéu d'un petit chemin
creux peu fréquenté.
« La place est marquée par une pierre en forme de
borne ronde qu'ombrage un sapin.
« Il paraît que ce sapin était devenu un objet de re-
lique pour les voyageurs, qui en emportaient tous une
parcelle d'écorce. On a été obligé de l'entourer d'épi-
nes pour le protéger. »
Une enquête a été faite sur la rage. De cette enquête
il résulte que dans les 49 départements oil la rage a
été dénoncée, 320 personnes ont été mordues, et 129
cas ont été mortels, ce qui donne une mortalité de 40
pour 100.
Sur les >320 personnes mordues, 206 appartiennent
au sexe masculin, 31 au sexe féminin.
Les vêtements des femmes les exposent moins.
La moitié des hommes mordus ont succombé, tan-
dis que chez les femmes la mortalité n'a été que de 35
pour 100.
Enfin les morsures sont presque toujours faites par
des chiens. Sur 320 cas, 284 sont attribués à des chiens
mâles, 26 seulement à des chiennes, a à des chats et
5 à des loups.
ÉTRANGER
Sept bandits, dont quatre ont pris part à l'assassinat
de Marathon, viennent d'être jugés et condamnés à
mort par la cour d'assises d'Athenes.
Dans son interrogatoire, Chormovos, qu'on croit
être l'assassin de M. Herbert, a prononcé d'un ton iro-
nique les quelques paroles qui suivent :
« Je ne sais pourquoi on s'obstine à jeter sur le
brigandage une sorte de réprobation ; cette carrière
n'a rien de déshonorant; elle constitue une assodalioŒ
qui statuts et son code, toujours respectés par
ses affiliés, tandis que les gouvernements eux-mêmes
vio ent impunément leur parole, ainsique l'a fait celui
de la Grèce envers la bande des Arvanitès, qui se re-
posait a Orop05 sur la foi des engagements pris par le
gouvernement dl) roi et par deux représentants des
puissances étrangères. C'est la violation subite; de cex
engagements qui a amené l'accident dont on cherche à
nous rendre responsables. »
^ Voilà au moins des br 'gaids originaux; cependant
1,3 font pas sourire les hommes d'Etat grecs.
Ccnx-ci ne pardonnent pas à leurs concitoyens ôti
de.vo'.tc!' ainsi tous les secrets du gouvernement et les
traites conclus entre eux et la bande des Arvaniîès.
On a dit que Je célèbre escroc anglais qui a comparu
samedi dernier n.'.ant le tribunal correctionnel da
Bruxelles, sous le ne-m de Conway Seymour, passait
pour être, un fils naturel dl) duc de Wellington. Aux
détails publiés par les journaux, nous pouvons ajou-
ter les renseignements suivants : Une personne qui
par ses fonctions avait été en rapport avecr Horac-e
Belmore, lorsque celui-ci était, en prison en 18\7, nous
rapporte qu'un jour Belmore lui remit, un écriu ave':
prière de la faire parvenir au duc de Wellington. Si
cet écrin parvient au duc, disait le prisonnier, je n.3
resterai pas longtemps en prison. L'écrin fut remis
éntre les mains du célèbre général et, en effet, Hel-
more fut gracié quelque temps après.
Un nommé Vlnge, marchand de cadres à New-York,
vient d être arrêté sous l'inculpation d'un crime pres-
que incroyable. En avril dernier, il fit, charger à bord
du steamer Georg- W-:Nouvelle-Orléans, une caisse sur laquelle il avait pris
une assurance du 1,050 1. st.
Or, il a été reconnu plus tard que cette caisse con-
tenait de l'alcool, de I,t gazoline et de la téreb"n'!:hine,
plus une composition chimique, qui devait prendre feu
au moindre choc et par suite déterminer une explo-
sion et, selon toute pr.)b:tbi)ite, l'incendie du st.!.'nmer.
Ainsi, en admettant que l'accusation suit p:'o):vce,
.voib un individu qui, pour escroquer une misérable
somme de 1,650 iiv es sterling ;'t une. compagnie d'as-
surance, n'a pas hésité à exposer un steamer à une
perte à peu près certaine et toutes les personnes il.
une mort des plus affreuses. Ce n'est, en efM, que
grâce à une chance qu'on peut appeler miraculeuse
que le désastre sur lequel Lange comptait pour em-
pocher le prix de son_ assurance n'a pas eu iif't!. Et
il s'appelle Lange ! Mais Satan en personne n'aurait
pas conçu une plus infernale machination.
Nous lisons dans J'Eclvi dll Japon du 6 avril :
Depuis quatre années deux frère? japonais, Sklinoski
et Dji-oudjh'o Soumiyochi, kéraïs du prince de Mvtho,
poursuivaient, mais en vain, le nommé Yania-rùotto
Kiro, haut fonctionnaire du prince de Tosa, qui, à IR
la suite d'une de ces quereilcs, malheureuse- trop
fréquentes au Japon, avait assassiné leur père à Kioto,
lorsque, e 2 avril, ils rencontrèrent à la porte fJe SOlld-
ji-kaï, près de Ouhéno à Xedo, celui de qui ils avaient
juré de tirer veangeauee.
Ils s'approchèrent alors de lui et lui dirent : a Tu
es Yama-motto, l'assassin de notre père, voilà quatre
ans que nous te cherchons, maintenant l'heure de la,
vengeance et du châtiment qui s'est fait attendre si
longtemps a sonné, détends-toi! »
Et tous deux, d'un commun nccord, tirèrent leurs
sabres et fondirent sur lui. Interdit et pris au dépour-
vu, le malheureux n'avait pas eu le temps de se met-
tre en garde, que déjà les deux glaives « vengeurs i)
s'abattaient sur sa tête qui tombait du même conp,
Leur vengeance satisfaite, ils ancrent d'eux-mêmes
se livrer aux autorités japonaises, racontant ce qu'ils
avaient fait et disant qu'ils étaient prêts à subir tel
châtiment qui leur serait infligé; il n'en fut rien ce-
pendant, car il y a deux jours, ils obtinrent leur gïâce,
mais ils durent retourner dans leur pays.
Ces établissements qu'on nomme les agences de pon-
les sont envahis chaque soir par des flots d'individus.
La course de dimanche 12 juin a surexcité les pa-
rieurs, dont le nombre augmente d'année en année.
E,i Angleterre, ou le pari prend des proportions co-
lossales, les courses d'Epsom de cette année ont causé,
dit le Times, une véritable perturbation par suite des.-
étranges fortunes qui se sont faites et des fortunes
établies qui se sont défaites.
On sait que le favori, sur lequel reposaient tontes
les espérances des sportmen, n'a pas même été placé
et que la victoire a été remportée par un cheval non
prévu. De là une dégringolade de guinées comme on
n'en avait jamais vu.
Ce ne sont pas, comme chez nous, quelques pièces
L'HISTOIRE D'UN CADAVRE
NOUVELLE HISTORIQUE
PAR ÉLIE BERTHET
IV
La nuit de Blanoménil
6
(Suite)
pa qu'il vit ne répondait nullement à ses
brillantes imaginations et à l'idée qu'il avait !
Conçue de sa. compagne. Il espérait se trouver j
dans un appartement somptueux, largement j
éclaire, comme il convenait chez une dame
.opulente. Au lieu de cela, il était dans une
petite chambre assez semblable à une cellule
m onastiquo.' Les menMes, simples et austères,
Consistaient en une couchette entourée de ri-
deaux de serge, un prie-Dieu surmonté de son
crucifix, une table, un coffre et deux siéges
. Voir le aumért du 8 juin.
de pailla. L'unique fenêtre, qui donnait du
jour à la pièce, était grillée. Les murs nus
avaient pour tout ornement quelques gravures
pieuses. Une niche pratiquée dans la muraille,
au-dessus du prie-Dieu, contenait sans doute
une statuette de la sorrictissi?n,z ou purissima;
mais comme l'image vénérée risquait peut-être
de contempler des choses profanes, on avait
tiré devant la niche un rideau de gaze. Sur la
table, brûlait une de ces lampes, de forme an-
tique, dont nous avons parlé ; sa lumière pâle
ajoutait encore au caractère ascétique et lugu-
bre de cette espèce de cellule.
Ilien ne saurait exprimer la surprise et le
désappointement de René deBlancménil. Après
avoir promené les yeux autour de lui, il dit
tout haut en français :
— De par tous les diables! où suis-je
donc?
L'inconnue avait laissé tomber sa mantille
sur ses épaules; son visage exprimait l'amer-
tume et le dédain ; avec la pointe de son sty-
let elle ranima la mèche de sa lampe.
— Ne parlez pas trop haut, dit-elle avec cet
accent dur qu'elle avait employé déjà; il y a
du monde partout autour dé nous.
Blancménil demeurait interdit et muet; la
i dame à la mantille poursuivit :
[ — Vous commencez à le comprendre, je ne
suis pas ce que vous pensiez et vous n'êtes pas
où vous croyiez être... Souvenez-vous de mes
paroles:, monsieur; je vous al prévenu que, si
vous consentiez à me suivre, vous seriez ex-
posé à de grands dangers ; ces dangers exis-
tent maintenant pour vous comme pour moi.
Je vous ai annoncé encore que vous auriez
l'occasion de me rendre un service impor!ant;
ce service, me le refuserez-vous?
Tout ce qui lui arrivait était si étrange que
Blancménil se crut dupe d'une mystification.
Il s'assit sur une chaise et dit en affectant un
ton léger :
— Voyons, voyons, ma charmante, quel jeu
jouons-nous? Il n'est pas très-divertissant, je
vous en avertis.
— Ce Français, cet enfant, appelle cela un
jeu ! dit l'inconnue comme à elle-même ;
tout à l'heure il sera convaincu du contraire.
Le malaise de Blancménil augmentait de
minute en minute.
— Oui, oui, nous ne nous sommes pas en-
tendus, je. crois, reprit-il; enfin, puisque me
voilà, je ne refuse pas de vous rendre le ser-
i vice en question si la chose dépend de moi...
Mais avant tout, il m'importe de savoir de
quoi il s'agit, et surtout qui vous êtes.
— Je suis une malheureuse femme, réduite
au désespoir, et qui a dû employer les plus
hardis, les plus honteux moyens pour sortir
d'une situation épouvantable... Si vous ne me
venez en aide, c'en est fait-de moi.
Les traits de l'Espagnole, en ce moment,
avaient une expression si sombre que le lieu-
tenant ne put s'empêcher de frissonner; il eut
bientôt un autre sujet d'effroi.
Nous savons qu'à l'extrémité de la cellule
se trouvait un lit dont 1.8 rideaux étaient bais-
sés. Or, par-dessous ces rideaux passaient
deux pieds d'homme, chaussés de ces guêtres
en cuir écru, aux élégantes broderies de soie,
que l'on porte dans certaines provinces de
l'Espagne. Les pieds demeuraient immobiles,
comme si la personne à laquelle ils apparie -
naient était endormie ou craignait de se tra-
hir par le moindre mouvement ; mais la lampe
les éclairait de manière à rendre toute erreur
impossible.
Sûr qu'un homme était caché là, à portée
d'entendre, Blancménil, malgré son courage,
sentit redoubler son anxiété. Il était sans ar-
mes ; toutes sortes de périls, d'autant plus redou-
tables qu'il n'y avait aucun moyen d'en préci-
ser la nature, pouvaient fondre inopinément
sur Mt et il se repentait avec amertume de,
n'avoir pas écouté les sages conseils de son
ami Saint-Front. Cependant il essaya de faire
bonne contenance; et.. feignant de n'avoir pas
Seine pendant la nuit. Depuis 16a2 jusqu'à sa démo-
lition, cette tour servit de déprit de condamnés; c'est
là que les galériens allaient attendre le départ de la.
chasne.
La porto Saint-Bernard était attenante au château
de la Tournelle. Elle avait été reconstruite deux fois :
d'abord sous Chartes V et ensuite sous Henri II. Louis
XIV la fit démolir et, à sa place, on éleva un a.rc de
triomphe orné, cela va sans dire, de nombreux bas-
reliefs allégoriques. Un d'eux représentait le monarque
à bord d'un navire, avec cette inscription :
I.L'DOYtCO MAOJfO AIn'!\DANTlA PARTA
Un plaisant, — il y en a toujours en France, — tra-
iuisit ce latin de la manière suivante : e Grâces à
Louis le Grand ; l'abondance est partie.
DÉPARTEMENTS ET COLONIES
Dans la. soirée d'avant-hier, un militaire du ne de
ligne, nommé Jules R..., entrait, en compagnie de
cinq ou six individus, dans la salle de bal dArgen-
teùil.
Là, après s'être fait servir plusieurs bouteilles de
petit-bleu, Jutes R... se mit à invectiver très-grossiè-
rement les personnes présentes.
Sur l'observation d'un monsieur que sa conduite
était indigne, le militaire s'emporta jusqu'à le frapper
du pomme tu de son sabre.
Les personnes présentes prirent parti pour M. X... ,
contre le militaire, qu'ils conduisirent à la mairie.
Pendant ce temps; la bande que le soldat avait
amené se ruait sur les spectateurs de cette scène,
principalement sur les dames, — et, tout en leur dé-
cernant force horions, leur enlevait, avec une très-
grande habileté, leurs montres, leurs chaînes et leurs
porte-monnaie.
A ce moment. arrivait la force armée. Malheureuse-
ment, il était trop tard; les voleurs avaient eu le
temps de déguerpir.
Une enquête fut immédiatement commencée par
M. le commissaire d'Argenteuil, qui est parvenu, dit
le Figaro, à prouver la complicité du militaire dans
tous les rois dont quelques personnes avaient été vic-
times
0'1 écrit de Villars-en-Pons au Contribuable :
Samedi dernier, des bergères qui gardaient leurs
moutons dans le bois des Charriers, appartenant à
M. L. Gont, propriétaire à Villars-en-Pons, ont décou-
vert. le cadavre et les habillements d'un homme qui
paraît avoir succombé à une mort violente. Les chiens
des environs avaient presque entièrement dévoré les
chairs.
M. le juge de paix de Gemozac a informé la justice
de cette découverte. Le 29, à neuf hEures du matin,
le parquet de Saintes, le juge de paix de Gemozac et
la gendarmerie se trouvaient sur le théâtre du crime
et ont fait les constatations suivantes :
Les vêtements sales et souillés de sang se compo-
saient d'un pantalon bleu déchiré, une chemise de
toile de ménage, un petit gilet noir, deux tricots en
laine blanche, une blouse en coton bleu, un caleçon
en futaine, des bas en laine bleue, des sabots en bois.
Auprès était un bâton d'une longueur de 1 mètre 40
centimètres. Une jeune et flexible branche de chêne
était courbée, formait un nœud coulant et aurait pu
servir à la perpétration du crime — si crime il y a —
par la strangulation.
Malgré toutes les recherches, on n'a pas encore pu
constater t'ideu'ité du cadavre. Personne, dans les en-
virons, ne reconnaît les effets trouvés.
Les sieurs Félix Dujardin et Louis Francke, deux
Bruxellois, étaient venus à Lille pour y jouir d'un vol
de 520 fi'. commis par Dujardin. Francke avait d'a-
bord obtenu de son camarade Dujardin un habille-
ment neuf dont le coût avait été prélevé sur les 520 fr.
volés ; puis tout deux se mirent à faire lestement dan-
ser le reste des écus. Lorsque tout fut dissipé, Dujar-
din fit une réflexion qu'il trouva fort juste : ayant
donné bénévolement des habits à Francke, il avait
conservé le' droit de les reprendre.
01', tandis que Francke dormait sous l'impression
d'une ivresse profonde causée par la danse des .derniers
écus. Du jardin le déshabilla et partit, laissant son ca-
marade dans le costume d'Adam avant l'invention des
feuilles de vigne.
Quand Francke se réveilla, il jeta les hauts cris, il
dénonça le trait dont il était "ictirne. On courut à la
po!icc, la police courut à la gare du chemin de fer et
y trouva Dujardin qui s'apprêtait à partir, portant
sous le bras tes habits de Francke réunis en paquet.
Dujardin et Francke furent mis au violon, et dans
quelques jours ils seront remis à l'autorité belge.
# (Echo du Nord.)
On écrit de Kaysersbcrg uu Courrier d,,& Bas-Rhin :
Dans la matinée du Li juin. des cris de détresse,
partant de l'intérieur du moulin du sieur Richert,
meunier à Kaysersberg, attirèrent l'attention des voi-
sins. On pénétra dans le moulin et on vit le nommé
Strœsscr, garçon meunier, suspendu horizontalement
à l'arbre de transmiss'on. On s'empressa d'arrêter la
marche du moulin et de couper les vêtements de ce
malheureux pour le dégager de sa périlleuse position.
Strœsser étAit sans mouvement, et on crut un instant
qu'il avait cessé de vivre. On le 'ransporta dans son
lit, et M. le docteur Beugarth, médecin à Kaysersberg,
tilt appelé à la tyAte pour lui donner des soins. Le
médecin constata que le garçon meunier avait plu-
sieurs écorchures aux bras et a la poitrine et de tories
plaies aux jambes.
Le blessé reprit connaissance quelques- instants
après, et raconta qu'au moment où il voulait mettre
de l'huile sur !e support de l'arbre, de transmission,
sa blouse avait, été prise par l'arbre ainsi que sa che-
mise; qu'il a été entraîné, et qu'il a suivi l'arbre de
transmission dans ses mouvements, c'est-à-dire qu'il
| a tait soixante tours par minute. Il était resté environ
1 quatre minutes dans cette position, et sans le secours
empressé des voisins il aurait infailliblement péri.
Strœsser est aujourd'hui hors de tout danger.
Un singulier et triste événement, dit le Progrès, de
Lyon, vient de jeter dans un douloureux émoi la com-
mune de Francheville.
La veuve R..., blanchisseuse, habitait avec ses filles;
leur vie était simple et paisible, leur conduite irrépro-
chable. La plus jeune des iiHes était à la veille d'épou-
ser un jeune homme; celui-ci cesse brusquement ses
relations et porte ses vues ailleurs. Il s'est marié ces
jours derniers avec une autre.
Les demoiselles It... et leur mère, frappées comme
d'un coup de toudre, donnent depuis lors des signes
continuels de folie.
Demi-nues et échc.vdées, elles ont couru pendant i
. quelque temps par les chemins, se livrant aux contor- I
sions les plus extravagantes. Aujourd'hui elles sont
plus calmes, mais tour raison est toujours fort altérée. !
L'idée fixe de ia mère est de se croire victime d'un
sort jeté par ia mali.ôjlJawe. Elle attend, dit-elle, un
livre et une bague; iorsqrt'eHe les aura reçus, elle et
ses iiUcs seroni immédiatement guéries.
Pauvres femmes !
Un terrible accident vient de causer la mort de M.
Quéquet fils, cultivateur à Chiry. Ce jeune homme
conduisait avec son père uue.voiture attelée de quatre
chevaux et chargée de grosses pierres ; à la descente
des Sablons, Quéquet père voulut serrer le frein, mais
levier cassa et le frein n'agissant plus, les chevaux
furent impuissants à retenir la voiture sur une pente
de plus de 15 centimètres par mètre. Le jeune homme,
qui était resté à côté des chevaux, voulut essayer,
pour conjurer un accident presque inévitable, de faire
tourner son attelage et de mettre la voiture en travers
de la route : malheureusement le mouvement fut si
brusque et la force d'impulsion était telie que le lourd
charriot se renversa : le jeune Quéquet n'eut pas le
temps de se garer et une pierre pesant plus de 800 ki-
logrammes lui écrasa la poitrine. Un des chevaux at-
teint à la tête par un des îfhgles de cette pierre a été
également tué raide.
On signale au Courrier du Centré un accident dé-
plorable, causé par la négligence d'un gendarme qui,
conduisant à Eymoutiers sa femme et ses deux en-
fants dans un petit breack, s'arrêta devant la porte
d'une auberge pour y faire manger son cheval, qu'il
débriba, se fiant à la docilité de l'animal.
Celui-ci se sentant libre, et effrayé par un bruit
quelconque, partit à fond de train et s'engagea bientôt
dans un chemin creux, entraînant dans sa course ef-
frénée le breack dans lequel la femme du gendarme
et ses deux enfants poussaient des cris déchirants.
Le cheval fut enfin forcé de s'abattre devant un
tournant à angle aigu. La voiture se brisa, et la mère
fut trouvée sons les débris dans un état affreux.
On craint pour ses jours.
Quant aux deux enfants, qu'on croyait complète-
ment écrasés et broyés, on les a retrouvés à quelques
mètres de la voiture. Ils n'ont eu aucun mal, grâce au
sang-froid de la mère, qui, croyant aller à une mort
certaine, les avait, paraît-il, enveloppés dans des cou-
vertures de voyage, et les avait jetés sur le bord du
chemin, où ils furent relevés sains et saufs.
Le 4 juin, vers huit heures du soir, M. Montignv,
cultivateur à" la Brosse, commune de Santeau, reve-
nait du marehé de Pithiviers pour rentrer chez lui.
Sa voiture arrivait à la côte de Pontournois, lorsque
son cheval s'emporta; en voulant le maîtriser, M. Mon-
tignv cassa l'une de ses brides ; effrayé, 'il sauta sur
la route et sa tète alla heurter contre le trottoir; mais
comme il tenait toujours la bride dans sa main, le
cheval se tourna et la tête du malheureux cultivateur
se trouva enserrée entre le trottoir et la roue de la
voiture.
La. mort a été. instantanée.
Un déraillement d'un train de marchandises a en
lieu, dans la nuit de jeudi à vendredi, sur la ligne de
Marseille, à quinze ou ving't, kilomètres de Lyon.
Aucun accident grave n'en est résulté, mais tous les
i trains venant du Midi ont éLé en retard de plusieurs
heures.
Une jeune fille de onze ans vient de mourir atteinte
d'hydrophobie, près de Rot'en.
Il y a environ six semaines, cette enfant passait, avec
une de ses camarades, près d'un troupeau de mou-
tous, quand tout à coup l'un des chiens de ce trou-
peau se jeta sur elle et la mordit à la figure.
Ignorant que l'animal pût être enragé, on ne prit
pas garde à la blessure et on n'y songeait plus que
très-peu, bien que le chien auteur du rait eût aban-
donné son maître, ter-que le 27 mai dernier, cette
jeune personne se sentit légèrement indisposée.
On n'y fit que peu attention encore ; mais, le 28,
des accès assez significatifs se produisirent, avec des
intermittences de tranquillité, ou plutôt de prostra-
tion. Sur le soir, de nouveaux accès de la plus grande
violence ne permirent plus aucun doute sur la triste
vérité, et la pauvre entant a bientôt succombé, malgré
tout ce qui a été tenté pour la sauver.
On nous rapporte le trait d'amour conjugal suivant :
Un riche cultivateur des environs de Douai, dont la.
femme est malade depuis deux ans, prit la sage pré-
caution de lui l'aire préparer un caveau mortuaire. Il
mesura lui-même sa femme pour ne pas acheter trop
de terrain.
Le caveau construit, il prit le bras de sa chère moi-
tié, et la conduisit visiter sa dernière demeure :
« Hein ! îzot' damp, ql" vos serez bi'I, /rI! » lui dit-il.
Ce n'est pas tout : malgré les mesures prises, il pa-
rait que le caveau était trop juste. Force fut donc à
cet excellentiss'me mari de mesurer une seconde fois
sa femme... On assure qu'il l'a accompagnée une se-
conde fois aussi au cimetière pour lui faire voir qu'elle
y aurait large place. Le mari espère l'y rejoindre le
plus tard « possible. » (Indépendant.)
M. Albert Aumont, qui est. allé dans la forêt de Fon-
tainebleau visiter la. partie incendiée, a eu la curio-
sité, étant sur les lieux, d'aller visiter l'endroit où
Mme Merten a été trouvée morte, il y a quelques an-
nées. •
« Notre cocher, écrit-il au Pans-Journal, était pré-
cisément celui qui le premier avait aperçu le ca-
davre.
. « Cet endroit est situé à une centaine de mètres des
gorges de Franchart, au miliéu d'un petit chemin
creux peu fréquenté.
« La place est marquée par une pierre en forme de
borne ronde qu'ombrage un sapin.
« Il paraît que ce sapin était devenu un objet de re-
lique pour les voyageurs, qui en emportaient tous une
parcelle d'écorce. On a été obligé de l'entourer d'épi-
nes pour le protéger. »
Une enquête a été faite sur la rage. De cette enquête
il résulte que dans les 49 départements oil la rage a
été dénoncée, 320 personnes ont été mordues, et 129
cas ont été mortels, ce qui donne une mortalité de 40
pour 100.
Sur les >320 personnes mordues, 206 appartiennent
au sexe masculin, 31 au sexe féminin.
Les vêtements des femmes les exposent moins.
La moitié des hommes mordus ont succombé, tan-
dis que chez les femmes la mortalité n'a été que de 35
pour 100.
Enfin les morsures sont presque toujours faites par
des chiens. Sur 320 cas, 284 sont attribués à des chiens
mâles, 26 seulement à des chiennes, a à des chats et
5 à des loups.
ÉTRANGER
Sept bandits, dont quatre ont pris part à l'assassinat
de Marathon, viennent d'être jugés et condamnés à
mort par la cour d'assises d'Athenes.
Dans son interrogatoire, Chormovos, qu'on croit
être l'assassin de M. Herbert, a prononcé d'un ton iro-
nique les quelques paroles qui suivent :
« Je ne sais pourquoi on s'obstine à jeter sur le
brigandage une sorte de réprobation ; cette carrière
n'a rien de déshonorant; elle constitue une assodalioŒ
qui statuts et son code, toujours respectés par
ses affiliés, tandis que les gouvernements eux-mêmes
vio ent impunément leur parole, ainsique l'a fait celui
de la Grèce envers la bande des Arvanitès, qui se re-
posait a Orop05 sur la foi des engagements pris par le
gouvernement dl) roi et par deux représentants des
puissances étrangères. C'est la violation subite; de cex
engagements qui a amené l'accident dont on cherche à
nous rendre responsables. »
^ Voilà au moins des br 'gaids originaux; cependant
1,3 font pas sourire les hommes d'Etat grecs.
Ccnx-ci ne pardonnent pas à leurs concitoyens ôti
de.vo'.tc!' ainsi tous les secrets du gouvernement et les
traites conclus entre eux et la bande des Arvaniîès.
On a dit que Je célèbre escroc anglais qui a comparu
samedi dernier n.'.ant le tribunal correctionnel da
Bruxelles, sous le ne-m de Conway Seymour, passait
pour être, un fils naturel dl) duc de Wellington. Aux
détails publiés par les journaux, nous pouvons ajou-
ter les renseignements suivants : Une personne qui
par ses fonctions avait été en rapport avecr Horac-e
Belmore, lorsque celui-ci était, en prison en 18\7, nous
rapporte qu'un jour Belmore lui remit, un écriu ave':
prière de la faire parvenir au duc de Wellington. Si
cet écrin parvient au duc, disait le prisonnier, je n.3
resterai pas longtemps en prison. L'écrin fut remis
éntre les mains du célèbre général et, en effet, Hel-
more fut gracié quelque temps après.
Un nommé Vlnge, marchand de cadres à New-York,
vient d être arrêté sous l'inculpation d'un crime pres-
que incroyable. En avril dernier, il fit, charger à bord
du steamer Georg- W-:
une assurance du 1,050 1. st.
Or, il a été reconnu plus tard que cette caisse con-
tenait de l'alcool, de I,t gazoline et de la téreb"n'!:hine,
plus une composition chimique, qui devait prendre feu
au moindre choc et par suite déterminer une explo-
sion et, selon toute pr.)b:tbi)ite, l'incendie du st.!.'nmer.
Ainsi, en admettant que l'accusation suit p:'o):vce,
.voib un individu qui, pour escroquer une misérable
somme de 1,650 iiv es sterling ;'t une. compagnie d'as-
surance, n'a pas hésité à exposer un steamer à une
perte à peu près certaine et toutes les personnes il.
une mort des plus affreuses. Ce n'est, en efM, que
grâce à une chance qu'on peut appeler miraculeuse
que le désastre sur lequel Lange comptait pour em-
pocher le prix de son_ assurance n'a pas eu iif't!. Et
il s'appelle Lange ! Mais Satan en personne n'aurait
pas conçu une plus infernale machination.
Nous lisons dans J'Eclvi dll Japon du 6 avril :
Depuis quatre années deux frère? japonais, Sklinoski
et Dji-oudjh'o Soumiyochi, kéraïs du prince de Mvtho,
poursuivaient, mais en vain, le nommé Yania-rùotto
Kiro, haut fonctionnaire du prince de Tosa, qui, à IR
la suite d'une de ces quereilcs, malheureuse- trop
fréquentes au Japon, avait assassiné leur père à Kioto,
lorsque, e 2 avril, ils rencontrèrent à la porte fJe SOlld-
ji-kaï, près de Ouhéno à Xedo, celui de qui ils avaient
juré de tirer veangeauee.
Ils s'approchèrent alors de lui et lui dirent : a Tu
es Yama-motto, l'assassin de notre père, voilà quatre
ans que nous te cherchons, maintenant l'heure de la,
vengeance et du châtiment qui s'est fait attendre si
longtemps a sonné, détends-toi! »
Et tous deux, d'un commun nccord, tirèrent leurs
sabres et fondirent sur lui. Interdit et pris au dépour-
vu, le malheureux n'avait pas eu le temps de se met-
tre en garde, que déjà les deux glaives « vengeurs i)
s'abattaient sur sa tête qui tombait du même conp,
Leur vengeance satisfaite, ils ancrent d'eux-mêmes
se livrer aux autorités japonaises, racontant ce qu'ils
avaient fait et disant qu'ils étaient prêts à subir tel
châtiment qui leur serait infligé; il n'en fut rien ce-
pendant, car il y a deux jours, ils obtinrent leur gïâce,
mais ils durent retourner dans leur pays.
Ces établissements qu'on nomme les agences de pon-
les sont envahis chaque soir par des flots d'individus.
La course de dimanche 12 juin a surexcité les pa-
rieurs, dont le nombre augmente d'année en année.
E,i Angleterre, ou le pari prend des proportions co-
lossales, les courses d'Epsom de cette année ont causé,
dit le Times, une véritable perturbation par suite des.-
étranges fortunes qui se sont faites et des fortunes
établies qui se sont défaites.
On sait que le favori, sur lequel reposaient tontes
les espérances des sportmen, n'a pas même été placé
et que la victoire a été remportée par un cheval non
prévu. De là une dégringolade de guinées comme on
n'en avait jamais vu.
Ce ne sont pas, comme chez nous, quelques pièces
L'HISTOIRE D'UN CADAVRE
NOUVELLE HISTORIQUE
PAR ÉLIE BERTHET
IV
La nuit de Blanoménil
6
(Suite)
pa qu'il vit ne répondait nullement à ses
brillantes imaginations et à l'idée qu'il avait !
Conçue de sa. compagne. Il espérait se trouver j
dans un appartement somptueux, largement j
éclaire, comme il convenait chez une dame
.opulente. Au lieu de cela, il était dans une
petite chambre assez semblable à une cellule
m onastiquo.' Les menMes, simples et austères,
Consistaient en une couchette entourée de ri-
deaux de serge, un prie-Dieu surmonté de son
crucifix, une table, un coffre et deux siéges
. Voir le aumért du 8 juin.
de pailla. L'unique fenêtre, qui donnait du
jour à la pièce, était grillée. Les murs nus
avaient pour tout ornement quelques gravures
pieuses. Une niche pratiquée dans la muraille,
au-dessus du prie-Dieu, contenait sans doute
une statuette de la sorrictissi?n,z ou purissima;
mais comme l'image vénérée risquait peut-être
de contempler des choses profanes, on avait
tiré devant la niche un rideau de gaze. Sur la
table, brûlait une de ces lampes, de forme an-
tique, dont nous avons parlé ; sa lumière pâle
ajoutait encore au caractère ascétique et lugu-
bre de cette espèce de cellule.
Ilien ne saurait exprimer la surprise et le
désappointement de René deBlancménil. Après
avoir promené les yeux autour de lui, il dit
tout haut en français :
— De par tous les diables! où suis-je
donc?
L'inconnue avait laissé tomber sa mantille
sur ses épaules; son visage exprimait l'amer-
tume et le dédain ; avec la pointe de son sty-
let elle ranima la mèche de sa lampe.
— Ne parlez pas trop haut, dit-elle avec cet
accent dur qu'elle avait employé déjà; il y a
du monde partout autour dé nous.
Blancménil demeurait interdit et muet; la
i dame à la mantille poursuivit :
[ — Vous commencez à le comprendre, je ne
suis pas ce que vous pensiez et vous n'êtes pas
où vous croyiez être... Souvenez-vous de mes
paroles:, monsieur; je vous al prévenu que, si
vous consentiez à me suivre, vous seriez ex-
posé à de grands dangers ; ces dangers exis-
tent maintenant pour vous comme pour moi.
Je vous ai annoncé encore que vous auriez
l'occasion de me rendre un service impor!ant;
ce service, me le refuserez-vous?
Tout ce qui lui arrivait était si étrange que
Blancménil se crut dupe d'une mystification.
Il s'assit sur une chaise et dit en affectant un
ton léger :
— Voyons, voyons, ma charmante, quel jeu
jouons-nous? Il n'est pas très-divertissant, je
vous en avertis.
— Ce Français, cet enfant, appelle cela un
jeu ! dit l'inconnue comme à elle-même ;
tout à l'heure il sera convaincu du contraire.
Le malaise de Blancménil augmentait de
minute en minute.
— Oui, oui, nous ne nous sommes pas en-
tendus, je. crois, reprit-il; enfin, puisque me
voilà, je ne refuse pas de vous rendre le ser-
i vice en question si la chose dépend de moi...
Mais avant tout, il m'importe de savoir de
quoi il s'agit, et surtout qui vous êtes.
— Je suis une malheureuse femme, réduite
au désespoir, et qui a dû employer les plus
hardis, les plus honteux moyens pour sortir
d'une situation épouvantable... Si vous ne me
venez en aide, c'en est fait-de moi.
Les traits de l'Espagnole, en ce moment,
avaient une expression si sombre que le lieu-
tenant ne put s'empêcher de frissonner; il eut
bientôt un autre sujet d'effroi.
Nous savons qu'à l'extrémité de la cellule
se trouvait un lit dont 1.8 rideaux étaient bais-
sés. Or, par-dessous ces rideaux passaient
deux pieds d'homme, chaussés de ces guêtres
en cuir écru, aux élégantes broderies de soie,
que l'on porte dans certaines provinces de
l'Espagne. Les pieds demeuraient immobiles,
comme si la personne à laquelle ils apparie -
naient était endormie ou craignait de se tra-
hir par le moindre mouvement ; mais la lampe
les éclairait de manière à rendre toute erreur
impossible.
Sûr qu'un homme était caché là, à portée
d'entendre, Blancménil, malgré son courage,
sentit redoubler son anxiété. Il était sans ar-
mes ; toutes sortes de périls, d'autant plus redou-
tables qu'il n'y avait aucun moyen d'en préci-
ser la nature, pouvaient fondre inopinément
sur Mt et il se repentait avec amertume de,
n'avoir pas écouté les sages conseils de son
ami Saint-Front. Cependant il essaya de faire
bonne contenance; et.. feignant de n'avoir pas
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